Formations à l`assurance

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Formations à l`assurance
[dossier]
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sommaire
30 – Les filières d’excellence
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P9DHH>:GR
Formations
à l’assurance
;DGB6I>DC
ÉCOLE SUPÉRIEURE
D’ASSURANCES (ESA)
N Lieu : Paris 20e.
ÉCOLE NATIONALE
DE LA STATISTIQUE
ET DE L’ADMINISTRATION
ÉCONOMIQUE (ENSAE)
N Statut : association loi de 1901.
N Formations initiales liées
à l’assurance : BTS assurance,
bachelor assurances, certificat
de qualification professionnelle
(CQP) de chargé de clientèle,
manager de l’assurance,
MBA ingénierie et gestion
de patrimoine, MBA audit et
management des risques et des
assurances de l’entreprise.
N Étudiants formés : 400.
N Coût moyen d’une formation :
6 000 ` par an.
N Certaines formations
initiales ont davantage
la cote que d’autres
auprès des DRH.
Suivre ces cursus,
c’est la certitude de
décrocher rapidement
un emploi, qui plus est
à un bon salaire.
N Lieu : Malakoff (Hauts-de-Seine).
N Statut : école d’ingénieur.
N Formations initiales liées
à l’assurance : ingénieur
statisticien économiste
spécialité actuariat, mastère
spécialisé mention actuariat.
N Étudiants formés : de 30 à 40.
N Coût moyen d’une formation :
INSTITUT DE SCIENCE
FINANCIÈRE
ET D’ASSURANCES (ISFA)
ÉCOLE NATIONALE
D’ASSURANCES (ENASS)
N Lieu : Paris-La Défense.
N Statut : programme coordonné
du Conservatoire national des
arts et métiers (Cnam).
lors que le chômage ne
cesse de progresser en
France, le secteur de
l’assurance continue
d’embaucher. Selon
l’Observatoire sur les métiers des
salariés de l’assurance, le secteur
a recruté plus de 12 000 personnes
en 2011. Ce phénomène est en
partie dû au « papy-boom ». Pour
compenser les nombreux départs
à la retraite, les entreprises ont
décidé de faire appel à un afflux
de jeunes diplômés. Ainsi, les
N Statut : université.
N Formation initiale liée à
N Étudiants formés : 770 élèves,
dont 650 en formation initiale.
N Étudiants formés :
une cinquantaine.
N Coût moyen d’une formation :
5 150 ` par an.
N Coût moyen d’une formation :
entre 300 et 400 `par an.
nouveaux entrants dans l’assurance sont majoritairement
(58,4 %) des moins de 30 ans, titulaires pour les trois quarts d’entre
eux d’un diplôme d’un niveau
égal ou supérieur à bac + 2. Un
quart des embauchés (24,1 %)
détiennent même un bac + 5 et
plus. Un taux qui n’a cessé de croître
ces dernières années, augmentant de 8 points depuis 2002.
« Nos métiers sont de plus en plus
techniques et complexes. Du coup,
nous recherchons des personnes
N Lieu : Paris 16e.
N Statut : école rattachée
à l’université Lyon-1.
N Formations initiales liées
l’assurance : master assurance
et gestion du risque.
à l’assurance : masters 2
sciences actuarielle
et financière (SAF), sécurité
des systèmes informatiques en
finance et en assurance (S2IFA),
recherche en gestion
des risques en assurance
et en finance (GRAF).
N Statut : université.
N Formation initiale liée
à l’assurance : master 2
gestion de patrimoine.
N Étudiants diplômés :
entre 30 et 35 par an.
N Coût moyen d’une formation :
entre 1 500 ` et 4 000 `.
N Étudiants formés : 600.
N Coût moyen d’une formation :
ingénieur statisticien
économiste (615 `), mastère
spécialisé (10 000 ` si salarié,
5 000 ` sinon).
A
UNIVERSITÉ PARIS-DAUPHINE
N Lieu : Lyon 7e.
ÉCOLE UNIVERSITAIRE
DE MANAGEMENT
N Lieu : Clermont-Ferrand.
N Formations initiales liées
à l’assurance : licence
professionnelle d’assurance,
master assurance.
250 ` pour l’année.
dont les qualifications sont plus
adaptées à ces métiers », justifie
Yves Laqueille. Comme le directeur des ressources humaines
d’Allianz France, les recruteurs
veulent désormais embaucher
des jeunes diplômés titulaires
au minimum d’une licence et/ou
d’un master.
Les deux phares du secteur
Or, les établissements d’enseignement supérieur délivrant ces précieux sésames ne manquent pas.
Entre les nombreuses écoles de
commerce, les écoles d’ingénieurs
et les cycles universitaires, les étudiants ont le choix.
Seulement voilà : pour rentrer
dans le monde de l’assurance,
mieux vaut aujourd’hui être
diplômé d’écoles reconnues par
la profession. Car même si tous
les recruteurs interrogés disent
« s’intéresser plus à la personnalité
qu’au cursus des candidats », certaines filières ont davantage la
cote que d’autres auprès des DRH.
Selon Louis Guastavino, directeur
senior des divisions banque et
assurance du cabinet de recrutement Page Personnel, « les écoles
phares pour les bac + 5, ce sont
l’Enass puis l’Esa ». À elles deux,
Attention : ces six établissements
ne constituent pas une liste exhaustive
des formations à l’assurance
dispensées en France.
l’École nationale de l’assurance
(Enass) et l’École supérieure d’assurances (Esa) accueillent plus de
1 000 étudiants par an, parmi lesquels figurent bon nombre de
salariés du secteur en formation
"EdjgaZhb‚i^ZghiZX]c^fjZh!
cdjhgZX]ZgX]dcheajiiYZhegdÒah
hdgiVciYɂXdaZhhe‚X^Va^h‚Zh#"
Christine Goavec, directrice hommes,
marque et culture d’April
L’ARGUS DE L’A SSURANCE. N° 7301 . 22 février 2013 . a rg usdelassu ra n ce. com
L’ A RGUS DE L’ A S S U R A NC E. N ° 73 01 . 2 2 f é v r ier 2013 . argusdelassurance.com
30
31
34 – L’alternance
en pleine explosion
professionnelle continue. La spécificité de ces établissements
parisiens ? « Ce sont les deux seules
formations en France dédiées à
100 % à tous les métiers de l’assurance », répond Pierre-Charles
Pradier, directeur délégué de
l’Enass, qui ajoute : « Nous sommes
l’école d’une profession, le lieu où
tous les assureurs se retrouvent.
Les enseignants de l’école sont
d’ailleurs tous des acteurs du secteur. » Autre particularité : les
diplômes proposés dans ces •••
Près d’un quart des recrues de l’assurance possèdent aujourd’hui
un diplôme de niveau bac + 5. Les établissements
d’enseignement supérieur qui délivrent ce précieux sésame
ne manquent pas. Toutefois, certaines formations initiales
sont plus prisées que d’autres dans le secteur.
Publiques ou privées, ces écoles renommées axent
désormais leur offre pédagogique sur l’alternance, et,
pour les jeunes qui en suivent les cursus, elles sont la garantie
de décrocher un emploi dès la fin de leurs études.
L’ A rgus de l’ A s s u r anc e . 0 0 moi s 2011 . a rg usdelassu ra n ce. com
29
[ dossier ]
formation
École supérieure
d’assurances (Esa)
n Lieu : Paris 20e.
École nationale
de la statistique
et de l’administration
économique (Ensae)
n Statut : association loi de 1901.
n Formations initiales liées
à l’assurance : BTS assurance,
bachelor assurances, certificat
de qualification professionnelle
(CQP) de chargé de clientèle,
manager de l’assurance,
MBA ingénierie et gestion
de patrimoine, MBA audit et
management des risques et des
assurances de l’entreprise.
n Étudiants formés : 400.
n Coût moyen d’une formation :
6 000 € par an.
n Certaines formations
initiales ont davantage
la cote que d’autres
auprès des DRH.
Suivre ces cursus,
c’est la certitude de
décrocher rapidement
un emploi, qui plus est
à un bon salaire.
n Lieu : Malakoff (Hauts-de-Seine).
n Statut : école d’ingénieur.
n Formations initiales liées
à l’assurance : ingénieur
statisticien économiste
spécialité actuariat, mastère
spécialisé mention actuariat.
n Étudiants formés : de 30 à 40.
n Coût moyen d’une formation :
École nationale
d’assurances (Enass)
n Lieu : Paris-La Défense.
n Statut : programme coordonné
du Conservatoire national des
arts et métiers (Cnam).
n Formations initiales liées
à l’assurance : licence
professionnelle d’assurance,
master assurance.
n Étudiants formés : 770 élèves,
dont 650 en formation initiale.
n Coût moyen d’une formation :
5 150 € par an.
ingénieur statisticien
économiste (615 €), mastère
spécialisé (10 000 € si salarié,
5 000 € sinon).
A
lors que le chômage ne
cesse de progresser en
France, le secteur de
l’assurance continue
d’embaucher. Selon
l’Observatoire sur les métiers des
salariés de l’assurance, le secteur
a recruté plus de 12 000 personnes
en 2011. Ce phénomène est en
partie dû au « papy-boom ». Pour
compenser les nombreux départs
à la retraite, les entreprises ont
décidé de faire appel à un afflux
de jeunes diplômés. Ainsi, les
nouveaux entrants dans l’assurance sont majoritairement
(58,4 %) des moins de 30 ans, titulaires pour les trois quarts d’entre
eux d’un diplôme d’un niveau
égal ou supérieur à bac + 2. Un
quart des embauchés (24,1 %)
détiennent même un bac + 5 et
plus. Un taux qui n’a cessé de croître
ces dernières années, augmentant de 8 points depuis 2002.
« Nos métiers sont de plus en plus
techniques et complexes. Du coup,
nous recherchons des personnes
L’ A rgus de l’ A s s u ra nc e. N ° 73 01 . 2 2 f é v r ier 2013 . a rg usdelassu ra n ce. com
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dont les qualifications sont plus
adaptées à ces métiers », justifie
Yves Laqueille. Comme le directeur des ressources humaines
d’Allianz France, les recruteurs
veulent désormais embaucher
des jeunes diplômés titulaires
au minimum d’une licence et/ou
d’un master.
Les deux phares du secteur
Or, les établissements d’enseig­ne­
ment supérieur délivrant ces pré­
cieux sésames ne manquent pas.
[ dossier ]
Institut de science
financière
et d’assurances (Isfa)
Université Paris-Dauphine
n Lieu : Lyon 7e.
École universitaire
de management
n Lieu : Clermont-Ferrand.
n Statut : université.
n Formation initiale liée
à l’assurance : master 2
gestion de patrimoine.
n Étudiants formés :
une cinquantaine.
n Coût moyen d’une formation :
entre 300 et 400 € par an.
n Lieu : Paris 16e.
n Statut : école rattachée
à l’université Lyon-1.
n Statut : université.
n Formations initiales liées
n Formation initiale liée à
l’assurance : master assurance
et gestion du risque.
à l’assurance : masters 2
sciences actuarielle
et financière (SAF), sécurité
des systèmes informatiques en
finance et en assurance (S2IFA),
recherche en gestion
des risques en assurance
et en finance (GRAF).
n Étudiants diplômés :
entre 30 et 35 par an.
n Coût moyen d’une formation :
entre 1 500 € et 4 000 €.
n Étudiants formés : 600.
n Coût moyen d’une formation :
250 € pour l’année.
Entre les nombreuses écoles de
commerce, les écoles d’ingénieurs
et les cycles universitaires, les étudiants ont le choix.
Seulement voilà : pour rentrer
dans le monde de l’assurance,
mieux vaut aujourd’hui être
diplômé d’écoles reconnues par
la profession. Car même si tous
les recruteurs interrogés disent
« s’intéresser plus à la personnalité
qu’au cursus des candidats », certaines filières ont davantage la
cote que d’autres auprès des DRH.
Selon Louis Guastavino, directeur
senior des divisions banque et
assurance du cabinet de recrutement Page Personnel, « les écoles
phares pour les bac + 5, ce sont
l’Enass puis l’Esa ». À elles deux,
Attention : ces six établissements
ne constituent pas une liste exhaustive
des formations à l’assurance
dispensées en France.
l’École nationale de l’assurance
(Enass) et l’École supérieure d’assurances (Esa) accueillent plus de
1 000 étudiants par an, parmi lesquels figurent bon nombre de
salariés du secteur en formation
" Pour les métiers techniques, nous recherchons plutôt des profils
sortant d’écoles spécialisées. "
Christine Goavec, directrice hommes,
marque et culture d’April
L’ A rgus de l’ A s s u ra nc e. N ° 73 01 . 2 2 f é v r ier 2013 . a rg usdelassu ra n ce. com
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professionnelle continue. La spécificité de ces établissements
parisiens ? « Ce sont les deux seules
formations en France dédiées à
100 % à tous les métiers de l’assu­
rance », répond Pierre-Charles
Pradier, directeur délégué de
l’Enass, qui ajoute : « Nous sommes
l’école d’une profession, le lieu où
tous les assureurs se retrouvent.
Les enseignants de l’école sont
d’ailleurs tous des acteurs du sec­
teur. » Autre particularité : les
diplômes proposés dans ces •••
[ dossier ]
Une voie étroite,
mais une voie royale
Pour autant, tous les jeunes diplômés recrutés dans l’assurance ne
sortent pas uniquement de ces
deux écoles. « Pour les métiers
techniques, nous ne cherchons pas
des généralistes, mais plutôt des
profils qui sortent d’écoles spécia­
lisées », indique Christine Goavec,
directrice hommes, marque et
culture d’April. Un argument qui
vaut principalement pour les
actuaires. En effet, les évolutions
liées aux normes européennes,
et plus particulièrement aux exigences de Solvabilité 2, placent
ces financiers au cœur de la stratégie des sociétés d’assurances.
Du coup, les étudiants formés aux
techniques actuarielles sont très
recherchés par les entreprises.
toujours plus haut
Niveau de diplôme des nouveaux entrants dans l’assurance (en %)
2011
2002
Cadres
> bac+2
> bac+5
22,0
68,5
16,5
26,2
74,8
24,1
« Dans ce domaine, l’Isfa et l’Isup
[Institut de statistique de l’université de Paris, NDLR] font figure de
référence, avec le Centre d’études
actuarielles [CEA] », observe
Frédérique Bouvier, directrice du
recrutement d’Axa France. Preuve
de son succès, l’Institut de science
financière et d’assurances (Isfa)
de Lyon, qui forme une centaine
d’actuaires par promotion, « reçoit
environ quatre fois plus de de­
mandes d’inscription qu’il y a de places dans l’école », selon son
administrateur provisoire, Nicolas
Leboisne. Précision importante :
l’Isfa, l’Isup et le CEA sont trois
des dix formations reconnues par
La part des bac + 5
dans le contingent
annuel des recrues
du secteur a augmenté
de 50 % en moins
de dix ans.
source : enquête métiers 2012, roma
••• filières foisonnent. Rien qu’à
l’Esa, du BTS assurance (bac + 2)
au MBA audit et management
des risques et des assurances de
l’entreprise (bac + 5), on ne compte
pas moins de six formations ini­
tiales liées à la profession.
l’Institut des actuaires (1), l’organisme
qui réglemente la profession.
La liste des filières d’excellence
dans l’assurance ne s’arrête pas
là. « Même si l’assurance est assez
peu enseignée dans les facultés, il y a toutefois des cursus univer­
sitaires qui sont très prisés par les
acteurs du secteur. Je pense notam­
ment au master 2 gestion de patri­
moine de Clermont-Ferrand ou
encore au master assurance et gestion du risque de Paris-Dau­
phine », indique Olivier Arroua,
cofondateur de Selenis, cabinet
de conseil spécialisé dans les secteurs banque, assurance et protection sociale.
José Milano, directeur des affaires sociales
à la Fédération française des sociétés d’assurances (FFSA)
n Quelles filières préparent le mieux
aux métiers de l’assurance ?
On pense spontanément aux écoles supérieures
dédiées à l’assurance, ainsi qu’aux formations
spécialisées comme celles destinées
aux actuaires. Pour ma part, je suis persuadé
que les universités sont aussi d’excellentes
formations. Certes, ces filières sont plus
généralistes. Pour autant, elles représentent
un formidable vivier de candidats
pour les entreprises. Et elles ont l’avantage
de couvrir l’ensemble du territoire national.
n Ces filières ne sont-elles pas perfectibles ?
Les métiers de l’assurance se sont
considérablement complexifiés. Par exemple,
les dimensions services
et réglementation
n’existaient pas,
tout au moins à ce degré,
il y a dix ans. Désormais, les universités
doivent donc prendre en compte
ces évolutions dans leurs formations.
Or, aider et inciter ces filières à faire évoluer
leur offre pédagogique, c’est le rôle
de l’Université de l’assurance,
créée il y a bientôt deux ans pour promouvoir
les métiers de notre secteur. Nous travaillons
aussi pour que ces formations théoriques
deviennent plus professionnalisées.
Des changements seront visibles
dès la rentrée universitaire 2013.
dr
« Les universités sont également
d’excellentes formations »
L’ A rgus de l’ A s s u ra nc e. N ° 73 01 . 2 2 f é v r ier 2013 . a rg usdelassu ra n ce. com
32
Pour les étudiants, suivre l’une
de ces formations – qu’elles soient
privées ou publiques –, c’est l’assurance de décrocher rapidement
un poste. « Plus de 95 % des diplômés de notre master trouvent
un emploi dans les trois mois :
pour les étudiants en formation
initiale, ce chiffre est encore supé­
rieur à 90 %. Soit un taux d’inser­
tion professionnelle largement
supérieur à la plupart des forma­
tions de niveau bac + 5 », précise
Pierre-Charles Pradier, directeur
délégué de l’Enass. Mieux, « régu­
lièrement, les étudiants sont même embauchés avant la fin de
leur master », explique Benoît
Raynaud, codirecteur du master 2
gestion de patrimoine à l’université d’Auvergne.
Des rémunérations
plus qu’honorables
Si le marché offre de belles perspectives de carrière pour ces
jeunes diplômés, Olivier Arroua
précise que « les diplômés de ces
filières ont en majorité des salaires
plus qu’honorables dès leur premier emploi ». Les étudiants
qui sortent de l’École nationale de
la statistique et de l’administration économique (Ensae, autre
formation ayant l’agrément de
l’institut des actuaires), « reconnus
aussi bien pour leurs connais­
sances théoriques que pour leurs
compétences pratiques », selon
Xavier Milhaud, responsable de
la voie actuariat à l’Ensae, ont
une rémunération moyenne
de 46 000 € par an. Une preuve
supplémentaire que l’assurance
est épargnée par la crise.
n Nicolas Thouet
1. Les dix filières reconnues par
l’Institut des actuaires : le Centre d’études
actuarielles (CEA), le Collège des
ingénieurs, le Conservatoire national
des arts et métiers (Cnam), l’École
supérieure des sciences économiques
et commerciales (Essec), l’Ensae,
l’Euro-institut d’actuariat de l’université de
Brest (Euria), l’Isfa, l’Isup, l’université de
Strasbourg, l’université de Paris-Dauphine.
[dossier]
2002
2007
2009
2011
le diplôme en travaillant
évolution (%) de la part de l’alternance
dans les recrutements dans l’assurance
n L’alternance est
désormais plébiscitée
dans le secteur,
aussi bien
par les étudiants
que par les entreprises
et les écoles,
lesquelles élargissent
ce dispositif à des
diplômes d’un niveau
de plus en plus élevé.
20,3
16,6
5,7
L’alternance
en pleine explosion
D
ans l’assurance, l’alternance
fait de plus en plus d’adeptes.
En dix ans, la part de ces
contrats de travail (apprentissage
et professionnalisation) dans les
embauches a quasiment été multipliée par quatre dans le secteur,
passant de 5,7 % en 2002 à 20,3 %
en 2011. La tendance ne devrait
pas s’inverser, car si le minimum
légal d’étudiants en alternance
est aujourd’hui fixé à 4 % de l’effectif dans les entreprises de plus
de 250 salariés, il sera porté à 5 %
de la masse salariale en 2015.
« De nombreuses entreprises n’ont
pas encore atteint ce quota. Si bien
qu’il y a désormais une très forte
mobilisation des acteurs de l’assu­
rance pour rattraper leur retard »,
explique Dominique Cauvin, direc­
trice générale adjointe de l’Institut
de formation de la profession de
l’assurance (Ifpass).
Au moment où le secteur enre­
gistre de nombreux départs à la
retraite, cette obligation réglementaire n’est pas forcément une
2002
2007
2011
Le poids des « alternants » dans les embauches du secteur
a été multiplié par quatre en dix ans. Les employeurs
apprécient de plus en plus ce mode d’insertion progressive
dans les réalités quotidiennes de l’entreprise.
contrainte pour les entreprises.
« Les compagnies d’assurances
manquent clairement de candi­
datures pour certains métiers. Du coup, elles recrutent de plus en plus via l’alternance », observe
Louis Guastavino, directeur senior
des divisions banque et assurance
de Page Personnel. Installée seulement depuis une dizaine d’années chez Axa France, l’alternance
est même devenue « le premier
vivier de recrutement du groupe »,
selon Frédérique Bouvier, sa
direc­trice du recrutement. Cette
année, l’assureur français table
sur 300 embauches d’alternants
dans les métiers commerciaux.
95 %
C’est la proportion des élèves
de l’Isfa en alternance,
au sein du master 2 sciences
actuarielle et financière.
L’ A rgus de l’ A s s u ra nc e. N ° 73 01 . 2 2 f é v r ier 2013 . a rg usdelassu ra n ce. com
34
2009
source : enquête formation 2012, rofa
12,9
À la fin de leur contrat de professionnalisation ou d’apprentissage, ces étudiants ont de grandes
chances de rester dans le groupe,
puisqu’en 2012, 50 % des per­
sonnes formées dans le réseau
salarié d’Axa France ont fina­
lement été embauchées.
Des avantages pour
les deux parties
Chez April, l’an dernier, ce sont
carrément 70 % des jeunes diplômés qui ont obtenu un CDI à
l’issue de leur contrat. « Comme
nous formons les “alternants” à
notre organisation, à nos valeurs
et à notre mode de gestion, si nous
finissons par recruter ces jeunes, ils auront déjà un réseau en interne et seront vite intégrés »,
souligne Bruno Vialard, le directeur des ressources humaines du
courtier lyonnais.
Pour autant, si l’alternance
connaît aujourd’hui un tel succès
dans les entreprises du secteur,
c’est aussi parce que l’offre de for-
[ dossier ]
« L’alternance augmente mes chances
de trouver un emploi »
5 %
dr
de faire mes premiers pas dans
un milieu dont je ne connaissais
jusqu’à présent ni les codes
ni les enjeux. Cette expérience
est aussi l’occasion de mettre
en pratique mes connaissances
théoriques et de valoriser
mes compétences. Un exemple :
j’ai pu récemment appliquer
chez BNP Paribas des méthodes
de calcul de provisionnement
que j’avais apprises en cours.
Alors, certes, je ne travaille pas
en permanence dans l’entreprise.
Pour autant, je me considère
comme un membre à part entière
de l’équipe dans laquelle
je fais mon apprentissage.
Au final, c’est donc un système
gagnant-gagnant pour moi et
mon employeur, et cette formation
augmente clairement mes chances
de trouver un emploi dès la fin
de mes études. »
Ce sera la part minimale
d’« alternants » dans la masse
salariale des entreprises de
plus de 250 salariés en 2015,
au lieu de 4 % aujourd’hui.
Yacine Bizouard, 23 ans,
en alternance chez BNP Paribas
Group Risk Management
n « En parallèle de mes études
d’actuariat à l’Isfa de Lyon,
je suis, depuis septembre dernier,
en apprentissage chez
BNP Paribas, où je m’occupe
de la révision et de l’amélioration
du modèle interne partiel
Solvabilité 2 de Cardif.
Cette formation me permet
mation s’est considérablement
enrichie. « Les grandes écoles pro­
posent de plus en plus l’alternance
comme mode d’acquisition d’un
diplôme », remarque Norbert
Girard, secrétaire général de
l’Observatoire de l’évolution des
métiers de l’assurance. Que ce
soit les écoles de commerce ou les
établissements d’enseignement
supérieur spécialisés dans l’assurance, tous axent désormais une
grande partie, voire la totalité de
leur pédagogie sur l’alternance.
Du coup, longtemps réservée aux
CAP et autres bac pro, cette voie
est dorénavant accessible aux
étudiants qui suivent un master.
Selon le dernier « Rapport de
l’Observatoire sur les formations
des salariés de l’assurance » (Rofa),
le nombre d’étudiants en alternance disposant d’un bac + 3 ou 4
a ainsi doublé entre 2006 et 2011.
Le constat est également valable
pour les titu­laires d’un bac + 5.
Si bien qu’aujourd’hui, plus d’un
quart des « alternants » possède au
mini­mum une licence. « Lorsque
nous avons proposé le master en alternance en 2006, la promo­
tion comprenait 24 étudiants.
Cette année, ils sont 53 », précise
Dominique Cauvin, de l’Ifpass.
Créé en 1930, l’Institut de science
financière et d’assurances (Isfa)
de Lyon ne propose, pour sa part,
l’alternance dans son programme
de for­mation que depuis l’an 2000.
« Douze ans plus tard, 95 % de nos
100 élèves de master 2 sciences ac­
tuarielle et financière sont en alter­
nance », précise son administrateur
provisoire, Nicolas Leboisne.
Pour les étudiants, cette ouverture des grandes écoles accroît en
tout cas leurs chances de décrocher un emploi à la fin de leurs
études. « Ce dispositif nous permet
d’intégrer des collaborateurs que
une professionnalisation croissante
Évolution du niveau de diplôme chez les moins de 30 ans
travaillant dans l’assurance (chiffres en pourcentage)
< Bac
44,5
> Bac + 5
Bac + 2
source : enquête métiers 2012, roma
40,7
23,3
20,7
18,5
14,5
2002
2011
2002
2011 2002
2011
En presque dix ans,
la formation des
juniors est passée
de licence ou moins
à master ou plus.
Le secteur a besoin
de compétences
plus pointues
pour accompagner
ses mutations.
L’ A rgus de l’ A s s u ra nc e. N ° 73 01 . 2 2 f é v r ier 2013 . a rg usdelassu ra n ce. com
35
" Ce dispositif nous
permet d’intégrer
des collaborateurs
que nous connaissons
parfaitement bien. "
Frédérique Bouvier, directrice
du recrutement d’Axa France
nous connaissons parfaitement
bien. En effet, si nous recrutons un
“alternant” en CDI à la fin de son
master alors qu’il était entré chez
nous en BTS, il aura au total déjà
passé quatre ans dans l’entreprise »,
observe Frédérique Bouvier, d’Axa
France. Autre avantage non négligeable pour l’étudiant : alors que
l’inscription à ces grandes écoles
est souvent onéreuse, une partie
de ses frais de scolarité est prise
en charge par l’entreprise qui
l’accueille en alternance.
« Économiquement, ce dispositif
est également intéressant pour les
entreprises », remarque Patrice
Michel Langlumé. En effet,
comme le souligne le président de
l’École supérieure d’assurances
(Esa), outre le fait que celles-ci
peuvent bénéficier d’avantages
fiscaux (exonération ou réduction
de cotisations sociales, crédit
d’impôt), « elles vont payer à un
salaire proche du Smic des gens
très performants prêts à travailler
durement pour décrocher un
CDI ». Grâce à cette nouvelle offre
des grandes écoles, les entreprises
vont aussi pouvoir ouvrir l’alternance à certains services, longtemps privées de ce mode d’insertion professionnelle. « Nous
n’hé­sitons plus désormais à pren­
dre des “alternants” aussi pour des
fonctions supports », in­dique ainsi
Yves Laqueille, directeur des ressources humaines d’Allianz
France. n N. T.