PDF - Basic and Clinical Andrology

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Andrologie (1998), 8, n ~ 3, 391-404
9 SEXOLOGIE
Effet iatrog6ne des m 6 d i c a m e n t s / t vis6e
c a r d i o v a s c u l a i r e sur la f o n c t i o n s e x u e l l e
4rectile de l'homme
D. GORIN
Cardiologue 21, Avenue du Prgsident Wilson 75116 PARIS
RESUM]~
I. RAPPEL DES MECANISMES DE
L'ERECTION
Les m a l a d i e s c a r d i o v a s c u l a i r e s (C.V.) s o n t
f r 4 q u e m m e n t des 6tats p a t h o l o g i q u e s chron i q u e s qui v o n t n4cessiter u n t r a i t e m e n t de
l o n g u e dur4e.
1. P h 4 n o m ~ n e s v a s c u l a i r e s
Cette th6rapeutique prolong4e s'applique
parfois ~ des sujets a s y m p t o m a t i q u e s c o m m e
le sont de n o m b r e u x h y p e r t e n d u s 14gers /~
mod4r6s.
Dans ces situations, le r e s p e c t de la qualit6 de
vie, de la sexualit6 e n particulier, est u n e
c o n d i t i o n essentielle ~ r o b s e r v a n c e d u traitement.
A l'6tat flaccide, les cellules musculaires lisses
des corps caverneux et des art6res p6nienn6s
ont u n tonus de base d'0rigine s y m p a t h i q u e aadr6nergique m a i n t e n a n t u n e vasoconstriction relative. Le d6bit art6riel caverneux est
faible, le volume s a n g u i n i n t r a - c a v e r n e u x et
la dimension des espaces lacunaires caverneux
sont r6duits, le d r a i n a g e veineux caverneux se
fait librement.
P e n d a n t l'6rection, il se produit une vasodilatation des art6res p6niennes, une relaxation
des cellules m u s c u l a i r e s lisses des corps caverneux.
Le volume s a n g u i n i n t r a - c a v e r n e u x
a u g m e n t e de 4 /t 11 fois par rapport /~ l'6tat
flaccide. Le d r a i n a g e veineux est entrav6 par
la compression des veinules e n t r e les corps
c a v e r n e u x en expansion et leur tunique albugin6e peu extensible.
Les m 4 d i c a m e n t s g vis4e C.V. ont c o m m u n 4 m e n t u n e m a u v a i s e r 4 p u t a t i o n vis/~ vis de la
f o n c t i o n 4rectile.
Nous v e r r o n s que cette o p i n i o n d o i t ~tre
n u a n c 6 e ~ la l u m i 6 r e des donn6es de la litt4rature.
Nous e n v i s a g e r o n s ~ g a l e m e n t r a t t i t u d e pratique, face g u n p a t i e n t d o n n 6 p r 4 s e n t a n t des
t r o u b l e s de l'4rection, que ce soit lors d u b i l a n
initial p r 4 - t h 6 r a p e u t i q u e ou e n c o u r s de trait e m e n t / ~ vis4e c a r d i o v a s c u l a i r e .
La d 6 t u m e s c e n c e s u r v i e n t sous l'effet du
r e t o u r de la contraction des cellules musculaires lisses d'origine s y m p a t h i q u e et de la production d'endoth61ine 1, prostaglandine F 2 a
et t h r o m b o x a n e A2 par les cellules endoth6liales.
2. C o n t r 6 1 e n e u r o l o g i q u e
Mots clds: Erection, fonction sexuelle, effets secon-
daires, mddicaments cardiovasculaires, hypertension artdrieUe, insuffisance coronaire.
Syst~me parasympathique :
Le centre 6recteur p a r a s y m p a t h i q u e est situ6
391
au niveau de la moelle sacr6e de S2 ~ $4. Les
fibres pr6ganglionnaires qui en 6mergent forment les nerfs pelviens ou nerfs 4recteurs.
Elles s'unissent aux fibres sympathiques au
sein du plexus pelvien. Les fibres post-gangionnaires issues de ce plexus forment les
nerfs caverneux qui innervent les art6rioles et
les cellules musculaires lisses caverneuses.
Lors d'une stimulation tactile (6rection r6flexog6ne), l'influx nerveux aff6rent emprunte les
nerfs honteux pour parvenir au centre 6recteur
parasympathique sacr6.
Syst~me sympathique :
Le centre est situ6 dans la colonne intermediolateralis de la substance grise m6dullaire au
niveau des segments T12 - L1. Les fibres pr6ganglionnaires font synapse dans les chaines
ganglionnaires sympathiques paravert4brales.
Les fibres post-ganglionnaires forment les
nerfs hypogastriques puis s'entrem61ent avec
les fibres parasympathiques au niveau du
plexus pelvien et innervent les tissus p4niens.
lib6ration d'ac6tylcholine et de NO h partir
des terminaisons nerveuses.
- de la r6duction du tonus a-adr6nergique sympathique et de la stimulation des r6cepteurs
[32-adr6nergiques.
II. INTERPRETATION D'UNE DYSFONCTION SEXUELLE D'ORIGINE
MEDICAMENTEUSE
I1 est difficile de d6terminer le degr6 de responsabilit6 d'un m6dicament C. V. dans la survenue d'une dysfonction sexuelle pour plusieurs raisons :
- la perception des troubles sexuels est subjective et peut poser des probl6mes de d6finition.
La fr6quence des troubles sexuels diff'ere
selon que les patients sont interrog6s par le
m6decin ou qu'ils sont soumis ~ un questionnaire (plus 61ev6e dans ce dernier cas).
Influence de l'~ge : environ 10% des hommes
bien portants de moins de 40 ans ayant une
relation h6t6rosexuelle stable, connaissent
une dysfonction sexuelle avec une pr6valence qui s'accroit avec l'gtge.
Innervation somatique :
Les nerfs honteux (fibres issues de $2 h $4)
cheminent avec les vaisseaux honteux internes
dans le canal d'Alcock et se terminent en nerf
dorsal de la verge. Ils donnent l'innervation
motrice aux muscles stri6s du plancher pelvien
ainsi qu'aux muscles ischio- et bulbo-caverneux. Ils donnent l'innervation sensitive de la
verge et du p6rin6e.
Etage encdphalique :
Les stimulations d'ordre psychique, visuel,
auditif, olfactif (6rection psychog6ne) donnent
lieu h des influx qui transitent par l'hypothalamus et le syst6me limbique. Ils empruntent les
faisceaux sympathiques thoraco-lombaires
vers la moelle lombaire et les nerfs parasympathiques. Les syst6mes dopaminergique et s6rotoninergique jouent un r61e majeur dans le
comportement sexuel et la fonction 6rectile
[21]. La dopamine ainsi que les r4cepteurs
s6rotoninergiques de type 5-HTIA, 5-HT1C et
5-HT2 ont un rSle facilitateur sur le comportement sexuel [20].
La vasodilatation artgrielle et la relaxation
musculaire lisse caverneuses rdsultent :
- de Faction du parasympathique m6di6e par la
Influence du mode de vie : tabagisme,
consommation d'alcool, exc6s pond6ral, statut social.
- Influence de la maladie C. V. elle-m~me. Par
exemple, la pr6valence de l'impuissance est
plus 61ev6e chez les hypertendus, m6me non
trait6s, que chez les normotendus (Tableau).
- Influence d'autres pathologies somatiques ou
psychiques.
Ces nombreux facteurs qui interagissent avec
la sexualit6 peuvent expliquer la difficult6 de
comparer les r6sultats des 6tudes cliniques.
De plus, les effets sexuels ind6sirables sont
g6n6ralement recens6s comme un objectif
secondaire, de tol6rance, au cours d'essais
visant ~ 6tablir l'efficacit6 d'une mol6cule dans
une pathologie donn6e.
La meilleure preuve de l'origine m6dicamenteuse d'une dysfonction sexuelle est son caract6re reproductible et dose-d6pendant, et sa disparition avec l'arr~t du m6dicament [36].
392
III. CLASSES P ARM C O L O G I Q U E S
CONCERNEES
de la dose est bien 6tablie, du moins pour l'apparition de la gyn6comastie. Le meilleur compromis posologique sur le rapport efficacit6tol6rance se situe entre 75 et 100 mg/jour. Les
troubles sexuels sont attribu6s a un effet antiandrog6ne. Le m6canisme principal parait 6tre
une inhibition comp6titive de la dihydrotestost6rone par la spironolactone au niveau de son
r6cepteur cytosolique. De fa~on plus controvers6e, on incrimine la baisse de la testost6rone et
l'614vation de l'estradiol plasmatiques.
On pourra se reporter au Tableau I qui indique
les sp6cialit4s appartenant ~ chacune des
classes.
IV. DIURETIQUES THIAZIDIQUES
L'accord est loin d'etre unanime sur le r61e des
thiazidiques dans la survenue de troubles de
l'6rection (Tableau 2). Chang [10] rapporte une
d6t6rioration significative de la fonction
sexuelle en termes de libido, 6rection et 6jaculation chez 153 hypertendus plac6s sous thiazidiques pendant 2 mois par rapport ~ un groupe placebo. Cet effet sexuel d616t6re persiste
lorsque ]'analyse statistique prend en compte
les facteurs confondants que sont l'~ge, l'existence d'un diab6te, l'utilisation simultan6e
d'un second antihypertenseur non-diur6tique.
L'analyse sugg6re par ailleurs que la baisse
tensionnelle, la diminution du potassium et du
magn6sium plasmatiques induites par les thiazidiques,
ne sont pas responsables des
troubles sexuels.
VI. BETA-BLOQUANTS
1. Etudes dans I'HTA
Statistiquement, il apparait que les [~-bloquants n'entrainent pas plus de troubles de
l'6rection que le placebo (Tableau 4). Une
m6taanalyse r6cente de la qualit6 de vie chez
les hypertendus trait6s a 6t6 men6e ~ partir
d'une recherche exhaustive de la litt6rature
[4]. Neuf 6tudes ont 6t6 retenues, rassemblant
1620 patients utilisant 6 classes pharmacologiques d'antihypertenseurs. Les sujets ont 6t6
6valu6s par auto-questionnaire. I1 n'y a pas eu
de diff6rence significative retrouv6e sur le plan
sexuel sous ~-bloquant par rapport a l'6tat de
base (Tableau 5).
Dans l'6tude TAIM [35], la chlortalidone augmente les troubles sexuels : apr6s 6 mois de
traitement, les troubles de l'6rection se sont
aggrav6s chez 28 % des hommes sous diur4tique et de 3 % seulement chez ceux sous placebo.
2. Etudes dans l'insuffisance coronaire
I1 s'agit d'essais r6alis6s darts le post-infarctus,
visant ~ 6valuer l'effet pr6ventif des ~-bloquants sur la mortalit6 (Tableau 6). Dans aucun
des 3 essais repr6sent6s il n'a 6t6 relev6 de diff6rence significative de la fr4quence des effets
secondaires sexuels par rapport au placebo.
A l'oppos6, dans l'6tude de Materson [19]
men6e chez 745 hommes hypertendus, trait4s
en monoth6rapie ou par placebo durant 1 an,
l'hydrochlorothiazide n'est pas associ6 ~ une
augmentation significative de la fr6quence de
l'impuissance. Bauer trouve un taux d'impuissance identique parmi les hypertendus
sous chlorothiazide et parmi les hypertendus
sous placebo [3].
Les m6canismes des troubles 6rectiles attribu6s aux thiazidiques sont mal connus.
L'hypokali6mie et l'hypovol6mie ont 6t6 incrimin6es. Un effet direct sur la relaxation des
cellules musculaires lisses a 6t6 invoqu6 [6].
On peut dire qu'il n'y a pas de preuve statistique en faveur d'une alt6ration de la fonction
6rectile li4e aux ~-bloquants. On doit par
cons6quent s'entourer de beaucoup de prudence avant de retenir la responsabilit6 de cette
classe pharmacologique ~ l'6chelon individuel.
Plusieurs mdcanismes ont gtg invoquds :
V. SPIRONOLACTONE
- franchissement de la barri6re h6mato-enc6phalique et liaison du m6dicament au r6cepteur 5-HTIA de la s6rotonine [31].
La spironolactone est associ6e ~ l'impuissance
dans 2 ~ 30 % des cas (Tableau 3). L'influence
- effet d'abaissement de la testost6rone plasmatique[29].
393
Tableau 1 : Spdcialitds cardio.vasculaires utilisdes notamment dans I'HTA et l'insuffisance coronaire
DCI
I
NOMCOMMERCIAL
DIURETIQUES THIAZIDIQUESET APPARENTES
HYDRO-CHLORO,-THIAZIDE
CHLORTALIDONE
BENDROFLUMETHIAZIDE
XIPAMIDE
ESIDREX
HYGROTON
NATURINE
LUMITENS, CHRONEXAN
SPIRONOLACTONE
[ SPIRONOLACTONE
I ALDACTONE, P~CTON I SPIROCTON
ASSOCIATIONS DE DIURETIQUES
ALTIZIDE + SPIRONOLACTONE
FUROSEM1DE + SPIRONOLACTONE
CYCLOTHIAZIDE + TRIAMTERENE
METHYLCLOTHAAZIDE+ TRIAMTERENE
HYDROCHLOROTHIb~IDE + AMILORIDE
HYDROCHLOROTHIAZIDE + TRIAMTERENE
ALDACTAZINE
ALDALIX
CYCLOTERIAM
ISOBAR
MODURETIC
PRESTOLE
ALPHA- BLOQUANTS
PRAZOSINE
URAPIDIL
I ALPRESS, MINIPRESS
EOPRESSYL, MEDIATENSYL
394
J
(Suite tableau 1)
BETA - BLOQUANTS
B~ta 1 Cardio-s~lectifs
CELIPROI~L
BISOPROLOL
BETAXOLOL
METOPROLOL
ATENOLOL
ICELEO'OL
DETENSIEL, SOPROL
KERLONE
LOPRESSOR, SELOKEN
TENORMINE, BETATOP
Non cardio - s~lectffs
TERTATOLOL
PROPRANOLOL
NADOLOL
SOTALOL
TIMOLOL
OXPRENOLOL
PINDOLOL
ARTEX
' AVLOCARDYL
CORGARD
ISOTALEX
TIMACOR
TRASICOR
V]SKEN
1NHIBITEURS DE L'ENZYME DE CONVERSION
QUINAPRIL
BENAZEPRIL
PERINDOPRIL
FOSINOPRIL
CILAZAPRIL
CAPTOPR1L
TRANDOLAPRIL
LISINOPRIL
ENALAPRIL
RAMIPRIL
ACUITEL, KOREC
C1BACENE, BRIEM
COVERSYL
FOZ1TEC
JUSTOR
LOPRIL, CAPTOLANE
ODR1K, GROPTEN
PRINIVIL, ZESTRIL
RENITEC
TRIATEC
INHIBITEURS CALCIQUES
NIFEDIPINE
AMLODIPINE
NITRENDIPINE
LACIDIPINE
FELODIPINE
ISRADIPINE
VERAPAMIL
NICARDIPINE
DILTIAZEM
ADALATE
AMLOR
BAYPRESS, NIDREL
CALDINE
FLODIL
ICAZ
ISOPTINE
LOXEN
TILDIEM, DELTAZEN, DILRENE
395
M
M
M
M
hI/F
Chlortalidone
Placebo
25 m g / j
12.5 A 50 mglj
50 mg/j
SO mg / j
Jeunemaitre
Spark et Melby
Brown
699
31
M
M/F
Trouble Sexuel
Tr. Erection
Tr. Erection
Tr. Erection
400 mg / j
Impuissance
Gpkomastie
150 - 400 mg / j Impuissance
Gyndcomastie
Tableau 3. FREQUENCE DES TROUBLES ERECTILES SOUS SPIRONOLACTONE
697
Hydrochlorothiazide
Placebo
M
M
Wasscrtheil-Smullcr
Placebo
M
Chlortalidone
OU
23
Hydrochlorothiazide
M
188
186
Posologie
CNorothmzide
< 1g/j
Impuissance
Placebo
((
Hypertendus non traites
<(
Temoins normaux
t(
-
M6dicament
153
Materson
C'lW
175
219
SO
134
Bauer
Sese
~~~~~~
N0Pts
Reference
Tableau 2 :INCIDENCE DES TROUBLES ERECTZLES CHEZ LES HYPERTENDUS SOUS DZURETZQUES THZAZZDZQUES
Non Simcative
Dtiterioration
sigruficative
vs. Placebo en
termes dc score
sur l'khelle SSDI
14 %
14 %
20 %
10 %
Incidence
13
176
186
47
34
Materson
Wasseertheil - Smuller
134
219
80
134
Bauer
Broelunann
N"pts
Uference :
M
M
M
M
M
M
M
M
M
Sexe
Atenolol
Placebo
Attnolol
Placebo
Bisoprol
Placebo croisd
Propranolol
Placebo
HTA non trait&
Temoins nonnaus
Medicament
Tableau 4 :Troubles beetiles sous b2ta-bloquants chez l'hypertendu
Qualitc de 17c!rection
((
((
N
Impuissance
Trouble sexuel
50 mg! j
Troubles erection
25 - 100 mg / j Troubles erection
5W j
320 mg! j
Posologie
NS
NS
incidence
Tableau 5 : Un point sans repr6sentation de l'intervaUe de confiance indique l'absence de population concern~e par la
classe pharmacologique.
ACEI : Inhibiteurs de l'enzyme de conversion ;
B E T A : B~ta-bloquants
CAAA : alpha2 agonistes d'action centrale,
CCB : Inhibiteurs claciques,
DIUR : Diur~tiques,
VASO : Vasodilatateurs
(d'apris Beto et Bansal ; Am. J Hypertens, 1992, 5,125-133)
TROUBLES SEXUELS ET ANTIHYPERTENSEURS
M~ta-analyse de 9 essais cliniques
N = 1620
- 0.4
- 0.2
0
0.2
.._..._........----.....
398
0.4
0.6
Norvegian Study
Urogenital Disorders
1982
Timolol
Sotalol
Propranolol
BETA - BLOQUANTS ET TROUBLES SEXUELS
Etudes versus placebo dam le post - infarctus
Julian
<< Libido, Erection, Ejaculation
BHAT
<( Reduced sexual activity N
Tableau 6 :NS = Non Significatif
effet sur les [3 r4cepteurs des corps caverneux: diminution de la ~2-vasodilatation,
d4ficit d'antagonisme de la vasoconstriction
a [30].
CLONIDINE
Le taux d'impuissance est estim6 entre 17 et
30 % [17, 22, 24].
ALPHA-BLOQUANTS
Les ~-bloquants peu liposolubles et ceux qui
sont [31 s61ectifs pourraient ~tre les moins
enclins a produire une dysfonction sexuelle
La prazosine est un al-bloquant p6riph6rique,
r6put6 donner peu de cas d'impuissance. Dans
une 6tude chez 934 hommes sous prazosine
pendant 1 ~ 39 mois, l'incidence d'impuissance
est de 0,6 % [28]. Dans une 6tude avec la
T6razosine, le taux d'impuissance parmi 11700
patients en monoth6rapie pendant 3 mois, est
de 0,2 % [14].
[3O].
Signalons que des cas de maladie de La
Peyronie ont 6t6 rapport6s, associ6s ~ l'utilisation de propranolol [25, 34] et de m6toprolol
[26].
Le lab6talol (TRANDATE) est un antihypertenseur dou4 d'activit6 a l , [31 et ~2 bloquante.
I1 a 6t4 associ6 ~ des cas de priapisme, qui
peuvent refl6ter ses propri6t6s al-bloquantes
Plusieurs cas de priapisme ont 6t6 rapport6s
sous prazosine chez des insuffisants r6naux [9,
38]. L'insuffisance r6nale, par le biais de l'hypoprotid6mie, a pu entrainer une augmentation de la fraction libre pharmacologiquement
active du m6dicament.
[1].
VI. INHIBITEURS DE L'ENZYME DE
CONVERSION ET INHIBITEURS
CALCIQUES
Plusieurs auteurs ont soulign6 la raret6 ou
l'absence d'effets secondaires sexuels de ces
classes pharmacologiques [6, 36, 37]. De fait,
dans l'6tude de Materson, ni le Captopril n i l e
Diltiazem n'entrainent d'augmentation significative de la fr6quence de l'impuissance. La
m6taanalyse de Beto et Bansal [4] ne met pas
non plus en 6vidence d'effet significatif de ces
familles sur la fonction sexuelle (Tableau 5).
VII. ANTIHYPERTENSEURS SYMPATHOLYTIQUES CENTRAUX
DIGOXINE
Les cas d'impuissance li6s ~ la Digoxine ont
d'abord 6t6 expliqu6s par un m6canisme hormonal : cette mol6cule peut provoquer une
baisse de la testost6rone et une hausse des
estrog6nes s6riques, probablement de par sa
parent6 de structure chimique avec les st6ro~des sexuels [6]. Plus r6cemment, on a montr6 que la digoxine inhibe l'activit6 de la Na-KATPase du muscle lisse caverneux, qu'elle augmente le tonus du muscle lisse caverneux et
inhibe la relaxation induite par l'ac6tylcholine
et l'oxyde nitrique NO [13].
a-METHYL DOPA
FIBRATES
La fr6quence des troubles de l'6rection sous am6thyl dopa est diversement appr6ci6e, entre
2 % [12] et 80 % [27] avec une moyenne de 20
30 %. Une relation dose -r6ponse vis ~ vis des
troubles sexuels a 6t6 rapport6e [18]. La
m6taanalyse de Beto et Bansal [4]ne retrouve
cependant pas d'effet d616t6re significatif sur
la fonction sexuelle (Tableau 5).
Une incidence statistiquement significative de
14 % de baisse de la libido ou d'impuissance,
par rapport au placebo (10 %), a 6t6 rapport6e
sous clofibrate [11].
On a incrimin6 une inhibition de la composante sympathique de l'6rection, une d6pl6tion en
neurotransmetteurs centraux a l'origine d'une
baisse de libido, une hyperprolactin6mie.
La pathog6nie n'est pas connue. Les dosages de
gonadostimulines, de prolactine, d'androg6nes
et d'estrog6nes restent normaux. [33]. Le d61ai
d'apparition de l'impuissance est tr6s variable,
de quelques semaines a 1 an. Elle est r6versible en quelques semaines apr6s l'arr~t du
produit.
400
rait un important suppl4ment de preuve.
Dans certains cas, le patient peut rester normotendu et il est possible de s'en tenir ~ une
surveillance tensionnelle attentive. Habituellement, on assiste ~ la remont6e tensionnelle et l'on aura recours ~ une classe pharmacologique diff6rente, en privil6giant les
inhibiteurs de l'enzyme de conversion, les
inhibiteurs calciques et les a-bloquants.
CONDUITE A TENIR
La responsabilit6 des m6dicaments C.V. dans
la gen6se des troubles 6rectiles est donc diversement appr6ci6e avec des conclusions parfois
contradictoires. Dans la pratique, face ~ un
individu donn6, force est de consid6rer cette
hypoth6se comme une 6ventualit4 possible.
On gardera en t~te les points suivants :
- Les ant6c6dents sexuels doivent ~tre pr6cis6s
chez les patients pr6sentant une affection C.
V. avant de d6buter un traitement, en particulier un traitement antihypertenseur.
Les troubles sexuels persistent malgr6 l'arr~t
ou le changement de traitement. Ces
patients doivent faire l'objet d'un bilan
andrologique/t la recherche d'une cause non
m6dicamenteuse.
L'arr~t du traitement antihypertenseur est
contre-indiqu6 (s6v6rit6 de I'HTA avec retentissement sur les organes cibles, par
exemple). On n'aura alors d'autre choix que
de changer de traitement, en privil6giant
nouveau les classes pharmacologiques r6put6es les mieux tol6r6es sur le plan sexuel.
On pr6cisera les rapports chronologiques
entre le d6but d'un traitement C. V. et le
d6but des troubles sexuels.
- Les troubles sexuels observ6s sous traitement
ne sont pas n6cessairement un effet secondaire de ce traitement.
- Un traitement antihypertenseur doit comporter le moins de mol6cules possible, aux doses
les plus faibles possibles.
On peut proposer le sch6ma d6cisionnel suivant devant un hypertendu se plaignant d'une
dysfonction sexuelle (Tableau 7).
1. L e s t r o u b l e s s e x u e l s s o n t p r 6 s e n t s
avant tout traitement antihypertenseur.
Un bilan andrologique sp6cialis6 dolt 6tre
entrepris avant l'initiation des antihypertenseurs. Cela 6vitera bien des situations confuses
en supprimant toute interf6rence des antihypertenseurs sur les tests andrologiques.
2. Les t r o u b l e s s e x u e l s s o n t a p p a r u s apr~s
l'initiation du traitement antihypertenseur.
- Une 6preuve d'arr6t de traitement peut 6tre
tent6e.
La d6cision d'interruption de traitement n'est
envisageable qu'apr6s une 6valuation C. V.
de fa~on ~ ne faire courir aucun risque au
patient.
9 La restauration d'une fonction sexuelle normale est obtenue. Cel~ laisse pr6sumer la
responsabilit6 du traitement antihypertenseur. Si il est r6alis6, un test de r6introduction du m6dicament incrimin6 suivi d'une
r6apparition des troubles sexuels, constitue-
L'ESSENTIEL
Le r61e nocif, commun6ment admis, que peuvent jouer les m6dicaments C.V. sur la fonction 6rectile est vraisemblablement surestim6.
Dans le cas des diur6tiques thiazidiques les
diff6rents essais cliniques aboutissent ~ des
r6sultats contradictoires. Dans le cas des [~-bloquants, des inhibiteurs de l'enzyme de conversion, des inhibiteurs calciques, des antihypertenseurs centraux, des a-bloquants, il n'y a pas
de preuve statistique d'une alt6ration de la
fonction 6rectile, avec cependant de possibles
biais m6thodologiques reconnus.
A l'6chelon individuel, la meilleure preuve de
l'origine m6dicamenteuse d'une dysfonction
sexuelle est son caract6re reproductible et sa
disparition avec l'arr~t du m6dicament.
Avant de d6buter un traitement C. V. les ant6c6dents sexuels seront pr6cis6s et un bilan
andrologique entrepris en cas de dysfonction
sexuelle. En cas de troubles de l'6rection apparaissant au cours d'un traitement antihypertenseur, une 6preuve d'arr6t du m6dicament
ou un changement de th6rapeutique, privil6giant inhibiteurs de l'enzyme de conversion,
inhibiteurs calciques et c~-bloquants, seront
tent6s. Des cas de priapisme ont 6t6 rapport6s
avec la prazosine et le lab6talol.
401
Tableau 7 : Adaptd de Bansel ; Hypertension, 1998, 12, 1-10
troubles sexueis
Apr~s Initiation du Traitement
Avant Traitement
I
Bilan Andrologique
-Rigidimetrie
-Doppler Penien
-Dosages Hormonaux
,,I
Arr~t possible
Arr& CI
I
I
Changement Tt,
Test d'arr~t Tt.
I
I
I
restauration
I
persistance
I
restauration
Arr~t Tt. + surveillance
Ou
Changement Tt. Selon PA
402
Bilan Andrologique
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ABSTRACT
Effets of long lasting treatments with cardiovascular drugs on erectile function
D. GORINS, M. SCHOUMAN
Cardiovascular
diseases are pathological
chronicle states needing long lasting treatment. Cardiovascular drugs commonly have
bad reputation for their side effects on erectile f u n c t i o n .
However, following the data of the literature,
t h i s r e s p o n s i b i l i t y is n o t so c l e a a l y a s s e s s e d
and often controversial.
We s h o u l d r e m e n b e r t h a t :
S e x u a l s t a t u s s h o u l d b e k n o w n b e f o r e cardiovascular drug prescription.
In case of sexual side effects, chronological
d a t a m a y b e h e l p f u l l to a s s e s s t h e r e s p o n s i bility of the drug.
R e m i n d t h a t e r e c t i l e d y s f u n c t i o n is n o t
always a side effect of this treatment.
-
-
-
-
Dose range and number of molecules should
b e as l o w a s p o s s i b l e
Key-words : Erection, side effects, cardiovascular
drugs, hypertension
404