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© Masson Rev Neurol (Paris) 2003 ; 159 : 8-9, 825-830 Actualités Traitement médical des manifestations psychiatriques et comportementales de la maladie d’Alzheimer 825 Formation Post-Universitaire F. Lebert1, F. Pasquier2 Adresse : 1 Centre de la Mémoire, Centre Médical des Monts de Flandre, Bailleul. 2 Centre de la Mémoire, Hôpital Roger Salengro, Centre Hospitalier Universitaire, Lille. Tirés à part : F. LEBERT, Centre de la Mémoire, rue neve église, 59270 Bailleul. E-mail: [email protected] C’est Claude Bernard qui, le premier en 1878, introduit chez l’homme et les autres animaux supérieurs la notion du double environnement, extérieur et intérieur. Le comportement est l’expression de l’interaction entre monde intrinsèque et monde extrinsèque. La démence va contribuer à la non satisfaction de besoins dus à des modifications du double environnement par réduction des capacités d’expression et des capacités à planifier une conduite d’évitement ou d’adaptation. CohenMansfield (2000) explique ainsi une partie des états d’agitation. Les lésions cérébrales à l’origine de la démence vont par ailleurs pouvoir induire une perte de l’initiative ou de l’inhibition de comportements intrinsèques sous corticaux qui pourront ainsi s’exprimer sous forme d’exaltation, de désinhibition, d’instabilité psychomotrice ou d’hallucinations. Les manifestations comportementales d’origine neurologique dans les démences ont fait l’objet d’une description nouvelle et détaillée dans un travail de consensus et sont appelées symptômes comportementaux et psychologiques de la démence (SCPD) (Finkel et al., 1996). Seuls les SCPD relèvent de l’utilisation de psychotropes au long cours. Introduction Les troubles de l’expression verbale, l’anosognosie, les possibles modifications de la perception de la douleur lors de démence sont à l’origine d’une fréquente sous estimation des pathologies somatiques non neurologiques, au point que les patients déments avaient la réputation d’avoir une bonne santé. Pourtant des maladies comme l’hypertension artérielle, le diabète, l’hypercholestérolémie sont maintenant reconnues comme plus fréquentes chez les patients atteints de maladie d’Alzheimer (MA) (Polidori et al., 2001). D’autres données sur l’état somatique de ces patients sont disponibles par exemple à travers l’évaluation des effets indésirables lors d’études en double aveugle de molécules. Porsteinsson et al. (2001) rapportent ainsi dans un essai de 6 semaines chez des patients ayant une démence et un score de troubles du comportement élevé, un taux d’infection urinaire de 18 p. 100 ans le groupe traité avec le divalproex sodium et de 11 p. 100 avec le placebo. La symptomatologie en gériatrie est réputée moins riche qu’à des âges plus jeunes et souvent associée à un état confusionnel auquel appartiennent délire, agitation psychomotrice, perplexité anxieuse, troubles du sommeil entre autres. L’objectif de cet article est de présenter les recommandations en matière d’utilisation des psychotropes dans les SCPD et de montrer l’importance de la prise en charge F. LEBERT, F. PASQUIER de la pathologie somatique non neurologique à expression comportementale. Traitements pharmacologiques des SCPD dans la maladie d’Alzheimer Les signes comportementaux justifient la nécessité de règles thérapeutiques spécifiques car les modifications neurobiologiques lors de démence diffèrent de celles des pathologies psychiatriques. Depuis 1997, il existe une référence internationale consensuelle de l’American Psychiatric Association (APA) sur les traitements des démences, y compris des manifestations affectives et comportementales. Quatre classes thérapeutiques constituent l’essentiel du traitement des SCPD : les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine, les anticonvulsivants thymorégulateurs, les nouveaux antipsychotiques et les anticholinestérasiques, les autres traitements étant plutôt ponctuels ou spécifiques à un symptôme comme les hypnotiques. Depuis 1997, de nouveaux thymorégulateurs anticonvulsivants sont disponibles, les nouveaux antipsychotiques, de nouveaux anticholinestérasiques ont fait l’objet d’études double-aveugle et la mémantine est tout juste disponible au niveau européen, ce qui justifie une mise à jour. 826 Rev Neurol (Paris) 2003 ; 159 : 8-9, 825-830 Ces recommandations sont limitées à la MA, car distinctes de celles des autres démences. Les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine L’efficacité des inhibiteurs de la recapture de la sérotonine (IRS), comparable à celle des tricycliques dans la dépression, lors de démence a rendu caduque l’utilisation des tricycliques délétères dans la MA par leur effet anticholinergique. Si la supériorité des IRS sur le placebo paraît probable lors de tristesse, d’irritabilité, ou de peur, elle paraît moins certaine lors d’épisode dépressif majeur (Tableau I) (Bains et al., 2002). L’efficacité des sérotoninergiques a été montrée non seulement sur la tristesse de l’humeur, mais aussi sur l’hostilité et les idées délirantes (Pollock et al., 1997). La réponse thérapeutique est souvent rapide, dans les 2 premières semaines de traitement et nécessite de faibles posologies. Un autre antidépresseur sérotoninergique, la trazodone, distinct par son action antagoniste 5HT2 prépondérant, est efficace sur ces symptômes et particulièrement sur l’instabilité psychomotrice lors de MA (Lebert et al., 1994), mais son action est surtout intéressante dans les démences frontotemporales (Lebert, 2003). En revanche les IRS comme la trazodone ne sont pas efficaces sur l’agitation de la maladie d’Alzheimer (Auchus et BisseyBlack, 1997 ; Teri et al., 2000). Les interactions des IRS avec les inhibiteurs de la cholinestérase font l’objet d’évaluation. L’adjonction de sertraline au donépézil n’a pas montré d’amélioration du score total à l’inventaire neuropsychiatrique (NPI) comparativement au donépézil seul, mais une amélioration sur l’anxiété, l’irritabilité et l’agressivité verbale (McRae et al., 2000). L’inhibition du cytochrome P2D6 par la fluoxétine et la paroxétine risque d’augmenter les effets indésirables des inhibiteurs de la cholinestérase faisant préférer les autres IRS. Quelques observations rapportent un risque de manifesta- tions parkinsonniennes lors de l’association IRS et inhibiteurs de la cholinestérase, mais surtout, comme cela est rapporté en absence de déclin cognitif (Schillevoort et al., 2002), chez des patients ayant reçu des neuroleptiques (Carcenac et al., 2000). Les anticonvulsivants thymorégulateurs La carbamazépine a montré une efficacité sur l’agitation et l’hostilité dans plusieurs études en ouvert et par une étude en double aveugle contre placebo chez des patients âgés en moyenne de plus de 85 ans ayant une démence d’Alzheimer, mixte ou vasculaire à un stade sévère (Tableau II) (Tariot et al., 1998). L’étude rapporte 59 p. 100 d’effets indésirables avec la carbamazépine et 29 p. 100 avec le placebo, l’ataxie et la désorientation étant surtout rapportées avec la carbamazépine. Une titration progressive est recommandée en débutant par une posologie maximale de 100 mg/j de carbamazépine. Tableau I. Essais en double-aveugle avec les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine dans les symptômes comportementaux et psychologiques de la démence (SCPD). Auteurs Nyth et al. (1992) Olafsson et al. (1992) Lyketsos et al. (2000) Petracca et al. (2001) Diagnostic (n) Démence légère ou modérée (n = 29) Démence (n = 46) Alzheimer (n = 22) Alzheimer (n = 41) Taragano et al. (1997) Alzheimer (n = 37) Katona et al. (1998) Démence légère ou modérée (n = 198) Nyth et Gottfries Alzheimer ou (1990) démence vasculaire (n = 98) Auchus Alzheimer et Bissey-Black (1997) (n = 15) Pollock et al. (2002) Démence (n = 85) Critères d’inclusion Traitements de SCPD Score à l’échelle Citalopram vs placebo d’Hamilton > 14 Durée Efficacité 6 semaines Amélioration de la tristesse, de l’anxiété et de la peur sur la GBS Amélioration tristesse, irritabilité, peur, instabilité et confusion Sur la GBS Efficacité de la sertraline sur l’échelle de Cornell et la MADRS Aucune avec l’échelle d’Hamilton et la CGI Amélioration similaire à l’échelle d’Hamilton Amélioration similaire Àl’echelle de Cornell et à la MADRS Amélioration tristesse, irritabilité, peur, instabilité et confusion à la GBS Aucune sur l’échelle de Cohen-Mansfield Efficacité du citalopram sur la NBS Aucun Fluvoxamine vs placebo 6 semaines Dépression majeure Sertraline vs placebo 12 semaines Dépression Fluoxétine vs placebo majeure ou mineure Dépression Fluoxétine vs amitriptiline majeure Dépression Paroxétine vs imipramine majeure ou mineure 6 semaines 6 semaines 8 semaines Aucun Citalopram vs placebo 4 semaines Troubles du comportement Score > 3 à la NBS Fluoxétine vs haldol vs placebo Citalopram vs perphenazine vs placebo 6 semaines 17 jours GBS : Gottfries Bräne Steen scale ; MADRS : Montgomery and Asberg Depression Rating Scale ; CGI : Clinician Global impression NBS : Neurobehavioral scale. F. LEBERT, F. PASQUIER © Masson Actualités • Traitement médical des manifestations psychiatriques et comportementales d’Alzheimer Tableau II. Essais en double-aveugle avec les thymorégulateurs dans les symptômes comportementaux et psychologiques de la démence (SCPD). Diagnostic de la démence (n) Tariot et al. Alzheimer, (1998) vasculaire ou mixte (n = 51) Porsteinsson et al. Alzheimer, (2001) vasculaire ou mixte (n = 56) Auteurs Critères d’inclusion Traitements Durée Efficacité de SCPD Agitation Carbamazépine 6 semaines Score total évaluée vs placebo à la BPRS sur la BPRS Agitation Divalproex évaluée sodium vs sur la BPRS placebo 6 semaines Facteur agitation de la BPRS BPRS : Brief Psychiatric Rating Scale. L’étude en double aveugle du divalproex sodium (Porsteinsson et al., 2001) a confirmé son efficacité, essentiellement sur l’agitation, mais rapporte des troubles de vigilance dans 39 p. 100 et des nausées dans 25 p. 100 des cas, contre 11 p. 100 et 7 p. 100 avec le placebo. Une amélioration sur l’agitation a été rapportée avec la gabapentine et la lamotrigine en association avec d’autres psychotropes, mais sans étude double-aveugle. Des troubles de la vigilance n’ont été rapportés que chez seulement 2 des 24 patients traités par la gabapentine (Hawkins et al., 2000). Les nouveaux antipsychotiques Suivant les recommandations de l’APA (1997), les nouveaux antipsychotiques sont réservés aux manifestations psychotiques et ont remplacé les neuroleptiques classiques connus pour leur peu d’efficacité lors de démence et leurs fréquents effets indésirables (Schneider, 1990). Depuis cette étude, une hypersensibilité aux neuroleptiques a été mise en évidence lors de la démence à corps de Lewy (McKeith et al., 1992). Par ailleurs, l’effet délétère des neuroleptiques sur les fonctions cognitives lors de MA a été montré à plusieurs reprises (Bennet et al., 1992 ; McShane et al. ; 1997 ; Lopez et al., 1999). Si cette nouvelle classe d’antipsychotiques est caractérisée par son action anti-5HT2, chaque molécule a des caractéristiques pharmacologiques qui lui sont propres, justifiant leur étude individuelle. La clozapine n’est pas indiquée dans les démences, comme elle l’est dans les psychoses dopaminergiques de la maladie de Parkinson, à cause de la difficulté à contrôler la tolérance hématologique. Deux molécules ont fait l’objet d’études doubleaveugle contre placebo, la rispéridone et l’olanzapine (Tableau III), la quétiapine n’ayant été évaluée que chez les sujets âgés sans déclin cognitif. Trois études ont été menées dans une population de sujets très âgés ayant une démence sévère, de type Alzheimer, pour les études avec l’olanzapine, Alzheimer ou vasculaire ou mixte pour celles avec la rispéridone. L’étude de De Deyn et al. (1999) comparait un traitement par rispéridone inférieur à 2 mg, au placebo ou à moins de 2 mg d’halopéridol. La réduction du score total à l’échelle comportementale, la Behave-AD était compara- 827 ble, mais la rispéridone réduisait mieux l’agressivité que l’halopéridol. La rispéridone était mieux tolérée induisant moins d’effets extrapyramidaux et cognitifs, ne réduisant pas le MMS. En revanche la fréquence de sédation était identique pour les deux molécules. Comparativement au placebo, le score aux échelles comportementales globales (Behave-AD ou NPI) était significativement réduit avec 1 ou 2 mg de rispéridone (Katz et al., 1999) ou avec 5 et 10 mg d’olanzapine, mais pas avec 15 mg (Street et al., 2000). L’analyse par items montra une action de la rispéridone dès 0,5 mg sur l’agressivité mais pas sur les hallucinations. L’olanzapine était efficace, elle, sur l’agitation et l’agressivité et sur les manifestations psychotiques incluant les hallucinations dès 5 mg. L’olanzapine était plus efficace à 5 mg qu’à 15 mg, (Street et al., 2000), contrairement à la rispéridone dont l’effet est dose-dépendant. La rispéridone, comme l’olanzapine, ne modifiait pas l’état cognitif évalué par le MMS. Les manifestations parkinsonniennes étaient plus fréquentes lorsque l’on atteignait 2 mg de rispéridone, et étaient comparables avec l’olanzapine. La somnolence était un des effets indésirables les plus fréquents des 2 molécules tandis que les troubles de la marche étaient surtout rapportés avec l’olanzapine. Les sorties d’essais étaient de 42 p. 100 avec 2 mg de rispéridone (Katz et Tableau III. Essais en double-aveugle avec les nouveaux antipsychotiques dans les symptômes comportementaux et psychologiques de la démence (SCPD). Critères d’inclusion de Traitements Durée Efficacité SCPD De Deyn et al. Alzheimer Score à la Rispéridone vs 12 semaines Amélioration (1999) ou vasculaire Behave-AD halopéridol vs du score total ou mixte >8 placebo de la Behave-AD (n = 344) surtout sur agressivité Katz et al. Alzheimer Score à la Rispéridone vs 12 semaines Amélioration (1999) ou vasculaire BehaveAD placebo du score total ou mixte >8 de la Behave-AD (n = 625) surtout sur délire Street et al. Alzheimer Score >3 aux Olanzapine vs 6 semaines Amélioration (2000) (n = 206) items placebo du score total de la NPI, de la NPI surtout agitation, sur manifestations agressivité, psychotiques délire ou hallucination Auteurs Diagnostic (n) NPI : NeuroPsychiatric Inventory. F. LEBERT, F. PASQUIER 828 Rev Neurol (Paris) 2003 ; 159 : 8-9, 825-830 al., 1999), 19 p. 100 avec 5 mg d’olanzapine, et 33 p. 100 avec 15 mg. Les anticholinestérasiques L’effet positif non cognitif des anticholinestérasiques lors de MA a été mis en évidence dans des études en ouvert, des analyses rétrospectives et des études prospectives comprenant la NPI. Des effets positifs ont été rapportés dans la démence légère à modérée avec la tacrine (Kaufer et al., 1996), le donépézil (Mega et al., 1999), la rivastigmine (Rösler et al., 1999) et la galantamine (Tariot et al., 2000), seule molécule ayant fait l’objet d’une étude prospective double-aveugle dans le domaine du comportement. Les items améliorés sont souvent l’apathie, l’anxiété, les hallucinations. À un stade léger à modéré de démence (MMS de 10-26), l’amélioration rapportée l’est comparativement au groupe placebo suggérant un effet plus préventif que curatif sur les SCPD avec, au départ, des patients ayant un score léger de troubles du comportement. En revanche, aux stades de démence modérée à sévère (MMS de 5-17), l’effet pourrait être en partie curatif selon l’étude de Feldman et al. (2001) qui a montré une réduction du score initial de la NPI de 4,6 points sous 10 mg de donépézil contre 1 point avec le placebo mais cela seulement dans le groupe de patients ne recevant pas de psychotropes à l’entrée dans l’étude. Toutefois le score initial moyen de la NPI pour un stade sévère était de 19,5, ce qui est faible comparativement à celui des patients étudiés dans les essais avec les nouveaux antipsychotiques comme par exemple l’étude de Street et al. (2000) où le score moyen était de 44,2. L’efficacité sur les SCPD semble varier suivant les caractéristiques des patients : Mega et al. (1999) ont rapporté sur un groupe de 86 patients ayant une maladie d’Alzheimer légère à modérée, une amélioration comportementale dans 41 p. 100 des cas, une aggravation dans 28 p. 100 et une stabilité dans 31 p. 100. Les facteurs prédictifs de réponse positive sur le comportement étaient la sévérité initiale du score comportemental (Mega Tableau IV. Recommandations thérapeutiques lors de symptômes comportementaux et psychologiques de maladie d’Alzheimer. Classes pharmacologiques • Agents sérotoninergiques Antidépresseurs Thymorégulateurs – Fluoxétine – Fluoxamine – Citalopram – Sertraline – Trazodone* – Carbamazépine Indications Posologies recommandées Symptômes dépressifs, anxiété, irritabilité, + Idées délirantes + Instabilité psychomotrice Agitation, hostilité – Valproate de sodium • Antipsychotiques atypiques – Rispéridone – Agressivité, idées délirantes – Olanzapine – Agitation/agressivité + délire et hallucinations • Inhibiteurs de la cholinestérase – Galantamine – Prévention dans la survenue de SCPD (MMS 10-26) – Donépézil – Réduction des SCPD (MMS 5-17) et al., 1999) et une réduction de perfusion dans les régions orbito-frontales et dorsolatérales (Mega et al., 2000). Les glutamatergiques La mémantine, antagoniste NMDA, a obtenu l’AMM pour les stades modérés à sévères de MA. L’utilisation pendant 28 semaines de 20 mg de mémantine versus placebo, chez 252 patients, âgés en moyenne de 76 ans et ayant un MMS entre 3 et 14 n’a pas montré d’effet significatif sur le score total à la NPI (Reisberg et al., 2003). Seuls les antidépresseurs étaient permis en psychotropes associés, à condition que leur dosage soit stable depuis au moins 2 mois avant l’inclusion. L’étude ne rapporte pas l’influence de cette coprescription sur la mesure comportementale. L’agitation est moins souvent rapportée comme effet indésirable dans le groupe mémantine que dans le groupe placebo mais c’est aussi le cas des infections urinaires et l’étude ne précise pas l’indépendance ou non de ces 2 types d’évènements. En revanche l’association de 20 mg de mémantine à 5 à 10 mg de donépézil prescrits chez 395 patients ayant un score moyen à la NPI faible à 13,7, est en faveur d’une supériorité d’efficacité sur la non émergence de troubles du comportement comparativement au donépézil seul (Tariot et al., 2002). – 20-40 mg/j – 50-150 mg/j – 10-30 mg/j – 20-50 mg/j – 75-300 mg/j Traitements des maladies non neurologiques et troubles du comportement lors de démence : – 100 mg/j, jusqu’à obtenir taux sanguin de 8 à 12 ng/ml Une des particularités des pathologies du sujet âgé est de prendre une expression sémiologique différente souvent retardée par rapport aux formes des sujets jeunes. Parmi ces symptômes inhabituels, la confusion avec son cortège de troubles du comportement est une des formes cliniques les plus fréquentes, par exemple dans la pathologie infectieuse pulmonaire (Johnson et al., 2000). De la même façon, les fréquents effets iatrogèniques observés chez le sujet âgé peuvent aussi prendre un aspect comportemental (Bouedjoro-Camus et al., 1998). Johnson et al. (2000) ont pu montrer que la modification de présentation clini- – 125 mg/j, jusqu’à obtenir taux sanguin de 50-60 ng/ml – 0,5-2 mg/j – 5 mg/j – 16-24 mg/j – 10 mg/J * Disponible en France qu’avec demande d’ATU (autorisation temporaire d’utilisation). F. LEBERT, F. PASQUIER © Masson Actualités • Traitement médical des manifestations psychiatriques et comportementales de la maladie d’Alzheimer que du sujet âgé était plutôt le fait de la présence de la démence que l’avance en âge. Devant le retard de dépistage des pathologies somatiques, des unités gériatriques ont cherché à individualiser des symptômes précoces de pathologies somatiques quelle qu’en soit la cause. Boockvar et al. (2000) ont rapporté l’évaluation clinique de 74 patients de maison de retraite avant la survenue d’une maladie aiguë. Cinq symptômes apparurent comme prédictifs de maladie somatique aiguë dont l’agitation. Dans notre expérience d’unité réservée aux décompensations comportementales lors de démence avec principalement agitation à Bailleul, si on analyse le bilan médical de 100 patients admis consécutivement (résultats non publiés), 91 p. 100 des patients présentent une pathologie somatique inconnue ou modifiée par rapport au dossier médical. Soixante huit pour cent des malades ont du recevoir des antibiotiques et 40 p. 100 des antalgiques. Finalement, seulement 11 p. 100 sont sortis de l’hospitalisation avec des nouveaux antipsychotiques, 4 p. 100 des thymorégulateurs, 25 p. 100 des inhibiteurs de la recapture de la sérotonine, initiés durant le séjour, témoins du bénéfice comportemental du traitement des pathologies somatiques et de la faible nécessité au long cours de psychotropes. Ces différents éléments laissent à penser que beaucoup d’agitations sont en rapport avec des pathologies somatiques non dépistées lors de démence du sujet âgé. Conclusion L’utilisation des psychotropes lors de MA peut faire l’objet de recommandations au vu des données de la littérature bien que la plupart des molécules n’aient pas l’AMM dans ces indications (Tableau IV). Ils ne sont indiqués que lorsque le symptôme est l’expression de la maladie neurologique. Comme Cohen-Mansfield (2000) le rappelle à propos de l’agitation, la cause dicte : la conduite, un trouble du comportement telle une agitation, peut être l’expression d’une maladie non neurologique lors de démence que seule une démarche médicale classique accompagnée d’un bilan systématique permettra de dépister et alors de traiter. Travail réalisé dans le cadre de l’équipe d’accueil 2691 du ministère de l’Education Nationale de la Recherche et de la Technologie (MNERT). Les auteurs remercient Mme Catherine Huyghes pour sa contribution au travail. Références AMERICAN PSYCHIATRIC ASSOCIATION. (1997). Practice guideline for the treatment of patients with Alzheimer’s disease and other dementias of Late Life. Am J Psychiatry, 154: 1-39. AUCHUS AP, BISSEY-BLACK C. (1997). Pilot study of haloperidol, fluoxetine, and placebo for agitation in Alzheimer’s disease. J Neuropsychiatry Clin Neurosci, 9: 591-593. BAINS J, BIRKS JS, DENING TR. (2002). The efficacy of antidepressants in the treatment of depression in dementia. Cochrane Database Syst Rev, 4: CD003944 BENNETT DA, GILLEY DW, WILSON RS. (1992). Rate of cognitive decline and neuroleptic use in Alzheimer’s disease. Neurology, 42: 276. BOUEDJORO-CAMUS MC, KARIGER E, NOVELLA S, BLANCHARD F. (1998). Les accidents iatrogéniques médicamenteux chez les personnes âgées. Enquête prospective réalisée dans un service de court séjour gériatrique. Rev Geriatrie, 23 : 477-486. BOOCKVAR K, BRODIE HD, LACHS M. (2000). 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