L`OSCILLATEUR MAGNÉTORÉSISTIF A LA TAILLE FINE - Inac
Transcription
L`OSCILLATEUR MAGNÉTORÉSISTIF A LA TAILLE FINE - Inac
spintronique L’OSCILLATEUR MAGNÉTORÉSISTIF A LA TAILLE FINE Contact : Dimitri Houssamedine – SPINTEC – [email protected] Grâce à des mesures originales sur des échantillons de grande qualité, le laboratoire Spintec, en collaboration avec le Léti et Hitachi vient de révéler une des causes des performances encore limitées d’oscillateurs radiofréquences magnétorésistifs. Nos études montrent que la qualité des oscillateurs est intrinsèquement très bonne et qu’elle est pertubée par les fluctuations de fréquence. Le développement d’oscillateurs radiofréquences est l’une des applications de la spintronique : les briques de base sont des éléments magnétorésistifs (voir encart), dont la résistance peut, sous certaines conditions de stimuli, varier de façon périodique à une fréquence de quelques gigahertz, permettant d’engendrer des signaux radio-fréquence. Les premières recherches ont utilisé des vannes de spin qui offrent une puissance d’émission réduite. Le développement d’oscillateurs à base de jonction tunnel magnétique (JTM) a récemment permis d’augmenter cette puissance d’un facteur 1000, ce qui rend ces dispositifs beaucoup plus prometteurs. Un oscillateur digne de ce nom doit émettre un signal périodique avec une fréquence très précise. Quantitativement, on caractérise la largeur en fréquence du pic (ou raie) d’émission : si le pic est très fin, la fréquence générée est très précise. L’analyseur de spectre est l’appareil qui permet cette mesure directement dans le domaine fréquentiel. Pour nos échantillons, on trouve une largeur beaucoup trop grande pour prétendre concurrencer les oscillateurs classiques. D’où vient cette largeur ? Pour répondre à la question, nous sommes allés regarder ces oscillations de plus près par spectroscopie dans le domaine temporel. En effet, l’analyseur de spectre, par construction, moyenne le signal sur un temps assez long. Pour réussir ces mesures « en temps réel », très sensibles, il nous fallait disposer d’oscillateurs de très haute qualité et présentant un fort signal. Une collaboration avec le Léti et Hitachi nous a permis d’avoir accès à des échantillons à base de JTM possédant un très fort facteur de qualité. Les mesures temporelles montrent que la fréquence des oscillations varie au cours du temps, avec des périodes de stabilité (ou temps de cohérence) de l’ordre de 80ns durant lesquelles la fréquence du signal se trouve être très stable et très bien définie. Le traitement numérique du signal a permis d’évaluer une largeur de raie « intrinsèque » de moins de 1 MHz, soit mieux qu’un facteur 20 par rapport à celle de l’oscillateur réel (Fig.). Ces résultats sont extrêmement encourageants car ils prouvent que la qualité des oscillateurs magnétorésistifs est intrinsèquement très bonne et que leurs performances réduites découlent essentiellement des fluctuations de fréquence qu’il sera donc possible de compenser par une électronique adaptée du type de la boucle à verrouillage de phase. Spectre d’émission d’un oscillateur à base de JTM (à gauche) et spectre extrapolé à partir du signal généré en supprimant les variations de fréquence. On note que la largeur du pic de résonance est fortement réduite. Les images en encart sont reconstituées à partir des enregistrements temporels et couvrent une durée de 200 ns. Les éléments magnétorésistifs Les composants magnétorésistifs sont des empilements nanométriques de couches ferromagnétiques et non magnétiques, dont la résistance varie en fonction de la direction relative d’aimantation des couches ferromagnétiques. Les « vannes de spin » alternent couches ferromagnétiques et métalliques, tandis que les « jonctions tunnel magnétiques » ou JTM (voir Fig.) alternent couches ferromagnétiques et isolantes. Par une application combinée d’un champ magnétique et d’un courant polarisé en spin (dont le couple apporte une énergie permettant de compenser les pertes magnétiques), on peut obtenir des oscillations entretenues d’aimantation et donc une résistance électrique oscillant avec une fréquence de quelques gigahertz. Cela devient donc le cœur d’un oscillateur radio-fréquence. (a) (b) (a) JTM, composée de deux couches ferromagnétiques (rouge et bleue) séparées par une couche isolante (verte). La couche rouge est « dure » : elle a un moment magnétique mp qui est fixe et qui sert de référence. La couche bleue est « douce » : elle a un moment magnétique m qui peut varier sous l’action d’un champ magnétique ou d’un courant polarisé en spin. En traversant de la jonction, le courant se polarise au passage de la couche dure et transmet sa polarisation sous forme de couple à la couche douce. (b) La résistance R de l’empilement dépend de l’angle entre m et mp. Elle varie sinusoïdalement entre un minimum RP quand les aimantations sont parallèles et un maximum RAP lorsque m et mp sont à 180°. Si l’aimantation m tourne régulièrement – ce qu’on appelle la précession entretenue – cela engendre alors un signal de sortie sinusoïdal. LA FEUILLE ROUGE - N° 553 mai 2008 Comité de rédaction : E. Molva, J. Planès (DIR), P. Dalmas de Réotier (SPSMS), L. Dubois (SCIB), S. Lyonnard (SPRAM), G. Prenat (SPINTEC), R. Vallcorba (SBT), P. Warin (SP2M) - Mise en page : M. Benini (DIR) tél. 04 38 78 36 33 Institut Nanosciences et Cryogénie Commissariat à l’Énergie Atomique - Direction des Sciences de la Matière - Centre de Grenoble - inac.cea.fr/feuille_rouge