1 Johann Baptist Metz Né en 1928, Johann Baptist Metz, théologien

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1 Johann Baptist Metz Né en 1928, Johann Baptist Metz, théologien
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RECHERCHE EN THÉOLOGIE POLITIQUE
Notes de lecture du Père André RUIZ
- Avril 2014 -
Johann Baptist Metz
Né en 1928, Johann Baptist Metz, théologien catholique allemand, professeur émérite de la faculté
de théologie de Münster, est considéré comme le fondateur de la nouvelle théologie politique dans
les années 70 et 80 et l'un des théologiens allemands les plus influents de l'après-Vatican II.
1° ETAT DE LA PROBLÉMATIQUE
Les raisons de cette approche : se libérer des insistances de la civilisation occidentale laquelle
favorise encore la notion de progrès et oublie une donnée essentielle du christianisme,
l’Apocalyptique.
Contre le risque d’une foi tournée sur nous- mêmes et non sur la société avec ses enjeux.
La dimension politique et sociale de la Foi dans le message du Christ.
Le Christianisme n’est plus structurant pour le Monde Occidental, la Religion étant souvent renvoyée
à la sphère privée, au plan des goûts et des sentiments. Par réaction à ce que l’on appelait la
chrétienté, dans les années 1960, le registre fut celui de l’enfouissement : les chrétiens devaient être
des levains dans la pâte pour que l’Evangile se communique par capillarité. Avec la sécularisation le
christianisme a perdu son aura : il fallait donc redoubler d’effort pour donner un témoignage
chrétien, d’où l’ampleur du « christianisme social ». Aujourd’hui les jeunes générations sont
désireuses de témoignage explicite, d’engagement au nom du Christ.
C’est donc une attitude plus confessante, qui peut être qualifiée d’attestataire, qui caractérise la vie
de l’Eglise. Le mot d’ordre est celui de « contre- culture ». Nous voici dans une autre période où il
faut marquer la différence, au contraire de la suite de Vatican II et son ouverture au monde, où l’on
soulignait la continuité entre la Foi et les aspirations humanistes.
Certes, il ne s’agit pas de prôner la rupture, le repli, bien que cela constitue toujours une tentation. Il
s’agit plutôt de faire émerger une autre façon de vivre, un autre discours sur la vie qui tranche avec
la pensée unique. N’est-il pas vrai que proposer un point de vue différent, ancré dans une tradition et
argumenté, contribue au débat démocratique ? A condition de laisser le débat ouvert, de ne pas
monopoliser la vérité, les chrétiens ont un rôle fondamental à jouer dans le monde, de l’ordre de
l’indignation et de la proposition.
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La théologie de Johann Baptist Metz souhaite dire combien les chrétiens sont une force de
contestation et de proposition au sein de l’histoire des hommes. Il a œuvré à une compréhension de
la Foi où la responsabilité pour le monde et la venue du Royaume ne sont pas séparées. Sa théologie
nous invite à prendre en compte notre vie de foi dans le monde sans détacher l’action sociale de sa
source mystique.
Comment le chrétien peut-il conjuguer sa citoyenneté politique (loyauté envers la cité) et sa
citoyenneté divine (loyauté envers Dieu) ?
L’empathie, comme capacité à percevoir le point de vue de l’autre, est essentielle à la Foi. Notre
capacité à nous décentrer pour reconnaître l’autre comme alter ego n’est pas une conséquence
seconde de la vie chrétienne. En christianisme, la reconnaissance des autres est sans condition.
De plus le thème de la pratique de la foi comme suite de Jésus a peut- être été abandonné au
domaine de la théologie spirituelle... Or la « pratique de suivre Jésus » relève non seulement de la
théologie morale, mais également de la théologie systématique.
D’où qu’exige la condition de disciple ?
L’éthique de la responsabilité du disciple de Jésus est la première raison d’une théologie morale. Or
comme, une telle pratique se vit dans la réalité mondaine, la théologie morale se doit de toujours
mieux comprendre le monde en instaurant un dialogue avec la culture.
Car la foi n’est pas « ab initio » une théorie mais une praxis : une pratique de vie ( a way of life).
L’Eglise n’est-elle pas responsable de cette intellectualisation en présentant l’essentiel de la Foi sous
la forme d’un catéchisme à connaitre ? Ne sommes- nous pas des « gnostiques » où la foi se
rapporterait d’avantage à des vérités à croire, plutôt qu’à un engagement pratique qui fait de la foi
un acte inter - subjectif mondanisé.
Les chrétiens n’ont-ils pas perdu le goût du monde et ne se réfugient –ils pas dans une sous-culture
(celle d’un ghetto).
Donc comment prendre sa foi au sérieux dans une société sécularisée et plurielle ?
Elle exige la condition de disciple ? Car la Foi est une pratique avant d’être une théorie, une manière
de vivre avant d’être une doctrine, une expérience avant d’être un dogme. Elle exige d’être privée
(dans le sens où elle est personnelle, consentie et appropriée.) et aussi publique en tant qu’elle
implique une responsabilité envers les autres tant éthique (reconnaissance) que communicationnelle
(rendre compte devant la raison commune)
En tant que pratique, la foi se réalise dans la condition de disciple, dont la structure interne est
mystique et politique. Elle est mystique (une réalité transcendante (Dieu) a saisi le sujet), elle est
politique, non dans le sens d’un programme à exécuter, mais au sens où elle suscite un engagement
responsable pour la société. La suite du Christ qui dépend d’une rencontre/interpellation exprime
bien ce caractère pratique de la Foi. Cette suite n’est pas privatisable : à travers notre vie en Christ
cette suite s’enracine dans l’Evangile qui permet de restituer la dimension politique (au sens large du
terme) de la foi dans le contexte contemporain... D’ ailleurs avant de proclamer la Bonne Nouvelle du
Salut, les disciples ont fait l’expérience d’une vie à la suite de Jésus et il est évident que la praxis
chrétienne a donné lieu à une narration qui nous parvient sous la forme du Nouveau Testament. La
parole incarnée en Jésus Christ a suscité une narration sur base d’une pratique de vie en présence.
2° UN THEOLOGIEN ENGAGE : JOHAN BATIST METZ
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La Foi est un don qui nous est permis d’accueillir et de vivre au quotidien – la connaissance de Dieu
engage l’existence : elle exige une transformation de notre foi et des relations aux autres.
Il plaide pour une théologie tournée vers le monde, dans un but de critique sociale. Le soucis de Metz
est de travailler à une nouvelle manière de faire de la théologie, qui prend au sérieux la dimension
publique de la foi chrétienne et le besoin d’une nouvelle formulation du message chrétien en
fonction du monde contemporain. Cette conscience de la pertinence sociale et politique de la foi
conduit Metz à associer les termes « théologie » et « politique ».Il rejoint deux théologiens
protestants : Jürgen Moltmann et Dorothée Sölle
La praxis chrétienne
Nous pensons qu’il demeure nécessaire d’évaluer la façon dont la praxis intervient dans le discours
théologique et de mettre en évidence que la foi n’est jamais d’abord une doctrine. La foi est-elle
essentiellement une pratique dont l’homme aurait l’initiative ? Nous ne pensons pas non plus. La foi
reste un don qu’il nous est permis d’accueillir et de vivre au quotidien. Mais cette passivité originelle
n’en reste pas moins liée à une action de l’être humain qui choisit ou non d’entendre la Parole qui lui
est adressée. Pour la personne qui entend l’appel suivre Jésus, Dieu ne se réduit pas à une idée. La
connaissance de Dieu engage l’existence. Il s’agit d’une « pratique cognitive » : l’expérience est
toujours préalable à toute mise en récit.
Les premiers récits de la vie chrétienne sont effectivement le résultat de l’expérience vécue avec le
Christ. Il faut marcher à la suite du Seigneur pour vraiment connaître le Maitre.
Pour aborder la question de la praxis dans l’éthique chrétienne nous devons d’abord clarifier le sens
et l’usage de ce terme – et l’articulation de la praxis avec la Théologie.
La praxis en christianisme
Praxis = l’action humaine. Comme substantif le mot s’oppose à ce qui est théorique et spéculatif,
avec le souci de partir de l’expérience. Si l’on dit que quelqu’un a de l’expérience, de la pratique :
cela veut dire que quelque chose s’est inscrit en lui, un savoir- faire.
Le christianisme : une vérité à faire
Le chrétien est invité à mettre la « Parole » en pratique. Le récit doit donc aboutir à une action,
laquelle donne lieu à une expérience. Expérience et pratique sont étroitement liées. Cette expérience
est conservée par la mémoire laquelle peut faire l’objet d’un récit.
Au commencement, le récit chrétien lui-même est le produit d’une expérience qui a été relue dans
une perspective pratique. Penser et dire la vérité = faire la vérité. Ces deux éléments sont considérés
comme inséparables. Faire la vérité correspond à une expérience de conversion .jugée par la
personne comme connaissance de la vérité. En tant que théologien, il défend un modèle de la vérité
comme instrument de transformation.
Il refuse aussi une approche fondée sur la notion de persuasion. Il ne s’agit pas seulement de faire
des efforts d’argumentation pour persuader aussi du bien- fondé de la vérité du christianisme. La
vérité comme contenu (fides quae) se distingue de la vérité de l’action (fides qua) mais ne peut en
être détachée pour la compréhension de la vérité. L’action de son côté ne peut jamais être le seul
critère de vérité. On a parfois voulu remplacer la théorie par la pratique au motif que le christianisme
était avant tout une pratique évangélique. D’où l’engagement militant.
« Faire la vérité » semble ouvrir vers autre chose que la pure contemplation, ou même la spéculation,
laissant pointer à l’horizon l’idée que l’agir est requis pour faire advenir la vérité évangélique. La foi
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sans les œuvres est donc jugée insuffisante et il importe de dégager des Principes d’action (solidarité
– contestation – libération).
Pour St Jean la praxis par excellence est une invitation à la Foi.
Pour Metz partisan d’une orthopraxie, celle-ci ne peut remplacer l’orthodoxie. Le rapport entre celle
–ci et la praxis ne peut être autre qu’un rapport circulaire ou dialectique.
L’exigence d’une transformation de soi et des relations aux autres fait partie d’une orthodoxie
chrétienne, ce qui interdit à la doctrine d’être pensée sans rapport à la vie pratique. L’orthodoxie est
donc autant un problème de la pensée qu’un problème de vie. Si Dieu veut être pensé, il ne le peut
l’être qu’en fonction d’une expérience de vie communautaire. Autrement dit, la praxis chrétienne ne
peut aucunement se réduire à une action d’ordre social ou politique.
Une tension entre conviction et responsabilité
Le lien entre la pratique et les convictions ne peut se penser sans une distance critique par rapport à
la réalisation des intentions. Le passage de la visée éthique et la réalisation des intentions ne va pas
sans une certaine dose de compromis. Une éthique responsable est justement celle qui prend en
compte cette difficulté et qui refuse d’être fasciné par l’idéalisme (§ M. Weber : éthique de
conviction et éthique de responsabilité). De fait les effets ne sont pas entièrement prévisibles : d’où
expérience d’une certaine instabilité réclamant une faculté d’adaptation. L’éthique de conviction vise
à maintenir les convictions sans prendre en compte les conséquences, l’éthique de responsabilité
vise les conséquences : il faut une complémentarité des deux.
Weber pense que l’éthique du Sermon sur la montagne est une éthique de « tout ou rien » réservée
aux saints. Celui qui veut agir d’une manière responsable ne peut suivre cette éthique d’une
manière absolue. L’analyse weberiene nous invite donc à la prudence lorsqu’il s’agit de tirer trop
rapidement des impératifs éthiques de la Foi.
3° LA PRAXIS CHRETIENNE CHEZ METZ
Placer la Foi dans le contexte des hommes .Quid de la vérité : « elle est pour tous » sinon elle
n’existe pas. Quid de l’histoire : » il n’y a pas de dualisme entre l’histoire chrétienne et celle des
hommes dans le monde »
Pourquoi le primat de la praxis ? : la pensée théologique ne peut jamais être spéculative : le Dieu de
J.C. n’est pas un énoncé, une théorie hors de l’histoire. L’acte de penser Dieu (la théologie) indique
comme tel une praxis dans la mesure où Dieu n’est pas une réalité intellectuelle mais une source
active au sein de l’histoire humaine.
L’auteur accorde à la pratique une importance déterminante pour sa pensée théologique .Soucis de
rencontrer l’histoire du monde à qui Dieu promet la justice – rendre la Parole active dans le monde
et la société.
La théologie fondamentale pratique de Metz repose sur une alliance entre la mystique et la politique
qui se vit sur le mode radical de la suite de Jésus. Il argumente en faveur d’une praxis messianique où
la justice est directement liée à la question de Dieu.
IDENTITE CHRETIENNE ET PRATIQUE
En se défendant du thomisme transcendantal de Rhaner, son Maître, Metz voulait replacer d’une
façon très radicale la Foi dans le contexte des hommes. Référence a été faite par l’auteur aux
penseurs marxistes, notamment Ernst Bloch. Influence de la pensée marxiste comme Jûrgen
Moltmann. D’où deux défis marxistes : la vérité et la vision du monde comme histoire.
La vérité
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L’influence marxiste conduit à analyser la relation entre connaissance et intérêt. Cela vaut aussi pour
le langage théologique et cette critique a eu pour résultat de faire perdre à la théologie son
innocence cognitive. C’est un devoir précautionneux dans la mesure où la théologie est soupçonnée
de cautionner des intérêts particuliers. La critique marxiste conduit notamment à soupçonner la
politisation de la religion notamment si l’on risque de légitimer une vision du monde qui n’est pas
évangélique. Metz s’oppose à une dénaturation de la religion messianique en religion bourgeoise.
Un intérêt n’est compatible avec la vérité que s’il est universalisable, c’est-à-dire s’il concerne tout le
monde. « la vérité est vérité pour tous ou bien elle ne l’est pas. »
En ce sens la théologie politique s’appuie sur un intérêt universalisable fondé dans la tradition
biblique. La soif de justice universelle est une condition pour la recherche de la vérité. Dans la Bible la
question de Dieu et la question de la justice sont indissociables. « Deus caritas est, Deus justitia
est ». La suite de Jésus comporte donc une visée pratique tournée vers tous les hommes.
L’histoire
L’idée du monde comme histoire dans lequel les sujets sont acteurs est au cœur de la pensée
marxiste. Mais ceci rejoint en profondeur la foi chrétienne :l’histoire est le thème de la religion
judéo-chrétienne : il n’ a pas de dualisme entre l’histoire chrétienne et celle du monde. Le Dieu des
chrétiens n’est pas celui de Platon, mais d’Abraham, Isaac et Jacob ; Il n’y pas une histoire naturelle,
d’une histoire profane et d’une histoire religieuse. Cette histoire du monde correspond à l’histoire du
salut dans la mesure où elle est animée par cette quête de justice pour tous les vivants et les morts.
L’histoire du Salut ne coïncide pas spontanément avec tous les événements de l’histoire du monde,
mais uniquement avec a les évènements qui tendent vers cette justice universelle.
La foi dans le Dieu de l’histoire ne doit pas détourner les hommes de leurs aspirations à la libération.
Au contraire elle garantit un combat persévérant en faveur de la dignité de tout être humain et de la
libération universelle. La foi en la résurrection des morts n’est pas d’abord une consolation pour le
peuple. Elle suscite plus radicalement un témoignage vivant en faveur de l’ l’amour et de la justice
dans le monde.
Critique du Marxisme
Metz a très vite vu les prétentions excessives du marxisme : changer l’humanité par des moyens
humains – eschatologie sécularisée – risque d’identifier hominisation par humanisation – il est
interdit à tout sujet de l’histoire d’être le sujet du Royaume. Dieu seul peut accomplir ce dernier.- il
souligne aussi des aspects du marxisme incompatibles avec le Christianisme :conception
évolutionniste du monde allant toujours vers un progrès – risque d’oublier les plus défavorisés : Dieu
a commencé à faire alliance avec les défavorisés – principe d’exclusion des faibles ?- violence du
marxisme.
Metz veut faire sortir cette amnésie qui oublie les plus faibles. Il est important que la conscience
humaine se rende compte de sa responsabilité à l’égard des injustices dans le monde.
Le primat de la praxis
Importance de la pratique chrétienne comme pratique du changement. En effet une théologie
limitée au point de vue moral et personnel perd de vue le fait que la liberté n’est pas donnée à tous.
Il y a en effet, des vies opprimées qui ne peuvent pas déployer les virtualités de la liberté alors
qu’elles y aspirent. « La constitution pratique de la théologie… ne comporte pas donc seulement la
praxis morale mais la praxis sociale, par conséquent les attitudes désignées comme « metanoia » et
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le suivre de jésus sont des formes constitutives pour l’acte de penser Dieu et pour le savoir
christologie eschatologique ; et ils ont nécessairement une structure sociale et politique. Cette
perspective indique la signification profonde du discours sur la « théologie politique »
La pensée théologique ne peut jamais être purement spéculative. Le Dieu de Jésus n’est pas n’est pas
un énoncé théorique hors de l’histoire.
La connaissance de Dieu est fondamentalement pratique, liée à l’expérience qui va ensuite faire
appel à la pensée et se servir d’un langage. L’acte de penser Dieu indique donc comme tel une praxis
dans la mesure où Dieu n’est pas une réalité intellectuelle mais une présence active au sein de
l’histoire humaine. Le savoir à propos du Christ a en effet une structure à la fois narrative et pratique.
En tant que narrative, la christologie raconte comment la souffrance des hommes et la passion de
Jésus , ne sont pas deux choses hétérogènes dans la mesure où elles convergent pour donner lieu à
une solidarité anamnétique.
La relation à Dieu, pour l’auteur passe par l’expérience que le croyant fait avec Dieu. La connaissance
de Dieu suppose donc une pratique préalable à toute élaboration théorique. Elle ne peut pas se faire
en dehors de l’histoire, y compris celle qui se déroule sous nos yeux. Dieu est-il intéressé par notre
manière de le penser et ce que nous pensons de Lui ? Plutôt comment nous nous comportons à
l’égard de Lui ; « Montre- moi comment tu traites autrui et je te dirai quel « ton Dieu » L’orthodoxie
de sa foi doit constamment être confirmée par l’orthopraxie d’une conduite orientée vers la fin des
temps, car la vérité qui est ‘objet d’ une promesse est une vérité qui doit être « faite » comme Jean
nous le dit clairement et avec force ».
La praxis comprend une dimension pathétique : la mémoire de la souffrance et la solidarité. Il
souligne les insuffisances des théologies modernes qui ne valorisent pas assez la dimension pratique
de la foi. Le prochain n’est pas uniquement le conjoint, le voisin. Les prochains sont aussi les lointains
qui attendent la justice et la paix. Le sujet de la théologie est aussi sujet de la société.
La praxis qui fait mémoire (anamnétique) . Dans l’acte de mémoire le sujet fait mémoire de la
souffrance existante dans l’histoire. La mémoire biblique retient tous les oubliés de l’histoire et ceux
qui attendent la justice et la libération. La rationalité moderne risque de ne plus voir que ses
prouesses techniques, sans plus se laisser interroger par les institutions porteuses de mémoire.
4° LA « SUITE DU CHRIST » L’UNITE DU MYSTIQUE ET DU POLITIQUE
La foi est une structure à la fois mystique et politique. Les deux aspects ne s’opposent pas mais
s’auto-enrichissent ; les deux augmentent en proportion l’un de l’autre .La mystique du suivi du
Christ n’est jamais détachée du contexte social ou des enjeux politiques. C’est l’attente du retour du
Christ qui suscite l’engagement chrétien.
La structure « mystique et politique » de la foi chrétienne
La théologie qui découle de l’œuvre de Metz est une théologie politique mais aussi une mystique
politique. La démarche spirituelle centrée sur l’intériorité, elle ne doit pas être coupée de
l’engagement pratique politique.
Les aspects politiques et mystiques ne s’opposent pas : au contraire, ils augmentent en proportion
l’un de l’autre. Politique le mot ne doit pas induire en erreur ; il signifie que la mystique de la
« suite » n’est jamais détachée du contexte social ou de la situation politique ; elle n’est don pas
étrangère aux souffrances et conflits du monde. Attention au monophysisme moderne, lequel
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revient à réduire le suite de Jésus à une spiritualité sans engagement, soit à vivre un engagement
sans spiritualité. C’est toute l’Eglise qui doit être à la suite du Christ et non seulement les personnes
consacrées. Elle est la communauté de ceux qui suivent Jésus en s’inspirant de son esprit.
Communauté en marche, exode qui fait aller au Royaume ; donc démarche collective.
Mais il ne suffit pas de « suivre le Christ faut-il encore le revêtir ». La christologie n’est pas seulement
un enseignement sur la suite de Jésus, elle se nourrit, au prix de sa vérité propre, de cette suite
pratique. Elle exprime par essence un savoir pratique. Ces récits sont des histoires dangereuses, non
des histoires pour divertir. Une histoire dangereuse est une histoire qui a pour effet de provoquer
chez le destinataire une remise en question et de déboucher sur un engagement plus évangélique.
On a trop considéré le christianisme comme une doctrine. Or avant d’être une doctrine, la foi
chrétienne est une mystique pratique et politique. La légitimité décisive de l’autorité vient non pas
de la possession d’un savoir ou d’un titre juridique, mais plutôt d’un témoignage évangélique.
Deux manières de croire
Metz récuse les travaux de Buber qui distingue la foi juive de confiance et la foi chrétienne marquée
par l’hellénisme : la foi compréhension. Car si la foi est une praxis de suivi, elle se retrouve très
nettement dans les évangiles synoptiques. De plus il y a une autre façon de croire qui est la foi
paulinienne, plus contemplative. La suite du Christ, l’amour, la compassion et même la persécution,
l’exil sont souvent devenues des notions intellectuelles ou intériorisées, perdant du même coup leur
radicalité évangélique.. Pour retrouver la praxis de la Foi, Metz invite à redécouvrir la Foi des
premiers chrétiens, à savoir la pratique de Jésus.
Les ordres religieux
On a besoin de chrétiens qui montrent par leur vie leur attachement au Christ. l’Eglise doit toujours
revenir à l’audace originale de Jésus. D’autant que l’Eglise, dans son actualité peut présenter une
mentalité sectaire, craintive vis-à-vis du monde extérieur. La suite du Christ implique non seulement
une imitation de la façon d’être, mais elle dépasse les formes historiquement situées par
l’appropriation de nouvelles expériences liées à des contextes inédits. Il faut faire preuve de
créativité pour répondre de façon plus juste au travail dynamique du salut dans le monde.
Suite du Christ et fin des temps.
C’est l’attente du retour du Christ qui suscite l’engagement chrétien. « Sans l’attente du retour du
Christ, suivre Jésus est invivable. Le caractère inséparable du suivi de Jésus et de la fin des temps
saute aux yeux dans Matthieu 25.. C’est une telle espérance universelle qui conduit à sortir la foi du
privé.
« Je pars de la présomption que l’Eglise a perdu sa force de rayonnement, ce n’est pas parce qu’elle
exige trop mais parce qu’elle présente trop peu ses exigences, en les rattachant aux priorités de l’
Evangile lui-même. Si elle était évangéliquement plus radicale elle n’aurait sans doute si besoin de
rigorisme. Le rigorisme provient plutôt de l’angoisse, l’exigence provient de la liberté. »
Il est indispensable de refuser que la religion maintienne le statut quo mais d’enclencher des
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changements requis « par la pratique messianique de la charité ».La sainteté n’est pas un idéal privé
que l’on vise pour soi. Elle est plus radicalement suscitée par la réponse à la souffrance d’autrui.
L’Evangile contient un appel à la fidélité à l’égard de Jésus qui a été obéissant jusqu’ à la mort en
croix.
SPECIFICITE DE L’AGIR CHRETIEN
Des vertus chrétiennes
Metz comprend sa théologie favorisant las 3 vertus théologales :Foi, Espérance, Charité.
Pour lui la question ultime est de différencier les vertus messianiques et les vertus de non
domination.
Les dernières ont été écrasées par l’anthropologie de Domination que l’Occident a élaborée :
amabilité – gratitude- compassion – sympathie – affliction – tendresseLes premières conversions – charité – capacité à se laisser toucher par la souffrance d’autrui : elles
sont opposées aux vertus bourgeoises :autonomie - possession –stabilité – succès.
Place importante à la compassion enrichie par la mystique qui ouvre le regard.- le Christ souffrant. La
compassion est l’élément central de l’inter-religion –le pluralisme des cultures – égalité
fondamentale des êtres humains – éthique de convivialité – pacifisme. La tradition évangélique de l’
amour du prochain doit s’entendre non seulement dans le sens de la charité sur le plan de la
rencontre entre les personnes mais aussi en terme de justice pour les autres
Par rapport à la position de l’ Eglise concernant la légitimité de la vie.
5° LE RECIT DE LA FOI
L’analyse narrative a mis en valeur plusieurs aspects de vie chrétienne que l’on pourrait oublier : la
mémoire des évènements – la place de la communauté comme lieu où s’élaboraient et s’élaborent
les récits- la vie humaine transformée et façonnée par les récits – la compréhension de soi qui
suppose que le sujet se raconte aux autres – la vérité résulte d’une expérience narrative et non pas
d’un simple concept »nous sommes le récit » - la mise en rapport de l’histoire du salut est un point
crucial en théologie – Elle rend plus sensible aux questions actuelles de nos contemporains.
Au 20° Siècle une sensibilité pour la narrativité en théologie s’est progressivement dégagée aux Usa
et en Europe. Mais les raisons ne sont pas identiques. Pour les allemands (dont Metz) c’était un
moyen de corriger l’aspect trop spéculatif de la théologie. Aux USA (Richard Niebuhr) on souhaite
souligner l’importance du récit comme véhicule de la majeure partie des convictions chrétiennes. La
théologie narrative a connu son véritable envol dans les années 1970 aux USA et en EUROPE. Il fallait
redonner à la théologie sa consistance narrative et expérientielle à un moment où elle manquait de
lien avec la pratique des croyants
La théologie narrative a remis en valeur plusieurs aspects de la vie chrétienne qui sont : la mémoire
des évènements - la place de la communauté comme lieu où s’élaborent les récits – la vie humaine
transformée et façonnée par les récits – la compréhension de soi qui suppose que le sujet se raconte
aux autres – la vérité résultat d’une expérience narrative et pas d’un simple concept.
Il y a deux grandes manières de se référer théologiquement à la narrativité. Distinction de Garry
Comstock : les puristes : tout est donné à travers un récit particulier et que la vérité du récit n’est pas
à chercher ailleurs, surtout pas dans un dialogue avec la rationalité moderne marquée par les
Lumières. (Hauerwas – Lindbeck ) . La vérité du récit s’atteste par ceux qui y adhérent et qui
montrent une cohérence de vie. « Nous sommes le récit ».
Les autres (Tracy – Ricoeur) veulent s’approprier le récit sans s’identifier complètement à lui. Ils sont
davantage animés par une approche herméneutique et corrélative, c’est-à-dire par un souci de
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traduire le récit en fonction de l’expérience humaine. Le récit n’est pas seulement une façon de
mettre en forme le passé du sujet.
LA NARRATIVITE CHEZ METZ
APOLOGIE DU RECIT
Ce constat fait par Metz renvoie à la nécessité de rendre à la narration sa place légitime au cœur du
discours théologique, alors que l’on a eu tendance à le domestiquer. Il veut protéger les éléments
narratifs chrétiens et s’efforce de faire de ces récits des éléments communicatifs d’une expérience de
Foi.
La théologie devant être rigoureuse et donc scientifique, on a guère confiance dans la narration en
raison de son manque de précision et de cohérence. Sans récit, l’expérience devient muette. Or la Foi
est fondées sur des expériences communiquées dans l’épaisseur du monde. Avec la Bible, la
théologie entre en contact avec des expériences irréductibles transmises dans l’épaisseur du monde.
L’expérience de la Résurrection est dite sous forme narrative, tout comme la création du Monde.
Ces expériences font éclater les concepts. Même les Grecs ont utilisé des histoires pour fonder les
mythes qui organisaient leur vie. Il souligne comment l’expérience est véhiculée par le récit. Le
partage d’expérience est pour lui au cœur de la communication entre les sujets et concerne le
dialogue interculturel et interreligieux. En raison de son caractère trop formel, la rationalité
occidentale ne peut établir ce type de communications dans l’interculturel et l’interreligieux. La
culture du récit est une culture de résistance face aux violences et totalitarismes de toute sorte
PRATIQUE CHRETIENNE DE LA NARRATIVITE
Il con vient de souligner qu’il y a une variété d’histoires : pour apaiser – pour donner un bon conseil–
pour réveiller un rêve de liberté. On peut considérer que le récit chrétien, n’est pas clos avec le
canon biblique. Metz insiste : la christologie se transmet avant tout dans des récits qui racontent
la vie de disciple. La raison est que la base de notre connaissance vient des expériences qui ont été
faites et qui sont transmises narrativement. Le Christ se comprend essentiellement à travers une
raison pratique et narrative
.DIRE LE SALUT DANS L’HISTOIRE
La mise en rapport de l’histoire et du salut est un point crucial de la théologie. La connaissance du
Christ mais aussi la découverte du salut à l’œuvre dans l’histoire passent par la médiation du salut
par la médiation du récit. Pour Metz, le salut universel offert en Christ ne devient intelligible que par
la pratique du récit : il faut une narrativité pratique du christianisme et non spéculative. L’expérience
de salut est chaque fois singulière et ne peut passer que dans un récit personnel en connivence avec
le récit de Dieu.
L’histoire est comprise par Metz comme une expérience du réel dans ses contradictions et ses
conflits, alors que le salut est dénouement de ces derniers grâce à l’action de Dieu. Le salut peut se
dire narrativement au cœur d’un réel déchiré qui n’est pas encore réconcilié.
A la manière de Pascal, Metz veut différencier le Dieu des philosophes (théologie argumentative) et
le Dieu d’Abraham, Isaac et Jacob (théologie narrative et commémorative).
Metz répète souvent que le christianisme est une communauté de souvenir et de récit avant d’être
une communauté qui interprète et argumente. Souvenir qui appelle la passion, la mort et la
Résurrection. Le salut n’est pas un concept mais une expérience.
HERMENEUTIQUE BIBLIQUE DE METZ
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Les histoires dangereuses
L’auteur parle souvent du danger de parler de Dieu et des chrétiens ; De fait, à partir des
synoptiques, on découvre que les histoires qui racontent la marche à la suite de Jésus. Ce ne sont pas
des histoires distrayantes qui invitent simplement à une réflexion, car elles appellent à une action :
suivre un chemin de délivrance. Il cite l’Evangile de Jean : « si le monde vous hait, sachez qu’il m’a
haï en premier…. Souvenez- vous de la parole que je vous ai dite, le serviteur n’est pas plus grand que
le maître ; s’ils m’ont haï, ils vous haïront».
Metz donne à sa théologie des accents apocalyptiques; l’attente eschatologique est celle d’un
renouvellement de la création par la seconde venue du Christ.. On trouve aussi la préoccupation
pour le salut de l’humanité « Si les morts ne ressuscitent pas, alors le Christ n’est pas ressuscité (1
Cor. 15/16).Il souligne aussi que la vérité est une exigence pratique, elle doit être faite.
La pauvreté en esprit désigne l’attitude de celui qui qui ne se laisse pas consoler pat les mythes, mais
qui fait de son cri une raison de l’injustice) une prière devant Dieu.
LES HISTOIRES DE DECENTREMENT
Le suivi est pour lui un fondement christologique évident en référence à Matt 25. Amour de Dieu et
amour du frère. C’est l’espérance du chrétien comme de toutes personnes.
CRITIQUE DE LA POSITION DE METZ
Approche nouvelle de la Théologie sur le plan international : idée de devenir « acteur de la Parole » :
le fait de raconter a un rapport direct avec le fait d’agir. On peut donc observer comment le fait de
raconter a un rapport direct avec le fait d’agir. Donc théologie narrative et théologie politique sont
liées à des actions. Priorité est faite au Dieu raconté (celui d’Abraham...) que le Dieu spéculatif ( des
philosophes). L’auteur ne partage pas la séparation narration/ argumentation car si les textes
évangéliques sont narratifs, il y a dans les écrits néotestamentaires des textes d’argumentation ( St
Paul). Pour lui, le récit est mis en quelque sorte à l’épreuve d’une praxis de libération : la narration ne
reçoit une place légitime dans la théologie que dans la mesure où elle suscite un effet de libération
dans l’histoire concrète.. De plus narration seule a besoin de l’argumentation. Metz n’échappe pas au
risque d’une certaine immunisation par rapport à la raison critique.
Autre difficulté posée par la thèse de Metz porte sur le rôle de la praxis dans l’appréciation du récit..
Dans la perspective de la théologie politique, le but du récit est d’induire un suivi, avec un sentiment
d’urgence pour l’action. Il sollicite donc le texte biblique en fonction d’une fin utile. Cette
herméneutique pratique porte plus son attention sur les effets du texte que le texte lui-même
comme tel. Ce manque de distanciation critique risque une manipulation des histoires et donc une
« pragmatique idéologique »
Néanmoins, il convient de retenir de sa pensée : éviter une théologie de « système »pour laisser une
plus grande place aux autres sources de la Foi à commencer par la mémoire narrative portée par une
communauté (protéger le noyau narratif du christianisme dans la confrontation avec la mentalité
scientifique actuelle.
En plus le respect de l’histoire de la souffrance : la théologie narrative doit ouvrir le regard sur les
expériences de souffrance : pas seulement des souffrances de la Bible mais celles de toute personne
et de tout un Peuple. La raison critique doit permettre au récit de devenir parlant pour notre
époque sans être instrumentalisé.
Ensuite précédés par le récit, le sujet expérimente une transmission qui fera l’objet d’une réflexion. Il
se dégagera une rationalité pratique visant à rendre le récit communicable pour permettre une
11
pratique renouvelée. La théologie de Metz met l’accent sur l’expérience d’une théologie renouvelée
et éviter qu’elle soit abstraite, herméneutique et sans portée pratique. Enfin il a ouvert à une
théologie plus sensible aux questions d’actualité posées par nos contemporains.
6°° ETHIQUE ET THEOLOGIES NARRATIVES
La théologie narrative « forte » dénonce le caractère superficiel de la théologie « académique » qui
parait trop discursive et argumentative et trop détachée de l’expérience des chrétiens comme des
communautés de croyants
Mais la théologie n’est pas simplement une narration ; elle doit comporter une analyse critique en
vue de communiquer effectivement l’expérience du croyant
Les études Bibliques ont mis en évidence que la Bible ne contenait pas une éthique, mais une
diversité d’éthiques chez différents peuples à travers l’histoire: la Bible est avant tout le récit de
l’expérience de Dieu. Cette expérience de la « pluri-formité éthique » de la Bible a rendu complexe
son usage afin de fonder une morale.
Le rapport entre l’éthique théologique et la narrativité est problématique. Il n’y a pas d’univocité
dans ce domaine.
NARRATIVITE ET HERMENEUTIQUE
Les partisans d’une éthique narrative sont souvent les adversaires du « fondationalisme » qui est une
manière de fonder en raison des affirmations qui viennent de la Foi « en tant que conviction
épistémologique, le fondationalisme situe tout le réel au sein d’un ordre naturel de raisons, comme
le transnaturel, le transculturel et le transhistorique, fondé sur une source ultime d’évidences , qu’il
s’agisse d’idées claires et distinctes, d’expériences immédiates, d’expériences sensibles ou
d’expérimentation » Les opposants sont partisans d’un certain « contextualisme ». Gadamer et
Ricoeur ont remis en lumière l’importance des traditions et du rôle interprétatif des communautés.
Sur le Plan éthique c’est le philosophe Wittgenstein qui a questionné l’idée de morale universelle en
mettant l’accent sur l’inévitable contexte culturel des communautés. Dans ce cadre- là (entre
universalité et contextualisme, la notion de narrativité a été présentée comme médiatrice On peut
dire que la théologie narrative prend en considération la relation entre croyance et l’expérience, ce
que fait aussi l’éthique. A la suite de Musschenga on distingue deux usages de la narrativité : une
version faible et une version forte.
La version faible soutient que la for et même l’éthique, ont une structure narrative. Par contre la
version forte place le récit au fondement de la réflexion éthique : le critère éthique revient à vérifier
si une décision particulière correspond bien à l’image de la personne qui fait partie de la
communauté narrative. La justification morale reçoit alors un fondement narratif et non plus un
rationnel- universel.
La théologie narrative forte dénonce le côté superficiel de la théologie académique, laquelle est trop
discursive et argumentative comme trop détachée de l’expérience. Les adeptes de la théologie
narrative forte souhaitent une expérience de transformation.
En ce qui concerne Metz comme Jüngel Moltmann, ils reconnaissent que la théologie est
fondamentalement narrative dans la mesure où Dieu doit être raconté comme un amour infini.
Cependant l’activité de la théologie ne s’arrête pas à raconter des histoires. La théologie n’est pas
simplement une narration, mais elle doit comporter une analyse critique en vue de communiquer à
propos l’expérience croyante. L’imagination peut être sollicitée de façon créative par des récits. Mais
il faut tenir compte de la pluralité des histoires et de l’analyse des textes pour construire un sens
accessible au lecteur.
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THEOLOGIE MORALE NARRATIVE ET CRITIQUE
Le problème majeur de l’éthique purement narrative est qu’elle se dérobe à une critique externe.
D’où Musschenga distingue la critique interne et la critique externe. La première vise à chercher la
cohérence entre le récit et l’agir (authenticité) ; la seconde confronte l’expression narrative à la
raison et aux sciences.
D’où le débat entre réalisme interne : l’éthique chrétienne ne peut être réduite à une moralité
naturelle (HAUERWAS) – pour les partisans de la critique externe, ou forte, la vérité chrétienne peut
être confirmée en se fondant sur une réalité qui excède le récit chrétien (expérience, conscience
humaine, nature).
METZ tient de son côté à la mémoire chrétienne. L’éthique narrative se fonde sur une vision sociale
du sujet ; d’où le rejet du solipsisme et de l’individualisme. Cette observation conduit à affirmer
l’appartenance à une communauté comme constitutive de l’identité morale.
7° LA COMMUNAUTE CHRETIENNE DANS LE MONDE
Pour l’auteur l’Eglise est en quelque sorte, une institution « provisoire » au service du Royaume de
Dieu qui est déjà en germe dans le monde. Si l’Eglise est au service du Royaume, elle doit se mettre
au service du monde.
L’Eglise vit au cœur de la société sociale et politique ni à côté ni au- dessous, insiste l’auteur. La
volonté universelle de Dieu est d’apporter le Salut dans le Monde.
« La réserves eschatologique », l’Eglise en vit : elle n’est pas là pour elle-même mais au service de
l’attestation historique du Salut pour tous.
En faisant que Jésus se soit mis du côté des opprimés et qu’il a annoncé par sa vie la puissance de
Dieu comme amour sans réserve, l’Eglise annonce le salut apporté à tous.
LE CONCEPT DE COMMUNAUTE CHEZ METZ
La lecture de METZ démontre que l’utilisation de communauté désigne le potentiel narratif et
anamnétique (mémoire) de la foi Chrétienne. Ce n’est donc jamais dans l’Eglise institutionnelle (le
gouvernement) qui a la responsabilité d’entendre le monde que les communautés constituées par
celles et ceux qui suivent Jésus et qui se rassemblent à la table eucharistique. Toutefois, l’Eglise dans
sa globalité transporte une mémoire qu’elle a mission de rendre audible.
Pour lui l’Eglise est une institution provisoire au service du Royaume de Dieu qui est en germe déjà
dans le monde. Si l’Eglise est au service du Royaume, elle doit de se mettre au service du monde.
LE CHRISTIANISME COMME COMMUNAUTE PORTEUSE DE RECIT ET DE MEMOIRE
Le christianisme est donc compris comme une réalité communautaire qui s’exprime originellement
dans une narration. Ensuite la communauté utilise la raison critique et herméneutique pour éclairer
le récit qu’elle annonce. Le christianisme est une communauté de croyants qui ont une mémoire et
une narrativité débouchant sur une action. Le « faire mémoire » et le « raconter » doivent conduire
les croyants à devenir acteurs de la Parole. Il présente ces dimensions constitutives de la foi comme
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étant par essence communautaire. Dans cette perspective, Metz insiste aussi sur la communauté
comme lieu d’une solidarité entre les croyants.
Lorsqu’il réfléchit aux écarts entre riches et pauvres , il invite à dépasser les classes sociales pour
vivre son identité « comme communauté unie autour de la table du Seigneur, communauté de ceux
qui sont « appelés » qui doivent « relever la tête » pour être sujets d’une nouvelle histoire »
L’EGLISE : UNE INSTITUTION CRITIQUE .
La communauté des chrétiens doit intervenir dans le monde comme force à la fois critique et
libératrice visant à établir la paix et la justice. L’Eglise vit au cœur de la réalité sociale et politique, ni à
côté ni au-dessus, insiste Metz.
Nécessité de l’institution
L’Eglise doit être pensée comme « institution de la liberté critique de la Foi ». Loin d’exister pour
elle-même, elle annonce l’espérance du Royaume en tant qu’institution provisoire. Elle doit être une
institution libre et critique devant n’importe quel mouvement historique toujours porté à se prendre
pour un absolu et se clore sur lui-même. L’histoire est toujours soumise à la « réserve eschatologique
de Dieu ». Cela signifie qu’aucun état de l’histoire n’est identifiable à l’accomplissement des
promesses bibliques.
Les promesses eschatologiques conduisent à maintenir un rapport critique et dialectique à l’histoire.
Pour éviter que l’Eglise ne tombe dans les travers d’une institution (qui par nature tend à la stabilité
et craint les remises en question) ; elle doit se penser comme une réalité provisoire et toujours
sujette à réforme (semper reformanda est).
PRINCIPE DE RESERVE ESCHATOLOGIQUE
L’idée est que l’Eglise n’est pas au centre de l’histoire du salut, mais qu’elle atteste d’une venue du
Royaume dans l’histoire du salut du monde. Metz a toujours considéré l’Eglise comme uns
institution indispensable mais secondaire.
Metz envisage l’incarnation comme une implication de Dieu dans l’histoire afin de donner au monde
son authentique déploiement. Il affirme la volonté universelle de Dieu d’apporter le salut dans le
monde. C’est dans la mesure où le monde n’accueille pas spontanément le salut offert par Dieu que
l’Eglise entre en scène pour signifier la victoire de Dieu sur le monde.
La « réserve eschatologique » l’Eglise en vit : elle n’est pas là pour elle-même, elle est au service, non
de sa propre affirmation, mais de l’attestation historique du salut de tous. Cette « réserve » est un
surcroît de vérité eschatologique qui n’a pas trouvé son expression dans l’ Eglise. Cette différence
doit servir à ce que l’Eglise en tant qu’institution ne s’ « absolutise » pas et de s’immuniser face à ce
qui lui arrive de
COMMUNAUTE DE MEMOIRE
Mémoria
Metz envisage la mémoire comme une activité créatrice, non comme une conservation en musée. En
I969, il parle de la mémoire comme catégorie constitutive de sa réflexion théologique. La Foi est alors
comprise un comportement par lequel l’homme fait mémoire des promesses qui ont été faites, de
l’espérance vécue face à ces promesses et se lie à cette mémoire de telle sorte qu’elle détermine sa
vie. « La Foi chrétienne est une attitude où l’homme se souvient des promesses annoncées, et
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d’espérances vécues à cause de ces promesses, une attitude où il se lie à ces souvenirs pour vivre sa
vie ».La Foi comme mémoire se montre critique à l’égard de l’emprise de la raison instrumentale
dans le monde. Pour préserver le rôle propre du politique, Metz suggère une nouvelle vision de
solidarité, fondée sur la mémoire de la souffrance (memoria passionis). Ce recours à la mémoire
permet également d’éviter une dissolution de l’imagination et de l’agir politique dans les questions
d’organisation et de planification. La souffrance pousse les hommes à s’unir et à regarder le monde
du point de vue des victimes. Une lecture de l’histoire qui ignorerait la place de la souffrance
deviendrait une idéologie. Et le souvenir contient des possibilités d’innovation. Metz souligne que les
régimes totalitaires ont essayé de neutraliser la résistance du peuple en supprimant ses souvenirs.
La memoria passioni
L’on aurait tendance à négliger la place des souffrances pour ne plus vois que le progrès et les
victoires. L’histoire est comprise comme celle des vainqueurs. En raison du risque permanent de
laisser le tragique en coulisse, l’auteur développe une théologie de la résurrection en rapport étroit
avec celui de la passion. Il y va du lien entre passion et résurrection. Or il constate que la
privatisation de la souffrance caractérise notre société orientée vers le futur en quête de nouvelles
prouesses techniques. Peu de place est donnée aux victimes de l’histoire.
Si un parti, une nation, une race ou même une Eglise cherche à s’afficher comme sujet de l’histoire
totale, la memoria passionis doit dénoncer une usurpation. Le passé demeure un critère de
discernement pour les engagements et les pratiques d’aujourd’hui. Pour prendre de la distance, la
mémoire sera, dans notre civilisation, capable de produire une interruption : le passé éclaire le futur.
L’Eglise dispose des dogmes comme ressources pour faire mémoire de cette nouveauté historique.
Ils sont l’expression d’une mémoire collective et obligent à se souvenir de quelque chose qui dépasse
le cadre de l’expérience personnelle. L a Foi à partir des dogmes est appelée à se montrer critique et
libératrice. Le dogme est un souvenir pratique.
EGLISE UNE MEMOIRE VIVE
En faisant mémoire que Jésus s’est mis du côté des opprimés et qu’il a annoncé par sa vie la
puissance de Dieu comme amour sans réserve, la communauté chrétienne annonce le salut offert à
tous. Cette mémoire subversive qui vient de la foi chrétienne peut prendre une forme concrète grâce
à l’Eglise. La vie ecclésiale a pour obligation de lutter contre les pratiques sociales et politiques qui
vont à l’encontre de la dignité humaine. Il estime par exemple que la société technologique a
anesthésié la sensibilité à la souffrance des autres, de même que la liberté à vivre la fragilité. Une
telle société qui manque d’empathie, est gouvernée par une eschatologie de l’ennui généralisé que
l’on peut simplement nommer indifférence.
L’Eglise doit réfuter cette évolution déshumanisante en libérant de nouvelles possibilités pour que
chaque être humain devienne sujet – avec et pour autrui, devant Dieu. Aussi la foi chrétienne a
besoin de communauté pour exister. Les Eglises peuvent jouer ce rôle.
Mais si Metz est bien conscient de l’importance de l’ancrage communautaire, il craint cependant la
fragmentation auxquelles peut aboutir le communautarisme.
Les communautés de mémoire prennent conscience de leur responsabilité face à autrui. » Le
christianisme n’est ni un individualisme, ni un existentialisme. Personne n’est chrétien pour lui seul.
De plus ces communautés refusent de créer un dualisme entre la mystique (eucharistie) et la
responsabilité envers les autres. Et même les communautés peuvent être porteuses d’une vision
indispensable à la paix, à la justice et à la vie de la terre.
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Mais aussi la communauté de mémoire a aussi la responsabilité de maintenir la conscience de la
différence entre l’Eglise et le Royaume de Dieu, c’est-à-dire la réserve eschatologique. Il existe
toujours un risque de se croire dans le Royaume quand on participe à la vie d’une Eglise visible.
On retrouve ici l’idée du décentrement ecclésiologique caractéristique de la théologie metzienne ( la
prophétie peut venir d’acteurs hors de l’ Eglise – d’autre religions.
LA THEOLOGIE APRES AUSWICHT
Ce qui rend cette catastrophe dépourvu de sens ce n’est pas seulement l’ampleur du mal, ni le
silence de Dieu . Le plus perturbant c’est le silence de l’homme. Ceux qui ont laissé les Juifs à leur
triste sort. ….. Il affirme dans Auschwitz nous ne rencontrons que l’énigme d’un manque de
sensibilité à l’égard d’autrui et il ne faut pas y chercher Dieu. Le premier devoir des chrétiens est
d’écouter les Juifs dire ce qu’ils veulent à propos d’eux-mêmes.
Pour Metz cela est dû aux chrétiens qui ont perdu le sens messianique de la Foi. Il invite donc a
revenir à une conception authentique du christianisme, c’est-à-dire comprendre la Foi comme suivi à
la fois mystique et politique. Cette praxis messianique du suivi, de la conversion, de l’amour et de la
souffrance ne s’ajoute pas à la Foi chrétienne, elle est réellement l’expression de cette Foi. Il affirme
qu’une autre raison a facilité l’extermination des Juifs, l’antisémitisme qui a infiltré la théologie
chrétienne.
COMMUNAUTE ESCHATOLOGIQUE
Théologie du monde :
Au cours des années 1960, Metz a élaboré une théologie du monde qui repose sur un
anthropocentrisme théologique. A la suite de Thomas d’Aquin et des Karl Rhaner, il a en effet
soutenu une vision résolument optimiste de la Création. Par contre à partir de 1970, la dimension
prophétique et apocalyptique du christianisme est davantage au centre de sa pensée. L’expérience
du monde est en effet une expérience avec les autres au sein d’une société. Metz prend de la
distance à l’égard de la pensée grecque et de son idée d’une répétition du cours des choses, ce qui
n’est pas la théologie biblique. Au contraire, le message biblique aboutit à une anthropocentrisme
renforcé par la Foi Chrétienne. L’homme devient médiateur entre Dieu et le monde. En Christ, Dieu
s’est donné irrévocablement à l’homme si bien que la relation de Dieu au Monde est à présent
médiatisée par l’homme. On trouve à la fois une perception positive du Monde et une conscience de
l’altérité du monde et de Dieu. Il estime qu’on ne peut pas faire de séparation entre l’histoire du
Monde et celle du Salut. Il refuse le monophysisme au profit d’une fine dialectique entre Dieu et le
Monde.
A la lumière du Nouveau testament apparait comme un espace bipolaire : d’une part, le pôle de la
perdition et du péché ; d’autre part le pôle du Salut opéré par Dieu. L’un repousse l’autre. Le monde
est une création bonne soumise à des ténèbres et une « manifestation du Salut » garantie par le
Christ.
LA THEOLOGIE BIBLIQUE DE L’HISTOIRE : les promesses eschatologiques
Cette donnée tranche avec la cosmologie grecque dans la mesure où elle conçoit un monde clos et
répétitif : tout ce qui se produit dans l’histoire est déjà une réalité déjà réalisée. La vision hébraïque
est tout autre : elle est découpée par l’évènement initial, l’alliance biblique et elle devrait culminer
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avec la réalisation des promesses eschatologiques. Jésus résumera en une seule réalité : le Royaume
de Dieu (ou le Règne de Dieu)
Théologie apocalyptique de l’histoire : focalisation sur les souffrances humaines
Il est en butte contre l’idéologie industrielle qui repose sur le progrès et se ferme sur elle.
La Compassion est une provocation qui vient directement de l’Evangile. Metz réclame une Réforme
de l’Eglise dans le but de contrer l’ « auto-privatisation » dans la société postmoderne. Le monde a
besoin de cette compassion dans la mesure où les hommes ont tendance à se replier sur un bonheur
personnel. Le chrétien vit d’abord pour les autres et non pour lui seul.
Il dénonce deux tendances qui poussent l’Eglise à se privatiser : l’Eglise conçue comme un petit
troupeau : cette tendance détermine l’identité ecclésiale de façon exclusive. D’où perte de vue de la
dimension universelle et la portée universelle de la Foi Chrétienne. Dieu n’est pas le bien exclusif de
l’Eglise. Dieu n’est jamais le Dieu de quelques-uns. IL est également le Dieu des autres.
Selon lui, il faut penser une Eglise mondiale culturellement polycentrique.
8° LE DANGER DE CLOTURE SUR SOI DANS L’EGLISE
Si l’Eglise doit faire un travail sur elle-même pour être fidèle à l’ Evangile, son rôle ne put pas se
limiter à cultiver ses valeurs sans servir l’ humanité.
Le Dieu de la Bible est le Dieu de l’Univers, il n’est pas réservé à une seule religion.
L’homme d’aujourd’hui n’est pas très enclin à admettre qu’il n’est pas maître de ses références
éthiques qui l’ont façonné. Nous assistons à une montée de l ’ « émotovisme » où la seule autorité
qui vaille est celle de la préférence subjective.
L’autorité et la communauté sont deux réalités entremêlées. Elle est le chemin par lequel, la
communauté trouve la vérité.
L’autorité vient de Dieu et l’ Esprit Saint inspire la communauté- L’autorité de l’ Ecriture n’est pas
première, c’est son interprétation qui fait autorité.
Si l’Eglise doit faire un travail sur elle-même pour être fidèle à l’ Evangile son rôle ne peut
certainement pas se limites à cultiver ses valeurs sans servir l’humanité. La communauté ecclésiale
devant un monde en changement (diversité de culture), communauté ecclésiale est tentée de se
replier sur elle-même au lieu d’entreprendre un dialogue critique et d’interpréter ses traditions de
façon créative. Il avance le principe pour l’Eglise de « détermination par l’autre ».Quand il utilise le
mot de « secte », il faut entendre une incapacité – ou une absence de volonté, à prendre en compte
de nouvelles expériences et à les assimiler de façon critique pour la compréhension de la Foi, et de la
théologie de l’Eglise. Elle est donc à se structurer par une capacité à se dépasser elle-même. Elle est
envoyée pour servir l’espérance pour tous. Le Dieu vrai et unique est celui qui est là pour tous.
UNE DEFENSE DE L’AUTORITE DE DIEU
Le Dieu dont parle la Bible est le Dieu de l’Univers ; il n’est pas réservé à une seule religion. Il est le
Dieu créateur et sauveur de l’humanité. A partir de là , l’auteur parle d’une connaissance de Dieu.
La connaissance naturelle de Dieu. Il fait appel au Concile Vatican I. Chaque être humain peut
découvrir la présence de Dieu sans passer nécessairement
par une Religion.
Le Dieu révélé ne peut en aucun cas être opposé au Dieu créateur. La création fonde la thèse de la
connaissance universelle d’un Dieu Universel. Il est possible de communiquer avec toute personne
au sujet de Dieu dans la mesure où le Dieu Chrétien est celui de tous les hommes. Le Dieu des autres
a quelque chose à dire aux Chrétiens.
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Considérer que la foi donne accès à un Dieu inaccessible aux autres revient à tomber dans une
idolâtrie qui défigure le Dieu de la Bible. Le Dieu de la Bible est seulement « mon Dieu » s’il peut
devenir « ton Dieu » et il est « notre Dieu » s’il peut être aussi le Dieu de tous les autres hommes.
AUTORITE- AUTONOMIE
L’autorité est ce qui permet à l’autre de devenir auteur sinon elle devient pouvoir. La véritable
autorité ne doit pas se soustraire à la raison critique, sinon elle devient autoritarisme. La légitimité
d’une autorité vient du fait qu’elle admet la place de la rationalité dans son exercice. Elle n’est pas
contre la raison.
L’homme d’aujourd’hui n’est pas très enclin à admettre qu’il n’est pas maître des références
éthiques qui l’ont façonné. Il est difficile que le pluralisme des visions du monde oblige le
contemporain à se faire son propre jugement à partir de ce que lui-même perçoit. Chacun est
renvoyé à sa propre subjectivité. Nous assistons à une montée de l’émotivisme où la seule autorité
qui vaille est celle de la préférence subjective.
SUJET ET COMMUNAUTE
Dans une culture qui accentue le « fais comme tu le sens » l’autorité peut être perçue comme une
menace pour la liberté de l’individu. L’autorité et la communauté sont deux réalités entremêlées.
Elle est le chemin par lequel la communauté trouve la vérité. Il écrit « j’ai suggéré que l’autorité
requiert la communauté, mais c’est également vrai doit avoir l’autorité. Parce que cette autorité est
une réflexion limitée par les traditions de la communauté à travers laquelle un but commun est
recherché. La liberté elle-même est au service de la communauté dans laquelle chaque membre tend
à un accomplissement en fonction de la tradition. On trouve l’idée d’un bien commun appartenant à
la communauté qui doit être visé par les membres de cette communauté. Pour la poursuite de bien
bénéficie d’une acquisition de vertus et de guidance de l’autorité qui est au service de la tradition.
Cependant l’appartenance à une communauté ne peut entraîner un sentiment de dégagement par
rapport aux principes de l’Etat de droit. Au nom de l’autorité communautaire, Hauerwas néglige
cette responsabilité plus large dans la société politique.
L’AUTRORITE DE LA COMMUNAUTE
Dans cet esprit, l’auteur met l’accent sur l’autorité dans le discernement de la pratique chrétienne
des sujets afin de devenir témoin du Royaume. On ne trouve pas dans cette théologie, un magistère
institué. L’autorité vient de Dieu et l’Esprit St inspire la communauté. L’autorité de l’Ecriture n’est pas
première car c’est son interprétation qui fait autorité. La légitimité de l’autorité vient du fait qu’elle
correspond à la demande des personnes qui cherchent à progresser dans le Royaume.
La communauté dispose de moyens de médiations pour exercer son autorité : la Bible et la Tradition.
Il ne peut y avoir de fixisme car cette tradition continue à vivre dans l’espace ecclésial.
L’AUTORITE FONDEE SUR LA SUIVANCE
Pour lui, l’autorité a perdu sa crédibilité du fait de son identification à la subordination et non sur la
compétence : elle donnerait à l’autorité religieuse une force qui représente l’autorité de la justice et
de la liberté pour tous. Il distingue trois types de compétences pour penser le rapport de l’Eglise à la
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société : scientifique, juridique, religieuse. « J’entends par là le visage d’une autorité charismatique
une autorité qui est dans tout son être et son comportement, autorité portant témoignage. Par
rapport à Dieu Insistance sur l’autorité des laïcs. L’enseignement doit être aussi mené par des laïcs.
AUTORITE DU CÖTE D’AUTRUI
L’idée récurrente de Metz est que la théologie doit se développer à partir d’ « une culture de la
reconnaissance de l’autre dans l’altérité. » « Le Christ est là pour les autres », comme le Christ
l’Eglise existe pour les autres et non pour elle-même.
L’autorité de ceux qui souffrent
Il développe l’idée que l’Eglise n’est pas au- dessus de cette autorité dans la mesure où elle lui est
soumise. La mémoire de Dieu ne peut jamais être séparée de la mémoire de la souffrance. La
capacité à entendre celui qui souffre est portée par l’amour de Dieu ainsi compris. Le discours sur
l’eschaton consiste à dire que tous les hommes du passé, du présent et du futur sont appelés à vivre
devant la face de Dieu, ce qui implique une responsabilité pour faire advenir la justice au sein du
monde. Le théologie est donc aussi une éthique, même si c’est comme corollaire de l’ eschatologie. Il
est de la responsabilité de la communauté des chrétiens de faire entendre cette autorité des autres
qui souffrent dans la société.
APOCALYPTIQUE DISCOURS D’AUTORITE
L’Apocalyptique n’est pas directement chrétienne dans la mesure où elle est un genre littéraire
propre au Judaïsme Elle est une façon spécifique de parler de l’action de Dieu et du rôle de la
communauté au sein de l’histoire. De plus, elle offre une stratégie rhétorique visant à affermir les
capacités de résistance face au danger. C’est le genre propre à la période de crise, d’oppressions, de
violence dont les chrétiens sont victimes.
USAGE DE L’APOCALYPTIQUE CHEZ METZ
Il a pris un tournant plus sceptique en accentuant le rôle de la souffrance et de la suite du Christ. Il
dénonce les dérives de la société occidentale, guidée par une anthropologie de la domination et un
eurocentrisme aveugle à la diversité culturelle. Il voit l’apocalyptique comme le correctif nécessaire
pour retrouver la signature chrétienne du temps. La modernité est captive d’une vision de l’histoire
placée sous le signe du progrès. Cette rationalité s’est propagée dans la société. D’où la nécessité
d’une rupture. Il dénonce le règne de l’apathie et de la banalité qui trahit un fatalisme plus ou moins
conscient. Et il faut rendre audible la souffrance des victimes.
Mais pour lui il s’agit de déployer une spiritualité de la vigilance et d’empathie pour les victimes. La
responsabilité des chrétiens est en jeux. Ils doivent suivre une démarche radicale et mettre Dieu au
centre de la démarche. Et aussi une éruption du Messie qui peut arriver à tout moment. Il ne cesse
de répéter que Dieu n’est pas un mythe pour oublier les souffrances. L’Europe a perdu ce qui fait la
spécificité du christianisme à savoir le lien entre l’autonomie et la capacité d’entendre l’autorité de
Dieu concernant les souffrants. Le Royaume de Dieu comprend la justice pour tous.