Jeudi 20 mai La Chambre Philharmonique Emmanuel Krivine

Transcription

Jeudi 20 mai La Chambre Philharmonique Emmanuel Krivine
Jeudi 20 mai
La Chambre Philharmonique
Emmanuel Krivine | David Guerrier
Dans le cadre du cycle Planète Terre
Du mardi 4 mai au jeudi 3 juin
Vous avez la possibilité de consulter les notes de programme en ligne, 2 jours avant chaque concert,
à l’adresse suivante : www.citedelamusique.fr
La Chambre Philharmonique | Emmanuel Krivine | David Guerrier | Jeudi 20 mai
Roch-Olivier Maistre,
Président du Conseil d’administration
Laurent Bayle,
Directeur général
Cycle Planète Terre
« L’âme de l’homme ressemble à l’eau : venue du ciel, elle monte au ciel, et doit de nouveau descendre sur la Terre,
dans une éternelle alternance. » Ainsi s’ouvre le Chant des esprits sur les eaux de Goethe, mis en musique par
Schubert, que l’on est surpris et enchanté de trouver cité sur Internet dans nombre de pages consacrées
aux questions environnementales. À l’heure où la volonté humaine de domination de la Nature par la technique
détruit l’équilibre de la planète et épuise ses ressources, ce cycle de concerts nous rappelle que les musiciens
ont toujours su prêter l’oreille aux voix de la Nature.
Ce goût pour la Nature s’est particulièrement développé dans les arts quand, vers le XVe siècle, l’Europe est
devenue plus urbaine que rurale, passage de la campagne à la ville dont rendra compte ici la confrontation
des Quatre Saisons de Vivaldi aux citadines Saisons de Buenos-Aires de Piazzolla. Le besoin urbain de retrouvailles
avec la Nature est clairement airmé par le titre du premier mouvement de la Symphonie «Pastorale» de
Beethoven : Éveil d’impressions joyeuses en arrivant à la campagne.
Cette symphonie s’inscrit dans la longue tradition de la pastorale : ce genre littéraire, très en vogue du XVe
au XVIIIe siècle, narre les amours de bergers mythologiques vivant dans une nature idéale et intacte, qu’aucune
civilisation n’a encore corrompue, et dont la représentation, avec ses vertes prairies et ses doux zéphyrs,
est davantage régie par les règles et conventions du genre que par une observation de la nature réelle.
Dans la Sixième Symphonie de Beethoven, comme dans les Quatre Saisons, aucun élément de cette nature
de convention ne manque : prés leuris, doux ruisseaux, gazouillis des oiseaux, chants de pâtres, danses
paysannes au son de la musette, etc.
Acis et Galatée de Haendel nous ofre la quintessence de ce genre : les amours du berger et de la nymphe,
contrariées par le géant Polyphème, igure de la démesure, peuvent se lire comme une allégorie d’un fragile
équilibre écologique. La valeur centrale de la pastorale, c’est la paix, s’opposant aux valeurs guerrières de la
tragédie et de l’épopée : nulle rumeur des batailles ne vient troubler cette nature vierge et paisible, et c’est
bien une célébration de la paix que nous donne par exemple à entendre le début de la Pastorale de Beethoven,
où la répétition incessante d’une même formule mélodique donne une impression de calme et d’immobilité
qui contraste avec les conlits traversant les autres symphonies du compositeur.
Jusqu’à Beethoven, la relation de l’homme avec la Nature demeure distante, de l’ordre du respect magique,
et les valeurs que l’artiste célèbre dans la Nature sont universelles ; en revanche, pour les Romantiques,
la Nature devient la conidente des sentiments individuels, si bien que le narrateur de La Belle Meunière de
Schubert fait du ruisseau son conseiller et son « ami murmurant », qui lui servira de linceul et veillera sur lui
lorsqu’il se sera donné la mort par désespoir amoureux. La forêt est le lieu naturel privilégié des Romantiques,
et le cor, lié au thème de la chasse, l’instrument sylvestre par excellence : dans les Waldszenen (Scènes de la
forêt), le piano de Schumann fait retentir maintes sonneries de cors de chasse, qui feront écho à celles qui
ouvrent le Freischütz de Weber ou terminent le Quatrième Concerto pour cor de Mozart. Bien loin de la paix
et du merveilleux de la Pastorale, la nature romantique est sombre, inquiétante, marquée par le mystère et
le fantastique : c’est la Gorge-aux-Loups du Freischütz, ou le Lieu maudit des Scènes de la forêt.
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Si le Romantisme nous est proche aujourd’hui encore, c’est parce qu’il établit un rapport problématique
entre l’homme et la Nature, rapport quasi fusionnel, mais sur lequel semble peser une sourde menace
mutuelle, que rappelle L’Oiseau Prophète des Scènes de la forêt : « Prends garde, et reste éveillé, en alerte ! ».
La igure ambiguë du chasseur est emblématique : hôte privilégié de la forêt, il court sans cesse le risque
de la démesure, et peut, comme Kaspar dans Der Freischütz, vendre son âme au diabolique « chasseur noir ».
Est-ce un hasard si, dans La Belle Meunière, c’est un chasseur qui se pose en rival du meunier et conduit à la mort
celui qui incarne, à travers la roue de son moulin, une relation paciiée entre la nature et la technique ?
L’imitation des bruissements de la nature a toujours stimulé l’inventivité des compositeurs : audaces quasi
bruitistes vivaldiennes, complexité rythmique inouïe de l’évocation beethovénienne de l’orage… Mais ce
désir d’imiter la nature trahit aussi celui de s’en rendre maître : la virtuosité est une recherche de l’absolue
maîtrise et du dépassement des limites techniques. En écrivant que « la popularité de la Symphonie “Pastorale”
est faite du malentendu qui existe assez généralement entre la nature et les hommes », Debussy s’inscrit dans
un mouvement qui, impressionnistes en tête, rejette toute représentation conventionnelle et imitative
pour prôner une attention véritable à la nature réelle, fondée, notamment, sur l’observation de la lumière,
thème des œuvres les plus contemporaines présentées ici, comme Lichtbogen de Kaija Saariaho.
Anne Roubet
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MARDI 4 MAI – 20H
Georg Friedrich Haendel
Acis and Galatea
New London Consort
Philip Pickett, direction
Ed Lyon, ténor (Acis)
Joanne Lunn, soprano (Galatea)
Michael George, baryton-basse
(Polyphemus)
Joseph Cornwell, ténor (Damon)
Andrew King, ténor (Coridon)
Faye Newton, soprano (une bergère)
Jelena Kordić, contralto (une bergère)
Simon Grant, baryton-basse (un berger)
MERCREDI 5 MAI – 15H
jEuDI 6 MAI – 10H
jEuDI 6 MAI – 14H30
SPECTACLE JEUNE PUBLIC
Si la terre...
MERCREDI 5 MAI – 18H30
ZOOM SUR UNE ŒUVRE
DIMAnCHE 9 MAI – 14H30
CONCERT-PROMENAdE
Franz Schubert
Die schöne Müllerin
Terres et déserts
Hélène Pierrakos, musicologue
MERCREDI 5 MAI – 20H
Franz Schubert
Die schöne Müllerin
Nathalie Stutzmann, contralto
Inger Södergren, piano
Espace musique du monde
Terre d’Amériques
Axel Lecourt, musicien
Pour les enfants
Atelier musique du monde pour les
jeunes de 7 à 14 ans et leur famille.
Inscription sur place.
Espace XVIIe siècle
Terre d’Afrique : voyage musical au Congo
Amour et Christian Makouaya,
conteurs musiciens
jEuDI 6 MAI – 20H
Bent Sørensen
Tunnels de lumière – Commande de
l’Ensemble intercontemporain, création
Kaija Saariaho
Solar
Lichtbogen
George Benjamin
At First Light
Anouk Ganzevoort, mise en espace
Stephan Choner, lumières
Geneviève Laloy, chant, paroles et
musiques
Philippe Laloy, saxophone, lûtes, voix, Ensemble intercontemporain
arrangements musicaux
Susanna Mälkki, direction
Vincent Noiret, contrebasse, voix
Paul Prignot, guitares, voix
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Espace XVIIIe siècle
Steppe d’Asie centrale
Talasbek Asemkulov : l’art du luth
dombra kazakh
MARDI 11 MAI – 20H
Dj Spooky
Terra Nova - Sinfonia Antarctica
Paul d. Miller / dJ Spooky That
Subliminal Kid
Alter Ego
Walter Roccaro, piano
Aldo Campagnari, violon
Francesco dillon, violoncelle
Aj Weissbard, designer visuel
V-factory, Andrea Bianchi, Matteo
Massocco, vidéo
Du MARDI 4 MAI Au JEuDI 3 JuIN
MARDI 18 MAI – 20H
jEuDI 20 MAI – 20H
jEuDI 27 MAI – 20H
Antonio Vivaldi
Les Quatre Saisons
Astor Piazzolla
Les Quatre Saisons de Buenos Aires
Carl Maria von Weber
Ouverture du Freischütz
Wolfgang Amadeus Mozart
Concerto pour cor n° 4
Ludwig van Beethoven
Symphonie n° 6 « Pastorale »
Robert Schumann
Waldszenen op. 82
Nachtstücke op. 23
jean Sibelius
Sonate op. 12
Cinq Pièces op. 85
Cinq Pièces op. 114
Les dissonances
david Grimal, violon, direction
MERCREDI 19 MAI – 20H
Antonio Vivaldi
Concerto pour deux violons et
violoncelle RV 578a
Concerto pour lûte « La Tempesta di
Mare » RV 433
Concerti a quattro RV 128
Concerti a quattro RV 114
Concerto pour violon RV 372
Concerto pour lûte « La Notte » RV 439
Concerto pour violon « L’Inverno » RV 297
Gli Incogniti
Amandine Beyer, direction musicale,
violon
Alba Roca, violon
Flavio Losco, violon
Ottavia Rausa, alto
Marco Ceccato, violoncelle
Roberto Bevilacqua, violone
Francesco Romano, théorbe
Anna Fontana, clavecin, orgue
Manuel Granatiero, traverso
La Chambre philharmonique
Emmanuel Krivine, direction
david Guerrier, cor
MARDI 25 MAI – 20H
In der Natur
Alain Planès, piano
MERCREDI 2 juIn – 15H
MERCREDI 2 juIn – 16H30
jEuDI 3 juIn – 9H30
jEuDI 3 juIn – 11H
SPECTACLE JEUNE PUBLIC
Franz Schubert
Lieder pour voix soliste et pour chœur 86 centimètres
orchestrés par Johannes Brahms, Max
Reger, Anton Webern…
Yann Nedelec, contralto, comédien
Éric Recordier, contrebasse, musique
Ensemble Orchestral de Paris
Boualem Bengueddach,
Accentus
marionnettiste
Laurence Equilbey, direction
Alice Laloy, mise en scène
Judith Gauthier, soprano
Jane Joyet, scénographie
Renata Pokupić, mezzo-soprano
Marianne delayre, costumes
Werner Güra, ténor
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jEuDI 20 MAI – 20H
Salle des concerts
Carl Maria von Weber
Ouverture du Freischütz
Wolfgang Amadeus Mozart
Concerto pour cor n° 4
entracte
Ludwig van Beethoven
Symphonie n° 6 « Pastorale »
La Chambre Philharmonique
Emmanuel Krivine, direction
david Guerrier, cor
Coproduction Cité de la musique, La Chambre Philharmonique.
Enregistré par France Musique, ce concert sera difusé le vendredi 4 juin à 10h30.
Fin du concert vers 21h45.
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Carl-Maria von Weber (1786-1826)
Ouverture du Freischütz
Composition de l’opéra : 1817-1821.
Création : le 18 juin 1821 à Berlin sous la direction du compositeur.
Efectif : lûtes, hautbois, clarinettes et bassons par deux – 2 cors en do, 2 cors en fa – 2 trompettes, 3 trombones – timbales –
cordes.
Durée : environ 12 minutes.
Weber a déclaré lui-même que dans cette fascinante ouverture « on pouvait découvrir tout
l’essentiel de son opéra » ; en efet, elle est à la fois un « pot-pourri » – sorte de bande-annonce
des thèmes de l’ouvrage –, un petit poème symphonique et une forme sonate bien équilibrée,
où tout coule sans démarcations : triple atout qui situe cette page dans les pièces d’anthologie
romantiques, superbe préface au premier opéra allemand signiicatif. Weber y favorise ses
instruments de prédilection, le cor ou la clarinette, en leur coniant des mélodies emblématiques.
L’introduction lente commence par un crescendo théâtral des cordes et des bois à l’unisson :
l’histoire à venir, inquiétante, se présente en motifs brefs et solennels inspirés des ouvertures
beethovéniennes. Puis une douce chanson des cors plante le décor forestier du drame : aux
cors en do, plus graves, viennent s’ajouter ceux en fa. Enin un air plaintif de violoncelles laisse
pressentir bien des dangers, sur un fond de trémolos et surtout de timbales étoufées, doublées
de pizzicati.
Contrairement à toutes les coutumes, l’allegro qui suit l’introduction est en mineur, alors que
l’ouverture a commencé en majeur ! Le premier thème, sombre, se présente en plusieurs
segments, en particulier une explosion arpégée qui réapparaît dans la fameuse scène de la Gorgeaux-Loups : la vigueur des mélodies en diagonales rappelle encore Beethoven. Le premier groupe
thématique est couronné par une sonnerie de cors, comme une brève mais saisissante image de
chaos rocheux. La deuxième grande idée est un récitatif éperdu de clarinette ; peu après s’élance
l’inoubliable thème d’Agathe, aux enroulements pleins de candeur et de passion.
Le développement exploite le premier thème en un ardent combat, mélodiquement très en
dents-de-scie. Comme une pâle trouée de lumière, le thème d’Agathe s’insinue au hautbois et à la
lûte. Cette section se termine en bousculant les motifs de l’introduction, avec une nervosité qui
rappelle Berlioz.
Sans interruption, la réexposition ramène les thèmes en les modiiant et en les abrégeant
légèrement. Mais – coup de génie – l’introduction initiale interrompt le processus, avec toute sa
lenteur lugubre et pleine d’appréhension : cette retombée dans les ténèbres met d’autant plus en
valeur la in, en soudaine apothéose. L’ouverture annonce ainsi le caractère manichéen de l’opéra,
le triomphe du bien et de l’amour contre les forces du mal ; le thème d’Agathe est exalté en une
réjouissance à la fois populaire, lumineuse et brillamment orchestrée.
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Wolfgang-Amadeus Mozart (1756-1791)
Concerto pour cor et orchestre n° 4 en mi bémol majeur K. 495
Allegro moderato
Romanza. Andante
Rondo. Allegro vivace
Daté du 26 juin 1786.
Efectif : 2 hautbois, 2 cors, cordes, cor solo en mi bémol.
Durée : environ 16 minutes.
Trois des quatre concertos de Mozart pour cor, les n° 1, 2 et 4, ont été écrits pour son ami Joseph
Leitgeb (ou Leutgeb), excellent corniste, que le jeune maître toutefois traitait avec des bordées
de taquineries : il l’appelait « âne, bœuf, boufon » et cætera. Il semblerait que ces fausses injures,
sur fond de vive afection et d’admiration, se soient adressées à l’étourdissante virtuosité de son
camarade. Celui-ci n’avait d’ailleurs pas la prétention de s’imposer comme musicien, puisqu’il a
été très heureux de pouvoir ouvrir une boutique de fromages, grâce à un petit coup de pouce de
Leopold Mozart.
une telle œuvre paraît très exigeante pour le cor, quand on pense qu’à l’époque celui-ci ne
possédait pas encore de pistons. Le nombre de notes était en principe restreint et prenait pour
point de départ l’accord parfait (ici, en l’occurrence : mi bémol, sol, si bémol) ; les autres notes
s’extrayaient adroitement par la technique d’un bouchage, bien dosé, du pavillon avec la main.
Ainsi, quand par souci d’authenticité la pièce est interprétée avec un instrument ancien, certaines
notes, dans les chromatismes notamment, sonnent plus pincées que d’autres.
L’absence de lûtes, la présence des hautbois et de deux autres cors donnent à cette orchestration
sa douceur et son caractère un peu réléchi. La forme sonate du premier mouvement est des
plus classiques, quoiqu’avec des thèmes longs, peu portés aux redites ; son allure paisiblement
guillerette met en valeur le côté bon enfant du soliste, dont le premier thème, très « cor de
poste », démarre sur l’accord parfait. La romance centrale, de forme rondo, est une chanson
presque entièrement dévolue au solo, fréquemment soutenu par un tapis de graves batteries ;
cette rêverie se teinte d’une légère tristesse dans la séquence en sol mineur. Le inale, sur une
mesure galopante à 6/8, est évidemment une joyeuse « chasse », presque une tarentelle avec des
facéties périlleuses.
Isabelle Werck
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Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Symphonie n° 6 « Pastorale » en fa majeur op. 68
« Éveil d’impressions joyeuses en arrivant à la campagne ». Allegro ma non troppo
« Scène au bord du ruisseau ». Andante molto mosso
« Réunion joyeuse de paysans ». Allegro
« Orage, tempête ». Allegro
« Chant de pâtres, sentiments de contentement et de reconnaissance après l’orage ». Allegretto
Composition : 1807-1808.
Dédicace : au prince Lobkowitz et au comte Razumovsky.
Création : le 22 décembre 1808 à Vienne au Theater an der Wien.
Efectif : piccolo, 2 lûtes, 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons – 2 cors, 2 trompettes, 2 trombones – timbales – cordes.
Durée : environ 45 minutes.
Lorsque le public viennois découvre la Symphonie « Pastorale », le 22 décembre 1808, il assiste à un
véritable festival Beethoven. En efet, le programme de cette soirée exceptionnelle aiche de surcroît
la Cinquième Symphonie (créée elle aussi ce jour-là), le Quatrième Concerto pour piano, des extraits
de la Messe en ut majeur, l’air de concert « Ah ! perido » et la Fantaisie pour piano, chœur et
orchestre op. 80, précédée d’une improvisation pianistique du compositeur. Celui-ci, mécontent
de sa situation à Vienne, laisse croire qu’il accepte le poste que Jérôme Bonaparte lui ofre
à Cassel. Il organise alors ce « concert d’adieux », où il déploie toutes les facettes de son génie,
ain – espère-t-il – que ses riches protecteurs se montrent plus généreux.
Il présente ainsi ses cinquième et sixième symphonies. On ne peut imaginer contraste plus
saisissant : d’une part l’expression tragique et la victoire obtenue à l’issue d’un combat acharné ;
d’autre part le lyrisme serein et l’évocation champêtre. La Pastorale est la plus radieuse et la
plus coniante des partitions orchestrales de Beethoven. Si quelques ombres se glissent,
elles disparaissent aussitôt. Certes, l’« orage » trouble un instant l’efusion paisible, une rupture
s’avérant nécessaire pour maintenir en éveil l’attention de l’auditeur. Mais cette tempête, d’autant
plus spectaculaire qu’elle reste brève, met en valeur la lumineuse quiétude des autres épisodes.
La partition a fasciné bien des musiciens romantiques, qui ont vu là une préiguration de leurs
recherches et de leurs aspirations : une œuvre à programme et l’exaltation de la nature. Toutefois,
en dépit des titres inscrits en tête de ses mouvements, sa narration se limite à l’idée d’une contrée
idyllique, peuplée de paysans francs et enjoués, brièvement perturbée par le fracas du tonnerre.
Elle ne s’inspire d’aucun substrat littéraire et ne livre pas une autobiographie romancée, au contraire
de ce que réalisera Berlioz dans sa Symphonie fantastique. En déinitive, la Pastorale apparaît moins
dramatique que la Cinquième. Elle reste idèle à la forme sonate dans les premier et deuxième
mouvements, mais – attitude rare chez Beethoven – sans la théâtraliser. De plus, la nature est ici
dépourvue du mystère et de la dimension fantastique qui hanteront les œuvres romantiques. Elle ne
relète ni inquiétudes métaphysiques, ni solitude de l’artiste en conlit avec la société de son temps.
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La Symphonie n° 6 transpose les impressions ressenties par le compositeur dans un paysage
bucolique. « Plutôt expression du sentiment que peinture », indique Beethoven sur sa partition.
Probablement souhaite-t-il éviter les interprétations trop anecdotiques et trop précises. Pourtant,
s’il se montre plus évocateur que descriptif, il donne à plusieurs de ses mélodies un contour
populaire et accorde de nombreux solos aux bois et aux cors (instruments associés aux scènes
pastorales depuis l’époque baroque). À la in de la « Scène au bord du ruisseau », il introduit le
chant du rossignol, de la caille et du coucou, coniés respectivement à la lûte, au hautbois et à
la clarinette. D’ailleurs, l’orchestration individualise et caractérise les cinq tableaux : le piccolo
et les timbales apparaissent dans l’« orage », ain de traduire le déchaînement des éléments et
de créer l’illusion d’une dilatation de l’espace. Les trompettes sont absentes des deux premiers
mouvements, les trombones des trois premiers. Les Viennois de 1808 ont sans doute été sensibles
à cette musique qui célèbre leurs paysages, puisqu’ils ont accepté les conditions que son auteur
exigeait.
Hélène Cao
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David Guerrier
l’Orchestre de la NDR de Hanovre,
aux Victoires de la Musique 2004 et
Né en décembre 1984 à Pierrelatte,
les Wiener Symphoniker et Vladimir
2007. David Guerrier a enregistré,
David Guerrier commence l’étude
Fedosseyev, l’Orchestre d’Euskadi
chez Virgin Classics, le Septuor de
de la trompette à l’âge de 7 ans avec
et Paul McCreesh, l’Orchestre de la
Camille Saint-Saëns (Choc du Monde
Serge Vivares à l’école de musique de
Suisse Romande et Marek Janowski,
de la Musique, disque du mois de
Tricastin. En octobre 1997, il entre au
ainsi qu’aux festivals d’Auvers-sur-
Gramophone) et des concertos de
Conservatoire National Supérieur de
Oise, de Colmar, de Saint-Denis, de
Mozart (père et ils) pour cor et pour
Musique de Lyon dans la classe de
Strasbourg, de Salon-de-Provence
trompette avec l’Ensemble Orchestral
Pierre Dutot, dont il sort en juin 2000
avec Paul Meyer et Emmanuel
de Paris et John Nelson. Chez Naïve,
avec un premier prix (mention très
Pahud, de La-Roque-d’Anthéron,
il a gravé le Konzertstück pour quatre
bien à l’unanimité, félicitations du
de La Grange de Meslay, de
cors de Schumann avec La Chambre
jury, mention spéciale). En octobre
Schwarzenberg, de Verbier, de la
Philharmonique et Emmanuel Krivine.
1998, il intègre la classe de trompette
Rheingau… David Guerrier a reçu de
Il a été cor solo de l’Orchestre National
baroque de Jean-François Madeuf.
nombreuses distinctions : premier
de France entre 2005 et 2008 et
Il étudie également le cor au CNSM
prix du Concours International de
enseigne au CNSM de Lyon. Il est
de Lyon. David Guerrier complète
Markneukirchen (Allemagne, 1998),
aujourd’hui cor solo de l’Orchestre
sa formation musicale au sein de
du Concours International de Porcia
Philharmonique de Luxembourg.
l’Orchestre des Jeunes de l’union
(Italie, 1999), premier prix de la Mock
Européenne avec Sir Colin Davis et
Orchestra Audition, conférence de
Emmanuel Krivine
Bernard Haitink en 1999 et Vladimir
l’ITG (Richmond, Virginie, 1999) et
D’origine russe par son père et
Ashkenazy en 2000, ainsi qu’à
premier prix du concours en solo,
polonaise par sa mère, Emmanuel
l’Académie de musique du XXe siècle
conférence de l’ITG (New-York, mai
Krivine débute très jeune une
avec Pierre Boulez et David Robertson 2000). En juin 2000, il est inaliste
carrière de violoniste. Premier prix
en juillet 1999. Depuis, il se produit
du Concours Eurovision des Jeunes
du Conservatoire de Paris (CNSMDP)
avec succès aux côtés de l’Orchestre
Musiciens (Norvège, 2000) et du
à l’âge de 16 ans, pensionnaire de la
National de Bordeaux et Hans Graf
Concours International de Quintette
Chapelle musicale Reine Élisabeth,
à Bordeaux et aux Folles Journées
de Cuivres de Narbonne avec le
il étudie avec Henryk Szeryng et
de Nantes, l’Orchestre National du
Quintette de cuivres Turbulences
Yehudi Menuhin et s’impose dans
Capitole de Toulouse, l’Orchestre
du CNSM de Lyon. Il est également
les concours les plus renommés.
de Chambre de Moscou au Théâtre
lauréat 2000 de la fondation Pro-
En 1965, après une rencontre
des Champs-Élysées, l’Ensemble
Europa. En octobre 2000, il remporte
essentielle avec Karl Böhm, il se
Orchestral de Paris et John Nelson,
le premier prix du Concours
consacre peu à peu à la direction
l’Orchestre Philharmonique de
International Maurice-André (Paris) et, d’orchestre. Chef invité permanent
Radio France et Christian Zacharias,
en septembre 2001, le premier prix du du Nouvel Orchestre Philharmonique
l’Orchestre National de France avec
Concours International Philys- Jones
de Radio France de 1976 à 1983,
Yoel Levi et Kurt Masur, La Chambre
(Guebwiller) avec le Quintette de
il occupe ensuite le poste de directeur
Philharmonique, Les Siècles et
cuivres Turbulences. En janvier 2003,
musical de l’Orchestre National de
François-Xavier Roth, l’Orchestre
il reçoit lors du Midem à Cannes le
Lyon de 1987 à 2000 et de l’Orchestre
National de Lille avec Thierry
Prix AFAA et, à New York, le Prix des
Français des Jeunes durant onze
Fischer et Theodor Guschlbauer,
Young Concert Artists A uditions.
ans. En 2001, Emmanuel Krivine
l’Orchestre National de Lyon avec
En 2003, il remporte le premier prix
débute une collaboration privilégiée
Hugh Wolf et Jun Märkl, l’Ensemble
au concours de l’AR D de Munich.
avec l’Orchestre Philharmonique
Matheus et Jean-Christophe Spinosi,
Il est « soliste instrumental de l’année » du Luxembourg dont il devient le
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directeur musical à partir de la saison
La Chambre Philharmonique
Mécénat Musical Société Générale).
2006/2007. Parallèlement à ses
Née sous l’égide d’Emmanuel Krivine,
La Chambre Philharmonique a
activités de chef titulaire, Emmanuel
La Chambre Philharmonique se veut
débuté sa collaboration avec Naïve
Krivine collabore régulièrement
l’avènement d’une utopie. Orchestre
avec la Messe en ut mineur de
avec les plus grandes phalanges
d’un genre nouveau, constitué
Mozart, parue en 2005. Sa seconde
mondiales telles que les Berliner
de musiciens issus des meilleures
parution discographique, consacrée
Philharmoniker, l’Orchestre de la
formations européennes animés d’un
à Mendelssohn en 2007, a été
Staatskapelle de Dresde, l’Orchestre
même désir musical, La Chambre
distinguée par la critique (ff de
du Concertgebouw d’Amsterdam,
Philharmonique fait du plaisir et de
Télérama). Le premier enregistrement
le London Symphony Orchestra,
la découverte le cœur d’une nouvelle
sur instruments d’époque de la
le London Philharmonic Orchestra,
aventure en musique. Dotée d’une
Symphonie « du Nouveau Monde » de
le Chamber Orchestra of Europe,
architecture inédite (instrumentistes
Dvorák, couplée avec le Konzertstück
les orchestres de Boston, Cleveland,
et chef se côtoient avec les mêmes
pour quatre cors et orchestre de
Philadelphie, Los Angeles etc.
statuts, le recrutement par cooptation Schumann avec David Guerrier, a été
En 2004, il s’est associé à la démarche
privilégie les ainités) et d’un
récompensé par un Classique d’Or
originale d’un groupe de musiciens
fonctionnement autour de projets
RTL à sa sortie en 2008. Par ailleurs,
européens avec lesquels il a fondé
spéciiques et ponctuels, La Chambre
la captation de la Symphonie en ré
La Chambre Philharmonique.
Philharmonique est aussi un lieu de
de Franck et du Requiem de Fauré à
Ensemble, ils se consacrent à la
recherches et d’échanges, retrouvant
la Bibliothèque Nationale de France
découverte et à l’interprétation
efectifs, instruments et techniques
(salle Labrouste) a donné lieu à la
d’un répertoire de l’époque classique
historiques appropriés à chaque
télédifusion de deux émissions
jusqu’à nos jours, choisissant les
répertoire. Depuis ses débuts en
Maestro sur Arte et d’une série
instruments appropriés à l’œuvre
2004, La Chambre Philharmonique
d’émissions sur France Télévision.
et à son époque. Emmanuel Krivine
a connu un engouement partout
L’interprétation dans trois lieux
a réalisé des enregistrements pour
renouvelé (Cité de la musique à
partenaires (Cité de la musique à
la irme Timpani avec l’Orchestre
Paris, MC2 à Grenoble, Alte Oper à
Paris, MC2 à Grenoble et Théâtre de
Philharmonique du Luxembourg
Francfort, Philharmonie de Essen,
Caen) de l’intégrale des symphonies
(Ropartz : La Chasse du prince
Philharmonie du Luxembourg, Palau
de Beethoven, associée à leur
Arthur, Quatre Odelettes, La Cloche
de la Música Catalana à Barcelone,
enregistrement pour Naïve, déinit sur
des morts, Quatre Poèmes, etc. ;
Arsenal de Metz, théâtres d’Orléans
les saisons 2008/2009 et 2009/2010
D’Indy : Poème des rivages, Diptyque
et de Caen, festivals de Montreux,
un moment fort du projet artistique
méditerranéen, etc. ; à paraître :
du Schleswig-Holstein, de La Chaise-
de l’orchestre. À ce titre, ce projet
le deuxième volume de l’intégrale
Dieu, de la Côte Saint-André, etc.),
reçoit le soutien exceptionnel de
de la musique pour orchestre de
notamment aux côtés de Viktoria
Mécénat Musical Société Générale
Debussy) et pour la irme Naïve
Mullova, Andreas Staier, Emanuel Ax,
et de la Spedidam, qui permettront
avec La Chambre Philharmonique
Pieter Wispelwey, Ronald Brautigam,
la parution discographique à la in
(Mozart : Messe en ut ; Mendelssohn :
Alexander Janiczek, David Guerrier ou de l’année 2009 de la Neuvième
Symphonies « Italienne » et
Robert Levin. Elle s’ouvre à la musique Symphonie et du cycle complet en
« Réformation » ; Dvorák :
d’aujourd’hui en créant des œuvres
décembre 2010.
Symphonie « du Nouveau Monde »
de compositeurs comme Bruno
La Chambre Philharmonique est
et Schumann : Konzertstück op. 86 ;
Mantovani en 2005 (commande de
subventionnée par le Ministère de
à paraître : l’intégrale des
La Chambre Philharmonique) et
la Culture et de la Communication.
symphonies de Beethoven).
Yan Maresz en 2006 (commande de
La Chambre Philharmonique est en
14
résidence départementale en Isère.
Contrebasses
Mécénat Musical Société Générale est
David Sinclair
le mécène principal de la Chambre
Joseph Carver
Philharmonique.
Michael Chanu
Axel Bouchaux
Violons I
Megan Adie
Alexander Janiczek
Armelle Cuny
Flûtes
Christophe Robert
Alexis Kossenko
Fabien Roussel
Georges Barthel
Meike Augustin-Pichollet
Laszlo Paulik
Hautbois
Pierre Baldassare
Jean-Philippe Thiébaut
Françoise Dufaud
Jean-Marc Philippe
Violons II
Clarinettes
Anne Maury
Nicola Boud
Miho Kamiya
Vincenzo Casale
Carole Petitdemange
Olivia Hughes
Bassons
John Wilson Meyer
Aligi Voltan
Marieke Bouche
David Douçot
Andreas Preuss
Martin Reimann
Cors
Benoît de Barsony
Altos
Antoine Dreyfuss
Lucia Peralta
Emmanuel Padieu
Laurence Duval-Madeuf
Bernard Schirrer
Ingrid Lormand
Delphine Millour
Trompettes
François Baldassare
David Guerrier
Sophie Cerf
Yohann Chétail
Philippe Genestier
Violoncelles
Frédéric Audibert
Trombones
Emmanuel Girard
Antoine Ganaye
Ariane Lallemand
Jean-Jacques Herbin
Valérie Dulac
Daniel Savoyaud
Alix Verzier
Thomas Luks
Timbales
Aline Potin-Guirao
Concert enregistré par France Musique
15
Et aussi…
> COnCERTS
> SALLE PLEYEL
> MÉDIATHÈQuE
SAMEDI 29 MAI, 20H
MARDI 1er juIn, 20H
En écho à ce concert, nous vous
proposons…
Gioacchino Rossini
Ouverture de l’Italienne à Alger
Felix Mendelssohn
Concerto pour violon
Gioacchino Rossini
Variations pour instruments obligés
Franz Schubert
Symphonie n° 5
Piotr Ilitch Tchaïkovski
Eugène Onéguine
jEuDI 23 SEPTEMBRE, 20H
Georg Friedrich Haendel
Le Messie
The Sixteen
Orchestra of The Sixteen
Harry Christophers, direction
Rosemary Joshua, soprano
Catherine Wyn-Rogers, mezzo-soprano
James Gilchrist, ténor
david Wilson-Johnson, basse
SAMEDI 25 SEPTEMBRE, 20H
Richard Wagner
Lohengrin (extraits)
Siegfried (extraits)
La Walkyrie (extraits)
La Crépuscule des dieux (extraits)
Parsifal (extraits)
Alexandre Scriabine
Poème de l’extase
Brussels Philharmonic
Michel Tabachnik, direction
Torsten Kerl, ténor
Pour tout savoir sur la
programmation 2010/2011,
demandez la brochure à l’accueil et
abonnez-vous dès maintenant !
LunDI 7 juIn, 20H
Robert Schumann
Genoveva
Orchestre National de Lyon
Chœur de l’Orchestre de Paris
Jun Märkl, direction
didier Bouture, Geofroy Jourdain,
chefs de chœur
Anne Schwanewilms, Genoveva
Matthias Goerne, Siegfried
Matthias Klink, Golo
Birgit Remmert, Margarethe
> MuSÉE
15 MAI La nuit des musées
Exposition Chopin à Paris,
l’atelier du compositeur
Ouverture exceptionnelle
de 19h30 à minuit
9 MAI, DE 14h30 À 17h30
CONCERT-PROMENAdE
Terres et déserts
À la découverte des déserts d’Afrique
et d’Amérique ainsi que les steppes
d’Asie centrale grâce à la musique et
aux contes. Avec un atelier autour des
instruments du monde pour les 7/14
ans et leur famille.
… d’écouter un extrait dans les
« Concerts » :
Ouverture du Freischütz de Carl
Maria von Weber par le Chamber
Orchestra of Europe, Emmanuel
Krivine (direction) enregistré à la Cité
de la musique en 2006 • Symphonie n° 6
« Pastorale » de Ludwig van Beethoven
par l’Orchestre des Champs-Élysées,
Philippe Herreweghe (direction)
enregistré à la Cité de la musique en
2007
(Les concerts sont accessibles dans
leur intégralité à la Médiathèque.)
… de regarder dans les « dossiers
pédagogiques » :
Le classicisme viennois : Mozart,
Beethoven dans les « Repères
musicologiques »
… d’écouter les « Conférences » :
Révolutions politiques et musicales : le cas
Beethoven par Bernard Sève
À la médiathèque
… d’écouter avec la partition :
Symphonie n° 6 « Pastorale » de Ludwig
van Beethoven par le Chamber
Orchestra of Europe, Nikolaus
Harnoncourt (direction) • Concerto pour
cor n° 4 de Wolfgang Amadeus Mozart
… de lire :
Carl Maria von Weber de john Warrack •
Textes sur les symphonies de Beethoven
d’Hector Berlioz • Mozart de jeanVictor Hocquard
… de regarder :
Carl Maria von Weber, Der Freischütz de
Félix Breisach • Ludwig van Beethoven
de Daniel Catelain
Éditeur : Hugues de Saint Simon | Rédacteur en chef : Pascal Huynh | Rédactrice : Gaëlle Plasseraud | Maquette : Elza Gibus | Stagiaires : Géraldine Bussy et Caroline Déodat
Imprimeur FOT | Imprimeur FRANCE REPRO | Licences no 1014849, 1013248, 1013252
Chamber Orchestra of Europe
Iván Fischer, direction
Julia Fischer, violon
Orchestre National du Capitole
de Toulouse
Chœur du Capitole de Toulouse
Tugan Sokhiev, direction
Anatoly Galaov, mise en espace
Garry Magee, Onéguine
Gelena Gaskarova, Tatyana
daniil Shtoda, Lensky
Anna Kiknadze, Olga
Anna Markarova, Madame Larine
Elena Sommer, Filippevna
Mikhaïl Kolelishvili, Grémine
Eduard Tsanga, Zaretski / Le Capitaine
François Piolino, Monsieur Triquet
Sur le site Internet http://
mediatheque.cite-musique.fr