Un jardin à ton image - La pluie maintenant! Manquait plus qu` çà
Transcription
Un jardin à ton image - La pluie maintenant! Manquait plus qu` çà
Un jardin à ton image - La pluie maintenant! Manquait plus qu’ çà » bougonna intérieurement l’officier de police Fernand Delaporte en se redressant sur le siège de la voiture. Il tendit machinalement la main vers la commande de l’essuie-glace mais retint son geste. Il planquait maintenant depuis plus de deux heures en lisière des blocs de HLM. Ce n’était pas un de ces ensembles géants de barres et de tours dont les parkings sont jonchés d’épaves mais une série de petits immeubles datant de la fin des années cinquante dont l’arrangement tenait plus de la caserne que d’un urbanisme moderne. Néanmoins pas question de stationner dans les allées entre les bâtiments, la voiture de police pourtant banalisée serait immédiatement repérée. Mais il connaissait tous les recoins de cette ville où il était en fonction depuis si longtemps. Il avait donc choisi soigneusement un emplacement dans une ruelle de la zone pavillonnaire voisine qui lui procurait un point de vue dégagé sur le principal accès à la cité. Pour l’instant il faisait chou-blanc, son gibier ne se montrait pas, les grosses gouttes qui constellaient maintenant son pare-brise et le soir qui tombait condamnaient sa surveillance à l’échec. Et pourtant il s’obstinait. Il était d’ailleurs d’un naturel particulièrement entêté, surtout quand il avait le sentiment que les petits délinquants à qui il avait habituellement affaire jouaient au chat et à la souris avec lui. Or il avait vaguement l’impression que Sedhou se fichait lui. Sedhou et lui étaient de vieilles connaissances. Le jeune homme appartenait à une famille d’origine malienne. Venu en France à l’adolescence dans le cadre du rapprochement familial, il avait suivi le parcours malheureux de beaucoup de ses semblables : l’échec au collège, l’école que l’on quitte sans qualification professionnelle, les petits boulots pas toujours déclarés, les salaires de misère pas toujours payés … La cité, les copains constituent alors son refuge naturel quand les coups durs surviennent : le décès du père puis de la mère, les frères et sœurs qui quittent le foyer pour s’établir tant bien que mal, et lui qui reste seul avec sa sœur aînée, aide-soignante dans un hôpital voisin. Alors, coincé entre cette tutelle que sa fierté masculine a du mal à admettre et les tentations des combines et des petits trafics, Sedhou ne résiste pas longtemps. Cambriolages, recels, revente de drogue, bagarres entre bandes il devient vite un multirécidiviste et sa photographie figure désormais en bonne place dans l’album des suspects que l’officier Delaporte présente systématiquement aux victimes des petits délits. Mais comme il est jeune, plus souvent complice qu’instigateur des méfaits, qu’il ne commet aucun acte violent et surtout qu’il ne montre aucune arrogance, Delaporte ne parvient pas à nourrir une vraie animosité à son égard, pas plus qu’une quelconque indulgence d’ailleurs, car Delaporte reste un policier zélé, mais plutôt une commisération résignée chaque fois que Sedhou retombe dans ses filets. Peut-être aussi un vague sentiment paternel car Delaporte a un fils à peu près du même âge, qui vit avec sa mère et dont il a rarement des nouvelles, ce qui lui cause une inquiétude diffuse qu’il s’efforce d’oublier. Les magistrats non plus ne font pas preuve d’une sévérité particulière et les rappels à la loi, les travaux d’intérêt général, les peines de principe pas toujours effectuées s’enchaînent. Jusqu’au soir de l’hiver dernier où la BAC, alertée par un vigile, interpelle en flagrant délit deux cambrioleurs chevronnés alors qu’ils quittaient l’entrepôt qu’ils venaient de visiter, et Sedhou qui était censé faire le guet ! En comparution immédiate, les juges excédés par la liste interminable de ses récidives ne se montrent plus indulgents : prison ferme, incarcération immédiate. Et Sedhou, résigné, menotté quitte le tribunal entre deux gendarmes pour l’univers hostile de la maison d’arrêt. Comme sa population de délinquants se renouvelait sans cesse, l’officier Delaporte l’aurait sans doute oublié. Mais quelques semaines plus tard un petit trafiquant qu’il venait d’interpeller et dont il tentait d’obtenir des informations contre la promesse d’une hypothétique indulgence, lui avait servi une fable embrouillée où se mêlaient le retour de Sedhou, sa nouvelle compagne, ses déplacements mystérieux en dehors de la cité et les volumineux colis qu’il rapportait. Habitué aux légendes que ses indicateurs n’hésitaient pas à broder pour s’attacher ses bonnes grâces, Fernand Delaporte ne lui accorda sur le moment qu’une attention minimale. Mais il nourrissait inconsciemment un obscur ressentiment vis-à-vis de Sedhou pour s’être fait prendre par ses collègues de la BAC et alimenter ainsi à son détriment l’éternelle rivalité entre services de police. Son instinct de chasseur reprit le dessus et il décida de procéder à quelques vérifications. Il apprit ainsi que Sedhou avait été libéré quelques semaines auparavant suite à une remise de peine pour bonne conduite, que, de retour chez sa sœur, il y avait trouvé une jeune fille que celle-ci hébergeait. Ses contacts confirmèrent effectivement les allers et venues mais aucun ne fut capable d’en expliquer la raison. Et voilà comment il se retrouvait, dans l’obscurité, engoncé dans cette voiture qui puait le tabac froid et où il commençait à geler, à écarquiller les yeux pour tenter de distinguer une silhouette malgré les phares des voitures qui l’éblouissaient. Alors qu’il allait renoncer, Fernand eut un brusque sursaut : pas de doute, cette haute taille un peu voûtée, cette démarche dégingandée, Sedhou était bien de retour. Il avait rabattu la capuche de son sweat-shirt apparemment plus pour se protéger de la pluie que pour se dissimuler, car il ne faisait guère d’effort pour être discret, coupant au plus court sous la lumière des lampadaires plutôt que de profiter des zones sombres. Il portait dans chaque main un de ces sacs en toile plastique renforcée que les supermarchés fournissent désormais et qui semblaient fort lourds. Sans un regard autour de lui il s’engouffra dans le hall de son bloc. Fernand était si perplexe qu’il prit un certain temps avant de remettre le contact ; la jeune femme inconnue, les allers et venues, les lourds colis voilà qui sentait bien le trafic à plein nez mais les trafiquants ne transportent pas leurs produits à pied et font généralement preuve de bien plus de discrétion. A moins qu’ils ne soient décidemment bien sûrs de leur impunité. Avec un soupir qui exprimait autant son incrédulité devant tant d’audace que sa résignation face à un scénario qui paraissait écrit d’avance, il quitta son poste de guet. Dans sa tête il planifiait déjà les prochaines phases de son enquête : filer Sedhou pour trouver sa destination, identifier ses contacts et à l’occasion d’un prochain échange, interpeller tout ce petit monde en flagrant délit et les envoyer quelques mois à l’ombre. Il tenait sa revanche sur la BAC ! Mais l’affaire ne se révéla pas aussi simple qu’il avait pu l’imaginer : d’abord pendant plusieurs jours Sedhou ne se montra pas ou se contenta de petits trajets dans le voisinage : le supermarché, le bistrot PMU et les quelques personnes qu’il rencontrait étaient toutes des voisins ou des relations déjà connus de Delaporte et de ses collègues. Puis, alors qu’un certain agacement commençait à affecter l’équipe, et qu’enfin il se décida à partir pour une de ces mystérieuses escapades, ce fut pour les mener jusqu’à l’arrêt des bus ! Pas question de le suivre avec la voiture de patrouille trop facile à identifier à chaque arrêt, pas question non plus de monter : Sedhou connaissait à peu prés tout le personnel du commissariat ! Ce fut à un jeune auxiliaire fraîchement recruté agissant en civil qu’il incomba de trouver la destination de Sedhou : tout simplement une station de RER. A l’alerte suivante, Delaporte en personne guettait Sedhou directement à la gare et à l’abri dans la foule il le suivit dans les couloirs. Mais il dut à nouveau prendre des précautions particulières car, à sa grande surprise, alors qu’il s’attendait à le voir se diriger vers la métropole, Sedhou attendait la rame dans le sens inverse, vers la grande banlieue, sur un quai presque désert. Pendant tout le trajet, à chaque arrêt, Delaporte dut s’assurer par des coups d’œil furtifs que Sedhou ne descendait pas. Il craignait qu’il ne quitte soudainement la rame au moment où les portes se ferment et qu’il ne soit obligé de le laisser filer. Mais rien ne se produisit et c’est au terminus que Sedhou descendit, obligeant à nouveau Delaporte à des ruses de Sioux car il n’y avait que quelques voyageurs qui les accompagnaient. Ils se trouvaient à présent dans un petit bourg qui marquait l’extrême limite de l’agglomération ; une coquette petite église, une halle ancienne, une placette pavée devant la mairie, le décor collait de moins en moins avec les hypothèses que Delaporte échafaudait. La filature se compliqua encore quand, après les ruelles du centre, Sedhou emprunta une avenue déserte bordée de pavillons, accompagné seulement de l’aboiement des chiens de garde. Delaporte, à son passage, eut droit au même concert. Mais alors qu’il s’imaginait être rapidement démasqué, loin devant lui, Sedhou poursuivait obstinément son chemin sur une petite route de campagne encaissée entre ses talus. Delaporte reprit espoir : la fermette isolée, on revenait au schéma classique de la planque discrète. Mais quand la route qui s’élevait doucement parvint au niveau du plateau il ne put apercevoir aucun bâtiment à l’horizon. Des champs, des haies mais plus de Sedhou qui semblait avoir bel et bien disparu comme s’il avait emprunté une porte dissimulée dans un décor de théâtre ! Delaporte jura à voix haute et pressa le pas pour tenter de le rattraper .Mais la chaussée rectiligne était déserte. Delaporte comprit quand il dépassa une haie qui recoupait la route. Elle dissimulait un petit chemin qui s’embranchait en bordure de champ. Il s’y avança et après quelques dizaines de mètres atteignit une parcelle divisée en petits jardinets. Chacun d’entr‘eux était soigneusement clôturé mais par des dispositifs assez disparates : barrières de bois, grillages, grilles de récupération .Sans doute n’étaient-ils surtout fréquentés qu’en fin de semaine et les jardiniers devaient craindre à la fois les pillards et les dégâts des nuisibles .Mais ces précautions paraissaient aujourd’hui un peu dérisoires car les jardinets étaient déserts. Certains lopins présentaient un aspect soigné, les mauvaises herbes éliminées, les semis délimités, les bordures fleuries ; d’autres par contre étaient carrément en friche. Qu’est-ce que Sedhou pouvait bien fabriquer dans un pareil endroit ? Qu’il se soit mis à la culture du cannabis passe encore mais les gros colis d’où pouvaient-ils venir ? Il ne stockait quand même pas sa production dans un de ces petits cabanons en tôle pour les plus rutilants, mais plus généralement en bois et toile goudronnée beaucoup plus défraîchis ? De plus en plus perplexe Delaporte se dissimula derrière une de ces constructions et chercha à le localiser. Il passait la tête à l’angle de la cabane quand une voix derrière lui le fit sursauter. - Chef ? Qu’est-ce que vous faites là ? » Delaporte se retourna brusquement en se cognant aux planches mal équarries, Sedhou était devant lui, les yeux arrondis par la surprise faisant deux cercles blancs dans son visage sombre. Il portait un arrosoir dans chaque main. Exaspéré par l’attente et furieux de s’être fait surprendre Delaporte bondit sur le jeune homme, le saisit au collet et le plaqua contre les planches de la cabane. Sous le coup de la surprise celui-ci lâcha ses arrosoirs qui se renversèrent sur les pieds de Delaporte. Le policier au comble de la fureur lui retourna les bras dans le dos et le menotta malgré ses protestations. -Mais vous faites quoi, là, chef ? J’ fait rien de mal ! » -Je n’te conseille pas de continuer à te foutre de moi, Sedhou –lui souffla Delaporte juste dans le creux de l’oreille- D’abord tu trimballes des colis aussi lourds que toi dans la cité, ensuite tu nous balades jusque dans ce coin paumé, enfin tu t’introduis comme chez toi dans ces jardins privés. Il va falloir expliquer mon bonhomme. Allez, viens, tu vas me faire faire le tour du propriétaire .Et arrêtes de m’appeler chef, j’suis pas gendarme ! » Et le décollant sans ménagement de la paroi de la cabane, il poussa le jeune homme devant lui en pataugeant dans la flaque que le contenu des arrosoirs avait formée. Complètement abasourdi, Sedhou tentait de se retourner pour parler en face au policier, en trébuchant sur le sol inégal. -J’peux tout expliquer ch…,m’sieur D’laporte. J’fais rien de mal .C’est les patates, rien que les patates ! » A bout de patience mais aussi de plus en plus perplexe, Delaporte le fit asseoir sur un banc de fortune et écouta son histoire. -Quand y m’ont libéré, çà n’allait pas m’sieur D’laporte. La prison c’était vraiment très dur, très très dur. J’suis pas comme les autres là-bas, toujours les menaces, j’avais peur , tout le temps peur. J’voulais surtout pas y retourner mais qu’est-ce que j’pouvais faire ? Et puis ,avec Aminata, on était trois maintenant chez ma sœur, c’était trop dur pour vivre avec seulement sa paie. Et v’là qu’un jour, en rentrant dans l’immeuble, j’trouve le vieux Martinez par terre affalé sur son palier d’vant sa porte. » Delaporte connaissait Martinez : un vieil employé municipal en retraite veuf depuis longtemps, qui habitait la cité depuis sa construction, qui n’avait jamais voulu la quitter même quand, petit à petit, des familles immigrantes avaient remplacé les occupants d’origine et qui vivait plutôt en bonne intelligence avec ses nouveaux voisins. -En attendant les pompiers, Martinez n’arrête pas de m’ casser les oreilles avec son jardin, les patates qu’il a semées et qui vont être perdues, ou volées .Ca l’inquiétait plus que d’aller à l’hôpital ! Il était presque dans l’ambulance qu’il m’explique où est le jardin et me colle les clefs du cabanon dans la main. Moi vous comprenez, çà m’fait plutôt rigoler son histoire de patates, j’sais pas quoi en faire de ses clefs. Et puis j’ai r’pensé à ma mère. Au pays, c’était ma mère avec les autres femmes du village qui s’occupaient des cultures .Quand on étaient encore petits elles nous emmenaient sur leur dos, plus tard on y allait pour les aider mais surtout pour jouer avec nos copains à l’ombre du seul arbre du coin .J’m’suis rappelé les champs tout verts au milieu du sable et de la poussière, l’eau qu’elles allaient chercher au puits, qu’elles rapportaient dans des seaux en plastique de toutes les couleurs qu’elles portaient sur leur tête et qu’elles vidaient avec leurs mains en éclaboussant au pied de chaque plante .J’ai r’vu les clôtures en branchages pleins d’épines mais qui n’empêchaient pas les bêtes d’entrer pendant la nuit et de tout saccager .J’ai r’pensé aux fêtes après les récoltes et aussi quand ma mère ne chantait plus, les années de sécheresse où on ne savait pas si on aurait à manger. » Alors il était venu. Oh, l’accueil avait été rude ! -Ce jour-là y avait qu’un vieux qui travaillait dans son jardin et quand il m’a vu arriver il a filé dans son cabanon chercher un manche de pioche et me menacer .Il croyait sans doute que j’ venais faucher ses légumes ! Après çà s’est arrangé, il connaissait Martinez, il m’a montré où était son bout de champ. Il était couvert de plantes hautes avec des grandes feuilles vertes et des petites fleurs blanches. J’ai cru que c’étaient des mauvaises herbes et j’ai voulu les arracher mais quand j’ai tiré sur la tige il y avait plein de petites patates au pied ! Ca a bien fait rigoler le vieux ! Alors il m’a montré comment faire, on est allés dans le cabanon chercher les outils de Martinez, des vieux outils très lourds avec des manches en bois tout usés à force d’avoir servi. Ca aussi ça m’a rappelé l’Afrique ! Il a fallu aussi qu’j’achète une paire de bottes parce qu’à patauger dans la boue j’avais ruiné mes runnings le premier jour. J’ai ramassé toutes les patates, ça m’a pris des jours, et je les ai rapportées chez ma soeur. Au début Aminata et elle ne voulaient pas me croire, mais après, elles étaient rudement contentes et fières, même qu’il y en avait beaucoup trop pour nous trois et qu’elles en ont donné à toutes les familles autour. Et puis y’avait pas que des patates ! Martinez il avait planté plein de légumes que j’avais jamais vu : des violets foncés, des gros tout orangés. Au début Aminata ne savait pas les préparer et ce qu’elle en faisait n’était pas terrible, alors j’me moquais d’elle .Mais après elle a demandé aux voisines et là on s’est sacrément régalés ! C’que j’ préfère c’est aller au jardin pendant la semaine, y a qu’ des vieux, c’est calme. Comme ils ont tout leur temps ils ont pas des machines comme ceux du week-end. Au début je v’nais avec le casque pour écouter ma musique, mais çà m’gênait pour travailler, maintenant j’entends le moindre bruit : mon voisin tout essoufflé, l’outil qui cogne sur une pierre, les mottes de terre qui retombent de la bèche et, quand j’fais une pause, le vent et les oiseaux. Et puis j’chante à voix basse les chansons que chantait ma mère, même si j’ai oublié les paroles, le rythme çà m’aide. Les vieux, y m’ont tout montré : comment soigner la terre, comment semer, y m’ont passé des graines, j’vais avoir plein d’ légumes c’t’été .Et puis en échange j’leur donne un coup de main de temps en temps. Et y’en a un qui connait un vrai cultivateur, il lui a parlé de moi, y cherche un ouvrier j’vais commencer chez lui le mois prochain. » Fernand écoutait Sedhou sans oser le croire, il avait sans doute trop l’habitude des boniments, il savait surtout que la chance souriait rarement aux malheureux. Mais était-ce la sincérité du ton de Sedhou, était-ce la poésie involontaire de ses mots maladroits, ou tout simplement était-ce la sérénité de l’endroit ? Son regard s’égara vers l’horizon qui séparait le damier de la plaine du ciel animé du mouvement des nuages, il prit une profonde inspiration qui lui emplit le nez de l’odeur réconfortante de la terre fraîchement remuée, il se leva du banc et, empoignant Sedhou par l’épaule il le releva et lui ôta les menottes. Jouant son rôle jusqu’au bout il pénétra dans le petit cabanon tout en sachant qu’il n’y trouverait que des outils soigneusement rangés, des bidons entamés d’insecticides et des sachets d’engrais. Puis il tourna les talons et alors qu’il allait s’éloigner dans l’allée, il ramassa les arrosoirs que Sedhou avait laissé tomber, se retourna et les lui tendit .Celui-ci avait à la main une poche où il avait glissé quelques uns de ses légumes. Sedhou souriait, Delaporte esquissa un mouvement de réticence et, sans échanger un mot, ils firent l’échange. L’officier de police Fernand Delaporte regagna la ville et rentra directement chez lui. Aussitôt arrivé il déposa les légumes dans l’évier, puis il s’agenouilla et fouillant dans le meuble il en extirpa un grand sac poubelle. Il sortit sur son balcon le sac en main et il y fourra rageusement les deux plants de cannabis qu’il cultivait en toute discrétion et toute illégalité.