18 octobre 2016 TD agrégation histoire moderne : Emilie du
Transcription
18 octobre 2016 TD agrégation histoire moderne : Emilie du
18 octobre 2016 TD agrégation histoire moderne : Emilie du Châtelet Compléments biographiques : En 1739, E. du Châtelet prend Koenig, élève du leibnizien Wolff, comme maître de géométrie et l’héberge chez elle. A son contact, elle se « convertit » à la métaphysique de Leibniz. Elle correspond avec de nombreux savants comme Wolff, Euler, Bernoulli, qu’elle reçoit à Cirey, le père Jacquier, célèbre mathématicien propagateur des idées de Newton. De bonne élève elle devient une experte en « neuwtonianisme ». En 1741, elle publie les Institutions de Physique, ouvrage destiné officiellement à l’éducation de son fils, auquel elle-même d’ailleurs ne donne pas de leçons. L’ouvrage, qui se veut pédagogique, exprime très clairement les théories de Leibniz. Koenig, avec qui elle s’est brouillée, laisse entendre qu’il en est l’auteur. Le livre, qui comporte un important AvantPropos, reçoit un accueil positif des savants dont Maupertuis. Elle travaille ensuite à partir de 1744 à la traduction en français et au commentaire des Principia de Newton, rédigés en latin. Pour cette tâche très difficile, elle s’est beaucoup rapprochée du mathématicien Clairaut, qui l’aide pour la partie mathématique. Elle meurt en 1749 en couches sans avoir eu le temps de terminer son ouvrage, qui paraît plus tard avec une préface de Voltaire. Ses activités scientifiques et ses publications lui valent d’être élue membre de l’Institut de Bologne en 1746. Parallèlement elle a rédigé aussi un Discours sur le bonheur, sans doute vers 1747, publié plus tard, qui n’est pas une œuvre scientifique, mais représente bien la philosophie des Lumières. Bibliographie : Elisabeth Badinter, Mme du Châtelet, Mme d’Epinay ou l’ambition féminine au XVIIIe siècle, Paris, Flammarion, 2006 (1ère édition 1983) René Vaillot, Voltaire en son temps. 2- Avec Mme du Châtelet, Oxford, Voltaire Foundation, 1988 Roland Bonnel, « La correspondance scientifique de la marquise du Châtelet : la « lettrelaboratoire », in Femmes en toutes lettres. Les épistolières du XVIIIe siècle, dir. M.-F. Silver et M.-L. Girou Swiderski, Studies on Voltaire and eighteenth century, 2000/4, p. 79-95. Judith Zinsser, Dame d’Esprit : a Biography of the Marquise du Châtelet, New York, Wiking, 2006 Ruth Hagengruber (ed.), Emilie du Châtelet between Leibniz and Newton, Dordrecht, Heidelberg, Londres…, Springer, 2012 Keiko Kawashima, Emilie du Châtelet et Marie-Anne Lavoisier : science et genre au XVIIIe siècle, Paris, Honoré Champion, 2013 Deux numéros des Studies on Voltaire and eighteenth century concernent directement les sujets abordés lors du TD : Cirey dans la vie intellectuelle. La réception de Newton en France, dir. François de Gandt, Studies on Voltaire and eighteenth century, 2001 Emilie du Châtelet : rewriting Enlightenment philosophy and science, ed. par Judith P. Zinsser et Julie Candler Hayes, Studies on Voltaire and eighteenth century, 2006. Un article court de Mireille Touzery, « Emilie du Châtelet, un passeur scientifique au XVIIIe siècle », La revue pour l’histoire du CNRS, 21/2008, permet d’avoir un aperçu rapide de son rôle dans le monde scientifique. En accès libre sur internet : https://histoire-cnrs.revues.org/7752#quotation Emilie du Châtelet est un personnage connu, comme compagne de Voltaire, depuis le XVIIIe siècle. Son rôle dans la vie intellectuelle et scientifique a fait l’objet de réévaluation, à partir des années 1960, grâce notamment à la publication exhaustive de sa correspondance par T. Besterman. Cet intérêt s’est accru au cours des dix dernières années comme le montrent les publications récentes et savantes la concernant. Son originalité dans le domaine purement scientifique, notamment en mathématiques, fait l’objet de discussions entre spécialistes. Elle est désormais très présente dans les manuels du secondaire (notamment en tant que sujet de dossier), car elle peut être prise comme exemple à la fois en tant que femme de sciences et femme des Lumières. Cette omniprésence ne va pas sans soulever de difficultés, car elle peut conduire à une surestimation de son rôle dans l’histoire des sciences en faisant d’elle une sorte de Newton au féminin.