Le programme - Opéra de Lyon
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Le programme - Opéra de Lyon
L’AUTRE SCÈNE DE L’OPÉRA Bretagne TRIO EBREL- LE BUHE-VASSALLO TEIR Annie Ebrel, chant Nolùen Le Buhé, chant Marthe Vassallo, chant « Les Bretons ont chanté leur vie à pleine gorge ou à voix de complainte, pour exalter la joie ou endormir la peine. Ils s’accompagnaient de chansons du berceau à la tombe et toutes les circonstances étaient bonnes pour improviser un véritable journal en couplets. » Pierre-Jakez Hélias AMPHIMONDE Vendredi 5 février 2016 à 20h30 TEIR Les trois grandes voix de Bretagne sont reconnues pour leur voix unique aux sonorités profondes, amples, construites et en même temps fragiles et pleine d’émotion. Elles sont connues pour leur incomparable connaissance du patrimoine chanté de Bretagne, pour leur respect de la tradition qu’elles mettent merveilleusement en valeur, tout en s’autorisant à modeler avec une grande habileté, le sillon de la tradition. Un important travail à trois voix caractérisé par des innovations vocales particulièrement originales et novatrices. Au-delà du respect de la grande tradition du chant breton avec un répertoire d’une grande richesse du Trégor au Vannetais en passant par le Kreiz Breizh, ce trio est particulièrement intéressant pour son exploration et le travail réalisé sur le chant a cappella. Après plusieurs temps de travail en résidence en 2009 et en 2012 sous la conduite, les conseils et l’œil avisé de Frédérique Lory (pianiste, compositrice et arrangeuse), Agnès Brosset (chanteuse), Afida Tahri (chanteuse berbère), Patrick Ewen (conteur, chanteur, musicien),le premier album du trio est sorti en octobre 2012 chez l’Oz Production. « Teir ou chansons de table » Une quinzaine de chansons du répertoire traditionnel du Trégor, du Kreiz Breizh, du Vannetais construites, travaillées, décortiquées, composées ou simplement re-arrangées par le trio, par Marthe, par Nolùen, par Annie ou encore par Frédérique Lory. De grandes pages de la tradition que les amateurs reconnaîtront sans difficulté ou encore des nouveautés dans leurs compositions que tous découvriront autour de la question qui a guidé leur travail : que faire avec trois voix, dans une musique très essentiellement soliste, sans faire de l’harmonisation ? Cela a conduit à des solos originels en passant par des compositions aux entrelacements complexes ou encore à l’emboîtement de plusieurs versions d’un même morceau, dans une forme d’improvisation, tel que le morceau, intitulé « Peder Varivonig », qui n’est ni plus ni moins qu’un emboîtement polyphonique très précis de pièces plus ou moins détachées des quatre mélodies les plus connues ou les plus marquantes du morceau « Marivonig ». LE TRIO DE CHANT BRETON A CAPPELLA Nolùen, Annie et Marthe, camarades de longue date qui font les belles heures de la musique bretonne, se retrouvent enfin, pour de bon, ensemble sur scène. Leur concert de chants a cappella en breton allie le bonheur d’un retour aux sources, les surprises d’une approche inédite, la maestria de trois grandes voix et la simplicité d’une soirée entre amis. Au départ, le chant traditionnel breton est un art du solo, qui s’approche au plus près de l’essence même du chant : une voix nue s’élève dans le silence. Parfois une autre voix fait écho. Ni accompagnement, ni polyphonie, juste la mélodie, unique fil sonore. Et tout ce qu’elle raconte – une histoire tragique ou légère, parfois le rythme complexe d’une danse ou le plaisir d’un jeu de sons – est amplifié par cette nudité. Tout ce qu’elle déploie de subtilités, de variations et d’ampleur apparaît sans filtre : la beauté de la voix humaine et l’élaboration de l’art. C’est avant tout cette émotion que les trois amies souhaitent partager ; mais la formule en trio leur permet de multiplier les façons d’y parvenir. Bien entendu le solo originel est en bonne place ; mais il voisine avec de véritables constructions à trois voix, des jeux de versions et de résonances, des parlés-chantés, des détournements… Chacune de ces expériences met en lumière une richesse particulière de la tradition orale, et l’on suit ces trois voix comme on suit un guide à travers les recoins secrets d’un pays que l’on croyait connaître… Elles promènent l’auditeur des rives du Trégor à celles du pays Vannetais, en passant par les chemins creux du Centre-Bretagne, tout en lui faisant remonter les siècles, d’hier matin au haut Moyen-Âge. Elles l’emmènent aussi plus profondément, dans la chair des mélodies elles-mêmes, dans les détours des textes, dans les échos des versions, dans les formes où parler et chanter se confondent. Car les trois amies ne se contentent pas de panacher leurs répertoires habituels: elles tirent parti des possibilités d’un trio dans des constructions sonores qui donnent un éclairage inattendu et nouveau sur la richesse de la matière première. Toutes trois sont parmi les grands noms de la musique bretonne. Côté traditionnel, elles chantent depuis toujours en solo ou deux à deux, suivant les formes de base du chant breton : Annie et Nolùen en fest-noz, Nolùen et Marthe en concert. Côté expérimental, d’apprentissages en aventures, chacune s’est dessinée un cheminement bien à elle, et leur réunion est aussi l’addition d’une variété impressionnante de rencontres – du fest-noz au jazz et à la musique classique en passant par l’écriture, le théâtre, le rock, la danse contemporaine ou la télévision. Elles en ont rapporté une liberté toujours plus grande et un amour toujours plus profond pour le répertoire premier : les gwerzioù et sonioù a cappella, à danser et à écouter. C’est autour de ces trésors qu’elles se réunissent, pour les partager avec émotion, bonne humeur et passion. BIOGRAPHIES Annie Ebrel vient du Centre Bretagne. Par-delà l’actualité musicale foisonnante que cette concise appellation géographique recouvre, l’expression est belle de sens. Avant même de situer sur la carte les localités de Carhaix, Poullaouen ou Scrignac, on ressent cette impression de gravitation et d’équilibre, d’attraction et de rayonnement, d’enracinement et de carrefour. Annie Ebrel rayonne de ce patrimoine puissant qui stabilise et fait la justesse de son attention au monde contemporain, de ce mélange d’enracinement et d’élan, de ce double état de fraîcheur et de maturité. Annie Ebrel est née à Lohuec, au nord de la Cornouaille, aux portes du Trégor, dans une famille d’agriculteurs. On y parle breton au naturel. On y chante dans la tradition du pays, on y danse aux accents du kan ha diskan. Très tôt, elle fait danser, mais poursuit son apprentissage, notamment auprès de son maître, le chanteur Marcel Guilloux, et en participant au travail documentaire mené alors par toute une génération de jeunes artistes bretons tout à la fois soucieux de racines et d’ouverture. À partir de 1992, elle multiplie les compagnons de scène, tels Erik Marchand, Yann Fañch Kemener... et surtout Nolùen Le Buhé. Avec le groupe Dibenn, Annie Ebrel défriche de nouvelles terres du chant breton, ouvrant à son tour la voie à d’autres chanteuses et chanteurs. Au Théâtre de la Ville, Marcel Guilloux est à ses côtés, mais aussi le contrebassiste italien Riccardo Del Fra qu’elle a rencontré auprès du guitariste Jacques Pellen. Une relation forte et durable se noue avec Riccardo Del Fra et se cristallise en un duo (le disque Voulouz Loar, 1998) bientôt devenu sextette (spectacle « Flouradenn », 2001). On craint de voir Annie s’effacer à l’ombre de son compagnon, au contraire, elle rayonne sur l’oeuvre de ce jazzman de réputation internationale et s’épanouit à ses côtés, profitant de sa science au travers de ses conseils. Après toutes ces expériences, Annie Ebrel crée en 2004 un spectacle solo : « Une Voix Bretonne ». Une création qui fait la part belle à la voix nue, traditionnelle et moderne. Du chant solo et a capella, des textes et des mélodies commandés à différents auteurs (chanteurs, musiciens, femmes et hommes de lettres) de Bretagne et d’ailleurs, elle nous propose un spectacle qui a pour cadre une journée, du matin au soir, ou une année et ses quatre saisons ou une vie de la naissance à la mort. Textes courts en breton ou en français, chant breton contemporain, effets sonores et harmonisation. Elle se crée ainsi un répertoire sur mesure et défriche de nouvelles terres du chant avec une grâce rare et une très grande générosité. Pascal Jaouen a fait le costume, et le cinéaste Lucas Belvaux la mise en scène.* En 2007 elle entame une collaboration avec le groupe Rassegna - musiques de Méditerranée - (spectacle D’une mer à l’Autre/Les Noëls). Collaboration également avec l’harmoniciste Olivier Ker Ourio, le percussionniste Bijan Chemirani et le guitariste Pierrick Hardy. L’album Roudennoù (2008) et le spectacle sont à la fois un aboutissement de toutes ses rencontres musicales passées et un nouvel élan vers l’avenir avec des musiciens d’horizons divers mais tous portés par la même vision poétique. Depuis début 2008, Annie Ebrel, Nolùen Le Buhé et Marthe Vassallo proposent un spectacle de chant a cappella. Elles promènent l’auditeur des rives du Trégor à celles du pays Vannetais, via les chemins creux du CentreBretagne; lui font remonter les siècles, d’hier matin au haut Moyen Âge. Et l’emmènent aussi plus profondément, dans la chair des mélodies ellesmêmes, dans les détours des textes, dans les échos des versions, dans les formes où parler et chanter se confondent. * D’après le texte de Franck Bergerot pour le programme du Théâtre de la Ville de Paris. Née en 1972, dans un environnement familial où la musique tient quasiment lieu d’abécédaire, Nolùen Le Buhé est venue tout naturellement au chant. Ayant acquis auprès de ses proches et voisins, un répertoire et un style spécifiques au Pays Vannetais, elle remporte le Kan ar Bobl (concours de chant et musique bretonnes) en 1989 et 1990. Ces victoires remarquées et son intérêt pour les expériences musicales diverses lui ont permis de travailler dès cette époque avec, notamment, Alan Stivel, Roland Becker ou Erik Marchand, avec le groupe occitan Dupain en compagnie de Marthe Vassallo, et au sein de la formation Tan’Ba’N Ti (concerts et festoù noz). Passionnée par la musique vocale du CentreBretagne, où elle a résidé quelques années, elle s’est tournée vers les répertoires de cette région de grand dynamisme musical. Elle a appris puis pratiqué le kan ha diskan avec Manuel Kerjean, Erik Marchand et Marcel Guillou puis est devenue la partenaire d’Annie Ebrel. A tout juste 30 ans, elle était déjà connue et reconnue tant sur les plateaux des festoù noz que sur les grandes scènes de festivals, en passant par les programmes télévisés. Fidèle à ses origines, elle pratique conjointement le chant à danser vannetais et le Kan ha Diskan et se produit dans de nombreux concerts de chant breton a cappella. Nolùen Le Buhé enseigne également le chant populaire breton dans diverses structures associatives ce qui lui permet de transmettre à son tour, la richesse de l’enseignement qu’elle a reçu. Le chant comme expression évidente, participant au présent, faisant partie du bagage trimballé chaque jour. Le chant de Nolùen Le Buhé n’est pas de ceux que l’on garde au secret pendant la semaine pour ne le servir qu’à de rares occasions festives ou médiatiques. Il a un goût bien plus vrai, il sent le terroir, il fait partie de la chanteuse et de son entourage qui le lui renvoie bien. » « La chanteuse entre dans le répertoire du pays vannetais comme un promeneur discret entre en forêt, avec délicatesse, souplesse, à l’écoute, en situation de respect profond et pourtant avec une personnalité évidente. Elle connaît ses propres chemins, elle ne suit pas aveuglement les traces les plus larges, elle aime aussi musarder sur ses propres sentes. » (Etienne Bours, Repertoire, 04/2000) Née en 1974, élevée dans le Trégor côtier par le plus heureux des hasards, Marthe Vassallo commence à chanter dans les festoù-noz et les veillées à l’âge de 17 ans… et n’a jamais cessé depuis. Plusieurs prix de concours (dont le Kan ar Bobl 93) viendront très tôt l’encourager dans cette voie. Son parcours s’inscrit dans une double volonté d’apprentissage et de respect du savoir traditionnel (au contact des autres chanteurs et à travers l’étude de collectages), et d’ouverture à toutes les expériences. Avant de décider en 97 de donner entière priorité au chant et à la scène, elle multiplie les aventures : elle est animatrice TV en breton pour France 3 Ouest de 91 à 96 ; comédienne depuis 91 ; elle goûte aussi à l’écriture, à la traduction et à l’édition (Carnets de collectage de F-M Luzel, avec Françoise Morvan aux PUR, etc.). La rencontre avec le chant classique (formation auprès d’Ilham Loulidi , Agnès Brosset puis Daniel Delarue ; D.E.M. de chant lyrique en 2003), qui a lieu alors que sa carrière d’interprète traditionnelle est déjà bien lancée, se concrétise en une discrète mais gourmande double vie : Choeurs de l’Opéra de Rennes, Pierrot Lunaire de Schoenberg, Kate/Madama Butterfly… et surtout au sein du nouvel ensemble Mélisme(s), dir. Gildas Pungier (répertoire allant du baroque au XXe siècle, collaborations avec l’Orchestre de Bretagne, l’ensemble Mathéus…). Ses activités de ces dernières années reflètent son appétit pour la voix, la chanson et la musique sous toutes leurs formes : depuis le groupe de fest-noz Loened Fall (un des plus demandés en Bretagne) jusqu’à l’expérimentation scénique débridée du duo Bugel Koar avec Philippe Ollivier (en collaboration avec les metteuses en scène Madeleine Louarn puis Lydie Callier), en passant par La Coopérative du trompettiste Gaby Kerdoncuff, les explorations du sonneur de bombarde Daniel Le Féon, l’album Origines d’Eric Le Lann ou encore le projet Sula Bassana (autour des trios franco-africains Anduma puis Madomko); c’est lors de ce travail qu’elle rencontre la pianiste Lydia Domancich, avec qui elle vient de créer Un chant à soi (autour de compositrices du XXe siècle) où elle jongle entre chant lyrique, pop, chanson et tradition orale. Marthe continue également à se produire a cappella (forme originelle du chant traditionnel breton) seule ou avec Nolùen Le Buhé notamment, devient la voix soliste de la création Aziliz Iza du Bagad Kemper, d’où naîtra la collaboration avec le guitariste Gilles Le Bigot… et prête souvent sa voix à toutes sortes d’expérimentations (avec le groupe marseillais Dupain aux Trans de Rennes et aux Vieilles Charrues, avec la chanteuse marocaine Majda Yahyaoui et Madomko aux Rencontres Musicales de Casablanca, en concert/lecture avec le traducteur André Markowicz, ou sur un répertoire mi-breton mi-swing avec le Hot Club du Kreiz Breizh), les plus inattendues étant les meilleures ! Interprète éclectique, Marthe est également auteur de chansons (textes et parfois musiques), tout particulièrement au sein de Bugel Koar, ou encore pour Gilles Le Bigot ou Eric Le Lann. Parmi les nouveaux projets 2007/2008, on notera une collaboration avec la chorégraphe Christine Rougier, les nouveaux albums de Loened Fall et Gilles Le Bigot, une invitation sur l’album du groupe Pienza et une rencontre avec Gaby Kerdoncuff et le trio jordanien Nawazen. En 2001, Marthe a reçu le Prix Du-Mañ Du-Se de France 3 Ouest du meilleur chanteur / meilleur album de l’année.