Idée noire ou nous avons tous quelque chose de nazi en nous
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Idée noire ou nous avons tous quelque chose de nazi en nous
Question de point de vue Rue de Gembloux, 48 - 5002 Saint-Servais Tél : 081/73.40.86 - Fax : 081/74.28.33 [email protected] Idée noire ou nous avons tous quelque chose de nazi en nous Cette analyse est téléchargeable sur : www.equipespopulaires.be Par Raphaël D'Amore Militant aux Equipes Populaires de Mons-La Louvière Avec le soutien de Drôle d’animal que l’homme. Terrifiant animal. Du genre à surpeupler la terre à raison de 3 rejetons par seconde, sans se soucier des suites. Capable d’être un loup pour son frère. Vrai génie de l’auto-extermination de masse. Mais aussi du genre à écrire des poèmes avant la bataille. « Le seul être de la création qui a ajouté la littérature au meurtre » ! Des idées noires, direz-vous peut-être. Oui. Mais avant tout, des idées. Nées d’une capacité à s’émouvoir et à s’indigner, puis à questionner. Ce qui est le propre de cet animal pensant qu’est l’homme. L’auteur, homo sapiens comme tant d’autres parmi nous, livre trois idées noires, dont voici la deuxième. Dans son livre «le Léviathan» le philosophe Hobbes écrit «l’homme est un loup pour l’homme». Il veut dire que l’homme est animé de pulsion violente envers son espèce. Mais l’auteur a tort de nous comparer au loup, celui-ci n’est jamais un «grand méchant». Il y a eu cette histoire de chèvre, de petit chaperon dévoré, à en croire Perrault, auteur du conte, celui-ci était une belle jeune fille aux formes appétissantes quant à grand-mère elle tendait plus vers la femme cougar avide de chair fraîche… faut que je rajoute de l’eau dans mon absinthe. Canis Lupus obéit à des lois sociales régies par un code : il indique son humeur par des grognements, jappements, la position des oreilles…il lui arrive de mordre un de ses congénères mais sans haine, ni vengeance, ni terrorisme aveugle. Le meurtre du loup par le loup est tabou, depuis la nuit des temps, le loup a aboli la peine de mort. Le loup n’est qu’un loup pour le loup. Mais l’homme est bien pire. Aucun animal n’a assassiné plus que nous (Rwanda, Bosnie, Shoah…), aucun animal n’aurait pu concevoir, prononcer cette phrase terrible, terrifiante, la plus ignominieuse depuis 14 milliards d’années « tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens. » (Prononcée par un saint.) Alors l’homme est-il bon ou mauvais ? Notre espèce peutelle surmonter ses désirs de pouvoirs, de haine, peut-elle dominer ses forces qui le poussent à la tyrannie, peut-elle freiner son agressivité, sauver la planète… ? Mon cœur dit oui. Ma raison dit non. 1 Peut-on imaginer de vivre en paix en 2300 lorsque nous serons 36 milliards… Non ! On pourrait si nous étions fourmis ou robots biologiques (rêve de tout chef d’entreprise, de dictateurs…), si nous étions privés de nos émotions et de notre savoir… ben non ! Nous obéissons à nos instincts (patrimoine génétique), nous sommes des animaux de savoir, mémoire, concept, langage, projet, cette combinaison homme/animal nous rend méfiants, calculateurs, voleurs, féroces envers nos pareils et nous sommes prêts à les asservir jusqu’aux viols, tortures, crimes, guerres. L’homme est méchant parce que c’est un animal pensant. Je pense donc j’asservis, j’exploite, j’humilie, je vole et je tue. L’espèce humaine est affreuse et méchante. Nous avons en nous quelque chose d’un peu nazi. Que cela plaise ou non, que cela indigne ou pas, telle est la vérité : nazis (salauds) nous sommes. millions de séropositifs et 3 millions de morts par an. Nos fantasmes, notre mépris d’autrui lors de nos relations sexuelles sont-ils moins coupables que les délires nazis ? Le bon époux qui fait un extra sans capote, le marchand de sang qui infecte des centaines de millions de Chinois en réutilisant les mêmes seringues sont-ils plus moraux que les soldats du 3ème Reich ? En tant que victime future, j’opte pour la mitraillette plutôt qu’un contingent de VIH ; cela va plus vite et cela fait moins mal. Pendant ce temps au Zimbabwe (35% séropositifs), des hommes infectés violent des fillettes en prétextant que le sida est déclenché par la colère des ancêtres et se soigne par la défloration des vierges… ou encore ces imams qui pratiquent l’excision du clitoris des jeunes filles au nom de je ne sais quelle foi, tradition, culture, en vociférant «à bas le plaisir, la jouissance, on coupe». En 2003 l’état sénégalais a interdit par une loi cette pratique, quelle a été la réponse des imams « allez vous faire foutre on coupe». 450 jeunes filles excisées en une journée… et nous grands humanitaires nous avons manifesté notre solidarité par… un silence assourdissant. Certains homo sapiens le sont en totalité : ils saluent le bras levé, marchent au pas de l’oie, contribuent à la solution finale, à la rééducation dans les goulags, au génocide rwandais, bosniaque, arménien… On y embrigade même les enfants : jeunesses fascistes, communistes ou enfants soldats, cela leur fait des activités de plein air, gratuites et bénéfiques pour la santé. Mais la majorité des individus sont des nazis de petite envergure, ils barbotent dans l’ignominie ordinaire, jouent la vilenie au rabais, lâches et cruels, ils perpètrent leurs bassesses en douce… puis rentrent gentiment chez eux infliger des tortures morales et physiques à leurs conjoint, enfants. Comptez pour une bonne action combien d’ignominies. Staline, Mao, Pol Pot, Castro, Mussolini, Pinochet, Franco (figures de ce siècle en rouge et noir) ne sont pas des déments, pas plus que les colonels grecs, tortionnaires d’Algérie ou Bachar elAssad... hélas selon la formule de Nietzsche… chacun d’eux est humain trop humain. J’applique la même étiquette au patron bardé de stock-options avec son parachute doré. Ce personnage riche, puissant, humiliant le prolétaire, en encensant les bienfaits du libéralisme, tout en délocalisant en chine pour réaliser des profits… humain trop humain… Pour un Gandhi ou un Martin Luther King combien de salauds à la petite semaine. Comptez !! Où est l’humanité en l’homme… désolé je ne vois que la moustache d’Hitler. Je sais c’est brutal et désespéré. Cela vaut pour ce conducteur fou, roulant à 200km/h avec 2,5 gr d’alcool dans le sang, pour le trafiquant d’esclaves, de drogue, d’armes, pour le proxénète, le violeur de femme, d’enfants qui saccage l’innocence, pour le flic qui matraque le basané, pour ces étudiants universitaires humiliant leurs compagnons pendant les baptêmes, pour le juge qui met à l’ombre plus vite que son ombre, pour le petit chef qui harcèle ses subordonnés et je n’oublie pas ni le vainqueur du maillon faible ni le vieillard grabataire qui perd ses dernières forces en insultant ses infirmières. Adolphe n’est pas un monstre, c’est un homo sapiens avec un cerveau (1.300kg) et 100 milliards de neurones (avant Alzheimer). Le petit barbouilleur viennois prend le pouvoir de façon démocratique puis cède aux pulsions de son espèce : bilan 40 millions de morts… Je constate qu’on obtient le même résultat avec le sida… 40 2 Cent pour cent des homo sapiens sont méchants. Nous épuisons l’ouvrier ou l’employé au travail…le 20ème siècle était «métro, boulot, dodo». Le 21ème sera «métro, boulot, prozac». Nous liquidons lentement notre voisin avec des steaks aux prions (vache folle… on a donné des sursis aux producteurs de farines animales qui savaient les effets de tout ça pour le profit)… comptez les morts. Depuis cent ans on connaissait les effets mortels de l’amiante, mais les industriels ont vendu ces fibres jusque dans les nonante… comptez les morts. Nous connaissons les effets de la malbouffe, mais les industriels sont ravis… comptez les morts. Le tabac, le sucre, l’alcool, le sang contaminé, les fumées toxiques, les eaux polluées, le pcb, les dioxines, les nitrates, les métaux lourds, les isotopes radioactifs… comptez les morts. J’arrête là la liste. Certains trouveront que j’exagère mais les morts ne pensent pas, les pétitions sont rares dans les cimetières, la paix règne entre le tombes…comptez les morts. Je me demande si ce que j’ai mangé est bien passé… une remontée d’acide… même pas… un amer constat… pause, je vais aller titiller la fée verte. Nous sommes des salauds, au sens sartrien du terme. Nous accomplissons nos mauvaises actions en toute liberté, en toute responsabilité et en ayant conscience du mal que nous faisons. Nous aimons nos perfidies, nous les justifions, nous leur trouvons toutes les excuses possibles et impossibles, nous leur donnons de jolis noms : par exemple, les capitalistes parlent de concurrence «loyale», ce qui fait rire ceux qui étudient les relations entre entreprises (J. Nash). Chacune d’elles n’a qu’une obsession : le monopole. Nous incarnons un étrange mélange de molécules lorsque nos intérêts (vitaux ou secondaires) sont en jeu. Nous agissons de trois différentes manières : comme voleurs, tyrans, assassins. a) Voleurs : nous sommes les rois de l’arnaque, si nous sommes son patron nous lui rabotons son salaire, si nous sommes son fournisseur, nous lui vendons de la pacotille, des marchandises frelatées. b) Tyrans : nous asservissons nos semblables dès que nous en avons l’occasion, nous imposons nos oukases à nos employés, voisins, à notre famille. Les vociférations du sergent qui fait ramper la recrue, le prof qui met un zéro, l’extase du gourou qui impose la prière, la famine ne sont que quelques illustrations de cette dictature… personnellement je préfère me plonger dans la lecture du Divin Marquis (Sade), c’est plus décoratif et bandant. c) Assassins : il nous arrive d’être Néron, Landru, Dutroux…nous n’avons pas tous autant de charisme dans le crime, nous n’éliminons pas à chaque fois six millions de juifs, un million et demi d’arméniens, un million de tutsis mais nous faisons des efforts : au couteau, machette, hache, revolver, arsenic, par strangulation, noyade, écrasement. Le plus souvent nous anéantissons notre prochain en douce, à petit feu. Tous les hommes naissent libres et égaux en droit à l’exception de la majorité d’entre eux. Un nombre croissant d’humains sont privés d’eau potable, nourriture, énergie, maison, hygiène, médicament, en un mot de dignité… on appelle cela la mondialisation de progrès… mon cul !! Nous laissons crever de soif ou de faim nos frères d’Ethiopie ou du Mali, nous les abandonnons au SIDA, à la tuberculose, au paludisme, nous leur refusons nos remèdes sous prétexte qu’ils ne savent se les payer… mais dans le même temps, nous leur volons leurs terres, récoltes, forêts, pétrole, en invoquant les règles du commerce mondial, que nous avons-nous-mêmes édictées. Parfois, je m’amuse en agitant l’idée que Dieu nous aurait conçus à son image. Quels monstres serions-nous s’il avait choisi le diable pour modèle ? Ça ne serait peut-être pas pis ! Rares sont les héros qui luttent contre leurs tendances naturelles, être méchant chacun en est capable, se montrer généreux est une montagne à escalader. L’homme n’agit que dans l’intérêt général quand il a des témoins… On appelle cela le syndrome du téléthon… C’est ainsi que les riches donnent aux pauvres sur le perron de l’église, synagogue, mosquée, palais. 3 les acteurs, les chanteurs, les écrivains (Céline par exemple… adulé aujourd’hui mais on en oublie qu’il a été un antisémite et un collaborateur notoire, admirateur d’Hitler et de Pétain…) et le peuple ordinaire qui dénonçait n’était pas plus fou que vous et moi. Ceux qui ont mené six millions de juifs à la mort, qui débouchaient les boîtes de zyklon B n’étaient pas des brutes épaisses. Le chef de camp d’Auschwitz était un bon père de famille, éduqué dans la morale chrétienne, cultivé, aimait la littérature, la philo, l’art, Mozart… Ils n’étaient pas des loups sanguinaires. Mais ils faisaient partie de cette espèce animale inventée depuis ses origines sur terre, la seule capable de s’exterminer : HOMO SAPIENS : le grand singe sage. Là, je pense que Dieu a dû se tromper dans les câbles… Si un jour dans un zoo, un parc animalier, vous apercevez un loup, regardez-le du fond des yeux et il vous révélera toute son humanité. Allez santé, je vais embrasser avec passion la fée verte. La charité oui… la justice non ! Nous ne partageons que le superflu, nous déposons notre obole à la quête, nous chantons pour l’Ethiopie, nous songeons à notre prochain non parce que nous l’aimons mais parce qu’on nous regarde. La bonté ne dure que le temps de la compassion. Les restos du cœur, le téléthon et autres actes humanitaires sont nécessaires ; ils sauvent quelques-uns de nos semblables… Mais ce ne sont que les oripeaux de notre égoïsme. Nous ne lâcherons aucun avantage, ni privilège, nous ne céderons rien, rien d’important pour sauver et arrêter de polluer la planète. Quelques moments de générosité ne sauveront pas le système. Toute l’histoire humaine est marquée par un fait : dominer l’autre. Attila, Gengis Khan, César, les conquistadores espagnols, les prédicateurs des guerres saintes ont obéi au même schéma psychologique : ils affirment la supériorité de la race (quelle race ? Il n’y en a qu’une - HOMO SAPIENS), de leur religion (quelle connerie), de leur système politique. Ils ont un besoin urgent de terres et de ressources, ils vont donc les prendre parce qu’elles leur sont dues. Ils menacent l’ennemi désigné par une rhétorique « sauvage, inculte, païen, infidèle » et ils attaquent (Ah ! les croisades, les guerres coloniales, religieuses, impériales, mondiales, justes, économiques et leurs admirables cortèges de carnages sublimes). La manière dont cette élite traite l’autre va de l’horreur banale (viol, torture, fosse commune) à l’extermination massive, épuration ethnique, déportation, camp de la mort, génocide. Raphaël. [email protected] Écrit en écoutant le requiem de Guiseppe Verdi. Sur base de réflexions faites par le groupe Philo et Société. Le summum, l’ultime exacerbation des pulsions humaines, fut atteint lors de la shoah. La solution finale n’a pas été perpétrée par des monstres inhumains ou des déments, certes elle a été planifiée par les plus enragés d’entre eux… mais les autres, les administrations, les polices, les entreprises du bâtiment, de la chimie (IG Farben à Treblinka), du transport et les journalistes, les intellectuels, les prêtres, Note : concernant le paragraphe de la collaboration : heureusement il y a eu des hommes et des femmes d’honneur. Je pense notamment aux justes parmi les justes, aux résistants de la première heure, à Camus, Saint-Exupéry, à Simone Weil, à Gabin… et à tous les autres… cela me donne un infime… mais infime espoir en l’humanité. 4