Les opérateurs - www . ostic . info

Transcription

Les opérateurs - www . ostic . info
7 - OPERATEURS DE TELECOMMUNICATIONS
Ce chapitre est consacré à l’examen de l’évolution de la situation des opérateurs de
télécommunications dans le monde. Pour éviter les répétitions, il ne reprend que brièvement
les éléments abordés dans les chapitres précédents. Il comporte un paragraphe introductif sur
la santé retrouvée des opérateurs. La dynamique de la dérèglementation qui avait porté le
secteur depuis vingt ans maintenant est largement arrivée à son terme et nous n’avons que
peu de grandes manœuv res stratégiques à analyser pour 2003, ce qui explique la brièveté de
certaines sections.
Les « relevailles » des opérateurs
Jean-Paul Goulvestre
L’année 2002 avait plongé certains opérateurs de réseaux de télécommunications dans
des difficultés très importantes 1 . Prenons trois exemples.
Les résultats du premier semestre de France Télécom (FT) affichaient une perte 12,2
milliards d’euros et un endettement abyssal de 69,7 milliards d’euros. L’action était tombée à
6,75 euros le 24 septembre 2002 et la notation de l’entreprise avait été une nouvelle fois
dégradée en janvier 2003 par l’agence Moody.
Deutsche Telekom (DT) enregistrait pour sa part une perte de 20,6 milliards d’Euros et
un endettement de 64 milliards d’euros en 2002. Son action avait perdu 90 % de sa valeur en
bourse. WorldCom-MCI enfin reconnaissait le 26 juin 2002 avoir maquil- lé ses comptes et
affichait une perte effective de 9,6 milliards de dollars (au lieu d’un bénéfice déclaré de 1,4
milliard) et un endettement de 30 milliards de dollars. 180 milliards de dollars de valeur
boursière se seraient volatilisés. L’entreprise dut se mettre sous la protection du chapitre 11 de
la loi américaine sur les faillites.
Comment ces opérateurs ont- ils réagi en 2003 ? On a vu, heureusement, se dessiner un
processus de redressement sensible, résultat de la mise en application de mesures plus ou
moins drastiques, et adaptées au contexte de chaque entreprise.
Toutes les trois ont d’abord changé de responsables en 2002. Ainsi les présidents
précédents ont- ils dû céder la place : Michel Bon à Thierry Breton chez France Télécom, Ron
1
Voir L’année des TIC 2002, pp. 35 et suivantes.
L’année des TIC 2003
Les opérateurs de télécommunications
1
Sommer à Kai Uwe Ricke chez Deutsche Telekom, Bernie Ebbers à Michael Capellas chez
WorldCom-MCI. Les équipes dirigeantes ont été restructurées, avec notamment de nouveaux
directeurs financiers, et les conseils d’administration réorganisés.
France Télécom a adopté très rapidement (dès décembre 2002) un plan de
redressement, nommé Ambition France Télécom 2005, visant principalement, mais pas
uniquement, à faire franchir le "mur de liquidité" auquel l’opérateur se heurtait.
Au niveau financier le plan a été résumé par la formule "15+15+15" :
• 15 milliards d’euros devaient être dégagés par un programme d’amélioration de
l’efficacité opérationnelle (plan TOP) ;
• 15 milliards d’euros devaient être refinancés auprès des marchés ;
• 15 milliards d’euros devaient venir renforcer les fonds propres.
Le programme TOP (pour Total Operational Performance) visait à améliorer
sensiblement les performances opérationnelles de la compagnie par la réduction et
l’optimisation des investissements (pour 40 à 45 % du total du programme), la réduction des
coûts opérationnels et l’optimisation du besoin en fonds de roulement. L’effort en 2003 devait
porter principalement sur les investissements et solliciter essentiellement les activités de
téléphonie fixe et de téléphonie mobile.
Le refinancement de la dette sur le marché financier devait permettre de rééchelonner
les échéances de la dette.
Le renforcement des fonds propres devait s’effectuer dans l’immédiat au travers d’un
apport de 9 milliards de l’Etat en tant qu’actionnaire principal accompagné par une
augmentation de capital.
Le plan de redressement prévoyait en outre un recentrage sur les cœurs de métiers de
l’opérateur historique, autour des grandes marques du groupe et le départ de 20 000 à 22 000
employés, par le systèmes des congés de fin de carrière, sans licenciement sec ainsi que le
transfert de fonctionnaires vers d’autres administrations (700 prévus en 2003).
Les résultats sont à la hauteur des espérances. Un refinancement de 14 milliards d’euros
a été réalisé en deux parties : 9 milliards sur le marché obligataire et 5 milliards de
refinancement de la ligne syndiquée. FT n’a pas utilisé l’avance actionnaire de l’Etat français
de 9 milliards d’euros et est en mesure de couvrir ses échéances d’emprunts jusqu’à la fin de
2004. Le problème de liquidité semble donc résolu et les risques de conflits avec l’Union
européenne ont été ainsi évités, même si la Commission européenne a lancé une enquête.
France Télécom s’est même payé le luxe de lancer une offre publique de rachat des parts des
2
L’année des TIC 2003
Les opérateurs de télécommunications
minoritaires dans Orange pour 7 milliards d’euros, signe que sa structure financière n’était
plus un souci.
Une nouvelle organisation du groupe, plus ramassée, a été mise en place, et une
centaine de « chantiers », principalement sur les achats et approvisionnements, ont été ouverts
dans le cadre du plan TOP.
Le cours de l’action s’est stabilisé aux alentours de 24 euros à la fin du mois de
décembre 2003, représentant une croissance de 255 % par rapport au cours le plus bas 2. Cette
nette reprise de la confiance des marchés permet d’envisager avec optimisme la nécessaire
augmentation de capital jusqu’ici différée pour ne pas pénaliser les actionnaires. La croissance
du chiffre d’affaires se poursuit à un rythme annuel de 3,4 % entre 2002 pro forma et 20033.
Cette année 2003 a généré un résultat net positif de 3,2 milliards d’euros et la dette a été
réduite de 35 % pour ne plus représenter que 44,2 milliards d’euros. Le s fonds propres sont
redevenus positifs (12 milliards d’euros fin 2003, contre - 9,9 milliards en 2002).
Une stratégie de lancement de nouveaux services a également été définie en direction de
l’ADSL haut débit pour tous, du Wifi et de la TV sur Internet. FT s’est désengagé
d’Argentine et du Salvador, a revendu sa licence UMTS non exploitée en Suède et a annoncé
qu’il allait se désengager du câble en France.
L’opérateur historique enregistre une croissance de 3,4 % de son chiffre d’affaires en
2003, une nouvelle réduction de sa dette à 45 milliards d’euros et veut renouer avec la
distribution d’un dividende dès 2004. Au niveau de l’emploi 13 100 postes ont disparu.
Deutsche Telekom
Kai Uwe Ricke a, dès sa nomination comme président de DT, lui aussi conçu et mis en
application un plan de redressement dont l’objectif principal consistait à ramener
l’endettement de DT à 50 milliards d’euros dès la fin de l’année 2003. Les mesures
envisagées étaient de trois types :
• cession d’actifs ;
• amélioration du cash flow ;
• suppression du dividende 2002.
Venait s’ajouter un plan de réduction de coûts de fonctionnement au travers d’une
réduction des effectifs de 50 000 emplois en trois ans.
Ainsi 610 millions d’euros ont été récupérés par la vente à des investisseurs
institut ionnels de 8 % du capital de T-Online, la filiale internet du groupe. Une vente
d’actions de T-Mobile en décembre a rapporté 535 millions d’euros. DT envisage également
de vendre ses actifs dans la télévision par câble et dans l’immobilier. De substantielles
2
3
Pour un cours d’introduction de 27,75 euros.
Tirée essentiellement par le mobile (+ 9 % pro forma) et Internet (+ 26 %).
L’année des TIC 2003
Les opérateurs de télécommunications
3
réductions de coûts, notamment du côté de la téléphonie fixe, et une augmentation des tarifs
des services ont été également réalisées.
Les résultats sont très satisfaisants pour le groupe puisqu’à la fin du troisième trimestre
2003 DT avait dépassé ses objectifs en réduisant son endettement de 15 milliards d’euros pour
ne conserver qu’un montant de 49,2 milliards d’euros de dette. L’opérateur avait donc un
trimestre d’avance sur son objectif principal. L’EBITDA s’élevait à 14,3 milliards d’euros, en
croissance de 25,6 % et le free cash flow à 7,4 milliards d’euros, soit une croissance de 57,4
% en un an. L’objectif de résultat brut d’exploitation pour 2003 a été revu à la hausse pour au
moins 18,2 milliards d’euros et 19,1 en 2004.
L’objectif pour 2004 est maintenant de promouvoir une croissance profitable et durable
et d’assurer aux actionnaires une rémunération attractive du capital, c’est à dire de reprendre
la distribution de dividendes. K.U. Ricke compte beaucoup pour ce faire sur la nouvelle
stratégie large bande du groupe qui consiste à faire de DT le premier opérateur fixe et mobile
doté de la plus grosse capacité large bande. La politique de désendettement devrait se
poursuivre activement avec la vente prévue en 2004 de 2,3 milliards d’euros d’actions de DT
à la Kreditanstalt für Wiederaufbau (KFW) et la revente des 4,3 % du capital détenu dans
Inmarsat.
WorldCom-MCI
Le plan de redressement défini et appliqué par Michael Capellas dès sa nomination en
mars 2003 à la tête de WorldCom se focalisait essentiellement sur la réduction de la dette qui
devait passer de 41 milliards de dollars (à cette époque) à une fourchette comprise entre 3,4
et 4,5 milliards de dollars.
Plusieurs moyens ont été mis en œuvre pour atteindre cet objectif :
• d’abord, pour retrouver la confiance des clients et faire oublier la mauvaise image
associée au nom de WorldCom, le retour à la marque MCI, qui sera effectif au
moment de la sortie du Chapitre 11 ;
• toujours dans cette opération de rétablissement de la confiance une grosse campagne
publicitaire a été déployée dans la presse visant à convaincre que la fiabilité des
services offerts était maintenue ;
• l’engagement pris auprès de la FCC de verser un dédommagement de 750 millions
de dollars aux actionnaires, certes dérisoire par rapport à leurs pertes réelles, dont
500 millions seront versés en liquide et 250 en actions de MCI ;
• surtout la transformation de 30 milliards de dollars de dette en actions, aux dépens
des actuels actionnaires qui verraient leurs avoirs complètement dilués ;
• la revente prévue des activités mobiles et le recentrage sur les activités aux
entreprises et aux ménages ;
4
L’année des TIC 2003
Les opérateurs de télécommunications
• la dépréciation d’actifs de près de 80 milliards de dollars.
Malgré les contraintes du chapitre 11 qui lui interdisent l’accès à tout marché public,
MCI a obtenu des contrats en Afghanistan et en Irak.
Ce plan a été définitivement approuvé le 31 octobre 2003 par le tribunal des faillites du
district sud de New York. Le redressement reste cependant fragile pour deux raisons. D’une
part l’excès de capacité des opérateurs longue distance américains pourrait générer une
concurrence sauvage et déraisonnable sur les prix. D’autre part, une plainte a été déposée par
AT&T et Verizon contre MCI pour des pratiques de masquage de l’origine des
communications visant à leur faire supporter la charge des appels correspondants.
Des trois opérateurs examinés MCI semble encore le plus fragile même s’il a renoué dès
mars 2003 avec les bénéfices et qu’il lui restera à refinancer 5,7 milliards de dollars à sa sortie
du chapitre 11. Deutsche Telekom est certainement celui qui présente le plus d’atouts pour
des relevailles rapides et durables. France Telecom apparaît dans une position intermédiaire
dans la mesure où le relèvement est durable : d’une part a été votée la possibilité pour l’Etat
de revendre une partie de sa participation dans l’opérateur, perdant ainsi son contrôle
majoritaire ; d’autre part la résorption d’un excès de personnel n’a fait l’objet d’aucun
véritable plan social et le gouvernement ne veut pas en entendre parler, surtout en période préélectorale.
France : suite de la consolidation
Michel Berne
2002 avait été une année de consolidation autour de quelques acteurs puissants, France
Télécom, Cegetel, LDCom et Tele2. L’actualité de 2003 porte sur l’activité réglementaire et le
retour (prudent) de plusieurs opérateurs étrangers sur le difficile marché hexagonal. Dans le même
temps on note la normalisation de la situation de France Télécom.
Voir la section précédente pour une présentation détaillée
de la situation de France Télécom.
Voir au chapitre sur les Initiatives officielles la section
sur le rôle d’opérateur des collectivités locales.
Le gouvernement a préféré une démarche en deux temps pour la transposition du paquet
réglementaire européen. Un projet de loi a été présenté par le gouvernement dès avril 2003, mais
L’année des TIC 2003
Les opérateurs de télécommunications
5
l’encombrement du calendrier parlementaire a repoussé son adoption à 2004. Entre juillet 2003 et
cette date la France vit sous un régime transitoire.
Mais un premier volet s’est conclu en décembre 2003 avec l’adoption d’une loi sur le
service universel qui traite aussi du statut de France Télécom. La participation de l’Etat dans le
capital de l’opérateur pourra descendre au dessous de 50 %, mais le personnel fonctionnaire pourra
garder son statut jusqu’à son départ de l’entreprise.
Plusieurs autres décisions réglementaires de 2003 sont importantes. La portabilité des
numéros mobiles est entrée en vigueur en juillet, mais le « big bang attendu » ne s’est pas produit.
Les longues démarches nécessaires en seraient la cause – seulement 1250 numéros « portés » dans
les trois premiers mois ! Un décret sur l’annuaire universel a aussi été publié en juillet : la liste
rouge devient gratuite ; les numéros de mobiles et les adresses électroniques seront intégrés. France
Télécom gérera le dispositif qui entrera en vigueur en 2004/2005. Enfin, France Télécom a été
condamné plusieurs fois pour comportement anti-concurrentiel, en particulier 40 M€ pour «tarifs
excessifs » de vente du fichier d’annuaire mais a accepté un accord sur la facturation unique des
clients avec « présélection » avec Cegetel.
Pour clore ce paragraphe, signalons le triste épilogue de l’aventure de l’opérateur de réseaux
partagés mobiles Dolphin. Depuis septembre 2001, l’entreprise était en cessation de paiement à
cause du retrait de son actionnaire initial. Le groupe britannique Inquam – soutenu par l’américain
Qualcomm – a proposé en juin 2002 la reprise, mais avec adoption d’une technologie CDMA
inédite en France. Après étude, les pouvoirs publics ont refusé la modification de la licence.
L’entreprise a été liquidée en 2003 et 250 emplois ont été supprimés. Les clients (dont certains
services publics, des ambulances, des dépanneurs) sont très dépités.
Après les tempêtes de 2001-2002, BT et Telecom Italia ont décidé de re-entrer sur le marché
français. On se souvient que le premier avait été l’allié de Cegetel et le second de Bouygues, mais
ils avaient rompu et ils reviennent en indépendants. Telecom Italia commence par le haut débit dans
les grandes villes avec l’offre commerciale Alice. Tout le contraire de Deutsche Telekom qui a
vendu Siris à LDCom et cherche à vendre Club-Internet.
Enfin, on no tera qu’en 2003, Cegetel et Bouygues Telecom ont simplifié leurs structures
capitalistiques suite au dénouement de négociations qui avaient beaucoup duré en longueur. Dans
un premier temps, la SNCF et Vivendi ont fusionné leurs filiales Cegetel et Telecom
Développement et ainsi regroupé leurs activités dans les télécommunications fixes. La SNCF
détient 35 % de la nouvelle entité Cegetel. Puis en fin d’année, le groupe est remanié à nouveau et
simplifié suite à la réconciliation de Vivendi et Vodafone. L’ens emble est rebaptisé SFR et il coiffe
la nouvelle Cegetel. Par ailleurs, E.On a vendu ses parts dans Bouygues Telecom dont le capital est
maintenant détenu à 83 % par Bouygues, 10,5 % par le Groupe Decaux, 6,5 % par BNP-Paribas.
L’année des TIC 2003
Les opérateurs de télécommunications
6
L’Europe du Nord
Michel Berne
En dehors de l’arrivée de l’UMTS, l’année 2003 est très calme dans l’Europe du Nord.
En effet, la plupart des opérateurs se relèvent de leurs grandes difficultés de 2002 et évitent
soigneusement de se lancer en 2003 dans de grandes manœuvres stratégiques ou commerciales.
Reste l’activité courante, qui concerne :
• les avancées de la concurrence (amendes record pour les opérateurs dominants) ;
• les rectifications de périmètres (ventes de filiales et de licences UMTS, alliances limitées) ;
• la poursuite des gains de productivité chez les opérateurs historiques (qui suppriment des
postes) ;
• et la vente, éventuellement partiellement, de la part détenue par l’Etat dans le capital des
opérateurs encore publics : Norvège et Allemagne en 2003, puis Autriche, Be lgique, France
plus tard. La Commission européenne s’est pour sa part émue des modalités de détention des
Golden shares (actions spécifiques) des Etats dans certains opérateurs historiques privatisés,
comme aux Pays-Bas. Elle considère qu’il s’agit d’une entrave à la concurrence.
Voir la première section de ce chapitre pour la description
de la situation de Deutsche Telekom.
Voir la chapitre précédent pour une description de l’introduction de l’UMTS en Europe.
La situation danoise est parmi les plus intéressantes dans l’actualité de 2003. L’opérateur
dominant TDC va perdre sa situation fiscale privilégiée et supprime 10 % de son personnel local.
Plus inattendue est la guerre des prix qui s’est déclarée sur le marché des téléphones portables : leur
prix a baissé de 50 % en six mois. Comme ailleurs, l’arrivée de nouvelles générations de terminaux
a renouvelé l’intérêt des consommateurs et c’est le moment pour les opérateurs de verrouiller le
marché en subventionnant les achats de portables.
Le Royaume-Uni est unique en Europe, car il abrite le siège de trois opérateurs de taille
mondiale. BT, ex-British Telecom, l’opérateur historique, ne fait plus beaucoup parler de lui depuis
qu’il s’est séparé de sa branche mobile (devenue mmO2, marque O2). Il a d’ailleurs repris des
activités sur ce dernier segment en liaison avec T-Mobile. Le deuxième opérateur est Cable &
Wireless, héritier des anciens réseaux des colonies de l’Empire britannique. Pionnier de la
concurrence au Royaume-Uni dans les années 1980 avec son ancienne filiale Mercury, il a parié
que, pour faire face aux mutations du marché, il fallait devenir un « opérateur d’opérateurs »
mondial. Ce pari semble largement perdu. En 2003, l’entreprise a fait des pertes, changé son PDG et
L’année des TIC 2003
Les opérateurs de télécommunications
7
fermé des activités, notamment aux Etats-Unis et en France. Le dernier grand opérateur est
Vodafone, solidement installé à la première place mondiale dans les mobiles avec 130 millions
d’abonnés et un nouveau patron, Arun Sarin qui a remplacé le fondateur Chris Gent. Vodafone se
hâte lentement vers l’UMTS en Europe, en misant, en attendant, sur son offre de services Vodafone
Live ! Le groupe tisse sa toile en essayant de prendre un contrôle total de ses filiales étrangères. En
2003, Vodafone a ainsi racheté toute ses filiales grecque et néerlandaise et a clarifié sa position dans
SFR en France. Restent plusieurs problèmes à régler : les pertes dans le fixe au Japon et la relation
malaisée avec Verizon aux Etats-Unis où leur filiale commune, Verizon Wireless, est le plus grand
acteur du marché.
Citons encore au Royaume-Uni le succès de la formule des MVNO4 . Ainsi, la chaîne de
supermarchés Tesco a créé Tesco Mobile avec O2. L’autre grand MVNO britannique est Virgin
Mobile, associé à T-Mobile.
L’Autriche se distingue avec deux lancements de réseaux UMTS en 2003. Avec beaucoup
de difficultés techniques sur les terminaux, H3G (Hutchison) a atteint 15000 clients en fin d’année
et Mobilkom (Telekom Austria) seulement 1500. Les titulaires de licences (moins nombreux depuis
le retrait de Telefonica) ont réclamé le remboursement de la TVA payée sur les licences.
En Allemagne, O2 a lancé le service innovant Genion de convergence fixe-mobile. A la
maison et aux alentours, les tarifs sont équivalents à ceux du fixe. Ailleurs, les tarifs mobiles
s’appliquent. En octobre, Genion avait 3 millions de clients. Par ailleurs, le rachat en 1999/2000 de
Mannesmann par Vodafone a une suite judiciaire. Les dirigeants de Mannesmann à l’époque
auraient reçu des commissions indues approuvées par le conseil de surveillance de l’entreprise. La
Deutsche Bank, membre de ce conseil, se retrouve devant le juge avec les anciens patrons.
L’Europe du Sud
Jean-Paul Goulvestre
Chypre
L’ouverture du marché décidée en 2002 a été réalisée avec l’octroi d’une deuxième licence
GSM au groupe libanais Scancom qui bénéficiera de la location du réseau optique de EAC
l’autorité de régulation de l’électricité. L’idée d’un éclatement en deux unités (fixe et mobile) de
l’opérateur historique CyTa fait son chemin. Celui- ci a engagé des négociations avec les opérateurs
de la partie turque de l’île, Telsim et Turkcell, en vue d’aboutir à un accord de roaming.
4
Mobile virtual network operator, opérateur utilisant le réseau d’un autre pour fournir des services mobiles.
L’année des TIC 2003
Les opérateurs de télécommunications
8
Espagne
En 2003 l’Espagne a encore connu une croissance des mobiles spectaculaire pour atteindre
37 millions d’abonnés et un taux de pénétration de 90 %. Une nouvelle loi a été adoptée, en
conformité avec les directives européennes, qui permet à tout nouvel opérateur de s’implanter sans
licence préalable moyennant une simple déclaration à la CMT, le régulateur espagnol. Un plan pour
libéraliser le secteur de la télévision par câble a été adopté pour promouvoir davantage de
concurrence dans les services de télécommunications, les autres opérateurs accusant Telefónica de
position dominante.
Le paysage des opérateurs a finalement assez peu évolué malgré la prise de contrôle total de
Terra Lycos par Telefónica, de sa filiale espagnole par Vodafone, la vente par Vivendi pour un Euro
de ses 26,2 % dans Xfera à ses partenaires et le projet de fusion entre ONO et Auna. Le report
négocié avec la CMT du lancement de l’UMTS explique certainement l’atonie du marché en
matière de restructurations.
Telefónica s’est engagé aux côtés d’Orange, TIM et Deutsche Telekom dans une alliance
mobile mais a cherché en même temps à se désengager d’Allemagne, d’Autriche, d’Italie et de
Suisse où l’entreprise possède une licence UMTS inactive. Elle devra également revendre 35 % de
sa participation dans sa filiale de câble pour se conformer aux nouvelles dispositions de la
réglementation espagnole.
Telefónica a fait preuve d’un fort dynamisme commercial en développant son offre WiFi, en
proposant un nouveau service de vidéo sur mobiles, en distribuant les premières cartes PCMCIA
UMTS à ses clients d’affaires, en offrant un service de roaming SMS pour tous ses clients,
européens ou latino-américains, GSM, TDMA ou CDMA, et surtout en commençant à implanter l’imode avec l’aide de NEC. L’électricien Hyberdrola a, de son côté, commencé à proposer des
services internet large bande sur son réseau électrique.
Grèce
En cette année pré-olympique la Grèce a surtout cherché à améliorer ses réseaux et les
services offerts. Ainsi une véritable interconnexion MMS entre les trois réseaux de Vodafone
Cosmote, Telestet a-t-elle été développée. Un nouveau réseau souterrain et sous- marin utilisant la
technologie DWDM (Dense Wavelength Division Multiplexing) a été déployé par OTE avec l’aide
d’Alcatel. Cosmote s’est préparé à lancer les services i- mode avec l’aide de DoCoMo. Vodafone et
la compagnie de navigation Hellas Flying Do lphins (HFD), ont signé un accord de trois ans pour
permettre aux passagers d’utiliser leurs portables pendant les traversées.
Italie
La demande de téléphones mobiles reste très forte en Italie atteignant à la fin du mois d’août
une pénétration de 75 %, contre 83 % pour le fixe. Les autorités s’attendent à voir le mobile
dépasser le fixe au début de 2004. Dans ce contexte cependant l’UMTS ne se développe que
L’année des TIC 2003
Les opérateurs de télécommunications
9
lentement. 3 Italia, la filiale de Hutchison Whampoa a dû repousser son objectif d’un million
d’abonnés à mars 2004 faute d’un stock suffisant de terminaux alors que TIM annonçait qu’il ne
subventionnerait pas les terminaux de la nouvelle génération et déploierait EDGE dans les zones
rurales. Vodafone s’est contenté de lancer un service test auprès de sa clientèle d’affaires mais
Wind a été le septième opérateur en Europe à lancer le i- mode sous licence NTT DoCoMo.
La concurrence n’en reste pas moins vive sur les services de deuxième génération. Les
applications typiquement italiennes se sont développées comme la possibilité de recevoir la prière
du jour sur son portable ou de voir des extraits de matches de football (Vodafone). Un service de
vidéo mobile a été proposé par Telecom Italia (TI) qui a annoncé en outre un accord avec la RAI
pour offrir des émissions de télévision sur les portables. Vodafone a lancé son service de
visioconférence multiutilisateurs sans réservation préalable ainsi qu’un service permettant d’utiliser
deux terminaux mobiles sur la même carte SIM pour les abonnés désireux par exemple de disposer
d’un numéro professionnel et d’un numéro privé.
TI a lancé son service WiFi dans les lieux publics, signé un accord avec Boingo Wireless
pour utiliser sa plate-forme technique et annoncé que son réseau sera complètement sous protocole
IP dès le premier trimestre 2004.
Le projet de fusion entre Telecom Italia et sa maison mère Olivetti s’est heurté à
l’opposition violente des actionnaires minoritaires de TI qui ont craint une dévalorisation de leurs
avoirs en raison du surendettement d’Olivetti, mais il a abouti. Telecom Italia a vendu sa filiale Seat
Pagine Gialle à un consortium dirigé par BC Partners et s’est engagé à ne pas le concurrencer
pendant 5 ans. TIM est entré dans l’alliance avec Orange, Telefónica Moviles et T-Mobile pour
contrer Vodafone. Buongiorno, la firme de messagerie interactive et Vitaminic ont décidé de
fusionner et de se concentrer sur la musique pour mobiles. Enel a racheté la part de France Telecom
pour prendre le contrôle total de Wind et Hutchison Whampoa, la maison mère de 3 Italia, s’est
déclarée intéressée par l’achat d’une part de capital de cet opérateur. Serenissima Infracom a
racheté à Autostrade Telecomunicazioni (ATLC) son activité télécoms.
Les autorités en charge des télécommunications italiennes ont dû gérer cette année encore
quelques dossiers sensibles. Accusant les opérateurs fixes de surcharger les tarifs de connexion vers
les mobiles, Agcom, le régulateur italien, a imposé une baisse de 16 % sur les tarifs
d’interconnexion de 2002 et de 30 % sur ceux de 2003. De même il a exigé une réduction de prix
des services ADSL de TI de 10,2 à 19 % selon le débit.
Wind a été accusé par la Commission européenne d’avoir reçu des aides illégales du
gouvernement italien et TI de position dominante pour ses charges d’interconnexion par Agcom. Le
gouvernement italien a dû approuver une nouvelle législation sur le WiFi d’une part et la revente
des licences de 3G mobile. Il devra surtout trouver le moyen de rembourser quelques 2,3 milliards
d’euros de taxes prélevées illégalement, selon l’Union européenne, sur TI depuis 2000.
L’année des TIC 2003
Les opérateurs de télécommunications
10
Malte
L’opérateur maltais, a profité de la levée des sanctions des Nations-Unies à l’égard de la
Libye pour signer avec l’opérateur libyen El-Madar (Orbit) un accord de roaming.
Portugal
Le taux de pénétration des téléphones mobiles avait atteint au début de 2003 82,5 %, un des
plus élevés d’Europe. Si la concurrence est vive dans ce secteur il n’en est pas de même sur le fixe
où Portugal Telecom (PT) conserve une part de marché de 90%. L’arrivée de Tele2 sur le marché
portugais en septembre pour développer son offre fixe et Internet à prix réduits et l’achat de
l’opérateur fixe Netvoice Comunicações e Sistemas par l’espagnol Jazztel devraient relancer le
processus concurrentiel. L’opérateur historique reste également très dominant dans le câble. Aussi
le gouvernement portugais a-t-il approuvé une nouvelle loi qui oblige PT à céder son réseau câblé à
ses concurrents. Celui-ci a annoncé qu’il ne vendrait pas cette activité.
Dans le secteur des mobiles, Vodafone a acquis en deux phases le contrôle total de sa filiale
portugaise Vodafone Telecel-Comunicações Pessoais, S.A. et a lancé la première expérience dans le
pays de retransmission d’un match de football sur un écran de téléphone portable. TMN, la filiale
mobile de Portugal Telecom, a annoncé le lancement de services de localisation s’appuyant sur la
technologie de cartographie de Webraska. L’UMTS ne décolle pas. L’Anacom, le régulateur, a
maintenu l’objectif de lancement en janvier 2004 mais a aussi admis qu’il se ferait à échelle réduite.
La licence 3G de Oniway, fermé par son actionnaire principal, Electricidade de Portugal, a été
annulée par le Ministère de l’Economie. Le norvégien Telenor qui possédait 20 % du capital
envisage une action en justice pour récupérer son capital.
N.B. Les documents de ce site sont sous Creative Commons License
L’année des TIC 2003
Les opérateurs de télécommunications
11
2003, « année des mobiles » en Europe centrale et de l’Est
Gérard Petit
Au premier examen, le bilan de l’année 2003 des télécommunications à l’Est pourrait se
limiter à la formule : « A l’Est, rien de nouveau ! ».
En effet, pour les nouveaux accédants à l’Union européenne qui avaient « bataillé dur » sur
les trois dernières années en vue de satisfaire aux exigences des « acquis communautaires »,
l’année 2003 a été celle des dernières mises au point. Pour le reste, l’année 2003 n’a pas vu les
investisseurs étrangers revenir en force et les opérateurs historiques qui étaient en ve nte, dans le
cadre des politiques de privatisation, le sont restés. C’est le cas du bulgare BTC 5 comme du tchèque
Cesky Telekom (dont l’Etat souhaitait céder les 51,1 % des parts qu’il détenait, accompagné en cela
par l’autre actionnaire de référence, le consortium Telsource qui associe le hollandais KPN et le
suisse Swisscom, lui- même vendeur de 27 % du capital). Les opérateurs alternatifs filaires qui, tels
le polonais Netia ou le hongrois Pantel, avaient terminé l’année 2002 au bord de la faillite, pansent
leur plaies et tentent de se désendetter, laissant ainsi la part belle aux opérateurs historiques TPSA
ou Matav qui conservent respectivement 90 % et 95 % de part de leur marché national de la
téléphonie fixe.
La baisse du nombre d’abonnés au réseau filaire au profit de la téléphonie mobile s’est
confirmée, notamment dans les pays les plus avancés (République tchèque ; Hongrie ; Pologne ;
Slovénie ; Slovaquie et Estonie) dont les taux de pénétration des mobiles ont passé la barre des 60
% de la population. En Hongrie, par exemple, les derniers chiffres font ressortir un taux de
pénétration des mobiles supérieur à 75 %, avec 7,8 millions d’abonnés, alors que le taux de
pénétration de la téléphonie fixe a régressé de 3 % en un an, avec un taux qui s’établit début 2004
à 36,3 lignes pour 100 habitants.
La bonne nouvelle provient de l’engouement toujours renouvelé des populations pour les
nouvelles technologies de l’information et, en particulier, la téléphonie mobile et l’Internet tant
filaire que mobile.
La zone constituée des pays de l’Europe centrale et de l’Est, Russie comprise, est celle qui,
avec la Chine, a connu la plus forte croissance dans les mobiles. Elle a passé les 100 millions
d’abonnés, début octobre 2003, avec des prévisions de l’ordre de 150 millions d’abonnés pour fin
2005. L’année 2003 s’est traduite par un gain de plus de 30 millions d’abonnés sur la zone dont le
principal moteur est la Russie qui a vu passer son parc d’abonnés de 18 à 35,5 millions, avec un
taux de pénétration de 23,1 % pour l’ensemble du territoire et de 65 % pour Moscou et sa région.
5
Finalement acquis par Advent en janvier 2004
L’année des TIC 2003
Les opérateurs de télécommunications
12
Par ailleurs, on constate que le déploiement des nouvelles technologies associées aux mobiles
(GPRS, MMS, couplage GPRS – Wifi) ne connaît aucun retard par rapport aux pays les plus
avancés.
Les pays de niveau intermédiaire tels la Roumanie ou la Bulgarie terminent l’année avec des
taux de pénétration des mobiles respectivement de 28,5 % et de 34 %. Enfin, le marché ukrainien,
entraîné par deux opérateurs en quête de leadership –Kyevstar, sous la coupe du norvégien Telenor,
et UMC contrôlé par Deutsche Telecom et par MTS, leader russe de la téléphonie mobile, luimême contrôlé à 25 % par Deutsche Telecom –, est entré dans sa phase de croissance et connaît un
taux de pénétration de 12,5 %, avec des zones à 40 % sur Kiev et sur la région de Lvov.
Ce développement accéléré des marchés de l’Europe Centrale et de l’Est est aussi à mettre
à l’actif des opérateurs historiques allemands, scandinaves et français et/ou de leurs filiales de
téléphonie mobile qui ont largement contribué au développement de l’offre.
Deutsche Telecom est sans conteste l’opérateur le plus présent, soit au travers de sa filiale
T- mobile soit au travers des opérateurs historiques dont il a pris le contrôle dans les années 90. Il est
aux commandes :
• en Hongrie où, au travers de l’opérateur historique Matav, qu’il contrôle à 59,6 %, il «
chapeaute » Westel (N°1 hongrois avec 47,5 % de part de marché) qui, lui- même est
l’actionnaire de référence de l’opérateur mobile Maktel, leader en Macédoine ;
• en Slovaquie où, au travers de l’opérateur historique Slovenske Telekomunikacie, dont il
contrôle 51 % du capital, il est aux commandes de Eurotel qui est derrière Orange Slovensko
(ex-Globtel) en part de marché ;
• en Russie où il détient 25 % de MTS, leader sur le marché de la téléphonie mobile avec 38 % de
part de marché. Il a pour partenaire local la société holding AFK-Sistema. Au travers d’une
participation directe de 16,5 % et des participations de MTS au capital de UMC, il contrôle donc
le leader ex-aequo sur le marché des mobiles en Ukraine. Il est aussi présent en Biélorussie au
travers de la filiale locale de MTS, N°2 sur le marché ;
• en République tchèque, T- mobile « opère » le N° 2 du marché, l’ex-Radiomobile dont il partage
le capital avec Ceske Radiokomunicace et qu’il a rebaptisé T-Mobile CR ;
• en Pologne, il détient 49 % de Polska Telefonica Cyfrowa (PTC), N°1 de la téléphonie mobile
encore contrôlé par l’ensemble Vivendi – Elektrim. Ces derniers, aux prises avec d’importantes
difficultés financières qui ont défrayé la chronique, avaient engagé des négociations pour une
reprise de leur participation de 51 %. Celles-ci ont échoué en novembre 2003 sur des questions
de prix mais la prise de contrôle de PTC devrait intervenir tôt ou tard ;
• en Croatie, enfin, Deutsche Telecom, au travers de Hrvatske Telekomunicacije qu’il contrôle à
51 %, est présent chez HTP Eronet le leader croate de la téléphonie mobile.
L’année des TIC 2003
Les opérateurs de télécommunications
13
France Telecom et sa filiale mobile Orange ont aussi contribué à l’ouverture et au
développement du marché de la téléphonie mobile dans plusieurs pays d’Europe centrale et de
l’Est :
• en Pologne, avec PTK Centertel, N°2 sur le marché polonais des mobiles qu’il contrôle à 100 %
au travers de participations directes et au travers de TPSA, l’opérateur historique dont France
Telecom détient 47,5 % du capital en association avec son partenaire local, Kulczyk Holding ;
• en Slovaquie, avec Orange Slovensko (ex-Globtel), leader du marché dont il détient 55,12 % du
capital et qu’il contrôle à 63,88 % ;
• en Roumanie, avec Orange Romania (ex-Mobilrom) dont il détient 58,52 % du capital et qu’il
contrôle à 67,81 %. Orange Romania est leader avec 50 % de part de marché, position que lui
dispute Mobifon (marque «Connex »), filiale du canadien Telesystem International Wireless
Inc (TIW) avec 48 % de part de marché… La filiale Cosmorom de l’opérateur national
Romtelecom et de son mentor grec OTE s’apprêtant à « jeter l’éponge » avec ses 2% de part de
marché et une dette importante ;
• en Moldavie, enfin, avec Voxtel, filiale contrôlée à 54,9 % qui partage le leadership avec
Moldcell (détenu par la Holding Fintur, joint venture du scandinave TeliaSonera et du turc
Turkcell).
Les opérateurs historiques scandinaves, enfin, sont fortement présents au travers du norvégien
Telenor, du finno-suédois TeliaSonera et, dans une moindre mesure, du danois TDC.
Telenor tient des positions extrêmement fortes :
• en Hongrie où il a repris le 2ème opérateur mobile – Pannon, 36,5 % de part de marché – à KPN
en juillet 2001 ;
• et surtout, en Russie où il est présent au capital de Wimpelcom (marque « Bee line »), 2ème
opérateur mobile avec 31 % de part de marché… mais aussi de Golden Telecom, 2ème opérateur
longue distance pour la voix, les données et le trafic internet, derrière Rostelecom. Telenor a
pour partenaire, dans ses affaires russes, le très puissant groupe Alfa, fer de lance du magnat du
pétrole Mikhail Fridman pour le secteur des télécommunications ;
• en Ukraine, enfin, où Telenor contrôle l’opérateur mobile Kyevstar qui détient 48 % du marché
fin 2003.
TeliaSonera est très présent :
• dans les Pays Baltes, par sa présence au capital des opérateurs historiques (49 % de Eesti
Telefon en Estonie ; 49 % de Lattekom, opérateur fixe national letton, et de sa filiale mobile
LMT, leader sur le marché…) et de l’opérateur mobile lithuanien Omnitel qui comptait 1 million
d’abonnés fin 2003 ;
• en Russie, par sa présence au capital de Megafon, 3ème opérateur mobile avec 17 % de part de
marché. Cet opérateur, issu de la région de St Petersbourg, a étendu ses activités à la région de
Moscou et se développe actuellement dans les régions par reprise de petits opérateurs locaux. Il
L’année des TIC 2003
Les opérateurs de télécommunications
14
faut savoir que la Russie comptait encore une centaine d’opérateurs mobiles courant 2003, le 3
premiers (MTS, Wimpelcom et Megafon) détenant 86 % du marché et les 10 premiers détenant
98 % du même marché. Le secteur est donc en pleine consolidation sous l’impulsion des trois
leaders ;
• dans les anciennes Républiques ex-soviétiques du Caucase et du Sud où TeliaSonera
intervient à l’aide de Fintur, filiale commune qu’il a constituée avec Turkcell dont il détient, par
ailleurs, 37 % du capital. Fintur est majoritaire chez quatre opérateurs leaders sur leur marché (Kcell au Kazakhstan ; Azercell en Azerbaïdjan ; Geocell en Géorgie et Moldcell en Moldavie) et a des
visées sur le 3ème opérateur ukrainien DCC, en phase de démarrage.
Enfin, pour mémoire, TeliaSonera participe à raison de 30 % au capital de l’opérateur filaire
polonais Netia dont les difficultés financières ont été évoquées plus haut.
Le danois TDC est présent en Pologne aux côtés de Vodafone dans Polkomtel, le 3ème
opérateur mobile qui comptait 5,5 millions d’abonnés fin 2003. Il est aussi présent au capital de
Contactel (opérateur filaire alternatif tchèque) et de T-mobile CR (ex-Radiomobile) via sa prise de
contrôle de Ceske Radiotele-komunicace à hauteur de 72 %, en association avec Deutsche Bank
dans le cadre du consortium Bivideon en octobre 2001.
De manière étonnante, le groupe Vodafone n’est présent en Europe Centrale et de l’Est
qu’en tant que challenger. C’est le cas en Hongrie où il opère sous sa propre marque depuis 1999
avec 16,5 % de part de marché, loin derrière Westel et Pannon. Quant au hollandais KPN qui tena it
des positions équivalentes à celles de Deutsche Telecom à la fin des années 90, il a réussi, dans sa
« débâcle » des années 2000-2002, à liquider ses meilleurs actifs tels l’opérateur mobile hongrois
Pannon… mais il reste encore « collé » à ses actifs dans la téléphonie fixe avec Pantel en Hongrie et
avec Cesky Telecom en République tchèque. Il lui a fallu attendre juin 2003 pour réussir à vendre
les 6,5 % des parts qu’il détenait en propre au capital de l’opérateur tchèque alors qu’il n’a pas
trouvé preneur pour la participation de 27 % qu’il détient à égalité avec Swisscom au travers de
Telsource.
Un dernier fait marquant concerne l’accélération du phénomène de consolidation du
secteur des mobiles en Russie sous l’impulsion du groupe Alfa. Ce groupe, détenteur de 24,5 % de
Wimpelcom, en association avec Telenor (actionnaire à hauteur de 29,9 %) et, par ailleurs,
propriétaire de 40 % du capital de Golden Telecom a pris le contrôle de 25,1 % du capital de
Megafon en août 2003 avec la volonté clairement exprimée d’opérer une fusion entre Wimpelcom
et Megafon détenu conjointement par TeliaSonera, par la holding publique SPB Telecom Invest et
par des fonds de pension nord-américains.
L’année des TIC 2003
Les opérateurs de télécommunications
15
Les Etats-Unis
Michel Berne
Après une année 2002 extrêmement agitée, avec des scandales et faillites hors du commun,
2003 a vu un retour à la normale, puisque même Worldcom (rebaptisé MCI) est sorti de la
protection de la loi sur les faillites, mais les perspectives futures sont peu claires.
Voir la première section de ce chapitre pour une description
de la situation de MCI, ex Worldcom.
2003 a vu trois grands chantiers réglementaires avancer. D’abord, la FCC, en accordant à
Qwest le droit d’offrir la longue distance en Arizona, a clos la « Section 271 » de la loi de
réglementation des télécoms de 1996. A ce jour, tous les opérateurs régionaux « historiques » ont le
droit d’offrir la longue distance partout, ce qui signifie qu’en contre-partie la concurrence a
suffisamment progressé au plan local.
Le deuxième chantier portait sur la « Revue triennale » que la FCC est tenue de faire de la
loi de 1996. Les quelques 576 pages de ce document n’ont fait crier de joie ni les opérateurs
dominants, ni les nouveaux entrants. En imposant un compromis complexe – et aussitôt contesté –
la FCC espérait conforter la dynamique de déploiement du large bande sans affaiblir
économiquement les acteurs du secteur. Les opérateurs historiques devront continuer à accorder des
prix d’accès bas à leurs concurrents sur leurs réseaux existants, mais pas sur leurs nouveaux
réseaux. La conclusion tirée par beaucoup de commentateurs est qu’il va falloir se résigner à écrire
une nouvelle loi.
Enfin, la portabilité des numéros mobiles était un dossier sensible alors que les Etats-Unis
atteignent un taux de pénétration mobile important. Mise en place en novembre 2003, cette mesure
n’a pas donné lieu (encore) à un bouleversement du paysage.
Du côté des opérateurs, le retour à une meilleure fortune autorise la reprise de grandes
manœuvres qui portent sur les réseaux. Verizon est en pointe, avec un plan de déploiement massif
de la fibre optique, et avec SBC et BellSouth il fait mettre au point une norme unique dans ce
domaine pour faire baisser les coûts. L’arrivée de la voix sur IP inquiète tous les grands opérateurs,
mais Qwest a décidé de sauter le pas et a offert dès la fin de l’année ce service au Minnesota.
Les grands opérateurs s’intéressent à nouveau au satellite dans le cadre de leur lutte contre
les câblo-opérateurs. SBC a signé un accord avec le bouq uet satellite EchoStar, Qwest avec à la fois
EchoStar et DirecTv, et BellSouth avec DirecTv.
L’année des TIC 2003
Les opérateurs de télécommunications
16
Enfin dans le monde des mobiles, Nextel, opérateur plutôt spécialisé dans le haut de gamme
et qui dispose d’une technologie «Push to talk » performante est imité par les autres entreprises
dans une guerre commerciale animée.
L’opérateur de l’année : Verizon
Après BT en 2003, cette distinction honore un autre opérateur historique. Il faut dire
que les nouveaux entrants se font modestes par les temps qui courent. Verizon est le plus gros
des opérateurs « régionaux » américains, issu de plusieurs fusions (les anciennes Baby Bells
Nynex et Bell Atlantic, plus GTE). Sa filiale Verizon Wireless (dont Vodafone détient 45 %) est le
plus important opérateur mobile des USA.
L’entreprise est dirigée par Ivan G. Seidenberg dont il faut noter qu’il a débuté à la
base, dans les lignes.
En 2003 Verizon a pris trois initiatives majeures pour ses réseaux. La première porte sur
le déploiement massif de fibres optiques au niveau local. 29 millions de lignes seraient
concernées pour un coût de 20 à 40 milliards de dollars sur une quinzaine d’années. Avec des
débits de 5 à 10 Mbits/s, Verizon veut concurrencer le câble de télévision, à ce jour le support
préféré du large bande aux Etats-Unis. La deuxième annonce concernait la transformation de
1000 cabines téléphoniques du centre de New York en bornes wifi gratuites pour les abonnés
large bande de Verizon. Le plan a été réduit de moitié plus tard, pour s’ajuster à la demande
prévisible, mais a été très remarqué puisque le modèle économique proposé, la gratuité, était
radicalement différent de l’existant. La viabilité du système reste donc à prouver. Enfin,
Verizon Wireless a ouvert en 2003 des réseaux 3G (CDMA-1x EVDO) avant tous ses concurrents
américains, ce qui lui permet par exemple d’offrir un service large bande pour mobiles dans la
région de Washington (Broadband Access).
Le défi est de taille pour l’opérateur qui a aussi, en 2003, baissé significativement les
prix des services large bande et longue distance. Plutôt endetté (54 milliards de dollars), doté
d’une main d’œuvre chère et nombreuse (228 000 employés, dont 21 600 ont accepté de partir
en retraite anticipée en 2003), mais riche d’environ 22 milliards de dollars de cash-flow annuel,
Verizon doit prouver rapidement la validité de ses choix.
Voir le chapitre précédent pour plus de détails sur le déploiement de la VoIP.
L’année des TIC 2003
Les opérateurs de télécommunications
17
L’Amérique latine
Jean-Paul Goulvestre
L’Amérique Latine a connu en 2003 une année très contrastée selon les pays. Le processus
d’ouverture des marchés a atteint des pays jusque là réfractaires mais se heurte encore parfois à de
sérieux obstacles. Les conditions sont cependant globalement favorables aux restructurations et à
l’amélioration des réseaux et des services. Si certains opérateurs se sont retrouvés en difficulté ce
n’a pas été le cas du mexicain Telmex qui doit être, sur cette zone au moins, considéré comme
l’entreprise de l’année dans le secteur.
La poursuite de l’ouverture des marchés.
Mis à part Cuba dont le Ministère de la Communication souhaite regrouper et renationaliser
les trois opérateurs actuels Telefonos Celulares de Cuba SA (Cubacel), Empresa Nacional de
Telecomunicaciones de Cuba SA (Etecsa) et l’opérateur public Celulares del Caribe (C-Com), la
tendance reste plutôt à la poursuite de l’ouverture des marchés à la concurrence. Les Iles Caïmans
ont ainsi mis fin à quarante ans de monopole de Cable & Wireless en octroyant 9 licences. Des
transporteurs d’électricité ont obtenu des licences d’opérateurs de télécommunications au Chili
(Enersis) et en Colombie (Internexa). Le Costa Rica a enfin accepté d’ouvrir des discussions avec
les Etats-Unis sur l’ouverture du secteur des télécommunications à la concurrence. De même le
Honduras a initié un processus d’ouverture de son marché sur les services mobiles et la
transmission de données. Le Nicaragua a lancé un appel d’offre pour trouver une banque
d’investissement qui gérera la vente de 49 % du capital de l’opérateur national Enitel. L’Equateur a,
de son côté, lancé un appel d’offre original visant à trouver des candidats susceptibles d’améliorer,
dans le cadre d’un contrat temporaire, l’efficacité de ses deux opérateurs nationaux, Andinatel et
Pacifictel. La Colombie, l’Equateur et le Guatemala ont octroyé de nouvelles licences d’opérateur
mobile et l’Uruguay a lancé un processus d’enchères de licences dans la bande des 800 MHz. Et si
le Ministère des Communications et des Transports (SCT) mexicain déclare vouloir donner
davantage de pouvoir à son régulateur, Cofetel, il a laissé Telmex, l’opérateur dominant, imposer un
accord de maintien de ses tarifs d’interconnexion, réputés comme les plus élevés d’Amérique
Latine.
Les difficultés des opérateurs
Nombreux ont été les opérateurs qui ont connu des difficultés en 2003. Beaucoup s’étaient
endettés les années précédentes pour financer le développement de leurs réseaux et des conditions
locales défavorables les ont plongés dans le rouge, voire davantage. Ainsi l’argentin Telefónica
Móviles et le mexicain Unefon durent- ils renégocier leur dette vis à vis de leurs fournisseurs
Ericsson et Nortel, le carrier’s carrier brésilien Electronet fit faillite, l’opérateur public colombien
Telecom fut mis en liquidation, les opérateurs mexicains Iusacell et Alestra, le dominicain Tricom
L’année des TIC 2003
Les opérateurs de télécommunications
18
et le vénézuélien CANTV ne purent honorer les échéances de leurs dettes et durent négocier des
reports d’échéance.
2003 a vu les relations entre certains opérateurs et leurs autorités nationales se tendre
sensiblement. Telefónica del Perú a dû concéder une baisse significative de ses tarifs après que le
Congrès eut voté un décret supprimant l’abonnement mensuel jugé trop élevé. Les deux opérateurs
argentins ont dû prouver le caractère effectif de leur concurrence pour pouvoir fixer librement leurs
tarifs.
Modernisation des réseaux mobiles en Amérique latine
CDMA
2000
GSM-GPRSEDGE
Brésil
Brasilcel
Vivo
Telecom
Américas
Belize
Intelco
Argentine
Alianza
Colombia
Movil
Weblinks
(Anguila)
Telefonica
Movil
ETB
Columbia
Movil
Costa Rica
Equateur
Telecsa
Porta
Guatemala
Sercom
Caraïbe
Chili
Colombie
Overlay
GSM sur
TDMA
Telefonica
Brasilcel
Telecom
Américas
TIM
3G
MMS
Telecom Américas
Vivo
C&WWI
Entel
Sercom
Comcel
Honduras
Conatel
Telefonica
Movistar
Mexique
Paraguay
Pérou
Rep.
Dominicaine
CPP
Iusacell
Telcel
Telecel
BellSouth
TIM Peru
Codetel
Les opérateurs mobiles brésiliens se sont vus contester par le gouvernement fédéral la
hausse de plus de 28 % de leurs tarifs accordée par le régulateur Anatel. En Equateur, BellSouth et
Porta se sont vus interdire d’ouvrir de nouvelles lignes et ont dû rembourser une partie des sommes
facturées à leurs clients en raison du mauvais fonctionnement de leurs réseaux en décembre. Au
Mexique l’association d’opérateurs Anatel, regroupant plus de 30 membres a fortement contesté la
taxe de 10 % sur les services de télécommunications instaurée en 2002 par le gouvernement. Enfin
le gouvernement vénézuélien, mécontent de l’image de son action véhiculée par les médias privés, a
décidé de créer une nouvelle société publique de services de télécommunications et de télévision
L’année des TIC 2003
Les opérateurs de télécommunications
19
sous le nom de Covetel (Coporación Venezolana de Telecomunicaciones), exemple unique en son
genre après une longue période de privatisations dans le monde entier.
Modernisation des réseaux fixes en Amérique latine
Brésil
Chili
Boucle
locale
radio
Grupo
Sinos
VTR
Wifi
VoIP
Telecom
Américas
Services de
localisation
Oi
ETB
ICE
ICE
MVS
Pérou
Réseaux
optiques
IFX
Broadband
Telecom
Colombie
Costa Rica
Mexique
DSL
Telmex
Telcel
Telefonica
At&T
BellSouth
Restructurations : l’année Telmex
L’année a été riche en rachats et regroupements. France Télécom est sorti d’Argentine et du
Salvador en revendant ses parts dans Telecom Argentina et CTE respectivement à W de Argentina
et América Movil (filiale de Telmex). Au Brésil Telefónica et Portugal Telecom ont fusionné au
sein de Vivo (initialement Brasilcel) leurs filiales mobiles. Vivo a racheté dans la foulée Tele
Centro Oeste Celular. BellSouth a revendu à América Movil sa participation dans BCP Nordeste.
Embratel, filiale de MCI et lui- même candidat à une reprise, a racheté à Qualcomm l’opérateur
local Vesper. En Colombie la fusion entre Celcaribe (filiale de Millicom International Cellular) et
Comcel est devenue effective après l’achat du premier par le second, lui- même filiale de América
Movil. Ce dernier a finalisé la prise de contrôle à 100 % du premier opérateur mobile équatorien,
Conecel. Au Mexique Iusacell, la deuxième compagnie mobile est passée sous le contrôle de Movil
Access (filiale de Biper, un opérateur de paging membre du groupe Salinas) suite à la revente de
leurs participations par Vodafone et Verizon.
Il reste que la vedette incontestable dans ce domaine des rachats aura été Telmex au travers
de sa filiale América Movil avec les opérations suivantes qui en font un des tous premiers
opérateurs de téléphonie mobile en Amérique latine :
• option pour le rachat de 49 % du N°4 argentin CTI pour 90 millions de dollars ;
• rachat du brésilien BCP pour 625 millions de dollars (cf. ci-dessus), et offre de rachat
d’Embratel ;
• achat du salvadorien CTE à France Télécom pour 417 millions de dollars ;
L’année des TIC 2003
Les opérateurs de télécommunications
20
•
•
•
prise de contrôle à 100 % de l’équatorien Conecel ;
enchère gagnante du nicaraguayen Enitel pour 49,6 millions de dollars ;
et, surtout, rachat des actifs de AT&T Latin America (ATTLA) pour un montant de 171
millions de dollars auquel il faut ajouter 36 millions de dettes.
En plus du Mexique, Telmex est dorénavant présent en Argentine, au Brésil, au Chili, en
Colombie, au Pérou, au Guatemala, au Nicaragua et en Equateur. L’opérateur devrait rester, malgré
ces importants investissements, l’un des plus rentables au monde, surtout s’il continue d’appliquer
la même politique tarifaire qu’au Mexique.
Le reste du monde
Michel Berne
Un petit coup de projecteur sur quelques pays pas encore abordés dans ce panorama : en
particulier la Chine, la Corée et l’Inde. Les grandes manœuvres stratégiques ont été plus rares
qu’en 2002. Mais le marché des mobiles continue à progresser à vive allure et prend, dans les pays
en développement, des chemins originaux.
Chine
L’engouement des Chinois pour les mobiles continue dans tous les domaines. Ainsi le
nombre d’ut ilisateurs du système PAS (« le mobile du pauvre ») est passé de 12 millions début
2003 à 32 millions en fin d’année. Concernant le CDMA 2000, 10 millions d’abonnés nouveaux ont
été comptabilisés à l’automne en trois mois. Du coup, le nombre de lignes mobiles a dépassé celui
des lignes fixes en novembre (259 millions contre 255). Les constructeurs se précipitent pour
bénéficier de cette manne, mais la concurrence est rude : Motorola a été détrôné de sa première
place par l’équipementier local Ningbo Bird. Nokia, pour sa part, a introduit son modèle 3108
équipé d’un stylet permettant d’écrire des SMS en caractères chinois.
La Chine prépare aussi l’avenir des mobiles. Des tests de 3G ont eu lieu et les premières
briques de la norme locale TD-SCDMA ont été dévoilées. DoCoMo, toujours en avance, a déclaré
s’apprêter à ouvrir un centre de recherche consacré à la 4G à Beijing.
Enfin China Mobile (société anonyme) continue à racheter des réseaux provinciaux à sa
maison- mère.
Corée du Sud
Dans ce paradis high- tech, où les trois-quarts des foyers ont accès au haut débit, trois grands
opérateurs se partagent presque 90 % du marché : KT, Hanaro et Thrunet. 91 % des jeunes ont
accès au haut débit et leur utilisation moyenne monte à 17 heures par semaine. KT (50 % de part de
L’année des TIC 2003
Les opérateurs de télécommunications
21
marché) a annoncé une offre VDSL à 50 Mbits/s et le passage à Ipv6 est impératif ! Mais le marché
est très difficile et deux fournisseurs (Thrunet et Onse) ont dû déposer leur bilan en 2003. Dans ce
contexte agité, la vente de Hanaro Telecom (27 % de part de marché en mars 2003, 3 millions de
clients) a donné lieu à une énorme bataille boursière. Le consortium coréen LG possédait 18 % de
Hanaro et voulait le fusionner avec sa propre filiale télécom, Dacom, qui traversait une passe
difficile. Mais les autres actionnaires lui ont préféré l’offre faite par les américains AIG (assurance)
et Newbridge (fonds d’investissement).
Pendant ce temps- là, la Corée du Nord inaugurait son premier réseau GSM.
Inde
Ainsi que nous l’avons expliqué au début du chapitre précédent, la grande affaire de l’année
en Inde a été le régime des licences des opérateurs mobiles. Comme les opérateurs de Limited
mobility avaient des licences pour offrir des services de base, mais qu’ils offraient en fait des
services directement concurrents de ceux des opérateurs GSM classiques, ces derniers se sont
plaints en justice. TDSAT, le tribunal spécialisé dans les affaires de télécommunications a soutenu
les opérateurs de mobilité limitée et la Cour suprême aussi, mais une licence unifiée est en
préparation.
Par ailleurs, le mouvement de consolidation se poursuit. Ainsi, Nokia est sorti du capital de
Bharti et Vodafone de celui d’Aircel.
L’Australie est en pointe dans la lutte contre les vols de téléphones portables. Les
opérateurs bloquent les appareils volés grâce à leur identi fication par leur numéro IMEI (qu’il
est interdit de modifier).
Japon
NTT DoCoMo a atteint un million d’utilisateurs de son service 3G FOMA, dont on se
rappelle qu’il a été le premier ouvert au monde en octobre 2001. La couverture atteint maintenant
96 % de la population. J-Phone, maintenant Vodafone Japan, a passé par contre une mauvaise année
et des rumeurs de vente de la société ont même circulé.
Malaisie
Opération relativement rare dans le monde, une fusio n d’opérateurs mobiles a eu lieu en
Malaisie 6 . Maxis a absorbé TIMECel, ce qui permet au nouvel ensemble d’améliorer sa couverture
du pays et de faire de substantielles économies.
Taiwan
Le gouvernment vend par petites tranches sa participation dans Chunghwa Telecom.
Descendu à l’été à 66 %, le but ultime est d’arriver à un tiers du capital seulement. Ces opérations
6
Deux autres exemples en 2003 : en Turquie, fusion Aria -Aycell et à Taiwan, FarEasTone-KG Telecom.
L’année des TIC 2003
Les opérateurs de télécommunications
22
reçoivent un accueil variable selon la conjoncture : en mars 2003, seulement 7,4 % de l’offre avait
trouvé preneur.
L’opérateur mobile philippin Globe a été contraint de réduire l’accès aux services WAP de son
offre GPRS et d’instaurer une politique de walled garden (accès limité aux sites choisis par
l’opérateur) pour diminuer les problèmes de congestion de son réseau.
Bengladesh
Le principal opérateur mobile du pays a une politique très originale. Telenor en détient 51 %
mais sa stratégie le rattache à son deuxième actionnaire, Grameen Bank, la banque coopérative
pionnière du micro-crédit. GrameenPhone a lancé son réseau en 1997 et fêté son millionième client
fin 2003. Par ailleurs, l’opérateur soutient un réseau de Village Phones, téléphones mobiles publics
tenus par des villageois. Avec un prêt de 160 € environ, une personne peut acheter un téléphone et
gagner sa vie comme opérateur de « cabine publique mobile ». En octobre 2003, il y avait 39 000
opérateurs desservant 28 000 villages.
L’initiative a fait des émules en Afrique, par exemple en Ouganda.
Certains abonnés mobiles pakistanais n’étaient pas inscrits comme contribuables : la Direction
des impôts leur a envoyé un formulaire d’enregistrement en expliquant que s’ils étaient assez
riches pour avoir un mobile, ils l’étaien t sans doute assez pour payer des impôts.
Et dans l’année, la concurrence est arrivée sur les réseaux fixes dans ce pays.
Afrique du Sud
Le capital de Telkom, le monopole historique, a été ouvert et l’entreprise est maintenant
cotée à Johannesbourg et New York depuis mars 2003. SBC et Telekom Malaysia en possèdent
toujours conjointement 30 %, mais la part de l’Etat est descendue à 39 %. Le prix de vente des
actions de Telkom était diminué de 20 % pour les groupes sociaux défavorisés. Reste à ouvrir le
marché des télécommunications de base à la concurrence : malgré des pas importants réalisés, il n’y
a pas eu d’attribution de licence en 2003.
Mongolie
Comme l’an dernier, nous terminons par un aperçu de l’actualité des télécommunications
dans cet attachant pays. Un accord a été signé entre Mobicom (80 % de part de marché, filiale de
Sumitomo et KDDI) et ITXC, le grand fournisseur de services de réseaux IP. Le trafic international
de Mobicom va passer par ITXC en voix sur IP.
L’année des TIC 2003
Les opérateurs de télécommunications
23