Aux frontières de la mort

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Aux frontières de la mort
Aux
frontières
de la mort
Direction technique : SCAM/Jacques Ménard.
Tous droits réservés pour tous pays.
© 1992, Melvin L. Morse, M. D. and Paul Perry.
© 1994, Christian de Bartillat, éditeur.
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Imprimé en France
I.S.B.N. 978-2-8489-8123-9
Melvin Morse
Docteur en médecine
avec
Paul Perry
Aux
frontières
de la mort
Ils ont vu la lumière
Traduit de l’américain
par Christine Rimoldy
Aux patients dont je m’occupe en tant que médecin libéral,
sans le support desquels cette étude n’aurait pu voir le jour.
Melvin Morse.
À ma femme, Darlene Bennett Perry.
Paul Perry.
Qu’est-ce qu’une expérience
de mort imminente1 ?
Des millions de gens dans le monde ont eu des expériences
de mort imminente. En étudiant des milliers d’expériences de ce
type, les chercheurs ont réussi à identifier les différentes phases
et les éléments caractéristiques d’une nde2. On distingue ainsi
neuf phases fondamentales, bien que certains chercheurs soucieux
d’affiner encore leur étude en aient dégagé d’autres.
Toute personne présentant ces neuf phases a vécu une NDE
« intégrale ». Mais cela est rare. Généralement, les « expérienceurs3 »
n’en ont connu que deux ou trois ; celles de la « décorporation » et
du tunnel, par exemple. Mais il n’est pas nécessaire d’avoir vécu une
NDE « intégrale » pour en revenir transformé. Nombre de témoins,
notamment parmi les enfants, n’ont connu que l’expérience de la
lumière ; d’autres, seulement celle du tunnel. Ce type d’expérience
n’en demeure pas moins une NDE, au même titre que d’autres
expériences plus longues et plus élaborées. La recherche exposée
dans cet ouvrage montre que presque toutes les personnes ayant
vécu une NDE en reviennent transformées. Par exemple, leur soif
de vivre est décuplée, et elles n’ont pas peur de la mort. D’autres
transformations sont moins visibles ; ainsi, après avoir frôlé la mort,
certaines personnes ont développé des facultés psi ou une plus
grande intelligence.
1. On rencontre également les expressions suivantes : « expérience aux frontières
de la mort », « expérience au seuil de la mort » ou « état proche de la mort »
(NdT).
2. Acronyme de l’expression anglaise Near-Death Experience, dont « Expérience
de Mort Imminente » est une des traductions françaises ; bien que l’acronyme
« EMI » existe, il semble que « NDE » soit couramment utilisé en français (NdT).
3. Mot créé à partir du terme near-death experiencer (NDEr) ; on parle aussi de
« témoin » (NdT).
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1
Ils ont été transformés
« Il vaut la peine de mourir
pour découvrir ce qu’est la vie. »
T. S. Eliot.
« Sincèrement, docteur Morse, je ne crois pas
que cette expérience ait changé quoi que ce soit chez moi. »
Après avoir écouté Donna me faire le terrible récit de la nuit où
elle avait failli mourir, j’essayais maintenant de savoir si elle avait vu
sa personnalité se transformer au cours des trois années qui s’étaient
écoulées depuis son expérience de mort imminente.
Bien que son histoire fût semblable aux centaines d’autres cas de
NDE qui m’ont été rapportés depuis cinq ans, mon sang se glaçait
en entendant Donna me la raconter sur un ton aussi neutre.
À l’âge de 12 ans, la jeune fille avait été victime d’une pneumonie
aiguë. Pensant lutter contre la maladie par simple médication, son
médecin avait autorisé Donna à rester chez elle. Il lui avait prescrit
les soins classiques en pareil cas : absorption de médicaments et de
nombreux liquides, et cure de repos. C’est exactement ce à quoi
Donna se conformait le fameux soir où la situation tourna au pire
et failli s’avérer fatale.
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Aux frontières de la mort
Donna explique qu’elle était en train de regarder la télévision,
allongée sur le divan, chez elle, à Cincinnati, Ohio, lorsqu’elle
éprouva soudain des difficultés respiratoires. Elle essaya de ne pas y
penser et se concentra sur le mélodrame bruyant qui se déroulait à
l’écran. Tout à coup, elle eut la sensation qu’une bande métallique
avait enserré sa poitrine, bloquant radicalement sa respiration.
Donna appela sa mère en hurlant.
Le spectacle auquel celle-ci fut confrontée en entrant dans la
pièce devait être alarmant, car elle saisit sa fille et l’entraîna audehors, afin qu’elle puisse prendre l’air. Donna se retrouva donc en
train de parcourir la cour à quatre pattes, suffoquant dans la nuit
froide de l’hiver. Mais ses poumons se resserraient, rendant toute
respiration impossible. La mère de Donna réagit très rapidement.
Elle précipita sa fille dans la voiture et prit à toute vitesse la direction
de l’hôpital. La dernière chose que Donna entendit fut la voix de sa
mère qui hurlait son prénom. Puis la réalité changea radicalement :
« Je me souviens avoir vu une lumière. Elle éveillait ma curiosité, et
je me sentais attirée par elle. Elle ressemblait à la lumière d’un flash :
blanche dorée et extrêmement intense.
Tout à coup, des mains sont parvenues jusqu’à moi et j’ai vu mes grandsparents. Ces mains et mes grands-parents ne faisaient pas seulement
partie de la lumière, ils étaient la lumière. Il y avait des centaines de
mains, il y en avait partout. On aurait dit des sculptures grecques, et
elles me faisaient des signes en direction de mes grands-parents qui
étaient morts depuis plusieurs années.
J’ai communiqué avec mes grands-parents, mais sans leur dire quoi
que ce soit. Je ne me rappelle même pas avoir pensé. Mais j’étais bien
là, avec eux, tandis qu’ils parlaient. Que m’ont-ils dit ?… Que j’avais
résolu la plupart de mes problèmes et pouvais maintenant choisir
l’une ou l’autre voie. C’est-à-dire, rester avec eux dans la lumière ou
réintégrer mon corps. C’était à moi de prendre cette décision, et je
n’étais pas obligée à tout prix de rester avec eux. »
Donna ne se souvient pas avoir pris de décision, mais elle revint à
la vie. Et c’est à une pénible réalité médicale qu’elle se vit confrontée
à son retour. Le médecin qui s’occupait d’elle à l’hôpital déclara que
son « hallucination » avait été causée par des drogues. Comme il ne
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lui en avait donné aucune, il voulut savoir quel type de substances
elle prenait par elle-même.
Sa pédiatre fit la même déclaration. Lorsque Donna et sa mère lui
racontèrent l’expérience de la lumière que la jeune fille avait vécue,
elle répondit qu’elle devait être due à l’absorption d’hallucinogènes.
« Ou alors, ajouta la pédiatre, vous êtes en train de dire que vous
avez fait une expérience de mort imminente ! »
Après avoir entendu l’histoire de Donna, je songeai que c’était
exactement ce qui s’était produit. De toute évidence, on y retrouvait
nombre d’éléments caractéristiques des NDE tels que nous,
chercheurs en cette matière, les avons identifiés. Elle était passée
d’une douleur intense à une sensation de paix et de bien-être. Elle
avait été submergée par une lumière irradiant l’amour, qui l’avait
attirée à elle. Elle avait vu des êtres de lumière – en l’occurrence, ses
grands-parents décédés –, qui l’avaient réconfortée en lui disant que
tout allait bien. Elle s’était trouvée face à une alternative : réintégrer
son corps (dont elle n’avait plus aucune conscience pendant
l’expérience) ou demeurer dans la lumière avec ses grands-parents. Et
maintenant, symptôme officieux, elle était confrontée à l’incrédulité
des médecins qui essayaient de lui dire que cette expérience ne lui
était pas réellement arrivée. En bref, ils lui demandaient d’en nier
la réalité.
C’est à ce stade que j’entrai en jeu. J’assistais à une conférence
médicale, lorsqu’un collègue me présenta Donna. Elle avait lu mon
précédent ouvrage, Des enfants dans la Lumière de l’Au-Delà1, et
souhaitait parler avec un représentant du corps médical capable de
« comprendre ».
De fait, je compris parfaitement sa situation. Ayant discuté de
leur NDE avec des centaines d’enfants et d’adultes, je connais le
scepticisme auquel ils se trouvent confrontés de la part de nombreux
médecins qui ont du mal à admettre que les encyclopédies médicales
n’expliquent pas tout.
Mes entretiens avec une pluralité d’expérienceurs m’avaient
également amené à croire la chose suivante : tous avaient été
1. Éditions Robert Laffont, 1992 (NdT).
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Aux frontières de la mort
transformés par cette expérience de la lumière. Cette notion-là
n’est pas nouvelle ; simplement, aucune étude systématique, étayée
par des contrôles fiables permettant d’en vérifier le bien-fondé, n’a
jusqu’alors été menée.
Certains chercheurs ont même été jusqu’à déclarer qu’on
ne pouvait avoir eu de « véritable » NDE si l’on n’en sortait pas
transformé. Selon Phyllis Atwater, par exemple, l’observation
de répercussions à la suite d’une NDE est la preuve de son
authenticité.
Chez mes propres patients, j’ai constaté que cette transformation
prenait des formes multiples. Certains témoins sont devenus
beaucoup plus aimants et soucieux de leur prochain. D’autres ont
acquis une intelligence prodigieuse dans des domaines auxquels ils
ne connaissaient absolument rien auparavant. D’autres encore ont
même purement et simplement développé des facultés psi, devenant
capables de déchiffrer l’avenir grâce à leurs rêves ou de prédire
intuitivement certains événements de manière très précise.
Mais pour combien de temps ? Certaines personnes qui ont vu
un proche succomber à un cancer du poumon affirment souvent
avoir été transformées par cette expérience et avoir cessé de fumer.
Mais quand on les interroge quelques mois plus tard, elles ont
recommencé.
Combien de temps durent les transformations qui affectent les
expérienceurs ?
Bien qu’aucune étude permettant de les observer objectivement
n’ait été menée, j’avais, au travers de mes propres recherches, acquis
la certitude que toute personne ayant vécu une NDE en revenait
transformée d’une manière ou d’une autre.
C’est pourquoi j’avais posé à Donna la question suivante :
« Alors, en quoi cette expérience a-t-elle changé ta vie ? »
Et j’avais été stupéfait par sa réponse :
« Honnêtement, docteur Morse, je ne crois pas que cette
expérience ait changé quoi que ce soit chez moi. »
J’entrepris d’approfondir mon enquête.
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Aux frontières de la mort
« Peut-être as-tu de meilleures relations avec tes parents ?
– Pas vraiment. Nos relations ont toujours été très bonnes.
– Peut-être as-tu davantage de facilités à l’école », suggérai-je.
Elle réfléchit quelques secondes, puis secoua la tête :
« Non.
– Tu dois être meilleure en maths ?
– Pas du tout », me répondit-elle.
Je me montrai patient, sachant que, souvent, les enfants et les
adolescents n’ont pas l’impression d’avoir changé à la suite de leur
expérience.
« Peux-tu voir l’avenir ? » lui demandai-je.
Elle parut légèrement mal à l’aise.
« Oh, ça…dit-elle. Qui vous l’a dit ? »
Et sans se faire prier davantage, Donna commença à me faire le
récit de rêves prémonitoires. En tout, elle se remémora quatre rêves
relevant de la catégorie des « expériences psi vérifiables », c’est-à-dire
des rêves dont elle fit part à son entourage avant que les événements
qu’ils mettaient en scène ne se produisent.
Par exemple, elle rêva la mort de son grand-père quelques jours
avant qu’elle ne survienne, de manière totalement inattendue. La
nature des songes qu’elle fit à ce sujet est très intéressante. Quatre
nuits de suite, Donna rêva de façon extrêmement claire que son
grand-père se rendait sur le caveau de famille et nettoyait l’endroit
où son nom serait gravé sur la pierre tombale. Puis il s’asseyait au
bord de la tombe et se mettait à parler à son petit-fils, disparu dans
un accident de voiture. Donna ne pouvait entendre ce qu’il disait
dans aucun des quatre rêves, mais à la suite de chacun d’eux, elle
avait confié à sa mère qu’elle pressentait qu’il allait mourir.
Quelques jours après le quatrième rêve, son grand-père succomba
à une crise cardiaque foudroyante.
Après sa mort, la mère de Donna découvrit son journal. Il avait
écrit qu’il était allé balayer la tombe et parler à son petit-fils, et ce,
les jours mêmes où Donna l’avait rêvé.
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Aux frontières de la mort
Donna m’a raconté d’autres rêves de ce type.
Dans l’un d’eux, particulièrement troublant, elle se trouvait dans
une soirée avec une amie. On leur remettait des billets sur lesquels
figurait une inscription. Donna ne se souvenait pas de ce qui était
écrit sur le sien, mais celui de son amie portait le mot « suicide ».
Le lendemain matin, au petit déjeuner, elle raconta son rêve à sa
famille, puis n’y pensa pas plus que cela, jusqu’à ce que, environ une
semaine plus tard, elle se retrouve dans une soirée avec l’amie en
question. Celle-ci commença à lui parler de problèmes familiaux.
Elle lui fit part de son désir de se suicider.
Deux ou trois jours plus tard, Donna eut tout à coup la
prémonition que son amie avait mis sa menace à exécution. Non par
le biais d’un rêve ou une vision, explique Donna, mais à travers la
sensation très forte que cette amie chère essayait de mettre fin à ses
jours. Paniquée, Donna se précipita chez elle. Elle la trouva dans la
salle de bains, en train de s’ouvrir les veines des poignets ! Grâce à
son intervention, la jeune fille put obtenir une aide psychiatrique. Le
rêve de Donna comme sa prémonition étaient donc devenus réalité.
Donna a eu d’autres rêves de type psi. Il est arrivé qu’elle et une
amie fassent le même rêve, alors que cette dernière était partie en
colonie de vacances. Une fois, Donna vit en songe le contenu d’une
lettre qu’elle fut capable de décrire à la personne qui l’avait rédigée,
alors que la lettre ne lui était pas encore parvenue. Une autre fois
encore, Donna eut ce qu’on pourrait décrire comme une vision : elle
faisait une randonnée en montagne, lorsqu’elle vit une de ses amies
suivie par une ombre. Elle lui cria de faire attention et, à ce moment
même, une saillie rocheuse se désagrégea sous les pieds de son amie.
Donna pense que son intervention a sauvé son amie d’un accident
de montagne. Si je me réfère à l’enregistrement de son témoignage,
il ne fait aucun doute qu’elle a raison.
« Morts » différentes, mais caractéristiques post-nde
communes
« Il semble donc que cette NDE ait bel et bien changé les choses
pour toi », constatai-je. Elle se mit à rire et reconnut que c’était vrai.
Comme tous les autres, Donna avait été transformée.
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Aux frontières de la mort
Eu égard à l’intérêt suscité par Des enfants dans la Lumière de
l’Au-Delà, des centaines de personnes qui avaient vécu des NDE
ont pris contact avec moi ; des adultes, pour la plupart, qui s’étaient
colletés avec la mort lorsqu’ils étaient enfants. Il y avait ceux qui
avaient failli se noyer et ceux qui avaient été frappés de plein fouet
par des voitures lancées à toute vitesse. Certains étaient morts au
cours d’une opération des amygdales, d’autres en se mettant la tête
dans un sac plastique, manquant ainsi de s’étouffer. D’autres encore
avaient été victimes d’une défaillance respiratoire, en réaction à la
pénicilline. Un couple avait sombré dans le coma après avoir reçu
des coups de battes de base-ball. Une femme avait même reçu une
décharge électrique dans l’oreille, alors qu’elle téléphonait pendant
un orage.
Ces personnes avaient frôlé la mort de manières très différentes.
Mais après m’être entretenu avec elles, je réalisai qu’elles avaient une
chose importante en commun : elles avaient été transformées.
Pratiquement aucune n’avait peur, ou alors très peu, de la mort.
Même si cette expérience leur était arrivée plusieurs dizaines d’années
auparavant, ces personnes n’avaient rien perdu de leur sérénité par
rapport l’idée de mort. Pourquoi ? Parce qu’elles savaient, elles
avaient eu connaissance du message provenant de cette lumière
que presque toutes avaient vue. Comme me l’expliquait une fillette
de 10 ans : « C’était comme si je vivais une autre vie. Je n’ai plus
vraiment peur de la mort, parce que j’en sais davantage sur elle,
maintenant. »
Toutes avaient aussi en commun un formidable appétit de vivre.
Je veux dire par là qu’elles étaient en quête de tout ce que la vie peut
offrir et cherchaient à en profiter jusque dans les plus petites choses.
Parfois, elles n’avaient pas même conscience de ce changement
fondamental qui s’était opéré dans leur attitude. Ainsi, une femme
de 70 ans m’a déclaré : « M’interviewer serait une perte de temps,
car ma NDE n’a pas eu la moindre conséquence sur ma vie. Et puis,
je n’ai pas le temps. Entre mon jardinage, mes activités de bénévolat
et mon travail à mi-temps, j’ai déjà beaucoup à faire. Je n’ai rien
d’extraordinaire. »
Peur quasi inexistante de la mort et appétit de vivre sont donc
deux caractéristiques communes à tous les témoins que j’ai interrogés.
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Aux frontières de la mort
Mais parmi eux, j’ai découvert des différences d’une nature qui allait
bien au-delà du simple changement d’attitude.
Un grand nombre d’entre eux ont déclaré vivre des
transformations de type paranormal ; d’autres, avoir développé
une intelligence beaucoup plus élevée. L’année qui a suivi sa propre
NDE, l’un d’eux, conducteur de chasse-neige au nord de l’État de
New York et répondant au nom très américain de Tom Sawyer,
s’est mis à écrire des suites de chiffres et de symboles, sans savoir
pourquoi il les écrivait ni ce qu’elles signifiaient. Il se surprenait
fréquemment à griffonner ainsi de manière distraite pendant les
pauses café ou le soir, après le travail. Lorsqu’il montra le fruit de ses
rêveries à un professeur de faculté, il découvrit qu’il avait écrit les
équations de Max Planck, physicien qui contribua largement aux
connaissances que nous avons aujourd’hui sur la théorie atomique.
Sawyer déclare maintenant que son expérience de mort imminente
fut un « cours accéléré de physique nucléaire ». Mais pourquoi et
comment une personne dont le niveau d’éducation ne dépasse pas
le lycée a-t-elle pu accéder à de telles informations ? Les a-t-elle
apprises de la lumière ?
D’autres témoins étaient certains d’avoir développé des facultés
psi. À l’instar de Donna, certains pouvaient annoncer ce qui allait
arriver dans le futur. Après avoir rêvé que son frère était assassiné
par des gens qui avaient fait intrusion chez lui, une femme fut
tellement perturbée par sa capacité de voir l’avenir qu’elle se fit
prescrire des médicaments ; pendant presque cinq ans, elle prit des
substances qui anesthésiaient ses sens et empêchaient ses facultés psi
de se manifester. Finalement, lassée de l’existence apathique qu’elle
menait, elle cessa de prendre ses médicaments ; aujourd’hui, elle
a accepté l’idée de connaître l’issue de certains événements avant
qu’ils ne se produisent.
Pourquoi avait-elle le privilège, ou peut-être la malchance,
d’accéder à de telles informations ?
À mesure que le temps passait, j’observai beaucoup d’autres
changements. Certains étaient très profonds, comme dans le cas de
ces gens dont l’intelligence avait crû ou qui s’étaient découvert des
facultés psi. D’autres se révélaient beaucoup plus subtils. Par exemple,
nombre des personnes que j’ai interrogées ne pouvaient porter de
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Aux frontières de la mort
montre parce que « quelque chose » les déréglait systématiquement.
Plusieurs m’ont raconté que des « anges gardiens » les avaient
accompagnées de leur présence encore longtemps après qu’elles ont
fait l’effrayante expérience de frôler la mort. J’ai été fasciné par l’aide
qu’elles ont reçu de ces miséricordieux compagnons.
Plus je parlais à ces personnes, plus j’étais fasciné par ce qu’elles
me racontaient et pensais que cela méritait de faire l’objet d’une
recherche scientifique. C’est après avoir entendu le récit d’Olaf
Sunden que je décidai d’entreprendre une étude, aussi minutieuse
que possible, sur cette multitude de gens qui ont vu leur vie se
transformer.
nde et connaissance à partir d’une étude de cas
Les circonstances dans lesquelles Olaf Sunden a frôlé la mort
sont assez banales. Mais ce qui est arrivé à la suite de son expérience
de mort imminente dépasse mon entendement.
À l’âge de 14 ans, Olaf s’est fait opérer des amygdales. Au cours de
cette intervention chirurgicale anodine, il fut victime d’une overdose
d’éther, incident fréquent à cette époque où l’éther était versé goutte
à goutte sur un morceau de coton que l’on approchait du visage du
patient. Olaf cessa de respirer, et le chirurgien, paniqué, se mit à le
secouer. À ce stade, son cœur aurait pu cesser de battre. Bien que
médicalement dans un état de coma, Olaf éprouvait la sensation
d’être mort. Comme il l’a écrit dans un récit très impressionnant :
« Tout à coup, je me suis mis à rouler à l’intérieur d’un ballon et j’ai
eu l’impression de m’écraser contre un mur avant d’être propulsé dans
une autre réalité. Le passage de ce côté-ci à l’autre a été extrêmement
pénible, je suffoquais. Les forces qui m’ont permis de franchir la
barrière de la mort étaient d’une puissance extraordinaire et cette
barrière, d’une résistance extrême.
Brusquement, je me suis retrouvé de l’autre côté, et toutes mes
souffrances s’étaient évanouies. J’avais perdu tout intérêt pour ma vie
biologique, avec laquelle je n’avais plus aucun lien. [J’ai réalisé que]
la frontière entre la vie et la mort est une création étrange de l’esprit.
Vue de ce côté-ci [celui de la vie], elle paraît horrible et très réelle,
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Aux frontières de la mort
mais quand on la perçoit depuis l’autre côté, c’est quelque chose
d’insignifiant.
Ma première impression fut un effet de totale surprise. Comment
pouvais-je exister dans des conditions aussi agréables ? Sentir et penser
tout en étant mort, alors que je n’avais pas de corps ? »
Olaf avait la sensation de flotter dans un « univers illimité » qu’il
percevait comme un système de bulles de savon se rétrécissant ; elles
lui apparaissaient en séries de forme sphérique ou concentrique
qui se mouvaient selon des schémas complexes qu’Olaf comprenait
parfaitement.
Au seuil de la mort, ce jeune homme de 14 ans qui enregistrait
des résultats scolaires médiocres eut l’impression qu’on lui avait
remis la clé de l’univers. « J’avais la sensation d’une compréhension
totale grâce à laquelle tout devenait absolument limpide », a-t-il
écrit.
Au cours de son expérience de mort imminente, Olaf s’est trouvé
face à une « lumière orange éclatante » qu’il a baptisée « point
d’annihilation » ; lieu passablement inquiétant, mais qui lui a permis
d’accéder à cette compréhension universelle.
Alors qu’Olaf voulait rester dans la lumière, il sentit son « esprit
se diviser en deux » ; la partie omnisciente fut rejetée. Il la vit
disparaître au-dessus de lui sous la forme d’une belle et éclatante
galaxie de lumière, tandis qu’il était précipité dans un tunnel à l’issue
duquel il serait forcé de réintégrer son corps. Il a écrit à ce propos :
« Je me souviens avoir pensé : “qu’il me soit donné de comprendre cette
nouvelle physique de la relativité.” Puis j’ai senti un choc et me suis
trouvé embarqué dans une chaîne, avant d’être précipité avec une force
inouïe à l’intérieur de mon corps. J’ai rassemblé toute mon énergie
pour me souvenir de cette compréhension cosmique du mécanisme
universel. »
C’est dans une salle d’opération vivement éclairée que prit fin le
voyage cosmique d’Olaf ; lorsqu’il se réveilla, il était entouré de verre
brisé et d’instruments épars, de quatre chirurgiens dans tous leurs
états et deux infirmières paniquées. Deux ans plus tard, il apprit qu’il
avait gardé ses amygdales, qu’on ne les lui avait jamais enlevées.
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Aux frontières de la mort
Cette NDE changea immédiatement le caractère d’Olaf. L’élève
moyen qu’il était devint un sujet arrogant, non conformiste, même,
qui refusait les réponses de ses professeurs pour partir en quête des
siennes. Il se servit des théories qu’il avait apprises de l’« autre côté »
pour expliquer les travaux d’Albert Einstein.
Au départ, Olaf eut le sentiment que cette expérience de mort
imminente n’était pas beaucoup plus qu’un rêve extraordinaire.
C’est quand ce garçon qu’on avait toujours jugé peu doué pour
les études se vit accéder à la licence qu’il réalisa que quelque chose
s’était passé lors de son aventure cosmique.
Il n’en demeura pas moins sceptique sur la vision qu’il avait
eue jusqu’au milieu des années 1960, alors qu’il avait dépassé la
quarantaine. C’est à cette époque, quand la découverte du neutrino
fut rendue publique, qu’Olaf s’aperçut que les manifestations de
clairvoyance survenues au cours de sa NDE n’étaient pas erronées.
Un neutrino est un type de particule nucléaire capable de traverser
le noyau massif d’une étoile sans en être affecté ou transformé. Les
lectures d’Olaf concernant les neutrinos l’amenèrent à réaliser qu’ils
étaient parmi les particules qu’il avait vues lors de sa NDE ; c’étaient
les fameuses « bulles de savon » qui traversaient des corps solides.
Aujourd’hui, Olaf pense que son expérience lui a apporté une
compréhension fabuleuse de la nature de l’univers. Une mystérieuse
source d’intelligence a été captée. Non seulement Olaf est plus
intelligent, mais il est aussi libéré d’une forme de pensée qui le
limitait à l’acceptation de certaines théories et valeurs.
La preuve de cette intelligence réside dans ses nombreuses
réalisations scientifiques ; la plupart d’entre elles n’auraient pu voir
le jour si Olaf n’avait fait confiance à l’intuition qu’il a acquise lors
de sa NDE. Aujourd’hui, il parle de l’opération des amygdales qui
faillit lui être fatale comme de son « don cosmique ».
Olaf détient environ une centaine de brevets chimiques et est
à l’origine de découvertes qui ont fait de lui l’un des ingénieurs les
plus en vue dans le domaine de la recherche et du développement.
Il a découvert une méthode permettant d’utiliser davantage de craie
dans la fabrication du papier. À l’origine, ce dernier est fait à partir
de pulpe de bois provenant d’arbres broyés. Grâce à une perception
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Aux frontières de la mort
scientifique extrêmement développée, Olaf a découvert un moyen
d’inclure 25 % de craie ou de kaolin en plus dans le papier, sans
rien changer à sa qualité. Cette découverte se traduit par une baisse
d’environ 25 % du nombre d’arbres abattus pour satisfaire nos
besoins en papier.
Pour démontrer l’authenticité de son « don cosmique », Olaf
apporte une autre preuve. Il y a vingt-cinq ans, sa fille, qui était
adolescente, fut victime de plusieurs blessures graves à la tête dans
un accident de voiture. Elle sombra dans un coma de trois mois que
les médecins déclarèrent irréversible. Ils ne cachèrent pas à Olaf que
sa fille passerait le restant de ses jours dans un état végétatif.
Dans cette situation désespérée, la NDE qu’il avait vécue vint
au secours d’Olaf et de sa fille. Bien qu’il dût accepter le diagnostic
des neurologues, Olaf ne pouvait admettre l’idée que toutes les
possibilités pour ramener sa fille à un état d’existence correct avaient
été épuisées. Selon lui, elle se trouvait de l’autre côté, dans une
situation semblable à celle qu’il avait lui-même connue après avoir
été victime d’une surdose d’éther. Il se rappela comment, lors de sa
propre NDE, le souvenir de nager dans la mer au même rythme que
les vagues lui était revenu et lui avait montré le chemin du tunnel
par lequel il revint à la vie. Peut-être un souvenir de vie pourrait-il,
de la même manière, provoquer le retour de sa fille. Par chance, Olaf
était en possession d’une substance médicale étrangement proche
de la caféine, qu’il avait testée avec succès sur lui-même et sur sa
fille, afin d’augmenter leur mémoire à l’occasion de conférences
scientifiques et d’examens scolaires.
En désespoir de cause, Olaf décida de tenter une ultime
expérience avec cette substance. Le premier essai, sept semaines
après l’accident, eut un effet spectaculaire. Plongée dans un état
d’inconscience et de léthargie, sa fille essaya de se dresser sur
son lit pendant quinze minutes, avant de sombrer à nouveau
dans le coma le plus total. Une semaine plus tard, une seconde
tentative donna un résultat beaucoup plus concluant. Consultés,
les médecins déclarèrent que, contre toute attente, le coma
devenait réversible, même si aucun contact avec le cerveau de
la patiente ne pouvait être établi avec certitude. Mais le retour
à la vie s’était amorcé, et, un mois plus tard, la jeune fille reprit
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Aux frontières de la mort
conscience. Puis elle se révéla capable de répondre à des questions
de mathématiques en pressant la main de ses interlocuteurs.
Un mois après avoir repris conscience, elle passa un examen de
mathématiques et le réussit, alors qu’elle aurait échoué en temps
ordinaire. Elle mit trois ans à réapprendre à marcher et dut subir
deux douloureuses opérations des yeux. Elle est aujourd’hui
mariée et mère de deux enfants, mais l’une de ses jambes, restée
paralysée, l’handicape pour marcher.
Selon Olaf, cette tragique histoire laisse à penser que les « dons
cosmiques » de ce type devraient faire l’objet d’une observation
scientifique sérieuse.
C’est en lisant des revues médicales telles que Lancet et The
American Journal of Diseases in Children qu’Olaf apprit l’existence
de mes travaux. Puis il lut Des enfants dans la Lumière de l’Au-Delà,
avant de m’écrire. Dans sa lettre, il me demandait s’il pouvait quitter
la Suède, où il habite, pour venir me rendre visite ; je lui répondis
que j’en serais très honoré.
Nous nous sommes rencontrés au colloque international sur
les NDE qui s’est tenu à Washington. Olaf est un homme de
haute taille, âgé d’un peu plus de 70 ans. Avec ses cheveux
grisonnants et son allure distinguée, c’est le genre d’homme
dynamique qu’on imagine plus volontiers dans les appartements
d’un ambassadeur qu’à une rencontre d’expérienceurs. Quand
bien même, Olaf fut ravi de côtoyer tant de gens qui lui
ressemblaient ; des gens qui, comme lui, avaient acquis une
compréhension exceptionnelle de la vie en passant brièvement
la frontière de la mort.
Nous allâmes dîner dans un restaurant français de Georgetown.
Olaf s’adressait au serveur avec aisance en français. Ayant commandé
une bonne bouteille, il en vint à l’objet de sa visite.
« Je ne me considère plus comme fou ou marginal à cause de ce qui s’est
passé, me dit-il. Je sais que cette expérience m’est réellement arrivée,
et que ce n’était pas un rêve fantastique. Mais il y a une question que
je me pose : cette connaissance provenait-elle de mon propre cerveau,
ou d’ailleurs ? Et cet univers dans lequel je suis entré. Ai-je vraiment
accédé à une autre réalité ? »
30
Table des matières
Qu’est-ce qu’une expérience de mort imminente ?
Remerciements
7
13
1
Ils ont été transformés
« Morts » différentes, mais caractéristiques post-nde communes
nde et connaissance à partir d’une étude de cas
La révélation de l’arc-en-ciel
Un ange gardien écrivain
Genèse de la recherche
Les questions de l’étude des transformations
Les témoins ont-ils réellement moins peur de la mort ?
Les témoins voient-ils réellement leurs facultés psychiques
augmenter ?
23
26
31
33
35
39
39
40
2
L’étude des transformations
« J’ai été traversée par la foudre »
La philosophie et l’histoire des témoins passées au crible
La faculté de voir des drames à venir
Des heures entières d’observation minutieuse
Des avocats aux ouvriers à la chaîne
Pourquoi cet intérêt de ma part ?
Des résultats stupéfiants
237
46
48
54
55
58
63
71
Aux frontières de la mort
3
Nulle peur de vivre ni de mourir
Rescapés et témoins
Autres expériences paranormales
Transformés par la lumière ?
« Le sentiment de bien-être le plus total »
« La connaissance engendre la paix »
« Sois une bonne mère »
« J’ai été attirée par la lumière blanche »
« La lumière m’a débarrassée de toutes mes craintes »
Apprendre des expériences des autres
Une plus grande capacité à surmonter les épreuves
Une signification universelle
78
80
81
82
85
86
87
89
90
91
93
4
Quand l’esprit devient visionnaire
Les Geller Junior
« J’ai été envahi par un terrible sentiment »
« J’ai rêvé la mort de mon oncle »
« Cette électrocution m’a précipité à l’autre bout du pays »
« Je les ai vus essayer de tuer mon frère »
Le bébé m’a dit que son bras lui faisait mal
Des expériences étonnamment fréquentes
« J’ai prédit sa mort »
Par-delà la négation des expériences
La valeur des visions
101
103
104
105
106
107
112
114
117
117
5
Croire en l’invisible
Ces récits ne sont pas des contes populaires
Des histoires bien réelles
Les éléments communs à toutes les nde
Des expériences venues des confins de l’Afrique
Une expérience envoûtante… et déroutante
Une empreinte unique
238
124
128
132
133
137
139
Aux frontières de la mort
6
Les circuits cachés du mysticisme
Les montres qui s’arrêtent
Une puissante force intérieure
La dualité du système nerveux
Guérie par la lumière
Comment de nouveaux membres peuvent-ils se développer ?
Guérie du cancer
Le « cri de lumière » du changement
Des changements de courant
Le mystère subsiste…
« Oh, mon Dieu, je suis morte ! »
La guérison « d’énergie minimale »
La transformation d’Annie
Une explication aux phénomènes paranormaux
Une théorie qui réconcilie le physiologique et le spirituel
145
146
149
150
153
154
156
158
159
160
162
163
165
167
7
Les artefacts de la transformation
Une lumière transformatrice
« Comme si j’avais deux paires d’yeux »
Une réaction issue des circuits du mysticisme
Anges gardiens et fantômes
Les anges gardiens
« J’ai vu une petite fille qui flottait »
Un ange sur le champ de bataille
Des fantômes
« On a frappé à la porte »
Une connexion avec le divin
Les expériences au seuil de la mort peuvent-elles être partagées ?
De solides pièces à conviction, non des preuves
Des dossiers montés avec beaucoup de soin
Autres sources d’informations
Des expériences quelquefois perturbantes
Un rêve partagé
239
171
173
174
175
176
177
178
178
179
180
181
183
184
185
187
188
Aux frontières de la mort
Un terrain mûr pour la recherche
Quand on n’ose pas croire aux visions
Les nde infantiles sont-elles possibles ?
Des souvenirs bien plus précis qu’on ne le croirait
Un rêve qui correspondait bien à la réalité
La vivacité d’un éclair lumineux au fond d’une caverne obscure
189
190
191
192
194
196
8
La lumière divine
« Le croque-mort hilare »
L’exploration des phénomènes psi
La quintessence de l’étude des transformations
Transfigurés par la lumière
Peur et proximité de la mort
La dualité du système nerveux
« Ressuscitée » par une nde
Un phénomène difficile à exposer malgré son évidence
Sabotage d’un suicide
Elle a maîtrisé sa destinée
La connaissance, non l’aveuglement
Un moment extrêmement intense
Une expérience qui bouleverse les êtres au plus profond
d’eux-mêmes
Croire aux visions
Applications cliniques
Un savoir aux pouvoirs transformateurs
202
204
205
207
208
209
211
213
214
216
218
219
221
222
223
228
Annexe
Les données chiffrées de l’étude des transformations
Résultats
233

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