DOSSIER DE PRESSE Faro
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DOSSIER DE PRESSE Faro
DOSSIER DE PRESSE Exposition Faro - Fontana Sculptures Du mercredi 7 mai au samedi 31 mai Vernissage le mercredi 7 mai à 18h30 Relations Presse Dominique Rémy +41 (0) 22 989 34 00 [email protected] www.forum-meyrin.ch Ni symbolique ni allégorique, l’oeuvre de Faro, comme celle de Fontana, nous plonge d’emblée dans la réalité de l’exil intérieur avec la fracture, la déchirure et la plaie inextinguibles de l’humain. Hélène Upjohn Faro, une biographie Ouverture publique Les mercredis et samedis de 10h00 à 12h00 et de 14h00 à 18h00. Egalement sur rendez-vous. Visites scolaires sur réservation au 022 989 34 00 Entrée libre Galeries du Levant et du Couchant Vernissage le mercredi 7 mai à 18h30 Edouard Farronato, dit Faro, naît en 1957, de nationalité italienne. Il suit sa scolarité, obtient un CFC de dessinateur en construction métallique puis poursuit par des études de lettres à Lausanne. Parallèlement à ses études, il pratique - en autodidacte - peinture et sculpture. A 35 ans, il se lance dans la sculpture sur bois, et depuis gagne sa vie de ses sculptures. Son travail est caractérisé par la sincérité et le sérieux, ses oeuvres renvoient par le détail à une vision poétique de la vie. Un campement singulier, avec ses tours de guet à meurtrières et sa haute lanterne, pris dans une végétation vagabonde, au coeur de la zone industrielle de Collombey, en Valais. C’est le royaume de Faro, qui se définit comme l’homme des périphéries et des marges parmi ses piles de bois de cèdre et de châtaignier. Formé à la construction métallique, passé à l’université mais tout entier ancré dans la nature sauvage et solitaire, il n’a pas choisi le bois. «C’est venu de l’ignorance de soi et ça le porte par une force plus grande que soi». Les sources sont littéraires dans une parenté avec Cingria, Haldas, L. Hohl et Walser, en ce sens que c’est le geste, ou l’écriture, qui est l’essentiel. Non le sujet. Pas de belle ligne ou de courbe polie, mais un geste qui va au coeur du bois. Atelier de Faro Dernières expositions en date / Faro 2007 Crans-Montana (CH): Galerie Caroline de Chamby Collombey (CH): La Munière (avec Pierre Zufferey) Monthey (CH): Waterproof (collective) --------------------------2008 Bex (CH): B & Arts, Triennale de sculptures en plein air Vevey: Galerie Ô quai des arts Meyrin (CH): Théâtre Forum Meyrin Des blocs de cèdre assemblés, Faro travaille le bois debout, à la tronçonneuse puis à la hache, fouaillant la chair rouge et odorante jusqu’à obtenir un fourmillement d’éclats, comme le grain d’une peinture. La «peau» dammée reste rèche comme une bure. La déchirure, comme sous l’effet de la foudre, l’éclatement par forte pression et la dissection des veines en lames moirées supposent une violence que Faro consent comme une exploration ardente de l’intérieur. Mais «il y a toujours un peu de lumière dans les brisures». Sous la poudre noire de cep de vigne, le bois prend des luisances d’anthracite ou d’argent. Certaines planches éclatées rejoignent dans la perspective du temps l’aspect minéral, ou le métal rouillé. Des lames coiffées de métal, s’assemblent en une polyphonie rythmique de Bach. D’autres, échevelées, coulent comme source d’un fracas libérateur. Mireille Callu, Revue Accrochages N°81, octobre 2006 Fontana, une biographie Et cela a commencé quand, au juste? Sait-on vraiment quand les choses commencent? A quelle heure, à quel instant, en cette fin février 1939, le petit garçon de jadis, qui écrit maintenant a-t-il fait ses premiers pas incertains? Le monde allait sombrer dans la nuit pour des années, cortèges d’horreur, de larmes, d’injustices. Une particule de cette époque allait cheminer avec lui, si peu conscient en apparence, mais qui ne le quitterait plus. J’ai pourtant le vertige de ce recul, qui s’accroît de plus en plus; il me fascine, l’irréalité du réel me paraît de plus en plus sensible, le regard que je porte sur les autres me renvoie une image apparemment stable à laquelle les hommes semblent, incroyablement, accorder crédit... Fontana, 24 février 2007, in LdF, Cette histoire-là, 2007 Dernières expositions en date / Fontana 2007 Assens (CH): Projet Sens en tous Sens, parcours de sculptures Nendaz (CH): exposition en plein air avec A.Raboud , O. Estoppey, G. White Ballens (CH): Galerie de Ballens Monthey (CH): exposition à la piscine Sortie du livre «cette histoire là» monographie sur le travail de L.D.Fontana ainsi que «croquis et notes d’atelier» ensemble de textes et de croquis sur la démarche du sculpteur --------------------------2008 Bex (CH): B & Arts, Triennale de sculptures en plein air Meyrin (CH): Théâtre Forum Meyrin Assens (CH): Sens en tous Sens Il y a chaque fois une mise en scène, comme la fondation d’un espace scénique dans les installations du sculpteur Laurent-Dominique Fontana. Quelque chose, là où on ne s’y attend pas. Galerie, maison, musée, parc ou jardin, l’espace devient soudain un espace sacré par la sculpture qui l’occupe. Si le sacré n’est pas là où il serait convenu qu’il soit, il rappelle toutefois l’origine intemporelle du monde. Le travail traduit le sentiment profond qui lie l’artiste à la nature. Dès l’enfance, il apprend à vivre en contact très étroit avec la nature, il sait la lire et la respecte dans ses moindres manifestations. La pierre, le bois, la terre ne sont jamais des matières inertes mais des matières vivantes exaltées par l’intime connaissance et l’amour qu’il en a. Ainsi les craquelures, les fentes, les marques et les altérations causées sur les sculptures par les saisons sont les traces, les rides d’une oeuvre qui s’en prend au temps... Fragiles et vulnérables sont les silhouettes humaines rongées par les intempéries et fendues par le contraste des climats, mais combien puissant et radical est le cri qu’elles semblent lancer à la face de la terre. Hélène Upjohn Cartigny, novembre 2004 L’exposition Tandis que Fontana évoque sa position romantique - une schizophrénie entre politique et amour - Faro joue sur les préfixes. D’engagé, comme cette moitié casse-cou de Fontana, Faro préfère l’antonyme, se disant dégagé. Tels qu’ils sont face au monde, tels qu’ils sont face à l’art. Ils s’opposent, ou justement, se complètent. Se retrouvent, aussi. Autour du noir, dont l’usage chez l’un comme chez l’autre est fondamental. Le travail sur bois de Faro est une confrontation à la matière pure ; la chair de l’arbre est lavée, brûlée, déchiquetée, polie et noircie, empreinte d’une soudaine sensualité, renouant avec la Nature. Chez Fontana, qui travaille le bois et le béton, le noir est ressenti comme l’absence, comme ce qui est dans l’état crépusculaire. Ainsi, la galerie du Levant, investie par Fontana, sera le lieu de l’aube de la vie, de l’origine des choses ; comme un écho au nom de cette salle. Une forêt d’êtres humains calcinés côtoyant l’écriture, les croquis de l’artiste, comme une trace immédiate de l’œuvre en devenir. A l’opposé du Levant, le Couchant et accueille les œuvres de Faro. Résurgence de bois, de bombes et de fleurs, des poubelles farcies de trésors que les visiteurs peuvent fouiller, cette série de télévisions en bois, comme un hommage au silence ; et cette énigmatique cage, placardée de panneaux noirs, où s’affichent les dessins, les notes de l’artiste. Entre ces deux mondes, entre renaissance et finitude, une passerelle : les mains de ces deux artistes, ces mains qui sculptent, qui créent. Entretien Rencontre avec Faro et Fontana Il est souvent plus aisé de comprendre ce que dit un artiste en contemplant ses oeuvres qu’en l’interrogeant verbalement. Imaginez, dès lors, l’interview simultanée de deux sculpteurs, en commençant… par leurs commencements. L’art est politique Laurent-Dominique Fontana: Mon histoire d’artiste est aussi vieille que celle de ma barbe… C’est ma survie que de quitter le champ des conventions. J’ai commencé à 12 ans, puis j’ai suivi les cours des Beaux Arts. Ensuite, j’ai commencé une école d’architecture, avant un retour aux Beaux Arts, où j’ai été successivement étudiant, puis assistant, puis professeur. Et puis, il y a eu un virage... Il faut dire qu’au début, j’ai eu beaucoup de chance : j’ai gagné des concours, j’avais deux boulots – l’un comme enseignant et l’autre comme artiste faisant des interventions dans l’architecture. Jusqu’en 1979, date qui ...suite correspond à une crise importante vécue au Mexique et à la mort de mon père. Je suis alors entré dans une voie que je qualifierais de sensible à la condition humaine, ce qui m’a conduit à effectuer un voyage en Pologne… Et je suis entré dans une phase de travaux engagés qui ont eu de nombreuses conséquences pour moi: je ne peux plus me rendre en Russie, par exemple. Je dirais que j’ai adopté une position romantique, une schizophrénie entre politique et amour, notamment amour du corps de la femme… Disons qu’il y a un travail engagé casse-cou d’un côté, et d’un autre un champ pour l’amour. Une telle schizophrénie peut-elle nourrir son homme ? Fontana: J’en vis depuis 20 ans, depuis que je n’ai plus de ressources provenant de l’enseignement. C’est une forme de privilège de faire quelque chose avec ce qui nous préoccupe, et notamment avec son désordre intérieur. Il faut faire quelque chose de ce qu’on a reçu, sinon, c’est du gâchis. L’esthétisme, c’est pour amuser les bourgeois, ça ne m’intéresse pas. Et le miracle, c’est que je n’ai pas besoin de faire de concessions pour manger. Je crois que lorsqu’on est vraiment convaincu, on finit par convaincre. Faux désinvolte Faro: Moi, je ne suis pas un engagé, mais un dégagé… Je fais du décoratif… Et l’esthétisation, elle est dans la tête de celui qui commande… Quant à mon parcours… J’ai hésité entre la vie religieuse, militaire, ou celle de voyou. Il m’est resté l’art, par désoeuvrement. Je voudrais revenir sur la notion de privilège qu’évoquait Fontana: c’est un des métiers les plus extraordinaires qui soit. On dit de votre travail et de celui de Fontana qu’ils ont en commun l’usage fondamental du noir… Faro: J’utilise le noir pour effacer les beautés de mon âme. En ce moment, je fais des bombes et des fleurs: pour les bombes, je casse du bois, et les fleurs, c’est pour continuer à plaire… Fontana: Les propos de Faro sont immensément perfides: il faudrait décoder. Dans ses bombes et fleurs, il y a la rupture du bois déchiqueté mais il y a aussi une hypersensibilité à la forme qui fait que Faro transforme cette rupture en une espèce de beauté. Il ironise en utilisant le mot «décoratif». Cette explosion est très agressive, mais, en même temps, sa tendresse passe… La rencontre Fontana: Faro m’a invité à Monthey et… deux astéroïdes se sont trouvés, se sont découverts parents autour de Pessoa et Ludvigo, deux ovnis dans un monde. Je suis très en colère contre mes semblables qui sont pleutres et pusillanimes: les artistes devraient être des gens propres. Ils sont corrompus, comme les autres. ...suite On vous dit aussi réunis par le noir… Faro: Ce n’est pas innocent… Fontana: Le noir, c’est absolument magnifique: c’est l’absence, c’est avant l’aube, ce qui est dans l’état crépusculaire. C’est éviter toute la séduction du bois, car il y a un grand danger dans la séduction du bois. La perception crépusculaire protège de tous les charmes. _____________________________ Entre le sage un rien sulfureux à l’âme cicatrisée et le feint cynique au regard moqueur, on ressent, au coin d’une table de café, une complicité indicible, mais presque palpable: chacun comprend si bien le jeu de l’autre qu’il semblerait aisé d’intervertir les fins de phrases, et chacun, dans une inclinaison économe du chef, semble plus qu’acquiescer aux réponses de l’autre: il se les approprie. Chez l’un comme chez l’autre, aussi clairement que dans le discours, les oeuvres traduisent l’évidence, la nécessité de la résistance. Mais une résistance nourrie de travail, de maîtrise, d’expérience, loin d’une révolte pubertaire aussi spontanée qu’éphémère, comme semblent en vivre nombre d’artistes contemporains. Une résistance à ce monde – pourtant enracinée en lui – qui confère à ces deux extraterrestres du sens… mieux: une essence. Ne vous contentez pas de propos d’artistes: leurs oeuvres parlent et résistent plus fort. Propos recueillis par Sylvain de Marco Journal du Théâtre Forum Meyrin N°8 Atelier de Fontana