Mission Patrice BLANCHET à JUBA \(RSS\)

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Mission Patrice BLANCHET à JUBA \(RSS\)
Mission Patrice BLANCHET à JUBA (RSS)
du 26 février au 9 mars 2012
Mémo
Cette mission, montée sur initiative personnelle, a été construite sur deux
champs d’exploration, à savoir :
• Me permettre de renouer avec les ingénieurs soudanais natifs du sud avec
qui j’avais travaillé à KHARTOUM au début des années 2000 ;
• Prendre les contacts nécessaires pour permettre à l’association « mission
enfants 2000 », et son président domiciliés sur Tours et qui œuvraient
jusqu’alors en périphérie de KHARTOUM (école primaire et maternelle
de Soba et dispensaire de Mayo) en faveur des populations originaires du
sud, de relancer des activités sur JUBA suite au retour des populations
dans leur région d’origine, conséquence de la paix retrouvée et de la
partition du Soudan.
Cette mission a été rendue possible du fait de la présence à JUBA de Moctar
(photographe professionnel et entraineur de foot « jeunes voyants & adultes mal
voyants » à Khartoum pour le compte de Mission enfants 2000 avec le soutien
du FCT).
La situation géopolitique de ce nouvel état est fragile.
Pour preuves :
• Le Soudan du Sud ayant décidé de mettre dans sa constitution que toute
personne ayant un ancêtre né au Soudan du Sud est un membre de droit de
ce nouvel état, le Soudan (Khartoum) a mis une fin immédiate et
unilatérale au contrat de travail des natifs du sud et d’autre part à donner
jusqu’au 9 avril 2012 (fin de l’année scolaire) aux natifs du sud pour
quitter le territoire du Soudan faute de quoi ils devront acheter à prix d’or
une carte de séjour. La conséquence fut un départ immédiat de
nombreuses compétences pour JUBA dont bon nombre de cadres sup de
la NEC (Compagnie d’Electricité Soudanaise) créant à mon avis un déficit
de compétences préjudiciable à l’exploitation des infrastructures et une
pression pour le départ des familles d’ici la fin de l’année scolaire
(500 000 personnes … à évacuer par les airs, le train ou le Nile blanc).
• Il est entendu que l’administration de KHARTOUM a suspendu le
règlement de toute retraite ou pension des gens natifs du sud
• Par ailleurs le gouvernement de Khartoum ayant gagé les ressources
pétrolières (dont 80% sont au sud) pour construire des infrastructures …
essentiellement au nord … dont un pipe vers Port Soudan et une raffinerie
en banlieue de Khartoum, l’administration de Khartoum a décidé
unilatéralement de prélever un péage de 50 % du pétrole en provenance
du sud. En conséquence les dirigeants de la RSS ont fermé il y a plusieurs
semaines le robinet du pipe ! De l’avis de l’Ambassadeur de France à
JUBA la trésorerie de ce nouvel état ne lui permettrait de payer ses
fonctionnaires que pendant 5 ou 6 mois avant d’être en cessation de
paiement ! Il est à noter que toute famille « au sens large » de JUBA est
titulaire au moins d’un emploi de fonctionnaire, histoire de survivre
transitoirement.
A ce jour, la voie d’échanges commerciaux de Khartoum étant momentanément
coupée, la RSS est alimentée à partir de l’OUGANDA pour les fruits et légumes
et du KENYA pour les produits manufacturés et pétroliers raffinés. Le cout de la
vie à JUBA est élevé. La Société d’Electricité locale n’ayant plus de fuel à prix
réduit en provenance de KHARTOUM est obligée de s’approvisionner aux prix
du marché à NAIROBI … Faute de devises, sur les 12 groupes diesels de JUBA
seul un fonctionne de jour et deux la nuit … essentiellement pour alimenter le
quartier des ministères …
Quant aux divers marchés de KHARTOUM & ONDURMAN (capitale
historique du SOUDAN) bon nombre de boutiques auraient fermées ayant perdu
la clientèle des familles nombreuses originaires du sud … Que dire des ouvriers
du bâtiment et des personnels domestiques …
La ville de JUBA - qui n’est d’ailleurs qu’un village se prenant pour une capitale
- est de mon point de vue calme, sûre, poussiéreuse et ensoleillée à souhait. Il y
a 2 ou 3 ans ce village ne comptait que 100 à 200 000 habitants. A ce jour, il
dépasse le 1000 000 d’habitants … alimenté en électricité par 1 ou 2 groupes
diesels par la SSEC (entreprise nationale d’électricité du Soudan du Sud) et en
eau à partir du Nile blanc via une noria de camions citernes. A noter qu’il y
aurait sur l’agglomération de JUBA de quelques 60 / 100 MWe de groupes
diesels privés …
D’après la responsable de Handicaps International, toutes les grandes enseignes
du monde des ONG sont arrivées à JUBA le lendemain de l’indépendance …
Y a-t-il un risque de conflit entre le Soudan (KHARTOUM) et le Soudan du
Sud (JUBA)?
De mon point de vue non pour l’affrontement direct Nord – Sud, du moins dans
l’immédiat.
Ce que s’imagine le président de la RSS (JUBA), c’est que les caisses du Soudan
(KHARTOUM) seront vides avant les siennes et de ce fait que le président du
Soudan (KHARTOUM) ne pourrait plus payer ses fonctionnaires qui alors
descendront dans la rue pour faire sauter le gouvernement.
Khartoum fait exactement le même calcul
Mais les populations du Nord comme du Sud ont soif de paix … et la population
de JUBA s’est installée dans une paix durable nécessaire à la construction de ce
nouveau pays.
Au cours de cette mission j’ai enregistré pour le compte de l’association Mission
Enfants 2000 avec la délégation de l’orléanais de l’association « AGIR abcd »
en appui des demandes de support des organismes suivants :
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L’Association de sourds et muets de l’état « Central Equatoria »
L’Association d’aveugles de l’état « Central Equatoria »
Le Centre médical de St KISITO
L’Ecole secondaire BIG BEN qui accueille désormais sur son terrain
l’académie de foot de Moctar
• Le Centre de Formation, Alphabétisation, Enseignement de Français et
d’Anglais (CFAEFA)
Sur ce champ ma priorité est de trouver des associations / établissements sœurs /
frères sur l’Orléanais, la Région Centre ou au-delà, afin de mettre en place des
partenariats techniques durables.

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