1914 assassinat de jaures
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1914 assassinat de jaures
1914 ASSASSINAT DE JAURES Qui était Jean Jaurès ? Quel plus bel éloge que celle d’Anatole France à l’égard de Jean Jaurès et inséré dans l’Humanité du 26 mars 1919, pour répondre à cette question. « …Cet homme se montrait dans l’intimité simple et cordial. Il était la douceur et la bonté même… Dans la sérénité d’une conscience pure, poursuivi par d’effroyables haines, en butte à des calomnies homicides, il ne haïssait personne…C’est bien en vain que l’erreur et la haine tenteront d’obscurcir l’éclatant patriotisme de Jaurès… Jaurès aimait la France. Il la voulait juste, pacifique et forte…La guerre, il la redoutait pour son pays et pour l’humanité… » « Jaurès est mort ; il a été tué sous nos yeux par deux balles assassines. » Ainsi annonçait l’Humanité dans son numéro du 1er août 1914 l’assassinat. « Jaurès était arrivé au journal un peu avant 8h, accompagné de Renaudel et de Longuet. Il venait du ministère des Affaires étrangères où, au nom du groupe socialiste, il avait « avec plus de force, d’éloquence, de décision que jamais » adjuré le sous-secrétaire d’Etat Abel Ferry de demander au gouvernement de faire sur la Russie, de plus en plus menaçante, une pression exceptionnellement énergique. A l’Humanité, Jaurès s’entretint un instant avec notre administrateur et quelques autres camarades. Il était préoccupé, soucieux ; mais il croyait à l’efficacité pacifique d’un grand et suprême effort (1). Il n’avait pas diné, et il avait beaucoup à travailler : « Allons dîner, dit un camarade ! » Quelqu’un proposa le Coq d’Or, mais Jaurès préféra le Croissant, qui était plus près. Ils s’installèrent à une longue table en marbre qui était immédiatement à gauche de la porte d’entrée ; Jaurès s’assit le dos à la fenêtre ouverte sur la rue ; l’affluence était grande. La citoyenne Poisson fit remarquer que Jaurès semblait être plus que jamais l’objet de la curiosité générale. (1) « A la minute où il fut ainsi mortellement frappé, il s’entretenait avec nous des évènements si graves qui accumulent l’Europe à une catastrophe sans précédent dans l’histoire. Il cherchait à écarter l’horrible, le terrible péril. Il nous disait comment, par un viril et lucide effort, le gouvernement français pouvait encore sauver des horreurs d’un cataclysme universel la France, et l’Europe avec elle. » Anonyme. Le procès de l'assassin de Jaurès (24-29 mars 1919). 1919.Gallica. bnf 1914 ASSASSINAT DE JAURES Le dîner s’achevait. René Dollié, qui dinait à la table voisine, s’approche et montre une photo de sa petite fille à Landrieu, Jaurès l’examine à la suite et adresse au jeune père un compliment flatteur… Il était dix heures moins vingt. Tout à coup, deux coups de feux retentissent, suivi d’un bruit de verrerie cassée ; puis un cri de femme épouvantable : « Jaurès est tué ! Ils ont tué Jaurès ! » Le crime à lieu trois jours avant le déclenchement de la première guerre mondiale. Tandis que quelques-uns des amis de Jaurès s’élançaient à la poursuite de l’assassin, on étendit Jaurès sur la banquette. Le cœur battait encore un peu, puis s’arrêta. Il avait un petit trou à l’arrière du crâne (2). Le médecin que l’on avait été chercher, arriva au bout de longues minutes. Après examen : « Messieurs, dit le médecin, M. Jaurès est mort. » (2) Tout le monde est d’accord sur le fait que deux coups de feu furent tirés. L’Humanité indique que les deux coups ont tués Jaurès ; hors on dit ensuite qu’il avait un trou à l’arrière du crâne. L’autre balle aurait été se ficher dans la boiserie. Anonyme. Le procès de l'assassin de Jaurès (24-29 mars 1919). 1919.Gallica. bnf