Mal placé pour parler?

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Mal placé pour parler?
Mal placé pour parler?
Le week-end dernier, la une du Toronto Star critiquait
vertement Ontario Tire Stewardship (OTS), l’organisme ontarien
chargé de gérer les pneus en fin de vie utile, pour avoir
« dépensé des milliers de dollars en dégustations de vin,
repas gastronomiques, croisière, hôtels de luxe et dons à des
partis politiques ». Le journal monte en épingle le fait que
le fonctionnement de l’OTS, qu’elle dépeint comme un « petit
cochon qui profite de l’assiette au beurre », ne fasse pas
l’objet de surveillance publique.
Évidemment, nous ne sommes pas des partisans des dépenses
administratives exagérées. Si les dépenses de l’OTS s’avèrent
déraisonnables, Réacheminement des déchets Ontario (RDO), qui
est sensé surveiller l’OTS, et le ministre de l’Environnement
et de l’Action en matière de changement climatique, dont
relève RDO en fin de compte, doivent faire quelque chose.
Cependant, il nous semble que la véritable cible du Totonto
Star, à la lumière d’autres articles parus dans ce quotidien,
est l’existence même d’organismes provinciaux de financement
sectoriel (OFS). Le quotidien de Toronto tonitruait récemment
que ces derniers sont essentiellement des « cartels
sectoriels » qui pigent des « dizaines de millions de dollars
dans les poches des consommateurs chaque année ».
Cette
fois,
le
Toronto
Star
devrait peser ses mots, car ce
qui s’applique aux OFS pour les
pneus
et
les
appareils
électroniques usagés s’applique
également au contenu des boîtes
bleues, y compris les journaux.
Ce sont les fabricants et les détaillants qui paient pour le
recyclage des pneus. Dans le cas des journaux, les éditeurs de
presse contribuent à un fond sectoriel des boîtes bleues qui
aide à supporter les coûts du recyclage des journaux.
Dans le cas des pneus, les frais sont transférés aux acheteurs
de ces pneus. Nous supposons que les gestionnaires des
journaux transfèrent leurs frais de recyclage à leurs
lecteurs. Le Toronto Star prétend que l’OTS a versé des
contributions à des partis politiques. Nous ne savons pas si
Intendance Ontario (l’OFS des boîtes bleues) a fait des
contributions politiques similaires, mais nous savons que
certains éditeurs de journaux, notamment celui du Toronto
Star, font peser leur poids éditorial dans l’intérêt de l’un
ou l’autre des partis politiques.
Ainsi, la seule différence que nous voyons entre les éditeurs
de journaux et les détaillants de pneus dans leur façon de
gérer les coûts de leurs programmes de recyclage respectifs
réside dans le fait que les frais associés aux pneus sont
visibles au détail. Les consommateurs voient combien ils
paient pour le recyclage des pneus. Par contre, les droits
environnementaux liés aux boîtes bleues ne sautent pas aux
yeux des consommateurs de journaux. Ces droits sont cachés,
mais ils sont quand même transférés (ou « pigés dans les
poches des consommateurs », comme dirait le Toronto Star). Par
souci d’intégrité éditoriale et de transparence envers le
grand public, nous pensons qu’avant de s’empresser de dénoncer
vertement les droits environnementaux et les OFS à nouveau, le
Toronto Star devrait peut-être regarder ce qui se passe dans
sa propre cour. Ce serait bien de connaître la différence
entre le plumeur et celui qui se fait plumer.

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