LES ARTS LE BUON FRESCO
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LES ARTS LE BUON FRESCO
LES ARTS LE BUON FRESCO L'ART ET LA TECHNIQUE DE LA "BONNE FRESQUE" Le désir de couvrir les murs des églises de scènes historiées inspirées de l'Histoire Sainte existe depuis le haut Moyen Âge. Beaucoup moins coûteuse que les mosaïques, la fresque connaît un vif succès en Italie dès le 12ème siècle. Il existe plusieurs techniques de la fresque. La meilleure (le buon fresco) était connue depuis l'époque byzantine et peut-être même l'antiquité. Son procédé consiste à peindre sur un crépi encore humide. Il nous est très précisément décrit par Cennino Cennini dans le "Libro del arte" publié en 1437. LE DÉTACHEMENT DES FRESQUES Pou r de s raisons d e conse rvation (fi ssure s du mur p ort eur, pourrissement de la couche d'a r r a c c i o ou d'intonaco, il peut être nécessaire de déposer les fresques pour les remettre sur un support sain (une toile par exemple). Depuis le 18ème siècle, deux techniques très fiables sont employées. Le stacco Des bandes de gaze ou de tissu très fin sont collées sur toute la surface de la fresque à l'aide d'un colle très soluble. On détache ainsi la couche d'i n t o n a c o et la couche de pigme nts. C'est la technique la plus courante. Le strappo Après avoir collé les gazes, on arrache seulement la couche de pigments. C'est une technique beaucoup plus délicate que la précédente. PRÉPARATION DU MUR Après avoir piqué le mur brut, il faut abondamment le mouiller pour augmenter sa capacité d'absorption. Les trop grandes irrégularités peuvent être bouchées par un mélange de mortier et de fibres végétales ou de briques concassées. LE MORTIER Il se décompose en deux couches : l'arriccio et l'intonaco L'arriccio ou mortier sec Il est composé d'une part de chaux fraîche pour deux parts de sable à grain moyen. Ce premier crépi est projeté sur le mur à l'aide d'une truelle et égalisé à la taloche. La surface doit restée rugueuse pour mieux accrocher l'intonaco. C'est sur cette couche sèche d'arriccio que peut être dessinée la sinopia (cf. cidessous) L'intonaco ou mortier humide Composé avec plus de chaux que de le précédent et mêlé à un sable très fin, il doit être soigneusement poli une fois posé. La réussite du buon fresco consiste à peindre sur la couche d'intonaco encore humide. On ne pose donc sur l'arriccio que la surface d'intonaco susceptible d'être peinte en une seule journée (2 à 4 m2). C'est la giornata. En vieillissant, les raccords entre les différe n t e s giornate d eviennent parfois visibles; ils apparaissent très nettement lors de la restauration des fresques. 1 2 4 3 5 6 11 9 7 12 8 14 13 10 16 15 18 17 19 Organisation des différentes giornate sur une fresque de Giotto à Assise. On remarque bien que le travail a commencé par le haut du mur. La g i o r n a t a, ou journée de fresque, dure moins de 7 h. Mais les préparations diverses et la pose des crépis ne laissaient au peintre que 3 ou 4 heures pour étaler les couleurs. Il lui fallait donc être très rapide. Plus il a de détails à peindre, plus la surface recouverte est réduite. buon fresco - 2 LES TECHNIQUES DE DESSIN La sinopia ❖ ❖ La s i n o p i a est une peinture rouge sang, obtenue à partir d'une variété d'oxyde de fer que l'on trouve près de la ville de Sinope, au bord de la Mer Noire. Par extension, on appelle s i n o p i e l e s dessins que l'on retrouve parfois sous les fresques Cette méthode de dessin est la seule utilisée jusque vers 1440. Le dessin est réalisé sur la couche d'a r ri c c i o avant la pose de l'i n t o n a c o. Il apparaîtra par transparence sous la fine couche de mortier humide. Avec un fil de maçon trempé dans la sinopia, on peut quadriller la surface à peindre. Cette "mise au carreau" permet d'agrandir le dessin réalisé par le peintre sur une feuille de papier. Il suffit ensuite de dessiner avec un pinceau chargé de sinopia une esquisse qui donne aux commanditaires une idée du résultat et qui permet aux collaborateurs du maître de passer à la peinture proprement dite, après la pose de l'intonaco. Le spolvero ou poncif LES SINOPIE Lors de la technique dite du stacco, on pe ut re trou ve r sous la couc he d ' i n t o n a c o dé tac hée , le s fame ux dessins préparatoires : les sinopie. Elles sont de nos jours très appréciées. Toujours de la main du maître, elles nous semblent plus authentiques que la fre sque fin al e, résul tat de l a collaboration de nombreux élèves. Vers 1440, on trouve le moyen de réaliser de grandes feuilles de papier ou de carton. L'ensemble de la fresque va être dessinée grandeur nature sur plusieurs cartons qui constituent une sorte de puzzle. Chaque carton représente une giornata. On pose un de ces cartons dessinées sur l'intonaco. A l'aide d'une roue dentée ou d'un poinçon, on le perfore en suivant le dessin. On tamponne ensuite le carton avec une petite bourse de tissu fin remplie de noir de charbon. Le carton enlevé, on tro u ve sur l'intonaco un dessin en pointillé qu'il suffit de compléter à l'aide d'un fusain. L'impression Après avoir posé le carton sur l'intonaco, on suit le dessin à l'aide d'un stylet ou d'une pointe acérée. Le dessin imprimé dans le mortier humide peut être accentué par une incision. On obtient ainsi des lignes creuses très nettes qui évitent le mélange des couleurs. Après 1440, ces trois techniques peuvent être utilisées simultanément. Toutefois, le spolvero sera la technique la plus fréquemment employée. LA PEINTURE Méthode de peinture Les pigments sont dilués dans l'eau pure. Ils doivent être d'origine minérale, ce qui limite la palette des couleurs. Pour chaque couleur, on prépare trois nuances dans des bols de verre transparent. Pour ne pas perd re de temps, ces bols sont nu m é rotés et toujours posés aux mêmes endroits. Cette technique, proche de l'aquarelle ne permet aucun repentir (on ne peut pas corriger une erreur). Pour éviter des coulures, on commence toujours à peindre par le haut. En séchant, il se produit une réaction chimique qui aboutit à la cristallisation des pigments de couleur. Si la fresque est protégée des intempéries et de la folie des hommes, ses couleurs ne "bougeront" plus. Les ajouts La fresque achevée, le peintre peut reprendre a secco (à sec) certaines erreurs, ou rajouter certains détails. Il utilise soit la peinture a tempera, soit la peinture à l'huile (cf. fiche sur les techniques de la peinture). Ces repeints ne pénètrent pas dans le mortier désormais sec. Avec le temps, ils s'effaceront. Pour être plus rapide ou pour obtenir certains effets proches de la peinture à l'huile, certains peintres, à partir du 16e siècle réaliseront a secco la totalité de leur fresque. Elles sont hélas aujourd'hui très abîmées. L'exemple le plus célèbre en est "La dernière Cène" que Léonard de Vinci peint entre 1495 et 1497 dans le réfectoire du couvent Santa Maria delle Grazie, à Milan. Texte : Claude BASTY - Conception et réalisation : Michèle GOZARD - Edition 2001