L`ABSENTE

Transcription

L`ABSENTE
L’ABSENTE
Un film écrit et réalisé par Christelle George
Préambule
La maladie d’Alzheimer est caractérisée par une dégénérescence graduelle et
irréversible des fonctions intellectuelles, telles que la mémoire, l’orientation, le
jugement, le langage et la capacité à acquérir de nouvelles connaissances.
Ainsi que d’importants changements d’humeur et de comportement, allant vers
la perte totale de personnalité et d’autonomie.
Pour les proches, la maladie concerne donc tous les aspects de la vie. Même si
cette pathologie touche généralement les personnes âgées de 60 ans et plus, on
estime à plus de 30 000 les malades Alzheimer entre 30 et 60 ans.
Et face à ces patients particuliers, l’entourage doit apprendre à tout gérer
(enfants, quotidiens, finances…) tout en surveillant le malade, à accepter une
agressivité qui s’oppose à l’amour, une intelligence et des émotions auxquelles
on se référait et qui se désintègrent.
J'aime ces gens étranges
J'aime ces gens étranges
Aux trous dans la mémoire
A la mémoire trouée
Des trous remplis de plaies
Qui échangent des bribes
Présentes ou bien passées
De leurs vies effacées
Julos Beaucarne
En France, près de 800 000 personnes sont affectées
par la maladie d’Alzheimer.
Ce chiffre devrait doubler d’ici 2020.
Source : France Alzheimer
Synopsis
‘Maman est folle
On n’y peut rien
Elle est notre idole
On en a le cœur plein
Faut pas qu’on nous la vole
Ou qu’on l’emmène au loin
Tais toi Léopold
Surtout ne dis rien
Les gens dans leurs cache-cols
N’y comprendraient rien’
William Sheller
Maman est folle
Luca, un jeune garçon, d’à peine 6 ans, passe ses journées dans les
cimetières. Il décrypte les noms apposés sur les tombes, sous la pluie, à la
recherche de sa mère.
Claire, sa belle-mère prend soin de lui, tout en douceur et en retenu. Elle
respecte son questionnement et cherche à l’aider dans sa quête.
Paul, père de Luca, ne sait comment répondre à la demande de son fils. Et
lui annoncer que sa mère, Marie, n’est pas morte… Il s’enferme dans ce
mensonge depuis trop longtemps.
Face à l’insistance de son fils et à la mise au point de Claire, il se voit
contraint d’annoncer la difficile vérité à son petit garçon.
Une vérité que lui même ne peut s’avouer...
Un secret lourd dont père et fils doivent se libérer pour se retrouver, vivre
à nouveau et avancer…
Pour puiser au fond de lui même le courage de parler à son enfant, Paul
bénéficie du soutient sans faille de Claire. Seule à avoir la distance nécessaire
pour comprendre la pesanteur de la situation. Et les clés permettant d’entrouvrir
la sortie de secours.
Après de longues hésitations, Paul acceptera enfin d’emmener son petit
garçon à la rencontre de sa mère. Les retrouvailles entre Luca et Marie seront
loin d’être celles idéales imaginées par le petit garçon…
Mais elles permettront enfin au père et au fils de se rapprocher et de se
parler.
NOTE D’INTENTION DE L’AUTEUR
L’ABSENTE
Un enfant à la recherche de sa mère, de son histoire.
Un père empêtré dans ses mensonges, dans son envie de protéger son enfant
d’une vérité difficile.
Comment un enfant pourrait-il supporter que sa mère l’ait oublié, qu’elle ne le
reconnaisse plus ?
Comment un mari peut-il accepter la déchéance et la fuite vers l’oubli de celle
qu’il a tant aimé et qui n’est plus aujourd’hui qu’une inconnue, une femme
sombrant dans la folie, une patiente atteinte d’Alzheimer.
En France, des milliers de personnes sont touchées par cette maladie et avec eux
la souffrance de leurs proches, de leurs parents, des êtres aimés.
J’ai souhaité écrire ce film afin d’aborder la maladie d’Alzheimer non du point
de vue du patient, mais de celui de l’entourage.
En choisissant de raconter l’histoire d’un petit garçon, Luca, et de son père Paul,
tous deux touchés de plein fouet par les dégâts collatéraux engendrés par
Alzheimer, je n’ai pas la prétention de donner une lecture totale et précise de
cette maladie. Je souhaite au contraire éviter tout aspect documentaire.
A mes yeux la fiction permet une identification plus importante du spectateur.
Ce n’est pas à d’autres gens que ce « drame » arrive (il est bien connu que ce qui
arrive chez les autres ne nous arrivera pas), mais à des personnages qui
pourraient finalement être nous.
Et ce qui me tient à cœur c’est de m’attarder précisément sur un comportement.
Celui d’un père qui ne sait pas comment expliquer à son enfant que sa mère l’a
oublié. Celui d’un homme qui préfère raconter à son fils que sa mère est
morte plutôt que de le confronter aux réalités de cette pathologie dont souffre
Marie, sa femme.
C’est ce couple père et fils et les non-dits qui les entoure, leurs pudeurs face à
leurs sentiments qui m’intéresse particulièrement.
Les maladies mentales sont toujours difficiles à gérer pour l’entourage des
patients. Tant dans les cas d’Alzheimer que de schizophrénie.
Il est souvent plus facile de cacher plutôt que de montrer, d’expliquer, de
chercher à comprendre.
La folie est un univers dont je suis particulièrement proche et qui me touche
profondément. J’ai en effet pu voir ma grand-mère maternelle vivre avec
Alzheimer près de dix années durant. Ce que peut vivre Luca je l’ai ressenti moi
aussi. Et je me sers de cette expérience réelle pour enrichir ce personnage de
fiction.
Moi non plus je n’ai d’abord pas compris, pas voulu accepter. Demandé des
comptes. Posé des questions dont les réponses m’ont fait mal avant, le temps
aidant, apaisées.
Et si je peux comprendre ce que ressent Luca, je peux également comprendre,
aujourd’hui, ce que peut vivre son père. L’étrangeté de découvrir qu’une
personne dont on se sent toujours proche nous devient peu à peu étrangère. La
douleur de l’embrasser un matin et de s’entendre demander dans la seconde qui
suit : « Excusez-moi, mais qui êtes vous ? » L’impossibilité totale, ou quasi de
communiquer et de se retrouver face à un mur.
Tout comme Paul, j’aurais peut-être préféré parfois me dire qu’elle était
décédée plutôt que d’aller une fois de plus à sa rencontre sans qu’elle ne me
reconnaisse.
C’est pourquoi j’ai choisi de faire glisser le point de vue du film de celui de
Luca à celui de Paul. De celui d’un enfant à celui d’un adulte.
Luca en découvrant la vérité grandit. Il entre dans le monde des adultes. Le
point de vue de l’histoire l’accompagne, la scène charnière étant située lors
des retrouvailles avec sa mère.
A la sortie de sa chambre, c’est son père qui se met à la hauteur de Luca et le
relève en le portant. Le hissant symboliquement dans le monde des
« grands ».
Le côté innocent et irraisonné de l’enfance cède alors la place à l’âpreté de
l’univers des adultes. Les questions aux certitudes sans retours possibles. Les
espoirs aux regrets.
Malgré la complexité de la situation je ne souhaite surtout pas pour autant jouer
la corde du pathos et tirer des larmes aux spectateurs. Si les scènes et les
réactions peuvent paraître dures, elles n’en sont pas moins tout à fait
plausibles.
Je préfère donc, dans l’écriture, tout comme dans la réalisation, jouer sur le
symbolisme mis en place dans les situations, plutôt que sur un réalisme à
outrance.
Ainsi la mère de Luca est belle malgré tout, l’hôpital ne se veut pas
démesurément sombre et si l’histoire débute et se boucle avec une scène dans un
cimetière, là encore il s’agit plus d’un symbole que d’une volonté de
« plomber » l’ambiance.
Luca en cherchant la vérité abandonne un peu de son innocence. Et quand il
retourne au cimetière « enterrer » symboliquement cette mère qu’il ne retrouvera
jamais plus comme avant, c’est aussi un peu de son enfance qu’il laisse derrière
lui pour entrer dans l’âge de raison. Et continuer à avancer. Poursuivre sa
route.
Pour tous, Alzheimer est une réalité humainement inacceptable, mais avec
laquelle la confrontation est inévitable quels que soient les détours que l’on
emprunte.
A Paul de la fuir, de s’en protéger lui et son enfant en se renfermant dans le
mensonge et la négation. A Luca de subir ce mensonge et de s’acharner à lever
le voile d’un secret trop lourd à porter.
Et malgré tout, dans cette histoire, ces deux hommes ont une chance. Celle
d’avoir Claire à leurs côtés. Compagne aimante et belle-mère attentive, Claire
est surtout celle qui pousse à la vérité. Elle seule possède la distanciation
nécessaire pour ne pas subir de plein fouet toute la cruauté de cette maladie. Elle
fait face et tente d’entraîner avec elle cette petite famille qu’elle aime et qu’elle
veut aider à vivre avec, à vivre malgré.
Alzheimer est une maladie dont on a peur car elle touche à ce qu’il y a de plus
profond et enraciné en chacun de nous. A ce que nous possédons de plus
éphémère mais aussi de plus précieux, la mémoire des souvenirs, la
conscience de ce qui a été et de ceux qui sont encore là.
A l’image de Paul, je ne possède ni réponse, ni vérité universelle.
A travers ce film mon but est avant tout de susciter un questionnement.
Comment se protéger et protéger les siens. Comment accepter. Comment vivre
avec la maladie et l’autre malade ? Comment renoncer à l’être que l’on a aimé
sans pour autant l’abandonner…
Ce film s’attache donc précisément à mettre l’accent sur la nécessité du
détachement et de l’acceptation. Contrairement au caractère inexorable de la
maladie, le ressenti des proches peut lui évoluer. Car finalement, ceux là ont le
choix de continuer d’avancer, de construire, d’oublier.
SCENARIO
Séquence 1 – Entrée d’un cimetière – EXT JOUR
Ambiance grise et pluvieuse. Un vélo d’enfant est posé contre l’entrée d’un
cimetière. Plus loin dans une des allées traîne un sac à dos d’écolier et plus loin
encore, sur le rebord d’une tombe, un pull-over.
Un petit garçon brun, frêle, LUCA, six ans est agenouillé devant une tombe. En
T-shirt, il semble grelotter. Il coche une case sur un grand cahier, se lève et va
s’agenouiller devant la tombe suivante. Il déchiffre les noms péniblement à la
manière d’un enfant qui apprend à lire.
LUCA
Ge… Gene… viève… Mor…avil…
Il dessine une croix très appuyée sur son cahier, juste derrière la précédente. On
distingue une page entière de croix, divisée en lignes équivalent à un plan
maladroit du cimetière. Il se lève à nouveau et vient se poster devant la tombe
suivante.
LUCA
Clau… de… C’est pas ça…
Il répète consciencieusement son petit manège. Pendant ce temps une jeune
femme s’avance dans l’allée sans que Luca ne l’aperçoive. CLAIRE, longs
cheveux attachés par une pince. Elle ramasse le sac d’école du petit garçon et
son pull-over, puis s’approche et s’agenouille auprès de lui.
CLAIRE
Luca… Lapin… Tu vas avoir froid…
Elle le regarde et lui sourit, puis lui enfile tendrement son pull-over. Elle passe
une main dans les cheveux de Luca puis la glisse ensuite dans celle du petit
garçon.
CLAIRE
On y va…
Luca hésite un instant, hausse les épaules et se relève dans le même mouvement
que Claire. Main dans la main, ils se dirigent vers la sortie en silence. Arrivés
devant la voiture, Claire ouvre la porte arrière au petit garçon qui grimpe et
s’assoit.
Le GARDIEN du cimetière arrive en poussant le vélo. Claire ouvre le coffre tout
en esquissant un triste sourire.
CLAIRE
Merci encore…
GARDIEN
C’est rien. On va finir par devenir copain tous les deux, hein
bonhomme…
Séquence 2 – Chambre de Luca – INT JOUR
Une chambre d’enfant. Papier peint bleu et petites voitures qui traînent au sol.
Luca est couché sur son lit, une photo en main. Lui enfant dans les bras d’une
femme brune, sa mère, MARIE, qui porte le foulard qu’il tournicote dans ses
mains comme un Doudou usé. Il porte sa main à sa bouche et suce son pouce.
Séquence 3 – Super 8 – INT JOUR
Séquence tournée en super 8. Entremêlant des images vives et surexposées.
Le son caractéristique des bobines super 8 s’enclenche sur une image noire et
tressautante. Les petites voitures, le foulard Doudou, un ours en peluche, le
cahier avec les croix vu en séquence 1, apparaissent furtivement et dans des
couleurs surexposées.
Ces bribes d’images sont accompagnées de bribes de voix et de sons très
amplifiés et incompréhensibles, pouvant rappeler une dispute.
Séquence 4 – Chambre de Luca – INT JOUR
Claire toque et entrouvre la porte de la chambre de Luca. Elle découvre Luca
allongé dans la même position que lors de la séquence 2.
CLAIRE
Doucement
Tu as fini tes devoirs Luca ?
LUCA
Sans se retourner
J’en avais pas.
Claire hésite un instant puis entre dans la chambre et va s’asseoir sur le bord du
lit. Elle frotte le dos du petit garçon qui, en colère, ne se retourne pas.
CLAIRE
C’est pas la forme hein bonhomme.
Luca se retourne alors vers elle.
LUCA
Tu le sais toi Claire ?
Claire baisse les yeux et lui sourit tendrement, mais ne lui répond pas.
LUCA
Personne ne veut jamais rien me dire…
Grave et buté
Je suis plus un bébé.
CLAIRE
Dans un soupir
Oh non… Tu n’es plus un bébé…
Claire passe à nouveau sa main dans les cheveux de l’enfant puis elle se lève et
se dirige vers la porte.
LUCA
Un peu angoissé
Papa, tu lui demanderas ?
Claire acquiesce d’un mouvement de tête.
CLAIRE
Bien sûr…
Elle sort et tire la porte sur elle.
LUCA
Claire…
La jeune femme revient vers l’enfant, attentive.
LUCA
Tu… Tu viendras… Me faire un bisou ce soir…
Claire sourit. Elle se baisse vers lui et l’embrasse longuement sur le front.
CLAIRE
Dans un murmure
Tous les soirs si tu veux…
Elle se relève et sort doucement. Luca prend une voiture et la fait rouler dans le
vide.
Séquence 5 – Escaliers – INT SOIR
Luca est assis dans le noir en haut des escaliers donnant sur le salon et la
cuisine. Il a passé sa tête dans les barreaux de la rampe et observe Claire, debout
dans la cuisine qui prépare une pâte à crêpes. Dans ses mains, il tournicote
toujours son foulard Doudou.
Séquence 6 – Cuisine – INT SOIR
On entend des bruits de clés dans la serrure d’entrée. Claire qui s’apprête à faire
sauter une crêpe se retourne, tendue.
Un homme, PAUL, le père de Luca, entre dans la cuisine. Il dépose ses affaires
dans un coin et vient embrasser Claire. Il cherche ensuite à prendre une des
crêpes déjà prêtes. Claire l’en empêche.
CLAIRE
Non… C’est pour Luca.
PAUL
Le petit veinard. Où il est ?
CLAIRE
Dans sa chambre…
Paul revient vers Claire et tente de la prendre dans ses bras tout en essayant à
nouveau de voler une crêpe. Claire le repousse calmement, mais fermement.
CLAIRE
Tu devrais lui parler Paul.
Paul grimace et soupire.
PAUL
Oh non Claire. Pas encore…
Claire dans un accès de colère jette la louche qu’elle avait en main dans l’évier.
En arrière plan on entraperçoit Luca, qui toujours collé à la rambarde descend
les escaliers, attentif à la conversation.
CLAIRE
En colère
Si encore… Bien sûr encore. Tu sais ou je suis allée le chercher tout
à l’heure, tu sais ?
Paul s’assoit devant la table désemparé. Claire semble se calmer.
PAUL
Dans un soupir
Je m’en doute oui… Je m’en doute Claire…
CLAIRE
En se mettant face à Pierre, tentant de se contenir
Et merde Paul… Il la cherche… Partout… Quand il était petit tu
pouvais te taire, mais plus maintenant… Ca suffit Paul…
PAUL
Mais… Je ne veux pas qu’il ait mal… Pas comme moi… Il est trop
petit pour ça… Tout petit…
CLAIRE
Parce que tu crois peut-être que ce sera plus facile s’il découvre la
vérité tout seul ?
Il a besoin de comprendre Paul… Et tu as besoin de lui dire…
PAUL
Entre énervement et ‘desepoir’
Si… Si c’était si simple Claire… Tu crois que j’y pense pas… Que
j’ai pas essayé… Mais… Je… Je ne peux pas…
CLAIRE
Il va falloir pourtant. Pour lui… Pour nous…
Un temps de silence puis très posément en se relevant.
Je ne trouverais jamais ma place dans ta vie, ni dans celle de ton fils
si tu continues à lui raconter cette histoire… J’en ai marre de ces
mensonges…
PAUL
Essayant de se convaincre, amer.
C’est mieux pour tout le monde non ?
CLAIRE
Non…
Pour toi peut-être. Mais pas pour Luca. Et pas pour moi non plus...
PAUL
Se levant à son tour, énervé
Et je vais lui dire quoi hein… Je vais lui dire quoi à Luca ? Toi qui
as l’air de tout savoir…
Claire hausse les épaules, elle enlève calmement son tablier et se dirige vers
l’entrée.
CLAIRE
La vérité Paul… Si tu essayais la vérité…
Séquence 7 – Entrée – INT SOIR
Claire prend son sac et se dirige vers l’entrée. Paul la suit. Luca sur son escalier
esquisse un mouvement vers Claire, mais se retient et se colle à la rambarde. Il
voit Claire, cachée par le dos de son père. Claire ne peut pas le voir.
PAUL
Où… Où tu vas ?
CLAIRE
Je ne sais pas…
PAUL
Reste
CLAIRE
Au bord des larmes
Pas comme ça Paul…
PAUL
Tu sais que c’est compliqué…
Insistant
Reste…
CLAIRE
Amère
Mais dis moi pourquoi Paul ? Pour Luca… Pour jouer les babysitter… Parce que tu n’as plus personne pour te consoler, parce
que…
PAUL
En essuyant une larme de Claire
Parce que… Parce que… Je t’aime voilà…
CLAIRE
Plus douce, gardant la main de Paul contre sa joue
Je le sais… Je le sais… Je veux bien tout comprendre Paul… Tes
peurs, tes doutes, tes hésitations…
Je veux bien l’accepter, elle, dans ma vie Paul…
Je veux bien même que tu l’aimes encore…
Et toi… Toi aussi tu devrais l’accepter…
PAUL
Déstabilisé
Je… Je…
CLAIRE
Dis lui la vérité Paul… Dis lui…
Claire sort en refermant doucement la porte sur elle. Paul s’adosse à la porte. Il
aperçoit alors son fils qui pleure assis sur sa marche d’escalier.
LUCA
Elle est partie aussi… Comme maman…
Séquence 8 – Super 8 – INT JOUR
Des images noires striées tressautent violemment puis se cassent. Le son stoppe
net.
Séquence 9 – Cuisine – INT SOIR
Luca est assis devant une crêpe visiblement trop brûlée, sur laquelle son père
verse du sucre. Aucun d’eux ne parle. Luca regarde son assiette le visage fermé.
PAUL
En s’asseyant
Mange Luca, elle va être froide.
Luca ne réagit pas. Le téléphone sonne. Paul se lève et décroche.
PAUL
Soupirant
Bonsoir… Très bien oui… Non. Au judo.
Non… Ne faites pas le déplacement. Ni ce week-end, ni le
prochain… Ni le suivant.
Poussant la voix.
Vous n’avez rien fait pour elle avant. Jamais… Alors foutez nous la
paix maintenant. Et laissez mon fils tranquille. Je sais ce que j’ai à
faire…
Il raccroche et se retourne vers Luca qui le dévisage.
LUCA
C’était mamie ?
Paul ne veut visiblement pas lui répondre. Il s’assoit et pousse sa crêpe devant
Luca.
LUCA
Plus déterminé, soutenant le regard de son père
C’était mamie ?
PAUL
Sans baisser les yeux
Oui…
LUCA
Toujours droit dans les yeux
Papa. Elle est où maman ?
PAUL
Détournant la tête et se levant
Je te l’ai déjà dit Luca…
LUCA
Non. Je veux savoir vraiment…
PAUL
En s’énervant
Ca suffit Luca, mange cette crêpe maintenant…
Luca ne lui laisse pas le temps de finir sa phrase et jette l’assiette au sol.
LUCA
Elle est nulle ta crêpe. Ils sont nuls tes mensonges…
Paul déstabilisé se met à la hauteur de son fils.
PAUL
Doucement
Luca. Elle est morte maman…
Luca le regarde un long moment avant de réagir.
LUCA
C’est même pas vrai. C’est même pas vrai. Si elle était morte
maman, elle y serait au cimetière.
Luca sort en courant. Paul reste seul dans la cuisine où il ramasse les morceaux
de l’assiette.
Séquence 10 – Couloirs – INT NUIT
Paul passe devant un placard entrouvert. Il hésite un instant puis en ouvre la
porte en grand. Il en sort quelques vieux jouets, un ballon de plage, des raquettes
de badminton avant de dégager une vieille malle en bois.
Il s’assoit par terre, hésite un instant, caresse le bois en soupirant puis ouvre la
malle. Il en sort alors plusieurs bobines de films. Sur la plupart, des étiquettes
sont collées, indiquant les sujets et les dates. ‘Luca-Naissance’, ‘Anniversaire
mamie’… Sur chaque boîte est également indiqué ‘A finir’.
Paul se saisit d’un lot de bobines et descend au salon.
Séquence 11 – Salon – INT NUIT
Paul est penché sur la table basse en verre du salon. Il a installé une lampe
dessous lui permettant de visualiser les films par transparence.
Muni d’une paire de ciseaux et de scotch, il coupe et remonte les images des
films bout à bout. Concentré il visualise régulièrement son travail.
Un bruit de fenêtre qui claque à l’étage le fait sursauter. Il pose ciseaux et
bobine et se lève.
Séquence 12 – Chambre de Luca – INT NUIT
Paul entre dans la chambre de son fils. Il va en fermer la fenêtre qui était restée
ouverte.
Luca est endormi sur son lit encore tout habillé, une photo de sa mère entre les
mains.
Paul hésite, puis s’assoit sur le bord du lit et le regarde dormir un instant en
silence.
PAUL
Très doucement
Qu’est ce tu vas comprendre à tout ça toi bonhomme… Hein…
Qu’est ce que tu vas comprendre… Je… Je…
Luca se retourne sur son lit. Paul se tait. L’enfant ne se réveille pas. Paul lui
caresse les cheveux et remonte sa couverture.
PAUL
Je veux juste te protéger lapin… Tu comprends ça ?
L’enfant dort toujours. Paul hausse les épaules pour lui-même, embrasse son fils
et sort de la chambre.
Séquence 13 – Salon – INT NUIT
La malle de bois vue en séquence 10, est désormais dans le salon, grande
ouverte. De nombreux morceaux de pellicules découpés sont désormais sur la
table à côté d’une vieille caméra Super 8.
Paul a l’air fatigué. Il boit une gorgée d’une tasse de café visiblement froid. Fait
une grimace, semble hésiter devant tout ce fatras, puis sort de la malle un
projecteur à l’ampoule usée.
Il caresse un instant les bobines qu’il vient de monter du bout des doigts.
Il démarre le projecteur et le dirige vers un mur blanc. Il charge les films et
commence à les projeter sur le mur.
Les images viennent se dessiner, floues d’abord.
Séquence 13bis – Images Super 8 – EXT JOUR
Les images projetées sont essentiellement filmées par Marie.
1/ Elles représentent Paul d’abord, seul, au bord d’un lac, qui s’amuse devant la
caméra. Au bout de quelques grimaces il saisit la caméra à son tour et filme
Marie qui tente de s’esquiver en riant et dont on ne distingue pour l’instant
qu’une silhouette.
2/ Les images passent ensuite à Paul avec un petit bébé, Luca, dans les bras.
3/ Paul donne ensuite à manger à la cuillère à Luca enfant qui recrache en riant.
Marie pose alors la caméra qui continue de tourner de guingois. La jeune femme
vient essuyer le visage de son fils et de son mari.
Paul et Marie s’embrassent ensuite sous les yeux du tout petit garçon.
4/ S’ensuit une séquence suivant Luca, environ trois ans, en pyjama dans le
salon, un sac d’école sur le dos. L’enfant semble très fier et bondit sur le canapé.
5/ La séquence suivante provient d’une fête de famille.
Paul, Marie et Luca se coursent autour d’une table puis s’écroulent en riant dans
l’herbe.
Séquence 13 – Salon –INT NUIT
Un sourire triste et ému se dessine sur les lèvres de Paul, à mesure qu’il regarde
les films projetés au mur.
Quand il revoit sa femme lors de la sous-séquence 13bis/3, il contient
difficilement son émotion et laisse une larme couler sur ses joues avant de
prendre son visage dans ses mains et de soupirer longuement.
Luca arrive alors silencieux dans le salon.
Il passe entre le projecteur et le mur. Les images de la sous-séquence 13bis/4
sont projetées sur lui et les lumières viennent s’inscrire en douceur sur son
visage.
Luca s’approche de son père et vient lui déposer une main sur l’épaule.
LUCA
Papa…
Paul sursaute et relève la tête.
LUCA
Papa. Je veux voir ou elle est enterrée.
PAUL
Luca… Je…
LUCA
Très doux
Dis moi ou elle est papa…
Paul laisse son regard se perdre à nouveau dans les images projetées au mur qui
correspondent à la sous séquence 12bis/5.
PAUL
Après quelques secondes
T’as raison bonhomme...
Ta maman n’est enterrée nulle part…
Luca regarde son père un long moment puis bafouille.
LUCA
Plein d’espoir
Elle est où alors, elle est où ? Tu sais papa, tu sais ?
PAUL
Dans un soupir
Je sais oui…
LUCA
Je veux la voir !
PAUL
Luca… Je… Je ne peux pas…
Luca est troublé. Une idée lui traverse alors l’esprit.
LUCA
Elle ne m’aime plus c’est ça. Elle ne veut plus me voir…
PAUL
Surpris par cette idée
Oh bien sûr que non… Ta maman t’a toujours adoré. Elle t’aime
très fort. J’en suis sûr…
LUCA
Un peu triste
C’est à cause de Claire…
Dans un demi-sourire Paul secoue la tête de façon négative.
PAUL
Maman ne la connaît pas chéri…
Paul tente de prendre son fils dans ses bras mais Luca le repousse.
LUCA
Si elle m’aime, je veux la voir.
La séquence suivante, 14 débute d’abord en super 8 sur le mur du salon avant de
passer progressivement à une séquence réelle et sonore.
Séquence 14 – Bord de lac – EXT JOUR
Très gros plans sur Paul et Marie enlacés dans l’herbe au bord d’un lac. Son de
la bobine en fond.
MARIE
Je t’aime…
PAUL
Un peu…
MARIE
Beaucoup…
PAUL
Passionnément…
MARIE
A la folie…
Eclats de rire. Noir.
Séquence 15 – Hôpital/Couloirs – INT JOUR
Paul, Claire et Luca entrent dans un hôpital. Paul semble hésitant. Il fait mine de
faire demi-tour, mais Claire lui sourit et lui pousse légèrement l’épaule afin qu’il
accompagne son fils. Elle reste à l’entrée du couloir.
Luca avance maintenant avec son père. Il semble légèrement intimidé mais ne
veut pas le montrer. A la main, Luca serre son foulard-Doudou.
On découvre la suite de la scène à la hauteur de Luca. De Paul et des patients
croisés on ne voit que les jambes.
Paul salue chaque personne rencontrée. A chaque halte, Luca observe, resserre
sa main dans celle de son père, se colle un peu plus à lui, exprimant son malaise.
Ils arrivent devant une porte. Paul hésite. Prend une grande inspiration. Et avant
qu’il n’ait pu dire quoi que ce soit, Luca entre dans la chambre.
Séquence 16 – Chambre de Marie – INT JOUR
Luca près de la porte regarde sa mère avec des grands yeux étonnés.
Marie est assise devant un miroir. Elle est très différente de la jeune femme
aperçue en séquences 13bis et 14.
Les traits tirés, le regard dans le vide, sans maquillage, elle semble ne pas
reconnaître son propre reflet.
Paul debout contre le mur attend en silence. Marie se retourne alors. Elle regarde
Luca un peu surprise et lui sourit. Puis elle aperçoit Paul et se jette à son cou.
MARIE
A Paul
Je suis contente que tu viennes…
Paul, légèrement désarçonné l’embrasse sur les deux joues en souriant.
Marie se penche alors vers Luca et le prend à son tour dans ses bras. Luca se
laisse faire, un grand sourire aux lèvres… Elle éloigne ensuite Luca.
MARIE
A toi aussi ils t’en ont donné de la semoule ? Hein elle est
dégueulasse cette semoule ?
Luca la regarde sans comprendre, puis regarde son père. Marie découvre alors le
foulard que Luca a en main.
MARIE
C’est mon foulard ça… Qu’est ce que tu fais avec mon foulard.
Elle tire dessus. Luca ne veut pas le lâcher.
Mais donne moi ça…
Paul intervient alors gentiment pour éloigner Marie de son fils.
PAUL
Marie…
MARIE
En haussant les épaules
De toutes façons il était moche… Tu m’as emmené des cigarettes…
PAUL
Tu ne fumes pas Marie…
MARIE
Mais c’est à cause de cette semoule… Elle est vraiment
dégueulasse, dégueulasse, dégueulasse… Surtout avec des prunes…
Prunes cuites…
Découvrant les mots très vite
Prune cuites, prunes crues, prunes cuites, prunes crues…
Après les avoir répétés plusieurs fois très vite, elle part d’un grand éclat de rire.
Et se dirige vers le couloir.
Luca essaye de lui agripper la main. Marie le repousse.
MARIE
Sèche
Arrête. Arrête ! J’vais être en retard à l’école.
Luca est au bord des larmes.
Elle sort alors de la chambre. Paul essaye de la retenir, mais elle se libère avec
violence. Luca complètement désorienté s’agrippe à son foulard Doudou.
LUCA
Criant
Maman, maman…
Séquence 17 – Hôpital/Couloir – INT JOUR
Luca tente de suivre sa mère en courant, mais Paul l’en empêche en le serrant
dans ses bras.
PAUL
Chut Luca… Doucement lapin…
Luca ne semble pas l’entendre. Il continue d’appeler sa mère en sanglotant.
Paul, en suivant tristement Marie du regard le plus longtemps possible et son fils
dans les bras se dirige vers la sortie, ou Claire les attend.
Marie ne se retourne pas aux appels de Luca et continue sa progression dans le
couloir en compagnie des autres patients dont à l’arrivée on ne distinguait que
les jambes.
Tous semblent souffrir des mêmes symptômes, regards vides et errants. Sur une
plaque à l’entrée du couloir on peut découvrir un panneau indiquant « Unité
Alzheimer chambre 100 à 122 ».
PAUL
Dans un murmure
Je suis là Luca, je suis là…
Luca regarde alors son père et entre colère et désespoir il tente de le frapper de
ses poings pour se libérer de son étreinte.
LUCA
C’est pas vrai. C’est pas ma maman. C’est pas ma maman.
Séquence 18 – Maison de Luca – EXT/INT JOUR
Une succession d’images très maladroites filmées par Luca en super 8,
symbolisant l’ellipse de temps.
On y retrouve Luca, Paul et Claire. Lors d’un anniversaire où Luca souffle ses
bougies. Lors d’une bataille d’eau entre Paul et Luca, puis à Pâques dans le
jardin avec des œufs, et à Noël autour d’un sapin et de cadeaux.
Séquence 19 – Cimetière – EXT JOUR
Le début de cette séquence est la suite de la précédente. Plan Super 8 d’une
main creusant la terre avec un couvercle de fer.
Retour 35.
Luca est dans le cimetière vu en séquence 1. Il est agenouillé entre une tombe et
un petit bosquet de buis. A côté de lui est posée la caméra. Il creuse la terre avec
le couvercle d’une vieille boîte à bonbons en fer. Quand le trou atteint la bonne
taille, il stoppe.
Il se retourne alors vers la boîte en fer où l’on peut apercevoir son foulard
Doudou. Il referme la boîte. Le gardien du cimetière arrive et se penche à sa
hauteur.
GARDIEN
Eh… Il y’a longtemps que je ne t’ai pas vu toi…
Luca lui sourit tout en glissant la boîte en terre.
GARDIEN
Ca va ?
Luca commence à mettre de la terre sur la boîte tout en hochant la tête de façon
positive, sûr de lui.
LUCA
Je dis au revoir à maman…
Le gardien lui sourit à son tour d’un air entendu, se lève et le laisse seul.
Luca termine tranquillement de recouvrir la petite boîte de terre.
Il se lève et s’éloigne de la tombe, reprenant la caméra qui tourne toujours.
Plan super 8 au rythme de la marche de Luca. Le plan s’approche de Paul, qui
sourit à son fils venant vers lui, alors qu’il l’attend à l’entrée du cimetière.
Séquence 20 – Bord de lac – EXT JOUR
Plan super 8, très maladroits, du bord du lac aperçu en séquence 14 et de
promeneurs.
LUCA
Off
C’est là que tu l’as rencontrée maman ?
Plan super 8 en contre plongée de Paul qui hoche la tête, souriant.
Retour en 35 sur Paul et Luca.
PAUL
Oui c’est là… Elle venait en vacances ici quand elle était petite…
On allait pécher tous les deux… Sur une vieille barque…
Luca et Paul marchent le long d’un plan d’eau. Luca tient une caméra Super 8
plaquée contre son œil et tente de s’appliquer en la dirigeant sur son père.
LUCA
Tu m’emmèneras ?
PAUL
Bien sûr oui… Si tu veux…
Luca stoppe alors sa marche et baisse un instant sa caméra.
Paul se retourne vers lui.
LUCA
Tu l’aimes encore maman ?
PAUL
Après un long silence
C’est difficile parfois tu sais…
LUCA
Off
C’est pas pareil…
PAUL
Non, c’est pas pareil…
Paul s’agenouille à côté de son fils.
LUCA
Et t’es triste ?
Paul se contente de hocher positivement la tête, au bord des larmes.
LUCA
Grave
Elle ne redeviendra jamais comme avant maman ?
PAUL
Non… Non mon Luca.
Luca hoche la tête à son tour, grave. Ils reprennent leur marche autour du lac.
Au bout de quelques mètres, ils s’agenouillent à nouveau face à l’eau. Paul,
derrière son fils le guide patiemment dans un plan de caméra.
Il hisse ensuite l’enfant sur ses épaules et reprend sa marche.
FIN
L’ABSENTE
Annexes
NOTE DE REALISATION
L’ABSENTE
En tant que réalisatrice, j’ai bien conscience que le sujet de ce film peut
sembler lourd et difficile. C’est pourquoi je souhaite au maximum le servir en
évitant de le « plomber ».
Je souhaite donc mettre en place une réalisation fluide et douce. Saccadée
seulement dans les distorsions provenant des questionnements sans réponses de
Luca à propos de sa mère dans les premiers temps.
Eviter le « cut-cut-cut » afin de privilégier des plans longs. Donner le temps
aux silences et permettre à l’absence de cette mère de s’installer.
Eviter surtout de tomber dans les clichés, tant ceux trop édulcorés de
l’enfance, que ceux glauques qui pourraient être assimilés à la maladie.
Concrètement, je souhaite être au plus proche de la réalité, sans jamais la
surjouer et sans oublier de donner sa place à la fiction.
TONALITE GLOBALE DU FILM
Une tonalité réaliste mais pas sombre. Sobre mais éclairée par le regard de
l’enfant. Où le symbolisme tient une place importante.
Ex : Les scènes du cimetière (séquences 1 et 19)
Les recherches de Luca débutent et se terminent au cimetière.
Entre temps, l’enfant a trouvé une réponse à ses questions.
C’est une boucle qui se boucle. Le passage de l’innocence
enfantine à l’âge de raison. Luca n’y est pas mal à l’aise.
Les scènes du cimetière ne sont donc pas des scènes sombres.
Sans être inondées de lumière à outrance, le cimetière n’en est
pas moins clair. Il n’est pas un lieu hostile ou de cauchemar, mais
ni plus ni moins qu’un cimetière. Un lieu permettant de rester en
contact avec les êtres chers, un lieu généralement fleuri, vert,
calme.
LE POINT DE VUE
On découvre d’abord l’histoire en suivant l’enfant et ses questionnements,
jusqu’à la scène charnière des retrouvailles avec sa mère à l’hôpital et les
réponses apportées par le père.
Ex : Scène des retrouvailles (seq 16)
Cette scène des retrouvailles avec la mère est aussi celle où le
point de vue glisse.
On y entre par un travelling, en compagnie de Luca, à sa hauteur.
On découvre la mère avec ses yeux et nos premiers doutes de
spectateurs adultes.
Et l’on sort de ce couloir en suivant Paul cette fois, à sa hauteur.
Celle d’un homme qui vient de hisser symboliquement son petit
garçon dans le monde des grands.
ESTHETIQUE DU FILM
Une grande part de l’esthétique du film tient au super 8. Le super 8 est cette
Absente que Luca recherche. Ces images d’un bonheur passé sont les seuls liens
encore « visibles » et tissés entre cette mère, son fils et ce père désemparé.
Ex : Scène projetée au mur (seq 13 bis)
Au cour de cette scène, les images projetées au mur, puis sur
Luca, permettent de mettre visuellement en relief ce qui lie cette
famille.
Les images projetées ne sont pas tristes, elles sont le reflet des
bons moments vécus auparavant. Elles contrastent avec la gravité
du moment. Et le difficile aveu que Paul se doit de faire.
Elles permettent également de voir Luca grandir et donnent enfin
une « consistance physique » à Marie, cette mère qu’il recherche
depuis le début.
Il est enfin une analogie supplémentaire, car comme le souvenir de
la mère pour l’enfant, le Super 8 disparaît actuellement au profit du
numérique.
Le Super 8 permet donc de retrouver les images positives de l’enfance.
C’est le petit mécanisme qui s’enclenche dans la tête de Luca quand il pense à sa
mère, le fil d’Ariane qui le conduit encore à elle. Ce fil qui permettra également
à Paul de retrouver Luca dans les dédales de la vie.
Le Super 8, bien plus que le flashback, permet un travail sur le souvenir. Il
marque également la présence de la mère, cette Absente si présente entre Luca et
son père. De plus, en analogie avec cette mémoire qui disparaît tout doucement,
le super 8 disparaît lui aussi peu à peu.
Le Super 8, dans la mémoire collective est également le symbole du film de
souvenirs. Il a charmant côté désuet, mélancolique, voir nostalgique, et
développe une réelle esthétique, très importante pour la narration.
LA LUMIERE
Globalement, une lumière protectrice et enveloppante. Sans pour autant en
devenir démesurément chaude ou orangée. Adoucissant seulement un tout petit
peu la réalité.
Ex : Scène des retrouvailles à l’hôpital (Seq 16)
Scène de l’affrontement entre Luca et son père sur fond
de super 8 (Seq 13)
Je souhaite tout autant éviter les lumières crues que les « lumières conte de
fées ». Simplement coller au réel le plus possible, le surlignant sans pour autant
le dénaturer.
LE CADRAGE
Des plans propres. Sur pied.
Des travellings pour suivre au plus proche les personnages.
Eviter le plus possible les zooms et autres effets destinés à distraire l’attention
du spectateur et cassant la fluidité.
Les cadrages Super 8 eux doivent donner l’illusion de l’amateurisme.
LES PLANS
Outre les traditionnels plans larges champs-contre champs, plans serrés… je
souhaite développer des plans intimistes et rapprochés.
Des plans proches mais pas trop gros pour ne pas en devenir dérangeants.
Respecter à l’image « la bulle » des personnages et laisser aux spectateurs la
possibilité de ne pas se sentir voyeur ou trop intrusif.
LE RYTHME DES SEQUENCES
Il est important pour moi de laisser sa place au temps. De laisser aux scènes la
possibilité de s’installer. Je souhaite avant tout éviter de surdécouper façon clip.
Et utiliser les réelles possibilités offertes par les plans séquences afin de
permettre aux comédiens de laisser monter leurs émotions, être au plus près
d’eux, donner toute leurs places aux nuances.
Ex : Scène de la dispute Paul/Claire. Séquence 6 et 7.
Ce couple traverse une crise. La vivre en temps réel avec les
personnages grâce au plan séquence est important.
Tout comme il est important de laisser le désarroi, la colère, la peur
ou encore le dépit et les larmes prendre leurs places dans le jeu
des comédiens.
LES LIEUX
Le cimetière : Celui de Lunéville pour sa taille importante et sa configuration
intéressante mêlant très vieilles tombes et monuments funéraires plus récents.
De plus ce cimetière est en légère pente et possède en son centre une imposante
statue permettant de cacher le personnage derrière lors de la scène
d’introduction.
En étude également, le cimetière de l’Est, de Metz, là encore pour sa taille et son
aspect « accueillant ».
La maison : Une imposante maison à Tonnoy (banlieue de Nancy) ou peuvent
être tournées les séquences en cuisine, dans la chambre de Luca, dans le salon et
dans l’entrée avec un immense escalier de marbre. Un style un peu bohème
convenant à la situation familiale et au profil des personnages.
La maison est particulièrement spacieuse et les propriétaires prêts à recevoir un
tournage. Il sera possible d’assurer une régie sur place à l’écart des pièces de
jeux. La configuration des lieux permettra une grande aisance pour assurer les
axes de prises de vue.
La maison possède également un imposant jardin pour la détente de l’équipe.
Les séquences en super 8 y trouveront également leurs places sans difficultés.
Les propriétaires et leurs enfants étant prêts à jouer les figurants lors de la scène
de la fête de famille.
Bord de Lac : A proximité de la maison, à Tonnoy, de nombreux petits étangs
sont accessibles. Des chemins de promenades passent entre ces étangs
permettant, si on le souhaite, d’être sur une simple bande de terre entourée
d’eau. Les lieux sont extrêmement verts et calmes. La situation géographique de
ces étangs permet également de conserver la régie dans la maison avoisinante.
Hôpital : Couloirs et chambre de Marie. Ces séquences pourront être tournées à
Lunéville, dans une résidence récente et très claire. Située dans un espace très
verdoyant.
LA MUSIQUE
Musicalement j’aimerais ponctuer le film par l’air enfantin de ‘Ah vous dirais
je maman’, repris en thème au xylophone ainsi qu’avec d’autres instruments à
percussions. En effet, les paroles de cette chanson, avec l’air léger qui s’en
détache, semblent bien représenter les émotions de Luca : « Ah vous dirais je
maman, ce qui cause mon tourment, papa veut que je raisonne, comme une
grande personne… »
A cet effet, je pense collaborer avec René Le Borgne, musicien percussionniste
Lorrain.
LES COMEDIENS
Paul
Marie
Luca
Claire
: En attente
: En attente
: En attente
: En attente
DIRECTION DE JEU
Afin de faciliter le tournage, je pense instaurer plusieurs séances de travail avant
l’arrivée sur le plateau.
Des lectures, ou de simples rencontres permettant à chacun de mieux
s’appréhender et se connaître. Des moments qui seront également l’occasion de
discuter les rôles en profondeur. De régler les questions éventuelles ainsi que les
détails de mise en bouche des dialogues.
Sur le plateau, des répétitions auront également lieu avant chaque séquence,
pour les comédiens et la mise en place.
L’EQUIPE
L’équipe n’est à l’heure actuelle pas encore constituée dans son entièreté.

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