Parma (IT) - Energy Cities
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Parma (IT) - Energy Cities
ADEME/Energie-Cités Politiques d'apaisement du trafic Apaisement du trafic 2002-2003 Parma (IT) Les « zones 30 » font assurément partie des outils privilégiés d’une politique visant - au travers de la modération de la vitesse en ville - à redéfinir les priorités en termes de déplacements. Elles permettent en effet de concilier sécurité, circulation et vie locale dans tous les quartiers où l’habitat, les activités, la vie sociale dominent. Elles accroissent la sécurité des différents usagers. Mais ce n’est pas tout. Elles améliorent également la qualité de vie, souhaitée par une part grandissante de nos concitoyens, par un meilleur partage de la voirie entre ces mêmes usagers et redistribuent les cartes quant à l'utilisation du réseau viaire et aux priorités modales. Elles participent d'une maîtrise des consommations énergétiques et des émissions polluantes et de gaz à effet de serre au niveau urbain. Mais elles contrarient aussi les habitudes… A Parma, une véritable politique de développement des « zones 30 » a vu le jour. Qu’en est-il exactement ? Quels enseignements peut-on tirer et quelles perspectives peut-on dégager à la lumière de cette expérience ? ASPECTS GENERAUX La ville de Parma, 170 000 habitants, est une ville prospère de la région de l'Emilie Romagne (dont la capitale est Bologne). Colonie romaine créée en 183 av. J.-C. le long de la Via Emilia, Parma devient une ville importante au Moyen-Age grâce à ses tissages de laine et à son université. L'histoire de la ville s'identifie à de grands artistes : Corrège, Parmigianino, Verdi, Toscanini, etc. et même Stendhal qui s'inspira de la ville pour rédiger La Chartreuse de Parme. Reléguée au rang de ville provinciale au XIXème siècle, Parma réussit néanmoins à affirmer une identité forte autour de l’industrie agroalimentaire, à l'image de ses deux fleurons internationaux Barilla et Parmalat. Parma est d'ailleurs bien placée pour accueillir la future Autorité européenne de sécurité des aliments provisoirement installée à Bruxelles depuis la tenue du Conseil européen de Laeken. CONTEXTE La population de Parma subit, comme beaucoup d'autres villes en Europe, un vieillissement important. Les derniers chiffres de 1999 ont confirmé cette tendance : 23% de la population a plus de 65 ans alors que les 15-30 ans ne représentent que 16% des habitants. Cependant, ces chiffres ne reflètent pas la vitalité de la ville : entre 1999 et 2002, le taux de chômage est passé de 5,1% à 2,7%. La politique municipale accompagne cette vitalité, notamment dans le domaine des transports. Concernant le taux de motorisation privée, le chiffre de 61 voitures pour 100 habitants positionne Parma dans la moyenne des villes italiennes. A l'heure de pointe du matin (7h30-8h30), la répartition modale est la suivante : Voiture 58% 2 roues motorisés 7% Transports publics 13% Vélo 13% Marche 9% Dans le domaine de la livraison des marchandises, deux facteurs ont souligné la nécessité de rationaliser la politique des déplacements : la livraison quotidienne, d'une part, qui implique des arrêts fréquents des véhicules commerciaux tout au long de la journée ; et l'accroissement constant du nombre de ces véhicules au cours des années, d'autre part. Afin de gérer les contraintes générées par ces activités, la Région d'Emilie Romagne a pris part au développement d'actions pilotes dans le domaine de la livraison de 1 ADEME/Energie-Cités Politiques d'apaisement du trafic 2002-2003 marchandises. Co-financées par le projet CITY PORTS du programme communautaire INTERREG III B pour la région « CADSES » (Central, Adriatic, Danubian, and South-Eastern European Space), les objectifs de ces actions et de cette coopération régionale du sud de l'Europe sont : la réduction de l'impact environnemental du trafic urbain de marchandises, la baisse de la pollution atmosphérique et l'économie d'énergie, la limitation de la circulation aux heures de pointe, la réglementation des déplacements urbains privés. S'inscrivant dans cette initiative, la municipalité de Parma a mis en place le projet « Transit Point Marchandises » et a mené trois actions : compilation de l'ensemble des arrêtés réglementant les horaires de livraison de marchandises dans les villes italiennes, étude sur les logistiques de livraison de marchandises et distribution de questionnaires aux entreprises de livraison, définition d'une politique de soutien aux entreprises désirant renforcer leur parc de véhicules peu polluants (aide à l'acquisition d'outils informatiques permettant la gestion du parc). Le but - à terme est de : créer des centres de stockage des marchandises extra-muros, assurer la gestion intégrée de ces centres, effectuer les livraisons au centre ville uniquement par des véhicules peu polluants et totalement chargés. Pour le transport public, parallèlement à la réorganisation interne menée en 2001, de nouveaux services ont été mis en place comme le « Bus hôpital », le « Campus express », ou le « Pronto Bus » (qui dessert, sur simple appel téléphonique, les lieux situés en dehors des lignes). En outre, les lignes traditionnelles ont été étendues vers des zones jusqu'ici non desservies et la flotte de véhicules a été renforcée avec l'acquisition, entre 2001 et 2002, de 85 nouveaux bus équipés de motorisations plus écologiques (hybride, électrique, gaz, diesel « Euro3 »). En 2003, ce sont 10 autres bus pour le centre ville et 45 bus scolaires fonctionnant au gaz qui ont été achetés, ainsi que 14 bus diesel « Euro3 ». Les résultats obtenus sur la période 2001-2002 sont encourageants : un million et demi de passagers supplémentaires (après plusieurs années de baisse), augmentation du nombre d'abonnements (+50% pour les abonnements annuels), accroissement des recettes : +6 millions d'euros, investissement dans les nouveaux transports écologiques : 14,5 millions d'euros, réduction du coût du transport au kilomètre de 3,3 à 2,4 euros. EXPERIENCE DE PARMA Politique générale de modération du trafic et planification Le secteur des transports est le plus important consommateur d'énergie de la ville (37%), suivi par celui de l'industrie et du logement. La gestion des problématiques liées au thème de la mobilité a été abordée sous trois angles complémentaires : l'amélioration des infrastructures, le développement des transports publics et l'utilisation des nouvelles technologies. Sous ces trois angles d'approche, la municipalité a cherché à : développer un réseau de voies répondant à la demande de mobilité, adopter un plan intégré de gestion de la mobilité. L'un des travaux les plus importants menés jusqu'ici a été l'amélioration du boulevard périphérique qui a permis d'insérer une partie du flux de circulation routier sur un tracé plus sécurisé et plus fluide. Cinq grands parkings de report modal ont en outre été construits aux abords du centre historique. La planification et le suivi de la gestion des déplacements a été 2 ADEME/Energie-Cités Politiques d'apaisement du trafic 2002-2003 confiée à l'entreprise Infomobility, qui rassemble la municipalité de Parma, la compagnie de transports publics TEP, et la société informatique It.city. Infomobility propose en outre ses services aux entreprises qui souhaitent aborder la gestion des transports liés à leurs activités. Les différentes zones à trafic limité du « Plan de stationnement » Au centre ville, Infomobility a mis en place le « Plan de stationnement » à travers lequel différentes zones d'apaisement du trafic ont été mises en place jusqu'à la première périphérie du centre ville. Elles constituent la « zone environnementale », qui regroupe deux espaces spécifiques : la « zone de trafic piétonnier privilégié », les « zones à trafic limité », qui correspondent à nos zones 30 françaises mais imposent des restrictions bien plus lourdes en termes d’accessibilité et de stationnement. Entre 7h30 et 20h30, le transit et le stationnement ne sont consentis qu'aux résidents et aux utilisateurs munis d'une autorisation. Vélos, piétons et véhicules électriques sont en revanche les bienvenus ainsi que les véhicules de services de nécessité (secours, police, taxis, etc.). La compagnie de transports publics ne dessert cette zone qu'au moyen de véhicules hybrides ou électriques. Aménagement et mesures Concernant la livraison des marchandises et les transports liés aux activités artisanales du centre, le transit et l'arrêt sont autorisés pour une durée d'une heure maximum, entre 7h30 et 10h30 et entre 14h30 et 16h30, après délivrance d'une autorisation spécifique. Les professionnels n'intervenant que de façon ponctuelle dans la zone doivent demander un titre d'accès spécifique d'une valeur de 7,75 euros leur permettant de stationner pour une durée maximale de cinq heures. Les résidents possédant un emplacement pour leur véhicule peuvent, quant à eux, accéder librement au centre ville pour se rendre chez eux. Pour les personnes habitant en dehors du centre ville mais y travaillant, la municipalité a mis en place un dispositif complémentaire. Il s'agit d'un ensemble de parkings gratuits situés à la périphérie lointaine du centre. Pour un prix de 0,75 euro il est possible d'utiliser pendant toute la journée les navettes partant des parkings (toutes les 10 minutes entre 7h00 et 10h00, 12h00 et 13h30, 17h30 et 19h30), ainsi que l'ensemble du réseau de transport public. Aspects économiques Au regard de l'ensemble des projets menés par la municipalité, dans lesquels s'inscrit la zone à trafic limité, les sommes investies par l'administration sont considérables. Pour les différents travaux et acquisitions de matériel (boulevard périphérique, parkings extérieurs, flotte de bus, etc.) des cofinancements ont à chaque fois été sollicités des autorités agissant aux échelons territoriaux supérieurs : Région, Ministère, Union européenne. Au total, ce sont plusieurs millions d'euros qui ont été investis dans les activités de gestion de la mobilité (3 millions d'euros), l'adoption d'un agenda 21 local (258 228 euros), l'amélioration des transports publics (plusieurs millions). Communication et sensibilisation Un autre investissement conséquent a été réalisé dans les campagnes de communication envers le public. En partenariat avec le Ministère des transports, un site Internet avec une base de donnée en temps réel sur le trafic, les bus, etc. a été mis en place, et une campagne spécifique a été lancée. Ces différents instruments permettent de créer et maintenir vivant le lien avec les utilisateurs des infrastructures et d'accompagner les changements d'habitudes liés aux nouvelles formes de mobilité. Une lettre d'information qui expose les projets mis en oeuvre par la ville et leur état d'avancement est également éditée tous les deux mois. Un numéro de la lettre d'information 3 ADEME/Energie-Cités Politiques d'apaisement du trafic 2002-2003 L'exemple du site Internet d'Infomobility Sur le site mis en place par la société Infomobility (www.infomobility-parma.it), différentes rubriques sont accessibles aux habitants : « Qui sommes-nous? » présente les missions du groupe, sa composition et les domaines d'activités auxquels il prend part, « Mobilité durable » présente l'initiative de covoiturage mise en place par la municipalité, les mesures incitatives de l'Etat pour l'acquisition privée de vélos électriques, etc., « Mobility management » permet de connaître les Plans de Déplacements d’Entreprises (PDE) existants et les technologies de télésurveillance du trafic récemment mises en place par la municipalité, « Enquêtes » présente les études réalisées par Infomobility sur la mobilité, « Newsletter » permet de télécharger la lettre d'information, « Info trafic » offre la possibilité aux citadins de connaître à l'avance les modifications de circulation et d'organiser au mieux leurs déplacements. EVALUATION La commune de Parma a, à travers la mise en place d'un Agenda 21 local, réalisé un rapport sur l'état de l'environnement. Les différents indicateurs pris en compte laissent apparaître une situation plutôt satisfaisante : plomb, monoxyde de carbone et anhydride sulfurique : tendance consolidée à la baisse avec des valeurs systématiquement inférieures à celles prescrites par la loi italienne, benzène : concentration stable et inférieure à la valeur limite définie par l'Union européenne, dioxyde de carbone : indice annuel variable, avec une légère tendance à la hausse, poussières : PM10 et PM2,5 présentent des valeurs supérieures à la limite européenne (comme de nombreuses villes de l'Italie du nord). Le nombre d'accidents routiers est aussi en régression, ainsi que leur gravité. PERSPECTIVES La municipalité cherche à prolonger et amplifier les actions qu'elle mène actuellement. Les projets définis concernent : le covoiturage, le projet « Transit point marchandises », le renouvellement du parc automobile municipal par des véhicules moins polluants, le soutien aux PDE, le développement du vélo. POUR ALLER PLUS LOIN Infomobility S.p.a. Lucia Gola et Eleonora Ferrari - Responsables du Secteur Recherche et Développement Viale Mentana n. 27 IT-43100 Parma Tel : +39 052 170 63 24 Fax : +39 052 117 06 331 E-mail : [email protected] Site Internet : www.infomobility-parma.it Cette fiche de cas a été réalisée par Energie-Cités grâce à la collaboration des responsables de la Ville de Parma et au soutien technique et financier de l'Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie (ADEME) – Délégation Régionale Nord-Pas-de-Calais 4