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À bord du TGV à 574,8 km/h
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Actualité | Reportages
À bord du TGV à 574,8 km/h
De notre envoyé spécial à bord de la rame V 150 FABRICE AMEDEO.
Publié le 04 avril 2007
Actualisé le 04 avril 2007 : 08h02
Le TGV a battu, hier en début d'après-midi, le record du monde de vitesse à 220 kilomètres de
Paris, entre Lorraine et Champagne. Impressionnante prouesse technique.
Il fait le bruit d'un avion, mais c'est bien d'un train qu'il s'agit. Il est 11 heures à Prény, au sud de Reims, et
la rame V 150 s'échauffe. D'ici à deux heures, elle s'élancera pour battre le record du monde de vitesse.
Cette tentative a lieu sur la ligne à grande vitesse est-européenne qui a été inaugurée le mois dernier et
dont l'ouverture au public est prévue pour le 10 juin. Pour l'heure, cette ligne a été transformée en vaste
anneau de vitesse entre le village de Prény et Châlons-en-Champagne. Le TGV a 150 kilomètres pour
battre l'ancien record du monde, porté à 515,3 km/h en mai 1990. L'essai va se faire dans le sens
Strasbourg-Paris « afin de profiter de davantage de descente, dans un tronçon relativement rectiligne »,
précise Patrick Trannoy, directeur de la LGV Est.
À 11 h 30, une rame de servitude quitte Prény à 360 kilomètres/heure. Son rôle est de réaliser les derniers
contrôles de sécurité et de donner son feu vert à la rame V 150.
Pour le conducteur, Éric Pieczak, les dernières minutes sont interminables. « Je me suis levé à 4 heures du
matin et ai peu dormi », avoue-t-il. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, ce conducteur d'essai n'est
pas un pilote d'élite. Il conduit les trains SNCF depuis vingt-sept ans et a été sélectionné l'an dernier pour
ses qualités professionnelles et ses origines de l'est de la France.
Extérieurement, la rame V 150 a tout d'un TGV classique. Elle a juste été raccourcie pour ne compter que
trois voitures. À l'intérieur, en revanche, il s'agit d'un véritable train expérimental. La première voiture
accueille deux laboratoires, l'un SNCF et l'autre Alstom, chargés d'enregistrer les données des
350 capteurs placés à bord du convoi. La deuxième voiture est équipée d'une motorisation surpuissante,
qui doit compléter celle des deux motrices. Enfin, la dernière voiture accueille les représentants de la
SNCF, d'Alstom et de Réseau ferré de France ainsi qu'une trentaine de journalistes venus du monde entier.
Plusieurs clients potentiels d'Alstom sont également du déplacement. Parmi eux : un représentant d'Arnold
Schwarzenegger, qui aimerait bien construire des lignes TGV en Californie.
À 13 h 01 précise, la rame V 150 s'élance. Nous sommes alors au point kilométrique 264, à 290 kilomètres
environ de Paris. L'opération a beau avoir été renouvelée à maintes reprises lors de récents essais, une
certaine fébrilité est palpable. Les techniciens s'affairent sur leurs écrans de contrôle alors que dans le reste
de la rame, le silence est de mise. Il n'est qu'interrompu par la voix du technicien qui égraine les kilomètres
et la vitesse croissante. L'accélération est tout d'abord très douce. Aucune mesure particulière de sécurité
n'a été prise pour les passagers : pas de protection ou de ceinture de sécurité. On pourrait se croire à bord
d'un train commercial de la SNCF.
C'est au point kilométrique 260 que commencent les choses sérieuses. Le pantographe se replie pour
franchir la zone de transition entre les 25 000 volts, tension classique d'un TGV, et les 31 000 volts qui
vont permettre au TGV de pulvériser son record. La rame parcourt deux kilomètres sur son inertie avant
que le contact ne soit établi à nouveau. L'accélération est alors impressionnante. Les 500 km/h sont atteints
en vingt kilomètres. À 13 h 14, la rame dépasse les 515,3 km/h, le précédent record de mai 1990. À
l'avant, Éric Pieczak ne laisse rien transparaître. Il doit garder un oeil sur la vitesse et porter son regard le
plus loin possible, pour anticiper toutes les formes de la voie et du relief, et optimiser ainsi la rapidité de la
rame. « Je dois respecter un polygone de vitesse qui m'a été donné par les techniciens. Je commence
d'ailleurs à le connaître par coeur, raconte-t-il. Je dois rester très concentré, mais il est vrai que
l'accélération est impressionnante, même après de nombreux essais. »
Le paysage défile, indistinct. On est scotché sur son siège. Pourtant, dès que l'on quitte la fenêtre des yeux
et que l'on fait abstraction du bruit, la stabilité du train est impressionnante : les stylos des journalistes
tremblent à peine et les bouteilles d'eau tiennent sur les tables. « Ça ne bouge pas plus que dans mon
bureau », s'exclame Jacques Barrot, le commissaire européen aux Transports qui est à bord.
Tous les regards sont tournés vers les répétiteurs de vitesse : jusqu'où ira la rame ? Au point kilométrique
192, c'est-à-dire à 220 kilomètres de Paris, elle dépasse 570 km/h. Les images des caméras placées sur le
toit de la rame deviennent floues. Le bruit est assourdissant, on se sent comme happé par le paysage. À
l'extérieur, on peut apercevoir le pantographe d'où se dégagent une multitude d'étincelles. Elles sont
provoquées par de courtes pertes de contact entre la caténaire et le train, inévitables à une telle allure.
Le compteur se stabilise finalement à 574,8 km/h. C'est le nouveau record du monde ! La rame rétrograde
peu à peu. Quelques instants plus tard, elle arrive en gare de Champagne-Ardenne sous un tonnerre
d'applaudissements.
« Ce record est un exploit technologique et humain d'envergure, se félicite Anne Marie Idrac, la présidente
de la SNCF. Les résultats des tests menés à bord nous permettent d'envisager de belles perspectives dans
le domaine de la très haute vitesse ferroviaire, ainsi que de progresser pour la vie à bord de nos trains, la
sécurité, la performance et l'environnement. »
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04.04.2007
À bord du TGV à 574,8 km/h
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Quand on a goûté aux délices d'un record à 574 km/h et démystifié cette vitesse, on se prendrait presque à
rêver d'un TGV roulant à 500 km/h. Il n'en est pourtant pas question aujourd'hui. Alstom a dans ses
cartons les plans d'un TGV qui devrait voir le jour sous forme de prototype l'an prochain et rouler, à partir
de 2012, à 360 km/h. « Même si, technologiquement, on pouvait faire rouler des TGV commerciaux à
500 km/h, nous avons d'importants progrès à réaliser dans l'efficacité de la captation énergétique et dans
le bruit », commente Philippe Mellier, président d'Alstom Transport. Il faut en effet savoir que le bruit
progresse proportionnellement au cube de la vitesse. En attendant de faire Lille-Marseille en deux heures,
les TGV rouleront à 320 km/h sur la LGV est à partir du 10 juin.
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04.04.2007

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