La place de l`éthique Par Jean-Pierre Aumonti* M.Ed.Sp., M.Adm

La place de l’éthique COMITÉ D’ÉTHIQUE CLINIQUE
Par Jean‐Pierre Aumonti* M.Ed.Sp., M.Adm. Santé Qui que l’on soit à l’hôpital, à travers ses fonctions et ses tâches professionnelles, nous avons eu, un jour, à nous poser une question éthique. Mais voilà, la question éthique peut parfois apparaître embarrassante pour plusieurs. Combien de fois vous êtes‐vous dit face à une situation vécue ou observée: « Ai‐je le droit de me la poser? Qu’arrivera‐t‐
il si j’en parle? Cela ne préoccupe‐t‐il pas personne, sauf moi? Suis‐je la seule personne que cette situation dérange? Pourquoi personne ne réagit, cela n’a pas de bon sens? Il me semble que cela n’a pas d’allure. Pourquoi telle personne, habituellement consciencieuse, agit‐elle de cette façon sans que quelqu’un réagisse? Suis‐je seul à penser que c’est immoral, inhumain ou scandaleux d’agir de cette façon? C’est à ce moment que l’éthique apparaît à l’horizon et peut avoir une place. Mais voilà « Quelle place l’hôpital laisse‐t‐elle à l’éthique dans ma pratique professionnelle? » diront certains. On peut aussi poser la question à l’inverse « Qu’elle place occupe l’éthique dans ma pratique professionnelle ou technique? ». Chacun sa responsabilité. On pense souvent que l’éthique, c’est l’affaire des autres. Bien sûr, il y a la loi et ses règlements, les conventions collectives et il y a les fameux codes de déontologie pour chacune des professions ou métiers qui stipulent clairement ce que l’on peut faire et surtout quoi ne pas faire sinon ….. Cela peut parfois aider à résoudre un certain nombre de problèmes. Mais au‐delà de la règle, quand cette dernière a perdu son sens et que la raison ne fonctionne plus, on entre alors dans le monde de la réflexion, de la compréhension et de la discussion qu’est l’éthique. L’éthique est le monde des valeurs, nos valeurs personnelles, les valeurs de l’organisation, les valeurs de la société, les valeurs religieuses, les valeurs culturelles, les valeurs politiques et bien d’autres. Comment concilier tout ça et bien dormir après le travail sans s’user et être bien avec soi‐même. Est‐ce possible ou utopique? L’éthique se définit de bien des façons, cela peut paraître compliqué mais restons simple. L’éthique est une réflexion concernant la manière de conduire sa vie au quotidien. C’est l’art de bien vivre avec soi‐même et les autres. On n’a pas le droit de disqualifier son sens moral parce qu’on a peur de parler ou parce qu’on est intimidé par un collègue ou simplement parce qu’on n’a pas de temps à perdre avec ça, trop d’ouvrage. Après un certain temps, on s’écœure, on s’isole, on déprime, on est mal à l’aise, on fait ce qu’on nous dit de faire, point, et vogue la galère. L'intervenant en milieu hospitalier, en tant qu'être humain, a le devoir de se questionner sur ses valeurs, sa morale, sa raison d'être quant à ses interventions. CÉC 4 avril 2012
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Il ne peut plus intervenir pour intervenir. Il doit savoir réfléchir, se questionner, se positionner sur des questions aussi existentielles qu'éthiques: quelles sont nos forces et nos limites? Quelles sont les raisons pour lesquelles je choisis d'accepter une intervention ou la refuser ? Est‐ce que tout ce que je fais a du sens? Placé devant une question éthique, il n’y a pas vingt solutions. Il faut en parler, discuter, réfléchir avec des collègues ou ses superviseurs. Cela permet d’explorer les pistes de solutions pour briser l’isolement et l’angoisse de l’absence de solution. Être un intervenant éthique au XXIe siècle, à l’hôpital, c’est s’inclure dans la discussion éthique, c’est provoquer la discussion éthique, c’est chercher et trouver quelqu’un pour en parler et prendre le temps d’en parler, pour soi et pour les autres. La discussion éthique demande parfois du courage et de l’humilité. Faites‐le simplement, vous verrez, cela fonctionne parce que l’éthique, c’est le reflet de votre humanité. Si vous vous retrouvez dans une situation ambiguë et que vous êtes dans une impasse au plan éthique et que vous vous retrouvez seul, vous pouvez toujours contacter la conseillère à l’éthique de l’HMR, madame Paule Savignac au poste 3682 et au courriel suivant : [email protected] . L’écoute et l’accompagnement sont gratuits, confidentiels et sans jugement. Le comité d’éthique pourra ultimement étudier la situation et émettre un avis. i
*Monsieur Jean‐Pierre Aumont est membre du comité d’éthique clinique de l’HMR depuis 2008. Aujourd’hui à la retraite, il a exercé la fonction de directeur général dans un centre de réadaptation en déficience intellectuelle à Montréal pendant plus de 20 ans. CÉC 4 avril 2012
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