Chers amis

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Chers amis
INAUGURATION DE L’UNITE DE METHANISATION DU LYCEE LA TOUCHE DE PLOËRMEL
Monsieur le député,
Messieurs les conseillers régionaux
Messieurs les conseillers généraux,
Monsieur le directeur régional de l’agriculture, de l’alimentation et de la forêt,
Monsieur le Président de la Chambre d’Agriculture,
Mesdames et messieurs les représentants des organismes et des chambres consulaires,
Mesdames et messieurs,
Chers amis,
Chacun de mes déplacements dans un établissement est pour moi une occasion de
rencontrer des personnes, de croiser une communauté éducative formée d’hommes et de
femmes qui ont choisi de contribuer à une mission.
La plus belle des missions : celle de l’éducation des jeunes. Le cœur de notre métier, notre
vocation en quelque sorte.
Eduquer un jeune, c’est lui transmettre quelque chose. Des connaissances, bien sûr, mais
également, mais surtout, un idéal de vie. Un accompagnement de sa personne, en lien avec
sa famille, respectueux de sa personne.
Eduquer, c’est choisir de favoriser le développement de quelqu’un qui est en devenir.
Cette mission est noble ; elle engage la société dans son ensemble. En la favorisant, elle
assure son propre avenir.
Je me dois ici à Ploërmel, et ce n’est pas pour moi difficile de le faire, de rendre hommage
aux fondateurs et à la tutelle de cet établissement : les Frères de l’instruction chrétienne,
mais que chacun reconnait comme étant les Frères de Ploërmel, les ménnaisiens.
Jean-Marie de La Mennais a essaimé son message, à travers la Bretagne d’abord, à travers le
monde ensuite. Au service des jeunes, au service des hommes, dans une fraternité qui
inspire chacun de leurs établissements, au service de Dieu : « Dieu seul ! », proclamait-il.
Dans un réseau de solidarité, une dynamique de vie dans laquelle le CNEAP se retrouve sans
hésitation, la spiritualité du fondateur reste vivante.
C’est ensemble qu’il faut agir, tel est le message délivré par les frères de Ploërmel, c’est
ensemble que les établissements du CNEAP agissent.
Etre parmi vous aujourd’hui est une chance pour moi. Une chance de vous dire que pour le
CNEAP, l’enseignement agricole catholique, ce qui est réalisé ici au lycée La Touche de
Ploërmel, correspond très exactement à nos ambitions, à notre projet pour notre monde.
Ces ambitions sont simples. Elles sont évidentes. Je vous les rappelle néanmoins, car lorsque
l’on est entre nous, comme aujourd’hui, il faut se redire en confiance ce qui nous lie.
Notre première ambition est celle qui concerne le jeune. L’accueillir, l’écouter,
l’accompagner, le guider, pour qu’il devienne un acteur dans ce monde. En bref, un homme
ou une femme responsable.
Notre seconde ambition, c’est de contribuer à la dynamique du territoire qui accueille
chacun des établissements fédérés dans le CNEAP.
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Je peux imaginer ce que certains d’entre vous pensent en ce moment : le président du
CNEAP dit cela partout. Il ne s’adresse pas réellement à nous !!
Et bien, chers amis, c’est exact : dans chaque établissement que je visite, dans toutes mes
rencontres avec nos communautés éducatives, je réaffirme ces principes.
Je réaffirme ces principes parce qu’ils sont les points communs entre tous les
établissements du CNEAP, le fil rouge qui les relie les uns aux autres.
« Faire fédération » a été l’an dernier notre « slogan » quand nous avons fait notre tour des
régions pour expliquer les modifications des statuts de nos associations.
Ces quelques mots, « Faire fédération », ne sont pas vides. Ils s’incarnent dans des principes
communs qui sont notre marque de fabrique, notre signe de reconnaissance, notre identité.
C’est bien en cela que le CNEAP retrouve ici l’esprit de la tutelle du lycée La Touche et nos
deux réseaux doivent intensifier leur travail commun en se pensant comme deux expressions
complémentaires de l’enseignement catholique.
Mais en même temps que nos principes sont communs, ils se déclinent diversement, selon la
tradition et l’histoire de chaque établissement, selon son charisme propre inspiré par sa
tutelle mais aussi, selon son territoire d’implantation. C’est cela le CNEAP : une fédération
d’établissements unifiés partageant un but commun et en même temps, 190 établissements
différents. D’un établissement à l’autre, l’expression diffère, mais l’objectif reste le même ;
c’est là notre vrai richesse. Celle que je souhaite valoriser au sein de l’enseignement agricole
et au sein de l’enseignement catholique.
Nous sommes ici au lycée La Touche de Ploërmel, l’un des plus « prestigieux »
établissements catholiques agricoles de Bretagne qui en comporte cependant bien
d’autres !!
Le CNEAP Bretagne peut en être fier ! Et je sais, chers amis, qu’il l’est. Je vois ici le sourire de
son président, Jean Salmon, qui le confirme.
Un des plus célèbres secrétaires généraux de CNEAP n’y a-t-il pas fait ses classes
d’enseignant il y a bien longtemps ? Inutile ici de dire de qui il s’agit ?!
Le lycée La Touche apporte depuis plus de cent ans sa pierre à l’édifice global de
l’enseignement agricole et de l’enseignement catholique en Bretagne.
Sa notoriété a dépassé les limites de la région. La Touche est reconnu pour son projet
éducatif, pour la priorité mise sur l’éducation des jeunes et nombre d’agriculteurs bretons
sont « passés par La Touche».
J’ai évoqué les deux priorités des établissements du CNEAP ; aujourd’hui, c’est l’articulation
entre l’éducatif et le territoire qui est mise en valeur par cette inauguration.
L’unité de méthanisation que nous visitons montre tout à la fois une maitrise des projets et
une audace dans leur conduite.
Une maitrise du projet que nous avons constaté tous ensemble à travers ce magnifique
bâtiment et la recherche des partenariats nécessaires à sa réalisation.
Car ce type de projet ne peut se réaliser seul. Il faut, comme on le dit familièrement, « se
mettre ensemble ».
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Je tiens ici à citer, au risque d’en oublier, les partenaires qui ont permis cette réalisation.
Des hommes d’abord, parce que tout part d’eux : Pierre Camenen, le président de
l’établissement dont la ténacité et la détermination ont été indispensables à la réussite du
projet, mais également le chef d’établissement Bruno Heurtebis qui a finalisé l’idée initiée
par son prédécesseur, le frère André Richard.
Des institutions ensuite : le réseau coopératif CECAB, le crédit agricole du Morbihan et
Triskalia.
C’est cela l’intégration dans un territoire : faire preuve d’imagination et travailler ensemble
à la réussite de tous et du bien commun.
Notre société aujourd’hui s’interroge beaucoup sur son avenir avec, il faut le reconnaître,
une certaine pointe d’angoisse. Nul ne sait de quoi sera fait le monde laissé aux générations
futures, mais chacun est conscient qu’un modèle de société fondé sur une consommation
effrénée est en train de s’achever. Le XXème siècle est derrière nous.
Il s’agit de penser autrement l’utilisation des ressources naturelles de notre monde.
En fait, il s’agit, avec la technologie moderne, de revenir aux fondamentaux du monde
agricole : un juste usage des ressources mises à la disposition des hommes par notre
environnement. Nos parents et nos grands parents le savaient bien : notre terre n’est
inépuisable que si on la valorise, que si on en respecte le rythme.
Savez-vous ce qui figure sur le site internet du lycée ? Des mots très simples, mais riches de
sens : « Aimons ensemble la terre de demain ». Comment mieux l’exprimer ?
Notre société n’a pas toujours été dans cette démarche. Elle a même, jusque dans un passé
récent, exigé des producteurs une forme de travail qui a conduit à une surexploitation des
ressources naturelles en privilégiant la productivité. Nul ne peut reprocher à ces hommes de
l’avoir fait, se mettant ainsi au service des attentes de la société de l’époque : il fallait avant
tout, produire pour nourrir.
Aujourd’hui une prise de conscience du caractère durable de la relation Hommes/nature est
en train de naitre ; il faut s’en féliciter. Elle constitue un tournant historique inéluctable.
Le projet que nous inaugurons aujourd’hui s’inscrit dans ce cadre.
Le recyclage des déjections animales et leur transformation en énergie selon les procédés
techniques qui nous ont été expliqués tout à l’heure, révèle le sens de la responsabilité que
le Lycée La Touche et ses partenaires ont de cette question. Qu’ils en soient remerciés très
chaleureusement.
La SAS La Touche Energie a un bel avenir devant elle ; un grand merci à Philippe Geffroy, son
président, mais également à Daniel Ruyet, le responsable de l’exploitation agricole dont
l’investissement personnel a rendu possible ce qui nous rassemble aujourd’hui.
Elle contribuera ainsi, avec la douzaine d’autres unités de méthanisation de Bretagne et en
particulier celle d’un autre établissement du CNEAP, celui de la ville Davy à Quessoy appuyé
par Geotexia, à l’utilisation de la biomasse pour la production d’une énergie rentable et
faiblement polluante.
Une maitrise du projet, une audace pour le réaliser. En effet, belle réalisation !
Tous les experts s’accordent à dire que la France est en retard dans le développement de ce
procédé : moins de 50 unités sur le territoire national contre 7000 en Allemagne.
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L’enseignement agricole du CNEAP peut donc ressentir une certaine fierté à être acteur de
ces projets innovants qui dynamisent un territoire. Il fallait oser.
Félicitons ceux qui ont osé avec nous et interrogeons nous sur les mobiles de ceux qui
inventent des règles destinées à freiner les innovations.
Nous retrouvons ici l’un des axes forts du projet du CNEAP : être tout à la fois à l’écoute de la
société et en même temps, la précéder par une réflexion profonde sur ce qu’il faut enseigner
aux jeunes que nous accueillons.
Un établissement agricole du CNEAP assume sa responsabilité de former le jeune au mieux
des attentes des entreprises du monde agricole et celles-ci sont diverses, dans leur taille,
leur objet et leur mode de fonctionnement.
Le ministre de l’agriculture, Stéphane Le Foll, que Pierre Camenen et moi avions invité à
venir aujourd’hui, a annoncé les trois priorités qui seront inscrites dans la Loi d’avenir de
l’agriculture :
 Faire que l’enseignement agricole soit un ascenseur social pour ses élèves et
étudiants
 Privilégier une formation qui concilie environnement et rentabilité économiques des
exploitations
 Enfin, développer la coopération internationale et sensibiliser les futurs exploitants
agricoles à l’espace mondial qui sera le leur demain.
Le projet qui nous réunit aujourd’hui est bien de cette nature : une anticipation pertinente
des besoins de la société, un exemple pour les élèves de La Touche et enfin une articulation
entre projet pédagogique et dynamique territoriale.
La Loi d’avenir de l’agriculture confirmera peut être la pratique qui existe depuis longtemps
dans les établissements du CNEAP. Nous nous félicitons de voir Henri NALLET, que beaucoup
ici connaissent, nommé par le ministre pour coordonner la réflexion sur l’enseignement
agricole au sein de la Loi d’Avenir.
Des dates sont déjà prises : les 28 et 29 mars, en présence de Vincent Peillon et Stéphane Le
Foll, la réflexion sera lancée et nous y serons.
Une pointe d’humour, mes chers amis : le ministre a annoncé qu’elle se fera dans un
établissement agricole ! Pourquoi pas l’un des nôtres ? Quel courage politique ce serait !
Quel signe donné à la société ! Je ne sais pas ce que peut en penser monsieur Gutton, le
directeur régional ?
Mais redevenons sérieux ! Nous n’avons pas attendu une loi pour faire ce que nous
réalisons. Cette loi confortera nos intuitions fondamentales ; c’est tant mieux.
Lors de ma dernière rencontre avec le ministre, je lui ai dit au nom de tous nos
établissements de nous laisser innover, de nous aider à projeter le monde agricole dans
l’avenir en donnant à notre enseignement un vrai projet, une réelle ambition.
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Aujourd’hui la prise de conscience est totale : l’agriculture, les métiers du monde rural, sont
l’avenir de notre pays, l’avenir du monde face au défi alimentaire.
Enseignement d’excellence par sa réussite et sa capacité d’insertion professionnelle,
l’enseignement agricole mérite mieux que ce que les dernières années lui ont réservé.
Nous n’acceptons plus les restrictions de crédits, les freins administratifs et réglementaires à
l’innovation pédagogique et à l’expérimentation.
Nous ne pouvons plus continuer de voir nos associations souffrir économiquement parce
que la nation ne reconnaît pas la plus value apportée par l’efficacité de nos équipes
éducatives que je tiens à saluer ici.
Il nous faut parvenir à convaincre nos interlocuteurs de l’utilité de nos établissements.
Vous le savez tous : chaque établissement du CNEAP est associé par contrat au service public
d’éducation, à cette grande mission nationale destinée à construire un avenir plus radieux
pour nos jeunes.
Cette mission est définie et est encadrée par la loi, la Loi Rocard de 1984, qui attribue
des missions à l’enseignement agricole. Ces missions, mes chers amis, nous les
revendiquons, nous les assumons en pleine responsabilité et prenons ainsi notre part à
l’évolution des métiers agricoles, du tissu rural, de l’environnement naturel et sociologique,
bref
de
notre
société.
C’est bien pour cela que nous sommes tous réunis aujourd’hui.
C’est pour cela que le lycée La Touche a trouvé l’énergie pour développer son projet, un
projet conforme au bien commun.
C’est pour cela également que nous nous sentons légitimes dans nos demandes auprès de
l’État et des collectivités territoriales.
Emplois d’enseignants, subventions de fonctionnements, remplacement des enseignants
absents, etc. : doit-on encore justifier nos demandes ? Nos résultats ne suffisent-ils pas ??
Lorsque nous nous adressons à l’Etat pour demander des moyens, nous pouvons présenter
un bilan plus que satisfaisant de nos actions.
Dois-je ici rappeler l’excellence des résultats aux examens, de l’insertion professionnelle des
jeunes formés dans nos établissements et leur contribution à la dynamique des territoires, à
la dynamique de la ruralité qui fait aujourd’hui recette auprès dans les milieux politiques ?
Mieux vaut tard que jamais !
Aujourd’hui tous ici présents dans leur diversité : représentants de l’état, des collectivités
territoriales, des corps constitués, personnels et amis du lycée La Touche, des autres
établissements du CNEAP Bretagne, se félicitent de l’aboutissement du projet. Mais pour
que puissent se multiplier de tels projets, l’état doit assumer ses responsabilités en dehors
de toute idéologie, de toute partialité, se fiant à une unique question : un tel projet sert-il le
bien commun ?
Vous connaissez ma réponse, et je crois, chers amis, connaître la vôtre.
Je vous remercie.
Ploërmel, le 8 février 2013
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