Koscielny : « Quand on joue en Angleterre, on a tout - Ouest

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Koscielny : « Quand on joue en Angleterre, on a tout - Ouest
Koscielny : « Quand on joue en Angleterre, on a tout »
Le défenseur central vit sa sixième saison à Arsenal. Avant les tragiques événements de vendredi,
il avait accepté de nous faire goûter un peu de la saveur singulière du football Outre Manche.
Vous souvenez-vous de la première
impression que l’Angleterre du
football avait produite sur vous ?
Quand j’ai signé à Arsenal, ce qui
m’a d’abord frappé, ce sont les installations. L’Emirates Stadium, le
centre d’entraînement de Conley.
On voyait que tout était réuni pour
que le joueur puisse être à 100 %
de ses capacités. C’était avant
tout ça, le vrai changement, car
je venais de Lorient aussi (sourire). L’atmosphère, je ne l’ai appréhendée qu’avec les premiers
matches.
Les défenseurs sont-ils appréciés
au même titre que les attaquants ou
les milieux ?
Je le pense. Le public anglais aime
le jeu offensif, mais il applaudit aussi
quand il y a de beaux tacles, ou une
situation compliquée dont on réussit
à se sortir proprement. Ils ne sont pas
just foc… - pardon, j’allais parler en anglais - juste focalisés sur les actions offensives. Ils sont connaisseurs et dingues de foot. Tous les week-ends, où
que l’on soit, c’est à guichets fermés.
Le spectacle est sur le terrain, mais les
spectateurs y prennent leur part.
Londres, c’est la ville du foot dans
le pays du foot ?
C’est tout à fait ça. Il y a cette année six
clubs de Londres (Arsenal, Chelsea,
Crystal Palace, Tottenham, West Ham,
Watford) en première division, on ne
voit ça nulle part ailleurs. J’adore cette
ville. Je m’y sens bien. Je peux y vivre
tranquillement. Les gens sont respectueux.
Avant d’en être un acteur,
quelle image aviez-vous du
football anglais ?
Celle d’un football spectacle.
Des équipes qui jouent toujours
pour gagner. Je le voyais aussi
Avez-vous eu l’occasion d’aller voir
des matches des divisions
inférieures ?
Non, mais j’en regarde à la télé. Et j’ai
joué contre des équipes de 2e ou 3e
division. Je peux vous dire qu’aucun
match n’est facile, ici. Ils s’appuient
sur l’amour du maillot, l’envie, l’impact
physique.
beaucoup à travers le frenchies
d’Arsenal. C’était l’équipe que l’on
regardait en premier avec Titi (Henry), Robert (Pires), Wiltord. C’était
le 19e club français.
Quelle place occupe Wembley, où
va se jouer Angleterre - France,
dans le cœur des Anglais ?
Wembley, c’est le stade mythique.
C’est grandiose. Moderne tout en
respirant le football. J’y ai joué trois finales. J’en ai gagné deux et ça reste
gravé.
Quel est le stade dans lequel
on respire le mieux l’ambiance
singulière du foot anglais ?
Plusieurs exemples me viennent.
J’aime bien l’atmosphère de notre
dernier match à l’Emirates (1-1 contre
Tottenham), parce que c’était un
derby et c’est toujours spécial pour le
club et nos supporters. On sent une
ambiance électrique et que ce match
compte beaucoup plus que les autres,
même s’il n’y a que trois points en jeu.
Après, je me souviens particulièrement de mon premier match à Anflield
contre Liverpool. C’était incroyable,
pour une première en Angleterre.
Photo AFP. Montage Olivier Bernard.
Les fans vous ont-ils dédié un
terrace chant ?
Oui, depuis cette année. Ils m’ont
fait une chanson car je les ai un peu
chambrés sur le magazine d’Arsenal.
Sur l’air de Ain’t nobody (de Chaka
Franck Dubray
« Les fans
m’ont fait une
chanson sur
l’air de Ain’t
nobody »
Avez-vous approché le phénomène
pub ?
Je ne suis jamais allé voir un match au
pub. Mais j’y suis déjà allé pour goûter
un peu ces ambiances. C’est sympa,
vraiment différent de ce que l’on vit
chez nous. C’est la culture anglaise
d’aller boire un verre dans ces lieux rétro, tout en bois, pour voir un match de
foot, de rugby ou de cricket.
On approche de la fin d’année et du
fameux boxing day. Jouer pendant
les fêtes, c’est une contrainte ou un
plaisir ?
Au début, j’ai trouvé ça bizarre de ne
pas avoir de trêve hivernale. Mais ça
aussi, c’est la culture anglaise. C’est
ancré dans les traditions et dans l’histoire. Maintenant, je suis habitué à ne
pas faire Noël et le premier de l’an.
C’est la famille qui vient passer les
fêtes à Londres.
Arsenal est co leader de la Premier
league, mais 3e de son groupe de
Ligue des champions. Pour les
fans, la priorité semble aller à la
course au titre en Angleterre…
Les fans, peut-être. Nous, on joue les
matches pour les gagner et on a envie de passer les phases de poules en
Ligue des champions.
Mais on a le sentiment que, dans
l’esprit de beaucoup, la Premier
league se suffit à elle-même…
Oui, ça tient à l’engouement qu’elle
suscite. Il y a énormément de grands
joueurs, dans des stades magnifiques.
Quand on joue en Angleterre, on a
tout.
« J’adore
les petits déj
anglais »
Reuters
Kahn). Les fans sont vraiment extraordinaires. Quand on joue à l’extérieur,
ils sont 2 000 à faire le déplacement.
Chaque week-end, on sent leur ferveur. Et ils sont très respectueux des
joueurs, même quand on les croise
dans la rue, qu’ils viennent demander
un autographe ou une photo.
Lorsque nous avons rencontré Laurent
Koscielny, lundi après-midi, Angleterre
- France devait n’être qu’une joie. Le
contexte n’a aujourd’hui plus rien à
voir. Nous avons tout de même décidé de publier l’entretien, parce que le
match aura bien lieu et proclamera,
d’une certaine manière, à travers sa
sélection, la supériorité de la France
sur ce qu’il lui arrive.
L’Angleterre a réussi la meilleure
campagne de qualification pour
l’Euro. Cela a créé une attente
autour de la sélection ?
Oui et non car c’est une équipe jeune,
qui grandit. Il faudra voir en phase finale car c’est là où on juge vraiment
une équipe. Mais ils viendront en
France avec beaucoup d’ambition
pour l’Euro, c’est certain.
Vous avez failli répondre plusieurs
fois en anglais. Rêvez-vous en
anglais, et à quoi, pour 2016 ?
Non (sourire), je ne rêve pas en anglais.
Je le parle en revanche de mieux en
mieux. Moins bien que ma fille, mais
pas mal. Mais, ce à quoi je rêve, c’est à
gagner le championnat anglais, le plus
dur selon moi, avec Arsenal. Puis enchaîner avec la France à l’Euro !
Qu’y a-t-il de plus anglais dans votre
jeu, et dans votre vie de tous les
jours ?
Ma combativité dans les duels. Je
l’avais déjà, mais j’ai progressé encore
plus, dans ce championnat. Et dans
la vie, j’adore les petits déj anglais, et
j’ai tendance à manger très tôt le soir
(18 h 45/19 h voire avant), comme eux.
On dit de Londres qu’elle sait intégrer les différentes communautés…
On le vérifie chaque jour. On peut rencontrer des gens de nationalités, de religions, de cultures différentes et tout le
monde se côtoie dans la plus grande
courtoisie. C’est appréciable.
Recueilli par
Pierre-Yves ANSQUER.
Laurent Koscielny
en bref
Né le 10 septembre 1985 à Tulle.
30 ans, Marié. 2 enfants, 24 sélections.
2004-2007 : Guingamp (L2)
2007-2009 : Tours (National/L2)
2009-2010 : Lorient (L1) depuis 2010 : Arsenal (Premier league).
Palmarès : 2 Coupes d’Angleterre
(2014-2015) ; 1 Coupe de la Ligue anglaise (2011).

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