espace solidarite habitat prevention des expulsions locatives pour
Transcription
espace solidarite habitat prevention des expulsions locatives pour
ESPACE SOLIDARITE HABITAT PREVENTION DES EXPULSIONS LOCATIVES POUR IMPAYES BILAN 2012 L'Espace Solidarité Habitat (ESH), établissement de la Fondation Abbé Pierre, est un lieu d'accès aux droits pour un public mal-logé de la région parisienne. A ce jour, ses principales missions sont : La prévention des expulsions locatives pour impayés ; La prévention des expulsions locatives pour congé ou sans droit ni titre ; L’accès aux droits des occupants en logements indignes ou indécents ; La protection des occupants en hôtels meublés ; La lutte contre les discriminations ; L'aide à la recherche d’un nouveau logement. L’Espace Solidarité Habitat (ESH) de la Fondation Abbé Pierre coordonne, depuis 2001, une Permanence de Prévention des Expulsions (PPE) en partenariat avec la Confédération Générale 1 2 du Logement (CGL) et Droits d’Urgence . Cette Permanence a été créée en application de l'article 12 de la Charte départementale de prévention des expulsions du département de Paris de juillet 2001 (charte initiée par la loi de lutte contre les exclusions de 1998). L’équipe, composée de bénévoles et permanents de la Fondation Abbé Pierre et de juristes de la CGL, a pour mission d’informer et d’accompagner les ménages parisiens qui sont assignés au tribunal pour impayés de loyers (ou ceux qui ont reçu un commandement de payer). Les personnes reçues à l’ESH ont généralement des revenus modestes et précaires. L’objectif est de faire en sorte que les ménages se présentent, ou soient représentés, lors des audiences, afin de bénéficier de délais de paiement sur les sommes réellement dues ou des délais pour quitter les lieux. Pour rappel, en 2011, 9455 ménages Parisiens ont été assignés au tribunal (dont 90% en raison d’un impayé). L’équipe accompagne donc les ménages tout au long de la procédure en lien avec un réseau d’avocats et travaille en étroite collaboration notamment avec les travailleurs sociaux pour une plus grande cohérence dans le suivi. Au delà de l’accueil et du suivi des ménages, l’équipe de l’ESH essaye également de rencontrer, échanger et partager ses connaissances avec l’ensemble des acteurs qui oeuvrent aujourd’hui dans le domaine de la Prévention des expulsions ou qui sont en contact avec les ménages en situations d’impayés. Naturellement, l’équipe accompagne également les personnes qui nous contactent après l’audience ou qui sont assignés pour un autre motif qu’un impayé (Cf. Bilan Droits des Occupants). L’équipe de l’ESH a reçu, en 2012, 283 nouveaux ménages en situation d’impayés (avant audience) et a également continué à suivre la situation de 398 ménages reçus les années précédentes, soit un total de 681 ménages à 99% parisiens. A noter qu’en prenant en compte les ménages qui ont sollicité l’ESH pour un autre motif qu’un impayé (congé, décision de justice ayant déjà prononcée l’expulsion…), ce sont plus d’un millier de ménages en difficulté de maintien dans leur logement qui ont été accompagnés par l’ESH en 2012. LE PUBLIC RECU dans le cadre de notre mission de Prévention des expulsions Les ménages reçus dans le cadre de nos permanences sont majoritairement parisiens, 50% vivent dans le 18e, e 19e ou 20 . Ils sont orientés sur l’ESH à 45% sur conseil d’un travailleur social et à 21% après avoir reçu le courrier du Préfet leur indiquant les lieux d’accès aux droits sur Paris. 1 La Confédération Générale du Logement, membre d’Emmaüs France, est une association de consommateurs reconnue par l’Etat et spécialisée dans le domaine du logement ; elle assure la défense de locataires et de copropriétaires non bailleurs. 2 Droits d’Urgence est une association investie dans le domaine de l’accès au droit et de la médiation, qui organise notamment des permanences juridiques gratuites. Les personnes, nouvellement reçue en 2012 en raison d’un impayé de loyer, sont locataires à 52% dans le parc privé et à 48% dans le parc public. En 2007, les locataires du parc public ne représentaient que 28% du public reçu à l’ESH pour impayés de loyers, c’est à partir de 2008 que les sollicitations des locataires du parc public ont commencé à augmenter. La composition familiale des ménages reçus est la suivante : 45% de personnes seules, 24% de famille monoparentale, 21% de couple avec enfants, 7% de couple sans enfants et 3% de ménages composés de différents adultes sans forcément de lien de parenté ou en cohabitation forcée. Les nouveaux ménages reçus en 2012 disposent en moyenne de 1220 euros de ressources (946 en moyenne pour une personne seule et 1338 euros pour un couple avec enfants ou famille monoparentale). LE BILAN DE NOTRE ACTION EN 2012 Dans le parc privé, une partie des bailleurs continue d’user de pratiques inadmissibles et parfois illégitimes pour récupérer leur logement quoi qu’il arrive. Si on peut objecter qu’un locataire ne remplisse pas ses obligations de paiement et donc se retrouve en faute, il ne faut pas perdre de vue qu’un certain nombre de bailleurs privés peuvent provoquer cette difficulté ou ne pas vouloir trouver de solutions. Il n’est pas rare de rencontrer des ménages qui, suite à une demande de leur bailleur de quitter le logement non suivie d’effet, reçoivent une régularisation de charges sur 5 ans et une réévaluation du loyer. Les sommes étant généralement difficiles à régler dans les deux mois du commandement de payer, la clause résolutoire peut produire ses effets. D’autres bailleurs refusent de délivrer des quittances ce qui peut entrainer la suspension des allocations logement, gonflent une dette avec des frais de relance ou de quittancement, vont parfois même jusqu’à refuser d’encaisser les loyers. Et pour finir, nombreux sont les bailleurs qui entament une procédure pour défaut de paiement des loyers mais qui pourtant refusent que le Fonds Solidarité Logement (FSL) intervienne. Cette posture est totalement inadmissible, c’est pour cette raison que l’ESH soutien une modification du règlement du FSL pour que l’aide du FSL ne soit pas assujettie à l’accord du bailleur tant que le bail n’est pas résilié. Parfois les locataires du parc privé mettent en avant l’état délabré de leur logement pour « justifier » du non paiement du loyer, c’est pourquoi l’ESH fait appel à des bénévoles (architectes ou ingénieurs) pour réaliser des visites à domicile permettant de constater l’état du logement. Les rapports avec des photos et des commentaires sur le respect de ses obligations par le bailleur sont remis aux avocats qui s’en servent pour formuler des demandes reconventionnelles lors des audiences. e En octobre 2012, dans une décision du Tribunal du 18 arrondissement, le juge a estimé que le manquement du bailleur à son obligation de remettre un logement décent a causé un préjudice qui sera réparé sous forme de réfaction de loyer à hauteur de 50% ; la dette estimée à plus de 17 000 euros est "ramenée" à 8000 euros. Dans le parc public, les situations d’impayés continuent de nous alarmer. Les locataires du parc public représentent, dans le cadre des situations en impayés de loyers, près de 50% des nouvelles personnes suivies en 2012 à l’ESH. C’est pour cette raison que l’ESH tente de travailler en étroite collaboration avec certains bailleurs sociaux pour trouver des solutions pour les ménages et aussi faire évoluer, parfois, certaines pratiques. Parmi cellesci, l’ESH milite en faveur d’une facilitation de la procédure du relogement inter-bailleur, notamment via le FSL lorsqu’un échange de logement s’impose. Il est à noter que certains bailleurs souhaitent « sécuriser » les loyers grâce à la procédure et refusent de la suspendre alors même que le loyer est de nouveau payé et que la dette est en cours de traitement notamment avec un dossier Fonds Solidarité Logement (FSL) en cours. Cette pratique courante est pourtant en désaccord total avec la mission de service publique des bailleurs sociaux. D’autre part, il arrive qu’en fin de procédure une dette soit soldée mais qu’une échéance dans le paiement ait été manquée par le ménage, certains bailleurs refusent alors de signer un protocole de cohésion sociale arguant de troubles de jouissance alors que cela n’avait pas été évoqué auparavant. Il est pourtant primordial que le bailleur assigne clairement pour tous les motifs litigieux ou qu’il poursuive la procédure uniquement sur un motif déjà évoqué. Depuis avril 2011, l’ESH est membre consultatif de la Commission de Coordination des Actions de Préventions des Expulsions de Paris (CCAPEX), à ce titre l’ESH a présenté 76 des 186 dossiers examinés lors des commissions de mai 2011 à juin 2012. L’information autour de ce dispositif reste insuffisante car encore trop souvent des ménages ou des travailleurs sociaux ne sont pas informés de l’existence de cette commission. Bilan 2012 / ESH / Prévention des expulsions pour impayés 2 LES RESULTATS OBTENUS En terme de résultat, il est à noter que pour l’ensemble des décisions de justice obtenues en 2012 pour des ménages suivis dans le cadre d’un impayés de loyers, des délais de paiement ont été obtenus devant le juge pour 68% des situations d’impayés (contre seulement 44% des décisions en 2007). Dans les décisions 2012, la dette moyenne est de 7827 euros tout parc confondu (moyenne de 9564 euros dans le parc privé et de 4880 euros dans le parc public). Les délais de paiement accordés sont généralement sur 24 mois échelonnés. Toutefois, le suivi d’un échéancier pour le règlement de la dette peut parfois s’avérer difficile. En effet, le nonrespect d’une échéance entraine la poursuite immédiate de la procédure d’expulsion. Il apparaît donc nécessaire de mettre en place l’obligation pour le bailleur d’envoyer une mise en demeure de régulariser la situation avant de poursuivre la procédure. Dans 63% des décisions de justice obtenues pour des ménages suivis dans le cadre d’un impayés de loyers en 2012, la clause résolutoire n’a pas été acquise (en 2007, 66% des décisions obtenues pour des ménages suivis par l’ESH ne prononçaient pas l’expulsion). Grâce au travail de la trentaine d’avocats du réseau de la Fondation Abbé Pierre, il est à noter une augmentation des décisions prononçant la nullité du commandement de payer ou de l’assignation, ou soulevant une contestation sérieuse en référé rendant ainsi la procédure d’expulsion irrecevable. PROPOSITIONS POUR AMELIORER LA SITUATION EXPULSIONS EN MATIERE D’IMPAYÉS DE LOYERS DE PREVENTION DES ➘ Développer l’information des acteurs de terrain (sociaux et associatifs) sur les pratiques juridiques en matière de prévention des expulsions ; ➘ Etendre le pouvoir d’appréciation du juge sur la légitimité de la demande de résiliation du bail en lui permettant de soulever des moyens d’office (vérification de la dette, des charges, de l’état du logement...) et de mieux prendre en compte la responsabilité du bailleur dans la constitution de l’impayé (refus du FSL, refus de délivrance de documents nécessaires au versement de l’AL, non encaissement des loyers, indécence du logement...) ; ➘ Permettre au juge d’accorder un échéancier allant au-delà de 24 mois et automatiser la délivrance d’une mise en demeure avant résiliation définitive du bail lorsque l’échéancier accordé n’a pas pu être strictement respecté; ➘ Renforcer la crédibilité et les conditions de réussite de la CCAPEX et faire de cette instance une commission qui joue pleinement son rôle dans la coordination entre les différents acteurs de la prévention des expulsions ; Conforter le rôle de la CCAPEX en lui octroyant un réel pouvoir décisionnaire ; ➘ Systématiser l’envoi des dossiers à la commission FSL le plus en amont possible et sans attendre le retour de la fiche bailleur et ne pas conditionner l’octroi du FSL à l’accord du bailleur dés lors que le bail n’est pas résilié ; ➘ Prévoir l’obligation pour le bailleur de mentionner dans tout nouveau contrat de bail le montant des loyers et charges précédemment pratiqués, ainsi que la date du départ du précédent locataire (à insérer dans l’article 3 de la loi du 6 juillet 1989) ; CONCLUSION Notre action aux côtés des mal-logés et ceux notamment en difficulté de maintien nous montre, encore une fois cette année, l’importance pour le public d’avoir accès à des lieux de conseils et d’accompagnement en matière de droits du logement. Trop souvent les locataires assignés au tribunal ne se présentent pas ou ne se font pas représenter à l’audience. Vous pouvez retrouver le bilan global de l’ESH et de la Mission Ile-de-France ainsi que les autres bilans détaillés par secteur sur le site internet de la Fondation Abbé Pierre. Bilan 2012 / ESH / Prévention des expulsions pour impayés 3 CHIFFRES CLES DE LA PPE Orientation Travailleur social Préfecture Recherche personnelle ou par connaissance Association Huissier Mairie MJD/ PAD CAF Type de Ressources 46% 22% 14% 6% 5% 3% 2,5% 1,5 % Arrondissement de résidence 75018 21% 75020 16% 75019 12% 75013 8,5% 75015 7% 75011 7% 75017 6% 75012 5% 75016 5% 75014 2,5% 75010 2,5% 75009 2% Reste Paris 5,5% Bailleur Parc privé Parc public 52% 48% Age du représentant du ménage Entre 18 et 25 ans 2% Entre 25 et 40 ans 25% Entre 40 et 60 ans 54% Plus de 60 ans 19% Composition familiale Couple avec enfant Couple sans enfant Famille composite Famille monoparentale Personne seule 21% 7% 3% 24% 45% Nombre d'enfants Sans 1 2 3 4 et + 49% 23% 15% 8% 5% Bilan 2012 / ESH / Prévention des expulsions pour impayés AAH Assedic Retraite RSA Salaire Sans 3% 14% 9% 25% 43% 6% Montant des ressources Entre 2500 et 5000 7% Entre 1500 et 2500 19% Entre 500 et 1500 55% Entre 0 et 500 19% er Stade de la procédure lors du 1 RV (secteur PPE et Droits des occupants) Avant commandement de payer 2% Après commandement de payer 9% Assignation 72% Après décision Après commandement de quitter 3% 14% Montant des impayés Moins de 750 Entre 750 et 1500 Entre 1500 et 2500 Entre 2500 et 5000 Entre 5000 et 7500 Entre 7500 et 15000 Plus de 15000 2% 9% 10% 35% 15% 19% 10% Montant des loyers Moins de 250 Entre 250 et 500 Entre 500 et 750 Entre 750 et 1000 Entre 1000 et 1500 Plus de 1500 2% 29% 35% 17% 12% 5% Cause principale de l’impayé Perte d'emploi, chômage Ressources aléatoires ou insuffisantes Maladie Rupture familiale Surendettement Litige avec bailleur Décès 35% 24% 11% 10% 9% 6% 5% 4