sécurité des patients

Transcription

sécurité des patients
L’antisepsie
& les antiseptiques
Calédonien & Polynésien
SÉCURITÉ DES PATIENTS
Déchets d’activité
de soins:
qu’en faites-vous ?
Recommandations
pour la
décontamination
des dispositifs
médicaux
N° 41 - Septembre 2005
A.D.I.M-N.C. - BP 14 999
98 803 NOUMEA Cédex
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9 ème année
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HYGIÈNE
ET EXERCICE
AU QUOTIDIEN
Attention
au
manuportage !
L
’hygiène, qu’Hippocrate avait pressentie et liée à l’environnement, a été élevée depuis 1847 au rang de principe par
Semmelweiss, expliqué quelques années plus tard par Pasteur. La
révolution que constitua l’introduction des antibiotiques au 20ème
siècle a quelque peu mis dans l’ombre ce précepte, pourtant bien
développé dans la première moitié du siècle dernier, et notamment
son intérêt dans la prévention des infections.
Au cours des dernières années, l’évolution des bactéries vers
la multirésistance aux antibiotiques et l’augmentation de
l’incidence et de la sévérité des infections nosocomiales ont
entraîné un regain d’intérêt des professionnels de santé et des
autorités sanitaires pour les règles d’hygiène, l’antisepsie et la
désinfection. La sécurité du patient, comme l’indique le bulletin
de l’ordre des médecins du mois de juillet 2005, est « la révolution
culturelle à venir ».
L’évolution du concept de déterminant de la santé, de l’éthique
médicale, des pratiques professionnelles, de la réglementation et
des procédures judiciaires impose une réflexion qui justifie une
nouvelle approche replaçant l’hygiène à sa juste place dans le
dispositif de santé.
Il devenait urgent de disposer en Nouvelle-Calédonie d’un
guide réalisé par les acteurs de santé locaux, concernant certains
thèmes d’hygiène importants, et destiné à tous les professionnels
de santé qui exercent en Nouvelle-Calédonie.
Ce document, commandé et financé par la Direction des Affaires
Sanitaires et Sociales de la Nouvelle-Calédonie, simple, a pour
objectif d'apporter les bases techniques et les outils nécessaires
à la diminution du risque pour le patient mais aussi pour le professionnel, notamment lors de la réalisation des actes courants de
consultation et d'examen complémentaires.
Cette amélioration de la sécurité du patient qui vise à
transformer la gestion du risque infectieux pour éviter certains
évènements, passe par la mise en place de nouvelles pratiques,
notamment et en premier lieu, celle du signalement de ces
évènements.
Cependant, de nombreux freins demeurent encore chez les
professionnels, surtout lorsque les actes réalisés ont un potentiel
de risque ressenti faible (examen clinique standard, examen
oculaire, etc...). La Nouvelle-Calédonie a pourtant connu récemment,
des épidémies dont l’origine était un défaut d’hygiène.
Je voudrais remercier ici les auteurs de ce bulletin spécial.
Ils ont mis leur compétence et leur dynamisme en commun afin de
partager leurs connaissances et leurs intérêts pour cette
discipline fondamentale qui restitue la prévention à sa juste place.
Jean-Paul Grangeon
Directeur de la publication : E Lancrenon
Secrétaire de Rédaction : P. Nicot.
Conception, Maquette, Mise en page : J. Nicot
***
Comité de Rédaction de Nouméa pour le B.M. n° 41
C Chaubo, A Dupré, C Fuentes, J-Y. Langlet, B. Rouchon, J M Tivollier, F. Vangheluwe.
***
Comité de Rédaction de Papeete pour le B.M. n° 41
E Baratoux, E Beaugendre, G Detrun, Ph-E Dupire, A. Fournier, E Parrat, A Valence, AS Wurtz.
***
Les articles signés sont publiés sous la seule responsabilité de leurs auteurs.
***
Tiré à 2 100 exemplaires par ARTYPO.
Distribué à 1500 exemplaires en Nouvelle Calédonie,Wallis et Futuna,
et à 500 exemplaires en Polynésie Française.
02
Septembre 2005 - N° 41
La responsabilité des professionnels de santé
en matière de prévention du risque infectieux… P
3
Risques infectieux liés aux soins réalisés
en dehors des Etablissements de Santé…
P
4
Fiche technique n° 23:
Les précautions " standard "…
P
5
Le lavage des mains…
P
7
Le manuportage…
P
8
La prévention de la transmission aérienne
des infections en milieu hospitalier...
P
9
Recommandations pour la décontamination
des dispositifs médicaux...
P 10
Entretien des biberons, tétines et sucettes.
À l’attention des structures recevant des enfants...
P 14
Prévention des accidents d’exposition
au sang et aux liquides biologiques...
P 15
Déchets d’activité de soins:
qu’en faites-vous?…
P 16
Élimination des déchets d’activité de soins…
P 18
Fiche technique n° 24:
Les dix commandements
de la stérilisation en cabinet dentaire…
P 19
Les détergents et les désinfectants.
L’eau de Javel, un bon désinfectant…
P 20
L’antisepsie et les antiseptiques…
P 22
Fiche technique n° 25:
Les antiseptiques…
P 23
Fiche technique n° 26:
Le traitement des surfaces
et des instruments médicochirurgicaux…
P 24
Aménagement, organisation
et entretien des locaux…
P 25
Épidémie de gale dans un service de gériatrie au
C.H.S. Albert Bousquet à Nouméa…
P 28
Les idées fortes…
P 30
Hygiène
La responsabilité des professionnels de santé
en matière de prévention du risque infectieux
JP Bailly
Les professionnels de santé sont exposés à trois types de responsabilité : disciplinaire, civile et
pénale. Les règles de bonne pratique exposées ci-dessous peuvent constituer en cas de
contentieux pour les instances disciplinaires, juridictions civiles et pénales un outil de référence
et d’appréciation de la pratique du professionnel de santé qui serait poursuivi.
La responsabilité disciplinaire que la sécurité des patients. Il doit notamment
La responsabilité civile
prendre et faire prendre par ses adjoints ou
Elle est appréciée par les juridictions
Elle est appréciée par les instances assistants, toutes dispositions propres à éviter
ordinales dans les professions dotées d’un la transmission de quelque pathologie que civiles pour la pratique libérale, par les
juridictions administratives pour la pratique
ordre : elle se traduit par une sanction (de ce soit (…)».
dans une structure publique : elle se traduit
l’avertissement à l’interdiction d’exercer) en
cas de manquement à la déontologie*.
Article 30 : « Le chirurgien-dentiste qui par le versement de dommages-intérêts
Les règles déontologiques visent la a accepté de donner des soins à un patient destinés à réparer le dommage que la faute
sécurité des patients et les conditions s’oblige : 1° à lui assurer des soins éclairés du professionnel a causé à la victime. Cette
d’exercice (hygiène et locaux).
et conformes aux données acquises de la indemnité est versée par l’assureur du
professionnel.
science. (…)».
1) Médecins
Article 55 : « (…) Dans tous les cas doivent
Code de déontologie médicale, délibération être assurées la qualité des soins, leur confidentialité et la sécurité des patients.
n° 67 du 1er août 1997
Article 32 : « Dès lors qu’il a accepté de
répondre à une demande, le médecin s’engage
à assurer personnellement au patient des
soins consciencieux, dévoués et fondés sur
les données acquises de la science, en
faisant appel, s’il y a lieu, à l’aide de tiers
compétents ».
L’installation des moyens techniques,
la stérilisation, la décontamination des
dispositifs médicaux dont il dispose et
l’élimination des déchets provenant de
l’exercice de la profession doivent
répondre aux règles en vigueur concernant
l’hygiène ».
Article 69 : « L’exercice de la médecine 3) Sages-femmes
est personnel ; chaque médecin est responsable de ses décisions et de ses actes ».
Délibération n° 375 du 7 mai 2003
r el a t i v e à l ’ ex e rc i c e de la profession de
Article 71 : « (…) Il doit notamment veiller sage-femme – chapitre III : règles déontoloà la stérilisation et à la décontamination giques de l’exercice de la profession de
des dispositifs médicaux qu’il utilise et à sage-femme
l’élimination des déchets médicaux selon les
procédures réglementaires.
Article 40 : « La sage-femme doit disposer
au lieu de son exercice professionnel d’une
Il ne doit pas exercer sa profession dans installation convenable et de moyens
des conditions qui puissent compromettre la techniques suffisants.
qualité des soins et des actes médicaux ou
la sécurité des personnes examinées. (…)».
En aucun cas, la sage-femme ne doit
exercer sa profession dans des conditions
2) Chirurgiens dentistes
qui puissent compromettre la sécurité et la
qualité des soins et des actes médicaux ».
Code de déontologie des chirurgiens-dentistes,
délibération n° 093/CP du 7 mai 2002
Article 56 : « Dès lors qu’elle a accepté
de répondre à une demande, la sage-femme
Article 23 : « Le chirurgien-dentiste ne doit, s’engage à assurer personnellement avec
en aucun cas, exercer sa profession dans des conscience et dévouement les soins conformes
conditions susceptibles de compromettre la aux données scientifiques du moment que
qualité des soins et des actes dispensés ainsi requièrent la patiente et le nouveau-né. (…)».
La responsabilité pénale
Elle est appréciée par le juge pénal,
lorsque la faute du professionnel peut être
qualifiée d’infraction pénale (ce qui, en
matière de santé, est généralement le cas).
Elle se traduit par des peines d’amende
ou de prison. Il est impossible d’assurer sa
responsabilité pénale : celle-ci est toujours
personnelle.
Ces trois responsabilités peuvent se
cumuler pour les mêmes faits.
En conclusion, les règles de bonne pratique
contenues dans le présent guide peuvent
constituer en cas de contentieux pour les
instances disciplinaires, juridictions civiles et
pénales un outil de référence et d’appréciation
de la pratique du professionnel de santé qui
serait poursuivi. Le jugement se fera également
en fonction de l’ensemble des circonstances
que révèle le dossier.
Il est conseillé au professionnel de santé
de bien s’informer auprès des services
juridiques de son assurance professionnelle.
* NDLR : Le décret de compétences et règles
professionnelles N° 2004 802 du 29 juillet
2004 régissant l’exercice professionnel des
Infirmiers(ères) Diplômés(es) d’Etat, n’est pas
applicable sur le Territoire. Cependant il est
utilisé comme référence de bonne pratique
pour les infirmiers(ères) exerçant en
Nouvelle Calédonie.
Septembre 2005 - N° 41
03
Hygiène
Risques infectieux liés aux soins réalisés
en dehors des Etablissement de Santé
B Garin*
Si dans les Etablissements de Santé le risque infectieux est une part importante des risques
globaux encourus lors d’une hospitalisation, en dehors des Etablissements de Santé les
dangers d’infections existent, même si les risques sont à priori moins élevés. Les
soins réalisés dans ou hors des Etablissement de Santé impliquent donc des précautions
d’hygiène qui leur sont adaptées.
Dans les Etablissement
de Santé (ES)
L’organisation de la gestion du risque
infectieux se fait à travers le Comité de Lutte
contre les Infections Nosocomiales (CLIN),
le Service d’Hygiène et plus globalement
dans le cadre de la Démarche Qualité. Mais
c’est l’affaire de tous au quotidien. La quantification des dangers passe par l’utilisation
d’indicateurs de qualité dont la mise en place
nécessite la collaboration d’une grande partie
du personnel, y compris des médecins.
Les informations fournies par ces indicateurs
permettent de situer un hôpital par rapport
à un autre, de cerner les causes des
infections contractées, et de lutter contre elles.
La formation du personnel et l’écriture de
procédures consensuelles sont les deux points
essentiels qui permettent d’améliorer le niveau
d’efficacité d’un hôpital dans ce domaine.
En dehors des Etablissement
de Santé
Les dangers d’infections existent même si
les risques sont a priori moins élevés(1, 2, 3) .
Cependant, contrairement au milieu hospitalier, ils sont difficilement quantifiables du
fait, entre autres, de la multiplicité des lieux.
Les risques sont cependant moindres car les
actes réalisés sont moins invasifs, les structures
moins grandes, les résistances bactériennes
aux antibiotiques moins fréquentes. Quoi
qu’il en soit le risque existe et particulièrement
chez des patients ayant préalablement séjourné
à l’hôpital et porteurs de bactéries multirésistantes (BMR). Les infections peuvent
être transmises dans les deux sens et de
différentes façons.
- soit par le soignant d’un patient à un
autre (par les mains ou par une faute d’asepsie
ou par un vecteur, matériel d’ophtalmologie,
d’aérosolthérapie, endoscope, gel…),
- soit du patient au soignant en particulier
par exposition aux liquides biologiques après
blessure ou projection.
Pour illustrer ce propos général, voici
quelques exemples de situations à risque.
Les dispositifs médicaux stériles
Sont regroupés sous cette dénomination
tout le matériel stérile à usage unique. Il est
probable qu’en dehors des ES, ils soient
la cause la plus fréquente d’infections
qui peuvent d’ailleurs être graves. Elles
surviennent au décours de manipulations de
cathéters centraux ou de chambres implantables lors des pansements, d’injections ou
de perfusions. La survenue d’une symptomatologie fébrile doit faire envisager leur
remplacement signe que les verrous antibiotiques n’ont pas empêché leur colonisation.
Les sondages urinaires, comme pour toute
manipulation de dispositifs médicaux
stériles, sont la source d’infections et un
respect scrupuleux de l’asepsie est
nécessaire. La petite chirurgie sous anesthésie
locale et les ponctions articulaires sont des
gestes invasifs à l’origine aussi de contaminations potentielles.
Les matériels à visée diagnostique
Lors d’échographies, notamment gynécologiques, les sondes doivent être protégées et
nettoyées. Pour les endoscopies pulmonaires,
les procédures de nettoyage-désinfection et
de stockage doivent correspondre à la réglementation énoncée dans les Circulaires et
Arrêtés et tenir compte du risque prion.
Les matériels thérapeutiques
Matériel d’aérosolthérapie, d’oxygénothérapie avec notamment des risques de
contamination de l’eau ou des tuyauteries
dont il faut se méfier.
Les résistances bactériennes
Les résistances bactériennes étaient,
jusqu’à présent l’apanage des milieux
hospitaliers, mais l’émergence de Staphylococcus Aureus Résistant à la Méthicilline
(SARM) en dehors des ES doit nous inciter à
la prudence(4,5) . Les Staphylocoques sont des
bactéries transmises par les mains et les
contaminations secondaires à une intervention
médicale sont le plus souvent manuportées.
Les pratiques à respecter
- Se laver les mains (Solutions HydroAlcooliques).
- Utiliser des gants.
(suite page 9)
*: Institut Pasteur de Nouvelle Calédonie
Bibliographie
1- Luldlow HA. Infection consequences of continous ambulatory peritoneal dialysis. J Hosp Infect 1991 ; 18 : 341-354
2- White MC, Raglund KE. Surveillance of intravenous catheter-related infections among home care clients. Am J Infect Control 1994 ; 22 : 231-5
3- Olson. Cluster of post injection abscesses related to corticoid injections and use of benzalkonium chloride. Western Journal of Medecine 1999 ; 170 : 143-7
4- Melish M, Arpon R, Coon P and al. Community associated Methicillin Resistant Staphylococcus aureus infections in Pacific Islanders. Hawaii, 2001-2003. MMWR August 27, 2004 /
53(33) ; 767-770.
5- Issartel B, Lechevallier S, Bruyère F, Lina G, Jarraud S, Garin B, Lacassin F, Etienne J. Abcès cutanés communautaires en Nouvelle Calédonie. Rapport 2002 de l’Institut Pasteur.
04
Septembre 2005 - N° 41
FICHE TECHNIQUE N° 23
Les précautions "standard"
Elles s’appliquent pour tous les patients par tous les soignants.
Elles sont aux nombres de dix et doivent être connues et appliquées par tous.
1- Le lavage des mains
Immédiatement après le retrait des gants.
Entre deux patients.
Entre deux activités.
2 - Le port des gants
Pour tous gestes si risque de contact avec un liquide
biologique, ou si contact avec les muqueuses ou la
peau lésée du patient.
Si le personnel est porteur de lésions sur les mains.
3 - Collecteurs pour tous dispositifs piquants / tranchants / coupants
À portée de mains.
Stable et de taille adaptée. Niveau de remplissage visible.
Fermeture inviolable.
4 - Sécurité
Ne pas capuchonner les aiguilles.
Ne pas désadapter à la main les aiguilles et les lames.
Septembre 2005 - N° 41
05
FICHE TECHNIQUE N° 23
5 - Risque de projections
Pour tous risques de projection
ou d’aérosolisation de liquide biologique
porter un masque, surblouse-masque, lunettes.
6 - Matériel souillé réutilisable
Manipuler avec précautions
Immerger immédiatement et complètement après utilisation,
dans une solution détergente/désinfectante
Nettoyer avant stérilisation ou désinfection. Le traitement effectué sera
choisi selon le niveau du risque infectieux.
7 - Surfaces souillées
Nettoyer et désinfecter immédiatement
avec une solution détergente/désinfectante
8 - Transports de prélèvements biologiques, du linge, des déchets
Séparer les bons de laboratoire des prélèvements
Respecter les circuits
Évacuer dans des emballages étanches et fermés
9 - Bloc opératoire, radiologie interventionnelle
Double paire de gants changées périodiquement
Protection large du visage
Tenue des opérateurs imperméable
10 - En cas de contact avec le sang ou un liquide biologique
(Recommandations du GERES: Groupe d’Etudes sur le Risque d’Exposition des Soignants)
Ne pas faire saigner
Après piqûre, blessure :
laver la plaie avec du savon. Rincer abondamment et sécher. Désinfecter
par contact ou trempage avec un antiseptique pendant au moins 5 mn.
Après projection sur muqueuse (conjonctive) :
rincer abondamment au sérum physiologique ou à l’eau pendant au moins 5 mn
06
Septembre 2005 - N° 41
Hygiène
Le lavage des mains
A Dupré
Un geste simple qui sauve des vies
Ignatz Semmeilweiss, médecin Autrichien, préconisait vers 1847 le lavage des mains avec
une solution de chlorure de chaux à ses étudiants qui pratiquaient les dissections avant de
donner des soins aux femmes enceintes.
Cette simple précaution a modifié le pronostic des fièvres puerpérales en faisant passer le
taux de décès de 16% à 1%. Malheureusement ses conseils ont été peu suivis. Nous
pourrions évoquer encore de nombreux exemples pour démonter l’importance du lavage
des mains.
Plus de 150 ans après Semmeilweiss, la
plus belle des interventions peut être un
exploit, mais si tous les efforts sont anéantis
par un manque de précautions, elle demeure
un échec.
Le lavage des mains reste une précaution
essentielle chaque fois qu’un geste de soin
est pratiqué sur un patient.
Les mains sont des réservoirs de microorganismes. On distingue la flore résidente et
la flore transitoire. Cette dernière est récoltée
au fur et à mesure de son activité ; dans
l’environnement ou à partir des patients.
Elle se loge sous les ongles, faux ongles,
espaces interdigitaux, plis cutanés, bijoux.
Le lavage simple des mains permet d’éliminer
cette flore par une action mécanique.
Le lavage des mains est efficace s’il
respecte certaines prérogatives :
Ongles courts
Pas de vernis
Pas de bijoux
Elle est plus rapide que le simple lavage
- la robinetterie doit permettre un lavage
aisé des mains. Elle sera fermée par l’inter- des mains.
Elle est recommandée:
médiaire du papier lorsque l’eau est distribuée
- entre deux patients,
par un robinet classique.
- en l’absence de point d’eau,
- en début et en fin de journée,
Cet ensemble est nettoyé quotidiennement
- entre deux gestes non invasifs.
et plus si nécessaire.
Le lavage simple des mains doit durer 30
secondes au minimum.
Choix d’une solution
hydro-alcoolique
Conseils
Bien se rincer les mains, pour éviter
l’agression du savon.
Se sécher les mains soigneusement, une
main humide transporte cent fois plus de
micro-organismes.
Aujourd’hui une alternative au lavage des
mains est efficace et reconnue par la société
française d’hygiène hospitalière ; la solution
hydro-alcoolique.
C’est une désinfection par friction des
mains, sur des mains visiblement propres,
sèches et non talquées avec une solution
hydro-alcoolique. Elle agit sur la flore
transitoire.
Préférer un flacon à usage unique.
Il existe plusieurs types de conditionnement
(500ml, 250ml, 100ml…).
La société française d’hygiène hospitalière
recommande plusieurs produits avec les
principes actifs, la dose, la durée d’utilisation,
le nom commercial, le nom du fabricant.
Remarques
La solution hydro-alcoolique est placée à
proximité des gestes.
Le patient, en entrant dans un cabinet
médical, peut l’utiliser.
Le lavage simple des mains requiert
cependant un minimum d’équipement :
- un lavabo sans « trop plein », suffisamment
grand pour éviter les éclaboussures sur le
vêtement de travail.
- du savon liquide (en cartouche à usage
unique de préférence) déposé dans un
distributeur.
- du papier essuie mains à usage unique
déposé dans un distributeur. Le papier doit
rester à l’abri des sources de contamination.
- un réceptacle suffisamment grand pour
recueillir le papier à usage unique.
Septembre 2005 - N° 41
07
Hygiène
La prévention de la transmission aérienne des infections
en milieu non hospitalier
G Fesq, A Dupré, B Garin
Les infections en milieu non hospitalier sont à prendre en considération du fait de la circulation
des patients entre l’hôpital, le cabinet médical, les structures de moyen ou de long séjour
et le domicile. Elles concernent aussi le personnel soignant, chacun pouvant acquérir ou
transmettre des agents infectieux (grippe, par exemple).
Les bactéries multi-résistantes isolées en ville proviennent quasi-exclusivement du
milieu hospitalier. Les infections contribuent à 63 % des décès en long séjour.
Il existe aussi des transmissions
infectieuses par des dispositifs médicaux
La transmission manuportée des agents introduits dans la bouche ou au contact des
infectieux est prépondérante mais il ne faut voies aériennes (aérosols-doseurs, nébuliseurs,
pas négliger les voies de transmission peak-flow, chambres d’inhalation, masques à
aérienne dont on décrit deux modes :
La transmission manuportée
oxygène) ; ces dispositifs doivent être soit au
mieux changés (usage unique pour les
parties jetables) soit nettoyés et désinfectés
entre chaque patient.
La transmission par gouttelettes
Il s’agit de fines gouttelettes de diamètre
supérieur à 5 µm émises en respirant, parlant,
toussant, chargées de la flore des voies
aérodigestives supérieures. Elles ne restent pas
longtemps en suspension dans l’air et sont
contaminantes seulement en cas de contact
rapproché entre les personnes. Ce mode de
transmission concerne la grippe, les oreillons,
l’angine à streptocoques, les infections respiratoires à adénovirus, haemophilus influenzae
du type b (invasif), mycoplasma pneumoniae,
la coqueluche, la rubéole, les infections à
méningocoques.
La transmission par l’air
Les supports de cette contamination sont
des particules de diamètre inférieur à 5µm,
résidus solides de gouttelettes déshydratées
ou de poussières d’origine cutanée, textile
ou végétale. L’air reste contaminant même
en l’absence du malade. Elle ne nécessite
donc pas de contact rapproché.
Sont concernées la tuberculose laryngée ou
pulmonaire, la varicelle, la rougeole, le SRAS*.
Conseils pratiques pour la prévention
de la transmission aérienne des infections
* Vacciner chaque année contre la grippe toutes les personnes qui travaillent
dans les lieux de soins et qui sont en contact avec des sujets à risque pour
cette affection ; sinon port de masques de soins voire éviction (arrêt de travail).
* Aérer régulièrement la salle d’attente et les locaux de consultations et
de soins.
* Dans la salle d’attente, éloigner des autres patients ceux qui toussent
ou éternuent.
* Entretenir régulièrement les appareils de climatisation (filtres).
* Isolement en chambre seule indispensable principalement pour la tuberculose bacillifère et alors recommandé en milieu hospitalier bien que non
obligatoire.
* Port de masques médicaux de soins (masques chirurgicaux) : ils évitent la
projection de gouttelettes respiratoires lors de l’expiration du soignant vers le
patient (grippe) ou d’un malade contagieux vers son entourage. Ils ne protègent
pas le porteur du masque de l’inhalation de particules infectieuses. Ils sont
à usage unique, sont portés par le visiteur et le visité.
* Port de surblouses, gants, lunettes, masques si les soins ou manipulations
exposent à un risque de projection ou d’aérosolisation de sang ou tout autre
produit d’origine humaine (aspiration, manipulation de matériel souillé).
* : SRAS - Syndrome Respiratoire Aigu Sévère.
(suite de la page 4)
- Changer de blouses.
- Respecter les procédures lors des
pansements des dispositifs implantables.
- Utiliser du matériel à usage unique ou
avoir des procédures pour le nettoyage / désinfection et stérilisation du matériel recyclable.
- Nettoyer le petit matériel ou l’équipement
utilisé entre chaque patient.
- Finalement, les mêmes recommandations à conseiller à tous ceux qui le souhaitent de se
qu’en milieu hospitalier doivent être appliquées rapprocher du Service d’Hygiène de l’hôpital
pour profiter de son expérience et de ses
dans le cadre des Bonnes Pratiques.
procédures en la matière. Un Service d’Hygiène
hospitalier au centre du dispositif territorial
En conclusion
de lutte contre les infections transmises lors
L’absence d’étude sur le sujet ne signifie pas des soins serait utile à l’homogénéité des
que le problème n’existe pas et nos expériences pratiques et à la collaboration de tous les
hospitalières nous poussent à être prudents et acteurs dans ce domaine.
Septembre 2005 - N° 41
09
Hygiène
Recommandations pour la décontamination
des dispositifs médicaux
P Pichon
Les dispositifs médicaux (DM, ex matériel médical ou médico-chirurgical) font partie des
vecteurs potentiels de germes habituellement utilisés par les professionnels de santé.
Parmi les opérations d’entretien dont l’utilisateur est responsable se trouvent le nettoyage,
la désinfection et la stérilisation dont il ne peut s’affranchir que par l’usage de dispositifs
médicaux à usage unique.
La classification
Désinfection
et stérilisation
Selon l’importance du risque infectieux
Parallèlement à cette classification des
entraîné par l’utilisation des DM et leur
niveau de contact avec l’organisme, ils ont niveaux de risque, on distingue trois niveaux
de désinfection et la stérilisation :
été classés en trois groupes :
Les dispositifs non critiques...
La désinfection de bas niveau...
...(à bas risque infectieux) sont ceux en
contact uniquement avec la peau saine des
patients. Une désinfection de bas niveau
voire un nettoyage simple suffisent entre
deux patients. Exemples : stéthoscope, table
d’examen, marteau à réflexes, brassard de
tensiomètre, instrument de pesée…
...active sur les formes non sporulées des
bactéries, les virus de taille moyenne et les
virus lipidiques (alias enveloppés). Elle
nécessite des produits au moins bactéricides.
Elle peut se faire, selon le DM, par immersion
ou application d’un support non tissé imprégné
d’un détergent-désinfectant ou d’un désinfectant après pré-désinfection et nettoyage
éventuels et après chaque utilisation.
Les dispositifs semi critiques...
...(à risque infectieux médian) sont ceux
en contact avec les muqueuses ou la peau
lésée superficiellement. Ils doivent être
stérilisés ou subir une désinfection de niveau
intermédiaire entre deux patients. L’usage
unique est une alternative à envisager.
Exemples: spéculums vaginaux, colposcopes,
anuscopes, canules d’aspiration buccale,
sonde d’échographie vaginale…
La désinfection
de niveau intermédiaire...
...active sur les microorganismes
précédents, les champignons, les petits virus,
les virus non lipidiques et certaines mycobactéries. Elle se fait par immersion dans un
bain de produit désinfectant (produits bactéricides, virucides, fongicides, fongicides et
tuberculocides) après pré-désinfection et
nettoyage. Le produit désinfectant peut être
Les dispositifs critiques...
le même que pour une désinfection de haut
niveau mais la durée de trempage est souvent
...(à haut risque infectieux) sont ceux raccourcie.
destinés à être introduits dans le système
vasculaire, une cavité ou un tissu normale- La désinfection de haut niveau...
ment stérile de l’organisme. Ils doivent être
. . . act i ve s u r l e s mi c r o or ga n i s me s
stérilisés avant utilisation. A défaut, lorsqu’ils
ne supportent pas la stérilisation, ils doivent p r é c é d e n t s , les mycobactéries les plus
subir une désinfection de haut niveau. résistantes et sur les formes sporulées des
L’usage unique est à privilégier. Exemples : bactéries. Les produits utilisés doivent être
instruments chirurgicaux, petite instrumen- également mycobactéricides et sporicides.
tation pour pansement, matériel dentaire, Le traitement est identique au traitement
précédent en utilisant un désinfectant et un
matériel de biopsie…
10
Septembre 2005 - N° 41
temps de trempage approprié. Le rinçage
doit être réalisé avec de l’eau stérile et le
séchage avec un support absorbant stérile.
La stérilisation...
...est d’un niveau d’efficacité supérieur à
la désinfection. Contrairement à la désinfection, elle permet, grâce à un emballage
approprié et intègre, de maintenir l’état stérile.
La stérilisation par la chaleur humide
(vapeur d’eau sous pression) est la méthode
de référence pour les DM réutilisables
thermorésistants.
Les étapes du cycle
Selon le principe de base que l’on ne
stérilise bien que ce qui est propre, il est
essentiel de réaliser un nettoyage soigneux
d’un DM réutilisable et immergeable préalablement à sa désinfection ou sa stérilisation.
Les différentes étapes d’un cycle de stérilisation/désinfection sont indiquées sur le
schéma ci-contre.
Afin de ne pas oblitérer l’efficacité de
l’une de ces étapes, laquelle obérerait le
résultat final de la désinfection ou de la
stérilisation, des points importants demandent
une attention particulière :
- les DM doivent être trempés, rincés et
nettoyés ouverts et démontés.
- les rinçages pré-désinfection et postnettoyage doivent impérativement se faire à
l’eau courante sauf lorsque leur taille ne le
permet pas.
- la concentration et le temps de contact
des produits désinfectants préconisés par le
fabricant doivent être scrupuleusement respectés.
Attention, ils peuvent être différents pour le
même produit selon que l’on réalise une
désinfection de niveau intermédiaire ou de haut
niveau, la différence d’efficacité permettant
ou non de toucher les bactéries sporulées.
Hygiène
ETAPES
OBJECTIFS
Trempage pré-désinfection par immersion au
moins 15’dans une solution détergentedésinfectante ne contenant pas d’aldéhyde
Eviter dessèchement des matières organiques, faciliter nettoyage, diminuer
charge microbienne, protéger personnel
et environnement de travail
Rinçage abondant à l’eau courante du réseau
Eliminer produit de désinfection
et salissures
Nettoyage avec détergent-désinfectant, manuel
(brossage, écouvillonnage) ou automatique.
Ultrasons éventuels
Eliminer salissures
Propreté à contrôler visuellement
Rinçage abondant à l’eau courante du réseau
Eliminer produit de désinfection
et salissures
Séchage par égouttage,
essuyage ou soufflage d’air
Optimisation efficacité stérilisation ou
non dilution du désinfectant.
Eviter multiplication microbienne
DM thermorésistant
DM thermosensible
Conditionnement
Désinfection chimique par immersion
Stérilisation à la vapeur d’eau
sous pression (134 °C pendant 18 minutes
de plateau de stérilisation).
Rinçage abondant avec eau de qualité
adaptée (stérile pour cavité stérile)
(pour le matériel contenant du caoutchouc:
121°C pendant 20 minutes)
Contrôles et étiquetage
Séchage non contaminant par essuyage
(linge stérile) si non utilisation immédiate
Stockage éventuel
- le bain de trempage pré-désinfection
et le bain de nettoyage (lorsqu’il est réalisé
sous immersion) doivent être renouvelés à
chaque utilisation (y compris dans un bac à
ultrasons). En effet, leur efficacité est diminuée en présence de matières organiques.
- les produits désinfectants utilisés
pour la pré-désinfection ne doivent pas
contenir d’aldéhydes (notamment formol alias
formaldéhyde et glutaraldéhyde), lesquels
fixent efficacement les protéines, en particulier
celle du prion.
- brosse et écouvillon doivent être
nettoyés, désinfectés, rincés, séchés et
rangés dans un endroit propre et sec après
emploi.
- ne pas oublier de nettoyer et désinfecter
également les bacs de trempage.
Pour les produits utilisables en désinfection,
la société française d’hygiène hospitalière
publie chaque année une liste positive des
désinfectants répondants aux normes
françaises et européennes selon l’usage
auquel ils sont destinés (locaux, mains,
pré-désinfection, désinfection des DM…).
Cette liste peut être prise en référence
(cf. réf. en bibliographie).
Septembre 2005 - N° 41
11
Hygiène
En ce qui concerne la stérilisation, malgré
l’absence d’interdiction explicite, la chaleur
sèche (Poupinel ou autre) semble à éviter
notamment du fait d’une efficacité aléatoire
(l’air sec est un isolant thermique et la
température obtenue n’est pas homogène
au sein de la charge) et d’un effet fixateur des
protéines. De plus, faute de conditionnement
adéquat, la conservation de l’état stérile ne
peut être garantie. La méthode de stérilisation
de référence pour les DM réutilisables et
thermorésistants demeure ainsi la chaleur
humide par la vapeur d’eau sous pression en
autoclave.
Après pré-traitement (cf. schéma ci-dessus)
et avant stérilisation en autoclave, les DM
sont conditionnés en conteneurs spécifiques
à valve ou à filtre, ou, plus couramment, en
sachets à usage unique à souder.
Un certain nombre de points sont à
connaître ou respecter pour assurer l’efficacité
de la stérilisation par la chaleur humide :
- ne pas confondre désinfecteur à vapeur
et stérilisateur à vapeur. Les deux sont des
autoclaves. Le premier ne réalise pas de vide
avant l’injection de vapeur et ne peut donc pas
stériliser des DM conditionnés. La stérilité
ne pouvant être maintenue après l’ouverture
de la porte de l’appareil, on parle à juste titre
de désinfecteur même si le niveau de décontamination atteint temporairement est équivalent
à celui d’un stérilisateur.
- les paramètres de stérilisation à la vapeur
d’eau actuellement recommandés sont de
134 °C pendant 18 minutes (durée du
plateau de stérilisation, le cycle entier étant
sensiblement plus long).
- l’autoclave ne doit pas être trop chargé
pour laisser circuler la vapeur au sein de la
charge.
- le contenu d’un sachet sorti humide de
l’autoclave ne peut plus être considéré
comme stérile du fait d’un problème de
fonctionnement lors du cycle de stérilisation
et d’une altération définitive des fibres du
papier de l’emballage.
- les bandes témoins ou indicateurs de
passage de stérilisation ne garantissent en
aucun cas la stérilisation mais simplement
l’exposition à la vapeur.
- afin de vérifier le bon fonctionnement
du stérilisateur, un test de Bowie-Dick (essai
de pénétration de la vapeur) doit être réalisé
au début de chaque journée d’utilisation
de l’appareil. Le cycle du test est de 3,5
minutes à 134 °C.
- faute de moyen permettant de vérifier
l’état stérile d’un DM utilisé, seul le respect
des procédures et des bonnes pratiques de
stérilisation permet de s’en assurer.
- le temps de conservation d’un DM
stérilisé sous sachet est de 1 à 2 mois. Il est
12
Septembre 2005 - N° 41
Type de DM
Classe de risque
Instrumentation chirurgicale
- Instrumentation générale
- Instrumentation et moteur de microchirurgie et coeliochirurgie
- Bistouri et électrocautérisateur
- Aspirateur (chirurgie, IVG, liposuccion)
- Microscope, caméra
Autre instrumentation médicale
Haut risque
Haut risque
Haut risque
Haut risque
Haut risque
- Petite instrumentation pour set de soin
- Colposcope, canules rectales, spéculum
- Matériel de biopsie/ électrocoagulatin
- Bougie dilatatrice
- Hystéroscope
- Sonde oesophagienne
- Sonde urétrale, extracteur de calculs rénaux
- Instruments podologie/pédicurie
Imagerie médicale
Haut risque
Risque médian
Haut risque
Haut risque
Haut risque
Risque médian
Haut risque
Risque médian
- Instrumentation pour imagerie interventionnelle
- Sonde d’échographie :
- classique (cutanée)
- endocavitaire
Odonto-stomatologie
Haut risque
- Instrumentation dynamique
- Seringue réutilisable, injecteur
- Fraise, sonde
- Pièces à main
- Canules d’aspiration
- Miroirs
Matériel anesthésie réanimation
Haut risque
Haut risque
Haut risque
Haut risque
Risque médian
Risque médian
- Appareil de ventilation mécanique, circuits respiratoires
- Insufflateur manuel
- Masque d’anesthésie
- Sonde d’intubation
- Masque laryngé
- Canule de trachéotomie
- Lame de laryngoscope
Matériel spécifique
Risque médian
Risque médian
Risque médian
Haut risque
Haut risque
Haut risque
Risque médian
- Manche d’ophtalmoscope ou d’otoscope
- Acupuncture, mésothérapie : aiguille
- Urologie, matériel biofeedback
- Amnioscope
- Hystéroscope
- Incubateur
Divers
Risque bas
Haut risque
Haut risque
Haut risque
Haut risque
Risque médian
- Matériel d’aérosolthérapie, nébuliseur
- Lames de rasoir
- Stéthoscope, marteau à réflexes
- Tensiomètre
- Thermomètre, sonde thermique
Risque médian
Haut risque
Risque bas
Risque bas
Risque médian
- Biberon et tétines
Risque médian
- Petit matériel d’hygiène (coiffeur)
- Matériel de pesée et levage patient
Risque bas
Risque bas
Risque bas
Risque médian
Hygiène
Niveau de traitement requis
Pratiques recommandées
Stérilisation
Stérilisation
Stérilisation
Stérilisation
Stérilisation/Désinf. haut niveau
Stérilisation
Stérilisation/Désinf. haut niveau
Stérilisation
Stérilisation
Désinf. niv. interm. ou bas et protection stérile
Stérilisation
Désinf. niv. interm.
Stérilisation
Stérilisation
Stérilisation
Désinf. niv. interm.
Stérilisation
Désinf. niv. interm.
Stérilisation
Désinf. niv. interm. / usage unique
Stéril./usage unique
Stéril./usage unique
Stéril./usage unique
Désinf. niv. interm.
Stéril./usage unique
Désinf. niv. interm.
Stérilisation
Stérilisation
Désinf. bas niveau
Désinf. niveau interm.
Désinf. bas niveau
Désinf. niveau interm./ protection stérile
Stérilisation
Stérilisation
Stérilisation
Stérilisation
Stérilisation
Désinf. niveau interm.
Stérilisation
Stérilisation
Stéril./Usage unique
Stéril/Désinf. haut niveau
Stéril./Usage unique
Désinf. niv. intermédiaire
Désinf. niveau interm.
Désinf. niveau interm.
Désinf. niveau interm.
Stérilisation
Stérilisation
Stérilisation
Désinf. niveau interm.
Désinf. niv. intermédiaire
Désinf. niv. intermédiaire
Désinf. niv. intermédiaire
Stéril./Usage unique
Stéril./Usage unique
Stérilisation
Désinf. niveau interm./ Usage unique
Désinf. bas niveau
Stérilisation
Stérilisation
Stérilisation
Stérilisation
Désinf. niveau interm.
Désinf. bas niveau
Stéril./Usage unique
Stéril/Désinf. haut niveau
Stéril./Usage unique
Stéril/Désinf. haut niveau
Désinf. niv. intermédiaire
Désinf. niveau interm.
Stérilisation
Désinf. bas niveau
Désinf. bas niveau
Désinf. niveau interm.
Désinf. niveau interm./ Usage unique
Usage unique
Désinf. bas niveau
Désinf. bas niveau
Désinf. niveau interm./ Usage unique
Stéril./Désinf. niveau interm.
Désinf. bas niveau
Désinf. bas niveau
Désinf. niveau interm.
Désinf. bas niveau
Désinf. bas niveau
important d’étiqueter les conditionnements.
- l’intégrité du conditionnement du
DM et de sa fermeture doivent être irréprochables afin de maintenir l’état stérile. Un
conditionnement froissé n’est plus imperméable aux contaminations. Les conditions
de stockage doivent donc être appropriées.
- les autoclaves doivent être vérifiés (on
parle de validation) à la réception et au moins
une fois par an par un organisme spécialisé.
L’espace manquant pour rédiger un
ouvrage complet sur le sujet, je n’aborderai
pas ici les cas particuliers, notamment la
désinfection des endoscopes pour laquelle le
ministère de la santé a produit un guide
d’utilisation des laveurs désinfecteurs
d’endoscopes en 2003 disponible ici :
http://www.sante.gouv.fr/htm/pointsur/nosoco
/ide_def241103.pdf. De même, une mise à jour
des recommandations relatives à la désinfection
des DM en anesthésie réanimation a été réalisée
en 2003. Le traitement des DM en ophtalmologie
et contactologie est actuellement en cours de
révision. Tous ces guides sont disponibles
sur la page suivante du site du ministère :
http://www.sante.gouv.fr/htm/pointsur/noso
co/nosoco3-1-2.html consacrée aux infections
nosocomiales.
En conclusion
En conclusion, que l’on recoure à la
désinfection ou à la stérilisation, l’efficacité
de ces deux procédés est fortement liée à la
qualité des procédures employées et à la
rigueur de leur application. Pour avoir inspecté
de nombreux sites de stérilisation dans des
établissements de santé, j’ai pu constater que
le sentiment de sécurité apporté par la
puissance du procédé est parfois sans rapport
avec la réalité, du fait d’une ou plusieurs
erreurs commises lors de sa réalisation,
ou bien en amont ou en aval de celle-ci
(stockage compris). Lorsque cela est réaliste
(pour des raisons de disponibilité et de coût),
la solution du recours à l’usage unique est
toujours la plus sûre.
Bibliographie de référence :
- Prescrire – Supplément au n° 212 – Décembre 2000 – Prévenir les infections liées aux
soins ambulatoires. Recommandations pour la pratique.
- Guide de bonnes pratiques pour la prévention des infections liées aux soins réalisés en
dehors des établissements de santé (Ministère de la santé – Mars 2004 http://www.sante.gouv.fr/htm/dossiers/infect_soins/sommaire.htm)
- Circulaire DGS/5 C/DHOS/E 2 n° 2001-138 du 14 mars 2001 relative aux précautions à
observer lors de soins en vue de réduire les risques de transmission d'agents transmissibles
non conventionnels (Bulletin officiel solidarité - santé, n° 2001-11, du 12 au 18 mars 2001
– http://www.sante.gouv.fr/adm/dagpb/bo/liste01.htm)
- Guide de bonnes pratiques de désinfection des dispositifs médicaux (Ministère de la
santé, 1998 – http://www.sante.gouv.fr/htm/pointsur/nosoco/nosoco3-1-2.html ou le guide
lui-même : http://www.sante.gouv.fr/pdf/actu/12291.pdf)
- Bonnes pratiques de pharmacie hospitalière – Ligne directrice particulière n° 1
(Ministère de la santé, 2001 - http://www.sante.gouv.fr/htm/actu/bpph/accueil.htm)
- La liste positive des désinfectants 2004 – Société française d’hygiène hospitalière
(http://www.sfhh.net/ ou la liste http://www.sfhh.net/documents/LPD2004/LPD2004.pdf)
Textes (explicites et spécifiques) de référence :
- Code de déontologie médicale (délibération n° 67 du 1er août 1997), art. 71 : « […] Il doit
notamment veiller à la stérilisation et à la décontamination des dispositifs médicaux qu’il
utilise […]. Il ne doit pas exercer sa profession dans des conditions qui puissent compromettre la qualité des soins et des actes médicaux ou la sécurité des personnes examinées. »
- Code de déontologie des chirurgiens-dentistes (délibération n° 93 du 7 mai 2002), art.
23 : « […] Il doit notamment prendre, et faire prendre par ses adjoints ou assistants, toutes
dispositions propres à éviter la transmission de quelque pathologie que ce soit. »
- Code de déontologie des sages-femmes (France), art. 9 : « […] En aucun cas, la sagefemme ne doit exercer sa profession dans des conditions qui puissent compromettre la
sécurité et la qualité des soins et des actes médicaux. »
Septembre 2005 - N° 41
13
Hygiène
Entretien des biberons, tétines et sucettes
À l’attention des structures recevant des enfants
A Dupré
Certains établissements reçoivent des jeunes enfants en bonne santé, néanmoins ils doivent
respecter certaines précautions afin d’éviter des épidémies.
Les garderies, les crèches accueillent de
jeunes enfants de 3 mois à 3 ans. Chaque
enfant peut rester jusqu’à 8 à 10 heures dans
la structure et les occasions de contracter une
infection ne manquent pas !
Biberons et risque infectieux
Le risque infectieux lié aux biberons peut
être engendré par un mauvais nettoyage du
biberon ou de la tétine. Il est dû aux microorganismes transmis par la flore buccale de
l’enfant ou par des micro-organismes d’une
éventuelle pathologie en cours d’incubation.
Mais aussi par une manipulation sans
précautions lors de la préparation du biberon
ou de son administration. Dans ce cas c’est
souvent la flore cutanée des mains du
personnel et /ou de l’environnement qui est
en cause.
Par ailleurs, le lait est un milieu nutritif
favorable au développement microbien.
Quels micro-organismes?
Les micro-organismes peuvent être :
- des virus : le virus respiratoire syncytial
(VRS), le virus herpétique, le rotavirus
(responsable de diarrhées épidémiques).
- des champignons: comme le candida-albican,
- ou des bactéries comme des streptocoques
ou des staphylocoques.
Leur élimination?
D’une façon générale l’essentiel des microorganismes est éliminé en partie par l’effet
d’un lavage mécanique efficace avec de
l’eau chaude à 65° plus un produit tensioactif (produit pour laver la vaisselle).
La Société Française d’Hygiène Hospitalière* recommande une désinfection de
bas niveau selon la classification du matériel
à désinfecter.
Cependant la désinfection nécessite un
nettoyage de qualité avec des précautions
minimales à respecter :
- utilisation du lave vaisselle à une
température supérieure à 65° si possible.
- un biberon ne doit pas « traîner » et être
nettoyé le plus rapidement possible pour éviter
*: Bibliographie - revue Hygiènes, volume XIII n°1- mars 2005
14
Septembre 2005 - N° 41
le développement microbien et tous ses
Le matériel est vérifié avec des mains
accessoires doivent être démontés.
propres.
Cette opération de nettoyage est fondaLa désinfection peut être réalisée chimimentale et, comme dans toutes les opérations quement avec une solution de Milton® ou de
de désinfection,
Solustéril® selon la posologie du produit.
on ne désinfecte que ce qui est propre !
La désinfection est réalisée par trempage
dans un bac couvert dont la solution désinLa machine à laver a l’avantage de rincer fectante reste stable 24 heures. Les biberons
et de sécher à une température provoquant la et les accessoires sont immergés complètement
disparition quasi totale des virus et bactéries pendant 30 minutes et sont manipulés avec
présents sur les biberons.
des mains propres. Rincer avant utilisation.
Nettoyage d’un biberon et de ses accessoires
Vider le biberon
Rincer le biberon
Installer les biberons
et accessoires sur les paniers
Tremper les biberons et accessoires
dans l’eau chaude + liquide vaisselle
Choisir un programme
à 65 °au minimum
Nettoyer soigneusement le biberon,
le pas de vis avec un goupillon,
l’ intérieur de la tétine en la retournant
Rinçage en machine
Rincer abondamment à l’eau chaude
Séchage en machine
Egoutter et sécher
Vérifier la propreté des biberons et de ses accessoires visuellement. Mains propres
Le matériel est propre
Oui
Propre et désinfecté
en machine
Après un lavage manuel désinfecter dans
un bain avec Milton®
ou Solustéril® pendant 30minutes
Non
Résidus de lait ou autres...
Refaire l’opération
de nettoyage
Rincer, égoutter et sécher
Désinfecter dans un bain
avec Milton® ou Solustéril®
Rincer à l’eau courante,
égoutter et sécher
Ranger dans un placard propre à l’abri de la poussière
Biberons et accessoires propres
HYGIÈNE
Prévention des accidents d’exposition
au sang et aux liquides biologiques
F Lacassin
L’accident d’exposition au sang (AES) ou aux liquides biologiques se définit comme une
exposition au sang ou aux liquides biologiques lors d’une coupure, d’une piqûre, d’un
contact avec une peau lésée ou une muqueuse.
Les risques
La fréquence
Conduite à tenir
Le risque de cette transmission intéresse
essentiellement les virus de l’hépatite B, C et
du VIH. Il est variable selon le virus, le liquide
biologique et le type d’exposition concerné.
Le virus de l’hépatite B est 100 fois plus
transmissible que le VIH et 10 fois plus
transmissible que celui de l’hépatite C. Le
liquide biologique le plus à risque est le
sang. L’exposition la plus à risque est
une piqûre profonde
avec une aiguille
creuse. Si ces
conditions sont
réunies, le risque
de transmission de
l’hépatite B est de
2 à 40%, celui de
l’hépatite C de 2 à
3%, celui du VIH
de 0,2 à 0,4%.
La conduite à tenir en cas d’AES doit
La fréquence des AES est difficile à
déterminer en dehors des établissements de être connue et respectée.
1 - La première chose à faire est
santé. Les professionnels les plus exposés
sont les infirmières, les sages femmes, les d’interrompre les soins en cours.
2 - Il faut ensuite effectuer des soins
chirurgiens-dentistes, les anesthésistes, les
locaux en nettoyant la plaie à l’eau et au
chirurgiens et les biologistes.
savon et en la désinfectant avec un soluté
de Dakin ou un soluté chloré pendant 5
La prévention
minutes. En cas de projection sur les
La prévention des AES passe en premier muqueuses, il faut rincer au sérum
lieu par des précautions " standard " et une physiologique pendant 5 minutes.
3 – Evaluer le risque infectieux du
organisation optimale des soins : manipulation
minimale des objets vulnérants, utilisation de patient source en recherchant les sérologies
collecteurs spécifiques, non recapuchonnage ou en les prélevant après son accord.
4 – Contacter le référent médical VIH
des aiguilles, port de protections (gants,
lunettes). D’autre part, l’utilisation de matériel qui évaluera le risque et mettra éventuelsécurisé constitue une protection complé- lement en route une prophylaxie. En
mentaire. Enfin, l’obligation de la vaccination dehors des heures ouvrables, le service
contre l’hépatite B constitue la seule des urgences prend en charge les AES.
prévention efficace à 100%.
Utilisation des gants
Règles fondamentales
▪ Un gant, un patient, un soin et des mains propres et sèches.
▪ Se laver les mains avant et après le port des gants.
NB: attention aux soins interrompus (par exemple par le téléphone…)
Règles d’utilisation
▪ Choisir les gants en fonction de leurs indications.
▪ S’assurer de l’intégrité des gants avant l’utilisation.
▪ Mettre des gants sur des mains propres et sèches.
▪ Utiliser les mêmes gants pour un seul patient et un seul soin.
▪ Utiliser la même paire de gants dans un temps limité (pas au delà de 30mn), notamment pour
les gants non stériles à usage unique.
▪ Ôter les gants dès la fin de leur utilisation.
▪ Ne pas garder les gants dans ses poches, ni hors de leur présentation (boîte).
▪ Consulter un médecin en cas d’intolérance.
▪ Respecter sa bonne utilisation.
Septembre 2005 - N° 41
15
Hygiène
Déchets d'activité de soins: qu'en faites-vous?
C. Fuentes
Votre responsabilité et vos obligations
Quels déchets?
- les professionnels de santé et leurs
Les secteurs libéraux et publics sont égapatients
lement concernés.
Les déchets d’activité de soins sont des
- le personnel chargé de la collecte,
Le patient producteur est aussi visé,
déchets issus d’activités de diagnostic, de du transport et du traitement
diabétique, dialysé, auto injections diverses.
suivi et de traitement en médecine humaine
- le public et l'environnement.
Les vétérinaires ou éleveurs procurant
et vétérinaire. Ils présentent un risque
des soins aux animaux sont aussi concernés.
infectieux ou correspondent à des
Ces déchets doivent être suivis tout au
Quelle responsabilité?
m a t é r i a u x perforants. On y retrouve:
long de la filière de traitement, depuis leur
- les objets piquants, coupants, tranchants
production et jusqu'à leur destruction finale.
(aiguille, scalpels, lames...);
La délibération n°105/CP du 14 novembre La filière repose sur un élément clé :
- tout objet ayant eu un contact avec du 2002 relative à la gestion des déchets la convention, qui fixe entre vous et vos
sang ou un autre produit biologique;
d’activités de soins et assimilés ainsi que différents partenaires vos responsabilités et
- les déchets anatomiques non aisément des pièces anatomiques reprend l’ensemble vos obligations réciproques.
identifiables (grains de beauté, kystes, peau...). des obligations réglementaires.
La communication à l'administration des
Vous pouvez en demander une copie à la informations sur les modalités d'élimination
des déchets de soins fa it partie des
Quels risques pour quel public? DASS-NC.
Chacun, professionnel de santé ou obligations réglementaires. Ces informations
Les principaux risques sont la conta- patient, est responsable des déchets de soins permettent notamment, d'évaluer les caractéristiques du gisement de déchets, d'identifier
mination accidentelle et l'impact psycho- qu'il produit.
émotionnel (vision d'une seringue ou de Tous les types d'exercices sont visés; exer- les besoins futurs des producteurs et de
tout autre objet pouvant choquer psycho- cice au cabinet ou au domicile du proposer en amont des aménagements
patient, pour les médecins, chirurgiens des filières d'élimination.
logiquement un individu).
Pour plus d’informations sur les
Différents groupes d'individus peuvent dentistes, infirmiers, sages-femmes, pédicures,
thanatopracteurs.
prestataires, contactez la DASS-NC.
être exposés à ce risque:
Traçabilité de la filière d'élimination: les documents obligatoires
Une convention
entre le producteur
et le prestataire de :
regroupement/collecte/traitement
(en fonction du type
de prestation choisi)
Un bon de prise en charge
(si production < 5 kg/mois
et si production > 5 kg/mois
uniquement dans le cas
où il y a regroupement)
Un bordereau de suivi
(si production > 5 kg/mois
ou regroupement)
émis au moment de la collecte
ou de l’apport volontaire
Une attestation
de destruction des déchets
émise par l’installation
de traitement et envoyée
au producteur
(le cas échéant par l’intermédiaire
du prestataire de collecte
ou de regroupement) :
■ mensuellement
si votre production
est > 5 kg/mois.
(retour du bordereau de suivi)
■ trimestriellement
si votre production
est < 5 kg/mois.
Les prestataires (transporteurs et éliminateurs)
PROMED
(Élimination et transport)
COURTE Bernard
Contact: 28 08 37
16
Septembre 2005- N° 41
Onyx CSP
(Transport)
RATEAU Jasmine
Contact: 26 08 91
Hygiène Service
(Transport)
KAIDINE Fabien
Contact: 43 15 29 / 78 72 08
Hygiène
Filière d'élimination
1
TRI: dès la production
MATIERE
INFECTIEUSE
Conditionnement spécifique avec étiquetage
▪ Emballages normalisés à usage unique (étanches, résistants…)
▪ Compactage interdit
2’
DESTRUCTION IN SITU
Désinfection dans le centre de
production (appareil agréé et
autorisé à fonctionner).
2
STOCKAGE
Vous produisez moins de 5 kg de déchets infectieux par
mois :
▪ Délai maximum de stockage : 3 mois
▪ Stockage à l’abri du public et des sources de chaleur
3
Vous produisez plus de 5 kg de déchets infectieux
par mois :
▪ Délai maximum de stockage : 10 jours
▪ Stockage dans un local spécifique sécurisé,
conforme à la réglementation
TRANSPORT/COLLECTE
Solutions
Recours à un prestataire de collecte des
déchets, agréé pour le transport de
déchets d’activité de soins
4
Vous prenez en charge le transport de
vos déchets (jusqu’à 15 kg, pas d’autres
contraintes réglementaires que celle d’utiliser
des emballages réglementaires)
DESTRUCTION
Destruction obligatoire
par un organisme spécialisé
et sur site autorisé.
Incinération (soumise à la
réglementation des installations
classées pour l’environnement)
Désinfection (appareils agréés et
autorisés à fonctionner)
Septembre 2005 - N° 41
17
Déchets
chimiques
Déchets
radioactifs
Déchets
mous
Déchets
piquants,
coupants,
tranchants
Typologie
2
Déchets ordinaires
Déchets
nécessitant
une évaluation
Déchets
nécessitant
une précaution
maximum
Poches à urine,
Poches de colostomie, …
Abaisse-langue, embouts, doigtiers, …
Coton, compresses, pansements,
gants, …
Déchets anatomiques humains
non aisément identifiables par
un non spécialiste
Matériel à usage unique souillé
Prélèvements biologiques :
poches de sang, de drainage
ou d'irrigation, sondes, canules,
seringues sans aiguille,
tubulures …
Aiguilles, seringues
montées, scalpels, lames,
cathéters… destinés à
l'abandon.
Tubes, verres, matériel de
laboratoire (lames), …
Exemples d’objets à trier
Risque toxique
Risque de radiation ionisante
Absence de risque infectieux
Aucun contact avec des sources biologiques
Risque infectieux non avéré
Contact avec des sources biologiques
provenant d'un patient non infectieux
Médicaments non utilisés ou périmés
Cartons non
spécifiques
Conteneurs
spécifiques
Sociétés spécialisées dans les
déchets toxiques en quantités
dispersées (voir ADEME ou
province concernée)
*Pour les déchets mous à faible
risque (cf CLIN) : filière DASRI
Amalgames dentaires
Médicaments anticancéreux et
matériaux mous en contact*
Conteneurs
spécifiques
Obligation de reprise par
fournisseur
Déchets (sources scellées) à période
radioactive longue (>100 jours)
Poubelle
Poubelle
Cartons,
fûts, sacs
normalisés
et identifiés
Boîtes à
aiguilles
normalisées et
identiques
Conditionnement
Traitement local par
décroissance radioactive
avant ordures ménagères
Ordures ménagères
Décision
du soignant
Déchets
d’activités
de soins à
risque
infectieux
Filière
Déchets à période radioactive courte
(urine, couches de personnes traitées
en radiothérapie ou par scintigraphie)
Papiers, emballages, contenants
de solutés de perfusion,
déchets hôteliers…
Couches, serviettes, …
EVALUATION
Impact psycho-émotionnel
Risque ressenti par rapport au risque réel
Crainte de celui qui se trouve en présence de
déchets fortement évocateurs d'une activité de
soins de par leur nature ou leur provenance
Risque infectieux avéré
Contact avéré avec des micro-organismes
ou des toxines pathogènes pour l'homme
Risque moyen de séroconversion après une
exposition percutanée :
VIH 0,32% - VHC : 2,1% - VHB : 30%
Risque de blessure percutanée
Que les objets aient été ou non en contact
avec un produit biologique (sang, …)
Nature du risque
EVALUATION DU RISQUE 3 TRI ET CONDITIONNEMENT
Responsabilité du soignant
1 PRODUCTION
ELIMINATION DES DECHETS D’ACTIVITE DE SOINS
FICHE TECHNIQUE N° 24
Les dix commandements de la stérilisation en cabinet dentaire
JM Guilhem
La présente fiche a été élaborée à partir d'un article extrait de la revue « le fil dentaire » d’avril 2004.
Elle donne au praticien qui l’applique scrupuleusement l’assurance d’exercer dans des conditions d’hygiène optimales.
1 - Turbines et contre-angles
Cette stérilisation reste le maillon le plus faible de la chaîne d’asepsie. Ainsi l’utilisation à vide du spray entre chaque patient élimine une grande
partie des particules emprisonnées dans la turbine. Par ailleurs, si les différents stérilisateurs pour appareils rotatifs ont démontré leur efficacité,
l’utilisation d’une bombe de dégraissage est nécessaire pour relever le degré de désinfection.
2 - Nettoyage aux ultra sons
Le principe de ces appareils est la formation de micro bulles de cavitation qui arrachent, par succion, les débris sur les instruments. Il faut signaler que
l’association des enzymes protéolytiques et des ultra sons potentialise les effets de ces bains.
3 - Conditionnement en sachet
Ce conditionnement a pour but de protéger les instruments contre une recontamination ultérieure après stérilisation. Celle-ci étant contrôlée
systématiquement par des témoins physiques, chimiques ou bactériologiques.
4 - Les stérilisateurs
L’autoclave est le procédé de choix. A une température de 134°C et une surpression de deux atmosphères, un temps de contact de trois minutes
suffit. Le déroulement d’un cycle complet de stérilisation doit respecter les étapes suivantes : triple vide, montée en pression, palier de stérilisation,
dépressurisation, séchage par balayage d’air filtré et séchage à vide.
5 – Produits de désinfection
Il existe cinq classes de désinfectants en fonction de l’objet à désinfecter : les instruments, les mains, l’aspiration, le plan de travail et les sols.
A noter que seul le glutaraldéhyde dilué à 2% a montré son action stérilisante sans déconsidérer les autres familles puisqu’il n’existe pas de
désinfectant universel.
6 – Surfaces de travail
Deux procédés se complètent concernant ces surfaces : la désinfection et les barrières de protection à usage unique.
La désinfection sera effectuée d’abord par un nettoyage avec une lingette suivie d’une vaporisation d’un spray.
La protection à usage unique a démontré son efficacité préventive. Son coût de plus en plus faible en fait un complément de choix à la désinfection.
7 – Les équipements
Les équipements modernes sont généralement bien conçus sur le plan d’hygiène.
Exemple : commandes aux pieds, matériaux lisses, valves anti-rétraction de " l’unit ", cordons stérilisables, embouts d’aspiration, instruments rotatifs
démontables et stérilisables, tuyaux d’aspirations autoclavables, séparateurs d’amalgames.
8 – Désinfection de l'eau
Le risque de contamination de l’eau des " units " dentaires et des cordons est loin d’être négligeable. Il existe trois types de décontamination : une
désinfection permanente, une désinfection entre chaque patient, et une dernière plus poussée en fin de journée.
9 – Désinfection de l'air
La contamination aéroportée est appelée aéro-bio-contamination. Le développement important du nombre de cas de légionelloses nous a fait tenir
compte de façon plus précise de ce problème. La nécessité du port du masque et des lunettes n’est plus à démontrer. Mais il est également recommandé
d’utiliser des appareils de filtration électroniques ou électrostatiques et de renouveler l’air du cabinet surtout en cas d’utilisation de climatiseur dans
les salles de chirurgie.
10 – Les locaux
La conception architecturale des locaux doit répondre à certains principes de base tels que :
■ Séparation des zones de travail et d’accueil.
■ Communication entre salle de stérilisation et salle de soin.
■ Choix de revêtements faciles à entretenir…
Septembre 2005 - N° 41
19
Hygiène
Les détergents
et les désinfectants
A Dupré
S’il apparaît " naturel " d’utiliser un détergent
pour nettoyer une surface et de procéder
ensuite à sa désinfection pour éviter la
propagation des micro-organismes présents,
l’utilisation des uns et des autres nécessite
le respect de règles et de recommandations
précises, faute de quoi le résultat obtenu
pourrait bien être l’inverse de celui attendu...
Quelques définitions...Quelques définitions...Quelques définitions...
Choix du désinfectant
Un détergent est efficace s’il respecte
quatre phases :
- l’action chimique,
Selon la définition de la société française
- l’action mécanique (c’est le brossage ou
d’hygiène hospitalière un détergent est un
« produit nettoyant » ne contenant pas de
frottement pour décoller la salissure),
substance antimicrobienne.
- la température,
Ce sont des agents « tensioactifs ».
- le temps d’action du produit.
Préférer un spectre d’activité bactéricide,
selon les normes (NFT 72-150, NFT 72-151
spectres 4), généralement noté sur le contenant.
Un détergent
Les tensioactifs sont des composés
moléculaires constitués d’un pôle hydrophile
et d’un pôle hydrophobe. Ces molécules
éliminent les salissures grâce à 4 actions
« pouvoir mouillant, émulsifiant, dispersant,
et moussant ». Ils constituent le " pouvoir
détergent ".
Ces quatre phases s’appellent le cercle
séquentiel de « Sinner ».
Une activité bactéricide en présence d’eau
dure, ou en condition de saleté, pour les
produits destinés à être dilués selon les
normes NFT 72-170 ou 72-151.
Une activité fongicide selon les normes
NFT 72-200, NFT 201.
Un désinfectant
L’eau de javel est un bon désinfectant.
Un désinfectant est un produit (selon Elle doit cependant, comme tous les
l’Agence Française de Normalisation - AFNOR) désinfectants, être utilisée sur des surfaces
utilisé pour la désinfection dans des conditions propres.
définies. Si le produit ou le procédé est
Utiliser un détergent c’est rendre propre sélectif, ceci doit être précisé.
On ne désinfecte que ce qui est propre
visuellement une surface, elle n’est pas pour
autant dépourvue de micro-organismes. La désinfection
Un gramme de poussière, c’est 1,5 millions
Pour faciliter le nettoyage et la désinfection,
La désinfection est, selon l’AFNOR,
de « germes »...
« une opération au résultat momentané on trouve sur le marché des détergents/désinfectants.
permettant d’éliminer ou de tuer les On réalise dans ce cas une action de biomicroorganismes et/ou d’inactiver les nettoyage : c’est une action combinée. Le
virus indésirables, portés par des surfaces nettoyage et la désinfection sont cumulés
ou des milieux inertes contaminés, en fonc- avec le même produit.
Attention cette opération de bionettoyage
tion des objectifs fixés ».
nécessite un nettoyage seul avec un détergent à
Température
Action mécanique
Le terme de « surface inerte » met en des périodes régulières, pour enlever le film
évidence l’utilisation d’un désinfectant sur déposé par le détergent/désinfectant.
Ce sont des produits spécifiques composés
les mobiliers et les sols, en opposition avec
Temps
Action chimique
d’agents nettoyants et d’agents désinfectants.
les antiseptiques utilisés sur les tissus.
Ils ont souvent une action rémanente.
La société française d’hygiène hospitalière
« au résultat momentané » : il est limité
publie la liste positive des désinfectants. Les
dans le temps.
produits agréés recevant les normes NF et CE
« de tuer les micro-organismes » : leur sont publiés avec le nom commercial, le nom
activité selon le spectre est : bactéricide, du fabriquant, les principes actifs, la concentration, le spectre d’activité, et la présentation.
virucide, fongicide.
Le cercle séquentiel de " Sinner "
20
Septembre 2005 - N° 41
Hygiène
Remarque :
Les produits utilisés pour la désinfection
de matériel en contact avec la peau du
patient et notamment les jouets pour les
enfants sont rincés.
Recommandations
De façon générale, il est recommandé de :
- Procéder à un essuyage humide des
surfaces dites « protégées » avec un
détergent/désinfectant aux concentration
recommandées, ou passage d’un détergent
puis d’un désinfectant. Avec des lingettes à
usage unique ou « lessivable à plus de 60° ».
unique » et des franges ou des bandeaux de
lavage sur un balai dit « trapèze ».
- Proscrire les plumeaux, les aspirateurs
ménagers, les chiffons secs, l’éponge.
- Respecter les dosages et le mode d’emploi.
- Ne pas mélanger les produits (risque de
toxicité).
- Ne pas diluer à l’avance (le produit perd
son efficacité et peut se contaminer).
- Respecter les règes de sécurité (port des
gants).
Attention : des réactions sont possibles
- Ne pas balayer à sec (balai ordinaire) entre les revêtements des surfaces et les
afin d’éviter de remettre les poussières en produits de désinfection.
suspension dans l’air. Procéder au balayage
humide. Pour cela utiliser des « gazes à usage Bibliographie : 5 - Guide « AFNOR »
L’eau de javel, un bon désinfectant
Il est recommandé d’obtenir une dilution
d’eau javellisée :
- en concentration à 1.8 ° (chl : 0,55%),
soit 150 ml d’eau de javel à 2,6 % de
chlore actif dans 5 litres d’eau, à employer
pour tous les sols, surfaces, mobiliers, sous
réserve d’un nettoyable préalable et de
compatibilité avec le matériel.
- de l’eau de javel à 9° (chl : 2,6%),
Conservation
prête à l’emploi. Verser dans les siphons et
canalisations (sous réserve de la compatibilité
C’est un produit « fragile » qui doit être de matériel) environ 225ml et laisser en
stocké à l’abri de la lumière et de la chaleur. contact 15 minutes, puis rincer.
- de l’eau javellisée à 0,8° (chl 0,3%),
soit 500 ml de javel à 2,6% de chlore actif
Précautions d’emploi
dans 5 litres d’eau. À utiliser pour tous les
ustensiles de malade (bassins urinaux etc..).
• Utiliser l’eau de javel avec des gants.
Laisser en contact 15 minutes, rincer et sécher.
• Ne pas mettre à la portée des enfants.
- de l’eau javellisée à 0,04% de chlore
• Ne pas mélanger avec un autre produit
actif, soit 75 ml de javel à 2,6% de chlore
(perte de l’efficacité, réaction chimique actif dans 5 litres d’eau. À utiliser pour de
pouvant être dangereuse, dégagement la vaisselle propre. Laisser en contact 15
de chlore).
minutes, rincer abondamment, sécher.
• L’eau de javel est corrosive et toxique.
Utilisation sporicide (norme NFT 72-231) :
• Elle peut provoquer des brûlures sur la
peau et les yeux, surtout sous forme eau de javel à 3,2% de chlore actif (ou environ
11° chl). Agit en 5 minutes.
concentrée.
Utilisation ATNC (agent transmissible
non conventionnel) : elle est spécifique selon
Utilisation
la circulaire n° 138 du 14 mars 2001
concernant inactivation chimique des ATNC.
L’eau de javel est bactéricide, virucide, On utilise une solution à 2% (7°chl).
fongicide, sporicide dans certaines conditions
Comme tout désinfectant l’eau de javel
d’utilisation.
Elle doit être utilisée avec de l’eau froide est utilisée sur une surface propre.
Elle doit rester en contact au moins 15
et en fonction de l’objectif pour obtenir une
minutes avec une surface pour être efficace.
désinfection selon les normes AFNOR :
Elle a de nombreuses applications :
réfrigérateur,
vaisselle, tissus, matériel, eau...
- Bactéricide :
EN 1040 NFT 72-151 NFT72 -190,
Bibliographie : Réseau régional d’hygiène de Basse
- Fongicide : EN 1725 NFT 72-201,
Normandie de mai 2002 (L’eau de javel et ses usages).
- Virucide: NFT 72-180.
Eau de javel: http://fr.Wikipedia.org
Connaissez vous bien l’eau de javel ?
- en pastille : c’est du dichloroisocyanurate
C’est une solution aqueuse d’hypochlorite de sodium. Lorsqu’elle est dissoute dans
de sodium et de potassium.
l’eau elle donne de l’hypochlorite de sodium
et de l’acide cyanurique. Son pouvoir désinfectant est moindre.
Historique
La javel est un oxydant chloré.
L’eau de javel est un excellent désinfectant
et blanchissant. Elle a été découverte en
1774 par un chimiste suédois, SCHEELE.
Puis Claude Louis BERTHOLLET en tire un
procédé de blanchiment des toiles, utilisant
une solution d’hypochlorite de sodium :
il vient d’inventer l’eau de Javel. En 1777,
le village de Javel à l’ouest de PARIS,
fabrique le produit chimique et lui donnera
son nom.
L’eau de javel, depuis 2001, a changé
de concentration pour être aux normes
européennes et on ne l’exprime plus en
degrés chlorométriques, mais en chlore actif
(en pourcentage).
Présentations les plus courantes
Elle existe :
- en berlingot à 9,6%, de 250 ml. Sa
conservation est de 3 mois après la date de
fabrication inscrite sur le berlingot. C’est
un concentré à 9,6% de chlore actif, c'està-dire 36 degrés chlorométriques
(anciennement 48 degrés chlorométriques).
Elle doit être diluée à raison de un concentré
(ou berlingot) pour trois volumes d’eau,
pour obtenir un litre de d’eau de javel à
2,6% de chlore actif.
- en bidon à 2,6% prêt à l’emploi soit
9° de chlore actif (anciennement 12 degrés
chlorométriques). Elle peut se conserver
jusqu’à un an, car elle est plus stable dans
cette présentation.
Septembre 2005 - N° 41
21
Hygiène
L’antisepsie et les antiseptiques
A Dupré
L’antisepsie se définit, selon L’AFNOR, « en une
opération au résultat momentané permettant, au
niveau des tissus vivants et dans la limite de
leur tolérance, d’éliminer ou de tuer tous les
micro-organismes et/ou d’inactiver les virus en fonction
des objectifs fixés. Le résultat de cette opération est
limité aux microorganism es et/ou aux virus
présents au moment de l’opération ».
L’antiseptique, selon la pharmacopée française
(10ème édition), est une préparation ayant la propriété
d’éliminer ou de tuer les micro-organismes ou d’inactiver
les virus sur les tissus vivants (peau saine, muqueuses,
plaies). Ils sont présentés dans leur forme d’utilisation
et sont utilisés tels quels sauf exception justifiée et
autorisée.
L’antiseptique présente une activité antibactérienne,
antifongique, antivirale selon son spectre d’activité.
Par conséquent un ANTISEPTIQUE ne peut pas être
utilisé pour l’entretien du matériel médicochirurgical.
Le cadre réglementaire
Les antiseptiques, avec autorisation de mise
sur le marché (AMM), sont des médicaments.
Les produits sans AMM font partie de la
législation concernant les produits d’hygiène
corporelle et s’inscrivent dans la législation
européenne « biocides » directive 98/8/CE.
Les antiseptiques sont utilisés sur
prescription médicale, sauf exception
justifiée et autorisée(1).
Les critères de choix (1)
Le choix de l’antiseptique tiendra compte:
- du spectre d’activité, (préférer un
spectre large),
- de la durée d’action, c’est la rémanence,
- du sujet (enfant ou peau fragilisée),
- de la stabilité du produit,
- de la solubilité du produit,
- de la qualité du conditionnement,
- de la tolérance,
- de propriétés annexes de la formulation
(action détergente…),
- de son coût.
Les règles d’utilisation
L’antiseptique est un médicament soumis
à des règles de prescription et d’utilisation.
Recommandations
générales (1)
Pour une meilleure utilisation un tableau
Le nombre d’antiseptique doit être limité
(page ci-contre) reprend les différentes (on les utilise mieux, meilleure connaissance et
familles avec l’utilisation conseillée, les stockage optimal, si le nombre est limité).
précautions d’emploi et les contre-indications.
La liste n’est pas exhaustive.
Les utiliser sur la peau et les muqueuses
en respectant les dilutions et les précautions
Les produits tels que l’éther (dégraissant), d’emploi.
l’éosine aqueuse (tannant) ne sont pas classés
dans la liste des antiseptiques.
Un antiseptique est efficace sur une peau
22
Septembre 2005 - N° 41
propre, d’où l’intérêt de la détergence avec
un savon antiseptique de la même gamme.
Respecter le temps de contact et les
concentrations.
Ne jamais mélanger les antiseptiques.
Ne pas rincer un antiseptique (sauf chez
les nourrissons) car il y a perte de la rémanence. En revanche un savon antiseptique
doit être rincé.
Les flacons sont conservés à l’abri de la
chaleur et de la lumière.
Garder le conditionnement original, ne
pas transvaser (risque de contamination et
perte d’informations).
Préférer un petit conditionnement.
L’utilisation d’une mono dose, lorsque la
présentation existe, est recommandée.
Respecter la date de péremption.
Certains antiseptiques nécessitent une
dilution. Pour cela de l’eau stérile est
employée et le conditionnement est également
stérile.
FICHE TECHNIQUE N° 25
Les cinq étapes indispensables pour une bonne antisepsie
1
Détersion ou savonnage avec un
savon doux ou un savon antiseptique de la
même gamme que l’antiseptique.
2
Un rinçage à l’eau stérile
4
Application d’un antiseptique
3
Un séchage avec
des compresses stériles
5
Séchage à l’air libre
Les antiseptiques
Familles / composés
Dérivés chlorés
(Dakin®, Amukine®…)
Dérivés iodés
Polyvidone (Bétadine®…)
Utilisations
Antisepsie de la peau saine
et des muqueuses.
Bain de bouche
Détersion (avec les savons)
et antisepsie de la peau saine
et des plaies.
Bains de bouche
(produit spécifique)
Antisepsie oculaire
(produit spécifique)
Antisepsie gynécologique
(produit spécifique)
Précautions d’emploi
et Contre-indications
Avantages
Très bonne tolérance
Spectre large
Inconvénient
Rémanence faible.
Avantages
Spectre large, bonne rémanence
Précaution d’emploi
Enfants de 1 à 30 mois (rincer après application).
Lors d’exploration thyroïdienne
ou d’antécédents thyroïdiens.
Eviter de mettre sous un pansement occlusif.
L’alcool iodé est très irritant sur les muqueuses. Il doit être remplacé avantageusement
par un autre antiseptique à large spectre, exemple : Bétadine alcoolique®
Alcool iodé
Biguanides
Chlorhexidine®
Solution aqueuse à 0,05%
Antisepsie
des plaies superficielles
Solution alcoolique 0,5%
Antisepsie de la peau saine
Savon
Alcools
Alcool éthylique
Associations
Chlorhexidine®
+ammonium quaternaire
Détersion de la peau saine
et des muqueuses
Inconvénients
En raison de sa formule (aqueuse) l’antisepsie est légère.
Utiliser des mono doses pour éviter un risque de contamination de la solution.
Contre Indications
si contact avec l’oreille moyenne en cas de perforation
(risque de surdité neurosensorielle), contact avec les méninges ou l’œil
(opacification de la cornée irréversible), muqueuse (1) .
Bains de bouche
(solution spécifique)
La Chlorhexidine® est irritante pour les muqueuses,
si la concentration est supérieure à 0,02% (2)
Antisepsie de la peau saine
(intramusculaire,
sous cutanée…)
Inconvénients
Irritant.
Eviter l’application large sur la peau du nourrisson.
Aspect médico-légal : ne pas utiliser lors de prélèvements d’alcoolémie (2)
Antisepsie de la peau saine
Antisepsie des plaies chirurgicales
Les mêmes que les " Chlorhexidine ®"
Bibliographie : 1 - Le bon usage des antiseptiques CCLIN SUD – OUEST , version 2000-2001, AFNOR, Antiseptiques et désinfectants, Edition 1998.
2 - Guide des bonnes pratiques pour la prévention des infections liées aux soins réalisés en dehors des établissements de santé, 2004
Septembre 2005 - N° 41
23
FICHE TECHNIQUE N° 26
Traitement des surfaces
et des instruments médicochirurgicaux
Surfaces
et matériel
Paillasses de soins,
chariot de soins ou
surfaces à risque
Produits employés
Détergent/désinfectant
prêt à l’emploi
pour surfaces hautes
ou en sachet à diluer dans
8 l d’eau.
Mode
d’emploi
Secouer le
flacon et
pulvériser
la mousse.
Essuyer avec
un papier
à usage
unique,ou en
essuyage
humide
Dosage et
précautions
d’emploi
Prêt à l’emploi
ou à diluer
Ou
Un sachet
pour 8 l d’eau
froide
Argogerm® (Argos)
Asphène® (rivadis)
Surfanios® (Anios)
Anios® surfaces hautes
(anios) prêt à l’emploi.
Respecter
les dilutions
porter des gants
Déterganios®
détergent
Rivasurf ® (Rivadis)
détergent
Surfanios®
(détergent /désinfectant)
Un sachet
pour 5 litres
d’eau
Hexanios G+R®
(détergent/désinfectant)
Aniosyme 1000®
(détergent/désinfectant)
(laboratoire Anios)
Détergent
Sols
Fournisseur
Laboratoire*
Détergent/désinfectant
Instrumentation
3 niveaux
Critique
stérilisation ou
désinfection de haut
niveau à la suite
de la pré désinfection
(matériel de biopsie,
dentaire,
petite chirurgie...)
semi critique
niveau intermédiaire
stérilisation ou
désinfection après
la pré désinfection.
Tout matériel en contact
avec les muqueuses ou
peau lésée (spéculum…)
non critique
peut être réutilisé
sans stérilisation
Détergent/désinfectant
sans aldéhyde
Autoclavage ou
désinfection chimique
ou
matériel à usage unique
L’état de stérilité
doit être maintenu
jusqu'à utilisation
Détergent/désinfectant
sans aldéhyde
Autoclavage
ou
Désinfection chimique
ou
Matériel à usage unique
Pré désinfection dans un
détergent/désinfectant
après utilisation.
Immerger
complètement
le matériel
ouvert (pince)
dans un bac
prévu
à cet effet
Laisser
tremper 15 mn
minimum
Brosser
Rincer
sous l’eau
courante
le matériel
Nettoyer
le bac ayant
servi à cette
opération
Utiliser
des gants,
lunettes de
protection
si nécessaire
Respecter
le trempage et
les différentes
opérations de :
nettoyage
brossage
rinçage
Rivascop®
(laboratoire Rivadis)
(détergent/désinfectant)
Seckuline®
(laboratoire paragerm)
(détergent/désinfectant)
Stéranios® Endosporine®
Korsolex® …
(désinfectant)
pour matériel
thermosensible
* : Liste non exhaustive… Ref: la Revue Hygiène, éditée par la Société Française d’Hygiène Hospitalière. Site: http://www.hygienes.net
24
Septembre 2005 - N° 41
Hygiène
Aménagement, organisation et entretien des locaux
A Dupré
L’environnement peut être une source de contamination par les microorganismes et être à
l’origine d’infection. Par exemple certains Adénovirus sont très résistants et peuvent survivre
sur des surfaces et dans l’environnement jusqu’à 30 jours(3).
L’aménagement et l’organisation seront ergonomiques, en fonction du type de consultation,
des soins et examens.
L’aménagement doit être convivial pour les patients, fonctionnel pour les soignants et
adapté aux règles d’hygiène.
Selon la spécialité des soins
- Un fauteuil (ou une table d’examen)
nettoyé entre chaque patient et recouvert
d’un papier imperméable (rouleau ou drap
Généralement on retrouve une classification
d’examen).
des zones comme suit(1).
- Un chariot guéridon en inox pour déposer
Ils sont différents selon l’activité et les
le matériel d’examen. Eviter de recouvrir
Les zones administratives :
types de soins.
les surfaces avec un champ ou une autre
- la salle d’attente,
- le secrétariat,
De façon générale, il est ergonomique et protection.
- la salle d’archivage…..
facile d’entretien.
La classification
Les zones protégées :
- la salle de soins et d’examen,
- la salle du stockage du matériel stérile,
- celle du conditionnement du matériel.
Mobilier et
aménagement
La zone d’examen et/ou de soins
comporte :
Les zones potentiellement « contaminées » :
- les locaux des déchets, du linge sale,
- le local de ménage,
- celui du nettoyage des dispositifs
médicaux.
- Un réceptacle pour recueillir et organiser
le tri les déchets. Les réceptacles pour les
objets coupants, tranchants sont situés au
plus près du geste et à portée de main (50 cm
selon les recommandations du GERES(2)). Il
est aux normes (NF) avec une ouverture
La zone d’examen ou de soins est une définitive et transitoire, utilisable d’une
zone « propre » et doit être séparée des seule main, et suffisamment grands pour
autres salles.
recevoir les seringues montées.
Les revêtements
Les différents revêtements sont choisis
dans des matériaux lavables et résistants aux
divers détergents/désinfectants de surface.
Pour les sols : le revêtement thermoplastique
ou le carrelage avec joints plats et étanches
sont à privilégier.
Pour les murs : choisir un revêtement
lessivable et résistant au détergents
/désinfectants.
Une salle d’attente,
un secrétariat aménagés
de façon fonctionnelle et
conviviale..
Les moquettes, le liège, les tapis, sont à
proscrire en milieu de soins.
Septembre 2005 - N° 41
25
Hygiène
Une salle type de nettoyage
du matériel médico chirurgical.
La zone dite "contaminée"
Le nettoyage du m atériel m édicochirurgical
Elle est à part et doit permettre la pré
désinfection du matériel réutilisable.
Elle est équipée de bac de trempage,
d’une paillasse pour déposer le matériel et de
placards pour le rangement.
L’entretien
Elle est équipée de la façon ci-dessous :
- Un réfrigérateur pour la conservation
des médicaments et réservé uniquement à cet
- u n gra n d l a va b o p o u r é vi t e r l e s
usage. Il est muni d’un thermomètre et
é c la b o u s s u r e s .
désinfecté une fois par semaine (dans l’idéal).
Un local doit être réservé aux produits et
au matériel d’entretien. Il est équipé d’un
point d’eau et d’un vidoir (ne pas négliger la
surface liée à cette fonction).
Les déchets et linge sale
Un local pour le stockage des déchets et
du linge sale doit être prévu facilement bio
- un distributeur de papier à usage unique nettoyable.
- Un bac couvert, contenant une solution et de bonne qualité.
Les sanitaires
détergente/désinfectante prête à recevoir les
- un réceptacle pour le papier.
dispositifs médicaux réutilisables.
Les WC suspendus facilitent le bio
Le robinet à fermeture automatique n’est nettoyage. Ils sont équipés d’un lavabo, d’un
La zone de lavage des mains :
pas obligatoire si l’on ferme le robinet par distributeur de savon et d’essuie mains à
usage unique.
l’intermédiaire du papier.
- Une armoire pour le stockage des
dispositifs médicaux.
Elle est séparée de la zone de soins
immédiate pour éviter toutes contaminations.
- un distributeur de savon à usage unique.
Une zone de lavage...
L’entretien
des locaux
Le bio nettoyage s’organise en commençant
par la zone protégée et en allant du plus propre
vers le plus contaminé. Toujours garder le
principe « du plus propre au plus sale ».
Pour les zones administratives un entretien
dit " ménager " est suffisant.
Une attention particulière est portée aux
jouets mis à la disposition des enfants. Préférer
des jouets lavables.
Pour les autres zones l’entretien sera
réalisé par un bio nettoyage avec des
détergents/désinfectants. On peut aussi utiliser
un détergent du commerce et désinfecter
dans un deuxième temps.
L’essuyage des surfaces est réalisé avec
des lingettes à usage unique ou lessivables
(au-dessus de 60 ° et javellisation au dernier
26
Septembre 2005- N° 41
Hygiène
cycle de rinçage). La lingette est changée
pour chaque zone ou meuble selon le degré
de salissure. Les éponges sont à proscrire :
elles sont une réserve de micro-organismes
et elles sont difficiles à netto yer et à
désinfecter.
Il existe des sprays prêts à l’emploi pour
faciliter l’essuyage humide des surfaces dites
« hautes », des lingettes prêtes à l’emploi aux
normes « bactéricide, virucide, et fongicide ».
Pour les sols on préférera des bandeaux
(ou des franges) spéciaux pour le lavage des sols.
L’entretien des pièces est réalisé selon
des règles simples qui consistent à :
- aérer les locaux
- ranger le matériel
- éliminer les déchets et le linge dans les
emballages requis.
- réaliser l’entretien avec du matériel
parfaitement entretenu et ergonomique selon
les recommandations d’hygiène.
Le nettoyage et la désinfection est au
moins quotidien, et immédiatement lors de
souillures : tache de sang, crachats etc.
Salles de consultation et d’examen
parfaitement entretenues...
Prévoir un nettoyage périodique pour les réfrigérateurs
(une fois par semaine), certaines bactéries sont
ps ychrophiles et prolifèrent entre 0° et 20° (listéria).
Les placards, les luminaires, (une fois par trimestre).
Les climatiseurs seront nettoyés complètement
c'est-à-dire démontés. Les parties lavables sont nettoyées au
moins une fois avant la période chaude et en fonction de
l’utilisation. Le filtre est nettoyé régulièrement une fois
par mois surtout en période chaude (les aspergillus
s’installent facilement sur les filtres).
Un calendrier sera établi, un suivi et une traçabilité
du nettoyage et de la désinfection seront organisés.
L’eau de réseau comporte des normes de potabilité.
Par contre la légionelle émise par le « dispersat » des
tours aéroréfrigérantes fait régulièrement l’actualité. On
trouve également la légionelle dans l’eau chaude et les
bras morts des réseaux. C’est une bactérie thermophile
se développant entre 40° et 60°C. La stagnation de l’eau
dans des ballons d’eau chaude peu utilisés ou dans les
bras morts favorise sa prolifération. La prévention
consiste à éviter ces derniers, à faire couler l’eau des
points d’eau peu utilisés, et de disposer d’un flexible et
d’un pommeau de douche en bon état. Ce sont des
mesures simples et efficaces.
Bibliographie :
1-guide des bonnes pratiques pour la prévention des infections
liées aux soins réalisés en dehors des établissements de santé.
Ministère de la santé
2- GERES : guide des matériels de sécurité
3-prévention des infections nosocomiales en ophtalmologie du
CCLIN OUEST version 2002.
Septembre 2005 - N° 41
27
Hygiène
Epidémie de gale dans un service de gériatrie
du C.H.S. Albert Bousquet à Nouméa.
Karine SAVELLI *
La gale est une affection parasitaire résultant de la
colonisation des téguments de l’homme par le sarcopte
Sarcoptes scabiei var. hominis. C’est une maladie
contagieuse contractée à 95% par contact peau contre
peau et à 5% par le linge, la literie, les sièges de WC…
Elle touche surtout les collectivités et les personnes âgées
en maison de retraite ou en service de gériatrie sont une
population à risque.
L’incubation
L’incubation est asymptomatique et dure
une dizaine de jours puis la phase d’état fait
apparaître des sillons (élevure sinueuse de la
peau avec un œdème à l’extrémité), de façon
inconstante, dans les espaces interdigitaux,
les poignets, les chevilles, les aisselles, les
zones sexuelles (mais ni dans le dos ni sur la
face). Ils s’accompagnent d’un prurit à
prédominance nocturne entraînant des lésions
de grattage (après 6 semaines, le prurit maintient
éveillé. Après 3 mois l’irritation est continue
et insupportable la nuit). Il n’y a pas de
guérison spontanée sans traitement.
Les papules et les sillons s’observent entre les
doigts, tout particulièrement entre le pouce et l’index.
Les facteurs de risque
Le service de gé ronto -ps yc hiatrie
(pavillon 8) du C.H.S Albert Bousquet abrite
des patients déments déambulants qu’il est
pratiquement impossible d’isoler sans
médication sédative. La maladie d’Alzheimer
rend ces patients avides de contacts, aimant la
promiscuité. Ils ont leur lieu de vie sur place.
Il en découle une déambulation permanente,
des habitudes quotidiennes rythmant les
journées, qu’il est difficile d’éduquer. De
plus, du fait de l’organisation actuelle de
l’Unité des Personnes Agées (U.P.A.) qui
comprend trois services de soins distincts, la
population du service de géronto-psychiatrie
partage des activités et des lieux de soins
avec les patients des 2 autres services. Le
personnel, quant à lui, prodigue des soins de
* : Pharmacien Assistant Spécialiste – C.H.S. Albert Bousquet – Nouméa. Article réalisé avec la collaboration de Sabrina HONORAT – cadre de santé – U.P.A, et de
Nathalie Quirin, médecin gériatre. - Octobre 2004
28
Septembre 2005- N° 41
Hygiène
contact où le toucher est fréquent et même
nécessaire : personnes âgées, affaiblies,
impotentes et pour qui le contact physique
est très important.
La gestion de l’épidémie
- La chronologie et la méthode de
réfection des lits,
- Des locaux non spécifiques,
- Le manque de matériel à usage unique
adapté aux soins en cas de maladie
contagieuse,
- Le matériel interne au service
à r e n o u ve l e r ,
- La technique d’entretien des salles de
bains entre chaque patient,
- La chronologie des soins.
Les mesures correctives mises en place
suite à cette épidémie ont été l’isolement du
patient et de son voisin de chambre pendant
24h lors de l’infestation, l’arrêt de la participation active de ces patients à la vie du
service pendant le temps du traitement, la
révision des techniques de travail des agents
Les leçons de l’épidémie
de service hospitalier (A.S.H.) ainsi que des
techniques de soins aux patients déments
Ces récidives ont permis la mise en déambulants.**
évidence de dysfonctionnements au sein de
Une étude pharmaco-économique va être
cette unité et de pratiques pouvant permettre
la dissémination d’agents pathogènes menée afin d’évaluer le coût humain et
financier d’une telle épidémie.
notamment :
d’habillage avec blouse à usage unique,
masque, charlotte, surchaussures ont été
mises en application pendant toute la durée
de l’épidémie.
10 jours après ce traitement, nous avons
observé une réinfestation au pavillon 8 et
nous avons donc conduit une deuxième
campagne dans ce pavillon. Nous avons
isolé le pavillon en laissant, du fait de la
topographie des lieux, suffisamment d’espace
aux patients déambulants qui ont été traités une
seconde fois au STROMECTOL®.
De nombreuses récidives ont été observées
et l’épidémie a duré 6 mois, du fait aussi de
l’attente de 5 semaines sans gale pour
pouvoir dire que l’épidémie était enrayée.
Quelques cas sporadiques avaient été
dépistés, isolés puis traités durant l’année
2003. En février 2004, nous avons constaté
une épidémie de gale dans ce service,
atteignant 80 % du personnel et 100 % des
patients. Avant cette épidémie, tous les cas
étaient traités, dès le diagnostic effectué, par
2 badigeons d’ASCABIOL® (benzoate de
benzyle) sur la totalité du corps hormis le
visage, à 24 heures d’intervalle.
L’agent infectant primaire s’est avéré
être, après plusieurs mois d’enquête, une
patiente ayant séjourné dans ce service
en novembre 2003, contagieuse mais sans
lésion apparente, dont la maladie n’a été
révélée aux médecins qu’un mois après sa
sortie.
Un comité technique a été créé au sein ** NDLR : En outre il ne faut pas oublier qu’aucun traitement de la gale n’est efficace à 100%.
du C.H.S. pour réagir rapidement et effica- Ni les applications locales, ni l’Ivermectine (70 à 90% seulement d’efficacité thérapeutique
cement à cette épidémie. Il comprenait le immédiate).
directeur de l’établissement, le responsable
des services économique et financier, un
médecin référent de l’U.P.A., la directrice
des services de soins, les 3 cadres des pavillons
de l’U.P.A., le médecin du travail du
Les lésions linéaires
S.M.I.T. et la pharmacienne. Durant la
(sillons), sinueuses et très
période d’infestation du personnel, le
discrètement surélevées
médecin référent de l’U.P.A. ainsi que le
permettent le diagnostic.
médecin du travail ont donné ensemble des
consultations d’abord à tout le personnel
puis aux agents malades nécessitant une
visite de contrôle.
Une première campagne avec fermeture
complète des 3 pavillons de l’U.P.A.
(comptant 80 patients) pendant 3 jours a eu
lieu début mars. Le personnel dans sa totalité
(équipes soignantes de jour et de nuit, agents
du service hospitalier, médecins, kinésithérapeutes) ainsi que les patients ont tous été
traités simultanément par STROMECTOL®
(ivermectine) 200µg/kg en prise unique. Les
C’est une maladie très
locaux ont été désinfectés à 2 reprises, selon
contagieuse.
®
un planning précis, à l’ACARDUST 400
Après une incubation
d’environ un mois
puis netto yés au DETERG’ANIOS ® .
apparaît un prurit
Les matelas, les oreillers, les couvertures,
généralisé, avec une fine
les fauteuils, le linge des patients, les véhicules
éruption papuleuse
ont été traités à l’A-PAR®. Des procédures
du tronc.
®
concernant l’utilisation d’ACARDUST 400,
de l’A-PAR ® e t d e s t r a i t e me n t s p a r
ASCAB IO L® ou STROMECTOL® ont été
rédigées par la pharmacienne de l’établissement
et diffusées à l’ensemble du personnel
concerné. Parallèlement, des procédures
Septembre 2005 - N° 41
29
Hygiène
Les idées fortes*
B Rouchon
Les situations à risques
Les infections ont pour cause principale
la transmission d'un patient à un autre par
des intermédiaires identifiés:
- mains des soignants
- dispositifs médicaux
- environnement
- promiscuité dans les salles d'attente en
ce qui concerne la transmission aéroportée
Ces intermédiaires sont les mêmes en
pratique hospitalière ou ambulatoire.
Patients à risques élevés
pièces les plus exposées. Le balayage
humide des sols et le dépoussiérage humide
des surfaces évitent la remise en suspension
des poussières.
Les personnes responsables de l'entretien
du lieu de soins doivent être formées à cette
tache, informées des risques et vaccinées
contre l'hépatite B.
L'utilisation de tissus jetables réduit
l'entretien du linge qui doit être effectué
comme celui du linge domestique (lavage en
machine éventuellement suivi d'un rinçage à
Le lavage des mains est la mesure l'eau de javel).
essentielle pour la prévention de la
Prévenir la transmission
transmission des infections.
Le lavage des mains:
le geste clé
Voir article page 7 et affiche page 8
Les patients à risques élevés d'infection
sont les enfants de moins d'un an, les personnes
Lorsqu'un lavage des mains ne peut pas
âgées, les diabétiques, les femmes enceintes,
les patients immunodéprimés, ce d'autant être momentanément réalisé, le recours à une
plus qu'ils sont pris en charge avec un friction avec une solution hydro alcoolique, sur
des mains propres à l'œil, est une alternative.
recours important aux gestes invasifs.
Les responsabilités des
professionnels de santé
Les obligations réglementaires des
soignants non hospitaliers, en exercice libéral
(chirurgiens-dentistes, kinésithérapeutes,
médecins, pharmaciens d'officine, sagesfemmes) concernent l'élimination des déchets
d'activité de soins, le nettoyage, la désinfection
ou la stérilisation des dispositifs médicaux
réutilisables et la non réutilisation des
dispositifs médicaux à usage unique.
Pour les médecins et les sages-femmes,
les obligations déontologiques se traduisent
par l'obligation de disposer de moyens
techniques suffisants, et pour les chirurgiens
dentistes de la nécessité d'exercer leur
profession sans risque de compromettre la
qualité des soins.
Les pharmaciens disposent de recommandations pour la fabrication à l'officine
des préparations magistrales et officinales.
Les loueurs de matériel (pharmaciens ou
non) sont tenus de désinfecter le matériel
médical loué.
30
Septembre 2005 - N° 41
des infections
Le virus de l'hépatite B, le virus de
l'hépatite C, et le virus de l'immunodéficience
humaine sont à l'origine d'infections chroniques
graves à risque de transmission lors des
soins, par effraction cutanée ou par tout
contact avec la peau lésée ou avec une muqueuse. Le sang est le vecteur essentiel de
Aménagement
cette transmission.
et entretien des locaux
La prévention des infections liées au sang
passe tout d'abord par l'adoption des mesures
d'hygiène de base tels que le lavage des
mains et le port de gants lors du contact avec
des liquides contaminants.
La prévention passe aussi par une organisation rigoureuse du travail, avec:
- mise à disposition des soignants, de
boîtes pour les déchets de soins perforants sur les
lieux mêmes des soins,
- l'élimination immédiate des dispositifs
médicaux piquants ou coupants à usage unique
après utilisation sans recapuchonner ni
désadapter les aiguilles,
- le démontage et le trempage pré-désinfectant
L'aménagement des locaux doit privilégier des dispositifs médicaux réutilisables.
un entretien aisé et la suppression des surfaces
où la poussière est inaccessible.
Les revêtements des sols des murs et des
surfaces doivent être lisses, sans joints et
lessivables; la moquette est à proscrire.
Dans la salle de consultation ou de soins
un lavabo doit être réservé au lavage des
mains.
Le démontage et le nettoyage des dispositifs
médicaux doivent être réalisés dans un autre
lavabo ou une cuvette réservée à cet usage.
L'entretien des locaux doit être programmé,
avec des procédures écrites, et réalisé méthodiquement, des pièces les moins exposées à
un risque de contamination à risque, vers les
Hygiène
La prévention vis-à-vis des expositions
Prévenir l’infection lors
des muqueuses se fait par le port de masques
faciaux ou de lunettes de protection. En aucun des gestes techniques
cas les lunettes de correction visuelle ne
Une antisepsie de la peau est nécessaire
constituent une protection suffisante.
La vaccination contre l'hépatite B doit avant tout geste comportant une effraction
concerner toutes les personnes qui risquent cutanée.
Une simple désinfection à l'alcool
d'être en contact avec du sang ou des liquides
éthylique à 70°, immédiatement avant une
biologiques.
injection ou un prélèvement veineux est
suffisante.
Dans les autres cas, la désinfection
(alcool éthylique à 70° ou chlorexidine
alcoolique ou povidone iodée) doit précéder
d'au moins deux minutes la réalisation de
l'acte.
Si cela est vraiment nécessaire, les poils
ou les cheveux situés sur le site de pénétration
d'un dispositif médical doivent être retirés à
l'aide d'une tondeuse électrique ou avec une
crème dépilatoire. L'utilisation d'un rasoir
mécanique est déconseillée, car elle augmente
la fréquence des infections cutanées.
Les cathéters veineux courts et les sondes
urinaires doivent être introduits avec une
technique aseptique (lavage antiseptique des
Prévenir la transmission
mains et utilisation de gants stériles), en
utilisant du matériel à usage unique.
aérienne des infections
La prévention des infections liées à ces
Les mesures recommandées pour la dispositifs repose aussi sur la réévaluation
transmission des infections à transmission quotidienne de leur intérêt et sur leur retrait
dès qu'ils ne sont plus jugés utiles.
aérienne sont notamment :
- la vaccination contre la grippe de toutes
les personnes travaillant dans des lieux de
soins et qui sont en contact avec des patients à
risque de complication de la grippe,
- l'isolement des patients ayant une
tuberculose pulmonaire contagieuse,
- l'éloignement dans la salle d'attente des
patients ayant des symptômes de maladies
transmissibles par voie aérienne (toux,
éternuements, exanthème) des autres patients,
- la désinfection ou le changement des
embouts des aérosols doseurs entre deux
utilisations chez des patients différents
(démonstration),
- l'entretien régulier des appareils de Distinguer les dispositifs
climatisation.
à usage unique
et les dispositifs
médicaux réutilisables
Le symbole 2 barré dans un cercle signifie
que le dispositif est à usage unique.
2
Nettoyer puis désinfecter
ou stériliser les dispositifs
médicaux réutilisables
Le trempage pré-désinfectant et le
nettoyage sont des étapes indispensables
avant la désinfection ou la stérilisation des
dispositifs médicaux réutilisables.
La qualité du nettoyage conditionne la
qualité de la désinfection et celle de la
stérilisation.
Le traitement à appliquer à chaque
dispositif médical dépend principalement
du type de contact du dispositif avec l'organisme mais également du type de microorganismes avec lequel il a été en contact.
Les étapes de la désinfection et de la
stérilisation doivent être respectées, et le
bon déroulement de chaque cycle contrôlé.
Ne pas confondre
antiseptique,
désinfectant et détergent
Les antiseptiques sont destinés aux tissus
vivants, la peau par exemple. Ils ont le statut
de médicament.
Les désinfectants sont destinés aux
milieux inertes : sols dispositifs médicaux,
etc. Ils font l'objet de normes AFNOR, pour
ce qui concerne leurs propriétés antimicrobiennes, et sont classés selon leur
spectre d'activité antimicrobienne : bactéricide,
virucide, fongicide, sporicide.
Les détergents destinés au nettoyage ne
font pas l'objet de normes.
Gérer les déchets de soins
à risque infectieux
Les déchets de soins à risque infectieux
doivent être séparés des déchets ménagers
dès leur production.
L'élimination des déchets de soins
incombe au producteur de ces déchets (voir
article spécifique).
En pratique ambulatoire, l'usage unique * : Synthèse de la revue PRESCRIRE Décembre
doit être privilégié.
2000/tome 20 N° 212 (suppl. risque) page 942 -944
Septembre 2005 - N° 41
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