peche au lancer a roder

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peche au lancer a roder
Le lancer à Roder
Yves GREGOIRE
Quoi de plus motivant que de partir "à l'aventure" prospecter de nouveaux postes, armé
de sa seule canne avec, en bandoulière, la musette garnie d'une poignée de leurres et du
casse-croûte ? Pêche au lancer ou pêche à rôder ? Cette terminologie importe peu mais
bien les résultats ! Car voilà la seule manière de découvrir des eaux vierges et de
rencontrer de beaux poissons moins sollicités.
Un matériel "ad hoc"
Si cette prospection exige un équipement léger, il sera adapté à toutes les conditions de
pêche susceptibles d'être rencontrées au cours de la journée. Optez tout d'abord pour
une canne au lancer d'une longueur moyenne de 3 m, d'une puissance de 15 à 3O gr,
d'action de pointe, sensible mais assez rigide dans l'ensemble et pouvant convenir à
l'animation de différents types de leurres : cuillers tournantes et ondulantes, LS, poissons
nageurs ...
Fort heureusement, aujourd'hui, la plupart des tambours fixes sont fournis d'origine avec
plusieurs bobines de réserve. Garnissez-les de différents diamètres de nylon convenant à
la capture des carnassiers les plus communs, soit du 28-30/100 pour le brochet, du 2426/100 (ou de la tresse 6 kg) pour le sandre et du 18-22/100 pour la perche et le blackbass. Votre musette à leurres, quant à elle, contiendra une sélection propre à séduire ces
prédateurs à toutes les profondeurs : quelques LS de différentes tailles et coloris
accompagnés de leurs têtes plombées de grammages variés, des ondulantes larges et
légères (calmes) ou effilées et lourdes (courants), des cuillers tournantes n° 1 à 5
pouvant être montées en tandem en un tournemain (ex : Veltic), des poissons nageurs
flottants et coulants, sans omettre l'un ou l'autre popper.
Le haut-fond
Le haut-fond constitue un des lieux des plus rentables ; vous y surprendrez les
carnassiers à l'aurore et au crépuscule. Bande de sable coincée entre deux veines d'eau
profondes, chevelu d'algues léché par le courant, langues vaseuses colonisées par des
plants de nénuphars, autant d'endroits offrant le gîte et le couvert aux brochets et aux
black bass du coin. L'encombrement du site - végétation, obstacles immergés - rend
l'approche problématique tout autant que la présentation du leurre ; comment pêcher les
clairières sans ratisser la salade si ce n'est en utilisant un leurre de surface comme le
Big-Big ou le Big-Bombe (Ragot).
Quelques centimètres d'eau entre les herbiers et la surface suffisent à assurer leur
passage. N'ayez crainte de passer inaperçu ; s'il y a un chasseur actif dans les parages,
l'impact de votre leurre en surface aura tôt fait de l'alerter. Animez votre popper ou votre
leurre à hélices par à-coups ; traînez votre Big Big en surface par un balayage latéral de
la canne puis récupérez l'excédent de ligne en moulinant, ensuite répétez la manoeuvre.
La touche, toujours spectaculaire, ne vous empêchera pas de garder votre calme ;
l'emploi d'un nylon de fort diamètre vous permettra de mater l'adversaire d'autorité. Une
paire de cuissardes facilitera l'accès aux tenues du poisson et l'"extraction" éventuelle
d'un bestiau réfugié dans un herbier.
Les à pic
Postes au profil diamétralement opposé, les à pic rassemblent des carnassiers de toutes
espèces ; le relief du fond abrite les sandres, les cassures dissimulent les brochets dans
leur ombre, tandis que l'écume des courants de surface cache les bancs de perches aux
yeux de leurs proies.
Ces falaises subaquatiques où vient se briser le courant entretiennent de perpétuelles
turbulences ; la nourriture s'y accumule et assure un "amorçage" permanent. Ce type de
poste profond recèle toujours du poisson car, en pleine journée, lorsque les rayons du
soleil traversent l'eau cristalline, l'obscurité des profonds sécurise les prédateurs qui
restent mordeurs. Pour atteindre les sandres pensez aux leurres souples ; le poids de la
tête plombée sera déterminé en fonction de la profondeur et du courant. Une animation
sur place, dandinée, s'impose, explorez systématiquement toutes les marches car les
sandres empruntent régulièrement des couloirs bien définis pour visiter chaque plateforme.
Pour les brochets nageant entre deux eaux, choisissez un poisson-nageur - protégé par
un avançon d'acier - que sa longue bavette entraînera à 3-4 m de fond : peignez l'eau
entre le vif et le mort du courant, c'est là que vous aurez le plus de chance de clouer le
bec d'un brochet actif.
Pour les perches, quadrillez la couche superficielle à l'aide de petites cuillers tournantes
papillonnantes du style Aglia de Mepps N° 1 à 3, argentée le matin, cuivrée l'après-midi.
L'aval des déversoirs
L'aval des barrages concentre une multitude d'espèces dans ces eaux brassées et donc
fortement oxygénées : blanchaille, mais aussi carnassiers qui n'hésitent pas à s'installer
dans le moindre calme jouxtant le courant violent pour y mener régulièrement des raids
très courts mais intensifs sur les bancs d'ablettes et de vandoises. Si ces prédateurs se
reposent dans les contre-courants, ce n'est donc pas là que vous les tenterez ; promenez
plutôt vos leurres à la limite du courant, en essayant par exemple un poisson-nageur
coulant (un Countdown de Rapala) ou un lourd tandem de tournantes (une n° 2 alliée à
une n° 5) du type "feuille de saule", des leurres capables de percer rapidement le
courant et de poursuivre leur animation au ras du fond, élément essentiel car, en aval du
seuil du barrage, l'eau n'est guère profonde et le courant s'accélère.
Les poissons carnassiers s'abritent derrière le moindre obstacle brisant le flot, roche,
tronc noyé, et il s'agit donc de leur présenter le leurre à portée de gueule.
La confluence
Par leur apport d'eau fraîche, les tributaires contribuent à l'oxygénation du milieu, il
convient donc de s'attarder aux confluences où le poisson-fourrage - bien visible en
surface - ne manquera pas d'intéresser un prédateur de passage. A la tombée de la nuit,
l'obscurité met en confiance sandres et brochets qui n'hésitent pas à s'aventurer en
surface en quête d'une proie. Fixez en bout de ligne un poisson-nageur articulé (ex:
Jointed 11 cm de Rapala) de couleur vive, orange fluo, jaune chartreuse, ou encore un
LS très vibrant comme le Vitala de Ragot ou le Wave-E-Tail de Mepps. Demeurez patient,
les carnassiers présents ne déclencheront leurs attaques que dans le dernier quart
d'heure de pêche, mais il y a fort à parier que vous mènerez un ou deux poissons à
l'épuisette dans ce court laps de temps.
L'aval des écluses
A plus d'un titre, l'aval d'une écluse, se révèle être un poste prometteur, à prospecter à
la limite du courant ; l'ouverture répétée des portes de l'ouvrage et le passage de la
navigation brasse et oxygène l'eau en y rassemblant le fretin, voilà déjà un premier
atout. Ensuite, les turbulences occasionnées par les lâchers d'eau désemparent les bancs
d'alevins à chaque bassinée. Les prédateurs guettent ces opportunités et ne chassent
qu'à l'ouverture des portes, au moment où les bouillons amèneront la friture à leur
portée. Quels leurres adopter dans cette situation ? Tout d'abord des LS nacrés lestés de
manière à "tenir" dans ces courants tumultueux et à pouvoir être animés à proximité du
fond. Autre leurre performant, le Minnow Chaser de Rapala unissant une tournante à un
poisson-nageur, ce tandem lesté en tête et en queue vous permettra de percer les
courants les plus chahutés.
Les reculées
En dehors des crues, les bras morts, les gares d'eau et autres noues ne sont guère
fréquentés. Tout au plus, pour les pêcheurs, ces reposées abritent-elles quelques
poissons blancs peu exigeants quant à l'oxygène (tanche, carpeau).
Mais il existe des exceptions... de taille ! Il arrive qu'en fin de journée, les lieux soient
investis par l'un ou l'autre carnassier en goguette, par exemple un brochet qui se
contentera de mener une brève incursion dans ce garde-manger. Quelques coups de
lignes rapides suffisent pour explorer les postes. Le pêcheur prospectera en éventail à la
limite du courant, à l'aide d'une ondulante ou d'un tandem de conception nouvelle.
En fait, il s'agit tout simplement de deux poissons-nageurs unis par l'intermédiaire d'un
anneau brisé, le poisson-nageur de queue étant privé de sa bavette. Ce tandem original
permet d'explorer différentes profondeurs en marquant de longs arrêts, leurre maintenu
à la limite de la veine du courant. Grâce à ce stratagème, vous déjouerez la méfiance de
très beaux poissons peu accoutumés à ce type de leurre.

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