Sculpture / xxe siècle / 11 octobre 2013 au 5 janvier 2014

Transcription

Sculpture / xxe siècle / 11 octobre 2013 au 5 janvier 2014
frac franche-comté/
musée des beaux-arts de lons-le-saunier
sculpture / xxe siècle / 11 octobre 2013 au 5 janvier 2014
Communiqué de presse
Sculpture / XXe siècle
Pour l’ouverture de son nouveau bâtiment au sein de la Cité des arts de Besançon
et pour célébrer également son 30ème anniversaire, le Frac déploie ses collections
en région. Après Belfort, Montbéliard, Dole, c’est au tour du Musée des Beaux-Arts
de Lons-le-Saunier. Celui-ci présente les oeuvres en volume de 5 artistes d’origines
diverses qui ont été acquises par le Frac entre 1988 et 2000. Des sculptures hybrides,
ne relevant plus des catégories traditionnelles, héritières d’une émancipation dont les
pionniers furent sans conteste Duchamp, l’inventeur du « ready-made » (appropriation d’objets du quotidien), et Brancusi qui affirmait « le socle doit faire partie de la
sculpture sinon, je m’en passe ». Elles sont représentatives de l’extraordinaire transformation qui s’est opérée dans le champ de la sculpture depuis le début du XXe siècle
et de l’infinie diversité des démarches actuelles.
Sculpture / XXe siècle
Stephan Balkenhol, Marie Bourget, Helen Frik, Didier
Marcel, Markus Raetz
11 octobre 2013 au 5 janvier 2014
vernissage vendredi 18 octobre, 18h30
Musée des Beaux-Arts de Lons-le-Saunier
Place Philibert de Chalon
39000 Lons-le-Saunier
+33 (0)3 84 47 64 30
du mardi au vendredi de 14h à 17h
samedi, dimanche et jours fériés de 14h à 18h
Helen Frik, Soft Option, 1998, Collection Frac Franche-Comté
©
droits réservés
crédit photo : Pierre Guénat
Contact presse
Domna Kossyfidou
Chargée de communication et des relations presse
Frac Franche-Comté
+33(0)3 81 87 87 50
[email protected]
www.frac-franche-comte.fr
frac franche-comté/
musée des beaux-arts de lons-le-saunier
sculpture / xxe siècle / 11 octobre 2013 au 5 janvier 2014
Artistes présentés
Stephan Balkenhol
Né en 1957 à Fritzlar (Allemagne), vit et travaille à Meisenthal (France).
Petit nu, 1993
Bois de wawa peint
Collection Frac Franche-Comté
Stephan Balkenhol, Petit nu, 1993,
Collection Frac Franche-Comté
©
Adagp, Paris
Stephan Balkenhol réalise des objets sériels, entretenant un rapport fort avec la matière,
tout en interrogeant l’histoire de la sculpture. Sa sculpture joue également sur le décalage des échelles : les « gros plans » avec la Grande tête, sculpture monumentale placée
à Londres au bord de la Tamise, les personnages traités en pieds et présentés en groupe
ou isolés. Ainsi, pour Balkenhol, les différences d’échelle sont le propre de l’artefact
de la sculpture. Son rapport à l’histoire s’explique par diverses références qui transparaissent dans son travail : la taille directe et les couleurs vives font penser à l’expressionnisme, alors que la représentation du serpent enroulé autour d’un tronc ou des personnages portant leur tête semblent rappeler la statuaire médiévale. Pourtant, Balkenhol ne
revendique aucun message religieux, idéologique ou social, bien que ses sujets soient
profondément ancrés dans une mémoire ou tradition visuelle de la sculpture dans l’histoire de l’art. Il privilégie simplement une conception figurative pour ses sculptures. La
série des hommes et femmes de Balkenhol n’ont pas d’expression particulière, ils sont
très simplement vêtus, sans connotation sociale. L’attitude est toujours hiératique, avec
parfois l’ébauche d’un geste. Il s’agit de figures ordinaires.
Petit nu participe de cette même démarche : la figure semble être une excroissance
qui surgit du sommet du bloc/socle. L’absence de gestuelle et d’expressivité n’est pas
synonyme d’incommunicabilité, car pour l’artiste la personnalité ressort d’autant mieux
que le visage demeure figé, impassible (il s’est également intéressé à la sculpture égyptienne).
Le bois est le matériau de prédilection de l’artiste car il est plus neutre que le bronze ou
le marbre (c’est-à-dire qu’il fait moins référence à la période classique de la sculpture).
Ses objets sculptés présentent toujours un aspect brut, témoignant de la volonté de laisser visibles les traces du travail sur la matière (traces de gouges par exemple). La jeune
femme est sculptée directement dans la masse du bois et présente quelques traces de
polychromie rappelant autant la statuaire médiévale que la sculpture expressionniste.
Petit Nu présente également un rapport d’échelle intéressant. Le socle est immense par
rapport à la taille du personnage, et peut faire penser à un bloc « minimaliste ». Ainsi
juchée sur son immense socle vertical la figure féminine devient un petit « objet » précieux.
Anne Dary
www.frac-franche-comte.fr
frac franche-comté/
musée des beaux-arts de lons-le-saunier
sculpture / xxe siècle / 11 octobre 2013 au 5 janvier 2014
Artistes présentés
Marie Bourget
Née en 1942 à Bourgoin-Jallieu (France), vit et travaille à Paris.
La bulle, 1993
Métal peint
Collection Frac Franche-Comté
Marie Bourget, La bulle, 1993,
Collection Frac Franche-Comté
©
Adagp, Paris
« Abstraction et représentation. L’art de Marie Bourget est toujours à mi-chemin entre
ces deux pôles. Ses « objets » représentent toujours quelque chose (une vallée, un lac,
un balcon, etc…) mais simplifiés à l’extrême, ils deviennent des archétypes, des images
emblématiques. Cela ne représente pas telle vallée, tel lac, tel balcon, mais toutes les
vallées, tous les balcons. »
« Les œuvres que crée Marie Bourget sont, pourrait-on dire, des dessins « solides » ou
des sculptures « graphiques ». Les objets en trois dimensions s’appuient très souvent au
mur entretenant cette indécision sur leur nature même ; ils tiennent compte d’avantage
de la surface du mur, qui est l’espace de l’illusion, plutôt que du volume de la pièce, qui
est l’espace de la réalité, maintenant une distance entre le spectateur et l’œuvre.
L’œuvre de Marie Bourget est ambivalente car à la fois simple et complexe ; simple par
l’évidence plastique, complexe par toutes les articulations qui s’opèrent entre l’image et
le langage ; mais l’art n’est-il pas « chose mentale ». »
Anne Dary
www.frac-franche-comte.fr
frac franche-comté/
musée des beaux-arts de lons-le-saunier
sculpture / xxe siècle / 11 octobre 2013 au 5 janvier 2014
Artistes présentés
Helen Frik
Née en 1960 à Worcester (Royaume-Uni), vit et travaille à Amsterdam (Pays-Bas).
Sweden, 1998
Bronze, contreplaqué
Collection Frac Franche-Comté
Helen Frik, Eastern Europe, 1998,
Collection Frac Franche-Comté
©
droits réservés
crédit photo : Pierre Guénat
Eastern Europe, 1998
Bronze, medium peint
Collection Frac Franche-Comté
Soft option, 1998
Bronze, medium peint, laine
Collection Frac Franche-Comté
Helen Frik, Sweden, 1998,
Collection Frac Franche-Comté
©
droits réservés
crédit photo : Pierre Guénat
L’œuvre d’Helen Frik aborde depuis de nombreuses années la question de la condition
humaine. Les trois pièces de la collection du Frac Franche-Comté appartiennent à une
série intitulée The Hard Workers (Les Laborieux) inspirée à l’artiste par un épisode de
la vie quotidienne. Sur le chemin d’un restaurant qu’elle fréquentait régulièrement,
l’artiste remarque – derrière les vitres d’une maison – un homme perpétuellement au
travail, assis à son bureau devant un ordinateur constamment allumé. Elle imagine alors
un personnage large et informe rendu immobile par la charge de travail qui l’accable et –
à la manière d’un anthropologue – le met en situation dans différents pays occidentaux.
Dans Sweden, le travailleur – petite et trapue figurine de bronze – est assis à un bureau
de bois brut tout en courbe et contre-courbe évoquant les formes de prédilection du
design du nord de l’Europe (Alvar Aalto, Arne Jacobsen). La douceur des lignes trace
cependant un vrai labyrinthe emprisonnant le travailleur.
Dans Eastern Europe, le travailleur de l’Est, appuyé sur une immense table, est entouré
par d’étranges et inquiétantes formes réfléchissantes évoquant les sculptures de Jean
Arp. Le travailleur semble bien petit au bout de cette hostile table de négociation.
Dans Soft Option, le travailleur, débordé, voit sa table de travail envahie par une pelote
de laine démontée, métaphore de l’excès et de l’ingérence.
Jouant avec les matériaux classiques de la sculpture – le bronze, le bois brut – auxquels
elle associe des matériaux du quotidien comme la laine et le contreplaqué, Helen Frik
s’accapare et détourne codes et références artistiques au profit d’une description à la
fois cruelle et distanciée de l’homme au travail.
Virginie Lemarchand
www.frac-franche-comte.fr
frac franche-comté/
musée des beaux-arts de lons-le-saunier
sculpture / xxe siècle / 11 octobre 2013 au 5 janvier 2014
Artistes présentés
Didier Marcel
Né en 1961 à Besançon (France), vit et travaille à Dijon (France).
Sans titre, 1992
Plâtre et matériaux divers
Collection Frac Franche-Comté
Didier Marcel, Sans titre, 1992,
Collection Frac Franche-Comté
©
Didier Marcel
crédit photo : Pierre Guénat
Maquette d’un ancien garage, cette pièce de 1992 est en fait la première de la série des
« démolitions » réalisées par Didier Marcel. Les maquettes, en architecture, servent à
matérialiser un projet, un futur ; dans l’architecture d’avant-garde, ce terme de projet
prenait le double sens d’ébauche avant réalisation et de dessein social. Inversant le
principe normal d’une maquette, l’œuvre est la modélisation d’un bâtiment préexistant,
en cours de démolition. Figurant une ruine, la maquette ne peut évidemment pas être
comprise comme un projet ; sa temporalité n’est pas celle de la projection dans l’avenir,
mais du rappel, de la commémoration. Elle n’est pas une esquisse pour un bâtiment,
mais son monument. Le bâtiment choisi étant représentatif d’une architecture héritière
des préceptes du fonctionnalisme, la pièce se fait monument, en un deuxième sens, au
destin manqué de cette architecture fonctionnaliste – une forme de monument à une
architecture qui s’est révélée impuissante, une fois confrontée à sa réalisation effective,
à remodeler politiquement l’espace social.
Ce type d’architecture requiert ordinairement des matériaux et des techniques adaptés à une durée standard, aboutissant à des bâtiments « jetables ». En réemployant des
déchets extraits de la poubelle de son atelier pour figurer les gravats de la maquette,
Didier Marcel joue sur le caractère transitoire et recyclable de ce genre de constructions. Le principe de cette pièce peut rappeler Partially Buried Woodshed (1970), de
Robert Smithson, en tant que monument paradoxal (monument par avance). Si la pièce
de Smithson était une ruine artificielle (ou du moins une ruine en accéléré), tandis que
la maquette de Didier Marcel est une représentation d’une ruine « non-aidée », toutes
deux sont des « ruines inversées », une allégorie du travail du temps, une mise en scène
de la manière par laquelle l’architecture est sujette à la même entropie qui gouverne
toute matière.
Valérie Pugin
www.frac-franche-comte.fr
frac franche-comté/
musée des beaux-arts de lons-le-saunier
sculpture / xxe siècle / 11 octobre 2013 au 5 janvier 2014
Artistes présentés
Markus Raetz
Né en 1941 à Büren (Allemagne), vit et travaille à Bern (Allemagne).
Gross und klein, 1982-1983
Bronze noircie, tuyau en carton et contreplaqué
Collection Frac Franche-Comté
Markus Raetz, Gross und klein, 1982-1983,
Collection Frac Franche-Comté
©
Adagp, Paris
Observateur attentif des signaux visuels ambigus créés par l’interférence entre perception et compréhension de l’espace, Markus Raetz construit ainsi des espaces de distorsion du visuel, interfaces troublés et troublant où surface et volume sont en latence.
Ainsi de cette intervention dans la ville de Genève, où au sommet d’un poteau, le mot
OUI apparaît en lettres dorées sur le ciel, pour devenir NON si on l’observe depuis
un autre endroit. Facétie du langage mais aussi réflexion subtile sur la versatilité des
choses, sur l’entre-deux – ni blanc, ni noir – qui constitue le monde réel.
Les œuvres de Markus Raetz ne sont pas simplement accessibles au regard mais impliquent une participation physique du spectateur qui doit accepter de se plier aux
règles édictées par l’artiste. De même que dans l’art classique, l’espace pictural se
construit autour d’une ligne de fuite et qu’inconsciemment le spectateur va se placer
dans l’axe qui lui donnera la meilleure vue ; de même donc, Raetz a créé ses sculptures,
mais aussi ses dessins et objets pour être vus et compris depuis un point stratégique.
Constructions émergentes dans un espace entre deux, ces œuvres semblent hésiter
entre la surface et le volume, et ne livrent leur secret qu’un instant, au point où le dispositif visuel fait sens, où la distinction entre abstraction et tridimensionnel disparaît, où
les lois de la perspective s’inventent.
Gross und klein est une sculpture pensée pour que l’on tourne autour. Basée sur le principe de l’anamorphose magistralement illustré par les Ambassadeurs de Hans Holbein,
elle est tout d’abord simple nature morte en volume – une bouteille et un verre – qui se
transforme peu à peu au rythme de notre déambulation pour inverser le rapport de taille
de ces deux objets. Simple tour de prestidigitateur qui émerveille encore après que l’on
en ait compris le truc, cette œuvre est aussi une invitation à réfléchir sur les modes de
perception et de compréhension du monde.
Eleonore Jacquiau Chamska
www.frac-franche-comte.fr