Place et rôle de la Chine dans les relations internationales

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Place et rôle de la Chine dans les relations internationales
 Place et rôle de la Chine dans les relations internationales depuis 1914
Recherche d'une problématique et dégagement des idées-forces du plan (utiliser les
données chronologiques mises en italique dans l'exercice 2 de la semaine 16 .
Analyse du sujet
Une des difficultés spécifique de ce sujet est que la Chine est à la fois un acteur
étatique et un espace des relations internationales (le « gâteau chinois » que se
disputent les puissances impérialistes). Pendant longtemps elle a une place, mais son
rôle est limité.
Les deux dimensions d'acteur et d'espace font de plus problème durant une grande
partie de la période : savoir qui détient la souveraineté reste ambigu jusqu'au seuil des
années 1970, même si politiquement le problème est réglé en Chine continentale
depuis 1949.
- Qu'est-ce que la Chine comme espace ?, dans la mesure où la conception
impériale distingue le noyau Han (l'Empire du Milieu), les zones de sinisation (les
« cuits » ou susceptibles de cuisson) et les Etats susceptibles de verser tribut à la
Chine (c'est-à-dire le reste du monde, celui des barbares « crus », potentiellement tous
tributaires) ? Un des aspects du sujet est l'achèvement d'une sorte de « révolution
culturelle » en matière de politique extérieure, signifiant une « normalisation des
relations internationales » et l'insertion dans la logique mondiale, après la faillite de la
conception traditionnelle. Cette insertion est utilisée comme levier par les pouvoirs qui
se disputent la souveraineté jusqu'en 1949. Le repli sur soi est une tentation à laquelle
le pouvoir communiste n'échappe cependant pas après l'échec de la coopération avec
l'URSS au plus fort du maoïsme.
- Qu'est-ce que la Chine comme Etat/ pays ? C'est un des aspects les plus difficiles
du sujet : en 1914 la Chine est en pleine révolution républicaine. Ambiguïté des
porteurs de la souveraineté après la mort de Yuan Shikai le 6 juin 1916 (alors que la
souveraineté de Pékin a connu des entraves importantes, héritage de la période
impériale) ; problématique de la continuité étatique ; continuation de l'existence d'un
gouvernement de Pékin jusqu'au 10 octobre 1928, émergence de multiples centres de
pouvoirs à ambitions régionales (seigneurs de la guerre), dont certains ont des velléités
de reconstitution d'un ensemble territorial plus vaste (Zhang Zuolin en Mandchourie par
exemple), voire de réunification de la Chine (cas du gouvernement du Guomindang à
Canton, puis des zones contrôlées par les communistes). Cela implique des
éclatements de souveraineté, et place le problème de la « reconnaissance de la
légitimité gouvernementale » dans d'autres mains que celles du peuple (en démocratie)
ou que celle du gouvernement (les autoproclamations de souveraineté pouvant rester
sans effet) : or dans une première période il est clair que la légitimité dépend du regard
des puissances ; le GMD et le PCC tentent chacun à leur tour de fonder une légitimité
plus moderne, c'est-à-dire de l'ancrer dans la nation (enjeu de la captation du
nationalisme chinois : échec historique du GMD, victoire du PCC et rôle de la guerre
contre les Japonais dans ce transfert). Après 1949 le poids du passé proche se fait
sentir jusqu'au seuil des années 1970 avec le problème de la double reconnaissance
(RPC et PCC d'une Part, Taïwan et le GMD d'autre part), les héritages de la période
impérialiste s'inscrivant dans l'espace chinois jusqu'à la fin du XXe siècle (rétrocession
en 1997 et 1999 de Hong Kong puis de Macao).
- La Chine est vue comme un espace à conquérir par les puissances jusqu'en
1945 : il y là tout un pan du sujet qui suppose un traitement autre que le traitement
classique (La Chine dans les relations internationales ne saurait se traiter de la même
manière que les Etats-Unis dans les relations internationales par exemple) : il y a un
jeu des puissances à l'intérieur de la Chine.
Puissances européennes (dans cadre de l'impérialisme indirect, avec disparition de
l'Allemagne de la zone après 1918 de droit, dès 1914 de fait) ; puissance américaine
(avec l'originalité de la doctrine de la « porte ouverte ») : dans les deux cas la Chine
s'insère pour ces puissances dans un jeu mondial (impérialisme traditionnel, néo
impérialisme) ; à distinguer des intérêts plus régionaux des puissances proches
territorialement.
Problème des relations avec la Russie-URSS (avec problème de la continuité étatique
mais non idéologique avec le tsarisme, d'où deux dimensions parfois antagonistes - cf.
déclaration Karakhan et jeu en Mongolie « extérieure » dans les années 1920, ou bien
les relations complexes entre Staline et le maoïsme (même étiquette, mais logiques
différentes, qui peut expliquer les hésitations soviétiques pratiquement jusqu'à la
proclamation de la RPC le 1er octobre 1949, ainsi que la hâte avec laquelle, une fois
l'installation du PCC bien ancrée, l'URSS aide la RPC au niveau international alors
qu'elle a levé tardivement les ambiguïtés de son jeu vis-à-vis des deux pouvoirs qui
revendiquent la souveraineté - accords et traité d'août 1945). Tout ceci révèle
l'attentisme ou l'opportunisme, mais aussi les clivages idéologiques.
Pour le Japon, la Chine est un arrière-pays direct depuis la conquête de la Corée. La
stratégie nipponne évolue : jeu sur les factions du gouvernement de Pékin, puis
tentatives de démembrement et construction de relations étroites avec les Etats issus
du démembrement (Zhang, puis Pu Yi et enfin Wang Jingwei) ; rupture avec la crise
économique, et projet d'annexion « à la coréenne ». Après 1945 et jusqu'à nos jours
plane sur les relations sino-nipponnes l'ombre du passé impérialiste du Japon.
Au-delà des variations nationales toutes les puissances utilisent dans leur jeu jusqu'à la
guerre les moyens traditionnels de l'impérialisme indirect (contrôle des finances
publiques et influence économique - commerce et concessions, chemins de fer,
démembrements territoriaux ou juridiques), que les gouvernements chinois à vocation
nationale tentent de réduire.
La dynamique « internalisation » « externalisation » des relations internationales
par rapport au territoire chinois détermine l'axe principal du sujet : celui de la
reconquête de la souveraineté nationale et de l'expression pleine et entière de celle-ci
dans les relations internationales, compte tenu du rang et de la puissance « naturelle »
de la Chine (9,5 millions de km2, 500 millions d'habitants en 1949, 1 300 millions en
2005), c'est-à-dire de l'externalisation des relations internationales hors de son
territoire ; le résultat est partiellement atteint en 1950, et l'on voit alors la Chine
exprimer pour la première fois pendant la période (il faut remonter à 1910 et à l'épisode
temporaire tibétain, dernier sursaut de l'Empire moribond, en dehors des opérations de
guerre en Birmanie aux côtés des Anglais pendant la Seconde Guerre mondiale) sa
puissance retrouvée à l'extérieur de ses frontières. Avec l'aide apportée à la Corée du
Nord et la préparation de l'opération à l'encontre du Tibet - opération de reconquête, de
son point de vue : il s'agit de retrouver la carte de la Chine impériale - on passe alors à
une « externalisation » normale des relations internationales, signe de l'émergence
comme puissance à part entière de la Chine au début des années 1950.
L'angle d'attaque principal du sujet est la mutation de la Chine d'objet des relations
internationales, que se disputent des forces tant chinoises qu'étrangères en acteur
indépendant des relations internationales. Cette mutation est un processus lent,
mais le basculement est indéniablement datable de la prise de contrôle de la quasitotalité de la Chine continentale par le Parti communiste en 1949.
On propose donc un plan en deux parties :
I. De 1914 à 1949, la Chine, principalement objet des relations internationales, est à la
recherche de sa pleine souveraineté.
II. Depuis 1949, la Chine communiste est devenue peu à peu un acteur central des
relations internationales, une puissance régionale en passe de devenir une grande
puissance mondiale.
Plan détaillé
I. De 1914 à 1949 la Chine, principalement objet des relations internationales, est
à la recherche de sa pleine souveraineté
A. La Chine, enjeu de relations internationales complexes nouées entre
différentes puissances « impérialistes » sur son territoire, parvient difficilement
et provisoirement à s'imposer comme Etat à part entière, 1914-1930
1. La période voit la prolongation des relations de subordination (« quasi-protectorat
collectif ») construites à l'époque impériale : c'est la Chine des concessions, des zones
d'influence, de la souveraineté limitée (territoriale, juridique et fiscale), qui ont fait de la
Chine le terrain d'affrontement des impérialismes ; à cet égard les conséquences
immédiates de la guerre (une victoire mutilée pour la Chine) reflètent ces
affrontements : cas du Shandong.
2. Ces amputations de souveraineté sont amplifiées par deux facteurs :
- l'atomisation des souverainetés, maximales pendant la période, avec la concurrence
du gouvernement de Pékin, théâtre de luttes de factions souvent en cheville avec les
puissances (ANFU et Japon, Zhili et GB par ex) ; du gouvernement nationaliste dans le
Sud (Canton, Nankin, etc.), en interactions complexe avec les seigneurs de la guerre
qui mènent leur propre politique extérieure (Zhang Zuolin et les Japonais en
Mandchourie) ;
- la perte de territoires aux confins mongols, l'URSS cherchant à poursuivre localement
sa politique de garanties de frontières acquises au détriment des Chinois au delà du
Xinjiang, le long de la route de la soie (Mongolie extérieure devenue RPM en 1924)
comme Etat tampon. Cependant ce comportement dans la continuité de la politique
tsariste entre en contradiction avec les positions idéologico-politiques de la nouvelle
Russie, qui va accompagner le regain de souveraineté qui se cristallise autour du
gouvernement de Nankin.
3. La Chine bénéficie de la modification de la politique russe (puis soviétique) et des
nouvelles conditions de la vie internationale (Sécurité collective) pour regagner
temporairement au cours des années 1920 des éléments de souveraineté.
a. La déclaration Karakhan marque l'abandon de l'impérialisme russe et les liens qui se
tissent jusqu'en 1927 entre le GMD et l'URSS aident le nouvel Etat chinois en gestation
au Sud à se renforcer et à se moderniser ; la rupture de 1927 est ainsi l'indicateur
d'une certaine maturité de ce nouvel Etat.
b. L'esprit des années 1920 mais aussi le souci d'équilibre des puissances entraîne le
retour sous souveraineté chinoise du Shandong comme conséquence de la
Conférence de Washington (janvier-février 1922), la Chine (de Pékin d'abord, puis de
Nankin) s'insérant dans le jeu moderne des relations internationales par sa
participation à la SDN.
c. Après l'unification, le gouvernement de Nankin renégocie les traités inégaux et prend
des mesures unilatérales de reconquête de sa souveraineté juridique. Mais il ne
parvient qu'imparfaitement à imposer son autorité tant intérieure (persistance des
tendances satrapiques) qu'extérieure (concessions).
B. La crise économique mondiale remet en cause cette fragile émancipation et
fait de la Chine un terrain d'expansion pour le Japon, dans le contexte de crise
des relations internationales des années trente et de repli des puissances sur
leur espace national ou régional, même si l'accélération des opérations à partir
de 1937 les entraîne partiellement à réagir : 1931-1941
1. La crise économique crée des condition nouvelles pour le jeu des relations
internationales en Chine, conduisant à un nouvel affaiblissement (1931-1933)
a. La crise entraîne le Japon à rompre avec la politique d'influence économique et
financière, volet chinois de la stratégie économique générale d'insertion dans l'ordre
économique mondial, et à mettre progressivement en application le plan Tanaka
d'expansion néo-coloniale (de 1928), où l'espace chinois est en première ligne. Entrée
en application dans l'arrière-pays coréen que peut représenter la Mandchourie : après
liquidation de l'héritier Zhang, installation d'un Etat fantoche (Manzhouguo de Pu Yi)
que le Japon tente d'installer sur la scène internationale, c'est-à-dire de faire admettre
à la SDN ; refus entraîne le retrait japonais (c'est-à-dire de sa part le refus du système
de sécurité collective) ; apparente victoire pour la Chine, mais aussi signe
d'affaiblissement (en octobre l'Allemagne fait de même) : démembrement étatique à
nouveau donc pour la Chine.
b. La crise entraîne aussi un relatif vide politique de la part des puissances autres que
le Japon dans la région (crise de la SDN, repli nationaliste des Etat-Unis, la GrandeBretagne se repliant sur le Commonwealth et la France sur son empire colonial), alors
que la SDN est en pleine crise (passivité pendant la période, et paralysie notoire en
1937).
2. L'URSS revient dans la zone à partir de 1935, et tente de jouer les bons offices pour
réconcilier GMD et PCC, sur lequel elle n'exerce plus la même domination
qu'auparavant du fait de la mutation en cours du communisme chinois :
a. absente depuis 1927, pour des raisons de politique chinoise, l'URSS y revient pour
des raisons de politique étrangère (remise en cause de leurs intérêts stratégiques,
menacée par l'avancée des intérêts japonais et soucieux de les neutraliser) ; lâchant
du lest sur la Mandchourie, mais s'opposant à un contrôle des zones frontalières de
l'URSS par les Japonais : affaire du Chahar ;
b. mutation idéologique du PCC (début de la montée en force maoïste) devant menace
croissante (conflit entre nationalistes, cristallisé par l'affaire de Xi'an de
décembre 1936, mais même après cette crise Jiang pas clair sur ce point) ; l'URSS
développe une politique des bons offices entre GMD et PCC après la signature du
pacte anti Komintern : stratégie peu efficace.
3. A partir de 1937, la Chine est un terrain de guerres multiples.
a. Conséquence directe de la prise de contrôle du pouvoir par la clique militaire en
alliance avec certains zaibatsu, le Japon passe de la logique des protectorats
(Manzhouguo) à une logique de conquête militaire (dans contexte de paralysie de la
SDN) le long des axes de communication ; l'immensité de l'espace l'amène cependant
à tenter de renouveler l'expérience des protectorats (avec le gouvernement
collaborateur de Nankin, dirigé par un ancien n° 2 du GMD, Wang Jingwei).
b. Face à la menace l'attitude du gouvernement chinois de Nankin puis de Chongqing
n'est pas nette dans l'attribution des priorités face aux deux ennemis communistes et
japonais.
c. Les puissances non japonaises interfèrent dans le conflit par des aides financières
(GB) des livraisons d'armes (EUA) et des interventions ponctuelles armées (URSS sur
les confins - lac Hasan et lac Buir) ; ces interventions contribuent à stopper l'avance
japonaise et à transformer la guerre chinoise en guerre d'usure, alors que les menaces
de guerre européenne se précisent. Le pacte de non agression nippo-soviétique de
février 1941 semble toutefois donner carte blanche aux Japonais dans la zone, à
condition que l'URSS soit tranquille : nouvelle instrumentalisation de la Chine.
La mondialisation du conflit change cependant la donne en 1942.
C. « Grâce » à la Seconde Guerre mondiale et à la victoire des Alliés, la Chine
devient le cinquième grand et une puissance régionale à part presque entière, et
s'insère largement dans le jeu des puissances internationales 1942-1949
1. La Chine membre de la grande alliance retrouve une égalité étatique avec les
puissances de l'alliance 1942-1946.
a. La mondialisation du conflit provoquée en Asie par l'attaque de Pearl Harbour en
décembre 1941 modifie cependant considérablement la donne en forçant les Alliés à
jouer, faute de mieux (notion de puissance par défaut), la carte du gouvernement de la
Chine de Tchiang Kai Tchek.
b. L'alliance propulse la Chine au rang des puissances qui la dominaient jusque là
(EUA URSS GB et France), les nécessités de l'alliance effacent la plus grande partie
des conséquences des traités inégaux (1942-1943) (sauf Hong Kong et Macao).
c. La Chine obtient une place inespérée dans l'alliance et dans le système des Nations
Unies, la victoire militaire sur le Japon balayant cette dernière hors du champ chinois et
amenant la Chine à intervenir pour la première fois au XXe siècle hors de ses frontières
en cogérant, discrètement, les affaires intérieures japonaises (même si marginalisée) et
à occuper une partie de l'Indochine libérée des Japonais.
2. La Chine, désormais souveraine sur une grande partie de son territoire, entre dans
la logique bipolaire qui caractérise le nouvel ordre international après l'échec de la
grande alliance 1947-1949.
a. La logique des blocs bouleverse et affaiblit la puissance chinoise : si l'attitude des
EUA est assez vite claire dans le soutien du GMD après l'échec de la médiation
Marshall, l'attitude de l'URSS est ambiguë dans le conflit qui n'a en fait jamais cessé
d'opposer GMD et PCC, la captation du nationalisme par le PCC et la victoire militaire
amenant l'URSS a faire tardivement son choix.
b. La proclamation de la RPC à Pékin clôt la phase d'instabilité politique en Chine
continentale et fait basculer la Chine en apparence dans le bloc soviétique. La
souveraineté territoriale retrouvée est cependant immédiatement affaiblie par l'absence
de reconnaissance internationale de la Chine populaire par la plus grande partie des
acteurs étatiques et les organisations internationales, qui s'alignent sur les Etats-Unis
et leur allié, le GMD de Tchiang Kai Tchek, établi à Formose (naissance du problème
des deux Chine).
II. Depuis 1949, la Chine communiste est devenue peu à peu un acteur central
des relations internationales, une puissance régionale en passe de devenir une
grande puissance mondiale
Depuis plus d'un demi-siècle le Parti communiste chinois oriente la politique étrangère.
Si cette dernière connaît des fluctuations parfois spectaculaire, reflet à la fois des luttes
de tendance au sein du PCC et de l'adaptation de la Chine à un environnement
international changeant (A), le cap est constant et se dégagent des invariants de la
politique étrangère chinoises (les grands traits structurels dégagés par François Joyaux
dans La tentation impériale. La politique extérieure de la Chine depuis 1949, Paris,
1994) (B). La tenue de ce cap conduit la Chine, pays pauvre et dévasté par un demisiècle d'anarchie et de guerres en 1950, à devenir au seuil du XXIe siècle une
puissance régionale solide, en route vers un destin probablement mondial (C).
A. Une politique étrangère en apparence fluctuante. (suivre la chronologie de l'exercice
autocorrigé 2 de la semaine 16 pour les détails)
1. 1950-1957 : une Chine satellisée par l'URSS dans la logique de Guerre froide.
Limites rapides de l'alignement et refus de l'évolution soviétique après le XXe Congrès
de déstalinisation.
2. 1957-1971 : une Chine repliée sur elle-même, qui « compte sur ses propres forces »
et se range clairement dans le « second monde ».
3. 1972-1982 : les frémissements de l'ouverture à l'Ouest et les ambiguïtés de
l'exportation du modèle maoïste.
4. Depuis 1982, une « politique d'indépendance » et d'insertion « normale » dans le jeu
des relations internationales, avec montée de la dimension économique.
B. Mais un cap fermement tenu :
1. Reconnaissance de son rôle plein et entier de puissance : sortir de la logique des
blocs (Zhou Enlai à Bandoung dès 1955 ; rupture avec l'URSS, rapprochement avec
les Etats-Unis) ; obtenir la reconnaissance internationale (France 1964), occuper sa
place dans les organisations internationales (à la place de Taïwan en 1971 au
CS/ONU) ; obtenir la puissance nucléaire (1964 pour la bombe A, 1968 pour la bombe
H).
2. Reconstitution pragmatique du patrimoine territorial. Tactique des petits pas pour
récupérer les zones ayant échappé à son contrôle depuis la fin du XIXe siècle :
récupérer par les armes le Tibet ; lutter contre les tendance centrifuges dans le Far
West chinois (musulmans ouigours) ; rectifier les frontières : courtes guerres contre
l'Inde, contre l'URSS dans les années 1960, laissant place à un pragmatisme et une
capacité d'attente (Hong Kong et Macao où Pékin respecte scrupuleusement les
clauses des traités inégaux de la fin du XIXe siècle) ; mais problème toujours pendant
de Taïwan, avec pression maintenue dans le détroit de Formose. Intégration dans le
jeu diplomatique de la diaspora chinoise (30 millions environ).
C. Une puissance régionale incontournable au début du XXIe siècle.
Cette sous-partie est développée sur le lien suivant (article de R. Serra, Questions
internationales, n° 6, pp. 50 à 56
Conclusion
Au XXe siècle, la Chine renoue avec son passé millénaire de grande puissance
régionale, et apparaît comme la seule puissance dont on peut penser qu'à moyen
terme elle pourrait rivaliser avec l'hyperpuissance américaine, si elle ne s'effondre pas
sous le poids des contradictions éventuelles entre une économie dynamique et un
pouvoir despotique.

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