Buses de pulvérisation en culture de pommes de terre
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Buses de pulvérisation en culture de pommes de terre
Buses de pulvérisation en culture de pommes de terre - Couverture optimale et dérive limitée. Bruno HUYGHEBAERT, Olivier MOSTADE, Stéphanie NOEL – Département Génie rural – CRA-W (Gembloux) De nombreuses nouvelles buses en grandes cultures sont apparues ces dernières années sur le marché. L’objectif est d’augmenter l’efficacité des pulvérisations et de s’adapter à l’évolution des pesticides ainsi qu’aux nouvelles contraintes environnementales. Ces dernières concernent notamment le phénomène de dérive des embruns de pulvérisation. En culture de pommes de terre, ce que l’on cherche c’est une couverture maximum du parasite et ce, sur l’ensemble du feuillage. Un nombre élevé d’impacts découle de la pulvérisation de beaucoup de fines gouttelettes qui sont plus sensibles à la dérive. Cet article ne fournit pas LA solution de la buse optimum pour les traitements fongicides, il fait simplement le point sur les différents types de buses, assurant un bon compromis entre efficacité biologique et dérive limitée. Le choix d’une buse est basé sur la nature du traitement à effectuer et le volume/hectare à appliquer. Progressivement apparaissent également des contraintes environnementales en regard au phénomène de dérive. La nature du traitement (fongicide, insecticide ou herbicide) et le mode d’action du produit (systémique, de contact, radiculaire, …) vont influencer le type de buses à utiliser. Il faudra choisir la buse donnant une répartition et une pénétration optimales avec un spray formé de gouttelettes de bonne taille. Le volume/hectare est réglé par le choix du calibre de la buse (correspondant à la taille de l’orifice calibré, càd la buse) associé à la vitesse d’avancement lors du traitement. La dérive consiste en un déplacement hors de la cible d’une partie des gouttes pulvérisées, pendant ou après l’application ; la voie de déplacement de la dérive étant l’atmosphère. Ce déplacement de la bouillie est une perte pour le traitement et peut être à l’origine de divers problèmes tels qu’une baisse d’efficacité, un endommagement des cultures voisines ou encore une pollution de l’environnement (eau de surface). La dérive sera d’autant plus importante que les gouttes sont fines, que le vent est fort, que la température est élevée et l’hygrométrie faible, que la rampe est haute, … Description des différents types de buses. Les types de buses utilisées en agriculture se distinguent par la qualité de la répartition du liquide sous la rampe de pulvérisation et par la taille des gouttelettes. Pour la plupart des buses, lorsque la pression est faible (entre 1,5 et 2,5 bar), elles fournissent des gouttes pas trop fines mais avec une couverture suffisante dans de nombreuses situations. A pression plus élevée (entre 2,5 et 5 bar), la couverture de la cible et le nombre d’impacts augmentent, avec un risque de dérive plus élevé. Les principaux types utilisés aujourd’hui sont décrits ci après : les buses à fente classique, les buses à fente à réduction de dérive, les buses à fente à aspiration d’air et les buses à turbulence. Buse à fente classique Cette buse est le type le plus utilisé (par plus de 90 % des opérateurs). Il est polyvalent pour tout type de traitement et assure une distribution homogène sous rampe tout en assurant un nombre d’impacts adéquat sur la cible (20-50 gouttes/cm²). Plus la pression augmente, plus le nombre de gouttes augmente et leur taille diminue. L’orifice calibré est de forme ovale et produit un jet plat ou jet pinceau. Buse à fente à réduction de dérive Taille de l’orifice terminal d’une buse à réduction de dérive Taille de l’orifice d’une buse à fente classique de même calibre C’est une buse à fente munie d’une pastille calibrée en amont qui, associée à la chambre de décompression, crée une diminution de pression d’environ 30 % lorsque la bouillie passe au travers. Cette chute de pression avant la formation du jet élimine en grande partie la formation des fines gouttelettes particulièrement sensibles à la dérive (diamètre inférieur à 0,1 mm). Le pré-orifice permet une pulvérisation à pression normale sans perturber l'ouverture des anti-gouttes. L'utilisation de la buse à fente comme orifice terminal permet de conserver une grande qualité de répartition transversale. Buse à fente à aspiration d’air Le principe consiste à charger les gouttes de bulles d’air afin d’augmenter leur taille. La bouillie passe par un orifice calibré puis dans un Venturi où l’air est aspiré au travers d’un ou deux trous pour se mixer au liquide. Le mélange bi-fluide est pulvérisé au travers d’un orifice similaire à celui d’une buse à fente. Les gouttes ainsi formées résistent bien à la dérive et éclatent plus ou moins fort au contact de la plante afin de former un nombre élevé d’impacts. Le mécanisme de ces buses est conçu pour travailler à plus haute pression que les buses classiques. Les constructeurs conseillent une utilisation de ces buses à 5 bars alors que la pression conseillée pour les buses classiques est comprise entre 2 et 3 bar. Pour les produits de contact, il faut une pression se situant dans une plage moyenne à élevée c’est à dire 5 à 8 bar pour avoir le meilleur éclatement. Buse à turbulence C'est une buse constituée d'une hélice, d'une chambre de turbulence et d'une pastille à orifice calibré. Le liquide est mis en rotation dans la chambre de turbulence avant de sortir par l'orifice circulaire sous forme d'un jet conique. La répartition sous rampe avec ce type de buse est moins bonne que la buse à fente et le jet produit est plus sensible à la dérive. Elle est de moins en moins utilisée en grandes cultures. Néanmoins elle possède encore de nombreux adeptes en culture de pommes de terre pour les traitements fongicides qui demande une grande finesse de pulvérisation. Technique de pulvérisation contre le mildiou dans les cultures de pommes de terre Le traitement du mildiou en culture de pommes de terre avec un fongicide de contact nécessite une réflexion sérieuse quant au choix de la buse de pulvérisation. Il existe d’autres fongicides (systémique ou semi-systémique) qui ne posent pas de problème en terme de technique de pulvérisation, mais leur prix met un frein à leur utilisation qui ne sera effective qu’en dernier recours. L’objectif consiste à réaliser un film de protection optimal sur les deux faces des feuilles et sur la tige, ainsi qu’une bonne pénétration dans la culture. Il faut en effet se rappeler que le mildiou se développe également sur la face inférieure des feuilles et de façon préférentielle à l’intérieur du feuillage où règnent les conditions optimales (humidité, température, absence de lumière…) nécessaires à son développement. Traditionnellement, les buses à turbulence utilisées à plus haute pression (3-5 bar) et un volume/hectare élevé (300 à 400 l/ha) permettaient d’obtenir une bonne pénétration de la culture tout en assurant une couverture optimale du feuillage. Pourtant, on ne peut plus parler à proprement dit d’une pulvérisation mais plutôt d’une nébulisation, synonyme de très petites gouttes et de dérive importante. Ce type de buse n’autorise aucune souplesse dans le traitement. Il n’est pas possible de tenir compte de la sensibilité des variétés aux maladies, de la croissance du feuillage, de la pression d’infection et surtout des conditions météorologiques (vent). C’est pour ces différentes raisons que la « famille des buses à fente » a pris le pas petit à petit et dernièrement les buses « anti-dérive » se sont popularisées. En parallèle, une nette amélioration des produits (sélectivité et efficacité) a permis de prendre un peu plus de liberté au niveau de la technique de pulvérisation. La question fondamentale est de savoir si l’utilisation de buses à pastille de calibrage ou à injection d’air pour lutter contre la dérive se fait au détriment de l’efficacité biologique des produits de contact. Il est évidemment difficile de répondre de façon catégorique à cette question. Le raisonnement logique est de se rappeler que les buses « anti-dérive » produisent des gouttes plus grosses (buses à aspiration d’air > buses à pastille) qui ne sont pas très adéquates pour les traitements de contact. Cependant, plusieurs études (Suisse, France) n’ont pas montré de différence au niveau de l’efficacité biologique lors de l’utilisation de ce type de buse. Il semblerait que la taille des gouttes est sans incidence sur l’efficacité biologique des produits utilisés. Il faut cependant rester prudent et dans la mesure du possible utiliser les techniques classiques de pulvérisation (buse à fente). En conditions météorologiques favorables à légèrement perturbées, une simple diminution de la vitesse d’avancement, de la pression de pulvérisation ainsi que de la hauteur de rampe permet dans la plupart des cas de réduire la dérive tout en atteignant ses objectifs de traitement. Lorsque les conditions se détériorent et qu’il faut nécessairement traiter, on optera, alors, pour une technique de réduction de la dérive. La buse est le moyen de lutte contre la dérive le plus facile à mettre en œuvre et dont le rapport qualité/prix est de loin le meilleur. Une étude menée par l’ITCF (France) a montré que pour une buse à fente classique 26 % du volume pulvérisé risque de dériver contre 10 % pour les buses anti-dérive à pastille et 4,4 % pour les buses à aspiration d’air. Les buses anti-dérive sont donc une alternative aux techniques classiques de pulvérisation qui ont depuis longtemps fait leur preuve. Leur utilisation ne doit pas être systématique mais, au contraire, bien raisonnée. En cas de doute ou d’infestation sérieuse, il faut automatiquement revenir vers une technique classique ou opter pour un produit dont le mode d’action n’est pas sensible à la grosseur des gouttes. Quelques rappels et conseils généraux bons à savoir - - - - - Plus la pression de pulvérisation est élevée, plus les gouttes sont de petite taille ; Plus la pression est élevée, plus la vitesse des gouttes à la sortie de la buse est grande, plus les gouttes sont légères et plus lentement elles atteignent la cible car leur vitesse décroît très rapidement ; Plus les gouttes sont fines, plus la couverture du parasite est importante MAIS aussi plus la dérive est importante ; Les buses à fente classique peuvent très bien convenir pour les traitements fongicides avec des produits de contact sur cultures de pommes de terre ; Les buses à réduction de dérive ne sont pas plus sensibles au bouchage que les autres types de buse (mais quand elles se bouchent … il est plus difficile de les nettoyer) ; Les buses à aspiration d’air sont 3 à 4 fois plus longues que les buses à fente classique ; elles peuvent dépasser du cadre inférieur de la rampe et en cas d’accrochage, il peut s’ensuivre des casses de buses et/ou de porte-buses ; Il faut être attentif au diamètre extérieur des buses à aspiration d’air. Si la norme ISO a standardisé il y a quelques années le code de couleur pour tout type de buse en rapport avec le débit à 3 bar, elle n’a pas normalisé la taille des buses. Il faut donc être attentif aux écrous présents sur le pulvérisateur avant l’achat de buses AVI (Albuz), INJET (Hardi), ID (Lechler) et ID (Teejet) ; elles ne sont pas toutes les mêmes !; La pression minimum de travail avec les buses à aspiration d’air est de 3 bar. A une valeur inférieure, le jet n’est pas bien formé et du liquide peut sortir des orifices d’aspiration d’air ; Les buses à aspiration d’air se caractérisent par de vastes possibilités d’utilisation et une large gamme de pressions. Pour contacter les auteurs : Département Génie Rural à Gembloux : 081/61.25.01