Osias Beert, Nature morte au singe - Musée des Beaux
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Osias Beert, Nature morte au singe - Musée des Beaux
OSIAS BEERT (attribué à l'atelier d') Nature morte au singe début XVIIe L’ŒUVRE © RMN -Photographie : G. BLOT Une table servie Une composition ordonnée L'artiste joue avec les sens du spectateur en donnant l'illusion de mets réels. Une attention particulière est accordée à la forme très dessinée et au rendu des matières grâce à la finesse de la peinture à l'huile. Les grappes de raisin sont charnues, les cerises sont d'un rouge éclatant tandis que les poires semblent prêtes à être consommées. Toutes ces touches de couleurs contrastent avec l'arrière plan. Les tonalités, plus sombres, rendent difficile l'identification des fruits. Les plats en porcelaine de Chine au premier plan introduisent des couleurs claires renforçant ce contraste. L'artiste invite le spectateur à parcourir de manière circulaire le tableau en passant de plat en plat. Un travail d'études et de mémoire a du être nécessaire pour réaliser cette œuvre regroupant des fruits de différentes saisons. Un élément au premier plan vient semer le trouble dans cette composition ordonnée : le singe . Assis en train de manger une pomme, il laisse sur la table plusieurs morceaux de coques de noix, traces du début de son repas. Un tableau caractéristique de la richesse d'Anvers Ce tableau évoque la riche société bourgeoise et commerçante du port d'Anvers. Entre la fin du XVIe et le début du XVIIe siècle, le développement maritime des Flandres permet des contacts commerciaux avec les autres continents. Les liens avec l'Afrique et la Chine sont visibles dans cette peinture par la présence du singe et des plats en porcelaine. La richesse est accentuée avec la diversité des fruits représentés. Certaines variétés comme le raisin sont alors rares et chères en Flandre. Une lecture multiple La compréhension d'une nature morte passe par plusieurs niveaux de lecture symbolique, morale et religieuse. Cette saynète peut ainsi montrer les méfaits d'une mauvaise gestion domestique, basée sur le seul assouvissement des sens. Dans cette œuvre, le singe en croquant une pomme rappelle par ailleurs le péché originel. Il est une caricature de l'homme qui pense à ses plaisirs terrestres mais aussi une représentation du Diable et de la tentation. L'évocation du temps qui passe est également perceptible dans le tableau : les insectes menacent la nourriture, les fruits finissent par se gâter et les feuilles par se recroqueviller. La nature morte en Flandre. Du XVe jusqu'au début du XVIe siècle, la représentation d'objets dans les tableaux religieux permet de situer les figures saintes dans un environnement plus proche pour les fidèles. Le genre de la nature morte devient autonome au milieu du XVIe siècle. Les artistes se concentrent sur la représentation d'objets usuels, de nourriture et de boissons, d'animaux ou de fleurs de manière réaliste. Dès le début du XVIIe siècle, les natures mortes sont très prisées dans les provinces du Nord. Ce type de tableaux décore les maisons bourgeoises autant en Flandre qu'en Hollande. L'intérêt des élites pour la nature morte vient de la complexité des clefs de compréhension, seul une riche éducation permettant d'en décrypter les symboles. Histoire des collections Ce tableau fait partie de la collection créée par François Cacault (Nantes, 1742 – Clisson, 1805), ambassadeur de France à Rome et son frère le peintre Pierre Cacault. Cette collection achetée par la municipalité de Nantes en 1810 regroupe 1155 peintures, 64 sculptures et plus de 10 000 gravures. (attribué à l'atelier d') début XVIIe L'ARTISTE ENTOURAGE D'OSIAS BEERT (ANVERS, V. 1580 – ID., V. 1624) Une vie peu connue La vie d'Osias Beert est très peu connue, même ses dates de vie et de mort ne sont pas certaines. Il a sûrement passé toute sa vie à Anvers où il est devenu maître dans la guilde des peintres de Saint-Luc en 1602. Beert appartient à la première génération de peintres flamands du XVIIe siècle spécialisés dans la nature morte. Il adopte pour tous ses tableaux un point de vue plongeant sur la table et les éléments représentés. Son succès lui permet de recevoir des élèves dans son atelier à partir de 1605 et jusqu'à sa mort fin 1623 ou début 1624. Une attribution difficile Longtemps attribuée à Osias Beert, la comparaison de Nature morte au singe avec d'autres œuvres de l'artiste a mis en évidence qu'elle a été réalisée par son entourage. Osias Beert a formé plusieurs élèves dans son atelier, notamment son fils Osias dit le Jeune ou encore son neveu Frans Yken.