le marché des fusions- acquisitions en espagne

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le marché des fusions- acquisitions en espagne
DOSSIER
LE MARCHÉ DES FUSIONSACQUISITIONS EN ESPAGNE
Historique, panorama et perspectives
par Jean Marc Sánchez
avocat aux barreaux de Paris et Madrid
Responsable du desk Espagne DS Avocats
A ocats et de la Commission franco-espagnole du barreau de Paris
Av
L’
AMÉLIORATION de la situation économique en Espagne, en raison notamment de la diminution de son
endettement, de son déficit maîtrisé et
des réformes importantes qui ont été
entreprises depuis trois ans, devrait favoriser le marché des fusions-acquisitions en 2014.
Histoire du marché espagnol
Jean Marc Sánchez
L’histoire des fusions-acquisitions en Espagne
est récente et se confond avec les débuts de la transition démocratique, après la période franquiste qui
concentrait les entreprises par secteurs d’activités au
sein de l’INI créé en 1941, déclinaison espagnole de
l’IRI italien de l’entre deux-guerres, dont les principales entreprises espagnoles actuelles telles que Endesa, Iberia, Repsol ou encore Seat sont issues.
En Espagne, le mouvement des fusions-acquisitions a été particulièrement marqué au début des années quatre-vingt, principalement à travers la
restructuration dans le secteur bancaire.
À la suite de la privatisation des établissements
financiers publics, le Banco exterior de España a absorbé le Banco de credito industrial, dont la fusion
notamment avec le Banco hipotecario de España a
donné naissance à Argentaria.
La première grande opération fut la fusion en
1988 du Banco Bilbao avec le Banco Biscaya, qui allait fusionner en 1999 avec Argentaria pour devenir
l’un des premiers groupes bancaires européens sous
le nom de BBVA.
Elle s’est poursuivie avec le regroupement du
Banco Central et du Banco Hispano, après l’absorption en 1993 de Banesto au bord de la faillite, le
Banco Santander ayant fusionné avec le Banco cen-
14 FUSIONS & ACQUISITIONS MAGAZINE NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2014
tral hispano americano, devenant en 1999 le Banco
Santander central hispano americano, la principale
banque espagnole en capitalisation boursière et l’un
des trois principaux établissements financiers européens.
Panorama du marché espagnol
Hormis les opérations conclues dans le secteur
bancaire et financier, tiré par la restructuration du
système bancaire espagnol, le nombre d’opérations a
augmenté de 24 % en 2013 et la valeur des transactions a progressé de plus de 50 %, l’Espagne se situant à la huitième place au niveau mondial devant
la France, pour un marché de 14 milliards de dollars.
En dehors du secteur financier et celui des infrastructures qui ont concentré le plus gros volume
d’investissements, les secteurs les plus dynamiques
ont été ceux des télécommunications : 4 milliards
d’euros (90 opérations réalisées contre 60 en 2011),
de l’énergie : 3,5 milliards d’euros, de la chimie et de
la pétrochimie : 2 milliards d’euros et de l’agroalimentation : 1 milliard d’euros (50 opérations).
Certaines des principales entreprises françaises
parmi les plus importantes sont présentes en Espagne depuis de très nombreuses années, l’une des
premières Fasa, filiale espagnole de Renault depuis
les années cinquante, d’autres notamment dans le
secteur des télécommunications comme Orange, en
lançant une offre publique d’achat sur l’espagnol
Jazztel valorisé 3,4 milliards d’euros, alors que dans
la grande distribution Auchan, à travers sa filiale Alcampo ou Carrefour, sont implantées depuis si longtemps en Espagne que le grand public a fini par
croire qu’il s’agissait de sociétés espagnoles.
Les autres principaux acteurs mondiaux du sec-
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En Espagne, le mouvement des fusions-acquisitions
a été particulièrement marqué au début des années
quatre-vingt, principalement à travers
la restructuration dans le secteur bancaire.
teur des télécommunications sont également présents en Espagne et ont réalisé des opérations d’envergure, telles que l’acquisition d’E-Plus par Telefonica, le rachat de sa filiale irlandaise
ou encore l’offre de rachat de Ono, le premier câblo-opérateur
espagnol, par Vodafone.
Les entreprises espagnoles sont également très présentes à
l’étranger, en France plus particulièrement dans le secteur du
prêt-à-porter avec Desigual, Mango et Zara du groupe Inditex,
ou Sacyr dans le bâtiment et les travaux publics.
Perspectives du marché espagnol
En Espagne, le marché des fusions-acquisitions montre des
signes de reprise graduelle à la faveur de l’amélioration de la situation économique.
Cependant, les investissements réalisés par les fonds d’investissements ont chuté de 23,5 % en valeur et de 43,4 % en volume
d’opérations par rapport aux deux années précédentes et le montant total relativement élevé du marché cache un grand nombre
d’opérations de faible envergure.
Pourtant, en 2012, même si le volume total de transactions
s’était réduit de 32 %, le marché était resté très actif avec 640
opérations, bien qu’avec une valeur moyenne plus faible par
transaction.
En effet, 72 % du montant total investi est constitué d’opé-
rations de moins de 1 milliard d’euros et 83 % de ce montant a
été destiné à des PME de moins de 100 salariés, mais en 2013,
après un premier semestre en baisse de 56 % par rapport au premier semestre 2012, on a constaté une très nette amélioration
en fin d’année.
L’année dernière, la tendance baissière a continué au premier
semestre, mais on a enregistré une nette relance au troisième trimestre par rapport à l’année précédente (195 opérations en 2013
contre 146 en 2012).
Les indices d’amélioration de l’économie espagnole, notamment celui du taux de croissance du PIB, le net ralentissement
des destructions d’emplois, le record des exportations et le retour
de l’investissement étranger ainsi que les réformes importantes
entreprises par l’actuel gouvernement, laissent augurer une année
2014 en progression par rapport à l’année dernière.
Malgré la fragilité de la reprise économique, les opérations
transfrontalières continuent de progresser en Espagne et représentent 38 % du total,. Les groupes étrangers sont toujours attirés
par les opportunités intéressantes qu’offre l’Espagne, comme l’a
récemment montré l’entrée au capital de Endesa de l’italien Enel.
L’Espagne reste enfin la porte d’entrée des marchés d’Amérique latine où les groupes espagnols sont, malgré un contexte
politique difficile et un climat économique tendu notamment
en Argentine et en Bolivie, toujours très présents ainsi qu’au Maghreb et dans les pays émergents.
NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2014 FUSIONS & ACQUISITIONS MAGAZINE 15

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