Kudsi Erguner

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Kudsi Erguner
Kudsi Erguner
Taj Mahal
“La musique indienne et la musique turque font partie dans le système modal des musiques les plus
riches et les plus développées et l’on peut sans peine leur trouver des ressemblances. Le système
modal turc est appelé Makam, et Raga dans la musique indienne. Au sein du Makam chaque son a un
nom comme “Rast, Dugah, Segah, Cargah”, dans la musique indienne les 22 tons de base s’appellent
“Shuruti” et chacun est nommé différemment : Tivra, Kumundvati, Chandovati… L’improvisation est
très largement utilisée dans ces deux univers musicaux, elle s’appelle Taksim pour les Turcs et Alap
et Hayal pour les Indiens. C’est la forme de distribution et de division des modes qui permet à chaque
musicien de créer de nouvelles œuvres à chaque interprétation.
C’est en lisant en langue turque, les cahiers de Babur Khan que j’ai eu envie de monter ce projet
musical. Babur Khan fonde en 1526 l’Empire Moghol, c’est l’un des descendants de Tamerlan,
conquérant de l’Anatolie et comme son illustre ancêtre il est passionné par les arts. Soucieux
d’avoir auprès de lui les plus grands artistes et savants Tamerlan les faisait amener des villes
conquises pour les installer de gré ou de force dans sa capitale Samarkand…
Au IXe siècle quand les Mongols et les Turcs -farouches guerriers
comme on le sait - envahissent le Nord de l’Inde, c’est déjà un
pays d’une richesse culturelle inouïe. Au XIVe siècle les échanges
commerciaux et cultuels sont en plein essor et l’apogée du
règne fondé par Babur Khan se situe du règne d’Akbar à celui
d’Aurengzeb.
De cette richesse commerciale tangible ne pouvait naître
qu’une grande ère artistique : le foisonnement des expressions
musicales permettait, par exemple, à un musicien venu de
Perse dêtre apprécié autant en Inde qu’à Constantinople, et ce
n’était pas rare ! Pour évoquer la richesse des échanges dans
le domaine musical on peut prendre l’exemple du sarod qui
est le rebab afghan, adopté par la musique indienne avec des
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transformations organologiques. Sur une base commune chacun ajoute son style : cet instrument
n’est plus afghan, moghol ou asiatique, il est indien. La musique indienne est ainsi faite, riche
d’influences multiples, surtout au Nord du fait des invasions des mongols musulmans.
Aujourd’hui les frontières politiques et géographiques essayent de délimiter les cultures : il m’est
souvent arrivé d’entendre des récitations des poèmes de Rûmi en Inde, au Pakistan, en Iran, en
Turquie et d’en être ému, on s’étonne pourtant dans chacun de ces pays que Rûmi, comme s’il
était un trésor national puisse être apprécié ailleurs…
J’ai choisi d’appeler ce projet Taj Mahal parce que c’est un lieu connu de tous, un chef d’œuvre d’architecture qui cache la passion amoureuse d’un sultan pour son épouse disparue.
Le mausolée a été bâti par des architectes indiens, perses et turcs selon une esthétique
commune et cette idée me plaît.
Parler de tradition, c’est évoquer le plus souvent quelque chose de figé, de nostalgique. Je
préfère parler de tradition vivante, dotée d’une esthétique propre, ouverte sur les autres cultures,
capable de les comprendre et de s’en enrichir. En tant qu’artiste, j’ai voulu évoquer l’histoire
et l’apogée de ces cultures (hindoue, perse, mongole, musulmane) et aussi mes souvenirs de
voyage, mes rencontres avec des musiciens indiens comme Bismila Khan, Subramanian avec qui
j’ai travaillé pour le théatre…
Mon désir était de créer une œuvre qui réunirait les instruments que je préfère dans la musique
savante turque et dans la musique indienne comme le sarangi, le sarod et le tabla. J’ai demandé
à Renaud Garcia-Fons, contrebassiste hors norme de se joindre aux autres musiciens, ainsi qu’à
Bruno Caillat avec qui je travaille depuis de nombreuses années. Leur présence donne lieu à une
autre rencontre rythmique entre le monde occidental et l’Inde.
Les pièces interprétées sont des arrangements sur des mélodies traditionnelles indiennes ou
turques et trois de mes compositions. Ces mélodies servent de base au dialogue et à l’improvisation.
Dans le premier morceau, Barbournameh, j’ai voulu exprimer l’idée d’un voyage du nord du
Khorassan vers l’Inde et la naissance des dynasties prestigieuses installées dans cette région
convoitée et “rêvée” aussi par les européens. La mélodie a donc une couleur asiatique puis
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hindoue, le va-et-vient entre les deux cultures aboutit lors des improvisations au mariage des
deux sources musicales. J’ai composé ensuite le second thème Mumtaz Mahal (du nom du
quartier où le Taj Mahal a été construit), il évoque le souvenir que j’ai de la visite de cet endroit
magique. Vient ensuite une pièce avec un prélude joué lors de la cérémonie des Derviches
Tourneurs puis des improvisations sur une mélodie proposée par Ken Zukermann. Le semaï qui
suit est un postlude dont nous avons choisis les passages les plus émouvants et où nous avons
laissé chaque interprète improviser. Pour terminer une pièce courte afin de développer de plus
en plus le côté improvisé, spontané de la musique.
Nous avons répété deux ou trois jours avant le
concert et j’ai l’impression que la musique modale
permet, plus facilement que la musique tempérée
classique, ce type de rencontre. Qu’ils soient japonais,
turcs, indiens ou d’ailleurs ces musiciens sont sont
interprètes et créateurs, libres d’exprimer la
mélodie à leur façon. Il ne sagit pas là d’une musique
traditionnelle au sens rigide du mot et d’aucuns
pouraient en faire le reproche, mais nous avons
partagé ce moment avec un public passioné et l’idée
de l’album est venue après : Faire partager ce moment
inoubliable et cette grande émotion…”
Kudsi Erguner
Kudsi Erguner : Ney
Kudsi Erguner est né à Istanbul dans une famille de
musiciens, il a été l’unique élève de son père, Ulvi,
maître incontesté du ney - l’instrument privilégié de la
musique classique ottomane et des cérémonies soufies
en Turquie. Ses contacts, dans un contexte familial et
communautaire, avec de grands musiciens et maîtres
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soufis des générations plus anciennes ont eu une influence déterminante sur sa formation
musicale et ses connaissances de la tradition soufie… Après avoir travaillé dans l’Orchestre de
la Maison de la Radio d’Istanbul, il s’instale, en 1972, à Paris où il étudie l’architecture et la
musicologie. Depuis Kudsi Erguner n’a cessé de faire connaître au public occidental les genres
musicaux issus de la tradition ottomane en fondant par exemple plusieurs ensembles issus de
ce creuset culturel. Il a éffectué des recherches en Inde, au Pakistan, en Turquie. Il a participé
à de nombreux festivals internationaux et collaboré avec des artistes tels que Peter Brook pour
son film “Rencontre avec des hommes remarquables” et au théatre pour le Mahabharata,
Peter Gabriel (Passion, Us, Millenium Project), créé des musiques pour les chorégraphies de
Béjart et Carolyn Carlson. Kudsi Erguner a réalisé des enregistrements avec Didier Lockwood,
Maurice
Michel Portal, Bojan Z, Nguyen Lê, Christof Lauer, Michel Godard, le Hilliard ensemble…
Dans le domaine de la musique contemporaine, il a travaillé avec Georges Aperghis et Nicolas
Frize. Kudsi Erguner a formé des élèves au sein de l’association Mevlana, il est également l’auteur
des “Contes du Mesnevi de Rûmi”, du “Livre des derviches bektashis” et de “La fontaine de la
séparation.”
Sultan Khan : Sarangui et chant
Sultan Khan est estimé pour ses qualités d’accompagnateur des chanteurs et chanteuses
indiennes. Il est né à Jaïpur dans une famille de musiciens. Il débute avec son frère aîné à la
radio tout d’abord, puis il s’installe à Bombay où il se consacre à la réalisation de musiques
de films. Sultan Han est ainsi devenu le musicien préféré de la diva indienne du cinéma Lata
Mangeshkar. Joueur virtuose, Sultan Han est capable de surmonter toutes les difficultés
techniques, c’est aussi un artiste au style plein de poésie et de lyrisme.
Ken Zuckerman : Sarod
Ken Zuckerman est l’un des rares musiciens européens à jouer du sarode et à être estimé par
les musiciens indiens. Il a été pendant 25 ans le disciple de Ustad Ali Ekber et l’a accompagné
lors de nombreux concerts dans le monde entier. Ken Zuckerman dirige aujourd’hui l’Ecole
Ali Ekber à Basel en Suisse. Il y enseigne la musique classique du Nord de l’Inde et la musique
médiévale.
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Fazal Qureshi : tabla
On ne peut évoquer cet instrument magique sans parler du maître Alla Rakha qui a accompagné
Ravi Shankar pendant 25 ans. Fazal Qureshi est l’un des fils de Alla Rakha. Il a débuté sur scène
avec son frère Zakir Hussain. Il se produit sur scène en Inde et dans le monde entier, et plusieurs
enregistrements, en particulier avec son frère ont été réalisés. Fazal Qureshi a aussi composé
des musiques de films.
Derya Turkan : Kemençe
Derya Turkan est en 1973 à Istanbul et joue du kéménçé depuis l’âge de 13 ans. Il suit d’abord
en privé puis au Conservatoire, (dont il sera diplômé en 1990), les cours de Ihsan Ozgen, le
grand maître du kéménçé turc.
Le kéménçé turc ou “ Kéménçé-i Roumi“ est l’un des instruments à archet les plus apprécié de
la musique savante turque. C’est une adaptation de la “Lyra“ grecque : les trois cordes en boyau
sont accordées La Ré La, on joue en frottant les ongles contre les cordes et l’instrument permet
de couvrir trois octaves. La musique savante turque comporte de nombreux intervalles précis et
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l’obtention de la maîtrise de jeu et de justesse est particulièrement difficile avec cet instrument
délicat, ce qui explique sans doute le petit nombre de musiciens qui s’intéressent au kéménçé. Derya turkan fait partie de ceux-là, et, malgré son jeune âge, c’est un musicien rare qui
possède à la fois un style personnel et une richesse dûe à sa connaissance des “makams“ de la
musique savante et à son travail auprès de Maître Ihsan Ozgen.
Renaud Garcia-Fons : Contre basse
Renaud Garcia-Fons est premier prix du Conservatoire de la ville de Paris et d’Aubervilliers.
Il a été membre de l’Orchestre de Contrebasses de 1987 à 1993 et a fait partie de l’Orchestre
National de Jazz (ONJ) en 1990-1991. Il s’est produit en concert solo aux festivals de Berlin,
Moërs, Nijmegen, à la Knitting Factory de New-York… Son quartet “Alborea” avec Jean-Louis
Martinier, Yves Torchinsky et Jacques Mahieux a donné de nombreux concerts en Europe et on
a pu entendre son septet “Oriental Bass” à Beyrouth, Nuremberg, Coutances, Berlin, Bolzano…
Il crée avec l’accordéoniste Jean-Louis Martinier le duo “Fuera” et avec Pedro Soler “La suite
andalouse” qu’ils interprètent à Salzbourg, Munich, Berlin, Madrid, Barcelone et dans toute la
France… Renaud Garcia-Fons a composé pour 11 instrumentistes l’album “Oriental Bass”. Il
joue avec des artistes comme le compositeur Michaël Riessler, Daniel Humair, Michel Portal,
Gérard Marais, Nguyen Lê, Philippe Catherine, Marcus Stockhausen, Angélique Ionatos, Kudsi
Erguner, Carlos Nunez, le trio Chemirani. Il se produit avec son nouveau trio “Entremundo” avec
Antonio “Kiko” Ruiz et Jorge “Negrito” Trasante aux percussions.
Ses sources d’inspiration musicale sont multiples, il se sent à la fois proche de la tradition du
flamenco qu’il étudie et transpose à la contrebasse mais aussi des musiques méditerranéennes
et orientales qu’il explore avec passion.
Bruno Caillat : Daf, bendir, zarb, rick, ghattam
Bruno Caillat est un élève du célèbre percussionniste iranien Djamchid Chemirani. Il joue
de multiples intruments de percussion comme le tabla, le maidangam, le paquruch, c’est un
musicien réputé pour ses qualités dans le domaine musical oriental et médiéval. Il travaille avec
Kudsi Erguner, entre autres, depuis de nombreuses années.
Hakan Günkör : kanûn
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Hakan Günkör est né en 1973 à Ankara, c’est avec son père, joueur de ‘ud à l’ Orchestre
de la Maison de la Radio, qu’il débute. Après des études au département musique de
l’Université de Ghazi puis des études sur la composition au Conservatoire d’Istanbul il intègre
en 1994 l’Ensemble Erguner. Il joue aussi du Kanoun au sein de l’Orchestre de la Maison de
la Radio d’Istanbul. Nombreux sont les jeunes joueurs de kanoun tentés par la seule virtuosité,
Hakan Günkör développe lui un style de jeu virtuose mais aussi sensible et tendre, grâce à
ses recherches sur la technique ancienne de jeu et à ses années de Conservatoire auprès de
musiciens chevronnés.
Within the vast repertoire of modal musical styles, Indian music and Turkish music
offer some of the richest and most elaborate systems, and it is not difficult to bring out
similarities between them. The Turkish one is called Makam and the Indian one Raga.
In the Makam, each note has a name such as “ Rast, Dugah, Segah, Cargah ”. In
Indian music the 22 basic tones are “ Shruti ” and each one has a different name :
“ Tivra, Kumundvati, Chandovati… ”. Improvisation plays a great part in both musical
universes: Taksim for the Turks, and Alap and Khyal for the Indians. It is the structure
and specificity of the modes that enables each musician to create new developments
whenever he performs.
“ It is the reading of Babur’s Book in Turkish that gave me the idea of this musical project. Babur Khan founded the Moghul Empire in 1526; he was one of the descendants
of Timurlane, who conquered Anatolia, and, like his illustrious ancestor, he was a great
art-lover. He wished to be surrounded by famous artists and scholars. Timurlane used
to get them to stay in his capital Samarkhand, whether they liked it or not…
In the 9th century, when the Moghuls and the Turks – fierce warriors as one knows
– invaded the North of India, it was already a country of amazing cultural wealth. In
the 14th century, commercial anr cultural exchanges were in full expansion and the
climax of the dynasty started by Babur came with Emperor Akbar and lasted till the
reign of Aurangzeb. Trade was bound to help develop a great age for the arts. The
multiplicity of artistic inspirations and performances would give opportunities for a Persian
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musician to be appreciated in India as much as in Constantinople; and that was not a
rare occurrence.
To illustrate the richness of musical communication, let us mention the sarod, which
the Afghan rebab adopted from Indian music with organologic alterations. The basis
is common and every one adds his own style: thus the instrument is no longer Afghan,
Moghul or Asiatic, it has become Indian. Indian music is made up of multiple influences,
especially in the North because of the Moghul Muslim invasions.
Nowadays, the political and geographical borders are trying to put frontiers on
cultures: I have often heard poems by Rumi recited in India, in Pakistan, in Iran,
in Turkey, and on each occasion in a moving way. Yet people in each one of those
countries wonder at Rumi being appreciated abroad, as if he was a national
treasure…
I chose to give this creation the name of Taj Mahal because it is a well-known place,
an architectural work of art which is imbued with the passionate love of a sultan for
his late wife. This mausoleum was built by Indian, Persian and Turkish architects who
shared the same aesthetics, and I liked the idea.
Talking about tradition most often brings to the mind something set in its ways,
something nostalgic. I would rather talk about a living tradition endowed with its own
aesthetic style, open to other cultures, able to understand them and take them in. As
an artist I have wanted to conjure up the history of those Hindu, Persian, Moghul and
Muslim cultures at their peak, as well as the memories of my travels, of my encounters
with Indian musicians like Bismillah Khan, or Subramaniam, with whom I worked for
the stage…
My desire was to create a composition that would bring together the instruments that I
like best in Turkish and Indian music, such as the sarangi, the sarod, the tabla. I asked
Renaud Garcia-Fons, an excellent bassist, to join the other musicians, and also Bruno
Caillat with whom I have been working for many years. Their presence has added a new
rhythmic dimension between the western world and India.
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The pieces they are interpreting are arrangements of traditional Indian or Turkish
compositions and three of my own compositions. These melodies are the foundation for
a dialogue and generate improvisation.In the first piece, Barbomey, I meant to evoke a
journey from the north of Khorassan towards India and the birth of those prestigious
dynasties that settled in that fabulous region that was to be coveted by the Europeans
too. So the melody has an Asiatic, then a Hindu colouring; the travelling to and fro
between the two cultures in the improvised passages result in the marriage of both
musical sources.
Then I composed the second theme, Mumtaz Mahal (the name of the district where
the Taj Mahal was built): it recalls my visit to this magical place. Then comes a piece
with a prelude that is performed during the ceremony of the dancing dervishes; then
improvisations on a melody proposed by Ken Zuckerman. The Semai that follows is a
postlude where we have let each musician improvise, and for which we have kept the
most moving passages. At the end, a short piece offers further scope for the improvised,
spontaneous aspect of music.
We rehearsed two or three days before the concert and I feel that modal music allows
for this type of encounter much more than classical tempered ? ? music. Whether they
are Japanese, Turkish, Indian or of any other cultural origin, these musicians are
interpreters and creators, free to express the melody in their own way.
This is not traditional music in the strict sense of the word, and some might blame us
for it, but we shared these moments with a thrilled audience, and the idea of an album
germinated afterwards: we wanted to share this unforgettable instant of great
emotion. ”
Kudsi Erguner
Kudsi Erguner : ney
Kudsi Erguner was born in Istanbul in a family of musicians. He was his father’s only
disciple, Ulvi, the undisputed master on the ney – the favourite instrument for classical
Ottoman music and Sufi ceremonies in Turkey. Through his family and his community,
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he was constantly in touch with great musicians and Sufi masters of the older generation
who definitely influenced his musical training and his knowledge of the Sufi tradition. After
working with the Istanbul Radio Orchestra, he came to live in Paris in 1972, where he
studied architecture and musicology. Since then, Kudsi Erguner’s efforts have been
directed at bringing to Western audiences a better understanding of the musical aspects
of the Ottoman tradition; thus he has created several ensembles based on that wealth of
musical culture. He has done research in India, in Pakistan in Turkey. He has taken part
in a number of international festivals; worked with artists such as Peter Brook for his
film Encounter with remarkable men and for the stage in the Mahabharata; Peter Gabriel
( Passion, Us, Millenium Project); and composed the music for choreographies by Maurice
Bejart and Carolyn Carlson. Kudsi Erguner has made recordings with Didier Lockwood,
Michel Portal, Bojan Z, Nguyen Lê, Christof Lauer, Michel Godard, the Hilliard
Ensemble… In the field of contemporary music he has collaborated with George Aperghis
and Nicolas Frize. Kudsi Erguner has trained students within the framework of the Mevlana
society. He has also edited “the Tales of the Mesnevi” by Rumi, “the Book of the Bektashi
dervishes”, and “the Fountain of Separation”.
Sultan Khan: sarangi and singing
Sultan Khan is highly appreciated as an accompanist of male and female Hindustani
singers. He was born in Jaipur in a family of musicians. He started practicing with his
elder brother first, performed on the Radio, then settled in Bombay where he specialised
in film music. Sultan Khan thus became the favourite accompanist of the diva of the Indian
cinema, Lata Mangeshkar. Sultan Khan is a brilliant performer who can overcome any
technical difficulty; he is also an artist who displays refined lyrical qualities.
Ken Zuckerman: sarod
Ken Zuckermanis one of the rare European musicians who can play the sarod and he
is appreciated by Indian musicians themselves. He has been the disciple of Ali Akbar
Khan for 25 years and has accompanied him on numerous tours all over the world. Ken
Zuckerman is now the head of the Ali Akbar School of Music in Basel, Switzerland, where
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he teaches North Indian classical music and medieval music.
Fazal Qureshi: tabla
The magical tabla cannot be introduced without a mention of the great master Alla Rakha,
who was Ravi Shankar’s accompanist for 25 years. Fazal Qureshi is one of Alla Rakha’s
sons. He started performing on the stage with his brother Zakir Hussain. He has been performing in India and abroad, and many recordings, especially with his brother have been
made. Fazal Qureshi has also composed film music.
Renaud Garcia-Fons (bass) won first prize in the Paris and Aubervilliers Conservatoire
of music. He was a musician in the Doublebass Orchestra from 1987 and 1993, then in
the National Jazz Orchestra in 1990-1991. He played solo at the Jazz Festivals in Berlin,
Moers, Nijmegen, and at the Knitting Factory in New York. His Alborea quartet, together
with Jean-Louis Martinier, Yves Torchinsky and Jacques Mahieux has been giving a
number of concerts in Europe; and his Oriental Bass septet performed in Beirut, Nurnberg,
Coutances, Berlin and Bolzano. He has joined up with accordeonist Jean-Louis Martinier
to make up the Fuera duo, and with Pedro Soler he has composed the “ Andalucian suite ”,
which they played in Salzburg, Munich, Berlin, Madrid, Barcelona… Renaud GarciaFons has written “Oriental Bass ”, an album for 11 instruments. He has been performing
with such artists as Michael Riessler, Daniel Humair, Michel Portal, Gérard Marais,
Nguyên Lê, Philippe Catherine, Marcus Stockhausen, Marc Ducret… and has been a
partner to musicians of great diversity: he will , for instance, accompany Rabih
Abou-Khalil, Djamchid Chemirani, Angelique Ionatos, Vicente Pradal, Carlos Nunez…
Derya Turkan (kemençe) was born in Istanbul in 1973. He started playing the kemençe
at the age of 13. He first learnt privately from Ihsan Ozgen, the great master of the
Turkish kemençe, then attended his classes at the Academy of music where he graduated
in 1990. Classical Turkish music is made up of subtle intervals and playing on the kemençe
implies a delicate mastery of this lute, which is particularly difficult. Derya Turkan is
one of the few musicians who have nevertheless taken to this delicate instrument. He has
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developed a fine style of his own and is able to elaborate upon the classical makams that
his master, Ihsan Ozgen, has taught him to interpret.
Hakan Gunkor: kanoon
Hakan Gunkor was born in 1973 in Ankara and started his practice with his father who was
an oud player for the Radio. After studying music at Ghazi University, then composition at
the Istanbul Conservatoire, he joined the Erguner Ensemble in 1994. He is also a kanoon
performer in the Istanbul Radio Orchestra. Many a young kanoon performer is tempted
by a flashing virtuoso style of playing. Hakan Gunkor plays in a brilliant fashion but also
displays tender sensitive qualities after years of research in the old techniques of playing
and learning under the old masters at the Conservatoire.
Bruno Caillat: daf, bendir,zarb, rick, ghatam
Bruno Caillat has been a disciple of the well-known Iranian percussionnist Djamchid
Chemirani, he plays many percussion
instruments like the tabla, mridangam, pakhavaj. He is famous for his
performances in the eastern and
medieval fields of music. He has been
working with Kudsi Erguner for many
years.
1 - Barbournameh (K. Erguner)
2 - Mumtaz Mahal (K. Erguner)
3 - argah-Bhairava (Trad, arr K. Erguner)
4 - Ya Rasaul (Trad, arr K. Erguner)
5 - Sherif (Trad, arr K. Erguner)
6 - Taj Mahal (K. Erguner)
ç
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