Revue belge de numismatique et de sigillographie

Transcription

Revue belge de numismatique et de sigillographie
.
REVUE BELGE
DE
NUMISMATIQUE
SOUS LES AUSPICES DE LA SOCIÉTÉ ROYALE DE NUMISMATIQUE
3DIIOSaT:ElT7:EtS
MM.
lb V>« B. un
JONGHE,
tu C"> Tn.
s
• UMBURG-STIRUM ht A. db WITTE
1905
SOIXANTE ET UNIÈME ANNÉE
BRUXELLES,
J.
GOEMAERE, IMPRIMEUR DU ROI,
l^ue de la Limite, 2 1
igo5
45 7
LETTRES DE LA FIN DU
e
SIÈCLE
XVIII
RELATIVES A LA
COLLECTION DE L'ABBÉ GHESQUIÈRE.
L'abbé Ghesquière, numismate de
XVIII e
Il
fin
du
avait su se créer une collection
siècle,
importante.
la
commença
la
publication de divers
ouvrages de numismatique, que
les
événements
politiques de la République française interrompirent.
Antérieurement à
séries de
monnaies
la
révolution de 178g, les
et médailles, qu'il était arrivé
à constituer, étaient considérées
comme particumême répu-
lièrement intéressantes. Elles étaient
tées contenir des pièces d'une rareté exceptionnelle.
Les deux
ci-après, adressées
lettres
de
Bruxelles à Paris par un ecclésiastique, ami de
l'abbé Ghesquière, fournissent à cet égard des
détails
que
les
avec curiosité
numismates du temps actuel
liront
:
De
Bruxelles, le 3o mai 1786.
AUX AUTEURS DU JOURNAL.
Tout
ce qui concerne notre
bon
roi
Henri IV étant,
messieurs, d'un grand intérêt pour la nation, je crois faire
plaisir à
vos lecteurs en leur donnant connaissance d'un
beau médaillon de ce prince frappé en 1598, à l'occasion
4 58
de
la
paix de Vervins, et que
vu
j'ai
M.
chez
ici
Ghesquière, rédacteur des Analectes Belgiques.
daillon d'or, de la
une once
et
demie
grandeur d'un écu de
25 grains poids de marc, représente
et
FRANCOR ET NAV
IIII
'
Ce mé-
six livres, qui pèse
d'un côté Henri IV en buste avec cette légende
CUS
l'abbé
HENRI-
REX. La
•
•
:
figure
du prince ressemble parfaitement aux bons portraits que
nous avons de
lui.
Sur
le revers
du médaillon, on
femme
caducée
une branche
et
au-dessus d'un autel
;
la
d'olivier, et
de
voit
une
main gauche un
vêtue à la romaine, tenant de la
la droite
une patère
légende du revers est ainsi conçue
:
PACE TERRA MARIQVE PARTA, et dans l'exergue
lit
OPTI PRIN 1598. La noble et majestueuse
on
*
:
simplicité de ce revers, qui
monétaires romains,
un mot contribue
l'honneur de qui
le
retrace le
beau
relief
du médaillon, tout en
à rendre cette pièce
elle fut
digne du prince en
frappée. Elle
d'une très grande rareté, au moins ne
de l'avoir vue dans aucun cabinet, pas
du
roi,
M.
où
elle
manquait encore
il
goût des anciens
est
certainement
me rappelai-je pas
même dans celui
y a douze
ans.
l'abbé Ghesquière, qui possède ce médaillon, en a
aussi plusieurs autres grecs et romains, ainsi qu'une belle
suite de consulaires et d'impériales de différents
et
de monnaies belgiques, dont
il
tion en plusieurs mémoires, qui recevront
distingué,
paraît
ici
s'ils
modules
doit donner une descrip-
sont aussi instructifs que
un
le
accueil très
premier, qui
depuis quelques mois chez Lemaire, libraire. (En
voici le titre
:
Mémoire sur
trois points intéressants de
r histoire monétaire des Pays-Bas avec
les figures
de plu-
sieurs monnaies belgiques, tant d'or que d'argent, frappées
avant l année 1450,
in-8°,
grand format de 214 pages,
avec 6 planches fidèlement gravées.
Ce premier mémoire
459
sera suivi de cinq autres, qui paraîtront successivement.)
M
r
Ghesquière communique toutes
l'abbé
numismatiques
et littéraires
ses richesses
avec cette urbanité et empres-
sement qui caractérisent un véritable amateur.
On
m'assure que dans l'arsenal de cette
sieurs armes,
envoya
on conserve
l'épée
à l'archiduc Albert en
guerre; mais
je
n'ai
signe de
pas encore eu
le
parmi plu-
ville,
que notre
roi
Henri IV
de
déclaration
temps de
visiter cet
arsenal; depuis trois jours, la Bibliothèque royale et celle
de M. Santander ont pris tout
Je vous écris à
la
place Royale, faite sur
n'est finie
que depuis
une grande
mon
temps.
hâte de l'hôtel de Bellevue, situé sur
modèle de
le
ou quatre
trois
celle
ans, et
où
vu avec
j'ai
du
satisfaction la statue pédestre en bronze
prince Charles de Lorraine, fondue à
la
de Nanci, qui
feu
Mannheim, sur
le
modèle de Pierre Verschaffelt, de Gand, laquelle m'a paru
bon goût. Elle
assez ressemblante et d'un
le
beau portail de
l'église
denberg, chez qui sont
est placée
devant
des chanoines réguliers de Gou-
retirés,
sous
la
protection de l'empe-
reur, les savants auteurs des Actes des Saints et des
Ana-
Belgique s.
lectes
J'ai
l'honneur
d'être, etc.
L'Abbé DESt-L***(0-
Trois ans après,
le
correspondance avec
le
même
abbé continuait sa
journal de Paris. Il annon-
au public que M. l'abbé Ghesquière avait
l'intention de vendre trois importantes médailles
çait
d'or, sur lesquelles
i)
tulé
:
Journal de Paris du
Variété.
il
fournissait,
dans
les
termes
3 juin 1786. n» i54, p. 638. Article inti-
460
renseignements
des
ci-après,
circonstanciés
Paris,
:
avril 1789.
g
AUX AUTEURS DU JOURNAL.
Un
imprimé, que l'on vient, messieurs, de m'en-
avis
M.
l'abbé Ghesquière,
ville, est
déterminé à vendre
voyer de Bruxelles, m'apprend que
membre
de l'Académie de cette
sa belle collection de livres rares et de médailles grecques,
romaines
gauloises
et
des trois métaux et de tous
modules. Le prix de cette collection, que
s'est
occupé
l'abbé Ghesquière ait fait
il
propriétaire
le
former depuis quatorze ans, a été évalué par
à
des connaisseurs à 1,000 louis d'or
plus rares,
les
offre
imprimer
(1).
En
la
liste
attendant que
des pièces
les
de céder aux amateurs trois beaux mé-
daillons d'or; le premier est celui de notre
bon
roi
Henri IV,
frappé en 1598 à l'occasion de la paix de Vervins, dont
vous adressai
il
a trois ans
y
de Bruxelles
que vous publiâtes dans votre journal du
Le second médaillon
séculaire de la confession
celui
que
fit
faire
3 juin
fut frappé le 25 juin
1
786, n°
1
54.
i63o pour l'année
d'Augsbourg Le troisième
est
en i663 Michel Apasi, prince de Transyl-
vanie. Les trois pièces sont d'une grande rareté en or.
prix de la première, qui pèse
au poids de marc,
est fixé à
je
description
la
est de
une once
et
3o louis d'or. Celui des deux autres
10 louis chacune;
j'ai
pensé que cette annonce
pouvait être agréable aux amateurs de médailles
livres anciens; ils
Le
demie 25 grains
doivent s'adresser
d'ici à la fin
et
de
du mois
prochain à l'abbé Ghesquière, au Refuge d'Affligein, à
Bruxelles.
L'Abbé DE S*-L***
(1)
Environ 24,000 francs.
(2)
Journal de Paris du mercredi i5
Article intitulé
:
Variété.
avril 1789,
(2).
n° io5, p. 477.
4 6i
La première
question qui se pose, est de savoir
exactement quelles étaient
les médailles ainsi pro-
posées en vente à l'amiable.
La première a
publiée dans
le I
été facile à retrouver. Elle a été
er
volume des
du Trésor de Numismatique
,
Médailles françaises
XXIX,
p. 23, pi.
n° 5.
Les coins n'en existent plus à la Monnaie de
Paris, car ils ne figurent pas dans le Catalogue
des médailles françaises dont les coins sont conservés
au musée de
cet établissement, publié
en 1892. Le Cabinet des médailles de Paris en
possède un exemplaire en argent. L'exemplaire
d'or,
que l'abbé Ghesquière estimait
encore partie de sa collection au
si rare, faisait
moment
de la
vente, qui en fut effectuée le 6 juillet 1812.
catalogue, dont
le
volume mentionnant
Le
les prix
d'adjudication fait partie de la riche collection
bibliographique de M. A. de Witte, énonce cette
pièce sous le n° 4474 en y ajoutant les mentions
médaillon d'une belle exécution et d'une parfaite
:
conservation
comme
poids d'or
une once
et
unique
réputé
:
valeur
i38 francs
(1).
demie, indiqué dans la
matérielle
Le poids de
lettre,
repré-
sente 47 gr. 117 mil., ce qui montre que le gramme
d'or a été alors calculé à raison de 3 fr. i5 cent,
le
gramme environ
(1)
II
n'a pas été possible de dé-
Nous croyons intéressant de donner
le titre
complet de cet ancien
catalogue ainsi qu'un résumé succinct de son contenu
:
Catalogue d'une collection choisie de médailles antiques, grecques
et
romaines, en or, en argent et en bronze, de plusieurs modules,
et
d'une
-
462
couvrir
nom
le
ni de l'adjudicataire qui
paya son
acquisition 325 francs, ni celui du détenteur actuel
de ce beau médaillon d'or, qui, espérons nous, n'a
pas été fondu. La présente publication amènera
peut-être le possesseur de ce spécimen unique à se
faire connaître.
La seconde
pièce est loin d'être aussi rare que
l'auteur des lettres ci-dessus semblait le croire.
Nous devons
à l'obligeance
Simonis
d'être
parvenu à
n'est pas
une médaille,
MM.
de
l'identifier.
elle est
Alvin
D'abord,
et
elle
une monnaie. C'est
ducat courant frappé à l'occasion de l'année
le
séculaire
de la confession
employer
la
d'Augsbourg. Pour
dénomination courante, c'est une
collection de médailles et
Belgique, de
la
France, de
monnaies modernes en
la
Hollande
et autres
trois
métaux de
la
contrées de l'Europe,
suivi d'objets divers et délivres, qui traitent de la numismatique, le tout
rédigé par P. F. de Goesin-Verhaege, dont la vente se fera publique-
ment sous
salle
sa direction
Boucherie, à Gand, par
et
:
Lundi 6
juillet
1812 et jours suivants, dans
de vente, rue du Point-du-Jour(Korte Dag-Ste^e), près
le
De Coninck, en
ministère du greffier
la
la Petite-
francs
centimes, payable en trois mois avec augmentation du vingtième
denier Prix
A Gand,
:
1
franc et demi.
de l'imprimerie de P. -F. De Goesin-Verhaege, rue Haut-
port, no 229, et se trouve à
Paris, chez Tilliard
frères,
rue Haute
feuille, n° 22.
Ce catalogue de 320 pages contient
:
i°
Monnaies romaines, du n°
2
Monnaies grecques, du n° 3g52 au no 441 1;
Monnaies belges et autres modernes, du n° 4412 au n° 5455;
3°
1
4° Objets divers d'antiquité, 49
5° Livres, 25
vrages.
au n° 3g5i bis
numéros
;
;
numéros comprenant chacun un
certain
nombre
d'ou-
463
pièce
commémorative ou de circonstance. Elle
mentionnée sous
de vente avec
les
est
le n° 4502 de ce même catalogue
mentions médaille d'or frappée
:
à l'occasion de l'année séculaire de la Confession.
Valeur matérielle
comme
poids d'or
Elle n'était, en conséquence,
Un exemplaire
courant.
que
fr.
:
g.3o.
simple ducat
le
en figure dans les cartons
du Cabinet des médailles de Bruxelles aussi bien
que dans
les
teurs de
monnaies allemandes ou protestantes.
collections de la plupart des
Son poids de
ama-
3 gr. 48 correspond à la valeur
matérielle indiquée de
fr.
g.3o.
Le
prix d'adjudi-
cation ne fut que de 11 francs, très peu supérieur
La
à la valeur intrinsèque.
considérée
comme une
pièce ne fut pas plus
rareté en 1812 qu'à l'épo-
que actuelle.
La
troisième médaille d'or, qui aurait été frap-
pée sur l'ordre de Michel Apasi, prince de Transylvanie, ne se trouve pas énoncée dans le cata-
logue en question, qui ne contient
monnaie de
découvrir
le
ce pays.
Il
même aucune
n'a pas été possible de
motif pour lequel
a
elle
disparu
entre 1789 et 1812. M. l'abbé Ghesquière l'a peut-
vendue ou perdue. On ne peut
être
faire
à cet
égard que des suppositions.
Il
semble plus aisé de se rendre compte de son
type.
qui,
Nous venons de
dans sa
la pièce
lettre,
voir que l'abbé français,
avait apprécié à
commémorative de
si
haut prix
la confession
d'Augs-
bourg, n'avait pas su opérer la distinction entre
464
une médaille
une monnaie.
est vraisemblable
Il
continué de faire une confusion identique
qu'il a
au sujet de
En
et
la pièce d'or
de Michel Apasi.
Transylvanie, on comptait en or par ducats.
Michel Apasi, prince de Transylvanie, de 1661 à
1690, fit frapper au cours de l'année i663 des pièces
d'or de 10, de
5,
de 3 et de
ducat.
1
Le récent
ouvrage de M. AdolfResch: Siebenbergische Miïnzen
und Medaillen, mentionne
vants
les
exemplaires
sui-
:
Pièce hexagonale d'essai de 10 ducats portant
i°
d'un côté
le
buste d'Apasi de profil, à droite, et
ayant les armoiries transylvaniennes au revers.
Poids
34 gr. 5o cent.
Pièce ronde de 10 ducats d'or, semblable à
2°
:
;
l'essai qui précède,
Deux
3°
cats,
sauf la rotondité
;
variétés de pièces d'or rondes, de 5 du-
pesant chacune 17 gr. 5o cent., et étant l'une
la précédente, l'autre d'as-
semblable au type de
pect légèrement distinct et portant aux deux côtés
de la pointe inférieure de l'écu transylvanien les
C B pour
initiales
viensis,
—
Brassau
indiquer C(ivitas) B(rasso-
—
Brassowa, en allemand
Cronstadt, l'atelier de frappe
Une
Une
4
5°
(1)
;
pièce d'or de trois ducats
pièce d'or de
un ducat
;
(2)
;
(i)Engelet Serrure, Numismatique moderne, XVI e -XVIIIe
Vol.
(2)
1,
p. 38 7
siècles,
.
Siebenbergische
Mùnçen und Medaillen, par Adolf Resch,
imprimé à Hermanstadt en
1901, pp. i56 et i58
N 0s
i3 à 27.
Nous remercions M. Edmond Gohl, directeur du Numismatikai
,
465
Nous devons laisser de côté les autres monnaies
ou médailles signalées par le même auteur et portant d'autres dates que i663, notamment les spécimens de ioo ducats d'or de 1674 et de ^7], qui
constituent des curiosités bien plus rares que la
pièce ayant figuré dans la collection de M. l'abbé
Ghesquière.
L'auteur de la lettre relatée ci-dessus dit seule-
ment que
i663
le
médaillon d'Apasi portait
n'énonce ni sa forme
II
ronde, ni son poids.
Il
est
la
date de
hexagonale ou
vraisemblable que l'abbé
Ghesquière n'avait pas
l'essai
frappé sur flan
hexagonal. Cette forme insolite n'aurait pu man-
quer d'être mentionnée. Le plus probable est que
sa collection renfermait l'une ou l'autre des pièces
Comme
de 10 ou de 5 ducats citées plus haut.
aucun poids notable d'or
tel
ne se trouve signalé, ainsi
que 34
gr.,
5o
qu'il a été fait
cent.,
pour
la
médaille de Henri IV, on peut en conclure qu'il n'a
dû s'agir que de l'une ou
5 ducats,
ron. Ces divers
monuments
au premier aspect,
la
ment aux médailles
Ko^lony
même
et
métalliques avaient,
grandeur prêtée communéhistoriques.
entre une médaille et une
par là
l'autre des pièces de
ayant un diamètre de 37 millim. envi-
expliquée,
si
monnaie
La confusion
se trouverait
ce n'est excusée. Cette
conservateur du Cabinet des
Médailles de Budapest
d'avoir bien voulu nous faire profiter de ses connaissances spéciales
concernant
Hongrie.
les pièces
de
la
Transylvanie, actuellement incorporée à
la
466
concordance qui existe pour ces grands modules
empêche de supposer que
l'abbé Ghesquière n'ait
eu dans sa collection qu'une des petites divisions
de 3 ou de
i
ducat.
Ces fractions auraient été
moins dignes de remarque, tant à cause de leur
faible poids que de leur minime grandeur. Comme
pas figurée dans
la pièce n'a
qu'il
la
vente publique et
ne paraît pas possible qu'un document
nous renseigne à son
sujet, les
écrit
numismates en
sont réduits à se contenter de l'hypothèse qui
vient d'être présentée.
Il
reste à fournir quelques courts
ments sur
la
personnalité de l'abbé Ghesquière.
Cet ecclésiastique, né à Courtrai,
1731,
mourut
à Essen, où
françaises.
il
renseigne-
le
le
27 février
23 janvier 1802, à l'âge de 71 ans,
pendant
s'était réfugié
Sa collection
resta
les
invasions
invendue pendant
dix années, ce qui peut avoir été cause que la pièce
d'or de Michel Apasi ait disparu.
XVIII e
siècle,
Ghesquière
A
la
fut considéré
une personnalité éminente par
le
fin
du
comme
gouvernement
autrichien, qui tenait alors sous sa domination
les
provinces des Pays-Bas.
1781 le
nomma membre
Un
décret du 16 mai
du Comité des Acadé-
miciens de Belgique, chargé de publier
les
monu
ments historiques du pays, sous la direction du
marquis de Chasteler II fit paraître, à raison de
ces fonctions, les
tomes
I
à
V
imprimés antérieurévolution de 178g. L'impression du
Belgii selecta, qui purent être
rement à
la
des Acta sanctorum
467
sixième volume fut interrompue par les événe-
ments
politiques. L'abbé Ghesquière finit par le
faire paraître à
Tongres, en 1794.
Il
dut arrêter
ses publications officielles à ce dernier tome.
La
conquête des provinces belges par les Français
survint en même temps. L'abbé numismate s'éloi-
gna de sa patrie d'une façon
définitive et
il
s'éta-
à Essen, dans la Gueldre, y attendant la fin
des troubles politiques pour se remettre au travail.
blit
Les bibliophiles belges connaissaient son ouvrage numismatique intitulé
Mémoire sur trois
:
points intéressans
de
l'histoire
monétaire des Pays-
Bas, volume in-8°, imprimé à Bruxelles en 1786.
Mais
ils
ignoraient l'intention que l'abbé Ghes-
quière avait eue de faire suivre cette première
publication de cinq autres qui devaient paraître
Les lettres qui précèdent,
après avoir mentionné cette importante particu-
successivement
larité,
(1).
n'ont malheureusement énoncé ni
ni les sujets de ces
est à craindre
que
les titres
mémoires supplémentaires.
Il
de l'abbé Ghesquière
les notes
aient disparu, et se soient trouvées anéanties à la
suite des
événements politiques qui ont
affecté sa
patrie et le lieu de sa retraite de 1802 à 1816.
faudrait
un hasard heureux pour permettre de
Il
les
retrouver, espoir que l'espace de temps écoulé
rend des plus improbables.
(1*
Antérieurement au Mémoire sur trois points intéressans de
l'histoire
monétaire des Pays-Bas, M. l'abbé Ghesquière avait déjà
publié un autre travail numismatique
:
Dissertation sur les diffêrens
genres de médailles antiques, Nivelles, 1779, in-4 de 46 pages.
46S
Les amateurs
d'art ont certainement
remarqué
les curieuses appréciations de l'auteur des lettres
ci-dessus, sur l'aspect de Bruxelles et de la place
Royale, qui était une nouveauté en 1786,
l'on remarquait
et
où
une statue de bronze du prince
Charles de Lorraine, enlevée au cours de l'occupation française et dont le souvenir nous a été
conservé, en numismatique, par les jetons gravés
par Jacques Harrewyn pour être distribués
i
Cr
janvier 1776
(1).
le
Les numismates regretteront
surtout qu'une belle suite de monnaies et de médailles réunie à la fin
dispersée, et que les
du XVIII e
siècle ait été ainsi
événements politiques aient
privé la science numismatique de profiter de tra-
vaux d'érudition complémentaires, dans lesquels
l'abbé Ghesquière, cet ancêtre des collectionneurs
belges actuels, les aurait
fait profiter
de son expé-
rience et de ses connaissances spéciales.
Paul Bordeaux.
(1)
Médailles du règne de Marie- Thérèse, n° CCLXVII.