Felix Guattari Les trois écologies
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Felix Guattari Les trois écologies
Felix Guattari Les trois écologies Écologie de l’environnement : Les bouleversements environnementaux actuels sont engendrés par les multiples transformations technico‐scientifiques produites par l’homme. L’environnement étant le lieu de vie de l’humain, sont bouleversement s’accompagne donc en parallèle d’un changement perturbant et brutal dans les modes de vie humains. Guattari nous parle même de « détérioration ». L’écologie de l’environnement est ainsi la plus visible, elle bouleverse les écosystèmes animaux et végétaux, l’être humain compris. La faute à l’industrialisation non raisonnée et au rêve de croissance exponancielle. Écologie des rapports sociaux : En lien avec l’anéantissement de la vie biologique sur la planète Terre, les rapports sociaux se degradent et sont voués à disparaître. En effet, la machinisation, l’informatique et l’automatisme permettent, certe, une quantité toujours plus conséquante d’assouvissement des besoins humains (qui malheureusement sont éternellement non satisfaits), mais ne sauvegardent pas les modes de vie en collectivité de l’homme, appauvrissant la sensibilité. Les liens sociaux sont détruits et la raison humaine semble réduite à néant. Le travail social n’est régulé que par la notion de « profits », faisant l’impasse sur l’irréversibilité de ses actions. On pense à la paupérisation du Tiers‐monde, à la folie version Tchernobyl et à l’emprise militaire du monde social désormais guidé par les armes. Car oui, actuellement il faut une menace de nucléaire pour garder l’ordre appelé honteusement « paix » par les dirigeants au sommet. Écologie de la subjectivité humaine : La lutte des classes a beaucoup marqué les sociétés, les différences sociales sont de plus en plus remarquables dans ce monde de consommation et de médias. Les ségrégations et toutes formes de hiérarchisation sont très présentes, du moins pour ce qui concerne les pays du Nord. Ce capitalisme a pris le devant au détriment des pays du Sud, ces derniers ne servant plus qu’à accueillir les Nouvelles Puissances afin de leur offrir de la main d’œuvre bon marché (on pourrait dire exploitée). L’Occident se porte comme « modèle » universel, l’effet de masse produit par les médias amène à l’idée d’une « unidimensionalisation » des valeurs sociales, c’est‐à‐dire que les modes, les mœurs, les goûts doivent s’ancrer dans un certain idéal social. Cependant, le pessimisme persiste, chaque jour on nous rappelle le nombre de chômeurs, la prolifération des emplois précaires, la mise au banc de la jeunesse, etc. Paradoxalement, d’un côté on ressent un sentiment de sécurité avec les rapides évolutions techniques qui pourraient nous « sauver » de la détresse environnementale, de l’autre, ces évolutions semblent impossible à mettre en place. Ainsi, la mondialisation promise fait peur et laisse place au nationalisme. Comme précédement avec l’opposition Est‐Ouest, Communisme‐ Capitalisme, il est question aujourd’hui d’opposer Tiers‐monde et pays développés. Par exemple, la montée des nouvelles puissances industrielles telles que la Chine fait peur et les questions d’immigration n’ont jamais été autant discutées. Enfin, au sein d’une même société, une « tiers‐mondisation » se développe (ou persiste), on pense à la condition des femmes qui n’évolue malheureusement pas ou peu, ou bien à la jeunesse qui n’arrive pas à se faire une place et tente de résister à la manipulation des les « mass‐médias ». L’objectif ici serait de produire de la subjectivité humaine afin de resingulariser ce qui était devenu masse, que se soit, dans la vie quotidienne, à l’échelle individuelle ou collective. Abraham Moles Vers une écologie de la communication Dans ce texte, Abraham Moles, théoricien français de la communication, nous expose son concept de l’écologie de la communication. Il la définit comme la Science des relations et des interactions entre les différentes espèces d’activités de communication, à l’intérieur d’un domaine fermé tel que le temps disponible pour l’individu ou tel qu’un ensemble social dispersé dans un territoire. Il considère ainsi que, tout comme nous étudions l'interaction entre les animaux et leur lieu de vie, il est possible d'analyser les interactions communicationnelles entre les hommes d’un point de vue statistique. Il s’agit d’observer l’individu dans ses interactions, ses transactions de sens dans son environnement. Moles précise le fonctionnement de cette science en définissant des éléments mesurables. L’unité de mesure principale proposée est le temps (qu’il nomme également budget‐temps lorsque celui‐ci est dépensé) consacré aux différents médias et moyens de communication dans un espace‐temps donné. Les caractéristiques qualitatives des échanges (intention, importance, destination…) sont également prises en compte et permettent d’établir une typologie des actions. Enfin, il différencie médias personnels ou mini‐médias (courrier, films…) et médias de masse ou maxi‐médias (télévision, radio…), les seconds étant considérablement plus consommateur de temps. Il insiste sur la nécessité de l’écologie de la communication pour comprendre le monde actuel qui se retrouve littéralement innervé de moyens de communication de toutes sortes, proposant un univers communicationnel toujours plus complexe à appréhender. Francis Ribeyre Certificat International d’Ecologie Humaine L’écologie est une science qui étudie les relations des organismes avec leur environnement. Du grec oikos, qui signifie “la maison”, l’écologie est l’étude des milieux ou des habitats, spécialement des biotopes (les milieux vivants) et en général de la biosphère (l’ensemble des biotopes). On ne la confondra pas avec l’écologisme, qui est l’idéologie qui s’en réclame, ni même avec la protection de l’environnement, qui l’utilise. Rien n’interdirait, en théorie, d’utiliser l’écologie pour polluer le plus efficacement possible ! En pratique toutefois, personne ne le souhaite. C’est ce qui fait que le mot, presque toujours, prend un sens normatif voire prescriptif. Reste à savoir si on veut mettre l’écologie au service de l’humanité (écologie humaniste), ou mettre l’humanité à son service (écologie radicale). L’humanité à présent. Le mot peut se prendre en deux sens, l’un descriptif, l’autre normatif : l’humanité est à la fois une espèce animale et une vertu. Et non par métaphore mais par métonymie : c’est passer du tout (l’espèce humaine) à la partie, du donné au résultat. L’humanité est ce que l’espèce humaine a fait de soi, ce qu’elle doit préserver, de la nature à la culture, du fait à la valeur, de l’existence à l’exigence. I. Pression anthropique Ernst Haeckel a établi une définition qui s’applique à l’espèce humaine. Il pense l’écologie humaine comme étant a partie de l’écologie qui étudie l’espèce, l’activité organisée, sociale et individuelle de cette espèce et de son environnement. Cette écologie a plusieurs objectifs scientifiques : elle étudie biologiquement l’humain en analysant son habitat, les écosystèmes urbain, rural et enfin terrestre. Cette relation entre homme et environnement ne date pas d’hier : l’homo sapiens vit de ce qu’il chasse, pêche, cueille, se réchauffe de ce qu’il trouve. Mais surtout l’homme évolue dans cette nature jusqu’à vouloir oser la dompter et élève l’animal, gère sa reproduction, fait pousser les plantes qui le nourrissent et gère aussi leur reproduction. Les événements s’accélèrent et rien ne lui suffit plus, l’homme s’établit en un lieu et nait la sédentarisation, la ville, l’aménagement des espaces verts ou gris, il en vient à contrôler ses déplacements et ceux de ses congénères. Et ce jusqu’à en arriver à une hyper‐organisation de la vie, la sienne et celle d’autrui, de l’espace, de la société, du bruit et du silence, de la consommation et de la non‐consommation voire de la surconsommation. L’impact des relations entre l’humain ce qui l’entoure est très important dans l’équilibre de l’écologie globale. Par exemple les conséquences de l’activité industrielle sur la santé humaine, celles de l’activité économique sur la culture, ou encore de l’activité éducative sur la compréhension. La pyramide de Maslow établit le rapport à nos besoins : Maslow distingue 5 grandes catégories de besoins. Il considère que le consommateur passe à un besoin d’ordre supérieur quand le besoin de niveau immédiatement inférieur est satisfait. ‐ Les besoins physiologiques sont directement liés à la survie des individus de l’espèce, ce sont des besoins concrets : la faim, la soif, la sexualité etc. ‐ Le besoin de sécurité consiste à se protéger contre les différents dangers qui nous menacent. Il s’agit donc d’un besoin de conservation d’un acquis et s’inscrit dans une dimension temporelle. ‐ Le besoin d’appartenance révèle la dimension sociale de l’individu qui a besoin de se sentir accepté par les groupes dans lesquels il vit : la famille, l’entreprise etc. L’individu se définissant par rapport à ses relations, ce besoin appartient au pôle “relationnel”. ‐ Le besoin d’estime prolonge le besoin d’appartenance. L’individu souhaite être reconnu en tant qu’entité propre au sein des groupes auxquels il appartient. ‐ Le besoin de réalisation ou de s’accomplir est, selon Maslow, le sommet des aspirations humaines. Il vise à sortir d’une condition purement matérielle pour atteindre l’épanouissement. Il est considérable comme antagoniste aux besoins physiologiques. S’il va à l’encontre des besoins physiologiques, le besoin d’accomplissement, ne veut pas dire qu’il les annule totalement mais plutôt qu’avant de penser à se nourrir, lorsqu’on arrive “en haut de l’échelle”, nous cherchons notre réalisation personnelle et ce, sans oublier d’abord d’avoir gagné l’estime d’autrui. En conclusion, manger, se mettre à l’abri, appartenir à un groupe et en gagner l’estime, et enfin se réaliser…au détriment de quoi ? Où intervient l’homme qui agit ou interagit en groupe ? Où est la notion d’humanité ? Ces principes de base omettent simplement de dire que l’homme, qu’il vive à la ville ou à la campagne, ne peut se définir sans sa biosphère. Celle‐ci, son état à l’instant T ou X, le représente, garde les stigmates ou les évolutions de son passé, et donne une idée de ce “sur et dans” quoi il va vivre. Le schéma a tout bonnement oublié de préciser que l’homme ne vit pas seul. Nous pouvons aujourd’hui parler de “phénomène” urbain, la désertion des campagnes depuis plusieurs années déjà fait des villes des métropoles, des métropoles des mégapoles. La très forte densité de population dans les villes crée un brassage populationnel et la ville devient le creuset des innovations technologiques, devient carrefour des échanges. Mais cela entraîne aussi nécessairement la grégarité de l’espèce humaine, la surconcentration de déchets. À échelle humaine et visible dans notre quotidien de citadin, l’aménagement des espaces naturels pour nos loisirs, l’emprise urbaine sur les terres agricoles, font de notre paysage général un paysage anthropisé. Les micros et macros structures sociales, administratives, de production, de distribution, font que les familles semblent n’avoir des rapports que par structures interposées. L’appauvrissement des liens interindividuels à des conséquences directes sur le cycle de vie des utilisateurs : gaspillage lié à la déresponsabilisation des citoyens, et ce associé à une très forte incitation à la consommation, perte du savoir‐faire au détriment des savoirs appris. II. Impact écologique D’un côté, les paysages et la biodiversité de notre écosystème créent notre cadre de vie et influent sur notre qualité de vie. D’un autre côté, par leur découvertes et innovations, les hommes aménagent, prélèvent, rejettent pour améliorer ce cadre de vie. L’impact humain, par sa composante sociodémographique induit un impact écologique. Cela joue directement sur notre environnement de proximité et donc sur notre écosystème de plus en plus pollué. Les sources et diversités des polluants ne sont pas uniquement liées aux villes et à l’anthropisation qui, par les productions énergétiques pompent nos ressources tarissables et les rejettent en déchets parfois toxiques. Elles peuvent aussi être liées aux besoins de productivité : les activités agricoles poussent de plus en plus loin leurs découvertes en pesticides ou engrais ultra‐puissants qui, se fondant dans la terre, perturbent les nappes phréatiques. La toxicité des gaz atmosphériques nous rend plus fragile, asthmatiques, cancéreux etc. Nous ne sommes pas les seuls à en souffrir, la nature aussi en pâtit. Alors pourquoi s’intéresser à la biodiversité ? Pour des motifs économiques : elle contribue à nous fournir nourriture, matière première, offre des perspectives intéressantes de valorisation dans le domaine des biotechnologies ou des manipulations génétiques. Pour des raisons écologiques aussi, elle est indispensable dans notre processus d’évolution, elle régule les grands équilibres et contribue à la fertilité des sols. Mais encore, pour des raisons éthiques et patrimoniales : les hommes ont le devoir moral de ne pas éliminer les autres formes de vie qui les entourent mais surtout elle est un vrai miroir de ce que nous sommes et nous apprend à évoluer, à savoir ce qui nous rend plus faibles ou plus forts. III. Quelques éléments de réponse L’écologie industrielle produit, distribue et par l’intermédiaire des pouvoirs publics qui légalise et régule les échanges, elle pénètre la sphère de l’écologie familiale. Le ménage devient consommateur. En parallèle, ces productions massives influent sur l’écologie environnementale en modifiant des cycles biogéochimiques et en transformant les espaces urbains et ruraux. Ce qui a bien évidemment un impact direct encore sur la sphère familiale. Cet impact environnemental a aussi un impact indirect sur cette écologie domestique : les écosystèmes naturels et anthropisés jouent sur la biodiversité. C’est pourquoi, si écologie politique il y a, l’État met en œuvre la mesure et la maîtrise des effets sur l’environnement, par la planification des objectifs environnementaux par exemple. Ce système de management environnemental inclue la norme ISO 14001 qui, souvent imperceptible dans notre quotidien, est importante car elle se manifeste surtout lorsque les organismes font défaut, tant en termes de fiabilité du produit, de sa dangerosité ou des conditions d’hygiène et de sécurité dans notre environnement de travail, mais aussi des impacts écologiques. L’engagement des entreprises se traduit par une charte par exemple, la programmation de mise en place de moyens, et la vérification que le tout fonctionne grâce à des études d’impacts, des évaluations des risques etc. Les actions possibles de ces organismes peuvent être, selon leurs domaines de compétences : un procédé de traitement (eau, air ou encore déchets), de recyclage. Autre programme d’action orienté lui, vers le développement durable : “l’Agenda 21”. Celui‐ ci lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale, mais aussi pour la protection de l’environnement. Il existe à ce jour, et ce depuis 1992, 73 indicateurs environnementaux liés à ce programme : 9 indicateurs pour l’air, 17 pour le cadre de vie ou encore 11 pour l’eau. Dans l’écosphère familiale, beaucoup d’éléments influent sur l’environnement. Ces éléments nous ramènent directement à la pyramide de Maslow vue précédemment : alimentation, communication, habitat, loisirs etc. Nos actions de stockage ou encore de transformations, nous permettent de créer des énergies mais aussi des nuisances : déchets, pollutions etc. Ici peut nous venir à l’esprit l’image de l’Ouroboros, le serpent ou dragon qui se mord la queue. Il représente au départ le cycle de la vie, de la nature. Il représente aussi un grand paradoxe de notre monde actuel. Cela nous fera penser à une variante du paradoxe d'Épiménide le Crétois : “il y a du vrai dans le faux, et du faux dans le vrai, un enchevêtrement indémaillable des causes et des conséquences”. L’enchevêtrement indémaillable de causes et de conséquences… Cet enchevêtrement ne s’est jamais autant fait ressentir qu’aujourd’hui en ce qui concerne l’écologie. Le développement durable s’appuie sur ce principe de cycle et sur l’articulation entre aspects sociaux, économiques et surtout nature et tout cela, envisagé à long terme. En ne considérant que ces quelques pages, définition succincte de ce qu’est l’écologie, nous pouvons dire qu’elle peut être ce qui reflète notre humanité, elle peut nous apprendre ce que nous sommes par ce que nous pouvons et devons devenir. L’écologie humaine n’est devant nous que parce qu’elle est d’abord derrière nous, comme histoire, mémoire et ensuite objet d’analyse. La nécessité pour l’homme mieux appréhender son écosystème et les limites de celui‐ci, de revenir à ses “fondamentaux” se fait de plus en plus ressentir.