L`Eau des Carmes Boyer fait rimer cordial avec ancestral

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L`Eau des Carmes Boyer fait rimer cordial avec ancestral
Développement économique [Entreprises][Zone industrielle]
[Reportage]
L’Eau des Carmes Boyer fait
rimer cordial avec ancestral
Discrètement installée sur 1 200 m2, au cœur de la zone industrielle des
Amandiers, l’Eau des Carmes Boyer est une entreprise carrillonne et fière
de l’être. Une fierté assise sur quatre siècles de tradition et qui mérite
d’être partagée !
L
’
histoire est peu banale. C’est en 1611, à
Paris, que les moines de l’Ordre des Carmes
Déchaussés (OCD) lancent un élixir thérapeutique baptisé Eau des Carmes (le masculin de carmélite).
Dans leur couvent de la rue de Vaugirard s’élabore
une formule complexe, à base de neuf épices et quatorze plantes, où l’angélique, la marjolaine et surtout
la mélisse dominent – d’où son autre nom d’Eau de
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mélisse. Appréciées par Marie de Médicis ou le Cardinal de Richelieu, les vertus stimulantes, apaisantes et
digestives de ce cordial, distillé à 80°, traverseront les
âges. Sous l’Empire, les Carmes vont même étendre
ce commerce en région.
Mais à la Révolution, avec la confiscation de leurs
biens et leur dispersion, les moines décident d’en céder
la recette.
[Entreprises][Zone industrielle] Développement économique
Une notoriété vivace
C’est l’un des descendants d’Amédée Boyer, acquéreur de la formule en 1832, qui dirige aujourd’hui cette
fabrique. Au fil des ateliers, Jean-Brice Lagourgue nous
commente les performances de sa TPE, longtemps
implantée à Courbevoie avant de s’installer à Carrières,
en 1990. Ce fut alors l’occasion d’investir dans une nouvelle ligne de distillation et dans d’imposantes cuves de
stockage, abandonnant le cuivre pour l’inox. L’Eau des
Carmes Boyer commercialise en pharmacies 500 000
fioles chaque année, en France, en Europe, au Canada
et jusque dans des îles lointaines (Maurice, La Réunion,
Curaçao…). Si autrefois, le produit, efficace contre
le mal des transports, se vendait sur les autoroutes,
les lois et taxes sur l’alcool incitent désormais à une
diversification : spray, bougies, savons… L’entreprise
investit 10 % de son chiffre d’affaires en publicité auprès
d’une clientèle familiale surtout féminine. Imminent,
le label Entreprise du Patrimoine Vivant (EPV), distinguant les firmes aux savoir-faire d’excellence, et
un reportage sur France 2, avec Stéphane Bern, devraient
conforter la notoriété de la marque…
Cocktail de qualités
« On s’attache à ce produit, artisanal, naturel, lié au cycle
des saisons » nous glisse Jean-Brice Lagourgue. De mai
à septembre, les huit employés de l’entreprise s’activent
tous ensemble à la réception des plantes fraîches arrivées
en camion-frigo, puis mises en pot et macérées trois
mois. Les plantes majeures sont cultivées en Auvergne,
de père en fils à raison de 2 à 4 tonnes par an. Les autres,
maraîchères ou issues de la cueillette sauvage, arrivent
de toutes les régions de France. Distillés séparément,
leurs alcoolats seront assemblés et associés aux produits
secs – bois de santal, épices du monde entier – pour une
nouvelle distillation, sous la houlette d’Alain Jahan, un
ancien de Grand Marnier. Ici, le commercial et la technique
ne sont pas les seuls défis : faire vivre un esprit familial,
dédié à la transmission d’un savoir-faire artisanal, est
l’une des premières vertus de l’Eau de mélisse. À vous
de découvrir les autres, avec modération, sur un simple
morceau de sucre ou dans un verre d’eau !
www.eaudemelisse.com
(vente en pharmacies)
[Alain Jahan, distilleur, et son P.D-G, Jean-Brice Lagourgue]
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