Discours de Nicolas SARKOZY - Conseil National de l`UMP

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Discours de Nicolas SARKOZY - Conseil National de l`UMP
DISCOURS DE NICOLAS SARKOZY
Conseil National de l’UMP
La Mutualité, samedi 7 février 2015
Mes chers amis. Je suis heureux de cette journée car nous avons
montré le visage d’une formation politique d’abord qui travaille, et je n’aime
pas l’idée que nous assurions la promotion de la valeur du travail sans nous
l’appliquer à nous-mêmes. Travailler ce n’est pas simplement parler, ce n’est
pas simplement s’occuper, c’est réfléchir, c’est s’analyser, c’est se remettre
en cause, c’est parfois reconnaitre ses propres erreurs. Une formation qui
réfléchit. Nous n’avons pas à nous précipiter sur la rédaction, la définition
d’un projet de gouvernement tout fait, préparé par des jeunes hauts
fonctionnaires de bac + 18 ne connaissant rien à la vie, et nous expliquant ce
que devrait être un programme type appliqué quel que soit le
gouvernement. Une formation qui débat.
J’ai mesuré toute cette semaine le plaisir d’être président d’une
formation qui débat, qui échange, qui assume ses désaccords, rien n’est pire
que la fausse unanimité, que la réelle hypocrisie, que des sourires construits
et l’incapacité de se retrouver une journée entière ensemble. Et à faire vivre
un mot qu’on n’utilise plus dans la vie politique et pourtant qui est tellement
important, le mot « respect », se respecter. Respecter ceux qui ont pris la
parole ou qui sont dans cette salle pour tout ce qu’ils ont apporté à notre
famille politique.
Vous savez j’ai eu bien des débats avec Jacques CHIRAC, j’ai eu bien
des oppositions avec Jacques CHIRAC ; chaque fois que Jacques CHIRAC a eu
une épreuve j’étais à ses côtés parce que je respecte ce qu’il a apporté à
notre pays, à notre famille politique, bien au-delà des désaccords que nous
avons eus.
Il y a deux ans, j’étais dans cette salle, et je ne pensais pas y revenir.
Et contrairement à ce qu’on peut imaginer cette salle elle me rappelle un
très bon souvenir. Parce qu’au fond j’ai compris que dans le succès nos
compatriotes voyaient la lumière, la chaleur, la force, et peut-être que dans
l’échec nos compatriotes voyaient la personne, l’être humain, toute une vie
au service de son pays. Et j’avais dit aux Français à ce moment-là : « pensez à
la France, pensez à son unité ». Eh bien aujourd’hui, alors que je suis revenu,
que vous avez bien voulu me faire confiance dans cette campagne que j’ai
aimé mener, pour laquelle je veux remercier Bruno LE MAIRE et Hervé
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MARITON de la qualité qu’ils ont mis dans cette campagne, je veux vous dire
« pensez à votre unité ».
J’ai pris en engagement. Je ne suis pas quelqu’un qui prend des
engagements à la légère, j’ai pris l’engagement que vous ne revivriez pas le
cauchemar de ces deux dernières années. Je n’en veux à aucun prix. Je ne
désigne aucun responsable. Je dis simplement que de ce cauchemar de nos
désaccords, de nos divisions, de nos haines, nous aurions pu ne pas y
survivre. La seule force organisée républicaine capable de conduire la France
dans les temps si graves que nous connaissons, c’est nous. Notre échec ne
sera pas notre échec ce sera celui de notre pays. Il n’y aura personne pour
remplacer le rôle irremplaçable qui est celui de notre formation républicaine.
Et par ailleurs, nos candidats, ceux des départementales François,
ceux des régionales, ne mériteraient pas nos divisions. Car eux ils sont sur le
terrain, ils ont pris un risque énorme, celui de s’engager. Quand on est
candidat, quand on fait de la politique et qu’on a un échec, c’est tout le
monde qui le connait cet échec.
Nous n’avons pas le droit pour nos candidats de nous diviser. Nos
électeurs, qui ont été si déçus, qui ont tant d’espérances, qui ont tant
soufferts de nos divisions, ne l’accepteraient plus. Oui Alain, il y a 30 % de
nos électeurs qui sont prêts à voter dans le Doubs pour le front national !
Mais moi je pense qu’ils ne sont pas décidés à voter pour le front national
parce que Marine LE PEN les séduit, parce qu’ils ont confiance en Marine LE
PEN, c’est parce qu’ils ont envie de nous adresser un message : « changer et
nous reviendrons ». Voilà peut-être le débat que nous avons à mener
ensemble.
Au fond, quant aux Français, y compris ceux qui ne votent pas pour
nous, ils nous regardent et ils nous jugeront à l’aune de notre comportement
dans la situation actuelle. Et je partage pleinement l’avis de Jean-Pierre
RAFFARIN. La situation est beaucoup plus grave qu’on ne le dit dans les
médias.
Et peut-être même que la situation est plus grave que nous le
pensons, un certain nombre d’entre nous.
La France est un magnifique pays Alain, mais la France est aussi un
pays qui est capable de se diviser, de se déchirer, qui a connu des guerres de
religion, qui a connu des horreurs, qui a connu une magnifique révolution qui
s’est terminée aussi dans la terreur. Il a fallu attendre un siècle pour que
nous passions de cette révolution à la République. C’est l’histoire de notre
pays qui est grand. Quand il y a un leadership grand et qui cède à bien des
démons lorsqu’il n’y a pas de leadership, lorsqu’il n’y a pas de courage et
lorsqu’il n’y a pas de volonté.
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Je le dis comme je le pense, nos différences ne sont pas un problème.
Si vous saviez d’ailleurs à quel point je me sens différent par moment. Mais
les différences ne deviennent un problème que si on refuse de les mettre au
service du collectif. Rien de ce que j’ai entendu ce matin ne m’a choqué et
pourtant il y a des biens des choses avec lesquelles je n’étais pas en accord,
parce que ces différences mises au service du collectif ça devient une
richesse. Le problème ne vient pas de nos différences, il vient des
conclusions que nous en tirons. Chacun s’exprime, chacun dit sa volonté,
chacun se bat pour son idéal. On vote, on fixe une ligne et ça devient la ligne
de tous. Voilà comment on construit un grand rassemblement où chacun a
envie d’y demeurer.
Ça demande un effort, Jean-Pierre a raison. Un effort pour respecter
celui qui ne pense pas tout à fait la même chose.
Je veux que tu saches Alain qu’ici tout le monde respecte tes
convictions. Ça demande aussi un effort réciproque pour que personne ne
cède à toutes les provocations. On n’est pas obligé de céder à toutes les
provocations et de répondre à tous les micros, à tout instant et à tout
moment.
Parce que comprenez la colère des militants, comprenez la colère
des adhérents, ils se disent : « moi je vais l’effort de m’engager et eux qu’estce qu’ils font ? ». Il s’agit de ne demander à personne de renoncer à sa part
de vérité, mais peut-être que cette part de vérité – et je prends toute ma
part – on peut l’organiser dans une expression un peu plus collective.
Je veux parler d’un mot qui n’est pas tabou ici, nos concurrences. Nos
concurrences ne sont pas une difficulté. Et ce n’est quand même pas moi qui
vais reprocher aux autres l’ambition. Mais à une condition, c’est qu’il y a un
calendrier, il y a un calendrier à respecter. D’abord les cantonales, ou
départementales qu’il faut gagner. Puis les régionales qu’il faut gagner aussi.
Puis les primaires que nous organiserons sereinement à la fin de 2016 et qui
ne doivent en aucun cas polluer le travail de fond qu’il nous faut engager
d’abord. Notamment sur le plan programmatique. Je me suis engagé à ce
qu’il y ait des primaires, il y aura des primaires. Et chacun portera ses
convictions. Mais ça ne doit pas nous empêcher de nous rassembler autour
des engagements qui seront les nôtres, quel que soit celui ou celle qui nous
conduira aux combats des élections présidentielles en 2017. Ou alors nous
n’avons rien à faire ensemble si nous ne sommes pas capables de définir un
ensemble commun d’engagements et de propositions pour redresser la
France, qui nous serons ces propositions communes.
Voilà donc ce qui me guide, ce qui m’inspire. Ce qui m’anime. Notre
unité. J’ai vu qu’on s’inquiétait que je ne sois mis en minorité dans notre
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famille politique. Je me suis dit : « dans le fond ne t’énerve pas, quand on est
président d’une famille on est son paratonnerre ». Ce que j’ai reçu, si ça
l’évite à ma famille, au fond, ça prouve qu’au moins j’aurais servi à cela. Mais
est-ce qu’on ne réfléchit jamais à quelque chose qui et simple, l’autorité,
c’est de savoir accepter une partie des idées de l’autre parce qu’on n’a pas
peur que ça vous remette vous-même en question. Le manque d’autorité
c’est la rigidité, c’est la certitude absolue, surtout d’avoir raison et penser
cette idée si fausse qu’entendre une partie de l’argumentation de l’autre
c’est remettre en cause son propre idéal.
Nous avons franchi cette semaine, croyez-moi, renforcé par rapport à
ce qu’il en aurait été si j’avais voulu passer en force, si je n’avais pas entendu
ce que les uns et les autres avaient à me dire, si je n’avais pas voulu que leur
part de vérité soit respectée. Je n’aime pas qu’on défende l’humanisme et
qu’on ait comme seule idée d’humilier celui qui pense comme pas tout à fait
comme nous. L’humanisme c’est comme le travail, nous devons le vivre pour
le faire partager à nos compatriotes.
Enfin, cette unité, j’ai bien conscience qu’elle ne suffit pas. C’est vrai
que l’UMP a été créée sur le rassemblement de la Droite et du Centre. Et je
dois porter cette vérité-là. Même si certains d’entre nous sont minoritaires.
D’après vous le rôle du président c’est de défendre ceux qui à un moment ou
à un autre sont minoritaires, pour qu’ils n’aient pas la tentation de s’en aller
et qu’ils sachent qu’ils ont leur place dans leur famille. Et naturellement
qu’on ne va pas choisir le moment où le front national est si haut pour
donner ce spectacle ridicule qui serait celui de la division entre la Droite et le
Centre. Ce serait naturellement irresponsable. Mais quand je dis Centre, je
dis un Centre qui est décidé à construire l’alternance avec nous, le matin, le
midi et le soir. Je ne dis pas un Centre qui dit « au moment des municipales
vote pour moi mais au moment des présidentielles je voterai pour eux » car
là on n’est plus dans l vérité, on n’est plus dans la transparence.
Je dirais même une chose, j’ai porté, parfois contre une majorité
d’entre vous, l’idée de l’ouverture ; mais attention nous sommes ouverts à
tous, à une condition, c’est que je veux entendre une analyse politique au
terme de laquelle ceux qui depuis quatorze ans votent toujours avec la
Gauche, reconnaissent qu’ils ont fait une erreur ! Que cette erreur c’était la
leur et pas la nôtre. A ce moment –là bienvenu à tous ceux qui veulent nous
rejoindre. La porte n’est pas fermée mais la porte est ouverte sur la vérité et
sur la lucidité.
Une fois cette unité garantie, elle n’est qu’un préalable. Elle n’est pas
une fin. Je n’ai pas envie de vous faire le discours convenu « au nom de
l’unité on oublie tout », parce que c’est trop facile et c’est trop fragile. Il y a
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le plat de résistance, le plat de résistance c’est la reconstruction, je dis
reconstruction d’un véritable corpus idéologique pour nous.
Nous ne pouvons pas nous en tenir au catéchisme du passé. Nous ne
pouvons pas nous en tenir à la seule réalité pendant des années, y compris
dans ma formation politique de base, le gaullisme, pendant des années j’ai
entendu qu’on n’était ni de Gauche, ni de Droite. Ça ne suffit plus. La
question n’est pas simplement celle d’arbitrer entre les socio-démocrates ou
les libéraux. Nous devons trouver des réponses fortes et nouvelles, parce
que c’est un point d’accord entre nous, mais il faut le souligner, la crise que
connait notre pays n’est pas une crise conjoncturelle. Cette crise François, je
partage ton avis, n’est pas une crise classique. Nous ne sommes pas
confrontés à une crise économique qui va se résoudre tranquillement avec le
retour de la croissance dont nous profiterons un petit peu de la part de nos
partenaires.
Nous sommes face à une profonde crise de confiance que les Français
expriment à l’endroit de toutes les institutions également jugées à leurs yeux
incapables d’apporter des solutions aux problèmes de notre époque.
Les Français voient l’impuissance de toutes les institutions à les
défendre. Et cette impuissance prêtée à ces institutions, nous compris, ouvre
la porte à la montée d’une colère dont la montée des extrêmes est le
symptôme.
Je veux employer des mots forts. Nous sommes face à une profonde
crise de notre identité et de notre civilisation qui emporte notre modèle
démocratique, qui emporte notre système politique, qui emporte notre
système économique. Nous ne pouvons pas nous en tenir à des réponses
classiques sur la seule question de la baisse des dépenses et de la baisse des
impôts, par ailleurs extrêmement nécessaire.
Face à ces périls, car ce sont des périls, l’alternance ne pourra pas se
réduire à la correction à la marge des politiques classiques. Notre projet ne
peut pas se cantonner à la gestion, aux compromis anciens, aux réponses
conjoncturelles.
Nous devons repenser notre modèle démocratique. Regardons les
choses en face. Qui aujourd’hui peut me dire que les administrations
centrales sont dirigées ? Elles n’obéissent depuis longtemps à plus personne.
Qui peut dire que Bercy obéît à son ministre ? Il faut vraiment ne jamais
avoir été à Bercy pour penser ça !
Qui peut me dire que la rue de Grenelle obéît aux circulaires du
ministre de l’Education nationale ? Il faut vraiment jamais avoir franchi les
portes du ministère de la rue de Grenelle pour penser à cela.
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Quant à notre système médiatique, il valorise les déclarations les plus
outrancières. Et voilà l’incohérence absolue, la démocratie a été conçue par
des gens de bon sens au service de la raison. Le niveau médiatique ambiant
est si élevé que les seuls qui sont audibles sont les propos les plus
outranciers et les comportements les moins démocratiques. Nous avons
besoin de repenser cela.
Et d’ailleurs je ne dis pas que c’est conscient, c’est beaucoup plus
sérieux que ça, je ne dis pas que c’est conscient, je ne dis même pas qu’il y a
un complot politique, c’est beaucoup plus grave que cela. Il y a tellement de
canaux d’information aujourd’hui qu’il faut bien les remplir et qu’on les
remplit avec ceux qui sont prêts à dire n’importe quoi, à n’importe quel
moment et n’importe quand. Et que dans ce brouhaha médiatique, où tout
le monde est inaudible, celui qui crie plus fort que les autres arrive à se faire
une place plus confortable que les autres.
La démocratie est détournée de son objet initial, cette question elle
se pose à nous. Les Français se sentent dépossédés de droit à la parole,
exigent de pouvoir s’exprimer directement. La question de la pratique du
référendum est clairement posée, j’ai entendu ce matin ceux qui étaient
pour le service militaire, n’est-ce pas Xavier ? J’ai entendu ceux, n’est-ce pas
François, qui voulaient défendre – et je peux les comprendre bien sûr –
l’armée professionnelle et de métier.
Il y a quelque chose que je n’ai pas entendu, l’erreur dans l’affaire de
la suppression du service militaire. Ce n’est pas le fond, il y a les arguments
d’un côté et les arguments de l’autre, c’est la méthode. Il fallait demander
l’avis des Français sur la suppression du service militaire, parce que c’était
clairement un sujet de référendum. Et si tel avait été le cas, la question
aujourd’hui ne se poserait pas du tout de la même façon. Nous ne pouvons
nous limiter à être des machines, mes chers amis, des machines à distribuer
des investitures, même si Christian ESTROSI et la Commission fait un travail
remarquable.
Des machines publiant à la veille de chaque élection une plateforme
électorale, composée encore une fois par des jeunes de grande qualité,
espérance retrouvée dans un cabinet ministériel, où ils discuteront avec des
directeurs d’administrations centrales qui étaient avant dans le cabinet
ministériel du ministre qui les a précédés, peu importe que ça ne soit pas la
même majorité.
Et d’ailleurs, il nous faut répondre en premier lieu à une question
essentielle, quelle société voulons-nous transmettre à nos enfants ?
Laquelle ? Parce que si nous ne donnons pas du sens à tout cela, nos
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propositions apparaîtront comme une succession
techniques, personne n’y croira et elles seront oubliées.
de
propositions
Moi, je veux une société où chacun sera libre d’aller au bout de ses
possibilités, de ses ambitions, de ses espérances, où nous aurons le courage
de dire que nous ne voulons pas de l’obsession du nivellement de
l’égalitarisme, où l’ambition pour chaque jeune de France ce n’est pas
représenter un modèle, c’est d’être lui-même même s’il est différent.
La démocratie, je souhaite qu’on le dise, ne doit pas se confondre
avec le communautarisme, et les droits des minorités systématiquement
mises en avant et qui aboutit à ce que ça soit la majorité qui se sente
minoritaire au nom du droit des minorités à être défendues. Voilà le résultat,
ce n’est pas la société dans laquelle nous devons vivre. Au nom de la défense
des minorités, voilà que le majoritaire doit s’excuser de ne pas appartenir à
une des minorités qu’on lui présente comme autant de modèle et
d’exemple.
La République ne peut plus continuer à être confondue avec le
laxisme. L’économie de marché à laquelle je crois profondément ne peut
plus continuer à être confondue avec le laisser-faire au nom du marché. Le
capitalisme, le mot n’est pas un gros mot car franchement, on n’a rien
inventé de mieux que l’économie de marché, surtout quand on le compare
au marxisme et aux ravages de cette idéologie qui a créé des millions de
morts à travers son histoire. Mais l’économie de marché, nous ne pouvons
plus accepter qu’il soit confondu avec la spéculation.
L’ouverture, l’ouverture de nos marchés, la libre circulation à laquelle
je crois ne peut pas être confondue avec l’abandon systématique de la
défense de nos intérêts, ce ne sont pas les mêmes idées, ce ne sont pas les
mêmes convictions.
Dans le même esprit, nous devons revendiquer des valeurs que
nous avons pu oublier dans le passé, moi je veux qu’on défende le droit de
propriété de propriété parce que pour moi, la propriété c’est la garantie de
la liberté. Ce n’est pas du vol, c’est une différence essentielle avec ceux qui
ne partagent pas notre combat politique le droit de propriété.
Comme c’est intéressant, la première convention que nous allons
organiser avec Nathalie, ça sera sur le logement. Eh bien ! Je voudrais que
pour une fois, on ne parle pas simplement du logement social, mais du droit
de nos compatriotes de devenir un jour propriétaires de leur logement, de
cette ambition de chaque famille de France de pouvoir se dire : si je suis
propriétaire de ma maison ou de mon appartement, même s’il est petit, il ne
pourra rien m’arriver. Et finalement de renoncement en renoncement quand
on parle du logement, on vous explique qu’il faut de la mixité sociale, bien
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sûr, qu’il faut des logements sociaux, bien sûr, mais on oublie l’essentiel c’est
qu’avoir un toit sur sa tête c’est une ambition légitime dans une économie
de marché qui croit au droit de propriété.
Le refus de l’assistanat, je me souviens du scandale qu’avait provoqué
Laurent WAUQUIEZ lorsqu’il a dit à juste titre : plus d’Allocations sans
obligation au service de la société. Nous n’avons pas affaire à des
consommateurs, nous avons affaire à des citoyens et la différence entre un
consommateur et un citoyen, c’est que le consommateur vient à un guichet
pour demander quelque chose, le citoyen accepte l’idée qu’il a des droits
mais qu’il a aussi des devoirs. Nous avons démissionné de ce point de vue
dans les valeurs de la société que nous voulons.
Je voudrais que soit remis à l’ordre du jour l’incarnation de l’ordre,
l’ordre par opposition à la pagaille, l’ordre parce qu’il protège, l’ordre qui
n’est pas un élément qui prive de liberté mais qui, au contraire, garantit la
liberté. Je dis l’ordre, je ne dis pas l’autorité, c’est autre chose, parce que
dans l’angoisse que connaissent nos compatriotes, il y a le sentiment qu’il n’y
a plus d’ordre, il n’y a plus d’organisation, plus rien ni personne ne respecte
rien ni personne.
L’amour de la France, on n’est pas passéiste quand on défend cela ; la
famille qui, contrairement à ceux qui n’y comprennent rien, n’est pas un
choix politique conservateur, bourgeois, passéiste, mais l’homme n’est pas
fait pour vivre seul et la famille c’est la réponse à toutes les angoisses
existentielles de l’homme. La famille n’est pas un choix, la famille c’est une
identité, alors défendons cette famille-là qui peut avoir plusieurs formes
La promotion de notre langue, ce n’est pas parce qu’on souhaite que
nos enfants parlent l’anglais qu’on doit nous-mêmes abandonner le français.
La promotion de notre culture, nous sommes les héritiers d’une culture
extraordinaire. Cette culture ne doit pas être la dernière page d’un projet
mais le cœur, parce que la culture est la réponse à la crise identitaire. Et
peut-être que j’ai fait une erreur lorsque j’ai lancé le débat sur l’identité
nationale, je crois que ce débat était nécessaire. Et quand j’entends
aujourd’hui parler du mot « identité » à toutes les phrases, je me dis que ça a
servi à ça. Mais je n’aurai pas dû rattacher le débat sur l’identité nationale au
ministère de l’Immigration, j’aurai dû le rattacher au ministère de la Culture,
parce que l’identité est d’abord une question culturelle.
Alors cette question de méthode entre nous, nous devons d’abord
tracer une perspective avant d’élaborer un programme, parce que le
programme est affaire de circonstances, la perspective est affaire d’identité.
Et dans cette identité, nous devons fixer une ligne de partage fondamentale,
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et c’est un débat essentiel que nous devons avoir entre nous : volontarisme
ou ralliement à l’idéologie de l’impuissance publique.
Nous devons affirmer que la politique peut et doit vouloir quelque
chose dans le monde tel qu’il est. Je refuse de décharger la politique de
toutes ses responsabilités, pour m’abriter derrière le marché, les autorités
indépendantes, indépendantes de qui ? Le gouvernement des experts,
experts de quoi ? Le gouvernement des juges responsables devant qui ? La
tyrannie des traders, la permanence des bureaucrates sans aucune légitimité
démocratique, quoi sert-il de faire de la politique si au final on pense qu’elle
ne sert à rien ? J’ai beaucoup apprécié le travail d’Anne LEVADE, qui est une
femme remarquable et de l’autorité indépendante.
Mais comment vous dire de notre parti combien j’ai été étonné de
voir que nous-mêmes, nous étions gagnés par la folie des autorités
indépendantes ? Moi, si on m’avait dit « la régularité de l’élection, elle sera
garantie par des responsables politiques de ta famille », j’avais confiance. Je
n’aime pas cette habitude qui a été prise de dire « on se méfie des politiques
mais on ne se méfie pas des experts », pourquoi, parce qu’ils ne font pas de
faute ?
On se méfie des politiques mais on ne se méfie pas des autorités
indépendantes. Regardez la situation de la téléphonie mobile aujourd’hui,
après 10 ans d’autorité indépendante, et lorsqu’il s’agit de faire changer
d’avis parce qu’il y a des problèmes d’emploi et qu’il faut arbitrer cette
question profondément politique, entre le consommateur et le producteur,
c'est l’autorité indépendante qui va faire cet arbitrage, ou c’est le politique
responsable devant le peuple de France qui doit le faire ? Pour moi, c’est le
politique et personne d’autre.
Alors oui, nous voulons conserver ce qui permet à un peuple de
choisir son destin, d’écrire sa propre histoire. Nous voulons conserver
l’indépendance nationale, y compris dans l’affaire russe et ukrainienne, nous
n’avons pas à obéir aux demandes de nos amis américains. Ils ont déjà bien
assez de problèmes à gérer, qu’ils ne s’occupent pas de cela.
La prééminence de la souveraineté populaire sur tout le reste, le
peuple peut se tromper mais quand il se trompe, c’est le peuple qui décide,
donc cette erreur-même elle est légitime, par rapport à qui et le remplacer
par rapport à quoi ?
Les frontières, l’Etat, ce qui n’est en rien contradictoire avec notre
attachement à l’idéal européen et notre appartenance à la civilisation
européenne, je veux rappeler que dans cette civilisation, il y a des racines et
que ces racines pour moi, elles sont chrétiennes et que lorsqu’on a refusé
d’inscrire ces racines dans la Constitution européenne, on a fait une erreur
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parce qu’on a donné à penser à des millions de nos compatriotes que
l’Europe risquait de mettre en cause leur identité.
Nous voulons l’Europe et la nation, les deux ensemble, pas l’une sans
l’autre, pas l’une contre l’autre. Et nous sommes attachés à ce qui donne à
un peuple la conscience d’une destinée commune, une culture assumée car
elle est notre bien le plus précieux.
Un mode de vie, je veux parler de cette question du mode de vie,
parce que ce mode de vie, il ne vient pas de nulle part, il est hérité de nos
grands-parents qui l’ont transmis à leurs parents… à nos parents et nous,
nous voulons le transmettre à nos enfants. Nous ne voulons pas renoncer à
ce mode de vie qui ont été transmis par nos parents et que nous voulons
transmettre à nos enfants, à aucun prix, d’aucune façon parce que le mode
de vie à la française, c’est l’histoire de France qui a permis de le définir, et
c’est aux Français de décider si on en change ou pas et à personne d’autre.
Une école, une école capable de transmettre un idéal humain, qu’estce que c’est qu’un idéal humain ? Eh bien ! C’est un lieu, l’école où on va dire
que la vie n’est pas une marchandise, qu’elle est unique, qu’elle est
mystérieuse, qu’elle doit être respectée parce qu’elle est digne. Parce que si
vous le croyez, la vie il y a une transcendance, si vous ne croyez pas il y a un
mystère, mais la vie n’est pas du domaine de l’économie de marché. Une
école où il y a une morale, morale républicaine, la morale républicaine ce
n’est pas l’ordre moral, c’est un endroit, un lieu où on explique que le bien et
le mal ce n’est pas la même chose, que tout ne se vaut pas.
Une école où on transmet l’amour de son pays, ce n’est pas ringard,
ce n’est pas conservateur, ce n’est pas droite que de dire qu’il y a un drapeau
tricolore. Avec tant de Français qui sont morts pour ce drapeau tricolore et
qu’en souvenir de ces morts qui sont toujours actuels, on doit respecter le
drapeau parce qu’en respectant le drapeau et l’hymne, on respecte ceux qui
sont morts pour que le petit jeune d’aujourd’hui d’où qu’il vienne puisse
vivre libre et aller à l’école. C’est ça la morale républicaine.
Et puis des racines, des racines rappelées aux nouvelles générations
de Français. Mais quelle inversion formidable des valeurs que de penser que
parce qu’on est un Français de la dernière génération, qu’on vient d’ailleurs,
bienvenu, tant mieux, on n’avait pas à se préoccuper de la transmission des
racines du pays qui vous accueille. Mais si vous ne transmettez pas les
racines aux derniers qui arrivent du pays qui vous accueille, comment voulezvous épouser, comprendre, aimer le pays qui vous accueille.
En renonçant à la transmission des racines et de l’histoire et de la
langue et de la culture, on renonce à la transmission tout court. Comment
s’étonner que ces jeunes-là ne partagent rien si on ne leur donne rien à
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partager. Et qu’est-ce qu’il y a à partager si ce n’est la culture, la morale
républicaine, le mode de vie, la langue qui est la nôtre ?
Alors nous aurons des débats entre nous encore, le débat sur le
progrès et j’étais heureux d’entendre François en parler, parce que moi je
veux qu’il ait la première place dans notre société. Je suis fasciné de la
dégradation complète des valeurs, toute ma vie j’ai entendu mes parents
espérer d’un progrès, toute ma vie j’ai vu des familles où on disait « tu
verras, tu auras la chance de vivre dans un monde formidable, où grâce au
progrès vous vivrez plus longtemps, vous découvrirez l’espace ». Et voilà
maintenant que dans une régression intellectuelle comme rarement on en a
connue dans notre pays, le progrès est devenu une menace alors que le
progrès est une espérance. Voilà ce que je voudrais que nous portions nousmêmes.
Et voilà ces pauvres socialistes dont l’histoire… c’était l’histoire du
progrès social qui sont devenus par une alliance contre-nature avec des
écologistes qui n’en ont que le nom les adversaires du progrès. Alors ce qui
ne doit pas nous empêcher de réfléchir aux grandes questions, et ces débats
nous les aurons. Quelle croissance voulons-nous, quelle part dans la
croissance voulons-nous donner à la marchandise et à l’humain ? Quelle part
dans la croissance et dans la société que nous allons construire, nous
laisserons à ce qui ne s’achète pas, à ce qui ne vend pas, à ce qui est de
l’ordre de la marchandise ?
Toutes ces recherches ne se réduisent pas à la question de la fiscalité,
essentielle, mais il y a une part qu’on n’achète pas et qu’on ne vend pas.
Quel est le bon équilibre entre la production et la protection de
l’environnement ? Quel est le bon équilibre entre le principe de précaution
et celui de la responsabilité ? Je sais que c’est des débats qui nous
traversent, nous aurons ces débats, faites-moi confiance, mais je veux qu’on
les ait vraiment, qu’on aille au bout des raisonnements, et qu’on ne s’en
tienne pas à des slogans où hier parce qu’on voulait faire environnemental
on allait très loin, et aujourd’hui parce qu’on voudrait défendre plus de
liberté on irait très loin dans l’autre sens.
J’ai une autre idée de la complexité des problèmes qui se posent à la
société française, pour que notre formation politique aille d’un extrême à
l’autre sans réfléchir. Alain, ne te trompes pas, jamais je ne chercherai à
copier des gens pour qui je n’ai pas de respect, je pense aux dirigeants du
Front National. Mais en même temps, jamais je ne renoncerai à évoquer des
questions essentielles au prétexte qu’ils en ont parlé mal. Ce n’est pas parce
qu’ils en ont parlé mal que le problème ne se pose pas quand même. Voilà la
différence que nous devons assumer entre nous.
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Je vous demanderai de trancher ces questions, des questions
extrêmement difficiles sur notre politique d’immigration, sur la question de
l’islam, sur l’assimilation ou l’intégration, nous aurons des désaccords mais je
ne veux pas de faux débats. Et d’ailleurs, nous allons prendre la question de
l’islam et de la République avant toutes les autres questions, pour qu’elle ne
pollue pas (cette question) nos débats sur l’immigration, sur l’intégration et
sur l’assimilation. Je ne fais pas confiance aux autres pour apporter des
réponses, nous prendrons les contacts qu’il faut, vous aurez à voter sur des
textes ambitieux, il n’y aura pas d’ambiguïté.
On me parle de la loi Macron alors qu’on a des problèmes de cette
importance. Il est bien sympathique ce monsieur MACRON, je n’ai jamais vu
quelqu’un qui battait sa coulpe aussi régulièrement que lui. Au début j’ai dit
« tiens ! C’est intéressant », et puis quand j’ai vu que ça devenait un
système, je me suis dit « ça doit être un truc chez lui », le matin il s’excuse de
ce qu’il a dit la veille. Alors si je comprends bien, le problème aujourd’hui
c’est les notaires, les huissiers, les avocats, les médecins. Mais à quel
moment ai-je entendu parler des ouvriers du livre CGT qui ont cassé la
presse écrite française ? A quel moment se sont-ils attaqués aux dockers de
la CGT qui ont ruiné la totalité des ports de France, alors que nous avons 3
façades maritimes ? A quel moment ai-je entendu monsieur MACRON dire à
monsieur HOLLANDE « ce fut une erreur que d’annuler le jour de carence
qu’avec François FILLON nous avions imposé pour lutter contre
l’absentéisme » ?
Naturellement, il y avait tant de choses à dire et je n’abuserai pas de
votre patience. Un mot cependant sur le Code du travail, sur le Code des
impôts, sur le Code de l’urbanisme, sur le Code du logement. Je ne pense pas
qu’il faut les alléger, je pense qu’il faut les réécrire de fond en comble, car je
ne crois plus à la stratégie de l’allègement.
De la même façon pour Schengen, c’est un point peut-être de
désaccord que nous avons, je ne crois pas à la possibilité de modifier
Schengen en restant dans le système de Schengen, car le système est
tellement fort qu’il vous digère. A la fin de 3 jours de discussions épuisées,
on vous pond un texte qui a comme caractéristique de satisfaire tout le
monde, de pouvoir dans toutes les conférences de presse dire « on a gagné »
et à l’arrivée qui ne change rien. La vérité, c’est qu’à force d’empiler les
réglementations, on ne protège rien ni personne de ce qu’il faut bien appeler
aujourd’hui une tyrannie administrative sans tête, sans volonté mais qui tue
toute capacité d’initiative dans notre pays.
Je sais qu’il va falloir nous garder d’accroître les désordres par la valse
des réformes et des contre-réformes, sous l’injection de tous les
corporatistes. Et pourquoi je veux qu’on commence par le logement cher
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Marc-Philippe DAUBRESSE, parce que c’est l’exemple même de
professionnels qui tant de fois nous ont dit « prenez telle ou telle mesure »,
qui accroissait la complexité du système et qui à l’arrivée nous disent « on ne
comprend plus rien à nos systèmes » qui devient complexe à la suite de
toutes les exonérations qui finissent par s’empiler. Notre projet contiendra
peu de réformes mais des grandes réformes, plus structurelles, plus
prioritaires et plus décisives.
Mes chers amis, cette journée fut une journée pour moi
extrêmement émouvante, on voulait en faire la journée de nos divisions. Sur
le Front National, je vais vous dire une chose, je n’ai pas l’intention de
prendre des leçons en la matière, car je veux combattre et le Front National
et ceux qui font monter le Front National.
Quand madame LE PEN s’est abstenue entre François HOLLANDE et
moi, pour faire barrage à ma candidature en 2012, je n’ai pas entendu
monsieur François HOLLANDE exprimer son bouleversement parce que
madame LE PEN s’abstenait. Je lui demande de la pudeur, lorsque nous
avons décidé que ça ne serait ni le Front National ni le Parti socialiste.
Enfin… oui et je partage ce point de vue avec Jean-Pierre, avec
François, avec Alain, il va falloir demander aux Français le mandat le plus clair
possible, car rien ne serait pire qu’une élection gagnée sur des ambiguïtés et
sur des malentendus. Chaque jour montre les conséquences désastreuses du
mensonge en politique. Ma conviction est faite, on ne répond pas aux
mensonges d’hier de la gauche, parce qu’ils seraient les mensonges
d’aujourd’hui de la droite ou même ses approximations. Clarté et sincérité
seront nos boussoles.
Dans les échéances majeures qui nous attendent dans les 2 années
qui viennent, je compte sur votre engagement, je compte sur votre
mobilisation. Vous l’avez compris, on est dans un système où il va falloir se
battre sur notre droite, se battre sur notre gauche et je ne dis pas sur le
reste. Mais mes chers amis, si vous n’aviez qu’une chose à retenir, c’est
l’image que nous avons donnée, mais peut-être c’est cela, quand la politique
veut, elle peut beaucoup. Voilà ce que nous avons l’ambition de démontrer,
voici ce que vous devez avoir l’ambition de vivre dans votre combat des
départementales.
Et si vous me le permettez, vive la République, vive la France et vive
l’Union pour un Mouvement Populaire.
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