Du film à l`écran, l`énigme du public québécois | Le Devoir

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Du film à l`écran, l`énigme du public québécois | Le Devoir
Du film à l’écran, l’énigme du public québécois | Le Devoir
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Du film à l’écran, l’énigme du public québécois
Une production restreinte et plus ciblée ramènerait-elle vraiment le public d’ici
devant les vues d’ici ?
26 avril 2014 | François Lévesque | Cinéma
Selon la
comédienne
et femme
d’affaires
Caroline
Néron, les
35 productions québécoises sur les écrans en 2003
films
53 productions québécoises sur les écrans en 2012
québécois
contiennent
« trop de
dialogues ». De l’avis de Vincenzo Guzzo, héritier des multiplexes du
même nom et président de l’Association des propriétaires de
cinémas et de ciné-parcs du Québec, le problème se pose plutôt en
Photo : Illustration: Christian Tiffet
matière de films grand public porteurs trop rares et d’oeuvres
d’auteur pointues trop nombreuses (on paraphrase). Pour d’autres,
tel le réalisateur Alain Chartrand (La Maison du pêcheur), on finance trop de films, point. Une
production restreinte et mieux ciblée ramènerait-elle le public d’ici devant les vues d’ici?
«Les créateurs créent de plus en plus vite et beaucoup, parce
que le système de financement est basé sur la production.» —
Jasmine Catudal, codirectrice artistique d'un centre de
création
La question se pose. En 2003, année de rêve pour la cinématographie nationale grâce au succès
énorme des longs- métrages La grande séduction (Jean-François Pouliot ; prix du public au festival
de Sundance) et Les invasions barbares (Denys Arcand ; prix du scénario et prix d’interprétation
féminine à Cannes, Oscar du meilleur film en langue étrangère), 3,7 millions de spectateurs se sont
massés dans les salles obscures pour voir les 35 films québécois parus cette année-là. Il faut dire
que l’on partait de loin. En remontant à l’année 1991, on constate en effet que l’auditoire était
presque dix fois moindre, avec un famélique 400 000 spectateurs curieux des offrandes de leurs
cinéastes, selon des statistiques avancées dans un reportage de Dominique Fournier de l’émission 5
sur 5 diffusée par ICI Radio-Canada en 2003. Depuis cette période glorieuse (un « âge d’or du
cinéma québécois » ?), c’est le déclin.
Plus pour moins?
http://www.ledevoir.com/culture/cinema/406617/du-film-a-l-ecran-l-enigme-du-public-quebecois
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Pourtant, le nombre de productions, lui, a bondi, comme le confirment les données fournies par
Pascale Dubé, de Cinéac, qui compile les recettes pour l’ensemble des écrans de la province. Ainsi,
en 2004, ce sont 47 productions, soit 12 de plus qu’en 2003, qui ont pris l’affiche.
En 2005, l’année de C.R.A.Z.Y. (Jean-Marc Vallée ; gagnant de 14 prix Jutra et du Billet d’or), 42
titres sont sortis, accaparant 18,2 % de parts de marché, un sommet. En 2012, la pire cuvée sur le
plan du box-office, celles-ci ont chuté à 4,8 %, avec 53 films proposés. Il est trop tôt pour savoir si
les 48 films parus en 2013 annoncent une révision à la baisse concertée. Cela dit, ce cru-là a
enregistré une légère hausse par rapport à la catastrophe de 2012, cumulant 5,6 % de parts de
marché, avec le drame historique Louis Cyr, l’homme le plus fort du monde (Daniel Roby ; lauréat de
huit prix Jutra et du Billet d’or) en figure de proue.
Est-ce à dire que l’achalandage est inversement proportionnel au nombre de films ? Rien ne le
prouve, quoique d’autres indices tendent à le suggérer. Par exemple, en 2009, 43 films ont occupé
12,8 % de parts de marché. L’année précédente, 47 films n’avaient conquis que 9,3 %. L’année
suivante, le ratio fut de 44 films pour 8,8 % de parts de marché.
Matière à réflexion
Certes, la démonstration n’est pas scientifique, et la question est plus complexe qu’elle ne le paraît. À
la lumière des bouleversements profonds et irréversibles que vit l’industrie cinématographique à
l’échelle mondiale — multiplication des plateformes de diffusion, changements radicaux des modes de
consommation, fragmentation des marchés —, on peut également se demander s’il est réaliste de
croire que l’on peut continuer de produire au même rythme.
En la matière, les propos de la nouvelle présidente de la SODEC, Monique Simard, sont éloquents.
« On peut être effrayé par les mutations, mais je préfère les prendre à bras- le-corps. Rien n’est
sacré, sauf le soutien à la culture », déclarait-elle à la collègue Odile Tremblay [Le Devoir, 25 janvier
2014]. Et si le problème n’avait pas tant à voir avec le nombre de films produits, mais plutôt avec la
manière de diffuser ceux-ci ?
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