Delplanque, employé à la mairie et roi du polar

Transcription

Delplanque, employé à la mairie et roi du polar
Montpellier
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Brigitte Goldberg,
candidate transsexuelle
Présidentielle l En visite à Montpellier.
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Midi Libre midilibre.fr
SAMEDI 10 DÉCEMBRE 2011
Delplanque, employé
à la mairie et roi du polar
Dédicace l Le Montpelliérain se présente, à 15 h 30, à Sauramps.
F
orcément, Frantz Delplanque
s’est inventé une autre vie »
dans Du son sur les murs, son
premier roman. Un polar écrit à
la première personne, au nom de Jon
Ayaramandi, tueur cruel, et à la force
basque. Mais, pour s’imaginer être
cet autre, « pas politiquement correct,
l’auteur lui a donné les valeurs profondes de ceux qui ont trouvé leur humanité ». Fidèle en amitié, paternel, bienveillant, ce héros a de l’humour et n’est
ni raciste ni misogyne. Et il le prouve,
jusqu’aux coups de sang, au fil du livre... Un livre dans lequel le nouveau
directeur adjoint à la culture de la
mairie de Montpellier s’est lancé
comme un défi. Pour passer de la
nouvelle au roman. Et parce qu’« écrire, l’art de la contrainte, c’est se mettre
un cadavre au milieu de la route et
avancer avec ça ».
■ Brigitte Goldberg, une candidate atypique.
Elle devait être reçue par Hélène Mandroux, hier matin. Il
n’en fut rien. « J’ai appris que
ce ne serait pas possible,
alors que je me trouvais déjà
dans le TGV, à moins d’une
heure de mon arrivée. Pourtant, tout semblait bouclé depuis juin. » Un comble pour
elle, qui pensait trouver le
meilleur des échos auprès
d’une municipalité ouverte notoirement, et notamment, au
mariage entre personnes du
même sexe.
Avenir 2012
Déception certaine pour Brigitte Goldberg, candidate atypique à la prochaine élection
présidentielle. Atypique, puisque première du genre en tant
que transsexuelle, sous la bannière d’Avenir 2012 : « C’est
en 2002 que j’ai décidé de devenir fille. Et, cinq ans plus
tard, Stéphane est devenu Marion, en changeant de sexe et
d’identité. » Désormais présidente nationale du collectif
LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres), cette
économiste de formation en-
Photo JEAN-MICHEL MART
tend bien ne pas se laisser enfermer dans une forme réductrice de communautarisme.
« Nous sommes des citoyens
comme les autres, avec les mêmes droits et les mêmes devoirs. » Quid, cela dit, des fameuses 500 signatures de parrainage en vue de l’accès au
premier tour ? « Je pense que
ce ne sera pas possible. Il faudrait que tous les signataires
aiment le risque... »
L’essentiel pour Avenir 2012,
qui se revendique de centre-gauche, étant de profiter
du temps présent pour provoquer le débat sur un ensemble
de sujets on ne peut plus
concrets : fiscalité, délocalisations, politique de la ville,
énergie, innovation et exportations, etc. Au plus près des
préoccupations de citoyens
d’un pays « où l’on sait faire
des TGV sans pouvoir loger
les gens ».
Aujourd’hui, Brigitte Goldberg devrait animer une rencontre associative au café
l’Historique, place du Marchéaux-Fleurs, de 18 h à 20 h.
MICHEL MARGUIER
[email protected]
« Écrire, c’est se mettre
un cadavre au milieu
de la route et avancer
avec ça »
L’auteur
Frantz Delplanque, qui visiblement
aime les défis, s’est donc amusé à affûter l’esprit effronté de son tueur
qu’il met en scène « dans tout (son)
univers ». En lui léguant ses racines,
à commencer son « amour de la nature », et particulièrement les Landes,
côté basque, où Delplanque a vécu gamin et bossé cinq ans, avant de passer par Nantes et d’arriver, en août
dernier, dans l’Hérault. Et cette campagne qui le touche, il la suggère plus
qu’il ne la décrit « pour laisser à chacun ses propres visions ».
La stratégie d’un conteur (« Faut provoquer la complicité du lecteur ; La partition reste à jouer ») motivé par « l’envie de partager, de faire connaître ce
qu’on aime. Sans prosélytisme mais
quel plaisir que de faire écouter un bon
disque... » Et ainsi, Ayaramandi s’impose en as du rock garage, dont les références avisées rythment le polar ; comme il
prend à son compte le « goût mythique
pour les huîtres » de l’auteur. Qui se
précise mélomane qui ne joue pas et
gourmet qui ne cuisine pas.
Delplanque en profite aussi pour s’interroger : « Qu’est-ce que la bonté ou la
■ Frantz Delplanque est le nouveau directeur adjoint à la culture de Montpellier.
méchanceté pure ? » Sortie du contexte, la question fait âpre mais avec son
sens de la repartie et son esprit, Delplanque donne bien envie d’y réfléchir à
deux fois... Et c’est cet esprit vif qui a
saisi le directeur de la collection Roman noir, du Seuil. Qui a lu d’une traite et n’a rien trouvé à redire sur le
fond et la forme de cet écrit. Un livre
bouclé en huit mois, uniquement les
jours chômés, et avec l’accord de sa
compagne et de leurs filles ; un premier roman qui invite à une suite. Delplanque « commence à jeter quelques
pistes mais pris entre » le boulot à la
mairie et la vie, il remet à demain ses
nuits d’écriture. Et pendant ce
temps, un drame peut bien mûrir et
ses idées mijoter.
CAMILLE-SOLVEIG FOL
[email protected]
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D. CRESPIN
Amélie critique
Amélie Nothomb (dans Le Monde
du 11 novembre) a écrit :
« La réussite de ce livre tient surtout
à son personnage principal,
Jon Ayaramandi, le tueur retraité,
qui en est aussi le narrateur. On croit
en son existence, on aimerait
le rencontrer. Il a une manière
énigmatique d’être énigmatique.
Frantz Delplanque déploie l’ironie
qui fait mouche rappelant qu’on ne
parle jamais aussi bien de son
époque qu’en la trahissant par
un peu de mauvaise foi. » L’auteur
est aujourd’hui à Sauramps
(Triangle), à 15 h 30.
“Du son sur les murs”,
éd. Seuil, 21,50 €.
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