Les jeunes et l

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Les jeunes et l
Les jeunes et l'alcool, un dangereux tandem qui commence
à 12 ans
Les jeunes consomment toujours plus tôt. Un ouvrage met en garde les parents.
Les jeunes, ici au parc de Montbenon, à Lausanne, en 2008, consomment de plus en
plus d'alcool. Les milieux de la prévention s'en préoccupent.
Image: Chris Blaser - A
En Suisse :
La consommation d’alcool baisse, sauf chez les15-24 ans.
Entre 2005 et 2007, les intoxications alcooliques ont augmenté de 16% en
Suisse. En 2007, environ 1700 ados ou jeunes adultes (60% de garçons et
40% de filles) ont été hospitalisés pour ce motif, soit 4,7 cas par jour.
Selon une enquête de 2010, la consommation de spiritueux a doublé chez
les jeunes de15 ans;
13% des filles et 27% des garçons de cet âge boivent de l’alcool au moins
une fois par semaine.
Source: Addiction Suisse www.addictionsuisse.ch
«De plus en plus de jeunes boivent, ils commencent de plus en plus tôt et
accumulent les ivresses. » Surprise par l’ampleur du phénomène, Marina Carrère
d’Encausse tire la sonnette d’alarme dans Alcool: les jeunes trinquent. La journaliste
et médecin, coanimatrice du Magazine de la santé, sur France 5, brosse un tableau
alarmant.
En France comme en Suisse, la consommation d’alcool baisse, sauf chez les
adolescents (lire ci-contre). «Les experts ont identifié une initiation à l’alcool de plus
en plus précoce, à 11-12 ans, avec des consommations régulières à 14-15 ans et,
plus tard, des ivresses à répétition», note l’auteure.
Résultat: de plus en plus de jeunes arrivent aux urgences pour coma éthylique. Un
phénomène observé ici aussi. Sans donner de chiffres, le CHUV reconnaît une
augmentation des cas depuis quelques années. «Il y a les comas éthyliques chez de
jeunes ados inexpérimentés. Ils avalent des mix (ndlr: boissons fortement sucrées)
comme du sirop, sans réaliser qu’ils dépassent leurs limites. Puis il y a les comas
des jeunes de 16 à 19 ans qui ont un problème d’alcool et perdent le contrôle plus ou
moins sciemment», détaille le professeur Pierre-André Michaud, responsable de
l’UMSA, l’unité multidisciplinaire de santé des adolescents du CHUV.
Or ces comportements sont banalisés. «Il n’y a plus du tout d’image négative à être
ivre. C’est festif, voire presque glorieux, même pour les filles», remarque Marina
Carrère d’Encausse.
Parents désemparés
Du côté des parents, celle-ci a repéré deux attitudes: «Soit ils ne sont pas au courant
et pensent que tout va bien, soit ils savent que l’enfant boit lorsqu’il sort, mais ne
s’inquiètent pas, pensant qu’ils ont fait pareil dans leur jeunesse. »
Souvent, les adultes s’alarment davantage pour un joint. Mais une «biture» peut
avoir des conséquences très graves. «Il n’y a pas de cuite banale. En France, 40%
des jeunes commencent leur sexualité ivres», rappelle la journaliste. Outre le coma
éthylique et les rapports sexuels non désirés ou non protégés, l’alcool provoque de la
violence, des accidents de la route ou encore un sentiment d’invulnérabilité. Des
jeunes ont ainsi fait des chutes mortelles après avoir enjambé un pont. «De plus, à
chaque ivresse, des neurones sont détruits, ça affecte l’attention, la mémorisation et
les capacités d’apprentissage», note la spécialiste.
Les parents sont, selon elle, les «premiers acteurs de la prévention». Mais ils se
trouvent souvent désemparés. Pour les guider, Marina Carrère d’Encausse a fait
appel dans son ouvrage au Dr Philippe Batel, psychiatre et alcoologue(lire ses
conseils ci-dessous). Avec une règle incontournable: «Ne pas penser que tout va
bien sans avoir vérifié. »
Note:Alcool: les jeunes trinquent,Marina Carrère d’Encausse,Ed. Anne Carrière, 31
fr. 80 en librairie
Article I.
Quatre questions que se posent les parents
1) «Comment m’assurer que mon enfant n’a pas de problème de boisson?»
Il faut entamer le dialogue dès 12-13 ans en essayant de faire parler le jeune de son
expérience. Mais sans question frontale, en l’interrogeant sur l’attitude de ses
copains face à l’alcool. «Non concerné directement, il va pouvoir répondre», suggère
Philippe Batel. Et plutôt que de livrer une fois un inventaire des dangers, mieux vaut
saisir régulièrement des occasions dans la conversation – par exemple un copain qui
a eu la gueule de bois – pour glisser des conseils.
2) «A partir de quel âge peut-on autoriser un verre de vin au repas?»
Philippe Batel estime qu’on peut le permettre dès 16 ans. «Mais il ne faut pas que
cela devienne une habitude. On peut tolérer un verre en vacances ou durant l’année
au restaurant, pour une occasion. Mais pas régulièrement à la maison. Car la
consommation régulière, même en petite quantité, banalise cette pratique. » Or plus
l’alcoolisation est fréquente et importante entre 15 et 20 ans, plus le risque d’avoir
une consommation pathologique entre 35 et 45 ans est élevé.
3) «Peut-on permettre à son ado de 17 ans d’aller à un apéro géant?»
En cas d’interdiction, l’enfant risque de mentir pour aller à la prochaine fête. On peut
permettre à certaines conditions. Il faut lui demander: «Quelle est ton intention par
rapport à l’alcool? Te souviens-tu des risques? Quelle limite te fixes-tu?» Le jeune
devra appeler à la maison en cours de soirée. S’il semble très alcoolisé, exiger qu’il
rentre ou aller le chercher. Philippe Batel: «Les adolescents, même à 17 ans, ont
besoin de limites, c’est le signe qu’on s’intéresse à eux. »
4) «Que faire si son enfant de 15 ans veut faire une fête avec de l’alcool?»
Là aussi, mieux vaut autoriser, sous peine que les bouteilles défilent en douce.
Veiller à proposer diverses boissons sans alcool (mais pas de Red Bull), et
déterminer un ratio d’alcool qui n’excède pas trois ou quatre unités par personne. Il
faut responsabiliser l’enfant: il sortira les bouteilles progressivement et mettra à
disposition des alcotests en fin de soirée. Enfin, appeler les autres parents pour les
prévenir qu’il y aura de l’alcool et leur demander leur accord.
Source : 24heures