Une " échelle de perroquet " électrique : la ligne à retard.
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Une " échelle de perroquet " électrique : la ligne à retard.
Une " échelle de perroquet " électrique : la ligne à retard. # . INTRODUCTION. Cet article a un remarquable précurseur : l'article de R. MOREAU dans le B.U.P. no 574 (mai 1975). Il constitue un compte rendu d'expériences faciles à réaliser, et obtenues avec une ligne à retard référenciée : DPI-S40 dans la gamme de composants SECRE (218, rue du Faubourg-Saint-Martin, 75010). Les photos ont été réalisées en collaboration avec mes collègues FERRI .et MICHALET que je tiens à remercier. Cette ligne à retard présente 14 prises intermédiaires, ce qui en fait l'équivalent électrique d'une échelle de perroquet (ou « ondoscope D ou u propagonde D...); toute observation effectuée au niveau d'une prise étant l'équivalent d'une observation au niveau du barreau de l'échelle de perroquet (1). Le temps de parcours observé pour une onde de fréquence 6 = 0,s MHz de I'entrée la sortie est de r = 5,l ps ; le temps de parcours d'une prise intermédiaire à la suivante vaut un quinzième de cette valeur. La résistance caractéristique de la ligne R, a pour valeur : R, = 330 n. Le prix approximatif est de 500 F. L'étude de la propagation d'une onde progressive dans la ligne (adaptée) et l'étude d'ondes stationnaires dans la ligne (non (1) Il existe des lignes à retard comportant un plus grand nombre de prises intermédiaires, 60 par exemple (elles sont plus chères !) 28 BULLETIN DE L'UNION DES PHYSICIENS adaptée) sont réalisables avec un simple générateur BF comme en possèdent la plupart des lycées. Mais les expériences réalisables avec la ligne sont beaucoup plus nombreuses et significatives avec un générateur de fonctions pouvant délivrer des « rafales sinusoïdales B, c'est-àdire des signaux quasi sinusoïdaux de durée limitée. Cet appareil devrait d'ailleurs figurer dans toutes les collections de physique des lycées car ses applications sont très nombreuses : citons entre autres la visualisation simultanée des phénomènes suivants : établissement d'oscillations forcées dans un circuit RLC avec observation des transitoires, des battements ... puis observation des oscillations forcées, puis observation des oscillations libres du circuit RLÇ lorsque cesse la tension à a rafale sinusoïdale » imposée ; mais ce n'est pas le lieu d'exposer tous les avantages pédagogiques d'un bon générateur de fonctions. II. ESSAI DE PRESENTATION DE CARACTERISTIQUE. LA NOTION DE RESISTANCE Les tensions : u, appliquée à l'entrée E, us observée à la sortie S, uk observée aux bornes intermédiaires indiciées k, sont les équivalents des couples de torsion Ck appliqués aux barreaux d'une « échelle de perroquet » ; les intensités entrante i,, sortante i , intermédiaires ik sont les équivalents des vitesses angu- (ik) des barreaux. On peut expliquer l'adaptation de la laires ligne de la façon suivante : Soit : P, = usi, (pour la ligne électrique) ou P, = Cses (pour la « ligne mécanique ») la puissance sortante de la ligne. Si P, = O : aucune puissance ne sort de la ligne : cela signifie qu'une onde incidente transportant de l'énergie doit nécessairement subir une réflexion totale sur l'extrémité de la ligne c a r toute onde progressive sortant ,de la ligne serait porteuse d'énergie. Cette circonstance particulière se produit pour deux cas extrêmes : us = O pour la ligne électrique ; situation obtenue en fermant la ligne sur une résistance de sortie Rs nulle (us = Rs i,). Pour la ligne mécanique (échelle de perroquet), cela s'obtient pour Cs = O : pas de transmission de couple, le dernier barreau est libre de tourner sans frottement. , r, = O pour la ligne électrique : situation obtenue pour Rs infinie (extrémité « ouverte ») et pour la ligne mécanique pour @)., = O c'est-à-dire en immobilisant le dernier barreau. Pour annuler us (premier cas), il faut que le paramètre tension B ui de l'onde incidente et le paramètre tension u, BUI.I,ETIN DE L'UNION DES PHYSICIENS 29 de l'onde réfléchie à l'extrémité E soient de signes opposés + u i= O). Par conséquent, pour R , = O, il y a réflexion avec changement de signe pour la tension (l'étude des ondes montre qu'alors il n'y a pas changement de signe pour i). (t-, = u, Pour annuler i, (deuxième cas), il faut, au contraire, un changcment de signe pour le paramètre i de l'onde et pas de changement de signe pour LL donc pour R, infini. 1 Lorsque R, varie de zéro à l'infini, la puissance consommée : P, = u, i, = R,i,Z ( k , 6>*en mécanique ; k , : este de frottement) s'annule pour R, nul et infini ; on admettra alors que la puissance P, est maximale lorsque R, passe par une valeur R, caractéristique de la ligne, et qu'alors toute réflexion est supprimée ; on admettra aussi que la réflexion qui s'effectue avec changement de signe pour R, = 0, s'effectue aussi avec changement de signe (pour LL) pour toute valeur de R, inférieure à R, et sans changement de signe (pour u ) pour toute valeur de R, supérieure à R,.. Les mêmes phénomènes peuvent se produire à l'entrée ; soit R, = 21, la résistance d'entrée ; la puissance entrante est maxi- 1, male pour R, = R, et on supprime alors toute réflexion sur l'entrée. La ligne est adaptée pour Re = R, = R, ; une onde s'y propage comme dans une ligne illimitée. Les analogies mécaniques peuvent être facilement développées. Il y aurait un réel intérêt pkdagogique à effectuer les expériences décrites ci-après en parallèle avec des expériences analogues faites avec l' « échelle de perroquet ». III. EXBERIENCES. 1. Onde progressive sur une ligne adaptée. La photo no 1 représente les oscillogrammes obtenus pour des prises intermédiaires régulièrement espacées. Il ne nous a pas été possible ici d'utiliser les 14 prises intermédiaires. Une commutation rapide d'une prise intermédiaire aux suivantes permet de visualiser une sinusoïde qui se déplace vers la droite. D'une prise à l'autre, le déphasage correspond e~ivironà 1/6e de période ( o i = 0,s MHg). 30 BULLETIN DE L'UNION DES PHYSICIENS Photo 1 2. Etude de la dispersion et de l'absorption pour une onde progressive. Faisant varier U, on constate que la tion proportionnelle à l'inverse du retard sion. On peut étudier la fonction : (0 -+ -. 7 vitesse x de propagavarie : il y a disper- 1 TG, On peut aussi étudier le rapport r = as des amplitudes à la ne sortie et à l'entrée et étudier la fonction ui -t r (k). L'étude du déphasage TG, peut aussi se faire en * Lissajous ». L'inscription des ellipses dans un rectangle peut être un test de l'adaptation de la ligne (cf. ondes stationnaires). 3. Propagation d'un signal quelconque (signaux carrés 11 par exemple]. Si, au voisinage de la période T, de ces signaux, la fonction T ~ W )varie peu, la ligne n'est pas dispersive et on constate que le signal se propage sans se déformer. Si, au contraire, la I l BEI I FTIL DE L'UNIOK Dbb P I I i S I C l k h b 31 période T, correspond a une Iréquence pour laquelle .i.(;, varie rapidement avcc o, le « milieu » est dispersif, le signal se déforme ct s'élargit au fur et à mesure qu'il se propage. 4. Réflexion et transmission partielle à l'intérieur de la ligne. La ligne est toujours adaptée, mais on introduit une résistante R, (boîtc AOIP x 100) entre les bornes intermédiaires d'indice k. Cela équivaut en mécanique à modifier un seul des barreaux de l'échelle de perroquet, ou, en optique, à l'introduction, dans fin milieu, d'une lame mince semi-réfléchissante. Pour cette expérience, il es1 préférable d'utiliser une « rafale sinusoïdale qu'une tension sinusoïdale permanente. En faisant varier R,, on modifie les coefficients de réflexion et de transmission. Sur les photos 2 a, 2 b, 2 c, la première ligne représente la tension u,, la seconde ligne la tension t ~ (oscilloscope , bicourbe). Sur la premikre ligne, on obsenrc le signal entrant, ainsi que le signal, observé à l'entrée et qui provient d'une réflexion partielle au niveau de la borne k ; sur la seconde ligne, on observe le signal transmis, observe à la sortie. La réflexion ayant été provoquée à p c ~ iprès au milieu de la ligne, on constate que le signal transmis qui a parcouru toute la ligne a le même retard que le signal réfléchi qui a parcouru deux fois la moilie de la ligne. Photo 2 a) Photo 2 b ) Photo 2 c ) Les photos 2a, 2 b, 2 c correspondent à des valeurs différentes de R, : faible réflexion pour 2 a (avec changement de signe) ; forte réllexion (sans changement de signe) pour 2 c, rCflexion et transmission à peu près égales pour 2 b. En Paisant varier le « point de rkflexioil on ne modifie pas le retard de l'onde transmise, mais on déplace - conformément aux prévisions - le signal réfléchi sur I'oscilloçramme (2me ligne). )), 5. Ondes stationnaires. On favorise les réflexions sur l'entrée E el la sortie S en prenant Re et R, grands. 11, est une tension sinusoïdale (de I'ordrc du MHz). 011 fait varier la fréquence ta : IL, est soit e n phase, soit en opposition de phase avec CL,(observation à l'oscilloscope bicourbc). En « Lissajous et par variation rapide de ( « wobulation » manuelle ou automatique), on observe une c crois de Saint AndrC » ; le passage de la croix de Saint André au rectangle par réglage de R, et R, peut être une mEthvde pour adapter la ligne. Quand on fait varier o, l'amplitude de L I , passe par des minimums et des maximums (résonances) ; on met ainsi en évidence les divers modcs de résonance de la ligne. )) Ayant réalisé un mode de fréquence assez basse, on peut faire une étude spatiale dcs ondes stationnaires dans la ligne ; en observant la tension LLL pour diîfércntes prises k intermédiaires. La photo no 3 contient 7 des 16 oscillogrammes observables (variations 4 k = 2) ; on y voit deux nceuds (rl,, = 0) ; des sinusoïdes cil phase entre deux iiceuds consécutifs et une variation de phase égale à ÏC à la traversée d'un nceud. Une commutation rapide donne la même impression que l'observation stroboscopique d'ondes stationnaires sur une corde (MELDE). 6. Observation et suppression des échos ; résistance caractéristique de la ligne. Sur la photo no 4, nous dCsignerons par 1, 3, 5, 7, 9... les signaux observés à l'entrée (u, : première ligne) et par 2, 4, 6, a... les signaux observés à la sortie (21, : deuxikme ligne). 1 est le signal entrant. 2 est le signal observé à la sortie, i l est en retard de par rapport au signal 1 (durke de parcours de la ligne). = 5 FLS 3 résulte d'une première réflexion sur la photo S et est observé à l'entrée ; il est en retard de 7 par rapport à 2, de 2 par rapport à 1. 34 BULLETIN DE L'UNION DES PHYSICIEKS Photo 3 Photo 4 4, observé en S (sortie) résulte de la réflexion de 3 sur l'entrée E (retard par rapport à 3 ; 3 .i par rapport à 1). 5, observé en E résulte d'une réflexion de 4 sur S (retard 4 .; par rapport à 1 et ainsi de suite)... on observe, à l'entrée, les signaux réfléchis sur la sortie et, à la sortie, les signaux réfléchis sur l'entrée. La décroissance exponentielle de l'amplitude est caractéristique de l'absorption que l'on peut étudier quantitativement. Les photos nos 5 et 6 représentent le même phénomène mais sont plus détaillées. Photo 5 Sur la photo no 6, on observe un changement de signe par réflexion sur S (R, < RJ (signal 3 de signe opposé à 2) et un changement de signe sur E (signal 4 de signe opposé à 3) car Re < %. Sur la photo no 7, il n'y a pas changement de signe sur S (R, > R,) et changement de signe sur E (Re < R,). Sur la photo no 8, il n'y a pas de changement de signe ni sur S, ni sur E. Sur la photo no 9 : Re = &, ce qui supprime les réflexions sur E ; on n'observe plus - pratiquement - que les signaux 1 (entrant), 2 (transmis) et 3 réfléchi sur S. Photo 6 Photo 7 l BULLETI': DE L'CNION DES PHYSICIENS 37 38 BULLETIN DE L'UNION DES PHYSICIENS Photo 10 Sur la photo nu 10 : R, = K, cc qui supprime Ics r&Flexions sur S et supprime, par conséquent, tous les échos ; on n'observe plus que les signaux entrant et sortant. La résistance d'entrée Re peut alors être quelconque mais on peut choisir Re = R, (adaptation d'impédance) ; la ligne est alors adaptée. On peut le vérifier en effectuant les expériences 1, 2, 3, 4... 7. Interférences ; notion de cohérence temporelle. Une tension sinusoïdale représentera une onde plane lumineuse monochromatique et sera ajoutée à elle-même après - retard At = 1c - dans notre ligne à retard ; la somme algé15 brique des deux tensions est observée à l'oscillo (le retard A t 6 est l'équivalent du retard - dû à unc différence de chemin C optique). Faisant varier A t (prises intermédiaires), on observe des maximums et minimums qui sont les équivalents (variation de 6 ) des franges d'interférences. Mais la lumière, formée de trains d'onde « quasi monochromatiques » est mieux représentée par des « rafales sinusoïdales B. Si At est supérieur à la durée d'unc rafale (photo no Il), le signal retardé se superpose à une valeur nulle (le signal direct est déjà passé) et il n'y a pas interférence ; cela correspond à une différence de marche b trop grande en optique pour pouvoir observer des franges. On pourra observer l'interférence de la rafale directe soit en réduisant le retard At (équivalent de 8) : photo no 12, soit en allongeant la rafale (équivalent d'une lumière plus monochromatique) : photo no 13. On peut ainsi faire coinprendre la notion de cohérence temporelle. 8. Autres expériences. Un effort d'imagination doit permettre de découvrir de nomhélas coûbreuses autres applications pédagogiques. L'emploi teux - d'un grand nombre de lignes à retard devrait permettre la simulation ;d'un grand nombre ;l'expériences d'optique (réseaux, lentilles...). On lira Dar exemde. avec beaucoup d'intérêt. l'article : « Les images ultrasonores par Pierre ALAÎS,~ a t h i a sFINKet Bruno RICHARD paru dans K La Recherche n, no 101 de juin 1979. - » Plus simplement, utilisant les prises intermédiaires, on dispose de signaux présentant des différences de phase connues que l'on peut étudier et composer (on peut, par exemple, ajouter trois signaux triphasés). Photo 11 40 131 L L E I I N DE L'CNION DES P H Y S I C I E N S Photo 12 Photo 13 BULLETIN DE L'UNION DES PHYSICIENS 41 Je me perinettrai d'observer, en guise de conclusion que, dans l'enseignement secondaire, on n'investit pas suffisamment dans deux appareils fondamentaux que l'on choisit trop peu performants : I'oscilloscope et le générateur de fonctions. P. PROVOST, (Lycée Louis-le-Grund - Paris).