L`ABC du journalisme écrit

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L`ABC du journalisme écrit
L’ABC
du journalisme
écrit
Table des matières
1. Les fonctions du journaliste……………………………………………………………… 3
2. Choisir quoi couvrir, quoi rapporter…………………………………………………. 4
3. La nouvelle………………………………………………………………………………………. 4
4. Les caractéristiques de la nouvelle…………………………………………………… 6
4a. la vérité
4b. la nouveauté
4c. la signification
4d. l’intérêt
5. Les structures types de texte……………………………………………………………. 8
6. L’écriture journalistique…………………………………………………………………… 10
7. Considérations de style……………………………………………………………………. 12
8. Présentation de la copie………………………………………………………………….. 15
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1. Les fonctions du journaliste
Le journaliste est celui dont le métier est de rapporter l'événement au bénéfice de
ceux qui n'ont pu y assister, ou pour permettre à ceux qui en ont été témoins de
pondérer leur jugement en le confrontant avec un commentaire externe, avec des
données additionnelles. Il n'est pas là pour indiquer ce qu'il faut penser, ni pour
louanger ou réprimander qui que ce soit. Il est là pour témoigner.
Nous nous
attendons à ce que les journalistes aillent sur place voir ce que nous ne pouvons pas
voir; qu'ils nous mettent en contact avec les gens qui nous sont inaccessibles; qu'ils
posent les questions que nous aurions aimé poser; qu'ils nous ramènent toute
l'information pertinente; qu'ils sachent nous expliquer ce qu'ils ont vu et entendu.
Mais l'impartialité ou l'apparente neutralité que l'on attend du journaliste n'implique
pas que son écriture doive être terne et ses émotions camouflées. Pour bien rendre
compte de ce qu'elle a vu, de ce qu'elle a vécu, de ce qu'elle a ressenti en étant sur
place, cette personne devra au contraire écrire avec son cœur. Faire voir et faire vivre.
Raconter la vie, évoquer les regards, traduire les émotions; pas seulement les concepts,
les idées ou les statistiques.
Le journaliste doit non seulement rapporter, mais aussi d'analyser l'événement en le
replaçant dans un contexte plus global pour le rendre significatif. Il peut aussi en
fouiller les aspects les plus obscurs, vérifier les déclarations sur le sujet et même
remettre en question les discours officiels, s'il le faut.
Or, à chaque étape de ce processus, le journaliste doit savoir choisir quoi rapporter et
quoi laisser de côté, quelles questions poser et quelles pistes approfondir. Il lui
faudra ensuite choisir comment dire les choses, comment les faire vivre. Chaque fois,
il devra faire appel à son jugement en tant qu'individu, en tant que témoin et en tant
que professionnel de l'information. Or c'est par rapport à cet exercice permanent de
son jugement d'informateur — sans lequel il ne pourrait y avoir de journalisme qu'il
sera le plus souvent critiqué.
En Bref : Le journaliste doit :
1. rapporter l’événement
2. faire voir et faire vivre (écrire avec son cœur)
3. rendre le tout plus significatif
4. doit savoir quoi rapporter et quoi laisser de côté
5. Trouver comment le dire
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2. D'abord, choisir quoi couvrir, quoi rapporter
On retrouve quotidiennement des millions d’informations sur la planète. Or, les
journalistes doivent choisir quelle information devra être publiée et laquelle ne le sera
pas.
Comme chaque lecteur ne dispose que d'un temps limité pour prendre
connaissance de l'actualité, il sera le premier à réclamer qu'on ne lui donne pas tout ce
qu'il faut savoir, mais uniquement ce qu'il faut savoir!
Les médias de masse se présentent donc comme des « guides de l'essentiel ».
C'est le premier rôle du média, donc, de faire une sélection, de donner, chaque fois,
une vision succincte de l'essentiel.
2a. Cette fonction de sélection s'exerce sur trois plans:
1. La nature de l'information à traiter. On optera pour celle qui paraît la plus
importante et la plus intéressante pour un auditoire aussi vaste que possible.
2. L'angle d'approche. On choisira celui qui peut le mieux mettre en évidence
l'essentiel, attirer l'attention de la majorité et faire en sorte que chacun
retienne cette information.
3. Les éléments importants à conserver, à l'intérieur de chaque «histoire».
On privilégiera les éléments qui feront ressortir la signification d'une
nouvelle, en rendront la compréhension facile et la lecture captivante.
Cette triple sélection, essentielle si on veut éviter de publier chaque jour des millions
de mots sur des milliers d'événements sans importance, constitue non pas une limite
imposée aux journalistes mais le fondement même de leur acte professionnel.
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3. La nouvelle : matière première du journalisme
La nouvelle est un terme double qui décrit à la fois le contenu de l'information et le
produit qui en découle. Premièrement, une nouvelle, c'est ce qui mérite d'être
rapporté. En d'autres mots, c'est l'élément nouveau qui crée ou modifie une situation
d'intérêt public. C'est le point de départ du texte à rédiger ou à livrer en ondes.
Mais le terme « nouvelle » désigne aussi l'aboutissement de cette démarche,
c'est-à-dire le texte qui, à partir d'un événement donné, met en scène, le plus
efficacement possible, l'essentiel des faits nouveaux, significatifs ou intéressants, en
insérant ces faits dans leur contexte de signification.
Tous les éléments du travail des journalistes ont en commun une certaine forme
d'écriture, héritée du traitement de la nouvelle: l'amorce met immédiatement en
évidence les faits jugés les plus significatifs, le récit s'organise en fonction des
éléments les plus importants, le style est efficace et alerte, tout élément nouveau
appelle une explication immédiate, etc.
La nouvelle constitue en fait la matière de base du travail d'information, celle qui fait
appel le plus directement aux compétences du journaliste. N'importe qui peut avoir
une opinion et l'exprimer dans un commentaire. Mais il n'est pas facile de couvrir un
événement dans un secteur qui n'est pas notre propre champ de spécialité, d'en
découvrir malgré tout les enjeux, de il poser aussitôt les bonnes questions, de mettre
sur papier des notes utiles et d'en tirer un rapport exact, vivant et intelligible pour des
personnes qui n'ont peut-être jamais entendu parler du sujet.
En fait, tout journaliste qui maîtrise l'art de comprendre un événement, d'en dégager
ce qui est nouveau et d'en transmettre la signification, peut ensuite aborder sans
trop de problèmes les autres genres journalistiques. L'inverse n'est pas vrai. Les
journalistes qui n'ont pas été formés à cette « discipline de l'événement » font en
général de bien piètres analystes, des commentateurs confus, bref, de mauvais
communicateurs. Voilà pourquoi on considérait jadis que la meilleure école de
journalisme, c'étaient les faits divers (les « chiens écrasés », comme on désignait avec
un certain mépris cette rubrique de petite actualité à portée limitée); et voilà pourquoi
toutes les écoles de journalisme enseignent d'abord à leurs étudiants la maîtrise de ce
genre.
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4. Les caractéristiques essentielles de la nouvelle
Les étapes de l'élaboration d'une nouvelle
Les caractéristiques de base de toute nouvelle sont aussi les critères de base de la
sélection journalistique. Devant toute information, il faut donc se demander:




Est-ce vrai?
Est-ce nouveau?
Est-ce important (ou significatif) et pourquoi?
Est-ce intéressant (fascinant, passionnant, distrayant) pour mon public ?»
4a. La vérité
Le journalisme traite de faits réels, pas de fiction. C'est la caractéristique fondamentale
du genre.
4b. La nouveauté
Il ne suffit pas qu'un fait soit vrai pour qu'il trouve place dans les médias; encore faut-il
qu'il soit nouveau. Ou du moins qu'il y ait une information nouvelle dans le fait
rapporté.
4c. La signification
Pour qu'un fait se retrouve dans un journal, il ne suffit pas qu'il soit nouveau. Encore
faut-il qu'il ait une certaine importance, qu'il soit porteur de conséquences non
seulement pour les acteurs directs de l'événement, mais aussi pour l'ensemble de la
société. C'est la notion clé de l'intérêt public.
Ce critère de la signification est la caractéristique la plus fondamentale de la nouvelle.
La fonction du journaliste est non seulement de sélectionner et rapporter les faits, mais
surtout d'en faire comprendre la signification en les replaçant dans un contexte
intelligible. C'est par l'exercice de son jugement journalistique que le témoin
professionnel décidera ce qui, dans les faits observés, est porteur d'avenir et relève de
l'intérêt général.
4d. L'intérêt
Non seulement les nouvelles doivent porter sur des faits réels, nouveaux et porteurs de
conséquences, mais elles doivent aussi être... intéressantes. Ce dernier critère est
moins facilement définissable, puisqu'il dépend entièrement de choix subjectifs, et
varie donc d'un public à l'autre.
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On peut toutefois définir quelques paramètres.
 Est intéressant ce qui pique la curiosité, ce qui étonne. Même sans signification
particulière, une information inusitée (la naissance d'un mouton à cinq pattes,
ou un facteur qui mord un chien) peut devenir matière à conversation et donc
matière à publication dans un journal. La même remarque vaut pour les
anecdotes divertissantes, les faits qui font sourire.
 Est intéressant, aussi, ce qui touche les gens de près, ce qui les concerne ou
concerne leurs proches, même s'il s'agit d'une nouvelle sans conséquence. Un
journal local parlera ainsi des faits et gestes des personnes en vue dans le
patelin; et les grands médias traiteront des personnalités susceptibles d'être
connues d'une large partie de leur clientèle. La chanteuse Céline Dion, le coureur
automobile Jacques Villeneuve font partie de notre environnement culturel, de
notre «famille» élargie. Comme les acteurs des séries télévisées ou les
personnages des téléromans !
Certains auteurs parlent de la « loi kilométrique de la mort » : plus la distance entre un
accident et le média est grande, plus le nombre de morts doit être élevé pour que
l'information trouve place dans ce média. En fait, on peut dire que l'importance de
toute information varie en fonction inverse de la distance, géographique ou affective.
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5. Les structures types des textes journalistiques
Pour les textes de nouvelle, dans la presse écrite, on utilise le plus souvent la structure
pyramidale, aussi appelée « pyramide renversée » parce qu'elle s'oppose aux
structures qu'on enseigne dans les autres champs de l'écriture.
Au lieu de construire d'abord, pour son argumentation, une solide base sur laquelle
pourront ensuite s'appuyer des faits de plus en plus précis et les conclusions qui en
découlent, le journaliste procède à l'inverse: il livre l'essentiel de son message dès les
premières lignes, quitte à expliquer ensuite. Il part donc du fait nouveau pour en
rappeler l'histoire; il passe du fait particulier au contexte général, du cas concret,
anecdotique parfois, au contexte de signification immédiat pour en élargir peu à peu la
perspective. Tout le texte journalistique repose ainsi sur sa pointe la plus fine!
Dans le cas d'une nouvelle de presse écrite, cette structure se justifie d'abord
par le fait qu'on ne peut jamais être certain de l'espace exact qui sera alloué à chaque
texte, dans l'édition finale du journal. Il faut donc prévoir la possibilité de réduire le
texte par la fin. Notons au passage que cette structure caractérise presque tous les
textes d'agences de presse. Mais la structure en pyramide renversée se justifie
également par le fait que le lecteur peut, lui aussi, rompre sa lecture en n'importe quel
endroit. Si des faits importants sont donnés trop tard, ils risquent de ne pas être lus!
Un premier critère préside donc à la rédaction du texte : l'importance relative de
chaque élément d'information. Avant de commencer votre texte, demandez-vous ce
que vous écririez si vous n'aviez droit qu'à un paragraphe... et écrivez alors ce seul
paragraphe. Ensuite, demandez-vous ce que vous ajouteriez, si on vous accordait un
second paragraphe. Puis un troisième. Et ainsi de suite.
1. Le premier paragraphe du texte de nouvelle résume donc, en une seule phrase
bien souvent, l'essentiel de la nouvelle. C'est ce que vous diriez à votre collègue de
bureau s'il vous demandait de résumer en quelques
mots ce qui s'est passé. Les faits (qui, quoi, quand, où,
etc.).
2. Le second paragraphe développe le « comment ».
3é Le troisième paragraphe développe le « pourquoi ».
Ensuite seulement, si l'espace le permet, le texte
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remonte plus loin dans la genèse de l'événement, analyse sa portée, ou revient avec
plus de détails sur les faits et gestes dont on a été le témoin. On complète au besoin
le panorama en fouillant dans la documentation pour faire tous les rappels utiles, pour
situer le tout as un contexte plus large. En cas de nécessité, l'éditeur pourra couper par
la fin, sans rien enlever d'essentiel.
Voici un exemple de ce genre d'article
 Si on dispose de quatre lignes pour dire:
Ottawa augmentera le prix des timbres à... cents, à compter du 1er janvier
prochain. C'est ce qu'a annoncé hier le ministre responsable de Postes
Canada, M...
 Si la même information doit être rapportée dans un texte d'une vingtaine
de lignes:
Même lead... suivi du « pourquoi » (la raison invoquée par le ministre, par
exemple) et d'un rappel sur le nombre de hausses des dernières années. Si
possible, une ou deux réactions. Ce sont les faits secondaires.
 Si la même information doit être rapportée sur deux feuillets (une cinquantaine
de lignes) :
Même lead... même suite... On ajoute des détails sur les revenus et les
dépenses de Postes Canada, des comparaisons avec le prix des timbres dans
d'autres pays. On ajoute d'autres réactions, de plus en plus particulières. Ce
sont les faits jugés de moindre importance.
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6. L'écriture journalistique
L'écriture journalistique présente des traits distinctifs.
1. Si ce type d'écriture n'exclut pas les effets de style, le mot clé demeure, en
général, simplicité. Les phrases doivent être courtes, univoques. Les images
évidentes. Les enjeux ou les concepts doivent être expliqués dès qu'ils sont
introduits.
2. Le deuxième élément après la simplicité est de raconter la vie, l'action (par un
choix adéquat des verbes et du rythme des phrases, par le recours aux citations
directes, par l'évocation des décors et l'usage d'anecdotes).
On peut donc dégager quelques éléments de base qui rendront un texte (ou un
reportage) plus vivant, plus efficace, qui feront la différence entre un texte
remarquable et un autre, tout juste correct:
6a. La proximité. Il est important que la personne à qui l'on s'adresse se reconnaisse
dans le texte ou le reportage, qu'elle y retrouve son quotidien, qu'elle ait l'impression
d'y rencontrer des gens auxquels elle peut s'identifier. Son univers, en somme. Un style
chaleureux, simple, intimiste est en général plus efficace qu'un style pompier,
grandiloquent. Rappelez-vous que les médias sont un lieu de dialogue virtuel entre les
témoins et leur public. Demandez-vous comment vous raconteriez les choses à votre
mère ou à votre marchand de légumes.
6b. L'image. Le témoin d'un événement doit pouvoir faire voir cet événement aux
personnes pour qui il témoigne. Il doit les plonger dans les décors de l'action, les
mettre en présence des acteurs. Chaque fois que le temps le lui permet, le journaliste
devrait aller voir sur place, et raconter ce qu'il a vu. Il n'y a pas qu'à la télévision qu'on
peut écrire en images!
6c. La vie. Quand il présentera les personnes qui sont au centre de l'événement, le
journaliste cherchera à les mettre en scène, à les montrer en action. Il y a là plus qu'un
effet de style, car c'est souvent dans l'action, au moment de l'effort, du succès, de
l'échec, du dépassement, que les gens vont exprimer les émotions les plus intenses,
révéler le plus ce qu'ils sont et ce qui les motive.
6d. Le rythme. Un reportage imagé, vivant, gagne à être « nerveux », à surprendre. Le
lecteur, l'auditeur ou le téléspectateur ne doit jamais décrocher. Il faut pour cela savoir
distiller habilement les données techniques, alléger la forme, moduler le rythme, aérer
l'information.
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6e. L'inédit. Ce n'est pas parce qu'on a traité cent fois d'un problème dans la presse
quotidienne qu'il perd son importance. Mais le texte que vous rédigerez sur la question
risque de laisser les lecteurs indifférents si vous n'arrivez pas à les étonner, à leur faire
découvrir un angle nouveau, un pan de la réalité qu'ils ignorent. Le journaliste gagne
donc à rechercher des approches inédites, à rendre son reportage, par le fait même, «
inoubliable ».
6f. L'efficacité. Évitez les textes qui piétinent ou qui pataugent dans des considérations
trop générales. Cernez bien le propos que vous voulez tenir, l'idée maîtresse du texte,
puis, dès l'étape de la construction du plan, ne choisissez que les éléments qui
s'inscrivent bien dans ce propos. Enlevez tout le reste.
De toute façon, la mémoire du lecteur ne retiendra, à moyen terme, que les grandes
lignes de votre propos. Et il les retiendra d'autant mieux que vous les aurez clairement
dégagées de votre texte.
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7. Considérations de style
De nombreux auteurs de manuels de journalisme y sont allés de leurs conseils plus
précis quant au style proprement dit. Voici ici une synthèse de ces recommandations,
selon une succession logique partant d'une seule et même prémisse : le journaliste est
«à la solde » de son public.
 Toujours se mettre à la place de son public. Il faut écrire (ou parler) pour être
compris, non pas pour se faire plaisir à soi-même. vous n'êtes pas là pour faire
étalage de votre culture, mais pour raconter, pour faire comprendre.
 Dans cet esprit, donc, utiliser si possible des mots courants; préférer le mot
usuel au terme savant ou au jargon des spécialistes. Il faut Toujours se
demander si les mots choisis sont bien ceux que comprennent les gens à qui l'on
s'adresse.
Mais attention! Employer les mots que les gens comprennent ne signifie pas
qu'on doive avoir recours à des termes impropres. Un truc utile, si vous disposez
d'une « oreille compréhensive», faites l'effort de lui raconter votre texte
oralement, sans le mot à mot. Chaque fois que votre présentation s'écarte de
votre texte écrit, dites-vous que celui-ci gagnerait peut-être à être simplifié.
 Éviter les accumulations de substantifs dans une même phrase. Par exemple, il
vaut mieux dire « Les gens veulent un nouvel hôpital » plutôt que «Les gens
expriment le consensus populaire concernant l'établissement prioritaire d'un
centre hospitalier!» Malheureusement, des phrases de ce genre, inutilement
abstraites, polluent les textes scientifiques et les rapports administratifs qui
servent souvent de référence aux journalistes. Il faut toujours se relire en se
demandant si chaque idée du texte ne peut pas être reformulée en moins de
mots, dans une phrase plus directe.
 Composer des phrases courtes et simples. Évitez les phrases « à tiroirs », où
abondent les « dont », «lui qui», « à laquelle», « et ce », « parce que », etc., de
même que les périphrases alambiquées, les inversions, les parenthèses, les
subjonctives. Se demander, à la relecture, si chaque phrase un peu longue ne
pourrait pas être scindée en deux phrases courtes. On y gagne en clarté et en
rythme.
 Utiliser de préférence la forme active, sauf si on veut créer une impression de
lourdeur. La langue française supporte plutôt mal l'accumulation de verbes au
passif, qu'on hérite trop souvent de l'anglais.
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 Épurer; éliminer les mots inutiles. Lorsqu'on a le choix, il faut privilégier les
tournures les plus sobres. Éviter par exemple les effets de renforcement (ou
d'enflure, devrais-je écrire) comme- les expressions «de dire M. X... », alors que
«dit M. X...» aurait suffi, ou le terme «et ce», aussi emphatique qu'inutile
(comme dans: « Il dirige la compagnie, et ce, depuis cinq ans »). Et que dire de
ces horreurs qui encombrent les textes de nos journaux, les «pas moins de... »,
les « vous n'êtes pas sans savoir », ou les pléonasmes comme «voire même»,
«s'avérer vrai», «défrayer les coûts»!
 Écrire pour informer. Toute phrase nouvelle doit faire: progresser l'information
en ajoutant des éléments nouveaux: sinon, l'éliminer. Se demander à chaque
phrase, à chaque paragraphe : « Est-ce bien utile de savoir ça? », et ne pas
hésiter à éliminer tout ce qui est superflu, ou qui détourne l'information vers des
voies secondaires.
 Recourir à des transitions directes, éviter l'utilisation de charnières laborieuses
qui ne livrent aucun contenu (du genre « Ainsi, après avoir présenté ceci, voyons
maintenant ce qu'en pense... » ou « Pour en savoir plus long, nous sommes allés
interroger Mme X... ». Si vous rapportez les propos de quelqu'un, vos lecteurs
sauront bien que vous avez été l'interroger!).
 Pour les textes écrits, il convient de changer de paragraphe chaque fois que l'on
développe une nouvelle idée.
 Éviter de laisser en suspens des questions sans réponse. À Chaque information
nouvelle, se demander si le lecteur peut suivre, s'il a en main toutes les pièces
pour comprendre. S'il lui en manque, les lui donner tout de suite. En
conséquence, on ne peut jamais introduire plus d'un concept nouveau à la fois.
 Même dans le cas d'un texte de presse écrite, il faut savoir écrire en images, en
insérant dans son texte les décors, les mouvements, la moue des personnages.
Et, tant qu'à y être, écrire aussi pour les autres sens : pour l'oreille; pour le nez.
Un texte sur l'enlèvement des ordures doit, d'une certaine manière, doit sentir
mauvais. Un texte sur le travail en usine doit faire entendre le bruit des
machines, faire sentir la chaleur ambiante.
 Utiliser beaucoup la citation. Si les journalistes le font, ce n'est pas parce qu'ils
refusent de prendre parti; c'est parce que le contact direct avec les acteurs
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permet au lecteur ou à l'auditeur de mieux jauger leur crédibilité (ou, à l'inverse,
la limite de cette crédibilité et d'évaluer en conséquence l'information
rapportée.
 Un texte se termine par un point, quand toute l'information nécessaire a été
transmise, et toute l'information superflue, retranchée. Ne pas se sentir obligé
d'ajouter une « morale » ou une conclusion vide, du genre « Seul l'avenir nous
dira si... ».
 Toujours se relire, deux fois : la première fois pour corriger ses fautes, la
seconde, pour revoir la construction du texte, les enchaînements, la
compréhension. Se demander à chaque phrase s'il ne vaudrait pas mieux
éliminer les « qui », les « que », les «dont», en scindant les phrases longues, en
reformulant...
Utiliser le dictionnaire à chaque incertitude. « Vingt fois sur le
métier, remettez votre ouvrage », écrivait Boileau. Aucun journaliste n'échappe à
la règle.
Les textes laborieux sont souvent ceux qu'on a dû écrire à la hâte, sous la pression de
l'heure de tombée. Au contraire, les textes plus légers, ces «petits bijoux d'écriture»
qui semblent couler tout naturellement d'une plume alerte, sont souvent ceux qui ont
été retravaillés, corrigés, ciselés, allégés, polis... Quiconque n'aime pas ce travail
d'affinement de l'écriture ne sera jamais un bon journaliste (à moins de travailler en
équipe et de confier la rédaction à quelqu'un d'autre!).
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8. Présentation de la copie
Voici quelques brefs conseils pratiques pour la présentation matérielle du texte.
• Le texte est tapé à double interligne. Un feuillet standard comprend 25 lignes, à
raison de 60 à 80 frappes par ligne.
• Laisser environ 4 cm à gauche, pour faciliter l'annotation au moment de l'édition.
• Séparer clairement les paragraphes par un double retrait de ligne. Cela facilitera les
corrections, les ajouts, l'insertion d'intertitres, etc.
• Suggérer des intertitres (si c'est conforme à la politique rédactionnelle du média).
Dans la presse quotidienne, on compte environ un intertitre par feuillet. Les
intertitres peuvent servir à annoncer le contenu de ce qui suit (repères logiques) ou
n'être que des teasers (repères «accroche-l'oeil»).
• Faire une ou deux suggestions de titre.
Dans les magazines, on vous demandera souvent de donner en annexe les
coordonnées des personnes que vous avez interviewées, afin que le photographe ou le
réviseur de copie puisse au besoin les retracer. Vous pouvez aussi suggérer des
illustrations.
Toujours se relire avec soin, même sous la pression de l'heure de tombée. Au moins
deux fois: une fois pour le fond; bis pour la forme (grammaire, syntaxe, style,
coquilles...). Toujours garder une copie de son texte.
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