I. La gouvernance d`entreprise dans l`UEMOA.

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I. La gouvernance d`entreprise dans l`UEMOA.
La gouvernance d’entreprise dans les pays de l’UEMOA
Remerciements
Au moment du choix de ce sujet, je m’attendais à trouver beaucoup
d’informations en ce qui concerne la gouvernance d’entreprise dans les pays membres de
l’UEMOA. J’avais estimé facile d’aborder le sujet mais en avançant j’ai très vite compris que
le sujet était beaucoup complexe et nécessitait d’avantage un bon diagnostic de la situation
managériale des entreprises. Cela m’a valu une reformulation de mon sujet de « gouvernance
d’entreprise au Burkina Faso » à « la gouvernance d’entreprise dans les pays de l’Union
Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) ». Je voudrais dire merci à Monsieur
CADIOU qui m’a permis d’approfondir et de reformuler le sujet en me conseillant le livre de
Marcel Zadi Kessy. Je voudrais aussi remercier l’ambassade du Burkina Faso en France qui
m’a permis d’avoir accès à des documents pour mener à bien mon étude.
J’espère sincèrement que cette étude pourra servir aussi bien aux opérateurs
économiques, jeunes créateurs et aux chercheurs comme instrument de réflexion et
d’approfondissement de la gouvernance d’entreprise. L’environnement économique ouest
africain actuel, aussi turbulent qu’il soit, devra pouvoir inscrire sa compétitivité dans une
bonne gouvernance.
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La gouvernance d’entreprise dans les pays de l’UEMOA
Sommaire
Remerciements .................................................................................................. 1
Sommaire .......................................................................................................... 2
Introduction....................................................................................................... 4
I.
La gouvernance d’entreprise dans l’UEMOA. .......................................... 6
1.
Présentation de l’entreprise dans l’économie....................................... 6
A.
Le secteur formel. ...................................................................................................7
a.
Les Grandes structures.............................................................................. 8
b.
Les petites structures. ................................................................................ 8
B.
Le secteur informel. ................................................................................................9
2.
Qui gouverne l’entreprise en Afrique ? ............................................. 11
A.
Entreprises publiques et grandes entreprises ........................................................11
B.
Entreprises individuelles ou familiales .................................................................13
C.
L’activité informelle..............................................................................................14
3.
Les conséquences de l’absence de bonne gouvernance..................... 15
II. La crise du management.......................................................................... 15
1.
L’Etat .................................................................................................. 16
A.
Des outils : les infrastructures ..............................................................................18
B.
Transparence dans les affaires..............................................................................19
C.
Importance de la bonne gouvernance des statistiques officielles pour les
entreprises....................................................................................................................20
2.
Les grandes réformes : les privatisations............................................ 21
3.
Le contexte culturel : le poids des traditions ...................................... 23
A.
La mouvance Conservatrice..................................................................................26
b.
Gestion des ressources humaines ............................................................ 28
c.
Gestion de l’exploitation.......................................................................... 28
d.
La gestion des complexes......................................................................... 29
B.
Le facteur temps....................................................................................................31
4. Le dysfonctionnement des administrations ............................................ 32
A.
Les lourdeurs administratives ...............................................................................32
B.
Lourdeurs des autres partenaires. .........................................................................33
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a.
Banques................................................................................................... 33
b.
L’autorité traditionnelle ou religieuse. .................................................... 33
c.
Les salariés ............................................................................................. 34
d. Les autres facteurs sources de difficultés pour les entreprises. ...................... 34
C.
Transmission.........................................................................................................35
III. Perspectives de la nouvelle entreprise africaine ..................................... 39
1.
Les grandes réformes en cours ........................................................... 39
A.
L’OHADA.............................................................................................................39
B.
Le SYSCOA...........................................................................................................41
2.
Le dynamisme de la BECEAO............................................................ 43
3.
NEPAD (New Partnership for Africa Development).......................... 45
A.
Gouvernance économique .....................................................................................46
B.
Gouvernance politique..........................................................................................46
C.
Une attention particulière à un ensemble de facteurs ............................................47
4.
Les solutions à la crise de gouvernance ............................................. 48
5.
L’alternative et les grands défis des décennies à venir ....................... 49
Conclusion ...................................................................................................... 52
Annexes 1 ........................................................................................................ 53
Annexes 2 (la gestion des sociétés d’Etats) ..................................................... 54
Annexes 3 ........................................................................................................ 56
Annexes 4 ........................................................................................................ 57
Annexes 5 ........................................................................................................ 58
Bibliographie................................................................................................... 64
Tableau des abréviations :............................................................................... 65
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La gouvernance d’entreprise dans les pays de l’UEMOA
Introduction
La gouvernance d’entreprise est devenue un sujet prépondérant dans le concept
des organisations et de l’économie des pays occidentaux ces dernières années avec les
scandales politico financiers qui ont secoué les multinationales. De plus en plus les entreprises
sont jugées par leurs performances mais aussi sur la qualité de leur management. C’est dans
un tel contexte que nous avons voulu faire une étude sur la gouvernance d’entreprise dans les
pays membres de l’UEMOA (Union Economique et Monétaire Ouest Africaine). Nous
estimons que pour ces pays, les entreprises ont les mêmes caractéristiques à quelques
exceptions près. Les jeunes cadres formés dans les grandes écoles et universités
« occidentales » ont la lourde tâche de mettre en place une gestion saine des entreprises en
appliquant des méthodes de gouvernement qui sont inspirées d’un environnement économique
mondial globalisé. C’est un exercice complexe en ce sens que l’Afrique accuse un retard
économique par rapport aux pays développés. En effet depuis les indépendances, les
entreprises cherchent des voies et moyens pour se mettre au niveau des sociétés
internationales.
Le choix du sujet a été motivé par le fait que le concept est assez récent et que
les différents acteurs économiques s’y sont beaucoup intéressés en œuvrant de manière à
pouvoir redynamiser les activités économiques. Cette étude, aussi théorique qu’elle soit,
pourrait constituer un document pour les nouveaux créateurs. A l’heure où le Nouveau
Partenariat pour le Développement de l’Afrique (NEPAD) est en marche, les spécialistes de
l’entreprise s’accordent pour repenser une nouvelle stratégie afin de renouer avec la
croissance et la performance. De plus en plus les institutions sous régionales organisent des
rencontres internationales pour aborder sérieusement le sujet afin de jeter de nouvelles bases
complémentaires à l’économie.
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L’Afrique, dont les entreprises n’arrivent pas à s’imposer, ne semble pas
trouver ses repères car il y a, d’une part un contexte culturel qui influence notablement la
gestion, d’autre part des pressions en provenance d’une première tendance à se référer aux
valeurs occidentales comme modèle et une seconde tendance qui estime qu’il serait nécessaire
de trouver une alternative en construisant un modèle complètement adapté, mais sans être à
mesure de donner des réponses appropriées. La coexistence des secteurs formels et informels
est une réalité qui met en difficulté toutes les mesures de redressement ou de soutien aux
activités économiques.
Nous avons donc choisi de nous interroger sur la situation actuelle du
management des entreprises et leur contre performance actuelle. La gouvernance d’entreprise
soulève de nombreuses questions, notamment : Qui dirige les sociétés ? Au bénéfice de qui ?
Qui a le pouvoir décisionnel de la société : les actionnaires, le management, le directoire ou
bien d’autres acteurs comme les employés, les bailleurs de fonds ou une communauté plus
large ? Les éléments clés de la bonne gouvernance d’entreprise sont : la transparence, la prise
de responsabilité, la capacité de rendre des comptes et un traitement juste pour tous les
acteurs.
Quelles sont leurs forces et leurs faiblesses de l’entreprise ? Il serait tout à fait
intéressant d’apporter une critique sérieuse après un diagnostic de la situation managériale et
de faire des propositions qui puissent constituer des documents de réflexion pour les acteurs
de l’économie qui ont choisi d’entreprendre malgré les difficultés et les risques que cela
comporte. Dans le développement qui va suivre, nous allons tenter de répondre à ces
multiples questions en nous penchant, en un premier temps, sur l’état de la gouvernance
d’entreprise dans les pays membre de l’UEMOA. Dans une seconde étape, nous apprécierons
la crise managériale avant de nous ouvrir sur les perspectives de la nouvelle Afrique de
l’entreprise.
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La gouvernance d’entreprise dans les pays de l’UEMOA
I.
La gouvernance d’entreprise dans l’UEMOA.
Selon Pierre MORIN le management se définit comme la résultante de deux discours
différents mais complémentaires : la pensée manageante et la pensée managériale. La pensée
manageante désigne la liste des solutions données habituellement aux problèmes de management
rencontrés et rencontrés dans un contexte donné. Il n’y a pas de solutions spécifiques ; mais un
ensemble de solutions possibles. LA pensée managériale représente les actions, les pratiques et les
expériences des managers et leur conception du management (éthique, philosophie, morale,..),
d’une appréhension possible globale d’une expérience. Les pays africains et plus particulièrement
ceux de l’UEMOA sont dans un environnement assez particulier et chaque entreprise est un cas
isolé. Pour comprendre le fonctionnement de ces organismes, nous allons examiner la situation
actuelle des activités au sein de cette union monétaire et la situation des entrepreneurs.
1. Présentation de l’entreprise dans l’économie.
L’Afrique connaît une économie en transition, les entreprises ne sont pas
outillées pour mettre en place la bonne gouvernance d'entreprise, suite aux relations étroites
entre systèmes financiers et pouvoirs publics. Il existe un sous développement des capacités
institutionnelles qui n'attire pas les investisseurs internationaux dont les exigences appellent à
des normes élevées de gouvernance.
Les pouvoirs publics et les décideurs doivent créer un cadre propice à
l'instauration de la bonne gouvernance d'entreprise pour attirer les investisseurs, en luttant
contre la corruption, le blanchiment d'argent et les défaillances des systèmes judiciaires.
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La gouvernance d’entreprise dans les pays de l’UEMOA
Au niveau international, les marchés fonctionnent avec de puissants facteurs
que sont les marchés et les instruments financiers. Il y a une grande mobilité des capitaux et
de la force de travail qualifiée et continuellement formée. Il serait opportun de prendre des
décisions courageuses même si elles doivent être douloureuses pour affronter le marché
mondial, au lieu d’être un « sous marché dans le marché » ou du moins un marché parallèle
au marché.
Le dynamisme d’une économie est une conséquence la vivacité de ses
entreprises et des divers autres acteurs publics ou privés qui la composent. A l’heure actuelle,
le dynamisme bancaire et de crédit connaît un regain mais son accès reste le privilège d’un
nombre limité d’acteurs. Deux secteurs clés cohabitent en s’interférant dans l’environnement
économique : le secteur formel et le secteur informel. N’est-ce pas dans un tel contexte que
René Dumont disait que « L’Afrique noire est mal partie. » ? En voici les explications.
A. Le secteur formel.
Dans ce secteur, on rencontre l’ensemble des entreprises légalement
constituées et qui sont sous le contrôle de l’Etat et des autorités financières. C’est un certain
nombre d’entreprises sous forme de Société à Responsabilité Limitée (SARL) ou de sociétés
anonymes qui, pour des raisons de développement et de financement, sont dans l’obligation
de fournir un certain nombre de garanties vis-à-vis des tiers, notamment la tenue obligatoire
du compte, la présentation d’une liasse fiscale à la clôture de chaque exercice, l’affiliation des
salariés à des caisses de Sécurité sociale… Elles subissent à la fois la concurrence du secteur
informel et sont la cible privilégiée de l’administration fiscale dans le sens où elles sont les
seules en mesure de soumettre à l’autorité publique.
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a.
Les Grandes structures
Ce sont de grosses PME (Petites et moyennes entreprises) ou des filiales de
sociétés étrangères notamment les établissements bancaires, les sociétés d’assurances, de
distribution pétrolière, industrielle, pharmaceutique, de transport, de télécommunication, de
distribution d’électricité et d’eau…
Elles se sont données les moyens pour assurer une bonne gestion. Ces entreprises
sont bien organisées et dotées des personnels nécessaires et compétents à l’accomplissement
de leurs activités. Les salariés sont régulièrement déclarés aux caisses de sécurité sociale. Ce
sont, dans la plupart des cas, des sociétés anonymes à conseil d’administration où les
actionnaires sont très vigilants en matière de management. Dans ces sociétés les dirigeants ont
pour souci la performance et la croissance. Avec les privatisations qui sont intervenues dans
le cadre des programmes d’ajustement structurel, la mauvaise gestion de certaines entreprises
a été sanctionnée par le marché et les actionnaires.
La libéralisation du marché a favorisé l’arrivée de sociétés concurrentes et la
chute des monopoles d’Etat ou privés. Le visage de la gouvernance a connu un nouveau
tournant avec une exigence de transparence. Il n’y a plus de nomination de complaisance ou
de maintien en vie de sociétés structurellement déficitaires par des subventions publiques. Les
privatisations sur ce plan ont donné un nouvel élan et une certaine efficacité au management.
b.
Les petites structures.
Ce sont des sociétés à responsabilité limitée, à caractère familial. Leur gestion
est assurée par les fondateurs. Dans la plupart des cas, elles ne peuvent se doter de personnel
nécessaire à leur fonction de production ou commerciale. Elles choisissent en partie un
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salariat restreint à leur entourage, avec assez souvent des personnes travaillant sans contrat et
cela constitue en partie une énorme faiblesse. Les managers, face à un secteur informel très
instable mais aussi entreprenant, se trouve assez rapidement confrontés à la rude épreuve des
obligations fiscales et salariales. A titre d’exemple, nous citerons le domaine pharmaceutique
en Afrique de l’Ouest, où les pharmacies trouvent en face d’elles des produits de contre
bande, inefficaces, mais récupérant une part de marché considérable. Le phénomène est très
dangereux pour la santé publique et il est une menace sérieuse pour des pharmaciens qui sont
soumis à d’énormes responsabilités. Les Etats se trouvent tiraillés par les entreprises légales
qui ne veulent payer le prix de leurs obligations sans une lutte contre les fraudeurs.
Le management des sociétés de petite taille est souvent délicat et ces structures
quand elles ne sont pas très réglementées vont se retrouver à la limite du secteur formel et
informel.
B. Le secteur informel.
Définition
♦
: le secteur informel est l'ensemble des activités économiques qui se
réalisent en marge de la législation pénale, sociale et fiscale ou qui échappent à la
Comptabilité Nationale. C'est aussi l'ensemble des activités qui échappent à la politique
économique et sociale, et donc à toute régulation de l'Etat.
Dans tous les cas, ces deux définitions se recoupent puisqu'elles évoquent leur
statut juridique tout en soulignant l'idée de fraude. Paradoxalement, ce secteur censé se
soustraire au contrôle de l'Etat fonctionne au vu et au su de tous. Complaisance ? Ambiguïté
de l'Etat ? Des trois secteurs connus (primaire, secondaire, tertiaire), dans quelle catégorie
classer l'informel dans la mesure où toutes les activités des trois secteurs y sont représentées ?
Banques traditionnelles (tontines), ateliers de réparation, médecine de proximité s'y côtoient.
♦
Source : Concepts et indicateurs du marché du travail et du secteur informel. Méthodes n° 2
Décembre 1999
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D'où la gêne qu'éprouvent certains économistes d'appliquer la notion de "secteur" à celui de
l'informel. La plupart des ouvrages que nous avons pu consulter dans le cadre de ce mémoire
ne manquent pas de souligner les problèmes que pose le secteur informel à la vie de
l’économie et de l’ensemble des entreprises, ce qui nous permet d’affirmer qu’il serait
nécessaire de prendre des mesures adéquates pour parvenir rapidement à son harmonisation
sérieuse et concertée. Dans ce secteur on rencontre toutes formes d’entreprises qui rendent des
services à la frange des populations les moins démunies à des coûts leur restant accessibles.
Les services ou les marchandises peuvent être trouvés au plus petit détail. Les activités de
trafics interdits, de contrefaçons, peuvent bien être citées comme relevant de l’informel.
Pouvant être considérée comme une zone tampon entre l’économie
traditionnelle et l’économie moderne, le secteur informel joue un rôle d'adoption des migrants
et un rôle d'accueil des agents économiques exclus du secteur officiel. La divisibilité des
produits, et leur demande évolutive en raison de la faiblesse de leur pouvoir d'achat, est un
facteur qui renforce le couple vendeur / acheteur. Cette relation, au-delà de sa fonction
économique, favorise une convivialité absente dans le secteur formel où les prix ne donnent
pas lieu à des négociations. La baisse sans cesse croissante du pouvoir d’achat des salariés
exerçant dans le secteur moderne incite les ménages à rechercher des revenus
complémentaires dans le secteur informel pour « joindre les deux bouts » chaque mois.
Alors, toute structure qui ne peut être classée dans le secteur formel se
retrouvera dans l’informel. L’activité économique du secteur informel est très importante ; et
c’est d’ailleurs lui qui fournit la main d’œuvre moins chère et souvent peu qualifiée à des
créateurs potentiels. A cause du développement de ce secteur, les entreprises qui se structurent
rencontrent une concurrence rude, qui tend à les mettre en difficulté de manière permanente.
La politique des entreprises légalement constituées serait de faire une énorme
pression sur les pouvoirs publics pour que le secteur informel disparaisse ou que lui soient
appliquées les mêmes règles. Si les Etats devraient s’y mettre, ce serait un énorme chantier
sur plusieurs décennies mais ce passage est incontournable : réduire le secteur informel en le
soumettant progressivement au contrôle de l’administration ou en veillant à engager des
réformes pouvant permettre d’assurer son intégration totale au système économique.
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La dévaluation du Franc CFA♦ en 1994 et la mise en oeuvre des politiques
d'ajustement structurel avec ses effets pervers (réduction des salaires, diminution des effectifs
de la Fonction publique, privatisation des entreprises d'Etat...) ont contribué à la
dévalorisation du secteur public et donc au gonflement du nombre d'agents opérant dans le
secteur informel.
Les effectifs du secteur informel ont presque été doublés à cause des
privatisations. Les Etats, qui en réalité n’avaient pas anticipé sur le développement de ce
secteur, sont toujours incapables de répondre aux besoins fondamentaux des populations dans
les domaines de l'emploi, de la santé, du logement et de l'éducation. Le paradoxe aujourd’hui
c’est que ce secteur informel qui doit être éradiqué à terme est à la fois dynamique et
souterrain, souvent invisible et performant. Notons que bon nombre d’entrepreneurs ont fait
leurs armes dans l’informel avant de se lancer dans le formel.
2.
Qui gouverne l’entreprise en Afrique ?
Pour répondre à cette question, nous avons choisi de scinder les
domaines d’activités en trois grandes parties pour ne pas seulement nous cantonner aux deux
secteurs précédemment développés. Il est essentiel d’observer combien il est difficile dans des
économies transitoires de mettre en œuvre des politiques réglementaires adéquates.
Nomenclature des entreprises présentée en annexes 1.
A. Entreprises publiques et grandes entreprises
Ce sont des sociétés d’une assez grande taille qui, il y a une dizaine d’années,
détenaient un quasi monopole dans leurs domaines. Elles ne sont présentes que dans les
capitales et les grandes agglomérations. Aujourd’hui, avec les multiples privatisations en
cours, les Etats cèdent petit à petit leur participation. Lorsqu’un Etat possède une participation
♦
CFA : Communauté Financière Africaine. La dévaluation a donné une nouvelle parité à la monnaie : 1 FF = 100
FCFA contre 50 FCFA. La parité avec l’euro est fixe 1 Euro = 655.957 FCFA
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dans le capital d’une société il a droit à une représentation au conseil d’administration au
même titre que les autres actionnaires, mais avec un statut presque exceptionnel. Cet
administrateur, ou dirigeant de société, peut être nommé par l’administration étatique ellemême sur des critères définis par le ministère de tutelle. Un technocrate peut être appelé à de
hautes fonctions de direction. Sa liberté d’action n’est pas souvent totale. En effet, son équipe
va, à la limite, lui être imposée, sans qu’il puisse s’y opposer. Y a-t-il vraiment les personnes
qu’il faut à la place qu’il faut ?
« … quand le contrôleur financier s'érige en agent tout puissant, ne recevant
d'ordre que de son ministère d'origine qui se trouve ne pas être le ministère de tutelle de la
société, le mal est encore plus profond, ont dénoncé les DG… Parfois, le contrôleur financier
n'est pas résident et c'est très difficile de mettre la main sur lui, alors qu'aujourd'hui, une
société en quête de performance doit pouvoir réagir avec promptitude face à une opportunité
de bonnes affaires. »♦
Nous vous proposons la suite de l’article en annexes 2 pour comprendre la situation des
entreprises d’Etat et des entreprises où l’Etat est actionnaire influent ou majoritaire.
Les recrutements de personnel peuvent se faire dans l’art, mais, très souvent,
des personnes subalternes qui prennent le train en marche, perturbent profondément le bon
fonctionnement de la structure, parce que, arrivées sur recommandations, elles refusent de se
plier à l’autorité. Ces individus, quand il ne sont pas incompétents, ont tendance à se mettre à
un niveau qui n’est pas le leur, gênant complètement la mission des dirigeants. Dans le vrai
sens du terme on dit qu’ils « couverts ».
Il peut arriver que des postes de dirigeants d’entreprises soient politisés et que
l’Etat fasse une nomination de complaisance. Quelqu’un peut être appelé à des fonctions qui
ne relèvent pas de ses compétences. Beaucoup de sociétés d’Etat ont longtemps été
déficitaires parce que, sous prétextes de service public, la gestion ne s’est pas effectuée
comme dans le privé. De toute évidence, ces sociétés auraient, en temps normal, déposé le
bilan, ou seraient en procédure de liquidation et de redressement judiciaire.
♦
Editions le pays quotidien d’information à Ouagadougou (Juillet 2003)
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B. Entreprises individuelles ou familiales
Ce sont les plus nombreuses et les plus actives car les personnes qui ne sont
pas classées dans le secteur informel s’y retrouvent. Elles sont organisées comme des sociétés
commerciales ou de production qui s’élargissent aux multiples services dans le transport,
l’artisanat. On y retrouve la restauration, les travaux en matières d’électricité, bâtiments et
toutes les formes de services qui ne peuvent pas êtres couverts par les entreprises plus
structurées. Les chefs d’entreprises travaillent souvent seuls ou aidés par des personnes à la
recherche d’un emploi. Chaque entrepreneur fonctionne à sa manière et s’adapte ainsi aux
situations du marché. Ces entreprises se retrouvent aussi bien dans les grandes villes que dans
les moyennes agglomérations et constituent une jonction entre les campagnes et les villes.
Leurs activités constituent un prolongement de l’activité économique des grands opérateurs.
C’est dans cet environnement que vont se développer des structures beaucoup plus
autonomes si la croissance est au rendez-vous. Dans ces organisations, il n’y pas d’horaire de
travail fixe et on ne connaît ni les jours fériés ni une limitation à son domaine d’activités.
C’est souvent là que les créateurs qui entrent dans le marché cherchent leurs repères avant de
se positionner dans un domaine où ils auront trouvé le meilleur créneau. Inutile de penser
qu’une stratégie formelle peut être initiée dès l’origine. La notion de gestion est élémentaire
ou simplifiée parce que ces créateurs ne peuvent se permettre de se doter de moyens allant
dans ce sens. La seule préoccupation est la gestion de trésorerie et la question de
recouvrement de créances quand les transactions ne sont pas négociées « cache ». Il arrive que
lorsqu’une entreprise de cette forme arrive à trouver un contrat auprès d’une institution, elle
doit se conformer à ses exigences (rapport de force oblige), en se dotant d’un compte bancaire
pour un éventuel règlement ou virement. C’est dans de telles situations que les acteurs
comprennent assez souvent le fondement de l’utilité d’un contrat, les délais d’exécution de
travaux et la qualité des prestations.
Au regard de tout cela, la structure à l’origine peut nourrir des ambitions
d’ouverture et de structurations. Malgré le niveau assez souvent peu élevé des opérateurs
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(illettrisme), l’activité peut devenir consistante par l’expérience et la variété des contrats. Un
commerçant qui se lance dans l’import export se rend compte que pour obtenir certaines
facilités il faut être en règle vis-à-vis des impôts. Petit à petit, le chef d’entreprise, souvent
absent du pays, se sentira dans l’obligation de se faire entourer par des personnes de manière
permanente afin d’assurer une continuité de son exploitation.
Comme nous venons de l’évoquer un peu plus haut, ces entreprises sont à mis
chemin entre les secteurs formel et informel.
C. L’activité informelle.
Le secteur informel couvre des activités qui sont aussi présentes dans les villes
que dans les campagnes. Comme nous n’avons pas manqué de le signifier, c’est le domaine
où se reversent toutes les personnes sans activités, en provenance de zones rurales. C’est là
que, d’une manière générale, les entreprises du bâtiment et de la manutention recrutent.
L’activité informelle n’a ni une forme ni une structure que l’on peut définir de manière
précise ; c’est, en gros, tout ce qui échappe au secteur formel. En effet, le domaine est très
développé et aussi actif car il regroupe le plus grand nombre des personnes actives.
Dans cet environnement, les affaires sont à la fois impénétrables et
incontrôlables. Plusieurs dirigeants d’entreprises ont compris, exploitent le système et se
cachent derrières des prétextes fiscaux pour ne jamais chercher à trouver le statut
d’entreprises légalement reconnues. Assez souvent, malgré la taille ou le volume de leurs
affaires, leur statut aurait relevé d’une certaine catégorie des moyennes entreprises, mais
souvent l’administration n’arrive pas à les contrôler et à les reclasser de manière rigoureuse.
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3. Les conséquences de l’absence de bonne
gouvernance.
Les entreprises des pays de l’UEMOA sont confrontées à plusieurs sortes de
difficultés dont les plus récurrentes sont :
v Faillites dues aux difficultés de trésorerie et de recouvrement de créances.
v Difficultés financières à cause de l’absence de capitalisation conséquente.
v Fraudes et malversations diverses.
v Rapports financiers frauduleux surtout en l’absence de conseils, d’outils de gestion.
v Mécontentement des investisseurs institutionnels.
v Performances décevantes.
v Regroupement d'entreprises non réussi.
Il y a d’énormes conflits de rôles et de compétences entre le conseil
d'administration et la direction générale. Toutes ces difficultés sont à la base de la contre
performance des entreprises.
II. La crise du management.
Pourquoi une si grande contre performance des entreprises ? Les difficultés
sont multiples et complexes. D’où provient l’ensemble de ces facteurs de ralentissement de la
compétitivité des entreprises ? Il est tout à fait facile d’énumérer les causes de cette fracture,
mais il nous semble important d’approfondir certains détails qu‘on croirait non significatifs
mais qui en réalité sont à l’origine de cette impossibilité de planifier et de diriger une structure
privée. Autant les Etats sont responsables, autant les entreprises n’en demeurent pas moins
coupables. Pour cette deuxième partie nous allons faire le lien entre l’environnement
économique et la difficulté d’assurer un développement durable pour les entreprises.
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1. L’Etat
Depuis 1990, avec le courant de la démocratie qui a soufflé sur le continent, on
aura surtout parlé de bonne gouvernance dans la gestion des hommes et des biens. Ce courant
va aussi à l’endroit des entreprises puisque les entités publiques s’ouvrent aux personnes de
droit privé. L’Etat, pour jouer pleinement son rôle, devra continuer à se désengager des
activités économiques pour se contenter de son rôle d’arbitre. L’Etat comme opérateur
économique a créé d’énormes distorsions en matière de concurrence en subventionnant des
entreprises structurellement déficitaires, en s’octroyant des monopoles et aussi par abus de
position dominante.
Dès lors que l’activité économique est régie par des personnes physiques ou
morales privées, les entreprises sont tenues de faire de la performance sous le contrôle des
investisseurs. Le privé pourra absorber une grande partie des cadres et des personnels formés
si elles veulent rester compétitives.
L’Etat devra se résoudre à son rôle d’arbitrage pour assurer la sécurité des
transactions, la sécurité des payements et une bonne application et le respect des contrats
privés, en créant une certaine discipline dans les affaires.
La difficulté de la gouvernance d’entreprise trouve ses sources dans l’histoire
de l’économie africaine qui a été marquée par le commerce triangulaire, les échanges
transsahariens et la colonisation. Dans l’instabilité sociale il est impossible de construire et
d’entretenir de manière durable quelque forme d’entreprise que ce soit. Les indépendances
sont arrivées comme une lueur d’espoir. Les pouvoirs politiques vont être très vites confrontés
à des difficultés internes et vont tenter, tant bien que mal, de relancer sans succès l’économie
avec des infrastructures à peine existantes, d’où un recours à l’endettement. Les semblants de
démocraties de l’époque n’allaient surtout pas favoriser le libre échange, à cause de l’absence
de vraies politiques d’intégration sous-régionale. Cependant la naissance de l’Union
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La gouvernance d’entreprise dans les pays de l’UEMOA
Monétaire Ouest Africaine et celle d’Afrique Centrale sont des prémices d’une volonté de
l’ouverture économique et de la libre circulation des personnes et des biens.
L’autorité africaine se trouvait donc sur plusieurs chantiers que sont
l’éducation, la santé et l’autosuffisance alimentaire. De manière progressive les entreprises
allaient trouver leur place dans un environnement non encore stabilisé sur les plans politiques
et juridiques. Le poids de l’endettement des Etats allait les contraindre à une pression fiscale
sur les entités privées, ce qui n’a pas du tout favorisé des initiatives d’investissements hormis
l’Etat, lui-même opérateur économique et administration.
Une question banale sur un sujet sur lequel nous ne ferons pas un
développement considérable est celle de la TVA. Cette taxe, qui devait relever les recettes
fiscales, n’atteindra pas pleinement ses objectifs avant plusieurs années. C’est très simple car
ne payent cette taxe que ceux qui ont une activité déclarée ou pour l’existence d’une raison
fiscale. Sans être un spécialiste on se rend facilement compte du nombre important de
commerçants des marchés urbains ou provinciaux qui réalisent des chiffres d’affaires
importants et sont exonérés de cette taxe. Plus de quatre vingt dix pour cent de l’activité
économique se trouvent en dehors de ce cadran fiscal parce qu’aucun moyen ne permet de les
cibler, parce qu’elles sont, pour la plupart, en milieu rural et en provinces. Tout le système
commercial est axé sur un trafic et une fraude douanière ahurissante.
Toutes les villes provinciales, les villages et les campagnes sont alimentés par
des marchandises qui échappent aux services des douanes et souvent à très forte dangerosité.
Les alcools prohibés, les sucres, les cigarettes, les carburants avec les risques que cela peut
comporter, les allumettes, les pagnes, les drogues et des produits pharmaceutiques de
contrebande s’étalent et se vendent à la vue et au su de tout le monde. Souvent, ce sont les
forces de police qui jouent le rôle de la douane avec toutes les dérives que cela peut
comporter. Le système en dehors des grandes agglomérations ne peut pas être fonctionnel
quelle que soit l’efficacité des cadres fiscaux. Devant de telles situations, que peut faire un
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La gouvernance d’entreprise dans les pays de l’UEMOA
chef d’entreprise pour se maintenir en compétition ? Ces facteurs ne sont pas promoteurs de
bonne gouvernance ni porteurs de performance.
Des centaines de milliers d’opérations échappent à l’administration fiscale.
Tout le système fiscal ne repose que sur ceux qui ont choisi d’exercer des professions
réglementées, les entreprises légalement constituées et reconnues et identifiées par
l’administration, ce qui crée une concurrence déloyale, faussant les données économiques.
A.
Des outils : les infrastructures
L’entreprise ne peut pas, avec ses seules ressources, se donner les moyens de
pratiquer la bonne gouvernance. Elle a besoin que l’Etat participe, avec une meilleure
redistribution des deniers publics et des infrastructures adéquates. Cela est coûteux mais, sans
de véritables politiques de désenclavement des zones inaccessibles, la « nouvelle Afrique de
l‘entreprise » ne se fera avec la participation d’une bonne frange de la population. Entre
l’école, et les voies de communication, il y a urgence car les nouvelles entreprises ne pourront
être compétitives sans formation des acteurs et sans leur capacité à se déplacer et à déplacer
certains outils de production ou de transférer la production. Nul ne connaissant les caprices de
la pluviométrie et ses conséquences sur les productions agricoles ( coton, arachides, fruits,…),
l‘avenir des entreprises agricoles demeure incertain quand on sait que les petits exploitants ne
pourront jamais se doter de barrages ou de forages pour compléter une insuffisance
pluviométrique.
Les infrastructures routières sont médiocres et ne permettent pas de
désenclaver efficacement les pays de l’intérieur, ceci est un frein considérable à la circulation
des personnes et des biens. Le développement de toutes ces infrastructures va encore donner
un nouveau paysage pour l’entreprise dans le sens où elle sera en mesure d’atteindre un bon
niveau de production et alimentera d’abord le marché local, avec la création de zone
d’activités intenses.
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La gouvernance d’entreprise dans les pays de l’UEMOA
B.
Transparence dans les affaires
L’Etat devra peser de tout son poids. Il ne s’agira pas de créer un système de
répression aveugle, mais de veiller à protéger tous les opérateurs bienveillants des abus de la
« délinquance d’affaires ». La protection des salariés et l’obligation d’affiliation aux caisses
de sécurité sociale seront des garanties pour ceux qui offrent leurs services. Les
administrations fiscales devront être en mesure de ne point faire de privilégiés en matière de
recouvrements des impôts et taxes. Sous prétexte du niveau des activités certaines entreprises
se trouvent dans des catégories où elles ne devaient pas être. Cela est un danger pour le calcul
de certains indicateurs des économies nationales.
La tenue de comptes devra encore être élargie à des structures qui se veulent du
secteur informel et l’Etat devra être catégorique en la matière. Des entreprises se classent dans
le secteur informel parce qu’elles veulent échapper à tout contrôle. La tâche d’harmonisation
de ce secteur est la plus délicate et sera le véritable défi des Etats pour les décennies à venir. Il
faudra créer un cadre d’échange qui puisse permettre aux Etats de se donner les moyens pour
y remédier de manière durable, car le secteur informel est essentiellement une conséquence de
l’inexistence de formation des jeunes qui, très tôt, se trouvent dans le besoin d’exercer une
activité. Sans qualification, ces personnes se résignent à trouver des occupations transitoires
avant de trouver un point de chute.
Il n’y aura pas de plan réussi pour l’économie et l’entreprise sans des mesures
de reconversions des acteurs du secteur informel. Une économie à deux vitesses avec, d’un
côté, des entreprises qui prospèrent et, d’un autre, un secteur informel qui ne saura où se
positionner, sera un échec des prochains modèles de bonne gouvernance.
La gouvernance d’entreprise ne va pas sans la bonne gouvernance politique.
Lorsque les institutions étatiques fonctionnent avec une séparation des pouvoirs, les acteurs
économiques retrouvent la confiance et deviennent plus entreprenants. Quelles que soient les
mesures qui vont être menées par les pouvoirs public, il est nécessaire de mettre à la
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La gouvernance d’entreprise dans les pays de l’UEMOA
disposition des organisations des chiffres et des indicateurs statistiques fiables qui puissent
aider à la construction de données prévisionnelles et de mesure crédibles.
C.
Importance de la bonne gouvernance des statistiques officielles
pour les entreprises
La disponibilité de données statistiques fiables est fondamentale pour les
entreprises du secteur privé qui les utilisent pour faire leurs projections et déterminer leurs
choix stratégiques, en particulier pour ce qui concerne les décisions d’investissement. C’est la
raison pour laquelle, les organismes chargés de la statistique doivent établir les indicateurs
selon un critère d’utilisation pratique et les rendre disponibles, en toute impartialité. La
garantie de l’indépendance scientifique et technique des organismes de statistiques, en
déterminant, en fonction de considérations purement professionnelles, les méthodes et les
procédures de collecte, de traitement, de stockage et de présentation des données, devrait
aussi aider à renforcer la confiance des acteurs privés dans le traitement de l’information
chiffrée.
Cette exigence d’indépendance n’est évidemment pas sans lien avec le statut du
service de la statistique. Plusieurs modèles sont envisageables, mais de plus en plus, les pays
recourent à des instituts nationaux de la statistique, dotés d’une forte autonomie et isolés de
toute influence politique. Il est souhaitable également que cet institut soit supervisé par une
Commission statistique indépendante (comprenant les utilisateurs, la société civile, des
experts reconnus, etc.), qui sera garante de la qualité de la statistique produite et qui pourra se
prononcer sur la programmation des travaux statistiques de l’année à venir. Elle pourra aussi
s’assurer que les besoins et attentes des fournisseurs et des utilisateurs de données statistiques
sont bien pris en charge par l’Institut de statistique. S’agissant des statistiques économiques
publiées par les services statistiques, les données sur les entreprises en constituent le socle
fondamental qui permet d’élaborer les différents indicateurs relatifs, notamment, à la
comptabilité nationale et aux données financières. La disponibilité d’un registre central des
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entreprises est à cet égard primordiale. Le problème majeur observé concerne les retards
importants dans les dépôts, malgré un suivi très rapproché des entreprises retardataires, au
moyen de lettres de relance, d’appels téléphoniques et de visites auprès des unités ou des
cabinets comptables chargés d’établir les déclarations pour leur compte. Pour le traitement
d’importants problèmes de cohérences, des tableaux peuvent être conçus.
Certaines déclarations - déséquilibre des comptes, différences de soldes,
imputations, changements dans l’activité déclarée d’une année à l’autre - sont liés à
l’imprécision de la nomenclature arrêtée ou à l’insuffisance des explications relatives au
classement dans la nomenclature adoptée par le système comptable. Au niveau des
statistiques économiques, il faut signaler aussi le projet de centrale de bilans que la Banque
Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a mis sur pied et qui a pour objet
notamment de renforcer les analyses de performances et de perspectives financières des
entreprises afin d'éclairer les décisions de gestion, d'investissement et d'octroi de crédits, et
d’aider au fonctionnement du marché financier régional en lui fournissant des données
comptables et financières fiables. Pour que les données statistiques soient fiables, il faudra
donc que tous les éléments chiffrables de l’économie puissent être recensés, mais là, on
retrouve un secteur informel dont l’activité est insaisissable.
2. Les grandes réformes : les privatisations
Les organisations financières internationales ont largement influencé les Etats
afin qu’ils puissent se désengager des entreprises publiques au profit des initiatives privées.
Des programmes d’ajustement structurel (PAS) ont été adoptés et de multiples privatisations
sont encore en cours. Les subventions d’Etat et le maintien de certaines structures, qui ne
survivaient que de manière artificielle par le système des subventions, vont prendre fin et
permettre de corriger les graves distorsions à la concurrence par l’éradication des monopoles.
Des acteurs nationaux et internationaux ont pris le relais avec de multiples plans de
redressement auxquels il fallait s’attendre. Les nouveaux maîtres arrivent avec une nouvelle
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La gouvernance d’entreprise dans les pays de l’UEMOA
vision du management : productivité, rentabilité, performance et compétitivité. Les
investisseurs privés ne peuvent donc pas tolérer l’ancien modèle de gouvernance. Cette
rupture dynamique laisse aux nouveaux dirigeants la liberté de travailler de manière à
développer les structures, quitte à rendre compte aux investisseurs.
Les privatisations ont été douloureuses, mais, à long terme, ces entreprises
survivront si le management est vraiment adapté et efficace. Une entreprise malade, ne pourra
pas donc se maintenir artificiellement pendant longtemps dans l’environnement économique,
vu les audits diligentés, la publication des comptes et du contrôle des Commissaires aux
Comptes et l’arbitrage des marchés. De toutes les manières, ces investisseurs ne pourront pas
tolérer l’absence de résultats et de dividendes et veilleront à demander des comptes aux
dirigeants.
De plus en plus, des organismes se mettent en place pour conseiller et orienter
les entreprises dans leurs projets avec l’appui de la société civile et des programmes des
Nations Unies comme mesures d’accompagnement aux efforts des Etats. Il y a des acquis
incontestables qui donnent un nouveau paysage à la gouvernance des entreprises. Même de
manière timide, on remarque que :
v Il y a de moins en moins de nominations de complaisance.
v Moins de gaspillage de ressources.
v Maîtrise des coûts. La difficulté est la gestion des coûts cachés comme
l’impossibilité d’estimer des charges liées à l’imperfection des outils, du
management ou de l’incompétence des individus au service de l’entreprise.
v Mise en place de nouveaux systèmes de contrôle et de gestion via les nouvelles
technologies de l’information.
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3. Le contexte culturel : le poids des traditions
La culture intègre l’ensemble des règles de vie et des comportements des
individus dans un groupe social. Elle intègre aussi bien des valeurs que des différences dans
toutes toute autre forme d’organisation. Elle constitue une valeur ajoutée pour les l’activités
économiques et les entreprises qui savent s’adapter sans bouleverser profondément l’ordre
établit. Les filiales des grands groupes étrangers ont tellement bien compris, qu’elles orientent
leur stratégie et personnalisent leurs offres à l’endroit des populations. Aux filiales locales est
associée une forme d’autonomie, de développement de réseaux sous-traitance et de
localisation des résultats limitant le transfert de capitaux. Ces filiales s’adaptent donc à la
demande locale. Que font donc les entreprises pour d’adapter au contexte culturel ?
Les chefs d’entreprises sont des personnes aux responsabilités étendues comme un
chef traditionnel. A ce propos Pascal LABAZEE♦ écrit, dans son ouvrage « Entreprises et
entrepreneur du Burkina Faso » que : «…les responsabilités qu’ils occupent dans les
instances religieuses et les associations régionales ou éthiques ont été au contraire acquises à
cause de leur réussite économique. Leur succès en tant que promoteurs les a élevés au rang
d’enjeu, et leur participation aux associations renforce la puissance économique et sociale
de ces deniers. Par ailleurs la position de chef traditionnel n’implique pas systématiquement
recomposition au sein de l’entreprise d’un pouvoir incontesté... »
Il est difficile de parler de gouvernance d’entreprise sans s’interroger sur
l’impact des mœurs, des traditions, sur la gestion des organisations modernes. En effet, toute
forme d’activité ne peut être effective sans la prise en compte du paramètre « tradition ». Les
africains y sont encore attachés de manière implicite et cela en bien comme en mal. La
question est de savoir comment concilier leurs valeurs culturelles et le contexte actuel. Dans
l’entreprise, il y un fort attachement aux valeurs humaines.
♦
Pascal LABAZEE, Entreprises et entrepreneurs au Burkina Faso, page 182. Paru aux éditions Karthala aux
Afrique, en 1988.
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La gouvernance d’entreprise dans les pays de l’UEMOA
Un diagnostic est donc nécessaire afin d’évaluer les forces et les faiblesses
susceptibles d’engendrer des modèles de gestion adaptables. Les entreprises sont confrontées
à des difficultés récurrentes que sont :
v L’insuffisance de l’épargne. Avec une absence de revenu permanent, personne
n’est en mesure de se créer un fonds de subsistance pour les périodes difficiles.
Lorsque qu’il y a la possibilité d’épargne, l’inexistence du secret bancaire oblige à
la tésorisation de peur de révéler au public sa richesse.
v Les difficultés d’obtention de financement bancaire. Ces institutions ne peuvent, à
elles seules, assumer le risque car les garanties de remboursement offertes sont
presque inexistantes.
v Un pouvoir d’achat faible. Bien qu’il y ait une multitude de consommateurs, le
niveau des salaires est souvent très bas ne leur donne pas des marges de
manœuvre, surtout avec des retards de paiements.
Selon Marcel ZADI KESSI♦ « Le concept culturel fort reste la solidarité et
l’esprit communautaire. Cet esprit de solidarité a une préoccupation d’équilibre social et de
justice distributive. De cette façon les bénéfices obtenus par un membre du groupe sont
redistribués tandis que les pertes occasionnées sont supportées par tous. La communauté est
responsable de chacun de ses membres. Cette manière de vivre va entrer en contradiction
avec le principe de l’entreprise de l’économie capitaliste qui est fondée sur l’individualisme
et la recherche du profit ».
Les salariés de l’entreprise attendent de la structure des liens qui aillent au-delà
du contrat de travail quand il existe. Ces liens de communitarisme et de famille recherchés par
les travailleurs poussent certains chefs d’entreprise à s’entourer de collaborateurs proches. Le
sentimentalisme est nécessairement un frein à la rigueur, empêchant la prise de sanction dans
l’entreprise. En matière de rigueur de gestion du personnel, les sanctions à l’encontre d’un
♦
Marcel ZADI KESSI : « Culture africaine et gestion des entreprises » Page 105. Chef d’entreprises en Côte
d’Ivoire il a été au cœur de la gouvernance d’entreprise et les difficultés de sa mise en œuvre. Il met en évidence
le fonctionnement des entreprises et l’influence du contexte culturel.
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La gouvernance d’entreprise dans les pays de l’UEMOA
salarié sont très mal appréhendées et font souvent l’objet d’intervention des familles de
collaborateurs pour solliciter la clémence des mesures.
v Laxisme
v Absence aux rendez-vous
v Retards et contre performance
En dehors de ces aspects internes, le chef d’entreprise est un acteur social
soumis à des obligations implicites. En effet, c’est vers lui que se tournent tous les regards de
la famille et des proches. Sous prétexte que ce dernier a été soutenu par un certain nombre
d’individus, c’est vers eux qu’il doit donc se retourner pour rendre des services souvent
innombrables comme scolariser les enfants des proches, trouver du travail à ceux qui viennent
le lui solliciter, prendre en charge des soins, des mariages, baptêmes,... Il devient celui auprès
de qui tous les problèmes financiers sont soumis. En dehors de son travail il doit gérer des
situations sociales qui feront désormais partie de son quotidien. Ses revenus vont passer dans
cette gestion sociale, ce qui l’empêche, comme bien des cadres et travailleurs, de penser
immédiatement à l’épargne. Si le créateur d’entreprise ne se consacre pas seulement à son
objet, il se trouve très vite débordé. Dans un tel contexte comment peut-on parler d’une
recapitalisation rapide ?
Dans les cas extrêmes, le chef d’entreprise ira jusqu’à puiser dans les ressources
(abus de biens sociaux) de l’entreprise pour venir en aide à des particuliers, en ignorant donc
les conséquences ou en espérant un retour rapide à la stabilité. A côté des chefs d’entreprise
qui ne pratiquent pas une bonne gestion, le chef sérieux peut être amené à prendre des risques
qui peuvent être très graves pour la continuité de son exploitation. C’est dans ce sens que
nous pensons que les Etats doivent observer une grande vigilance autour des entrepreneurs
pour contrôler leurs revenus et les empêcher de s’enrichir au détriment des personnes morales,
pour ainsi garantir une certaine sécurité aux divers partenaires.
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La gouvernance d’entreprise dans les pays de l’UEMOA
Très souvent, les difficultés sont acceptées sans chercher à les éviter ou les
anticiper réellement. Il y a une absence de stratégies et d’objectifs prédéfinis pour le moyen et
long terme. L’établissement de prévisions fiables est délicat surtout parce qu’il est difficile
d’obtenir des indicateurs statistiques fiables. Au début, c'est-à-dire à la création, tout n’est pas
aussi bien défini de manière claire. Il faut alors situer les responsabilités et s’accorder la
confiance.
A. La mouvance Conservatrice
Il existe une certaine force de conservatisme à laquelle l’ancienne élite tient
encore ; elle ne veut pas gérer une situation de rupture. Pour cela, les nouveaux acteurs
doivent, en connaissance de toutes causes, agir et attendre l’arbitrage du marché. Dans la
plupart du temps, les jeunes créateurs se heurtent à la réticence de l’opinion proche qui
recommande de ne point pendre de risques et de ne pas être ambitieux. C’est pourquoi la
nouvelle génération de managers doit prendre partie pour l’action. La notion entreprise
partenariat n’est pas encore suffisamment développée. En effet, les créateurs ont encore du
mal à s’associer ou à faire appel à d’autres investisseurs en dehors du cadre familial, ils se
retournent toujours vers les parents ou vers les banques pour solliciter le financement de leurs
projets d’investissements. Cela provoque un manque de crédibilité et de sérieux dans les
projets. Cela fait que les structures, si elles arrivent à croître très vite, vont manquer de
capitalisation et de soutiens financiers complémentaires.
C’est de manière encore timide que des créateurs s’associent en mettant en
commun des moyens financiers humains et techniques dans le cadre d’un projet d’entreprise.
Il s’agit d’un certain nombre d’entrepreneurs qui ne veulent pas changer leur
façon de travailler, ni s’ouvrir à l’innovation. Ces gens ne veulent pas admettre que les jeunes
puissent leurs montrer de nouvelles méthodes. Ils ont tellement espéré l’effondrement de cette
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La gouvernance d’entreprise dans les pays de l’UEMOA
nouvelle dynamique de l’économie, qu’ils attendent encore, avant d’être évincés par de
nouvelles structures concurrentes plus importantes et innovantes.
On relève un grand nombre de PME et de TPE dont les dirigeants sont
concernés. Il y a des entrepreneurs qui ont tellement peur d’une grande fluctuation de leurs
affaires qu’ils se résignent à accepter un certain niveau d’activités et point au-delà. C’est dans
ces conservateurs qu’on trouve tous ceux qui refusent de passer par les réseaux bancaires pour
mettre leur trésorerie en sécurité. Pour ces gens, la notion de salariat est une notion savante
qui relève de la fonction publique. Leurs collaborateurs sont le plus souvent des proches qui
travaillent à leur compte sans statut ni contrat de travail digne de ce nom, cela pour échapper à
des charges d’impôts et de sécurité sociale ou rester dans le secteur informel pour éviter les
opérations et obligations administratives.
Pourtant, en examinant le niveau de leurs activités, on se rend compte qu’ils
ont besoin d’installer une structure juridique simple et un système de gestion plus compétitifs
et performants. La mouvance conservatrice ne se sent pas à la hauteur pour former la jeunesse
(leurs enfants notamment) et les pousser au devant des affaires ; et ils affirment, avec
insistance, qu’eux-mêmes sont arrivés sans formation et ont tout appris « sur le tas ». En gros
voilà leurs défauts :
a.
Stratégie.
Elle est pratiquement inexistante, on cultive un certain secret sur la conduite des
affaires pour ne pas donner de bonnes idées aux concurrents.
v Pas d’objectifs ou de prévisions à long terme par des études et des actions
commerciales conséquentes. Le créateur se comporte comme s’il venait dans le marché pour
s’essayer en attendant de trouver un domaine où il s’en sortirait le mieux.
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v Vision court termiste. L’activité comme une option que l’on exerce quand les
cours sont favorables ou que l’on abandonne le cas échéant. Pendant donc cette période
d’essai il y a la possibilité d’abandon si une autre opportunité se présentait.
v Travailler et s’adapter au jour le jour. Comme les consommateurs ont des
comportements imprévisibles, on a l’impression que la stratégie qui relève logiquement du
long terme peut être revue quand il y a de la contingence.
v Mauvais choix stratégiques. Manque d’études de marché ou de prospection.
b.
Gestion des ressources humaines
v Refus d’embaucher des personnes qualifiées et de recourir aux cabinets de
recrutement.
v Souvent les effectifs sont pléthoriques, surtout dans certaines entreprises
publiques, et cela remet en cause l’organisation hiérarchique et l’autorité. Il y
souvent lieu de diminuer le nombre de personnes en surplus, payées à ne rien
faire.
v Là se pose le problème de la délégation de pouvoir.
c.
Gestion de l’exploitation
Il y a confusion entre patrimoine privé et patrimoine de la personne morale. Il est
souvent mal vu de montrer au public que son affaire périclite. Donc, à défaut de dégager du
bénéfice, on peut se permettre d’utiliser les recettes pour ne pas perdre la face devant les
concurrents. Il y a une confusion entre la distinction personnalité physique et personnalité
morale, donc une notion de la responsabilité sociale mal comprise.
Une confusion essentielle est celle entre l’exploitation et le hors exploitation.
Comme dans le cas du patrimoine personnel et social, les chefs d’entreprises, assez souvent,
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ne distinguent pas ces deux notions qui pourtant sont capitales pour assurer une politique
d’investissement et de gestion opérationnelle.
La dernière principale gravité de ce genre de management demeure la confusion
entre chiffre d’affaires et bénéfice. Nous ne cesserons de le rappeler car on est souvent tenté
de croire que toutes les liquidités qui arrivent dans le cadre de l’exploitation peuvent entrer
indéfiniment dans le revenu de l’exploitant.
Signalons que la notion de revenu et d’impôt sur les revenus des dirigeants
d’entreprises est encore très mal maîtrisée.
d.
La gestion des complexes
Il y a d’une part celui de la langue (français, anglais) surtout dans un
environnement marqué par un fort taux d’analphabétisme. Les jeunes migrent des campagnes
vers les grands centres urbains symboles de civilisation et de prospérité. Dans un sens encore
implicite, il y a le complexe de supériorité des hommes par rapport aux femmes qui demeure
et celui des aînés par rapport aux cadets. Jean François OBEMBE et Jean Kernaîse
MAVOUMBOU © parlant de l’entrepreneur africain affirment : « Habitué à la gestion souple
du temps et de l’espace, il est confronté à des exigences de certaines valeurs universelles
dégradantes comme la valorisation de l’argent dans le règlement des conflits sociaux, habitué
à régler les problèmes par le dialogue, la médiation, le compromis, l’africain voit se perdre
progressivement ce système que remplace l’utilisation des avocats ou de la violence en cas de
conflit ». Les deux auteurs que nous venons de citer rappellent aussi le complexe de
crédibilité accordée aux experts étrangers, alors que sur place, il y a des cadres et des
techniciens de haut niveau et très compétents. La tendance serait donc de croire que les
entreprises ne sont pas à mesure de nous prendre en charge sans recours à des personnels ou
des produits venus d’ailleurs.
©
Jean François OMEMBE et Jean Kernaîse MAVOUNGOU tous deux docteurs en gestion ont plié un
ouvrage : « Gestion moderne face au réalités socio culturelles » en Afrique, paru en 1999. Ils ont mis en
évidence les difficultés de management des entreprises face aux réalités politiques et aux habitudes culturelles.
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La gouvernance d’entreprise dans les pays de l’UEMOA
A force de voir comment les autres acteurs ont des facilités à s’imposer, certains
opérateurs ont recours à des trafics frauduleux. Seuls les opérateurs du milieu connaissent le
circuit et se prêtent à des pratiques qui peuvent être proscrites ; mais, puisque dans la pratique
cela se fait, les entrepreneurs pour se conformer aux règles d’un marché pourraient se mettre
en position de faiblesse s’ils jouaient le jeu de la légalité. D’où la peur de soumission aux
réglementations de l’autorité publique. La pression culturelle et le complexe de l’échec ont
fait l’objet d’un ouvrage : « L’entrepreneur africain face au défi d’exister » publié aux
éditions l’Harmattan en septembre 1993. L’auteur démontre que les africains n’ont pas
compris qu’il fallait mettre en avant leur culture au profit de l’esprit d’entreprise. Il dénonce
aussi la pression fiscale des Etats et le poids des filiales des grandes firmes étrangères.
C’est pourquoi, par manque organisation dans ces entreprises, il leur est
impossible d’accéder aux marchés publics. C’est à travers cette gestion empirique de
l’entreprise qu’il n’existe pas de gestion renouvelée des ressources humaines. En effet, malgré
souvent le développement de leurs activités, les entrepreneurs refusent de faire appel à une
compétence extérieure. Le cadre qui intègre une telle structure est une personne étrangère
dotée d’une connaissance qui pourrait menacer la survie de l’entreprise, par des stratégies qui
pourraient entrer en contradiction avec les objectifs de l’entrepreneur.
A l’heure actuelle, il faut noter que l’adhésion de ces entrepreneurs aux
nouvelles technologies n’est pas encore au point, d’autant plus que les entreprises structurées
ont elle-même du mal à mettre en œuvre des outils de gestions informatisés, pour des
problèmes de coûts. La fracture numérique est aussi un des défis des organisations.
Il serait inutile de relever les hésitations des conservateurs sans poser
concrètement des actes, c’est une perte de temps pendant que les autres continuent à prendre
des longueurs d’avance. Cette Afrique, aussi pauvre qu’elle soit, constituera sans aucun doute
un énorme marché et un terrain de prédilection des entreprises expérimentées donc étrangères.
Il est urgent, pour la nouvelle génération, d’agir tout en menant des actions correctives afin de
détenir les clés et les secrets de ces nouveaux besoins qui ne tarderont pas à s’exprimer dès
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La gouvernance d’entreprise dans les pays de l’UEMOA
que le « take off » sera amorcé. Nous avons choisi de présenter un résumé de la gestion
empirique des entreprises en annexes 3.
Signalons que dans bon nombre d’africains ont des regards de suspicion sur les
chefs d’entreprises qui ont réussi en les accusant, souvent par des rumeurs malveillantes,
d’avoir des pactes mystiques avec le monde de l’invisible pour arriver à leurs fins. Cela peut
constituer des facteurs déstabilisants, un coup dure à la notoriété d’un opérateur économique.
B. Le facteur temps.
Au nombre des habitudes africaines qui constituent des blocages pour le
développement de l'entreprise, s'ajoute la maîtrise du temps. L'observation est que dans la
tradition africaine, le temps n'a pas cette valeur stratégique. Une place trop importante est
accordée à la mémoire et un fractionnement du temps en des grandeurs importantes. Il est
mesuré au rythme des saisons, des récoltes, des cérémonies funéraires, des baptêmes : cela a
fait l’objet de l’ouvrage de Marcel ZADI KESSY.
La mémoire peut être une bonne référence quand on veut faire des
anticipations, mais quand c’est pour y retourner en ne privilégiant pas l’innovation, les efforts
deviennent vains. Beaucoup de personnes pensent que les valeurs anciennes sont les
meilleures, et hésitent à prendre des décisions qui puissent entrer en contradiction avec les
anciennes valeurs.
Le temps est un des facteurs le plus mal maîtrisé, et très souvent à cause d’un
manque de planification des tâches. Lorsqu’un programme rigoureux n’est pas établi avec
des échéances claires, lorsqu’au sommet, il n’y a pas d’objectifs bien définis ni de prévisions,
les tâches vont être exécutées dans un ordre dispersé, ce qui n’est pas forcément optimal pour
une entreprise.
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La gouvernance d’entreprise dans les pays de l’UEMOA
C’est ainsi, que dans le bâtiment, plusieurs entreprises se permettent d’être à la
fois sur plusieurs chantiers, sans être en mesure de disposer ni du personnel suffisant ni du
matériel nécessaires pour être dans les délais en matière d’exécution des travaux. Sauf dans le
cas où le rapport de force client et exécutant est disproportionné (client institutionnel qui
définit un cahier de charges et procède par appel d’offre). Plusieurs entreprises nationales ne
sont pas en mesure d’obtenir certains marchés à cause du fait que l’on met facilement en
doute leur capacité à exécuter des travaux dans des délais attendus.
Lorsqu’au sommet de l’entreprise la notion de temps est floue, à la base « l’à
peu près » a pour conséquence la mauvaise qualité des produits ou des services.
4. Le dysfonctionnement des administrations
A. Les lourdeurs administratives
Quand un dossier doit être traité par l’administration, personne n’a l’idée du
temps que cela peut durer. Si le dossier est complet au moment du dépôt, la personne en
mesure de l’examiner peut être indisponible ou absente et c’est la discontinuité du service
public. Si le dossier est incomplet, cela prendra encore du temps.
Dans le transport par exemple, quand il se fait entre deux pays, il est
absolument aberrant de fixer un délai de livraison de marchandises quand tout le monde
connaît la lourdeur des contrôles douaniers et policiers de part et d’autre des frontières.
Lors des états généraux des sociétés d’Etat au Burkina, courant Août 2003, les dirigeants de
sociétés ont dénoncé eux-mêmes des situations de blocages.
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La gouvernance d’entreprise dans les pays de l’UEMOA
B. Lourdeurs des autres partenaires.
a.
Banques.
Leur nombre est assez limité par rapport aux besoins de la population. D’abord
elles sont localisées dans les capitales ou au mieux dans les chefs-lieux de provinces. Leurs
honoraires sont souvent élevés Et il y a une lenteur dans la mise en œuvre des mécanismes de
compensation.
Un dépôt d’espèces peut durer une après-midi à cause des longues files aux
guichets et aux caisses. Souvent pour une taxe de vingt cinq (25) f CFA parce qu’il n’y a pas
de monnaie, il faudra attendre le lendemain. Lorsqu’il s’agit d’un retrait d’espèces, c’est la
même scène. Pour les emprunts, qu’ils soient concluants ou pas, le temps est inestimable. Il
est absolument impossible de se soumettre aux conditions de ces institutions pour bénéficier
de soutiens pour affronter le financement des investissements
Malgré le dynamisme du réseau bancaire, tout le monde n’a pas encore accès
aux crédits de consommation faute de revenus. Les banques n’ont pas encore de moyens pour
mettre à la disposition des entreprises des terminaux de payement, ni suffisamment de
distributeurs automatiques de billets pour les consommateurs. Elles se contenteront, pour le
moment, de jouer un rôle essentiel dans les dépôts et le financement de certains projets
qu’elles jugeront moins risqués. Nous présentons la nomenclature de banque de l’UEMOA en
annexes 4.
b.
L’autorité traditionnelle ou religieuse.
Les religions sont encore présentes à tous les niveaux de la société. Il faut composer
avec les grands responsables religieux tant au niveau de l’Islam que du christianisme et de
l’animisme. Les chefs religieux ont un pouvoir et émettent des avis très entendus par les
populations. Ils ne s’opposent pas forcément à l’innovation mais peuvent encore influencer le
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La gouvernance d’entreprise dans les pays de l’UEMOA
comportement des individus, à tort ou à raison. C’est pourquoi il est souvent mieux de faire
passer l’innovation par l’autorité traditionnelle pour obtenir son adhésion. Le chef
d’entreprise doit, en exerçant une activité, tenir compte de ce paramètre religieux pour
pouvoir s’adresser à toutes les couches sociales.
c.
Les salariés
C’est eux qui mobilisent un savoir-faire pour satisfaire une clientèle par la
qualité d’un produit ou d’un service. Leur ponctualité n’est pas souvent celle attendue par les
partenaires parce que, par négligence, les salariés veulent mener des activités parallèles aux
heures ouvrables. Au niveau de la fonction publique, les comportements de certains
travailleurs sont à la base des dysfonctionnements de l’administration. Tout ce que nous
venons de citer précédemment n’est pas trop aggravant devant un personnel qui ne
considèrera pas le temps comme une richesse. Les entreprises qui auront mieux réussi sont
celles dont les salariés travaillent de manière à respecter les délais attendus par les clients.
d. Les autres facteurs sources de difficultés pour les entreprises.
Les dernières décennies ont été marquées par une explosion démographique, qui rend les
prévisions délicates. Certes il y a d’énormes besoins à satisfaire avec un marché important,
mais il faut remarquer que ce facteur est à la fois un danger pour les états. En effet, pour
éduquer toute cette population et répondre aux exigences de santé publique, cela constitue un
effort supplémentaire et un manque à gagner à l’endroit de la politique de l’entreprise. Ces
dernières années, ce sont les pandémies comme paludisme et sida qui deviennent
handicapantes pour l’efficacité des personnes actives. La santé de la population se ressent sur
la performance des entreprises. Une des préoccupations principales reste l’autosuffisance
alimentaire qui est très rarement atteint au sein des états de l’UEMOA. Les petites
exploitations agricoles qui n’ont pas le rang d’entreprise se contentent de produire pour la
consommation. L’entreprise agricole est l’activité la plus aléatoire quand on connaît les
insuffisances de pluviométries enregistrées ces dernières années ça et là.
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La gouvernance d’entreprise dans les pays de l’UEMOA
La force de travail a besoin de formation et de soin pour apporter le savoir faire et
l’expérience aux développement des entreprises.
C. Transmission
Bien que les législations le prévoient, l’application d’une transmission légale
reste laborieuse. En effet les traditions, d’une manière implicite, reconnaissent une
transmission aux héritiers, sans recours. La transmission par cession quand il s’agit
d’entreprises individuelles n’est pas encore dans les mœurs. Les successeurs d’un chef
d’entreprise semblent être, de manière tacite, ses enfants sans aucune forme de droits
pécuniaires en matière de droit d’enregistrement comme cela se voit traditionnellement dans
les pays de l’occident. La législation devra, à un certain moment, prendre une décision qui
régisse la transmission, sa préparation ou aussi toutes les formes de cessions, en gros un cadre
légal qui puisse être applicable à tous.
Dans les jeunes Etats africains, les successions à la tête des entreprises sont
encore très mal préparées. L’enracinement des dirigeants reste très ancré, ce qui pose des
difficultés très importantes au moment où ces personnes doivent se retirer des affaires. Dans
certains cas, la succession est sérieusement réfléchie car les entrepreneurs comprennent très
vite que la survie de leur structure veut des équipes jeunes, dynamiques et bien structurées.
C’est le cas des sociétés anonymes avec plusieurs actionnaires qui n’interviennent qu’en tant
qu’investisseurs. Pour ces derniers, la législation encadre bien les passations de pouvoir afin
de protéger aussi bien les salariés que les autres partenaires.
La transmission est une difficulté réelle dans la gestion des organisations. Elle
se fait par tâtonnement où alors dans des périodes cruciales. Dans la peur de la législation
fiscale, les entrepreneurs ne s’empressent guère d’organiser la passation des pouvoirs. Pour
les entreprises familiales, les dirigeants se retournent vers leurs enfants qui, la plupart du
temps, sont formés dans des écoles d’affaires ou techniques en Afrique ou hors du continent.
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La gouvernance d’entreprise dans les pays de l’UEMOA
Ceci est un facteur innovant car ces jeunes participent petit à petit au renouvellement des
structures et finissent par prendre la direction des opérations. Dans les autres cas, c’est quand
le dirigeant vient à disparaître que la situation de transmission doit être gérée dans l’urgence.
Dans plusieurs autres cas, les dirigeants ne sont pas suffisamment conseillés ni
assez prévoyants pour penser à la préparation de leur succession. Notons que les familles sont
souvent trop nombreuses et cela pose des problèmes d’indivision en cas de disparition du
fondateur. Cela crée des fractures irréversibles dans la continuité d’une activité économique.
Une des critiques majeures aux difficultés de l’entreprise est la réticence à l’innovation, ce qui
engendre un certain retard au développement et à la croissance. Sur ce point la faiblesse ne
réside pas seulement au niveau des chefs d’entreprises mais surtout au niveau de l’Etat qui
semble accepter une succession tacite (par les héritiers en leur laissant presque la liberté totale
de succession, sans créer un encadrement des responsabilités ni un cadre législatif réellement
applicable).
Les formes de reprises ou de rachat d’entreprises ne sont pas encore courantes
sauf pour les grandes sociétés, souvent filiales de sociétés étrangères, mais il serait opportun
de légiférer pour assurer une stabilité pour l’emploi et le recouvrement entier des droits qui
s’en suivent. Les notions d’OPA (offre publique d’achat) APE (offre publique d’échange)
sont inexistantes à cause de l’absence d’un marché des valeurs mobilières. L’idée de
regroupement des entreprises pour atteindre la taille critique ou pour des raisons de conquête
de parts de marché n’est pas encore claire dans l’esprit des entrepreneurs.
Les sociétés les plus structurées sont les plus aptes à organiser toute forme de
regroupement ou de transmission. En revanche, dans un grand nombre de cas, la succession
des dirigeants peut être une difficulté insurmontable pouvant aboutir à une crise et, au pire, à
la cessation d’activités et à la mort d’une organisation. L’impréparation des successions est un
danger permanent pour les entrepreneurs qui refusent de suivre l’évolution de
l’environnement actuel.
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La gouvernance d’entreprise dans les pays de l’UEMOA
Nous avons retrouvé un exemple de succession type qui malgré le fait que ce
soit un cas isolé pourrait servir de leçon à bon nombres d’entrepreneurs. Une société à
responsabilité a été crée entre un professionnel d’un métier qui n’avait pas les moyens de
s’installer, c'est-à-dire financer les investissements et exercer son métier. Les investissements
à réaliser étaient lourds et nécessitaient des apports considérables. C’est ainsi que
professionnel s’est approché d’un particulier avec qui il entretenait de bonnes relations
d’affaires. L’investisseur a donc décidé de rentrer dans le capital à la majorité de plus des trois
quarts puisqu’il avait suffisamment de moyens pour en faisant des apports au capital par des
immobilisations, notamment du matériel et des installations nécessaires à l’activité. Ce
dernier ne pouvait participer au capital que de cette manière pour minimiser ses risques en cas
de litiges. Le pacte d’actionnaire ayant été signé, l’activité a normalement fonctionné pendant
quelques années jusqu’au jour ou le professionnel vient à décéder. La succession devient
ouverte.
A la question de savoir si c’est le fils ou un membre de la famille qui allait
continuer l’activité, l’investisseur qui est étranger aux affaires familiales du défunt a voulu
user de sa majorité au capital pour désigner un dirigeant dans le but de continuer
l’exploitation de l’entreprise. La famille qui ignorait donc le contenu ou l’existence d’un
contrat de société provoqué un scandale, croyant que l’investisseur avait l’intention de
profiter de la disparition de leur proche pour récupérer cette affaire qui marchait bien. Il y une
tentative de règlement à l’amiable qui est restée vaine. Malgré plusieurs tentatives, la famille
ne voulait rien entendre et a voulu se faire entendre par tous les moyens quand l’investisseur a
saisi la justice pour remettre les pendules à l’heure. A ce moment la famille a compris que
l’investisseur était en relation d’affaires avec leur proche. Le point de non retour a été atteint
que l’investisseur en saisissant la justice a demandé simplement la liquidation de l’entreprise
car la campagne médiatique qui a entouré le problème de la succession ne lui permettait plus
de continuer avec quelque héritier que ce soit. La justice saisie a répondu à la requête de
l’investisseur. L’entreprise a donc été liquidée et le même investisseur a, avec d’autres
partenaires, reconstitué une entreprise avec pour objet la même activité mais avec un
changement de dénomination.
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La gouvernance d’entreprise dans les pays de l’UEMOA
Un grand nombre d’entreprises couvent des difficultés de ce genre et ne sont à
l’abri de ce genre de réalité. Si les fondateurs eux-mêmes ne font rien, ce n’est pas aux
successeurs de l’organiser. Un certain nombre de points doivent être éclaircis vis-à-vis des
familles. Si un contrat de société n’avait pas existé, l’investisseur aurait agi en toute
imprudence et s’exposerait à un risque de ne profiter ni de ses apports, ni de ses droits
d’investisseur.
En guise de conclusion à cette seconde partie de notre, il faut cependant noter
que les réformes actuelles, si elles ne suivent pas le niveau et le contexte actuel de
l’économie, peuvent se trouver en déphasage avec les réalités. Elles ne pourront être
applicables qu’à une frange d’entreprises, les autres resteront en marge sans pouvoir être
convenablement contrôlées.
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La gouvernance d’entreprise dans les pays de l’UEMOA
III. Perspectives de la nouvelle entreprise africaine
L’Union Monétaire et l’existence d’une monnaie unique incarnée par la
Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) représentent des bases
institutionnelles solides pour la réalisation de l’Union économique.
L’Afrique est marquée par les économies en transition. Les entreprises en place
n’ont pas de moyens pour mettre en place la bonne gouvernance d'entreprise, suite aux
relations étroites entre systèmes financiers et pouvoirs publics. Il existe un sousdéveloppement des capacités institutionnelles qui n'attire pas les investisseurs internationaux
alors que ces derniers insistent sur des normes qualitatives de gouvernance.
Les pouvoirs publics et les décideurs doivent créer un cadre propice à
l'instauration de la bonne gouvernance d'entreprise afin d’attirer les investisseurs, en luttant
contre la corruption, le blanchiment d'argent et les défaillances du système judiciaire.
1. Les grandes réformes en cours
A.
L’OHADA
Avant le dispositif de légalisation applicable à tous les Etats membres de
l’UEMOA, chaque Etat s’organisait comme il pouvait afin de pouvoir assurer le
recouvrement des créances fiscales. Le Traité d'harmonisation prévoyait en son article 5
(confère annexes 5) des actes uniformes pour l'application des règles communes aux Etats
membres. C'est ainsi qu'ont été adoptés les Actes Uniformes ci-après :
v Statut des commerçants, Registre du Commerce et du Crédit Mobilier, bail
commercial, fonds de commerce, intermédiaires de commerce, vente
commerciale.
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La gouvernance d’entreprise dans les pays de l’UEMOA
v Dispositif
général
applicable
à
toutes
les
sociétés
(constitution,
fonctionnement, action en responsabilité contre les dirigeants sociaux, liens de
droit entre les sociétés, transformation, fusion, scission, apport partiel d'actifs,
dissolution, liquidation, nullité, formalités de publicité).
v Dispositif répressif.
Procédures simplifiées de recouvrement des créances (injonction de payer,
injonction de délivrer ou de restituer).
v Règlement préventif.
Redressement judiciaire.
Liquidation des biens
Faillite personnelle et réhabilitation
Banqueroute et autres infractions
Procédures collectives internationales
v Composition du tribunal arbitral.
Instance arbitrale.
Sentence arbitrale
Recours contre la sentence arbitrale
Reconnaissance et exécution des sentences arbitrales.
Peut-être une application effective de ces dispositions donnera-t-elle lieu à un
rétrécissement du secteur informel. En matière de recouvrement de créances et de répression
contre les abus des infractions graves et la fraude, les accords de l’UEMOA sont assez
sévères. Cela suscitera de la transparence dans les affaires et donnera à la gouvernance
d’entreprise les outils nécessaires pour renouer avec la compétitivité. Le chef d’entreprise a
une responsabilité qui sera désormais arbitrée par le marché. Toutes ses erreurs de
management seront sanctionnées par la concurrence et cela conduira inévitablement à
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La gouvernance d’entreprise dans les pays de l’UEMOA
rééquilibrer la concurrence. Les structures juridiques vont permettre une sécurité des affaires,
celle des transactions et une assurance pour les investisseurs étrangers.
B.
Le SYSCOA
« L’environnement économique des entreprises est, de nos jours, marqué par
des mutations fréquentes qui sont dues essentiellement aux phénomènes de mondialisation des
économies et d’intégration économique. Ces mutations impliquent, pour les entreprises, un
besoin de maîtrise de l’information et de prise de décisions stratégiques de plus en plus
fréquentes, ce qui conduit à s’interroger sur la pertinence des modèles comptables et
financiers traditionnels quant à leur capacité à fournir des informations efficientes pour la
prise de décisions stratégiques. Le besoin d’harmonisation et de centralisation de
l’information comptable s’avère encore plus aigu pour les entreprises des économies
d’endettement (notamment celles de l’Afrique subsaharienne) qui, pour éviter de se voir
passives dans le processus de mondialisation, sont amenées à développer des outils
performants de collecte et de diffusion de l’information comptable et financière. Le contexte
de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA)1 comporte d’ailleurs cette
contingence pour les entreprises des pays membres de cette Union, où leur cadre comptable
uniforme (le Système Comptable Ouest Africain (SYSCOA) a été mis en vigueur depuis
janvier 1998 » Nadédjo BIGOU-LARE♦
C’est la volonté d'harmoniser le droit des affaires dans des Etats
principalement d'Afrique francophone qui a conduit à son institution. Parallèlement, les Etats
ouest africains de la zone d'émission de la Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest
(BCEAO) créèrent une "Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) dont le
traité constitutif fut signé le 10 janvier 1994.
♦
Nadédjo BIGOU-LARE Maître de conférences Agrégé Université de Lomé Titre de thèse De
l’information comptable : « une analyse de la pratique dans les entreprises togolaise »s.
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La gouvernance d’entreprise dans les pays de l’UEMOA
C'est dans c'est environnement que sept (7) pays de la zone de l'Union
Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) ont mis en place, à l'initiative de la
Banque Centrale des Etats d'Afrique de l'Ouest, un nouveau système comptable appelé
«Système Comptable de l'Ouest Africain ». Le Système Comptable Ouest Africain a été
conçu pour les entreprises et pour un développement durable. Il tient compte des nouvelles
normes internationales et veut contribuer à la transparence dans la gestion des organisations.
Ce système comptable (SYSCOA) est entré en vigueur le 1er janvier 1998
dans ces pays (Règlement communautaire N° 04/COM/96, relatif au Droit Comptable dans
les Etats de l'UEMOA). La Guinée Bissau a adopté par la suite ce système.
Le SYSCOA comprend un référentiel juridique de 113 articles qui s'inspire du
modèle comptable retenu dans l'Acte Uniforme de Droit comptable de l'OHADA.
Le SYCOA et l’OHADA sont incontestablement d’un appui de grande
importance à la bonne gouvernance du point de vue des Etats qui comptent pouvoir traquer
tout système de fraude afin de réaliser de bonnes recettes fiscales. Les entreprises, quant à
elles, attendent une application des mêmes règles à tous les autres partenaires, qu’ils soient du
secteur formel ou non. Le cadre juridique de l’OHADA, si son application est réelle,
permettra une sécurité pour les transactions et, sans aucun doute, un encouragement à
l’investissement local et étranger.
Le SYSCOA et l’OHADA ont pour objectif à terme :
v Renforcer la confiance des investisseurs
v Renforcer la bonne gouvernance en entreprise
v Réduire la vulnérabilité aux crises
v Assurer la promotion de l’efficience


SYCOA : Système Comptable Ouest Africain. Il regroupe tous les pays francophone de l’Afrique Occidentale
OHADA : Organisme pour l’Harmonisation du Droit des Affaire en Afrique
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La gouvernance d’entreprise dans les pays de l’UEMOA
v Combattre la corruption
v Encourager l’épargne et la prévoyance sociale
Sources SYSCOA
D’une façon générale, l’instauration du SYSCOA est de nature à apporter des
améliorations au niveau des systèmes d’information des entreprises ainsi que la pratique des
tableaux de bord, encore timide, souvent à cause de la taille des structures.
2.
Le dynamisme de la BECEAO
Après avoir surmonté les effets de la dévaluation de 1994, La Banque Centrale des
Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO), s’est lancée, en mars 1999, dans un projet d'envergure
régionale visant à la modernisation des systèmes de paiement dans les huit pays de l'Union
Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA). Cette Réforme des Systèmes de
Paiement dans l'UEMOA s'inscrit dans le cadre général de l'approfondissement du système
financier, de l'amélioration du cadre de la politique monétaire ainsi que de l'accélération du
processus d'intégration économique régionale. A la suite des Etats, la BCEAO vient, par son
rôle de surveillant, renforcer les dispositifs des Etats que sont :
v La mise en place du nouveau dispositif de gestion monétaire,
v La réalisation du plan SYSCOA
v La confection du Plan Comptable Bancaire.
v L'adoption d'un droit des affaires harmonisé (l'OHADA)
v La mise en place d'un dispositif de centralisation des Incidents de Paiement
v La création d'une Bourse Régionale des Valeurs Mobilières.
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La gouvernance d’entreprise dans les pays de l’UEMOA
Il convient de souligner qu'en raison de l'impact négatif de l'insuffisance
des infrastructures de paiement sur l'intégration économique, la dimension sous-régionale
constitue un élément capital pour ce projet. Ainsi, par le renforcement des infrastructures de
base du secteur financier, la réduction des coûts et des délais de traitement des opérations de
paiement au sein de la sous région, l'amélioration de la sécurité des opérations et la promotion
de nouveaux instruments de paiement électroniques, cette réforme vise à accélérer le
développement de l'économie, à conforter la stabilité et l'efficacité du secteur financier au
service de l'ensemble des acteurs économiques.
Par ailleurs, au niveau des statistiques économiques, il faut signaler
aussi le projet de centrale de bilans que la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest
BCEAO) a mis sur pied et qui a pour objet, notamment, de renforcer les analyses de
performances et de perspectives financières des entreprises afin d'éclairer les décisions de
gestion, d'investissement et d'octroi de crédits, et d’aider au fonctionnement du marché
financier régional en lui fournissant des données comptables et financières fiables. Le projet a
démarré depuis 1998 dans les pays membres de l'Union Monétaire.
Les objectifs essentiels du projet de modernisation des systèmes de paiement
dans la sous région sont donc de :
v Faciliter les relations économiques et commerciales entre les acteurs
économiques de la sous région en vue de renforcer l'intégration régionale.
v Consolider la pénétration et le rôle du secteur financier dans les économies des
pays de l'UEMOA.
v Garantir l'efficacité, l'efficience et la sécurité des systèmes de paiement dans la
sous région limitant les conséquences d'une défaillance d'une institution
financière sur l'ensemble du secteur financier (risque systémique).
v Renforcer l'efficacité des instruments de contrôle et de mise en oeuvre de la
politique monétaire de la BCEAO dans la sous région.
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La gouvernance d’entreprise dans les pays de l’UEMOA
v Promouvoir
le développement du marché financier régional par le
parachèvement de la création de la bourse régionale des valeurs mobilières.
3. NEPAD (New Partnership for Africa Development)
En français c’est le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique.
Initié par les pays africains pour la réalisation de grands projets d’infrastructures, il va
certainement donner un nouveau paysage à la gestion des entreprises si les projets sont menés
à terme. Selon JAE ♦: « huit pays du continent reçoivent environ quatre vingt pour cent des
flux d’investissement en direction de l’Afrique. Ce sont l’Afrique du sud, le Maroc, l’Algérie,
Maurice, le Nigeria, l’Egypte ».
Le nouveau partenariat devra rééquilibrer ces investissements en direction des
pays les moins démunis de manière à les désenclaver et à les doter d’infrastructures
nécessaires à la circulation des personnes et des biens. Les pays d’Afrique se sont tournés vers
le financement des privés de manière à privilégier plus le partenariat à l’aide. Ce serait un
plan pour l’Afrique longtemps évité par les investisseurs à cause des multiples risques
politiques. Avec l’allègement de la dette des Etats initié par les pays développés ces dernières
années, les entreprises privées devraient progressivement trouver leur compte.
L’accent a été mis sur la bonne gouvernance afin de développer la transparence
de la gestion des deniers publics mais aussi et surtout la lutte contre la misère. Une solution
devrait pouvoir être trouvée quant au développement de l’économie souterraine et du secteur
informel qui demeure une difficulté pour les planificateurs. Les pouvoirs publics vont pouvoir
se concerter à l’échelle du continent pour adopter des méthodes qui leur permettent d’arbitrer
et mesurer assez rigoureusement les activités économiques pour lutter efficacement contre
toutes forme de fraude.
♦
JAE Jeune Afrique Economie bimensuel d’informations économique du continent africain. N°348 page 89 du
20 janvier au 2 mars 2003. Ce journal donne une idée sur la vie des entreprises du continent.
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La gouvernance d’entreprise dans les pays de l’UEMOA
Le NEPAD est une tribune pour la société civile, les entreprises et les
institutionnels qui se concertent pour trouver des compromis à la mise en œuvre d’une
économie de marché. C’est pourquoi les pays développés ont apporté leur contribution à sa
mise en œuvre. Voilà brièvement présentés les grands axes qui articulent le NEPAD ( New
Partenership for Africa’s Development ).
A. Gouvernance économique
Le terme de « gouvernance » se retrouve un peu partout pour accentuer les décisions que le
NEPAD entend prendre pour que tous les acteurs économiques réussissent, en favorisant le
commerce, l’investissement, la croissance et le développement durable. La croissance
économique est essentielle, si l'on veut réaliser l'objectif du NEPAD et mobiliser des
ressources afin de faire reculer la pauvreté et progresser le développement des activités de
production ( services, industries, agriculture...).
Il est donc attendu de grandes initiatives du côté des pays riches en direction des pays pauvres
très endettés (PPTE), afin de lutter contre la pauvreté en leur permettant de ramener par ce
processus leur endettement à un niveau soutenable. Il est attendu un effort particulier en ce
qui concerne la maîtrise du secteur informel.
Le NEPAD va donc veiller à ce qu’il y ait un contrôle bancaire efficace, ce qui
a donné objet à la publication des principes fondamentaux pour un contrôle bancaire efficace
et des règlements internationaux.
B. Gouvernance politique
En ce qui concerne les pays membres de l’UEMOA comme dans le reste du
continent il faut rappeler que, maintes fois, les conflits et l'insécurité ont sapé et anéanti les
progrès réalisés en Afrique. Sans cette paix sociale, il ne serait pas possible de créer des
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La gouvernance d’entreprise dans les pays de l’UEMOA
cadres propices pour le développement des entreprises. C’est pourquoi, le nouveau partenariat
se veut un appui au renforcement des institutions. Le NEPAD affirme que « le développement
ne peut se réaliser en l'absence d'une démocratie véritable, du respect des droits de l'homme,
de la paix et de la bonne gouvernance ».
C. Une attention particulière à un ensemble de facteurs
v Infrastructures
Tous les secteurs des infrastructures concernées sont les routes, les aéroports, les ports
maritimes,
les
chemins
de
fers,
les
voies
navigables
et
les
installations
de
télécommunications. Les pays de l’UEMOA souffrent pour beaucoup du désenclavement et
cela est un véritable frein à l’expansion des marchés régionaux.
v Accès aux Marchés
Dans son immense majorité, la population africaine est rurale. L'agriculture est
donc la principale préoccupation économique de la plupart des Africains Les économies
africaines sont vulnérables parce qu’elles dépendent de produits primaires et de secteurs
fondés sur les ressources et que leurs exportations sont peu nombreuses
v Améliorer la productivité de l’agriculture
Comme au niveau des infrastructures, il serait nécessaire de favoriser une
agriculture qui intègre de nouvelles normes environnementales. L’agriculture qui se pratique
par une grande partie de la population est soumise aux caprices de la pluviométrie. Sans une
bonne politique de la gestion et la maîtrise de l’eau dans les pays du Sahel l’entreprise
agricole ne développera pas.
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La gouvernance d’entreprise dans les pays de l’UEMOA
4. Les solutions à la crise de gouvernance
La bonne gouvernance d’entreprise passera nécessairement par une bonne
redéfinition et une bonne réglementation de l’activité économique. Il n’existe pas de mesures
immédiates qui puissent absorber aussi rapidement les difficultés des entreprises, mais d’ores
et déjà, le soutien du secteur informel est nécessaire pour qu’il puisse remonter au niveau des
structures ayant une existence juridique et sous contrôle des institutions et de l’administration
fiscal.
En ce qui concerne donc les sociétés structurées, il y a encore des efforts à
faire en matière de système de gestion :
v Un nouveau mandat pour le conseil d'administration.
v Taille des CA (conseil d’administration).
v Indépendance des administrateurs.
v Séparation des fonctions de DG (directeur général) et de PCA (président du conseil
d’administration.
v Création de comités au sein du CA.
v Ethique.
v De bonnes méthodes de recrutement pour ne pas employer souvent des personnels par
complaisance.
v Evolution de l'efficacité du conseil.
v Orientation et formation des administrateurs.
v Publication dans le rapport annuel des pratiques en matière de gouvernance
d'entreprise d’où l’importance des commissaires aux comptes et des conseils
indépendants.
v Prise en compte des intérêts des actionnaires minoritaires.
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48
La gouvernance d’entreprise dans les pays de l’UEMOA
v Une politique sociale d’intéressement des salariés.
Pour que les réformes ne soient pas vaines un accent particulier doit être mis
sur la sécurité des transactions et la régularité des contrats. La nécessité de fixer des règles
imposables à tous devra permettre une concurrence loyale.
Malgré toutes les difficultés que nous avons développées, il y a des entreprises
qui s’adaptent et défient la concurrence. La crise de gouvernance n’est donc pas
insurmontable grâce aux efforts consentis par les administrations publiques et privées pour
parvenir à une gestion saine des organisations. Ces dernières années, les privés et les
institutionnels s’accorent pour donner un sens à l’activité économique. Pour l’avenir, il y a
donc une énorme potentialité à développer et à adapter au contexte culturel de cette partie du
monde qui connaît l’exception depuis de très longues périodes.
L’accent devrait être mis sur la conception d’outils de gestion, des indicateurs de performance
qui sont adaptés aux entreprises sur place. La tenue de statistiques officielles crédibles et une
bonne canalisation du secteur informel sont entre autres des mesures qui permettraient un
contrôle véritable de l’activité économique.
5. L’alternative et les grands défis des décennies à venir
La gouvernance d’entreprise ne doit pas être seulement un discours mais un
comportement de responsabilisation des entrepreneurs vis-à-vis de leurs partenaires de tous
ordre. Elle ne doit pas non plus être un problème des entrepreneurs laissés à eux-mêmes mais
une équation des institutionnels car la situation actuelle des activités économiques laisse
apparaître que la bonne santé des entreprises relève d’une bonne gestion de leurs complexités.
L’activité économique est en train de donner tous les atouts pour le dynamisme des
organisations. Cependant force est de constater que de vils maux handicapent encore les
organisations et viennent assez souvent perturber les actions innovatrices. Dans un contexte
actuel où les entreprises africaines ont du mal à se faire une place dans le commerce
international, c’est aux acteurs de se mobiliser pour rester dans la compétition.
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49
La gouvernance d’entreprise dans les pays de l’UEMOA
De nombreux forums sont organisés ça et là avec l’appui des Etats et de toutes
les institutions totalement impliquées dans la gouvernance d’entreprise comme porte de sortie
au développement durable. Il sera absolument aberrant d’aller dans la rupture avec les
conservateurs pour imposer une nouvelle façon de gérer les entreprises. Tout dirigeant dans
ses objectifs d’innovation doit être attentif à ceux qui sont encore réticents aux nouveaux
modèles.
Au niveau institutionnel, les politiques doivent se concerter encore plus pour
se permettre une longue phase transitoire pendant laquelle une réforme profonde de
l’entreprise est nécessaire. C’est pendant cette période que des décisions courageuses
devraient être prises pour absorber le secteur informel ou lui donner un vrai statut par une
restructuration profonde. Ainsi, dans les secteurs d’activité non réglementés, c’est aux acteurs
eux-mêmes de s’imposer une discipline en écartant leurs compères pour des cas sérieux de
distorsion à la concurrence. Ainsi les monopoles artificiels entretenus dans une économie de
marché constituent un danger pour le libre échange et une bonne gouvernance.
La justice se chargera des cas de fraudes et de manquements graves à la
législation. C’est pourquoi, dans un espace comme celui de l’UEMOA, la tendance doit être à
l’harmonisation pour qu’il n’y ait pas de régime plus favorable ici ou là. Cette phase
transitoire, aussi longue qu’elle soit, doit être comparée à celle de la démocratie, mais avec
beaucoup de rigueur. Au cours de cette phase, un énorme travail de formation doit être
accompli auprès des opérateurs économiques. Les Etats auront pour rôle principal de veiller
au respect de la législation en donnant les moyens aux entreprises de ne pas être écrasées par
les entreprises qui se cachent derrière le secteur informel pour échapper à tout contrôle. Le
rôle de l’Etat lorsqu’il sera étendu à une éthique des affaires et des plans sérieux
anticorruption aura beaucoup lus d’efficacité. Lorsque toutes les grandes transactions
économiques seront protégées des risques de non-paiement, il y aura encore davantage de
responsabilisation. En retour, les chefs d’entreprises auront le devoir de la transparence avec,
en guise de sanction, un arbitrage de la concurrence et du marché.
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50
La gouvernance d’entreprise dans les pays de l’UEMOA
Lors du sommet du G8 à Gênes, les partenaires de l’Afrique se sont félicités de
la « nouvelle initiative africaine » qui repose sur les principes de responsabilité et
d’appropriation et qui met l’accent sur la démocratie, la transparence, la bonne gestion des
affaires publiques, l’état de droit et les droits de l’homme, qui sont autant de facteurs de
développement essentiels. Cette initiative constitue la base d’un nouveau partenariat entre
l’Afrique et le monde développé. Des progrès significatifs ont été accomplis en matière de
règlement des conflits dans plusieurs régions d’Afrique. Dans plusieurs autres cependant, les
conflits demeurent un obstacle majeur au développement économique et social. Nous
exhortons la communauté internationale, en partenariat avec les gouvernements africains,
l’Union africaine et les organisations sous-régionales à renouveler son engagement en faveur
de la prévention, de la gestion et du règlement des conflits.
Dans l’immédiat il faudra que les programmes d’enseignements intègrent des
disciplines d’éthique avec des thèmes comme la corruption, la délinquance d’affaires et la
gouvernance d’entreprise. La création d’entreprise doit donc être à l’ordre du jour afin que les
jeunes entrepreneurs acceptent de prendre des risques, qu’ils aient des objectifs définis à
l’avance au lieu de se jeter par tâtonnement dans des activités dont ils n’ont ni la compétence
ni les moyens d’action.
La nécessité d’une bourse des valeurs régionales se fait de plus en plus
entendre car elle permettra d’une part de trouver des investisseurs privés dans le grand public
et d’autre part de permettre aux entreprises de communiquer sur leur gestion. Les grandes
entreprises malades de leur management paraîtront au grand jour, et écoperont de la sanction
des investisseurs et du marché. Toutes forme de fraude ou de comportement anticoncurrentiel
sera dénoncé par l’autorité autonome de marché et des mesures disciplinaires jusqu’alors
inexistantes vont apparaître pour écarter les opérateurs malveillants. Les petits épargnants
vont pouvoir investir et comprendre le système des placements et des cotations.
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51
La gouvernance d’entreprise dans les pays de l’UEMOA
Conclusion
Il existe un lien entre la globalisation et la gouvernance d'entreprise. Les tendances
mondiales sont au renforcement de la privatisation, l'abaissement des barrières commerciales,
et la déréglementation. La mondialisation, bonne ou mauvaise, est un nouveau facteur avec
lequel les entreprises africaines doivent composer La circulation des personnes, des biens et
des capitaux va entraîner des mutations profondes de la gouvernance d'entreprise et provoquer
des bouleversements qualitatifs importants dans les organisations en passant du secteur public
au secteur privé. Le contexte africain est un environnement économique particulier dans le
sens où les économies sont dans une phase de transition mais avec des taux de croissance
importants. Dans cet élan, la transparence dans la gestion des entreprises serait une
opportunité à saisir pour que les jeunes structures ne restent pas en marge du commerce
international. Avec la monnaie commune, les entreprises de l’UEMOA ont donc le privilège
de renouer efficacement avec la croissance durable si les opérateurs et les Etats s’accordent
dans des cadres législatifs applicables. Les entreprises africaines seront saines au niveau de
leur management si un accent particulier est mis sur la notion de responsabilité. La
gouvernance d'entreprise est essentielle pour réduire la vulnérabilité face aux multiples
risques.
Il n’existe pas de réponse unique pour aider les entreprises africaines à mener
une politique de bonne gouvernance mais il est possible de les orienter afin qu’elles puissent
devenir performantes à l’image de celles qui font la loi au niveau du marché mondial. Dans
l’immédiat des réformes en matière de gouvernance d'entreprise doivent être effectives :
v Activisme des investisseurs : croissance rapide de l’investissement institutionnel
v Renforcement de la concurrence : exposition de performance d’entreprise stagnante
v Changement de propriété: retrait de l’Etat
v Lutte contre les scandales, la corruption et les faillites
v Baisse du financement public: passage de l’aide à l’investissement.
Les grandes réformes entreprises ces dernières années (OHADA, SYSCOA et
NEPAD) ont leurs raisons d’être à cause de l’influence du marché mondial, mais on est
souvent amené à se poser la question de savoir si elles ne sont pas trop en avance par rapport
aux réalités économiques.
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La gouvernance d’entreprise dans les pays de l’UEMOA
Annexes 1 : Nomenclature des entreprises de l’UEMOA
Nomenclature des entreprises des pays de l'UEMOA
Grandes entreprises Publiques et
Privés, MPE, filiales de grands
groupes étrangers
Secteur formel
Entreprises
informelles
Entreprises individuelles et TPE
Secteur informel
Ancien monopoles : eau, électricité,
téléphonie
Commerce ambulant
Sociétés privatisées, Entreprises
industrielles
Entreprises nécessitant des licences ou des
autorisations : enseignement, pharmacies
Filiales de grands groupes ou de
sociétés étrangères
Restauration
Démarcheurs
Commerce général
Manutention
Sociétés de transports de personnes
ou e marchandises
Assurances
Services à domicile:
tâches ménagères
Artisanat
Banques
Agro alimentaire
Société de crédits
Société de profession
réglementée
Professions non
réglementées
Société du géni civil et du bâtiment
Hôtels
Hôpitaux
Forme et Modèle de gouvernement d’entreprise
SA avec conseil d'administration
SARL
EURL
Présence de CAC et de conseils
Tenue obligatoire de comptes
Oui
SARL
EURL
-
Néant
-
En principe
-
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La gouvernance d’entreprise dans les pays de l’UEMOA
Annexes 2 : La gestion des sociétés d’Etats
Appréciation d’un journaliste de la presse locale au Burkina Faso)
Gestion des sociétés d’état au Burkina Faso : Les causes d'un malaise général
Pour la quatrième fois, la messe des sociétés d'Etat consacrée aux
établissements publics de l'Etat a été dite. En sa qualité d'officiant, Paramanga Ernest Yonli,
Premier ministre a écouté la confession de ses fidèles. Selon les péchés et les mérites de
chacun, le chef du gouvernement a distribué les bons et les mauvais points. Toutefois, il
ressort du rapport final que cette année, les indicateurs de performances ne sont pas aussi
mauvais que cela, même si la part des subventions de l'Etat reste encore très marquée. C'est
justement à propos des performances que les violons ne s'accordent point. Bien qu'on n'ait pas
eu un soulèvement de directeurs généraux des établissements publics de l'Etat, la grogne était
bien présente. Les DG sont unanimes sur la contradiction qui fait que l'Etat exige d'eux plus
de résultats, alors qu'ils ont de gros boulets de plomb attachés à leurs pieds et qui les bloquent
sérieusement dans leur envolée.
Parmi ces difficultés, qui jalonnent leur chemin, les DG ont mis le doigt sur
le problème de la lourdeur dans la procédure de la dépense publique. Non seulement cela
nécessite l'intervention de beaucoup de personnes, notamment le DG, le directeur des affaires
financières, le comptable et le contrôleur financier, mais en plus, quand deux au moins de ces
intervenants sont en conflit, c'est le scénario parfait de blocage qui s'installe. En outre, quand
le contrôleur financier s'érige en agent tout puissant, ne recevant d'ordre que de son ministère
d'origine qui se trouve ne pas être le ministère de tutelle de la société, le mal est encore plus
profond, ont dénoncé les DG. Le cas patent du Centre national des semences forestières
(CNSF) qui a conduit à des démissions à la flopée et celui de l'Institut national de la
statistique et de la démographie (INSD) qui a abouti à la "fuite massive des cerveaux", sont
assez illustratifs de cette entrave au bon fonctionnement des APE. Parfois, le contrôleur
financier n'est pas résident et c'est très difficile de mettre la main sur lui, alors qu'aujourd'hui,
une société en quête de performance doit pouvoir réagir avec promptitude face à une
opportunité de bonnes affaires. Mieux, au risque de périr dans un environnement de rude
concurrence, les entreprises, qu'elles soient EPE ou privées, doivent avoir une capacité
poussée de projection, qui leur permette d'anticiper
Tous ces griefs évoqués par les DG des EPE sont fondés mais ne
justifient cependant pas les piètres prestations de certaines sociétés, ce qui oblige l'Etat à y
injecter de l'argent, et beaucoup d'argent. Parfois même, c'est de l'argent perdu, car le plus
souvent détourné par des responsables qui ont été parachutés à la tête de la société, soit
parce qu'ils sont détenteurs de la carte du parti, soit par népotisme. Alors, cette lourdeur
dans la procédure des dépenses publiques tant décriée n'est-elle pas une des solutions aux
détournements de deniers publics et aux dépenses de complaisance ? Rien n'est plus sûr,
d'autant plus qu'au Burkina Faso, nombre de responsables sont nommés sans une enquête
de moralité bien poussée et qui tienne compte de leurs compétences. Ceci laisse donc la
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La gouvernance d’entreprise dans les pays de l’UEMOA
porte ouverte à toutes sortes d'abus qui mettent les sociétés à genoux. Cette lourdeur ne
répond-elle pas également à une politique délibérée de l'Etat pour faire sortir moins
d'argent ? Répondre par l'affirmatif à cette interrogation ne serait pas faire fausse route, vu
la puissance conférée aux contrôleurs financiers.
La situation est assez préoccupante et mérite des réflexions plus poussées qui
ne sauraient trouver pour délai et cadre appropriés les trois jours d'une Assemblée
générale des sociétés d'Etat. Il faut recentrer les débats et instaurer dans l'esprit de chaque
cadre la priorité qu'il faut accorder à la vie de l'entreprise. Contrairement à cela, les
comportements classiques observés sont loin de l'esprit altruiste qui s'appuie sur le respect
de la chose publique. Il s'instaure une frénésie dans la course à l'enrichissement personnel.
Le mal fondamental à attaquer aux racines, c'est l'absence de l'esprit d'Etat et l'esprit de
service. Il y a donc lieu d'assainir le milieu, marqué de façon générale par la cupidité, le
vol, la corruption et bien d'autres vices.
Du reste, cette situation est loin d'être l'apanage du Burkina Faso. L'Afrique
n'a jamais eu de plan de développement interne, en raison de l'instabilité politique
chronique due notamment aux nombreuses guerres, aux coups d'Etat, aux cycles de
sécheresse, etc. Au Burkina Faso comme ailleurs en Afrique, on vit au jour le jour.
Aucune initiative n'est prise à moyen ou à long terme, car la phobie du changement au
détour d'un conseil des ministres est constante et hante l'esprit des responsables qui
s'enlisent alors dans une routine coupable.
Pour la bonne marche de nos EPE, et autres sociétés d'Etat, il faut une
harmonisation et une coordination au plus haut niveau afin que chaque agent et cadre joue
correctement sa partition aux seules fins de l'intérêt public. Dans cette optique, un point
de l'article 32 du chapitre III du décret n°99-051/PRES/PM/MEF portant statut général
des EPE à caractère administratif, situe clairement la responsabilité du directeur général
dans la gestion de sa société. Il faut donc mettre l'homme qu'il faut à la place qu'il faut et
lui faire confiance. Au Burkina Faso, en plus des contrôleurs financiers, tous les
mécanismes ont été mis en place pour suivre les premiers responsables dans l'exercice de
leurs fonctions. A moins que l'érection de ces structures réponde à un stratagème pour
faire croire aux bailleurs de fonds que tout fonctionne bien. La Cour des comptes,
l'Inspection générale d'Etat et les différents services d'inspection des ministères, s'il sont
renforcés et redynamisés, sont bien en mesure de ramener les DG et autres "patrons" sur
le droit chemin. On ne saurait occulter le droit et le devoir des Conseils d'administration à
ouvrir l'oeil, et le bon, sur la gestion de la direction générale, quitte à retirer leur confiance
au directeur général, si celui-ci ne travaille pas à faire évoluer l'entreprise.
En tout état de cause, il est important et urgent de savoir allier fermeté et sens de la
mesure, le tout sous-tendu par l'honnêteté et l'esprit civique.
"Le Pays"
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La gouvernance d’entreprise dans les pays de l’UEMOA
Annexes 3 : Présentation des différentes forme de gestion
Forme de gestion des entreprises
Gestion empirique :
-
Flux d’échanges non quantifiables, le profit escompté est variable et
dépendant des opportunités.
-
Impossibilités d’accès aux financements externes à court, long et moyen
terme.
-
Impossibilité de gérer les produits financiers et d’effectuer des placements.
-
Pas d’accès aux marchés publics.
-
Articulation nulle ou médiocre aux grandes entreprises
Gestion déléguée :
-
l’information suscitée dans l’entreprise, et utilisable par le promoteur, dépend
étroitement de la qualité du personnel recruté.
-
Conflits potentiels de pouvoir dans l’entreprise, difficultés de contrôle de
l’activité du gestionnaire.
-
Abandon partiel des marchés d’opportunité.
-
Poids de la concurrence avec les établissements à gestion empirique, qui
bénéficient d’un avantage en termes de coûts.
Gestion professionnelle :
-
Difficultés de recrutement d’un personnel qualifié.
-
Difficulté d’une planification rigoureuse sur tous les aspects relatifs à
l’activité
-
Abandon des opportunités produisant des profits exceptionnels, et difficultés
de dégager une marge régulière.
- Difficultés de concilier les techniques de gestion rigoureuse et les impératifs
liés à l’existence de cas particuliers.
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La gouvernance d’entreprise dans les pays de l’UEMOA
Annexes 4 : Répartitions des banques dans l’UEMOA
Répartition des banques et établissements financiers par pays de
l’UEMOA
Banques
Etablissements
Total
Nombre de
(a)
Financiers
(a+b)
Guichets
(b)
(*)
Bénin
7
1
8
32
Burkina
7
5
12
115
Côte d'Ivoire
16
6
22
160
Guinée Bissau
2
0
2
5
Mali
9
4
13
66
Niger
7
1
8
21
Sénégal
11
3
14
102
Togo
7
4
11
100
TOTAL UMOA
66
24
90
601
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La gouvernance d’entreprise dans les pays de l’UEMOA
Annexes 5 : Traité de l’OHADA
Présentation de l’OHADA
BREVE PRESENTATION DES ACTES UNIFORMES
Le Traité d'Harmonisation prévoyait en son article 5 des actes uniformes pour l'application des règles
communes aux Etats membres. C'est ainsi qu'ont été adoptés les Actes Uniformes ci-après
Acte Uniforme
concerné
Dates d'adoption et
POINTS TRAITES
d'entrée en vigueur
Adopté le 17/4/1997
Acte Uniforme relatif et entré en vigueur
Statut des commerçants, Registre du Commerce et du
au droit commercial par mesure
Crédit Mobilier, bail commercial, fonds de commerce,
général
dérogatoire le 1er
intermédiaires de commerce, vente commerciale.
Janvier 1998.
- Dispositif général applicable à toutes les sociétés
(constitution, fonctionnement, action en responsabilité
Acte Uniforme relatif Adopté le 17/4/1997
contre les dirigeants sociaux, liens de droit entre les
et entré en vigueur
au droit des sociétés
sociétés, transformation, fusion, scission, apport partiel
par mesure
commerciales et du
d'actifs, dissolution, liquidation, nullité, formalités de
groupement d'intérêt dérogatoire le 1er
publicité).
Janvier 1998.
économique
- Dispositif spécifique à chaque type de société.
- Dispositif répressif.
- Cautionnement.
- Lettre de garantie
- Droit de rétention.
- Gage.
Adopté le 17/4/1997 - Nantissements sans dépossession :. nantissements de
droits d'associés et de valeurs mobilières,
Acte Uniforme portant et entré en vigueur
par mesure
organisation des
nantissements de fonds de commerce,. nantissement de
dérogatoire le 1er
matériels professionnels, et de véhicules automobiles,
sûretés
Janvier 1998.
nantissement de stocks de matières premières et de
marchandises.
- Privilèges généraux et spéciaux.
- Hypothèques.
- Distribution et classement des sûretés.
- Procédures simplifiées de recouvrement des créances
Adopté le 10/4/1998 (injonction de payer, injonction de délivrer ou de
Acte Uniforme portant
et entré en vigueur 90 restituer).
organisation des
jours après son
- Voies d'exécution (saisie conservatoire, saisie vente,
procédures simplifiées
adoption (art. 9 du
saisie attribution, saisie et cession des rémunérations,
de recouvrement et
Traité relatif à
saisie appréhension, saisie des droits d'associés et des
des voies d'exécution
l'Harmonisation).
valeurs mobilières, saisie immobilière).
- Distribution du prix.
- Règlement préventif.
Acte Uniforme portant Adopté le 10/4/1998 - Redressement judiciaire.
et entré en vigueur à - Liquidation des biens
organisation des
procédures collectives titre dérogatoire le 1er - Faillite personnelle et réhabilitation.
d'apurement du passif Janvier 1999.
- Banqueroute et autres infractions.
- Procédures collectives internationales.
Adopté le 11/6/1999
Acte Uniforme sur
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La gouvernance d’entreprise dans les pays de l’UEMOA
et entré en vigueur 90
jours après son
adoption (art. 9 du
Traité relatif à
l'Harmonisation).
Adopté les 23 et 24
Acte Uniforme portant Mars 2000.
Entrée en vigueur :
organisation et
· pour les comptes
harmonisation des
personnels des
comptabilités des
entreprises, le 1er
entreprises dans les
janvier 2001:
pays de l'Ohada
opérations et comptes
de l'exercice ouvert à
cette date pour les
comptes consolidés et
les comptes combinés
le 1er janvier 2002 :
opérations et comptes
de l'exercice ouvert à
cette date.
l'arbitrage
Acte Uniforme sur le
transport de
marchandises par
route
- Composition du tribunal arbitral.
- Instance arbitrale.
- Sentence arbitrale.
- Recours contre la sentence arbitrale
- Reconnaissance et exécution des sentences arbitrales.
Adopté les 20, 21 et
22 Mars 2003.
Devrait entrer en
vigueur en Janvier
2004.
LES INCIDENCES DU DROIT OHADA DANS L'ENVIRONNEMENT LEGAL DES PRINCIPAUX
SECTEURS D'ACTIVITES
Les incidences pour tous les secteurs
Les incidences spécifiques à certains secteurs
d'activités
Les incidences pour tous les secteurs d'activités
Compte tenu des matières dans lesquelles il est venu légiférer, le droit communautaire Ohada a
jusqu'ici des incidences essentiellement dans certains volets importants de la vie des entreprises, mais
ne touche pas spécifiquement tel ou tel secteur d'activité particulier, à quelques exceptions près
évoquées ci-dessous. En effet, les principales modifications introduites dans l'environnement légal des
entreprises ont concerné principalement :
les structures mêmes de l'entreprise : nouvelles formes de sociétés et nouvelles règles de
fonctionnement pour certaines d'entre elles.
les activités des entreprises :
- leurs outils de travail : fonds de commerce, bail commercial;
- le régime de leurs créances : ventes commerciales, mandats commerciaux, et en ce qui concerne le
recouvrement de ces créances : les garanties pour leur recouvrement, les règles du jeu liées à leur
recouvrement en temps normal et lorsque le débiteur est en difficulté, et enfin, le régime de résolution
des litiges liés aux affaires (introduction de l'arbitrage).
Les incidences spécifiques à certains secteurs
Outre ce qui est rappelé ci-dessus qui concerne toutes les entreprises en général, le droit des affaires
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59
La gouvernance d’entreprise dans les pays de l’UEMOA
Ohada promulgué a eu des incidences plus particulières dans certains secteurs d'activités :
- ceux où les baux commerciaux sont un paramètre important de l'activité (entreprises dans le secteur
immobilier et autres),
- ceux où la location-gérance de fonds de commerce est une formule très développée,
- ceux où les garanties liées aux créances sont une donne importante de l'activité (secteur bancaire et
autres)
- ceux où l'utilisation des mandats commerciaux est développée (secteur de la distribution et autres).
Les points saillants du nouvel environnement légal sont résumés ci-après pour chaque secteur
Secteurs d'activités où les baux commerciaux sont un paramètre important de l'activité
Les points saillants du nouvel environnement légal concerné
Le bail commercial a vu son statut actualisé par le Droit Uniforme Ohada qui :
- laisse aux parties la latitude de choisir entre la formule du bail à durée déterminée ou indéterminée,
- mais par ailleurs prévoit un certain nombre de dispositions d'ordre public que les parties doivent
impérativement respecter à peine de nullité de leur bail.
Ce dispositif est applicable :
- à tous baux de locaux principaux ou accessoires d'immeubles exploités à des fins commerciales,
industrielles, artisanales ou professionnelles,
- ainsi qu'aux baux de terrains nus sur lesquels ont été édifiées, avant ou après la conclusion du bail,
des constructions à usage industriel, commercial, artisanal ou professionnel, si ces constructions ont été
élevées ou exploitées avec le consentement du propriétaire ou à sa connaissance.
Ce statut est également applicable lorsque l'un des signataires du bail (bailleur ou locataire) est une
personne morale de droit public à caractère industriel ou commercial et une société à capitaux publics
(art. 70 de l'AUDCG).
Il est prévu au profit des commerçants locataires justifiant avoir exploité, avec l'accord du propriétaire,
l'activité prévue au bail pendant une durée d'au moins deux ans, un droit au renouvellement qui s'exerce
dans les conditions prescrites par l'Acte Uniforme.
Secteurs d'activités où la location-gérance de fonds de commerce est une formule très développée
Les points saillants du nouvel environnement légal concerné
Il est rappelé que les fonds de commerce peuvent être exploités :
- directement par un commerçant ou une société commerciale,
- ou dans le cadre d'un contrat de location-gérance, convention par laquelle le propriétaire du fonds de
commerce en concède la location à un gérant, personne physique ou morale, qui l'exploite à ses risques
et périls (art. 106).
Le locataire gérant doit avoir la qualité de commerçant et doit être immatriculé au Registre du
Commerce et du Crédit Mobilier (art. 107).
Un propriétaire de fonds ne peut conférer une location-gérance que :
-
s'il est commerçant depuis deux années ou a exercé pendant une durée équivalente des
fonctions de gérant ou de directeur commercial ou technique d'une société,
- s'il a exploité, pendant une année au moins en qualité de commerçant, le fonds mis en
gérance.
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La gouvernance d’entreprise dans les pays de l’UEMOA
Secteurs d'activités où les garanties liées aux créances sont une donne importante de l'activité /
Les points saillants du nouvel environnement légal concerné
Le Droit Ohada a procédé à une importante actualisation du droit des sûretés personnelles et réelles.
Les modifications du régime des sûretés personnelles
Parmi les modifications dans le régime du cautionnement
- Le cautionnement a été assorti de conditions plus strictes pour notamment protéger le consentement
des cautions : en général (ex : nécessité de la mention manuscrite du montant maximum garanti en
principal et accessoires, en chiffres et en lettres, à peine de nullité)
. et de la caution illettrée en particulier (article 4).
- La solidarité de la caution est devenue le régime de droit commun en l'absence de stipulation
contraire expresse (article 10).
- Des obligations d'information des cautions ont été mises à la charge des créanciers bénéficiaires de
cautionnements, lesquelles conditionnent la préservation de leurs recours contre les cautions.
Introduction des garanties autonomes (lettres de garanties)
Les lettres de garanties aux normes de la pratique internationale ont été introduites. Leurs conditions
d'octroi sont assez strictes (prohibition pour les personnes physiques de contracter de telles garanties).
Les modifications du régime des sûretés réelles
Le régime des sûretés réelles mobilières et immobilières a également subi un important toilettage.
Parmi les modifications introduites au niveau des sûretés mobilières :
- l'introduction du droit de rétention (auparavant prévu dans divers textes spécifiques) érigé en sûreté
à portée générale avec un régime de réalisation similaire à celui du gage ;
- l'actualisation des techniques de constitution du gage : lorsqu'il porte sur certains biens mobiliers
incorporels (exemple : la constitution du gage sur créances régie par un dispositif précis permettant au
créancier gagiste de réaliser la créance gagée au mieux des intérêts de toutes les parties prenantes) ;
- l'inclusion aux côtés des nantissements sans dépossession classiques (matériels et véhicules, fonds de
commerce) des nantissements d'actions et de parts sociales d'une part, de stocks d'autre part. Un régime
unique est institué dans ce dernier cas en lieu et place de la multiplicité de warrants existant auparavant
(warrants agricoles, pétroliers etc.) et le nantissement est facilité par la création d'un bordereau
endossable constatant la créance et sa garantie.
Par ailleurs, il a été procédé à une importante remise en ordre ainsi qu'à l'actualisation du régime des
privilèges mobiliers :
- réaménagement de la liste des privilèges généraux du Code Civil en nombre plus réduit et obligation
de publication pour certains d'entre eux garantissant des sommes très importantes (Trésor public,
Douanes, organismes de sécurité sociale) au Registre du Commerce et du Crédit Mobilier, condition de
leur opposabilité aux tiers,
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- également actualisation de la liste des privilèges mobiliers spéciaux (élimination de ceux tombés en
désuétude) et introduction en matière de conflits entre privilèges portant sur les mêmes objets mobiliers
de la règle de la préférence au premier saisissant.
-Parmi les modifications introduites au niveau des sûretés immobilières : la suppression de la non
péremption des hypothèques.
- Parmi les modifications introduites au niveau de la distribution et du classement des sûretés : le
réaménagement du classement des sûretés désormais toutes regroupées d'une part en matière
immobilière, d'autre part en matière mobilière.
Secteurs d'activités où l'utilisation des mandats commerciaux est développée /
Les points saillants du nouvel environnement légal concerné
Sont concernés les contrats avec les commissionnaires en matière de ventes et d'achats, les courtiers et
les agents commerciaux.
Le dispositif Ohada sur les mandats commerciaux a un champ d'application large puisqu'il régit non
seulement la conclusion des contrats noués par ces intermédiaires de commerce, mais aussi tout acte
accompli par ces derniers en vue de cette conclusion et relatif à son exécution, et ce :
- que l'intermédiaire de commerce soit inscrit au Registre du Commerce de l'un des pays membre de
l'Ohada,
- qu'il agisse sur le territoire de l'un de ces pays,
- ou encore que les règles de droit international privé prévues conduisent à l'application de ces
dispositions.
L'Acte Uniforme réalise, en ce qui concerne le droit applicable aux mandats commerciaux un savant
dosage entre son propre dispositif, les règles classiques du mandat relevant des législations nationales
maintenues sur ce point et les usages du secteur.
LES RISQUES JURIDIQUES LIES A L'ENTREE EN VIGUEUR DES ACTES UNIFORMES OHADA
SUR LE DROIT DES AFFAIRES
Avant l'entrée en vigueur des Actes Uniformes : application du droit national.
Après l'entrée en vigueur des Actes Uniformes : application du droit Ohada à quelques exceptions près
(certains dispositifs du droit national n'ont pas été touchés et d'autres ont été partiellement maintenus,
comme rapppelé ci-dessus), avec deux types de risques :
- ceux liés au fonctionnement et à l'activité des entreprises,
- les risques externes.
Les risques liés au fonctionnement et à l'activité des entreprises
Ce sont les risques liés à la validité :
- des documents constitutifs des entreprises
- des documents liés à l'activité des entreprises.
Statuts de la société :
Nécessité de mise en harmonie avec Droit Ohada => sociétés existantes ou
Nécessité d'établir des statuts aux normes Ohada => nouvelles sociétés
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Baux de l'entreprise :
Nécessité de mise en harmonie avec Droit Ohada au renouvellement et/ou
Nécessité de conclure les nouveaux baux aux normes Ohada.
Garanties de l'entreprise :
Nécessité de mise en harmonie avec Droit Ohada en cas de renouvellement et/ou
Nécessité d'établir les nouveaux actes aux normes Ohada.
Ventes de l'entreprise
Nécessité de mise en harmonie avec Droit Ohada en cas de renouvellement des contrats et/ou
Nécessité d'établir les nouveaux contrats aux normes Ohada.
Mandats commerciaux de l'entreprise :
Nécessité de mise en harmonie avec Droit Ohada en cas de renouvellement des mandats et/ou
Nécessité d'établir les nouveaux mandats aux normes Ohada.
Les risques externes
Risques de nouer des relations d'affaires avec des structures dont la validité des documents constitutifs
n'est pas conforme aux normes du Droit Ohada avec les conséquences en découlant en ce qui concerne
leurs engagements
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Bibliographie
Marcelle ZADI KESSY « Culture africaine et gestion de l’entreprise moderne » Edition
CEDA
Pascal LABAZEE « Entreprises et entrepreneurs au Burkina Faso » éditions
Karthala aux Afrique en 1988.
Jean François OMEMBE et Jean Kernaîse MAVOUNGOU docteurs en gestion
ont plié un ouvrage : « Gestion moderne face au réalités socio culturelles » en
Afrique, paru en 1999.
Nadédjo BIGOU-LARE Maître de conférences Agrégé Université de Lomé Titre de thèse
De l’information comptable : une analyse de la pratique dans les entreprises togolaises.
Année 1999
JAE Jeune Afrique Economie bimensuel d’informations économique du continent
africain. N°348 du 20 janvier au 2 mars 2003.
Editions Le Pays quotidien d’information à Ouagadougou (Juillet 2003)
Liste des Sites Internet consultés :
UEMOA : http://www.uemoa.int/Index.htm
SYSCOA : http://www.syscoa.com/accueil.html
OHADA : http://www.ohada.com/
BCEAO: http://www.bceao.int/
Le Pays : www.lepays.bf
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Tableau des abréviations :
UEMOA :
Union Economique et Monétaire Ouest Africaine. Bénin,
Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Mali, Niger, Sénégal et Togo.
SYSCOA :
Système Comptable Ouest Africain
OHADA :
Organisation pou l’Harmonisation du Droit des Affaires en
Afrique
NEPAD :
New Partenership for Africa Development ou Nouveau
Partenariat pour le Développement de l’Afrique.
BCEAO :
Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest
CFA :
Communauté Financière Africaine. La dévaluation a donné
une nouvelle parité à la monnaie : 1 FF = 100 FCFA
contre 50 FCFA. La parité avec l’euro est fixe 1 Euro =
655.957 FCFA
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Adresse de l’étudiant.
Kouka Albert TAPSOBA
[email protected]
Tel 06 63 27 79 40
Tel à l’étranger
Domicile 00226 36 46 68
Bureau 00226 31 24 89
08 BP 11 105 Ouagadougou 08
Burkina Faso
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