Les marchés a betail au nord du Mali

Transcription

Les marchés a betail au nord du Mali
2011
IER/SYRACUSE
UNIVERSITY
ALPHA OUMAR KERGNA;
ALY KOURIBA;
DAOUDA DEMBELE
[LES MARCHES A BETAIL AU
NORD DU MALI]
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Introduction
Le Mali est un pays sahélien couvrant une superficie de 1 241 238 km2 dont plus des deux
tiers sont désertiques. Sa population estimée à 14.5 millions d’habitants en 2009, est
inégalement repartie entre les régions du Nord (10%) et celles du Sud (52%).
L’économie malienne est essentiellement dominée par le secteur primaire qui contribue à près
de 35% à la formation du PIB national. L’élevage contribue à 9 % au PIB national et 30 % au
PIB agricole (Padere 2007, Alary 2006). Il joue à la fois un rôle économique et social très
important et contribue significativement aux revenus d’exportation. Selon le RGA 2004, 85%
des exploitations agricoles possèdent du bétail (bovins, petits ruminants ou camelins). La
même source indique que l’élevage participe pour 80 % à la formation du revenu des ménages
ruraux vivant dans les systèmes pastoraux au Nord et pour 18 % à celle des ménages dans les
systèmes agro-pastoraux au Sud (Alary, 2006a). L’élevage est une composante structurante de
l’ensemble des systèmes de production puisqu’il est présent dans 87% des exploitations du
pays, avec cependant 43% des exploitations qui possèdent moins de 10 têtes (CPS, 2006).
Cependant, certaines exploitations dans le Nord du pays présentent une très forte
spécialisation pastorale eue égard aux conditions agro-climatiques sahéliennes et subsahariennes.
Le bétail est utilisé entre autres pour : (1) la génération de revenu ; (2) la thésaurisation ; (3) le
bétail de trait et (4) la production de fumier. A ces usages parfois non marchandes, s’ajoute un
commerce florissant d’exportation d’animaux accentuant l’importance du bétail dans
l’économie Malienne. Le commerce de bétail apporte annuellement à l’économie nationale un
chiffre d’affaire de près de 50 milliards de Fcfa (RuralStruct, 2007). Ce chiffre serait sousestimé du fait de la non-prise en compte des flux hors des contrôles douaniers.
Les systèmes d’élevage au Mali ont des performances techniques faibles avec des taux
d’exploitation bas (de l’ordre de 10% quand ils pourraient être de 30%) et des pratiques qui
demeurent très extensives (RuralStruct, 2007). La valeur ajoutée est réduite puisque le bétail
est vendu sur pieds même à l’exportation, le lait est peu transformé et généralement
autoconsommé et les cuirs et peaux subissent des transformations minimales avant d’être
exportées.
Au Mali, la consommation moyenne de viande s’établit à 7,4 kg/an/personne de viande
bovine et 6,3 kg/an/personne de viande de petits ruminants (Faostat, 2006). Cette
consommation est relativement modeste comparée à celle des pays occidentaux et
d’Amérique Latine qui atteint plusieurs dizaines de kg/an/personne. Elle est néanmoins
semblable à celle observée dans les autres pays sahéliens et se situe dans l’ordre des
recommandations alimentaires des institutions internationales.
Le commerce de bétail est une pratique ancienne au tour du quel des organisations sociales,
géographiques et de marchés se sont formées. Au plan social l’activité a donné naissance à
une caste de courtier appelée « Taifa, Bougeois, Logeur » qui est central dans les transactions
entre acheteurs et vendeurs. Ses fonctions principales sont la vente des animaux et la garantie
sur l’origine et l’état de santé de l’animal. Concernant l’organisation géographique cette
activité a donné lieu au traçage de piste de convoyage qui relie les zones de production aux
marchés. En fait, on assiste à une organisation de marchés sous forma pyramidale qui va des
marchés de collecte vers les marchés terminaux.
Le Mali commercialise son bétail en Côte d’Ivoire, au Sénégal, au Ghana, en Algérie, en
Libye, au Nigéria, en Guinée, en Mauritanie, etc. avec qui il a des relations culturelles,
linguistiques, claniques, familiales et commerciales anciennes. L’un des principaux flux
d’animaux sur pied en Afrique de l’Ouest est celui des bovins qui partent du Mali pour la
Côte d’Ivoire. Mais la concurrence avec la viande d’Amérique Latine et la crise politicomilitaire de 2002 ont perturbé ce circuit. Cependant, le bétail constitue l’un des piliers du
commerce régional en Afrique de l’Ouest et met en exergue les complémentarités entre les
pays sahéliens et des pays côtiers (Dieye, 2007).
A l’intérieur du pays, les animaux sont commercialisés sur des marchés hebdomadaires qui se
complètent dans le temps et dans l’espace de sorte que les animaux puissent être acheminés
sur les marchés terminaux. Pour mieux comprendre le fonctionnement des marchés au Nord,
des enquêtes ont été conduites sur 6 marchés à Gao (Wabaria, Bara, Bazi Haoussa,
Gounzoureye, Forgho, Bilalykoïra) ; 4 marchés à Tombouctou (Tonka, Goumdam, Gossi et
Kel Al Horma) et 9 marchés à Mopti (Fatoma, Mopti ville, Konna, Madiama, Djenné, Sofara,
Korientzé, Koro et Madougou).
Objectif
L’objectif global de l’étude est d’analyser la chaine de valeur bétail au Nord du Mali afin
d’identifier les contraintes et les opportunités au développement.
Pour atteindre cet objectif global, spécifiquement l’enquête cherche entre autres à :
- Identifier les types de marchés ;
- Les systèmes d’approvisionnement des marchés ;
- L’accessibilité aux marchés ;
- L’équipement des marchés ;
- Le système de contrôle et de gestion de ces marchés.
Méthodologie
Pour atteindre les objectifs de l’enquête le dispositif suivant a été utilisé.
L’unité d’observation
Cette partie vise à produire des informations à partir d’enquêtes auprès des acteurs sur
différents marchés, destinées à mieux comprendre la diversité des intervenants et le rôle
chacun dans la commercialisation du bétail. Les marchés sont donc les principales unités
d’observation pour analyser le fonctionnement et les connexions existant entre différents
marchés.
Le questionnaire
Le questionnaire a été élaboré en relation avec l’équipe de coordination du projet qui l’a
adapté aux conditions du Mali. Les spécificités du Mali portent sur la mise au point d’un
questionnaire constitué des modules de marché, de vendeur, d’acheteur et du type d’animaux
présentés sur les marchés.
La collecte des données
Le choix des marchés est un choix raisonné, mené en fonction de critères retenus pour
illustrer la diversité des situations intra-régionales et interrégionales. Il a été fait en s’appuyant
sur des données secondaires, des personnes ressources dans les services techniques dans les
différentes régions. Un total de 19 marchés sont retenus en se basant sur des critères
d’accessibilité, de fonctionnement etc. La collecte des données dans les trois régions du Nord
du Mali a mobilisé des 7 enquêteurs et des moyens logistiques importants.
Des enquêtes hebdomadaires ont été conduites sur les différents marchés de la zone d’étude
pour collecter les informations. Sur chaque marché des entretiens ont lieu avec les
responsables qui gèrent le marché afin de connaitre les frais payés par les usagers, les soins
prodigués aux animaux, les certificats exigés et le nombre de bétail présenté ou vendu.
La saisie informatique a été réalisée avec le logiciel SPSS. Les tables et masques de saisie ont
été réalisés de manière à faciliter la saisie, réduire les risques d’erreur et faciliter le traitement.
Les masques de saisie ont été conçus de manière à reproduire exactement le questionnaire
d’enquête, toujours pour faciliter la saisie et réduire les risques d’erreur.
Résultats
Les types de marchés
Le nombre de marchés à bétail varie dans les différentes régions selon l’importance de
l’activité commerciale des animaux. Le tableau suivant donne le nombre marchés principaux
dans les régions du pays.
Tableau1 : Marchés d’animaux par région
Nombre
Kayes
Koulikoro
22
48
Sikasso Ségou Mopti Tombouctou Gao Bamako Total
334
20
59
113
33
32
7
Source : CPS (2001)
Les régions de Mopti et de Ségou sont ainsi très bien pourvues et drainent le commerce du
bétail du Nord et du Centre du pays. Organisés autour des marchés terminaux d’exportation
comme ceux de Niono et de Fatoma, les animaux transitent généralement par Ségou avant de
se diriger en camions ou à pied vers Bamako. Certains lots d’animaux sont néanmoins
acheminés à pied vers les frontières du Sénégal ou de la Côte d’Ivoire, de l’Algérie, etc.
On distingue les types de marché suivants :

Les marchés de collecte, sont de petits marchés situés dans les zones d’élevage ou le
long des chemins de transhumance. Ils sont des lieux de transaction des animaux entre
producteurs et collecteurs.

Les marchés secondaires, (ou de regroupement) permettent le rassemblement
d’animaux collectés. Les transactions se font entre collecteurs et commerçants.

Les marchés terminaux, se situent généralement à proximité d’une ville ou dans la
ville. Les transactions se déroulent entre commerçants, bouchers et exportateurs.

Les marchés frontaliers, comme leur nom l’indique, se situent près d’une frontière, et
constituent une étape des circuits d’échanges internationaux (essentiellement
d’exportation) ; les principales transactions se déroulent entre collecteurs, commerçants
et exportateurs.
Les marchés à bétail sont des lieux de transaction clôturés ou non. La gestion de ces marchés
superpose deux modes d’organisation : traditionnel avec les structures anciennes informelles
et modernes avec les coopératives. Le mode d’organisation interne détermine le
fonctionnement des transactions.
Pendant la période de soudure (hivernage et avant les récoltes) la fréquence des arrivages de
nouveaux troupeaux est importante. Dans les villages, les éleveurs vendent les animaux pour
s’acheter de la nourriture. En cette période les prix des animaux baissent légèrement. Tout
autour des marchés terminaux se trouvent les emboucheurs, dans des fermes périurbaines. Ils
achètent aux commerçants des animaux à bas prix, suivent des bœufs ou des vaches en fin de
productivité, puis les soignent et les engraissent pour les revendre avec une marge
bénéficiaire.
Sur le marché convergent :

les commerçants, qui l’approvisionnent en bétail

les bouchers, qui achètent le bétail et les acheminent vers l’abattage

les négociants, qui organisent et garantissent les transactions entre les deux
L’approvisionnement et l’accessibilité des marchés
Il existe deux modes de transport : le convoyage à pied, pratiqué par des bergers et le
transport par camions.
Le convoyage à pied
Ce sont de jeunes bergers peuls qui assurent cette fonction. La période favorable est la saison
pluvieuse. Les troupeaux sont conduits à pied, broutent et s’abreuvent pendant toute la durée
du voyage. Ce mode de transport est moins éprouvant que le camion. La taille du troupeau
peut atteindre facilement une centaine de têtes. Les animaux peuvent appartenir à plusieurs
commerçants. Les bergers accompagnant le troupeau sont de 2 à 6 suivant le nombre de têtes.
Les coûts de transport varient suivant la distance entre l’origine et les marchés. En saison
pluvieuse, ce mode de transport est pratiqué le long de tous les axes routiers desservant les
marchés terminaux. Ce n’est en effet que le long de ces axes que les dégâts aux cultures
peuvent être minimisés. En saison sèche, les transports à pied sont réduits fortement, du fait
de la diminution des ressources pastorales et hydriques.
Une exploitation ou un individu peut décider de vendre une ou deux têtes de son troupeau.
L’animal ou les animaux sont conduits à pied par le propriétaire (ou un berger) sur le marché
le plus proche et le plus fréquenté par les acheteurs.
Transport en camion
Le transport par camions se pratique toute l’année. Il a l’avantage de la rapidité, mais son coût
est plus élevé. Les camions remorques qui transportent les marchandises des pays côtiers vers
le Mali ou de Bamako vers les différentes localités maliennes ramènent au retour les animaux.
Pour trouver des camions, les commerçants de bétail s’appuient sur des négociants
(intermédiaires, courtiers, coxer) qui sont aussi les organisateurs de leurs transactions de
bétail.
Pendant la saison pluvieuse, les frais sont moins chers car il y a plus de véhicules qui vont de
l’intérieur du Mali vers les côtes vides. Par contre pendant les récoltes, les frais de transport
du bétail augmentent car les véhicules au retour transportent des produits agricoles qui
endommagent moins les camions. Par exemple de Ségou à Abidjan les coûts de transport sont
estimés de 200 000 à 300 000 FCFA par chargement en saison pluvieuse et de 400 000 à
600 000 FCFA par chargement pendant les récoltes. Notons qu’un chargement comprend de
35 à 45 bœufs ou 200 têtes de petits ruminants.
Le coût par tête oscille entre 6.500 et 17.500 FCFA pour les bovins et 1000 à 4000 CFA pour
les petits ruminants. Les coûts de transport des animaux par camion dépendent de la période,
de la distance et de la destination. A distance égale le transport des vers l’extérieur coûte plus
cher que vers l’intérieur du pays. L’explication plausible à cette situation pourrait être les frais
à payer par le transporteur (poste de contrôle, douane, convoyage, etc.).
La fréquentation des marchés par les camions dépend de plusieurs facteurs dont les plus
importants sont : l’accessibilité, l’importance de l’activité et la disponibilité des camions.
Source : enquête
Les différents marchés sur la figure sont situés sur des voies principales, seulement deux
marchés Forgho et Koro sont sur des voies secondaires. L’invariabilité de la fréquentation des
camions sur ces deux derniers marchés s’explique par leur nature de marchés de collecte et
reçoivent des camions seulement pendant la période de Tabaski. Le marché de Fatoma est un
marché d’exportation qui approvisionne aussi le marché de Bamako. Les marchés de Gossi et
Bazi Haoussa sont des marchés de regroupement, tandis que celui de Bilalikoïra est un
marché à la fois de regroupement et d’exportation vers l’Algérie.
Comme pour le transport à pied, le coût de ce transport est assumé par les commerçants. Le
coût de transport vers les marchés terminaux internes peut atteindre près de 15% de la valeur
d’un bovin ou 10% de la valeur d’un bélier, n’amène pas les acheteurs à s’approvisionner en
priorité sur les marchés les plus proches des zones de consommation. Les opportunités liées
au transport de retour de fret, et le faible coût du transport à pied, expliquent cette faible
importance de la distance. Ce qui signifie que le bassin d’approvisionnement n’est pas
structuré par l’éloignement du marché consommateur.
Le transport n’est pas organisé autour de la filière bétail. Les camionneurs transportent toutes
sortes de marchandises, et leurs véhicules ne sont pas des bétaillères, ce qui génère des dégâts
sur les animaux (blessures, fatigues, soif …) et rend les commerçants de bétail prudents dans
l’utilisation de ce mode de transport. Les commerçant préfèrent un convoyage à pied jusqu’à
la frontière avant d’utiliser le camion.
Gestion des marchés
Les marchés gérés par des coopératives tirent certaines de leurs ressources des taxes d’entrée
et de sortie des animaux à la charge des propriétaires et des acheteurs. Ils vendent également
le fumier produit in situ. Une troisième source de revenu est la carte professionnelle que
doivent prendre les commerçants et les négociants. La carte n’est pas obligatoire mais
occasionne des aides en cas de nécessités. Les fonds collectés servent à payer les frais de
fonctionnement tels que le salaire des gardiens, les frais d’électricité et d’eau, l’entretien du
marché. Les marchés versent à leur mairie respective une somme de variant de 5 à 20% des
recettes hebdomadaires.
Les commerçants de bétail ne payent pas d’impôts et la plupart d’entre eux n’ont pas de carte
professionnelle. Leurs marchandises sont acheminées vers les marchés terminaux. Une fois
arrivés sur un marché, ils responsabilisent des négociants qui effectuent la vente pour leur
compte. Ce système est ancien. Sur tous les marchés terminaux, les commerçants laissent
leurs animaux sous la responsabilité de leur « logeur » qui connaissent mieux les
intermédiaires de la filière, les bouchers, la conjoncture du marché. Ces logeurs vendent les
animaux puis restituent l’argent à leur hôte. Ce système continue aujourd’hui avec ou sans
modification. Les « ex-logeurs » sont des coutiers au vrai sens du terme.
Dans ce système, le courtier ne fait pas qu’organiser la transaction, il se porte également
garant du bon déroulement de la vente. Il n’est cependant à aucun moment propriétaire des
bovins, son intervention est une simple prestation de service pour la quelle il reçoit un
paiement variant de 1000 à 5000 FCA par tête. Ces deux fonctions justifient sa présence et
son rôle, incontournable.
La grande variation du niveau des taxes dépend des marchés (organisation et équipement) et
de la compréhension des répondants.
Source : enquête
Les valeurs constatées sur le graphique concernant la taxe moyenne pour les bovins aux
marchés de Madiama, Koro et Madougou sont dues à une confusion des répondants entre taxe
payée sur l’animal et les frais payés pour le courtier. La variation sur les autres marchés
s’explique par leur niveau d’organisation et d’équipement.
Le marché des petits ruminants se tient généralement sur des espaces non clôturés. Le niveau
d’organisation de ces marchés est faible, ce qui explique la presqu’uniformité des taxes dans
toute la zone d’étude.
Exploitation Infrastructure et équipement des marchés
Les vendeurs et acheteurs sur les marchés payent des frais pour l’alimentation, l’abreuvement
et le gardiennage de leurs animaux le jour de foire. Les montants payés varient par type
d’animal et par marché. La différenciation des frais étant difficile pour les répondants, c’est
l’ensemble des frais payés en fin de journée qui a été considéré.
Source : enquête
Les frais les plus courants sont pour le gardiennage et l’abreuvement des animaux. En plus
des frais de transport payés par le vendeur, il peut ajouter jusqu’à 1000 CFA par tête de bovin
ou de camelin.
La fréquentation des marchés par les commerçants
Les commerçants de bétail sont très nombreux. Leur fonction est d’acheter des animaux dans
les marchés ruraux, d’organiser leur transport vers les marchés de regroupement, puis des
marchés de regroupement vers les marchés terminaux ou d’exportation. Pour
l’approvisionnement des centres urbains, les animaux proviennent des marchés de collecte et
des marchés de regroupement. Cette diversité de l’approvisionnement traduit le poids des
marchés dans le fonctionnement de la filière nationale. Le bassin d’approvisionnement des
villes couvre des conditions agro-écologiques très contrastées, et en conséquence les lieux
privilégiés d’approvisionnement varient au cours de l’année. Dans l’approvisionnement de la
Capitale, en saison sèche des bovins proviennent du Sud, non seulement pour des questions de
disponibilité fourragère mais aussi parce que le manque de points d’eau rend difficile le
transport à pied depuis le Nord.
Source : enquête
Les marchés terminaux sont fréquentés par des chevillards spécialisés sur la vente en gros
dans les marchés urbains. Ils achètent surtout des bovins auprès des négociants, les font
abattre dans les abattoirs, paient les frais de transport, d’abattage, de taxes communales, de
patente et autres frais liés fonctionnement du marché. S’il y a des impayés au niveau des
différents créanciers, ce sont eux qui sont convoqués voire emprisonnés. Ils sont jugés seuls
responsables quand les bœufs se « perdent » ou que la viande est impropre à la
consommation. Ils revendent les quartiers aux bouchers détaillants ou spécialisés.
Le plus souvent, les chevillards sont aussi des bouchers : ils possèdent des tables de vente au
détail sur un ou plusieurs marchés. Du fait de cette forme d’intégration verticale, ils sont
parfois dénommés de « bouchers – grossistes ». Leur fonction dans la filière reste cependant
de faire le lien entre les détaillants de viande, l’abattage en prestation de service et les
commerçants de bétail, ce qui justifie la dénomination de chevillards.
Les bouchers constituent une autre catégorie de commerçants qui cumulent les fonctions de
commerçant, chevillard et boucher détaillant, mais dans un rayon géographique limité. Ils
achètent des animaux sur les marchés ruraux ou sur des marchés aux alentours des centres
urbains et abattent dans les tueries.
Les exportateurs sont des commerçants qui achètent des animaux de meilleure qualité sur les
marchés. La quasi-totalité des bovins exportés vers le Sénégal sont des bœufs. Il y a aussi un
réseau d’exportation vers la Guinée, la Sierra Leone et vers d’autres pays côtiers. Il prend 5 à
10 jours pour un exportateur de compléter un camion de 30 à 35 bœufs.
Le nombre élevé de commerçants à Gossi s’explique par la confusion due à la traduction du
questionnaire qui considère comme commerçants toutes personne qui vend ou achète du
bétail.
Le nombre d’animaux présentés pour la vente par semaine
Les animaux qui sont le plus souvent présentés sur les marchés sont les ovins/caprins. Ceci
s’explique par la représentativité des petits ruminants dans le patrimoine d’élevage des
ménages. Les petits ruminants sont vendus pour satisfaire aux besoins courants des ménages
(alimentation, habillement, santé, etc.).
Source : enquête
La variation du système d’élevage dans les zones étudiées influence le nombre de type
d’animaux conduits sur les marchés. Dans les zones plus au Nord (Gao et Tombouctou), les
petits ruminants sont plus nombreux, tandis que dans le delta les bovins constituent la
majorité.
Le contrôle sanitaire
La santé des animaux n’est contrôlée ni à l’achat ni à la vente sur les marchés. Cependant,
chaque année des campagnes de vaccinations sont organisées dans tout le pays et les
troupeaux vaccinés disposent de certificat qui leur permet de se déplacer.
Une fois un animal est destiné à l’exportation, le propriétaire doit disposer d’un certificat de
vaccination et d’un certificat de contrôle sanitaire. Ces certificats sont faciles à obtenir dans
tous les centres.
Conclusions
L’étude a montré qu’il existe plusieurs types de marchés. Sur certains marchés coexistent
deux types de gestion (traditionnelle et moderne).
Le système d’approvisionnement des marchés se fait à pied ou par camion. Le nombre de
camions sur un marché dépend de son accessibilité, de l’importance de l’activité d’élevage et
la disponibilité de camions.
Sur les marchés organisés, des frais d’entrée et de sortie des animaux sont payés par les
propriétaires et les commerçants et courtiers payent la carte de membre. Les fonds ainsi
collectés servent à payer des services de gardiennage, de réparation et de frais d’électricité.
Les marchés sont fréquentés par différents types de commerçants (commerçants, chevillards,
bouchers) ; les courtiers sont au centre des activités de transaction ce qui les rend
indispensables.
Les animaux sont vendus sans certificat sanitaire.

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