Modélisation et commande en pleine onde d`une MRV très grande
Transcription
Modélisation et commande en pleine onde d`une MRV très grande
Modélisation et commande en pleine onde d’une MRV très grande vitesse Codrut Visa1 , Fadila Himri1 , Jean François Antoine2 , François Léonard2 , GabrielAbba2 1 Laboratoire de Génie Industriel et de Production Mécanique Université Paul Verlaine de Metz, Île du Saulcy, 57045 Metz Cedex, France 2 ENIM, Île du Saulcy, 57045 Metz Cedex, France [email protected], [email protected], [email protected], [email protected], [email protected] Résumé— Cet article présente la modélisation et la commande d’une machine à réluctance variable (MRV) utilisée pour entraîner une électrobroche pour l’usinage à très grande vitesse. La commande en pleine onde de l’actionneur (MRV) nécessite la connaissance d’un modèle précis et simple du couple électromagnétique en fonction de l’angle de commande. Dans cet article nous proposons et analysons quatre modèles numériques permettant de caractériser le couple électromagnétique de l’actionneur. Les performances des modèles sont évaluées à travers une commande en boucle fermée. L’asservissement de vitesse pour une MRV fonctionnant à très grande vitesse est étudié pour chaque modèle proposé. La commande proposée utilise un correcteur PI anti-windup. Mots-clés— modélisation, commande en pleine onde de tension, machine à réluctance variable (MRV), usinage à grande vitesse (UGV). I. Introduction L’usinage à grande vitesse (UGV) est constamment confronté à des nouveaux besoins. L’UGV est une technique d’obtention des pièces par enlèvement de copeaux, caractérisée par des conditions de coupe particulières. Cette technique consiste à augmenter notablement les vitesses de coupe (de 5 à 10 fois supérieures à celles de l’usinage dit "conventionnel") et de rotation de l’outil (de 10000 à 100000 tr/min) de manière à privilégier l’enlèvement de matière avec des profondeurs de coupe plus faibles. L’équipe CEMA du LGIPM a développé deux prototypes de MRV. Ces MRV sont de type 6/2 alimentées avec un convertisseur asymétrique classique. Les travaux présentés dans [1] et [2] ont permis d’obtenir les caractéristiques de fonctionnement jusqu’à une vitesse de rotation d’environ 150000 tr/min. L’implantation des commandes proposées dans [2] nécessite le développement d’un nouveau convertisseur. Ainsi, avec un convertisseur asymétrique nous proposons d’utiliser une commande en pleine onde de tension afin de réaliser l’asservissement de vitesse de la MRV. Le caractère fortement non linéaire de la MRV a suscité de nombreux travaux de chercheurs. La commande pleine onde de tension ou de courant, la technique de linéarisation par retour d’état et le mode glissant sont les stratégies de commande les plus souvent proposées pour contrôler une MRV. e-STA copyright © 2007 by see Volume 4 (2007), N°2 pp 26-31 La commande pleine onde (créneaux de courant ou créneaux de tension) est habituellement utilisée pour une MRV fonctionnent à grande vitesse [3]. Dans [4], les auteurs proposent ce type de commande pour une MRV en utilisant un modèle électromagnétique linéaire par morceaux permettant d’aboutir à une expression analytique du couple moteur. La même stratégie de commande couplée avec une commande adaptative a été étudiée dans [5]. La minimisation des ondulations du couple introduites par la commande en pleine onde a été abordée dans [6]. Des solutions à basse et à grande vitesse sont proposées. Le démarrage d’une MRV en utilisant une commande en pleine onde a été analysé dans [7]. La commande par linéairisation par retour d’état a été étudiée dans [8] pour un problème de poursuite de trajectoire en robotique. Cette stratégie de commande a également été étudiée dans [9] afin de minimiser les ondulations du couple. La commande par mode glissant est proposée dans [10] et [11]. Dans [11], afin d’obtenir un asservissement de vitesse les auteurs proposent une structure de contrôleur en cascade (vitesse-couple). La commande proposée dans [10] est classique, mais son intérêt réside dans la façon de minimiser les ondulations du couple. Cette étude permet de voir les différentes stratégies de commande d’une MRV. Le caractère fortement non linéaire d’une MRV la rend difficile à contrôler. Pour un fonctionnement à grande vitesse la commande en pleine onde semble mieux adaptée. La commande par retour d’état linéairisant permet de bénéficier de tous les avantages des systèmes linéaires. En présence des incertitudes de modélisation la commande par mode glissant s’impose par sa robustesse visà-vis des erreurs de modélisation. Cet article est organisé comme suit. La MRV est présentée dans le paragraphe II et le principe de la commande en pleine onde est expliqué dans le paragraphe III. La modélisation du couple électromagnétique en vue de la commande à partir de mesures réelles sur le moteur est ensuite détaillée dans le paragraphe IV. Un correcteur PI anti-windup est synthétisé dans le paragraphe V. Les simulations à très grande vitesse sont analysées dans le paragraphe VI. Enfin, les conclusions et les perspectives de cette étude sont exposées dans le dernier paragraphe. II. Présentation de la MRV La MRV est un moteur électrique composée d’un stator et d’un rotor. Le stator de la MRV étudiée dans cet article comporte six dents et le rotor deux dents (figure 1). Autour de chaque dent statorique est enroulé un bobinage. Le rotor ne possède aucun enroulement (rotor froid). Le principe de fonctionnement d’une MRV est celui d’un électro-aimant. Lorsqu’une phase est alimentée, le rotor tourne pour se mettre dans la position où le flux créé par le stator est maximum [3]. Cette position est appelée position de conjonction. La position opposé où le flux est minimum est appelée position d’opposition. doit fonctionner avec une période d’échantillonnage de minimum 10 µs. Pendant chaque période d’échantillonnage, le système de commande doit acquérir les données de différents capteurs, calculer la commande et les renvoyer au convertisseur de puissance. Pour un système de commande en temps réel le temps dédié aux opérations d’E/S est constant, alors, seul le temps de calcul de la commande devient non négligeable lorsqu’on utilise des modèles complexes. Pour tout système électrotechnique, des limites sont fixées par la tension d’alimentation, par le courant maximal acceptable et par l’élévation de température. Dans de nombreux articles, il a été démontré que le mode d’alimentation en créneaux de courant n’était viable du point de vue énergétique qu’en basse vitesse. A grande vitesse, le mode d’alimentation utilisé est le créneau de tension (pleine onde de tension). La figure (2) montre le principe d’alimentation en pleine onde de tension. La vitesse du moteur est contrôlée en alimentant chaque phase entre l’angle d’allumage (ou d’ouverture) (θa ) et l’angle de fermeture (ou d’extenction)(θf ). θa correspond à la position du rotor où l’alimentation de la phase commence et θf correspond à l’angle où la tension −U est appliquée à la phase afin de démagnétiser la phase. L’intervalle angulaire θf − θa est appelé angle de commande. tension Fig. 1 Vue schématique d’une MRV 6/2 +U L’expression du couple produit par une MRV est obtenue en utilisant une modélisation énergétique [3]. En négligeant les pertes Joules dans l’enroulement d’excitation, le bilan énergétique de la MRV permet d’obtenir l’expression du couple électromagnétique. Le couple électromagnétique est donné par : ∂Wcem Cem = (1) ∂θ où Wcem et θ représentent respectivement la coénergie électromagnétique stockée dans le circuit magnétique et la position du rotor. Lorsque le circuit magnétique est non saturé, le couple électromagnétique est donné par : Cem = 1 dL 2 i 2 dθ (2) où i représente le courant d’alimentation d’une phase. On remarque que le signe du couple ne dépend pas du sens du courant. Pour obtenir un couple moteur il faut alimenter la phase lorsque l’inductance est croissante et pour obtenir un couple frein il faut alimenter la phase lorsque l’inductance décroît. III. Principe de la commande en pleine onde de tension L’électrobroche est conçue pour fonctionner à une vitesse de rotation de 200000 tr/min. A cette vitesse, la distance entre deux pôles statoriques est parcourue en 50 µs. Du point de vue implémentation, le système de commande e-STA copyright © 2007 by see Volume 4 (2007), N°2 pp 26-31 courant θa 2θf−θa θ θf −U Fig. 2 Principe de la commande en pleine onde de tension La commande en pleine onde que nous développons utilise θa comme variable de contrôle. θf est fixé à -20 degrés afin d’améliorer la démagnétisation des phases et de réduire les ondulations du couple [2]. θa sera calculé à partir du modèle du couple électromagnétique. Plusieurs modèles du couple seront proposés et analysés par la suite. IV. Modélisation du couple moteur Dans la littérature, la modélisation du couple électromagnétique est classifiée selon deux grandes familles : les modèles basés sur des cartographies réalisées à l’aide de mesures sur le banc d’essais moteur (modèles statiques), et les modèles basés sur des lois physiques (modèles dynamiques) permettant d’accéder aux phénomènes transitoires du moteur. Dans le cadre de ce travail, nous ne considérerons que les modèles dynamiques permettant d’appréhender les dynamiques mises en jeu dans le moteur. A. Modélisation en vue de la commande La modélisation du couple électromagnétique est obtenue en utilisant les hypothèses suivantes : H1. Le terme Ri est négligeable devant la tension U . Pour une MRV alimenté en pleine onde de tension, l’équation électrique d’une phase est : dΦ ± U = Ri + dt (3) où R et Φ représentent respectivement la résistance d’une phase et le flux magnétique. Sous cette hypothèse, l’équation (3) devient : ( U pour θa ≤ θ < θf dΦ = (4) dt −U pour θf ≤ θ ≤ 2θf − θa H2. La vitesse (Ω) ne varie pas durant la période d’alimentation d’une phase. Après l’intégration de l’équation (4) on obtient : U (θ − θa ) pour θa ≤ θ < θf Ω Φ= (5) U (2θ − θ − θ) pour θf ≤ θ ≤ 2θf − θa f a Ω H3. En grande vitesse, les pertes ferromagnétiques obligent de limiter le flux maximum. Le fonctionnement magnétique peut alors être considéré linéaire et l’inductance ne dépend que de la position. Φ = L(θ)i (6) C. Approximation par morceaux de L par polynômes quadratique de la forme aθ4 + bθ2 + c Dans ce cas, nous avons choisi d’utiliser trois polynômes quadratiques afin de modéliser l’inductance. Les coefficients des polynômes ont été calculés en utilisant la fonction basic fitting de Matlab. Les résultats obtenus présentent des fortes discontinuités dans la modélisation de la fonction couple. En augmentant le nombre des polynômes, les résultats peuvent être améliorés mais le temps de calcul de la commande devient également important. Pour ces raisons nous avons choisi d’utiliser la fonction 1/L plutôt que L. D. Approximation continue de 1/L par un polynôme en cos(2θ) Ce modèle utilise l’approximation de 1/L par un polynôme de la forme a cos 2θ2 + b cos 2θ + c afin de faciliter le calcul analytique de la fonction Fcem . Le modèle approché de 1/L est le résultat d’une optimisation en utilisant la fonction lsqcurvefit de Matlab. Les coefficients de ce modèle sont : a = −74.43, b = −130.22 et c = 363.23. Les courbes de la figure 3 représentent la fonction 1/L donnée dans [12] et le modèle approché. 450 Sous l’hypothèse H3, la coénergie magnétique peut s’écrire : Z 2θf −θa Z 2θf −θa dΦ (7) Φ Φdi = Wcem = L(θ) θa θa Modèle Réel 400 −1 1/L [H ] 350 En utilisant les équations (4-7), la coénergie est : # 2"Z θf Z 2θf−θa U (2θf −θa −θ) (θ−θa ) Wcem= dθ+ dθ Ω L(θ) L(θ) (8) θf θa | {z } 300 250 200 150 0 20 40 60 80 100 θ [deg] Fcem Le couple électromagnétique moyen pour une phase est : π 3 B. Méthodes de calcul du couple D’après les équations (8) et (9) le couple ne dépend pas seulement de la vitesse de rotation, de la tension d’alimentation et de l’angle d’allumage mais aussi de l’inductance de la phase. La complexité de cette dernière fonction empêche toute solution analytique du problème. L’intégrale de la coénergie n’est pas calculable analytiquement du fait de la complexité de la formulation de L(θ). Plusieurs solutions sont alors possible pour obtenir un modèle du couple en fonction de l’angle d’ouverture, de la tension et de la vitesse : – Approximer l’inductance ou la fonction 1/L par une fonction continue ou définie par morceaux. – Approximer l’énergie magnétique par une fonction de θf et de l’angle de commande. – Calcul numérique de Fcem (approximer 1/L par une fonction linéaire par morceaux) puis approximation du résultat par un modèle analytique. e-STA copyright © 2007 by see Volume 4 (2007), N°2 pp 26-31 160 180 (9) La figure (4(a)) représente la fonction du couple calculée par ce modèle. L’erreur entre le modèle numérique et ce modèle est donnée par la figure (4(b)). 4 100 80 2 60 Erreur [%] Wcem 140 Fig. 3 Modèle polynomial en cos(2θ) de 1/L Fcem [rad2H−1] Cem−m = 120 40 20 0 60 50 40 30 l [deg] 20 10 0 −100 −80 −60 −40 θf [deg] (a) Fonction du couple −20 0 0 −2 −4 60 50 40 30 l [deg] 20 10 0 −100 −80 −60 −40 −20 0 θ [deg] f (b) Erreur fonction du couple Fig. 4 Fcem par approximation de 1/L par a cos 2θ2 + b cos 2θ + c Dans ce cas, l’erreur maximum est d’environ 3% sur l’ensemble des valeurs. E. Modèle approché de la fonction de Wcem 2 U Wcem= [a lc sin(2θf ) + b lc sin(4θf )] Ω Erreur [%] 4 50 0 −50 60 (10) 2 0 −2 60 50 40 50 0 30 l [deg] 20 10 −50 0 −100 θf [deg] 40 0 30 20 l [deg] (a) Modèle approché de Fcem −50 10 0 −100 θf [deg] (b) Erreur du modèle approché Fig. 7 Fcem par approximation de 1/L par une fonction linéaire par morceaux où a = −70.34, b = −24.85 et c = 2.65. 10 100 80 5 0 20 0 60 −5 60 50 40 30 20 10 l [deg] 0 −100 −80 −60 −40 −20 0 50 40 30 20 l [deg] θf [deg] (a) Modèle approché de Fcem 10 0 −100 −80 −60 −40 −20 0 θf [deg] (b) Erreur du modèle approché Fig. 5 Fcem par approximation de Wcem Les courbes de la figure (5(a)) représentent la coénergie magnétique obtenue en utilisant ce modèle. L’erreur entre le modèle approché et le modèle numérique est représentée sur la figure (5(b)) et elle est d’environ 6% . F. Approximation de la fonction 1/L par une fonction linéaire par morceaux Ce modèle est basé sur l’approximation de la fonction 1/L par une fonction linéaire par morceaux afin de faciliter le calcul numérique de la fonction couple (Fcem ) par la méthode des trapèzes. Le modèle approché de la fonction 1/L a été obtenu suite à une optimisation en utilisant la fonction lsqcurvefit de Matlab. Les courbes de la figure (6) représentent la fonction 1/L donnée dans [12] et le modèle linéaire par morceaux. Pour contrôler l’électrobroche nous ne pouvons pas commander le couple mais on peut commander l’angle d’ouverture et l’angle de fermeture, c’est à dire les positions entre lesquelles la phase doit être alimentée. Ainsi, il est nécessaire de disposer d’un modèle de l’angle d’ouverture en fonction du couple. Pour en déduire ce modèle, nous avons fixé l’angle de fermeture à −20 degrés afin de minimiser les ondulations du couple [2]. Le modèle choisi est une fonction polynomiale du 3ème degré : 3 2 θon = a Fcem + b Fcem + c Fcem + d −20 −60 −80 −100 −120 −140 −160 50 100 150 F cem Modèle Réel 200 250 300 350 2 −1 [rad H ] Fig. 8 Angle d’ouverture en fonction de Fcem pour θof f = −20o 400 350 1/L [H−1] Modèle numérique Approximation −40 −180 0 450 (11) Les coefficients de ce modèle sont obtenus par la méthode des moindres carrés : a = −1.25e−7, b = 6.33e−5, c = −1.54e−2 et d = −5.64e−1. Les courbes de la figure (8) représentent le modèle approché de Fcem et le modèle donné par l’équation (11). [deg] 40 on 60 θ Erreur [%] Fcem [rad2H−1] 6 100 Fcem [rad2H−1] Ce modèle est proche du modèle précédent, il consiste à approximer la coénergie magnétique en fonction de θf et de l’angle de commande (l = θf − θa ) en ajustant une fonction approchée sur les résultats exacts. Ce modèle s’exprime de la façon suivante : 300 250 200 150 0 20 40 60 80 100 θ [deg] 120 140 160 180 Fig. 6 Modèle linéaire de la fonction 1/L La fonction couple obtenue en utilisant le modèle donnée sur la figure (6) est représentée sur la figure (7(a)). L’erreur entre le modèle approché et le modèle numérique est représentée sur la figure (7(b)) et elle est d’environ 6% . e-STA copyright © 2007 by see Volume 4 (2007), N°2 pp 26-31 Pour choisir le modèle du couple le mieux adapté à notre problème nous devons prendre en compte les performances de l’électrobroche ainsi que celles du système de commande en temps réel. Il est préférable que le modèle soit simple et qu’il reproduise au mieux le comportement de la MRV. Vue la période d’échantillonnage utilisée dans notre cas, il est évident que le modèle choisi doit être le moins coûteux en terme de temps de calcul. Les trois premiers modèles présentés dans ce paragraphe offrent une très bonne précision mais ils aboutissent à des calculs lourds pour une utilisation en temps réel. Le dernier modèle, malgré son erreur de modélisation présente un temps de calcul faible et une bonne précision. V. Asservissement de vitesse d’une MRV 6/2 L’asservissement de vitesse d’une MRV 6/2 très grande vitesse est réalisé en utilisant une commande en pleine onde de tension. Le schéma de l’asservissement de vitesse est représenté sur la figure (9). Il comporte trois parties principales : la partie informatique, la partie puissance et le procédé avec les différents capteurs associés. fermée est : HBF (s) = h 1 Jτ 2 κ s + (fv +κ) τs κ (14) i +1 On remarque que le système se comporte comme un système de deuxième ordre de pulsation propre : r κ ωn = (15) Jτ et de facteur d’amortissement : ζ= Fig. 9 Schéma d’asservissement d’une MRV 6/2 (12) où J, Ω, fv et Cr représentent respectivement l’inertie du rotor, la vitesse de rotation, le coefficient de frottement visqueux et le couple résistant (couple d’usinage). Pour ce système, le couple d’usinage se comporte comme une perturbation. La fonction du transfert en boucle ouverte est du 1er ordre : 1 HBO (s) = (13) fv + Js L’asservissement de vitesse sera donc réalisé par l’intermédiaire d’un correcteur PI à action proportionnelle sur la vitesse Ω. Le correcteur fournit un couple moteur (noté Cem sur la figure (9)) calculé à partir de l’erreur entre la vitesse de consigne et la vitesse réel de la MRV. En pratique le couple moteur d’une MRV est saturé (pour notre MRV le couple maximal est de 0.06 Nm [2]). Lorsque le contrôleur utilisé dans la boucle fermée possède une action intégrale, la saturation nécessite d’introduire un correcteur anti-windup permettant de remettre à zéro (reset) l’intégrateur lorsque la saturation est active. Si on appelle κ le gain de correcteur et τ sa constante d’intégration, a fonction de transfert du système en boucle e-STA copyright © 2007 by see Volume 4 (2007), N°2 pp 26-31 r τ Jκ (16) VI. Résultats des simulations Afin d’analyser les performances des différents modèles de couple, l’asservissement de vitesse a été simulé pour chaque modèle proposé. L’asservissement de vitesse pour une consigne en échelon de vitesse ne présente pas d’intérêt car la simulation implique une saturation totale de la commande. Ainsi nous avons simulé l’asservissement pour une consigne en rampe de vitesse. Pour une vitesse de référence de 150000 tr/min, nous avons choisi un temps d’accélération de 2 s et une tension d’alimentation de 150 V. Les réponses en vitesse du système linéaire équivalent et du système non linéaire sont représentées sur la figure 10. Pour la même simulation les formes des tensions et des courants sont représentées sur la figure (11). 4 16 5 x 10 1.5005 14 1.5004 12 1.5003 x 10 1.5002 10 Vitesse [tr/min] Vitesse [tr/min] – La partie informatique est principalement composée d’un ordinateur doté de deux processeurs INTEL XEON avec une fréquence d’horloge de 2.4 GHz. Le système informatique utilise Linux Temps réel (RTAI) comme système d’exploitation et deux cartes d’acquisitions afin de réaliser l’interface entre la partie puissance et le procédé. Notre commande est implantée dans ce système et elle se décompose en trois blocs : le correcteur, le modèle du couple et un commutateur permettant de choisir la phase qui sera alimentée. – La partie puissance est constituée d’un convertisseur en demi-pont asymétrique commandé en MLI à trois niveaux de tension. – La MRV est équipée avec un capteur analogique de position et un capteur de tension par phase. Le modèle du couple que nous utilisons permet de linéarisé la dynamique mécanique de la MRV. Dans ce cas, la dynamique mécanique de la MRV est : dΩ J = Cem − fv Ω − Cr dt (fv + κ) 2 1.5001 8 Consigne Système linéaire Système non linéaire 6 1.5 1.4999 4 1.4998 2 1.4997 0 1.4996 −2 0 0.5 1 1.5 2 Temps [s] (a) Courbes de vitesses 2.5 1.4995 1.99 Consigne Système linéaire Modèle Eq. 6 1/L=f(cos(2θ)) Modèle Eq. 9 Modèle Eq. 10 2 2.01 2.02 2.03 2.04 2.05 2.06 2.07 Temps [s] (b) Détail des courbes Fig. 10 Réponse en vitesse pour une consigne en rampe (Ωref = 150000 tr/min, tacc = 2 s) Durant cette simulation on remarque trois zones distinctes. La première zone correspond à la phase de démarrage du moteur. La réponse en vitesse est typique pour un système de deuxième ordre de facteur d’amortissement inférieur à 1. On remarque, d’ailleurs que pendant la phase d’accélération en absence de couple d’usinage chaque phase de la MRV est alimentée pendant approximativement 40 degrés (figure 11(a)). On remarque que pour cette vitesse la chaque phase doit être commandée lorsque le rotor se trouve à −60 degrés par rapport à la position de conjonction, donc en face du précédent pôle statorique. Pour ce mode de fonctionnement le couple moteur demandé par le correcteur doit être égal au couple de frottement. La deuxième zone dure 0.02 s et elle est prévue afin d’analyser le comportement du système lors d’un impact de 150 150 100 100 10*Courent [A], Tension [V] 10*Courant [A], Tension [V] charge. Pendant cet intervalle de temps une perturbation (un couple résistant) est appliquée au moteur. La baisse de vitesse suite à l’application du couple d’usinage est interprétée par le correcteur qui demande à ce que la MRV produit plus de couple moteur. Or, dans notre stratégie de commande, la seule possibilité d’augmenter le couple moteur est d’élargir l’angle de commande (figure 11(b)). Mais, dans ce cas, on trouve parfois deux phases alimentées en même temps. Du point vue énergétique le chevauchement des phase n’est pas souhaité. Cet inconvénient peut être diminué en augmentant la tension d’alimentation afin de faciliter la démagnétisation des phases. 50 0 Phase 1 Phase 2 Phase 3 −50 −100 −150 50 100 150 200 250 300 50 0 Phase 1 Phase 2 Phase 3 −50 −100 −150 0 50 Position [deg] (a) Cr = 0 Nm 100 150 200 250 300 350 Position [deg] (b) Cr = 0.01 Nm Fig. 11 Courants et tensions pendant l’asservissement (Ωref = 20000 tr/min, tacc = 0.2 s) VII. Conclusion Plusieurs modèles du couple électromagnétique d’une MRV en vue d’une commande en plein onde de tension ont été proposés. L’approche proposée part du principe de l’existence d’un modèle d’inductance. Les modèles du couple électromagnétique proposés ont été obtenus sous des hypothèse largement vérifiées lors de l’utilisation d’une MRV en grande vitesse et par différents approximations pour réduire le degré de complexité. Pour une implémentation en temps réel de la commande nous avons cherché à obtenir une expression analytique pour chacun des modèles. Les mesures réelles sur le moteur ont permis d’identifier les valeurs numériques des constantes de chaque modèle. L’asservissement de vitesse par une commande en pleine onde de tension d’une MRV fonctionnant à très grande vitesse est analysé en utilisant chacun des modèles du couple proposés. L’utilisation de ces modèles permet de synthétiser un correcteur PI anti-windup afin de contrôler la MRV. L’analyse des résultats de simulation valide l’approche de commande. Le comportement de la MRV asservie en vitesse est similaire pour tous les modèles étudiés dans cet article, néanmoins, pour une implémentation temps réel de la commande le dernier modèle s’impose par sa simplicité et son faible temps de calcul. Références [1] La troisième zone dure 0.02 s et elle est équivalente à la phase de fin d’usinage. Pendant cette zone, la perturbation est enlevée et la MRV retrouve le fonctionnement de la fin de la première zone. Les réponses en vitesse pendant la deuxième et la troisième zone sont symétriques, ainsi un bon rejet de perturbation est assuré par le contrôleur. Les performances des trois modèles utilisés lors des ces simulations peuvent être jugées similaires en comparant les régimes transitoires lors d’un impact de charge. Le premier dépassement varie entre 0.7% et 2% en fonction du modèle choisi. Il apparaît d’après les courbes de la figure 10(b) que le premier modèle du couple offre le plus petit dépassement (0.7%) mais le temps de calcul de la commande est extrêmement important pour la mise en pratique de la commande dans un environnement temps réel. Le deuxième modèle du couple proposé introduit le plus fort dépassement. Malgré sa simplicité ce modèle allonge le temps de calcul imparti à la commande car, dans un environnement temps réel les fonctions trigonométriques prennent beaucoup de temps de calcul. Le dépassement introduit par le dernier modèle est similaire aux dépassements obtenus par l’asservissement du système linéaire équivalent et le temps de calcul de la commande est faible. Ainsi, ce modèle offre le meilleur compromis performance - temps de calcul en vue de l’implémentation de la commande. e-STA copyright © 2007 by see Volume 4 (2007), N°2 pp 26-31 J.F. Antoine. Conception et modélisation d’une électrobroche grande vitesse : Résolution des problèmes couplés. PhD thesis, Université de Metz, juillet 2004. [2] C. Visa. Commande non linéaire et observateurs : application à la MRV en grande vitesse. PhD thesis, Université de Metz, décembre 2004. [3] T.J.E. Miller. Switched reluctance motors and their control. Oxford Science Publications, USA, 1993. [4] G.S. Buja, R. Menis, et M.I. Valla. Variable structure control of an SRM drive. IEEE Trans. Ind. Electron., 40(1) :56–63, 1993. [5] P. Tandon, A.V. Rajarathnam, et M. Ehsani. Self-tuning control of a switched-reluctance motor drive with shaft position sensor. IEEE Trans. Ind. Applicat., 33(4) :1002–1010, july/august 1997. [6] P.C. Kjaer, J.J. Gribble, et T.J.E. Miller. High-grade control of switched reluctance machines. IEEE Trans. Ind. Applicat., 33(6) :1585–1593, november/december 1997. [7] H.E. Akhter, V.K. Sharma, A. Chandra, et H.Al-Haddad. Performance simulation of switched reluctance motor drive system operating with fixed angle control scheme. Electrimacs, August 2002. [8] M.I. Spong, R. Marino, et S.M. Peresada. Feedback linearizing control of switched reluctance motor. IEEE Trans. Automat. Contr., AC-32(5) :371–379, May 1987. [9] H. Cailleux. Caractérisation électromagnétique, modélisation et comparaison de stratégies pour la commande en régime transitoire de machines à réluctance variable à double saillance. Phd, Université de Paris 6, 1995. [10] N. Inanc et V. Ozbulur. Torque ripple minimisation of a switched reluctance motor by using continous sliding mode control technique. Electric Power Systems Research, 66 :241–251, 2003. [11] C. Rossi et A. Tonielli. Feedback linearizing and sliding mode control of a variable reluctance motor. International Journal of Control, 60(4) :543–568, 1994. [12] C. Visa, G. Abba, F. Léonard, J.F. Antoine, et C. Sauvey. Nonlinear identification and control of a switched reluctance motor. 6th IFAC Symposium on Nonlinear Control Systems (NOLCOS), pages 1463–1468, Stuttgart, Germany, 1-3 September 2004.