Texte de Frédéric Mitterand Après avoir découvert les premières

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Texte de Frédéric Mitterand Après avoir découvert les premières
Texte de Frédéric Mitterand
Après avoir découvert les premières photographies que Véronique Ellena
dévoilait devant moi d’un geste à la fois doux et volontaire, bien conforme
à ce que je devine de la générosité de son caractère et de la qualité de
son regard, je n’ai pu m’empêcher de repenser au cinéaste Paradjanov
que j’ai toujours profondément admiré. Peut-être à cause de la grenade,
ce melograno tellement savoureux mais qui s’ouvre comme une blessure,
dont Véronique Ellena saisit la beauté sensuelle et dont le cinéaste
arménien disparu avait fait le coeur d’un de ses plus beaux films, Sayat
Nova, «"La couleur de la grenade"».
Les artistes que l’on aime se ressemblent surtout par les émotions qu’ils font
naître en nous et je laisse aux érudits le soin de confirmer ou d’infirmer ce
que j’ai ressenti très instinctivement en regardant les si belles photographies
de Véronique Ellena. Pour ma part je suis heureux d’avoir pu placer
d’emblée cette jeune femme qui a si bien mis à profit son séjour à la Villa
Médicis à côté du vieux maître caucasien dont personne ne parvint à
étouffer la soif de liberté ni à denier la manière infiniment poétique dont il
observait les choses les plus humbles ou les plus insolites et dont il les
associait à de simples décors teintés de discrète mélancolie. Et le fait qu’un
autre artiste dont j’aime également l’oeuvre avec autant de ferveur
admirative, Christian Lacroix, place Véronique Ellena parmi ses
photographes de prédilection, ne fait que confirmer pour moi le sentiment
qu’elle appartient tout à fait à mon jardin secret. Mais comme chacun sait,
les jardins secrets sont faits pour être partagés et c’est donc avec honneur
que j’envisage de voir beaucoup d’autres visiteurs se laisser séduire par les
photographies de Véronique Ellena et choisir à leur tour les artistes qui
l’accompagneront dans leur coeur.
Automne 2008

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