Mini job en Allemagne

Transcription

Mini job en Allemagne
Mini job en Allemagne
La Commission de Bruxelles examine une plainte des ministres belges de l'Economie
et du Travail. Ils dénoncent le "dumping social" pratiqué non par la Chine régulièrement montrée du doigt par les Européens - mais... par l'Allemagne.
A l'origine, de cette plainte, les difficultés des abattoirs belges. Ils paient à leurs ouvriers un salaire horaire
de 12 à 13€, le minimum légal, auquel s'ajoutent les charges sociales.
De l'autre côté de la frontière, où le salaire minimum n'existe pas , les abattoirs allemands usent et abusent du
statut des "mini-jobs", instaurés par la réforme Hartz IV du chancelier Schröder en 2003.
Les "bénéficiaires" de ces mini-jobs (ils sont environ 7,5 millions) touchent au maximum 400 € nets mensuels, des salaires qui, ramenés à l'heure, peuvent tomber à 3 €, 4 € ou 5 €.
Dans les abattoirs allemands, beaucoup des ouvriers payés au lance-pierre viennent de Pologne ou de Roumanie. « La Belgique veut que la Commission mette un terme à cette compétition déloyale entre pays", a
déclaré la porte-parole du gouvernement belge, Els Bruggeman, alors que plusieurs abattoirs menacent de
mettre la clé sous la porte ou de délocaliser... en Allemagne.
Il est de bon ton de saluer le miracle économique allemand et de focaliser sur la réussite de Volkswagen ou
Audi. Ne mésestimons pas ses facettes moins reluisantes et moins évoquées : l'Allemagne de Schröder et
Merkel est, peut être autant que la Grande-Bretagne de Thatcher et de Cameron, le pays où l'on détricote le
modèle social européen.
L’Allemagne serait elle la Chine de l’Europe ?
Mini job : explications :
En 2002 le gouvernement Schröder met en place la réforme Hartz pour soutenir l’économie allemande.
Cette réforme se déclinera en 4 paquets de plus en plus lourds à porter pour les travailleurs, déclinés jusqu’en
2005. Si Hartz 1 ne parlait que d’assouplir les procédures d’embauche, les choses sérieuses démarrent avec
Hartz 2 :
Les chômeurs sont poussés à accepter des emplois très faiblement rémunérés, les mini jobs, à temps partiel,
précaires et payés 400 euros.
Les chômeurs de longue duré sont obligés de travailler quelques heures payées 1 euro de l’heure pour garder
un pied dans le monde du travail, ce sont les 1€ job . Ces contrats ne peuvent pas être utilisés par les entreprises privées mais pas les collectivités, si.
Ces deux types de contrat concernent actuellement 20% des employés allemands.
Plus tard, la loi Hartz 3 « assouplira » les règles de licenciement et la Hartz 4 réduira la durée de versement des indemnités versées aux chômeurs de longue durée (de 32 à 12 mois).
Alors certes, l’Allemagne a un taux de chômage plus faible que la France ... mais
un taux de pauvreté plus fort et des conditions de travail pires pour ses salariés !
De nombreux organismes allemands jugent ces réformes responsables de l’appauvrissement général de la
population active et de la généralisation du temps partiel qui maquille les chiffres du chômage.
C’est pourtant cette philosophie que le gouvernement actuel a choisi de suivre
en voulant imposer l’ANI (accord national interprofessionnel) aux Français.
Transposer en loi (modèle français) un accord entre « partenaires sociaux » (modèle allemand) , un accord
dit « de sécurisation de l’emploi » qui est avant tout une attaque contre le droit du travail et qui vise à mettre entièrement les salariés à la botte des patrons : temps partiel, salaires de misère, licenciements facilités…
Ne nous laissons pas prendre au piège du « dialogue social »
entre « partenaires sociaux »
« Rien ne fait plus de mal aux travailleurs que la collaboration de classes.
Elle les désarme dans la défense de leurs intérêts et provoque la division.
La lutte des classes n’est pas une invention, c’est un fait.
Il ne suffit pas de la nier pour qu’elle cesse : renoncer à la mener équivaut
pour la classe ouvrière à se livrer pieds et poings liés à l’exploitation et à
l’écrasement. »
Henri Krazucki, quelques mois avant mai 1968.
(Il était membre du bureau confédéral CGT et directeur du journal Vie Ouvrière à cette
époque avant d’être à la tête de la CGT de 1982 à 1992).