Acteurs et partenaires - Cicm

Transcription

Acteurs et partenaires - Cicm
Numéro 3
Mai 2006
zine du CICM
es
CrédiWtMutuel
Acteurs et partenaires
•.mmaire
RCA
Bernard
Hamadjida a été
élu Président du
Crédit Mutuel de
Centrafrique.
Page 12
CONGO
Bienvenu
Maziezoula :
"Crédits : il
faut adapter
nos méthodes"
Page 11
CONFEDERATION
Etienne Pflimlin
: "Notre objectif c'est votre
autonomie"
Page 6
NIGER
Trois caisses
ouvertes en
juin
Page 9
SIIMEC
Jean-François
Youf a pris la
direction de
la SIIMEC à
Dakar
Page 8
-Ne
CMN
du CICM en séminaire à Toulouse
Avec une régularité de métronome les administrateurs
du CICM et les responsables des différents réseaux partenaires d'Afrique et d'Asie, se retrouvent en séminaire
à la fin de l'hiver. Cette année c'est la Ville Rose qui
avait le privilège de les accueillir.
Lors du séminaire, les participants se sont rendus
dans une Caisse du Crédit
Mutuel Midi-Atlantique au
centre de Toulouse . A la
sortie, de gauche à droite
on reconnaît : Bienvenu
Maziezoula (Congo) ; Byll
Arhini et James Nfokolong
(Cameroun) ; à l'arrière
plan, Jean-Claude Garcia
(Centrafrique) ; Diao Cissé
(Sénégal) ; à demi masqué,
David Cohen (CICM Paris) ;
Drissa Coulibaly (Mali) ;
Youssef Djezzez
(Philippines) et Alioune
Diodio Ba (Sénégal).
es rencontres qui rassemblent une tren-
taine de participants, tous acteurs resC
ponsables, est l'occasion de partager des
expériences et de mettre en commun des
réflexions.
Pour le spectateur non averti, la lecture de
l'ordre du jour pourrait prêter à sourire tant
les sujets appartiennent au domaine des évidences dans un monde bancaire occidental
formaté par des siècles de pratiques et de
traditions . Mais, pour le Président de la
Caisse de Bacongo, un quartier chaud de
Brazzaville, l'espoir de voir une carte bancaire mise au service de ses sociétaires est
encore du domaine du rêve.
Comme il est peu probable que les enfants
de son voisin puissent suivre sur Internet le
cheminement du salaire paternel qui vient de
là bas, de chez nous, d'une plateforme pétrolière en Mer du Nord, pour faire finir l'étage
de la maison ou assurer le quotidien familial.
Il est vrai que voila dix ans il n'était pas du
tout concevable que cette banque mutualiste
puisse survivre, ici à la guerre civile, là-bas
aux séismes politiques ou économiques.
Souvent les économies étaient la proie du
feu de la case ou des rongeurs campagnols.
Ce n'est pas du misérabilisme, simplement la
réalité . Le quotidien du CICM est de mettre à
la disposition des femmes et des hommes
qui dirigent ces réseaux tous les outils bancaires banalisés aujourd'hui dans nos
contrées . Mais cette mise à disposition doit
suivre un cours pédagogique adapté . Ce
n'est pas du soir au matin que l'on impose un
contrôle de gestion rigoureux ou l'observance de ratios prudentiels de stricte obédience Standard & Poors.
D'ailleurs, si on l'imaginait, ce serait faire
preuve d'une mémoire défaillante.
i
SEMI
Entre la comptabilité sur le Grand Livre tenue
dans l'arrière boutique du presbytère et la
mise sur les fonds baptismaux des Cybermut
et autres Symphonis il a fallu tout un apprentissage, peut être parfois quelques tâtonnements, toujours de la bonne volonté et de
l'envie de mieux faire pour l'amélioration du
service aux sociétaires . Depuis une trentaine
d'année, en Afrique et aujourd'hui en Asie, le
CICM apporte avec lui les graines de cette
expérience acquise . Les mouvements qu'il
patronne, suivent, à leur rythme. Souvent à
grand pas . Ils s'imprègnent puis agissent.
Pragmatiques héritiers de Raiffeisen.
Escapade toulousaine dans un ordre du jour
chargé et éclectique.
Contrôle de gestion :
la SIIMEC à l'ouvrage
Depuis 2002 le service central du CICM,
en l'occurrence tout particulièrement
David Cohen en charge de l'informatique,
planche avec le Crédit Mutuel du Sénégal
sur un projet de Système Informatique de
Gestion qui prolonge les outils comptables
bancaires . En 2003 les différents mouvements ont approuvé un cahier des charges
commun et une solution technique a commencé à poindre en 2004.
Depuis le projet est en attente, faute,
notamment, d'un support technique et
logistique adapté . La création, puis la
montée en puissance de la société informatique SIIMEC, ont permis de remettre le
projet à l'ordre du jour du séminaire de
Toulouse . La mise en place d'un contrôle
de gestion pertinent répond à quatre
objectifs principaux :
- améliorer la qualité de l'information sur la
réalité financière des mouvements ;
- améliorer la vitesse de circulation, de
traitement et de production de l'information . Trivialement, pouvoir en disposer
avec pertinence en temps quasi réel et
non plus de manière aléatoire - sécuriser
les chaînes de traitement par une intégration informatique qui évite les opérations
manuelles et pérennise le suivi, sans ris-
que lié au départ d'un collaborateur . ..
- assurer la transparence des établissements vis-à-vis des partenaires extérieurs
: Banque centrale, Commission bancaire
locale, Commissaires aux comptes, refinanceurs ou éventuels actionnaires.
Incontournable pour
une bonne gouvernance
D'un point de vue technique le système
cible doit pouvoir supporter des utilisateurs multiples et répartis sur l'ensemble
du réseau, ce qui implique une solution de
stockage puis de restitution des informations . Par ailleurs, compte tenu de la croissance rapide des réseaux, mais aussi de
leur disparité, le système choisi doit être
évolutif et s'appuyer sur un tronc commun
qui couvre 80% des besoins.
A Toulouse la synthèse des travaux a permis de déterminer trois axes principaux :
- la création d'un Système d'Information
Décisionnel qui génère : un espace de
dépôts des données de SiBanque, mais
aussi des données prévisionnelles ; une
base de données calibrée pour répondre à
la demande à des interrogations complexes .
- le choix d'une architecture
Intranet, dont les qualités intrinsèques
sont la fiabilité, l'accessibilité et la pérennité . De plus elle facilite les actions d'administration centralisées et minimise les
développements spécifiques couteux.
Pour les spécialistes notons que cette
architecture sera associée à une base de
données SQL Server.
- la SIIMEC sera chargée de mettre en
oeuvre ce projet après accord des utilisateurs sur son financement qui représente
une charge de l'ordre de 200 000 €.
En l'état de développement de certains
réseaux, on pense aujourd'hui au Sénégal
et au Congo, ce projet devient incontournable pour leur pérennité et leur bonne
gouvernance.
Échange en atelier, de gauche à droite :
Monique Groc (Toulouse), Louis Crusol
(Président Fédération Antilles Guyane)
et Gérard Légier (DG Mucodec, Congo)
Témoianaae
Monique Fillot
Monique Fillot est
administratrice du
CICM. Elle représente la Fédération
de Lyon
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"Les séances plénières sont de plus en plus
structurées. Tout naturellement, les réseaux
matures tirent vers le haut les autres réseaux
plus jeunes ou ceux dont les difficultés ne leur
permettent pas de se développer. Plusieurs thèmes abordés dont blanchiment et financement du
terrorisme, élaboration d'un site Internet, mise en
place d'une Centrale des Risques sont des sujets
qui ne peuvent être traités sans une adhésion et
une participation entière de tous les réseaux.
Tous ces projets cimentent les liens tissés entre
le CICM, force de proposition, et ses partenaires.
Différences
Je reste étonnée et admirative du chemin parcouru et de la rapidité du développement. Hélas,
certains points dont l'issue semble bien compromise persistent, je pense particulièrement à
CMCA, qui cumule tous les handicaps . Autre
source de satisfaction, la représentation des
réseaux d'Asie avec lesquels il va falloir compter
désormais . Approche différente due à l'environnement et à la culture . La présence des deux
expatriés de ces réseaux, permettait une info en
direct, avec des précisions, des anecdotes qui
nous les rendaient plus proches et plus concrets ."
NAIR
i
SÉMINAIR
Comment valoriser d'excellents résultats financiers ?
Directeur Général du Crédit Mutuel du
Sénégal (CMS), Mamadou Touré a planché durant le séminaire sur un sujet fondamental pour une institution mutualiste :
comment communiquer et valoriser ses
résultats ? Le Président Pflimlin, apportera d'ailleurs son éclairage sur le sujet
lors de son intervention . Entre 2002 et
2005 le CMS est passé de 150 000 sociétaires à 250 000 . Dans le même temps
son PNB a été multiplié par six et son
résultat par plus de sept (2 495 milliards
de Francs CFA en 2005 !) . Ce résultat
brillant est le fruit d'une planification déterminée pour accéder à la stabilisation et à
la pérennisation de l'entreprise, désormais première banque sénégalaise des
particuliers . Un plan d'amélioration de la
productivité par agent et par strate de
marché, ainsi qu'une maîtrise des coûts
opératoires, liés à un développement
commercial constant, ont permis cette
progression . Les responsables du CMS
pourraient être tentés de pavoiser et de
clamer bien fort sur les toits de Dakar et
au-dessus des baobabs leur génie et leur
fortune.
Bénéficiaires :
l'entreprise, le sociétaire, les salariés.
Plus raisonnablement, ils ont choisi de
communiquer sur leurs résultats sous le
prisme de leur utilisation . Et Mamadou
Touré de ventiler la communication sur
les résultats du CMS sous trois angles :
- renforcement des fonds propres de
l'entreprise pour financer son développement, faire face à d'éventuelles intrusions
concurrentielles, envisager des diversifications qui pérennisent l'outil et apportent
de nouveaux services aux sociétaires.
- renvoi des résultats vers les sociétaires par la réduction des intérêts sur les
crédits, la baisse de la tarification, l'amélioration des conditions d'accueil qui, en
prime, apportera une valorisation de
l'image et une plus grande notoriété.
- les salariés bénéficieront également
des fruits de leur travail : amélioration de
leurs conditions de travail et de leur rémunération, amélioration de la prise en
charge sociale et médicale, nouvelles
possibilités d'épanouissement dans l'entreprise.
En résumé, Mamadou Touré expliquait
qu'après en avoir débattu avec son
équipe de Direction et les élus de son
Conseil le choix avait été fait de "communiquer sur ce que l'on fait de nos résultats
plutôt que sur ce que l'on gagne . "
Opération Afric@rte
En présentant le sujet Patricia Lavocat, chargé
de mission au CICM, n'hésitait pas à dire que
l'introduction d'une carte dans les systèmes
bancaires des réseaux africains liés au CICM
représentait une " véritable révolution culturelle
" . La carte bancaire peut répondre à quatre
besoins : sécurisation des transactions, amélioration du service, diversification des produits, ouverture aux services de paiement et
de retrait à l'international.
Mais ces besoins doivent aussi tenir compte
d'un contexte local où les réseaux de communication sont embryonnaire ce qui rend la densité des terminaux aléatoire et l'interconnexion
bancaire peu réaliste pour l'heure . Par contre
une carte personnalisée, avec piste magnétique ou puce, code biométrique ou code confidentiel, pourrait améliorer l'identification des
sociétaires, renforcer la sécurité des opérations de guichet, limiter les fraudes en dématérialisant le livret qui est le seul lien entre le
sociétaire et sa banque . Cette étape est assez
légère car elle peut être gérée par un système
interne hors des standards bancaires internationaux . Dans un second temps cette même
carte, accompagnée de l'investissement d'un
automate interne pourrait décongestionner les
guichets, renforcer le rôle de conseil des guichetiers, améliorer l'image des mouvements
en dotant leurs sociétaires d'un support socialement gratifiant. Les participants au séminaire
de Toulouse ont focalisé leur attention sur la
satisfaction de ces premiers besoins . Que ce
soit en séance plénière ou en groupes de travail il ressort que le dossier est stratégique
pour le développement des réseaux mais également très technique et doit être abordé avec
une grande rigueur dans l'architecture des procédures.
La phase d'étude, les choix techniques et budgétaires devraient pouvoir être arrêtés avant la
fin de l'année 2006 . Les phases de test sur
deux pays pourraient voir le jour en 2007.
Affaire chaude à suivre .
Georges Coudray, Président du
CICM, a dirigé l'ensemble des
débats avec Yann Gauthier. Sur la
photo, à sa gauche : James
Nfokolong (Cameroun),
Jean-Claude Garcia (Centrafrique),
Bénédicte Brochu (Directrice
PACMA, Mali) et Julienne Fiolenga
(Centrafrique).
Séance plénière sur le projet Afric@rte. Patricia Lavocat mène les débats présidés par Georges Coudray . Philippe Arnaudet (Bordeaux) à gauche
de la photo, fait face à Thierry Brichant (DGA Confédération du Crédit Mutuel), à droite de la photo.
Différences
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ÉMINAIRE
L'aridité des sujets ne saurait entamer la bonne humeur
naturelle d'Antoine Didonna . A sa droite Annie Rollin (ClermontFerrand) et David Cohen (CICM Paris) . A sa gauche : Yann Gauthier
(Directeur du CICM) et Marie- Armelle Vincendeau (La Roche-sur-Yon).
Dispositifs prudentiels :
lesquels ? pour quoi faire ?
Il n'a pas fallu moins de deux DG pour
capter l'attention des séminaristes de
Toulouse sur l'importance des dispositifs prudentiels mis en place dans les
banques : Mamadou Touré, Sénégal et
Gérard Légier, Congo.
Au départ, la sémantique du sujet est
rebutante . De quoi peut-il bien s'agir ?
Dans un langage plus simple on parle
de ratios, c'est à dire de rapport entre
deux valeurs . Le ratio des taux de
contentieux est par exemple le rapport
entre la somme des crédits litigieux et
douteux avec la somme des encours
de crédits . Le ratio des taux de provision est le rapport entre les provisions
comptabilisées et la somme des crédits
litigieux et douteux . Autre ratio majeur
dans une banque, celui du coefficient
d'exploitation, qui est le rapport entre
les frais généraux et le Produit Net
Bancaire . En clair le rapport entre ce
que l'on dépense et ce que l'on gagne
sur un exercice . A plus de 100% il y a
péril en la demeure . Un taux de 60%
est de bon aloi mais pas exceptionnel.
Le corpus de tous ces ratios, qui répondent chacun à des normes réglementaires incontournables, constitue ce
fameux dispositif prudentiel . La normalisation de ces ratios permet également
des comparaisons d'une entreprise à
l'autre . A l'intention des administrateurs
du CICM, mais aussi des élus des
mouvements, Gérard Légier comme
Mamadou Touré se sont attachés à
démontrer qu'il ne s'agit pas seulement
" de remplir des papiers pour satisfaire
les besoins voraces des administrations, ?? mais que le soin apporté à la
fabrication et à la surveillance de ces
ratios représente " le nécessaire investissement dans un outil de gestion pour
soi-même comme pour l'extérieur.
Dans ce cas de figure la réglementation
nous aide à sécuriser notre exploitation . "Un vent de pédagogie active
soufflait ce jour là sur Toulouse".
Témoignage
André Halipré
André Halipré est
administrateur du
CICM. Il représente la
Fédération de Lille .
"Le séminaire de Toulouse m'a conforté dans l'idée
que le CICM réalise un travail considérable de
construction de réseaux bancaires professionnels et
pérennes adaptés à des populations qui ont un
besoin réel de tels outils. Ce n'est pas de la charité,
mais du développement durable.
"J'ai, comme tous mes collègues, été frappé par la
maturité des réseaux du Sénégal et du Congo et par
la détermination des autres à suivre leur exemple en
bénéficiant de leurs expériences.
"Lors du séminaire le CICM a fortement appuyé sur
la rigueur qui doit présider à la gouvernance des
réseaux, tant sur le plan de la gestion que sur celui
de la transparence des transactions.
"Je note, en dernier lieu, le foisonnement de projets
qui, malgré la pauvreté de moyens financiers et techniques, vont petit à petit se mettre en place . Il y a un
mélange étonnant d'ambition et de pragmatisme ."
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Différences
Eckart Thom
Eckart Thom est administrateur du CICM. Il
représente la Fédération
de Normandie (Caen).
"Le CICM permet des ouvertures concrètes vers
des mondes que l'on connaît mal . Par ailleurs l'action du CICM présente des retombées indirectes
tout à fait intéressantes pour le Crédit Mutuel en
terme d'image.
A Toulouse j'ai été frappé parles qualités humaines
des coopérants que nous envoyons sur le terrain.
On sent qu'ils sont prêts à en découdre et qu'à force
de persévérance et de travail tout leur paraît possible . Ils accumulent des expériences incomparables
pour leur avenir dans un environnement coopératif.
"J'ai également été frappé par la qualité de la
réflexion sur une stratégie à long terme au Sénégal
qui a ouvert les yeux de tous les partenaires, élus et
salariés . Il y a un souffle prometteur . L'approche
mutualiste permet de bien structurer l'environnement et de ne pas perdre le fil de l'objectif final : un
meilleur service pour les sociétaires ."
Centrale des risques
Ce mercredi de séminaire était vraiment placé sous le signe des chiffres
puisque, après les ratios de la matinée,
allaient venir le contrôle des risques à
l'heure de la sieste . Et c'est Antoine
Didonna, actuellement mutualiste
pionnier au Niger, qui tenait fermement
la barre du sujet . En France, depuis la
loi Neiertz de 1989, la Banque de
France tient un Fichier des Incidents
de remboursement des Crédits aux
Particuliers (FICP) . Un tel dispositif
jusqu'alors inexistant en Afrique risque
fort d'être mis en place avant la fin de
2006 . L'objectif de la présentation était
de sensibiliser tous les acteurs et par-
tenaires du CICM, à l'intérêt du sujet, à
la fois en tant qu'obligation règlementaire mais aussi sous l'aspect de la
sécurisation des organisations.
L'informatique tiendra un rôle central
dans ce dispositif, ne serait-ce que
dans le croisement des fichiers entre
Caisses, qui permettra de débusquer
les doublons et trublions . . . Suivi individuel capital tant l'accumulation d'encours mal identifiés sur un même
sociétaire peut rapidement fragiliser
une Caisse, voire une banque . A l'instar des indiens d'Amérique, les banquiers n'apprécient que très peu la
cavalerie.
SÉMINAIR
Atelier, de gauche à droite : Dassé Mariko
(Président Jéméni, Mali), Pierre Levassor
(Orléans), Philippe Arnaudet (Bordeaux), Alioune
Diodio Ba (Président Crédit Mutuel du Sénégal),
Mamadou Touré (DG Crédit Mutuel du Sénégal) et
Gérard Légier (DG Mucodec, Congo).
Expression libre en
atelier. De gauche à
droite : Monique
Fillot (Lyon), André
Halipré (Lille), Diao
Cissé (Sénégal),
James Nfokolong
(Cameroun).
Lutter contre le blanchiment
Au départ des mouvements, quand les
Caisses traitaient l'épargne et le crédit
à l'échelle du village, nul n'aurait imaginé que le blanchiment d'argent sale
et le financement du terrorisme pouvaient un jour faire irruption dans un
séminaire du CICM . Mais, à l'heure où
l'informatique permet aux immigrés
travaillant alentour la planète de faire
remonter à leur famille restée au pays
les revenus de leur travail, ce risque
n'est plus illusoire . Dans le flot des travailleurs honnêtes peuvent s'immiscer
des trafiquants ou des personnages
mal intentionnés . Les mouvements
partenaires du CICM sont mobilisés
sur le sujet et à Toulouse, Bernard
Tissot, DG de la BIMAO, la première
banque mutualiste d'Afrique de l'ouest,
a déroulé toutes les procédures mises
en place pour éradiquer ce genre de
risques nouveaux . Son exposé, clair et
documenté, a démontré que sa banque répondait en tous points aux exigences les plus draconiennes en la
matière . C'était d'ailleurs un point de
passage obligé pour obtenir la lettre de
garantie de l'Agence Française de
Développement . Document obtenu
sans coup férir en février dernier.
Quelle stratégie sur la toile ?
David Cohen est un perfectionniste.
Avant de poser la problématique de
l'Internet pour le CICM et ses partenaires, il a tenu à faire un bref historique de l'explosion du web.
Retenons deux chiffres : en 1996
seuls 8 millions d'ordinateurs étaient
connectés, à usage professionnel
quasi exclusif. On estime que, fin
2006, la planète comptera un milliard
d'internautes.
Dans ces conditions il est logique que
chacun souhaite disposer d'une fenêtre sur la toile . L'objet du débat
engagé à Toulouse était d'imaginer
les possibilités de mutualisation des
énergies en ayant à l'esprit que la
situation relative des équipements
informatiques et des réseaux à La
Garenne-Colombes dans le neuf
deux et à Niaganiao près de Kaolack
au Sénégal, n'est pas la même . ..
Une large réflexion sur le sujet s'est
ouverte pour déterminer la nature des
besoins en terme de sites Internet et
les synergies qui pouvaient se mettre
en place entre les réseaux . Sujet à
suivre dans les mois à venir.
Debout le Directeur du CICM est à la relance.
Devant lui, de gauche à droite : Eckart Thomâ
(Président de la Fédération de Normandie), Louis
Crusol (Président de la Fédération Antilles
Guyane), Bienvenu Maziezoula (Président
Mucodec, Congo) et Eugène Foundou (Congo).
Au centre Kéno Traoré (DG Jéméni, Mali) anime un atelier entouré, à sa droite par Bénédicte Brochu
(Directrice PACMA, Mali) et James
Nfokolong(Cameroun), à sa gauche par Bernard Tissot
(DG Confédération et Banque Afrique de l'Ouest) . Face à
lui Jean-Claude Garcia (DG CM Centrafrique).
Témoiana ae
Monique Groc
Monique Groc est
administratrice du
CICM. Elle représente
la Fédération de
Toulouse
"Nous avons organisé une présentation à
laquelle nous avons invité de nombreux élus de
la Fédération Midi-Atlantique . S'il n'y a pas eu
beaucoup de question en direct je suis maintenant beaucoup sollicitée . Cette conférence a
permis de réamorcer le fil du sujet que je m'efforce de diffuser auprès de tous nos élus.
"Je suis frappée par la décalage grandissant qui
existe entre des mouvements comme le
Sénégal et ceux de certains autres pays . Les
sénégalais avancent pied au plancher, alors
que d'autres ont un peu plus de mal à atteindre
un rythme de croisière . C'est là que les solidarités doivent jouer. Le CICM sert de passerelle
entre toutes ces expériences.
"Les maliens ont choisi la fin du séminaire pour
annoncer qu'ils souhaitaient prendre le nom de
Crédit Mutuel du Mali pour remplacer leur nom
de Jéméni . Cela m'a émue . C'est un signe fort
de reconnaissance ."
Différences
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ÉMINAIRE
Séance plénière, de gauche à droite : Baba Koïta
(Président Confédération
et Banque Afrique de
l'Ouest), Diao Cissé
(Sénégal), Véronique de
Crouy (Cambodia Mutuel
Savings Crédit,
Cambodge), Jean-Claude
Garcia (DG Crédit Mutuel
de Centrafrique), Bernard
Hamadjida (Centrafrique) .
Etienne Pfimlin, Président du Crédit Mutuel
"Notre objectif, votre autonomie"
Le Président de la Confédération, Etienne Pflimlin, a participé au séminaire et s'est adressé aux
participants . Il abordait les sujets phares du développement du CICM mais soulignait également
la progression des dossiers en cours.
Etienne Pflimlin
situait l'action du
CICM dans
deux espaces :
entre dynamisme et sécurité d'une part,
entre développement et ambition d'autre
part . Les projections sur Internet, les
réflexions sur l'assurance et la mise en
place de cartes bancaires ressortent du
dynamisme et permettent de pousser en
avant tous les modes de coopération . Les
procédures draconiennes pour pallier aux
risques de blanchiment, les dispositifs
prudentiels et le développement d'une
Inspection Confédérale, confortent l'indispensable rigueur pour donner plus de
sécurité aux sociétaires, mais aussi à tous
les partenaires des mouvements avec
lequel coopère le CICM.
Le projetAfric@rtes a retenu l'attention du
Président qui soulignait tout l'intérêt de cet
outil bancaire comme moyen d'identification des sociétaires et de sécurisation des
transactions . "C'est un dossier techniquement complexe et financièrement lourd."
Etienne Pflimlin relevait avec intérêt la
réflexion menée par le CICM sur les assurances . La bancassurance s'est banalisée
dans le paysage bancaire français mais
c'est le Crédit Mutuel qui, dans les années
70, en a été le pionnier. Il avait identifié
que ses sociétaires pouvaient tirer avantage d'une prise en compte globale de
leurs besoins . L'assurance ne peut se
mettre en place qu'après analyse des
spécificités nationales, réglementaires ou
sociales . "Au sein d'une structure plurinationale comme le CICM, cette réflexion
permet d'imaginer des mutualisations qui
transcendent les différences."
Améliorer le service aux sociétaires
Le Président Pflimlin s'est félicité des
résultats financiers remarquables obtenus
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Différences
en 2005 par certains réseaux mais il a
attiré l'attention sur l'équilibre nécessaire
dans la communication de ces résultats . "
Des résultats positifs sont une ambition
nécessaire pour assurer la stabilité, la
pérennité
des mouvements et pour
répondre aux contraintes réglementaires
qui pèsent sur tous les établissements
financiers. Mais l'objet des organisations
mutualistes est avant tout l'amélioration
des services offerts aux sociétaires . Des
résultats substantiels favorisent cette
amélioration vers les sociétaires, à leur
famille et leur environnement. C'est sur
ces aspects que doit porter votre communication, c'est le vrai moteur du développement mutualiste ."
En parcourant l'évolution des dossiers
depuis le séminaire de Brazzaville, le
Président Pflimlin a relevé que la concrétisation des financements de l'Agence
Française de développement (AFD) et de
la Banque Européenne d'Investissement (BEI) vont permettre : le démarrage de la Confédération des Caisses
Mutualistes d'Afrique de l'Ouest (CCMAO)
; un apport en quasi fonds propres à la
BIMAO ; des garanties de levées de ressources auprès d'établissements bancaires de la zone Afrique de l'Ouest
(BCEAO) mais aussi l'octroi d'un prêt à la
SIIMEC pour le lancement de projets
informatiques.
Donner des informations fiables aux
actionnaires de la BIMAO
En ce qui concerne l'Afrique centrale,
Etienne Pflimlin a salué l'avancée du dossier de la Banque de Développement des
Etats d'Afrique Centrale (BDEAC) qui permettra, dans un premier temps, de refinancer des Caisses congolaises mais
aussi de réaliser les investissements
immobiliers nécessaires à l'accueil des
sociétaires à Brazzaville et à Pointe Noire.
Le Président notait enfin que l'obtention
du financement d'un réseau auprès du
Ministère des Affaires étrangères avait
permis de donner, début 2006, le coup
d'envoi opérationnel du projet Niger.
Dans la dernière partie de son intervention le Président de la Confédération du
Crédit Mutuel a souhaité que la mise en
place du contrôle et de l'inspection des
Fédérations par la CCMAO permette, dès
2006, un vrai contrôle de l'activité des
réseaux ainsi qu'une information fiable et
régulière des actionnaires de la BIMAO,
directement concernés par le bon fonctionnement du Crédit Mutuel du Sénégal
et de Jéméni au Mali . Etienne Pflimlin
souhaitait enfin que la Banque du Crédit
Mutuel d'Afrique Centrale, homologue
géographique de la BIMAO, puisse recevoir l'agrément des autorités de tutelle
avant la fin de 2006.
Partenaires
Comme il en a l'habitude dès qu'il se
trouve en présence des responsables des
mouvements, Etienne Pflimlin a renouvelé
le message constant du CICM : si, depuis
30 ans, l'implication du Crédit Mutuel est
très forte dans de nombreux domaines informatique, création des banques et
parfois encore dans certains pays - la
vocation du Crédit Mutuel est de lancer
les projets jusqu'à ce qu'ils atteignent la
taille critique qui autorisera leur pérennité,
puis de se retirer . "Notre objectif c'est
votre autonomie !" A l'adresse des administrateurs du CICM Le Président de la
Confédération notait que "depuis un an le
Crédit Mutuel a mieux pris conscience de
l'importance du travail réalisé parle CICM,
notamment grâce à Différences, au film
réalisé l'été dernier et aux actions que
vous menez sur le terrain . Cet effort doit
se poursuivre ."
SÉMINAIR
Témoignage
Philippe Arnaudet
IL
Philippe Arnaudet est
administrateur du CICM.
Il représente la
Fédération de Bordeaux.
"Au CICM, j'ai vraiment l'impression de reprendre contact avec nos racines mutualistes . À
Toulouse, j'ai ressenti un progrès très sensible
dans la construction des réseaux partenaires.
Malgré leur handicap par rapport à nos propres organisations, ils franchissent les étapes
à très grande vitesse.
"Je constate aussi, avec un certain amusement, qu'ils font parfois les mêmes erreurs que
nous avons faites par le passé, en confondant
les priorités, mais cela conserve un aspect
anecdotique, car, dans le même temps, ils réalisent, que, bien qu'en gagnant beaucoup d'argent, cela ne suffit pas à assurer la pérennité
d'un réseau.
"Des projets comme Afric@rte, Internet ou l'assurance peuvent paraître ambitieux. On a tendance à dire : pas aujourd'hui, mais il y a un
besoin exprimé par les sociétaires, il faut
répondre présent. C'est à nous de rendre cela
réalisable ."
Elie Bourdeau
Elle Bourdeau est
administrateur du
CICM. Il représente la
Fédération de Nantes
"Le CICM nous permet de vivre en direct ce
qu'ont réalisé nos ancêtres à la création du
Crédit Mutuel : bancariser des familles sans
accès naturel au monde bancaire.
" Cela nous démontre que le mutualisme est
toujours d'actualité et qu'il porte des valeurs
que nous devons continuer à développer.
"Les nouvelles générations baignent dans un
monde mondialisé mais, au travers des
réseaux du CICM, on sent bien que la proximité est un élément important de développement et d'équilibre pour les populations . Ce
qui n'empêche pas de s'appuyer sur des outils
modernes.
"Ces réseaux qui émergent effectuent en quelques années le parcours que nous avons parfois mis plus d'un siècle à accomplir. Notre
fierté c'est de les accompagner en leur balisant le chemin, en leur indiquant aussi les risques à éviter.
"Un séminaire comme celui de Toulouse permet de recadrer ces objectifs ."
Lucien Borra (Strasbourg) très persuasif lors d'un atelier avec, de
gauche à droite : Youssef Djezzez (Sikap, Philippines), Bienvenu
Maziezoula (Président Mucodec, Congo), Rabia Chibani (Directrice
Plateforme Cameroun) et Antoine Didonna (Niger)
Atelier de travail, de gauche à droite : Antoine Didonna (Niger), Elie
Bourdeau (Nantes), Louis-Marie Le Breton (Caisse Centrale Crédit
Mutuel) et Albert Peccoux (Président Fédération de Savoie).
A la gauche d'Etienne Pflimlin,
Gérard Bontoux, hôte du séminaire, Président de la
Fédération Midi-Atlantique et
son DG, Sylvain Besançon.
Chaque atelier donne lieu à la présentation d'une synthèse . Hervé Thaunay
(Angers) s'adonne ici à l'exercice, devant
Youssef Djezzez (Sikap, Philippines) et
Jacques Betti (Valence / Marseille).
Bancassurance à l'africaine
Le dernier sujet à l'ordre du jour
du séminaire de Toulouse dit
assez bien l'évolution du CICM et
de ses réseaux partenaires :
Assurance, que pouvons-nous ou
devons-nous faire ? Jean-Claude
Garcia a mené l'exposé avec
tact, tant le sujet est sensible et
les réponses loin d'être évidentes . La moindre précipitation
pourrait être préjudiciable tant en
terme financier qu'en risque
d'image.
Il est par contre certain que des
besoins existent dans une population aux revenus souvent très
faibles et aléatoires ou l'autoassurance familiale est
aujourd'hui la seule réponse.
Mais des assureurs commencent
à s'intéresser à cette clientèle et
se trouvent confrontés à la problématique de l'accès aux clients.
Ce qui n'est pas le cas des
réseaux mutualistes . . . Alors
pourquoi ne pas imaginer des
partenariats commerciaux et se
positionner comme distributeur ?
Ou bien créer des mutuelles originales, autonomes et ciblées ?
Le champ des solutions commerciales est vaste et très ouvert.
Mais le dossier technique est
d'une difficulté décuplée par les
diversités législatives et réglementaires d'une contrée l'autre.
Le champ des risques à couvrir
ne l'est pas moins : assurance à
la personne, assurance des
biens, assurance crédit, assurance santé, assurance retraite,
etc . Le décor est aujourd'hui
planté . Sans le moindre doute le
sujet va murir et pourrait émerger
avec quelques pistes concrètes
lors d'un prochain séminaire.
A Toulouse on évoquait Lyon
comme prochaine étape . •
Différences
\,/
Page 7
N BREF . ..
CAMBODGE
Deux nouvelles Caisses à Phnom Penh
En avril dernier Véronique de Crouy a pu ouvrir deux nouvelles Caisses à Phnom Penh, l'une sur la route de l'aéroport et l'autre dans le quartier très périphérique et populaire d'Aekariech.
"Les six premières Caisses que nous avons créées s'appuyaient sur la présence à proximité d'un marché . A
Aekariech nous ouvrons un autre registre, précise
Véronique de Crouy. Ce quartier est constitué d'énormes
complexes industriels voués au textile . Les ouvriers sont
le plus souvent issus de la campagne et envoient une
bonne partie de leurs revenus à leur famille restée loin de
la capitale . Cette Caisse leur offre une solution pour sécuriser leur épargne avant de pouvoir l'apporter à leur
famille . C'est une autre manière d'approcher d'une clientèle populaire diversifiée de commerçants, d'artisans, de
salariés, de ménages et d'étudiants ."
La vie sociale connaît déjà quelques mouvements avec,
par exemple, le renouvellement de tout un Conseil dans la
Caisse de Toul Tom Pong lors d'une Assemblée Générale.
Une vraie dynamique démocratique s'enclenche . Après
une première vague de volontaires un peu pionniers, viennent des élus qui ont pu anticiper leur rôle . Le nouveau
Président est un chauffeur de touk-touk (mototaxi) qui est
déjà grand père . La présidente du Comité de Crédit est
une jeune étudiante très impliquée dans la vie de la
Caisse : "Le CA est désormais un beau mélange d'hommes et de femmes balayant presque tous les âges et tou-
La façade de la nouvelle Caisse d'Aekariech dans un
quartier populaire de fabriques textiles
tes les catégories socio-économiques" se réjouit
Véronique de Crouy qui veille à ce que les salariés des
Caisses maîtrisent bien les éléments du discours et des
pratiques mutualistes : "Notre démarche démocratique et
participative est un élément déterminant de différenciation
et de pérennisation par rapport aux autres organismes de
micro finance ."
NOUVEAU PATRON À LA SIIMEC
Portrait
Jean-François Youf : "donner du sens"
Depuis le 9 mai dernier JeanFrançois Youf a pris la direction de la SIIMEC à Dakar.
Rencontre avec un jeune
expatrié bien de son époque.
Jean-François Youf est né en 1978
à Creil dans l'Oise . Profil de bon
élève . Prépa maths physique.
École d'ingénieur à Troyes . Dès sa
sortie, il enchaîne les missions de
consultant pour des sociétés de
service et d'ingénierie informatique . Il se spécialise sur les
systèmes bancaires . Au début de l'année 2006, il était maître d'ouvrage pour Société Générale Asset Management.
À la mi-janvier, il démissionne . "Techniquement mon travail
me plaisait, mais, après cinq années, je sentais comme un
appel d'air vers autre chose . Pour moi la seule manière d'y
voir clair était de démissionner. Je voulais être libre pour
vraiment choisir sans pression ni contrainte . "
"Je ressentais le besoin de mettre à profit mes compétences au service de quelque chose qui ait du sens, au-delà
/ .
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\` /
Différences
des marges et du chiffre d'affaires . Je n'avais pas de polarité spécifique vers l'Afrique, mais j'avais eu l'occasion d'y
voyager sac au dos et j'avais été frappé parla diversité des
cultures mais aussi par la gentillesse des gens ."
"Pour trouver ma voie je me suis rapproché des sites
Internet traitant de coopération . C'est comme cela que je
suis tombé sur l'offre du CICM sur la SIIMEC . Le challenge
à relever est de taille, mais nous partons de bases solides.
Ma mission est de coordonner l'ensemble des projets, mais
l'objectif final est d'ancrer des méthodes et de faire émerger les compétences pour que la SIIMEC puisse devenir, à
deux, trois ans, une entreprise autonome avec un personnel à 100% africain ."
On ne saurait être plus clair.
Jean-François Youf n'est pas parti chercher fortune à
Dakar, mais espère se rendre utile dans une mission, certes bancaire, mais qui comporte cette part d'étrangeté et de
différences qui se nomme mutualisme . Son contrat de
Volontaire International Solidarité roule sur deux ans minimum . Il part dans cette aventure avec sa compagne, Emilie,
qui a quitté le douillet confort d'un salon de styliste pour se
mettre elle aussi au service de projets humanitaires.
Deux jeunes d'aujourd'hui.
EN BREF
NIGER
Trois caisses sont nées . ..
Il n'aura pas fallu six mois pour
qu'Antoine Didonna plante ses premières banderilles mutualistes au
Niger . Au téléphone il s'emporte
même : "Si j'avais pu mettre la
main sur un informaticien les
Caisse seraient ouvertes depuis
quinze jours . . ." au moins.
Et il a sans doute raison . Toujours
est-il que d'ici le 15 juin une Caisse
labellisée Crédit Mutuel du Niger,
ouvrira, dotée du système informatique SiBanque2 à Dogondoutchi,
une ville située à 300 km à l'est de
la capitale Niamey. Une mutuelle
locale qui vivotait a trouvé la proposition du CICM et d'Épargne
Sans Frontière (ESF) à sa convenance et a rejoint le projet.
A la même date deux Caisses ver-
ront le jour à Niamey, l'une sur la
rive droite, l'autre en centre Ville,
près du Grand Marché.
Un embryon de structure centrale
s'est mis en place et tout semble
prêt pour l'ouverture.
"En janvier, quand nous sommes
venus avec Yann Gauthier et Saïd
Bourgij de ESF, nous avions rencontré toutes les autorités :
Ministère des finances, cabinet du
Premier ministre, Ambassade de
France et Coopération . De la
sorte, quand je suis arrivé mi
février toutes les formalités administratives étaient prêtes . C'est
pour cela que nous avons pu aller
aussi vite dans le concret, souligne
Antoine Didonna . Nous n'avons
pas rencontré de difficultés pour
trouver des locaux et j'ai embauché un collaborateur de qualité sur
lequel je m'appuie pour les premiers recrutements de caissiers.
Sauf de faire une énorme erreur
d'appréciation, je crois qu'il y a une
réelle demande des populations.
Nous verrons très vite comment
cela réagit."
Une fois les structures d'accueil
mises en places c'est là que le travail de prospection va commencer
et Antoine reste fidèle à une
recette avec laquelle il a rencontré
la réussite sous d'autres cieux :
"Dans le dernier Différences vous
parliez de mon porte voix . Là ça va
être le moment de le sortir de sa
housse et d'aller me montrer sur
les marchés . . ."
CAMEROUN
Premier résultat d'activité excédentaire en 2005
La Caisse unique de Yaoundé fonctionne désormais en harmonie avec
quatre nouvelles agences ouvertes
dans les quartiers de la capitale du
Cameroun au cours du second semestre 2005 . Présentant une unité d'image
et d'implantation, les cinq ont permis à
la Mutuelle de Développement et
d'Investissement du Cameroun de
dégager un résultat positif de
750 000 F CFA pour l'exercice 2005.
"Bien sûr, commente Rabia ChibaniJacquot, ce n'est pas grand-chose,
mais c'est un signe positif de relance
par rapport aux années précédentes."
Ces lancements se sont accompagnés
de campagnes publicitaires tant à la
radio que par banderoles dans les artères concernées . "Pour donner confiance
il faut avoir une certaine unité, ne pas
hésiter à se montrer mais sans tapage,
tant que nous n'avons pas l'agrément.
Ensuite, on pourra faire plus de bruit."
L'objectif de Rabia Chibani-Jacquot,
pour 2006, est d'obtenir l'agrément pour
la première Caisse et, dans la foulée, de
tenir des Assemblées Générales
Constitutives pour les quatre agences
satellites, qui deviendront des Caisses
de plein exercice . Sur
cette base pourra dès
lors se développer un
embryon de Fédération
avec les services classiques de la Fédération,
l'assistance informatique,
l'inspection, le développement du réseau, la formation et le service administratif et financier
En ce qui concerne
l'agrément, un premier
pas a été franchi avec
l'avis
favorable
du
Ministère des finances qui a transmis le
dossier pour avis à la Commission bancaire.
Sous l'angle du développement Rabia
Chibani-Jacquot mise sur le recrutement de deux agents de crédit qui
auraient une polyvalence sur les cinq
Caisses . "Nous sommes sur un marché
particulier où nous avons à faire connaître une offre de qualité sans approche
commerciale trop agressive pour le
moment . Il faut doser et surfer sur la
vague du bouche à oreille qui nous est
très favorable ."
Lors de l'ouverture d'une nouvelle
agence à Yaoundé : Jean-Pierre
Hiol, administrateur ; Raymond
Dou'a, membre du comité de surveillance ; Byll Arhini, Vice
Président du Conseil
d'Administration ; James
Nfokolong, Président (derrière la
vitre) ; Jeannette Tchokwalieu,
administratrice ; Rabia Chibani, la
patronne du projet et Jeanne
Nfokolong, promotrice.
DERNIÈRE MINUTE
Nous venons d'apprendre que la Cobac a donné son avis conforme pour l'agrément de la première
Caisse du Cameroun . II ne reste plus qu'à attendre la parution de l'arrêté ministériel.
Différences
\,/
Page 9
ONGO
Les Mucodec en vitesse de croisière
Depuis le 22 mai et jusqu'au
milieu de l'été, les Mucodec
vivent au rythme d'une inauguration mensuelle de Caisse . II
s'agit de la fin d'une première
phase d'un chantier de rénovation total du parc immobilier qui
va se poursuivre jusqu'en 2009.
Si ces premiers chantiers ont connu
quelque retard, la suite du programme, qui démarrera en août, tant
à Pointe-Noire qu'à Brazzaville,
devrait bénéficier des acquis de ces
premières expériences : le Congo
connaît actuellement un vrai regain
d'activité qui se traduit par une raréfaction de la main d'oeuvre qualifiée
mais aussi des matières premières .
180 000
Dès lors les chantiers doivent être planifiés de manière très rigoureuse.
Ce n'est qu'en fin d'année que devrait
commencer le chantier de construction du siège des Mucodec qui se terminera au début de 2008.
Dix ans après la fin de la guerre civile
qui a détruit le pays, la République du
Congo reprend des couleurs . Si la
manne pétrolière, issue des champs
offshores au large de Pointe-Noire y
est pour beaucoup, la stabilité politique, jusqu'alors inédite, permet aux
familles comme aux entrepreneurs de
pouvoir envisager l'avenir avec plus
de sérénité.
Mais le mouvemente est encore
timide . Cela se traduit (voir infographie) par une surliquidité des
Mucodec, à l'inverse des mouvements
de l'Afrique de l'Ouest comme le CMS
ou Jéméni . ..
Sous la conduite du Président
Maziezoula et du DG Gérard Légier,
les Mucodec profitent de cette période
calme et assez faste pour se structurer en profondeur. L'investissement
immobilier en est un des aspects, l'ancrage de Caisses dans la population
en est un autre . "Lors des AG, explique Gérard Légier, nous avons ouvert
dans chaque Caisse un livre sur
lequel chacun est appelé à s'exprimer.
Cela a été un vrai succès. Nous avons
recueilli de réelles suggestions pour
améliorer le service des sociétaires.
Nous sommes dans la proximité, c'est
ce qui fait notre force . On nous fait
confiance parce que nous savons
écouter."
SOCIÉTAIRES
160 000
140 000
120 000
100 000
80 000
60 000
40 000
20 000
0
1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 mars06
Sociétaires : Le succès populaires des Mucodec ne se dément pas.
Malgré la clôture de près de 75 000 comptes inactifs en 2004 et 2005
les ouvertures se poursuivent au rythme de plus de 2000 par mois . La
Caisse de la gare à Brazzaville compte 14 000 sociétaires, celle de
Bacongo 10 500 . Même phénomène avec la caisse du Centre Ville à
Pointe-Noire : 10 500 sociétaires . La gestion de telles affluences
nécessite des investissements immobiliers et en personnel importants.
La dématérialisation du Livret, seul moyen d'identification des sociétaires, est une priorité incontournable.
Crédits : C'est le vrai point faible des Mucodec . Si l'épargne a été
multipliée par six en huit ans, l'encours de crédits n'a pas doublé sur
la même période . "Nous avons un coefficient d'engagement de
15,47 %, déplore Gérard Légier . C'est vraiment dans ce domaine
qu'il nous faut faire porter notre effort . Il y a de réels besoins mais la
guerre civile est encore trop proche pour que les gens se risquent à
lancer des projets importants . C'est vrai pour le commerce, l'artisanat, les petites entreprises mais aussi pour les particuliers. Avec la
stabilité qui s'installe, les choses devaient évoluer. Mais nous
devons aussi prendre des initiatives pour aller plus et mieux au
devant des sociétaires ."
DÉPÔTS
Ej
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Différences
CRÉDITS
60 -
50
40
30
20
0
.
.
'
'
1998
1999
2000
2001
0
2002
2003
2004
2005
mars-06
Dépôts : Entre 1998 et mars 2006 les dépôts aux guichets es
Mucodec ont été multipliés par six . . . De quoi satisfaire n'importe quel
banquier. Bien sûr le Directeur Général, Gérard Légier, est content de
cette reconnaissance commerciale qui est un vrai gage de confiance
mais il aimerait bien que cet argent des sociétaires "travaille" de
manière rentable . Faute d'un bon développement des crédits et à
cause d'un sévère encadrement monétaire il ne peut trouver des placements à cette masse liquide . De la sorte ce sont 38 milliards de
Francs CFA qui sont bien au chaud dans les coffres de la Banque centrale . En sécurité mais stériles.
CONG
UN RÉSEAU NATIONAL DENSE :
Même si près de 86 % des sociétaires
sont concentrés sur Brazzaville et
Pointe-Noire les Mucodec souhaitent
quand même entretenir et développer
un réseau national dense qui couvre tout
le pays . Même si le secteur du Pool, au
sud de Brazzaville, n'est pas sécurisé,
les quatre Caisses continuent à fonctionner avec un hébergement dans la
capitale . De la sorte les sociétaires de
ces Caisses peuvent continuer à bénéficier de la sécurité bancaire apportée par
les Mucodec . Pour conserver un lien
physique avec les Caisses du nord du
pays les choses ne sont pas non plus
très simples : à partir de la délégation
d'Oyo il faut près de six heures de piste
pour rejoindre Ouesso et cinq à six heures de canotage pour arriver à Imfondo.
Dans les mois qui viennent l'ensemble
du réseau Mucodec sera relié en temps
réel au système d'information central :
au moyen d'une Boucle Locale Radio
dans els deux grandes agglomérations
et via un réseau hertzien pour les
Caisses de province . De nouveaux services pourront ainsi être ouverts aux
sociétaires : retraits déplacés, virements de compte à compte, etc . On
comprend mieux, dès lors, l'urgence du
dossier Afric@rte.
82,9
Brazzaville
Il Caisses
ondzi
Ivdingou Sbiti
n 0,9Hbu0 .7
n
Do . si 1,3 n
4,9en
•
kayi n
2 .5 ~4. .,1c •
L
Les chiffres en bleu qui accompagnent les Caisses indiquent, en milliers, le nombre
des sociétaires de chaque Caisse .
Portrait
BANQUE : Dans les mois à venir le dossier
de création de la Banque du Crédit Mutuel
d'Afrique Centrale (BCMAC) devrait avancer de manière significative . Cela permettra aux Mucodec de pouvoir offrir de nouveaux services à ses sociétaires, notamment dans le domaine des transferts internationaux et des produits bancaires.
FONDATION : Les Mucodec vont se doter
d'un outil d'intervention dans les milieux
associatifs sous la forme d'une fondation
qui, dotée de moyens financiers, pourra
intervenir dans le soutien de manifestations ou de projets hors du champ bancaire strict.
Le Président
Maziezoula a organisé son Conseil
Fédéral autour de trois délégations territoriales : Pointe-Noire, Brazzaville et Oyo.
Un vice-président fédéral chapote chaque
délégation avec comme rôle de faire
remonter et d'animer la vie sociale de ce
territoire .
STRUCTURATION :
Bienvenu Maziezoula
"Adapter nos méthodes"
Bienvenu Maziezoula est discret et pragmatique . Il lui suffit parfois de poser le regard au dessus de ses lunettes pour faire revenir le calme alentour . . . De la même manière, il est ouvert à tout
ce qui peut faciliter l'accès aux services bancaires pour une
population avec qui il partage toutes les préoccupations du quotidien . Comme ses collègues et les cadres du réseau, il sent bien
que les besoins de crédits ont du mal à s'exprimer. Avec Gérard
Légier il s'est rendu au Cameroun, tout proche, pour observer
une initiative supervisée par l'AFD : des agents de crédits ratissent les contrées en cyclomoteurs et font connaître une offre de
crédits.
Ils sont à la fois chargés du placement mais aussi du suivi . Ils
sont rémunérés en fonction de leurs résultats quantitatifs et qualitatifs . Chaque agent agit sur un portefeuille de 300 dossiers . "Je
crois que nous pouvons transposer cette expérience . Ici, compte
tenu de la pression de la clientèle, nous restons derrière nos guichets . Nous devons peut être créer un nouveau métier. Des salariés dont le travail essentiel se ferait en dehors de la Caisse.
L'objectif n'est pas tant d'augmenter notre volume d'affaire que
d'apporter un service dans des conditions intéressantes pour
tous." A suivre.
Différences
\./
Page 11
N BREF. ..
RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE
Bernard Hamadjida succède à Jean Loko Kette
Le Président fondateur du Crédit Mutuel
de Centrafrique, Jean Loko Kette, est
décédé à l'automne dernier. Il fallait
attendre le printemps pour qu'un successeur soit désigné par l'Assemblée
Générale.
C'est chose faite depuis début avril, et
c'est Bernard Hamadjida qui va désormais présider le mouvement.
Âgé de 52 ans, marié, père de neuf
enfants, Bernard Hamadjida était un
proche collaborateur de Jean Loko
Kette puisqu'il était Secrétaire général
du Conseil de la Fédération depuis
1998 . Le conseil de la fédération a donc
choisi la continuité.
Sur un plan professionnel, Bernard
Hamadjida a effectué une bonne partie
de sa carrière dans l'enseignement,
avant d'entrer sur un versant plus politique de l'administration centrafricaine
qui devait notamment le conduire en
1999 au poste de Chef de cabinet du
ministre de la Jeunesse et des Sports.
A la suite de cette élection interne au
Crédit Mutuel, Bernard Hamadjida
devait aussi être élu Président de
l'Association Professionnelle des Établissements de Micro Finance de
Centrafrique.
Cette fonction devrait permettre
au CMCA de pouvoir bénéficier
dans de bonnes conditions
des différentes mesures qui
vont être prises dans le
cadre de la relance économique du pays.
La fidélité des sociétaires gage d'avenir
Si Jean-Claude Garcia, DG du
Crédit Mutuel de Centrafrique, parle
de "frémissement" dans l'activité du
CMCA c'est sans doute que les
grosses difficultés sont passées.
Après une cure d'amaigrissement
drastique, la structure du CMCA
s'est stabilisée autour de sept
Caisses et deux points de vente,
implantés dans la capitale, Bangui.
Le signe le plus encourageant vient
d'une progression constante du
nombre de sociétaires, entre 5 et
600 par mois, ce qui porte leur effectif à près de 29 000 à la fin du mois
d'avril dernier.
Avec un encours de crédit de 1,085
milliard, pour une production
annuelle de 1,3 md FCFA, le CMCA
est dans ses objectifs . Le portefeuille est constitué pour l'essentiel
de petits crédits (54 % d'entre eux
sont inférieurs à 200 000 Frans
CFA) mais des dossiers plus importants, à destination d'entreprises,
commencent à émerger.
Les contentieux représentent encore
8% de l'encours . Si une part des
contentieux est assez classique,
certains naissent de la situation particulière de la Centrafrique où l'insécurité est endémique . Si un investissement de production fait l'objet d'un
vol, il devient problématique de pouvoir procéder à son remboursement . . . Au regard des crédits, la
situation des dépôts est avantageuse avec 3,153 Md Francs CFA
qui laisse une trésorerie disponible
de 1,5 Md.
L'avenir de la République
Centrafricaine dépend pour l'heure
de l'attitude des bailleurs de fonds
qui, si l'on écoute les discours, se
disent préoccupés de l'avenir dans
cette région et prévoient, à l'horizon
2007, une relance de l'aide dans les
domaines de la micro finance et de
la lutte contre la pauvreté.
Une ligne de front sur laquelle le
CMCA est en position depuis de longues années et qu'il ne demande
qu'à voir évoluer favorablement.
Attendre et voir.
MALI
Les credits s'envolent en 2005 !
Tandis que se poursuivent les travaux de construction du nouveau
siège, les responsables de Jéméni,
bientôt Crédit Mutuel du Mali, enregistrent un exercice satisfaisant
sous l'angle de la progression de
l'activité en 2005 :
un accroissement de l'ordre de 10
% du nombre de sociétaires ( 34
128 au 31 décembre 2005), une
légère progression de l'épargne
collectée (3,7 Md contre 3,1 en
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Différences
2004) mais par contre une envolée
des crédits qui passent de 2,3 milliards de Francs CFA en 2004 à
6,460 en 2005.
S'il faut voir dans cette progression
spectaculaire l'une des conséquences de l'apport en refinancement
de la BIMAO, les responsables du
mouvement malien ont également
pris conscience de la relative fragilité d'une croissance qui ne serait
pas pleinement maîtrisée .
Le chantier du siège de Jéméni ne
donne pas encore la pleine mesure
du caractère original du bâtiment
Magazine interne du Centre International du Crédit Mutuel . Directeur de la publication :
Yann Gauthier. Rédaction : ®telier d'écriture . Conception graphique : Natacha Fergova.
Courriel : contact®differences-magazine .com

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