1 La Fontaine et les animaux

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1 La Fontaine et les animaux
1 La Fontaine et les animaux
Langage oral :
- recueil des idées des élèves
- mise en voix et théâtralisation des fables
Lecture :
- lire quelques fables et les comprendre
- saisir l’atmosphère d’un texte et le ton d’un texte en s’appuyant sur son vocabulaire
- donner une lecture expressive de quelques fables
Écriture :
- étude de versions différentes : la bande-dessinée
- récriture d’une fable sous forme de bande dessinée :
- identifier le lien entre le texte et l’image
- distinguer le discours du narrateur des dialogues des personnages
- insérer le texte dans la B.D.
- choisir l’apparence des personnages
- illustrer la B.D.
- choisir la mise en page de chaque planche
Vocabulaire :
- utiliser un dictionnaire pour vérifier le sens d’un mot
- découverte du sens de mots peu employés
- réinvestissement des mots en production d’écrit
Arts visuels :
- étude de la relation entre texte et image
- étude de l’emploi de la couleur à la manière de Marc Chagall
Histoire des arts :
- étudier des fables datant d’autres époques : Ésope …
- étude de l’œuvre de Marc Chagall
TIC :
- s’informer, se documenter :
- utiliser un mot-clé pour faire une recherche
- créer, produire, traiter, exploiter des documents :
- produire un texte, une image
Fable : Les Animaux malades de la peste
Un mal qui répand la terreur,
Mal que le Ciel en sa fureur
Inventa pour punir les crimes de la terre,
La Peste (puisqu'il faut l'appeler par son nom)
Capable d'enrichir en un jour l'Achéron,
Faisait aux animaux la guerre.
Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés :
On n'en voyait point d'occupés
A chercher le soutien d'une mourante vie ;
Nul mets n'excitait leur envie ;
Ni Loups ni Renards n'épiaient
La douce et l'innocente proie.
Les Tourterelles se fuyaient :
Plus d'amour, partant plus de joie.
Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis,
Je crois que le Ciel a permis
Pour nos péchés cette infortune ;
Que le plus coupable de nous
Se sacrifie aux traits du céleste courroux,
Peut-être il obtiendra la guérison commune.
L'histoire nous apprend qu'en de tels accidents
On fait de pareils dévouements :
Ne nous flattons donc point ; voyons sans indulgence
L'état de notre conscience.
Pour moi, satisfaisant mes appétits gloutons
J'ai dévoré force moutons.
Que m'avaient-ils fait ? Nulle offense :
Même il m'est arrivé quelquefois de manger
Le Berger.
Je me dévouerai donc, s'il le faut ; mais je pense
Qu'il est bon que chacun s'accuse ainsi que moi :
Car on doit souhaiter selon toute justice
Que le plus coupable périsse.
- Sire, dit le Renard, vous êtes trop bon Roi ;
Vos scrupules font voir trop de délicatesse ;
Et bien, manger moutons, canaille, sotte espèce,
Est-ce un péché ? Non, non. Vous leur fîtes Seigneur
En les croquant beaucoup d'honneur.
Et quant au Berger l'on peut dire
Qu'il était digne de tous maux,
Etant de ces gens-là qui sur les animaux
Se font un chimérique empire.
Ainsi dit le Renard, et flatteurs d'applaudir.
On n'osa trop approfondir
Du Tigre, ni de l'Ours, ni des autres puissances,
Les moins pardonnables offenses.
Tous les gens querelleurs, jusqu'aux simples mâtins,
Au dire de chacun, étaient de petits saints.
L'Ane vint à son tour et dit : J'ai souvenance
Qu'en un pré de Moines passant,
La faim, l'occasion, l'herbe tendre, et je pense
Quelque diable aussi me poussant,
Je tondis de ce pré la largeur de ma langue.
Je n'en avais nul droit, puisqu'il faut parler net.
A ces mots on cria haro sur le baudet.
Un Loup quelque peu clerc prouva par sa harangue
Qu'il fallait dévouer ce maudit animal,
Ce pelé, ce galeux, d'où venait tout leur mal.
Sa peccadille fut jugée un cas pendable.
Manger l'herbe d'autrui ! quel crime abominable !
Rien que la mort n'était capable
D'expier son forfait : on le lui fit bien voir.
Selon que vous serez puissant ou misérable,
Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.
Séance 1
 Lecture magistrale de la fable sans la morale, puis laisser les élèves débattre et
s’interroger.
 Lire de nouveau la fable avec pour consigne de noter les personnages rencontrés.
 Lister les 4 animaux principaux (le lion, le renard, l’âne et le loup) et en dresser le portrait
sur une affiche : noter surtout ce que représente chacun de ces animaux dans l’esprit de
tout à chacun en notant une série d’adjectifs qui les décrivent le mieux, ceci sur 4 affiches.
Séance 2
 Puzzle de lecture par groupe avec pour consigne de s’entraîner à la mise en voix suivie
d’explication par le groupe de ce qui a été compris :
- du début jusqu’à « partant plus de joie »
- le réquisitoire du lion
- celui du renard jusqu’à « petits saints »
- la parole de l’âne
- la fin de la fable sans la morale.
 Vérifier en fin de séance que l ‘ensemble de la fable a été comprise par les élèves de la
classe.
Étudier alors la manière dont se déroulait le conseil du roi Louis XIV (manuel d’Histoire) de
façon à ce que les enfants puissent faire un parallèle entre les documents historiques et la
satyre de La Fontaine.
Séance 3
 Débat : reprise des affiches de départ, les relire, les compléter puis réfléchir ensemble :
Pourquoi le choix de ces animaux et que représentent-ils ?
Laisser les enfants s’interroger, émettre des hypothèses.
 Proposer alors la caricature du paysan portant un noble et un prélat, réfléchir ensuite au
lien avec la fable afin de découvrir les 3 ordres :
- le lion représente le roi (de la jungle ?), quel roi ?
- le renard, le tigre et l’ours représentent les nobles et plus particulièrement les courtisans qui
passent leur temps à accompagner le roi et le flatter.
- l’âne représente le tiers-état.
- Le loup pourrait représenter le clergé qui sanctionne les péchés (« expier »).
 Compléter alors les affiches en notant les personnages que représente chaque animal,
imaginer d’autres animaux qui pourraient symboliser ces classes sociales.
La cigale stridule, la fourmi s’active, le corbeau croasse, le renard glapit, la grenouille coasse,
le mulet porte, le loup hurle, le chien aboie, la génisse mugit, le chêne tient bon, le roseau plie,
la chèvre béguète, la brebis bêle, le lion rugit, l’hirondelle trisse, le rat des villes couine,
urbainement le rat des champs couine, champêtrement l’agneau bébelle, l’homme bavarde,
le singe hurle, le savetier chantonne, le financier s’inquiète, le meunier admoneste,
le fils écoute, l’âne brait, le dragon crache du feu, la cigogne glottore, le coq coquerique,
le frelon bourdonne, la mouche vrombit, le taureau beugle, la chauve-souris se peigne,
la belette fouine, l’aigle trompette, la colombe caracoule, l’astrologue prédit, le lièvre vagit,
le paon braille, la chouette ulule, le bouc pue, la laie nasille, l’araignée ourdit, le cygne se
vante,
le dauphin cabriole, le geai cajole, le cheval hennit, le cerf brame, l’alouette grisolle,
le poussin piaule, le hibou bouboule, l’ours grogne, la tortue se hâte, le héron craquète,
le vautour plane, la lapin clapit, la puce saute, l’huître bâille, le cochon grognonne,
le mouton tricote, l’éléphant barrit, le faucon guette, le milan huît, le rossignol gringotte,
la couleuvre chuinte, le canard cancane, le cormoran pêche, le perroquet répète,
le chat-huant hue, le moineau pépie, l’écrevisse recule, la pie jacasse, le hérisson se hérisse,
la gazelle court.
« et moi ? dit la fauvette, « et moi ? »
« toi, tu n’es pas dans les fables de monsieur Jean »
« oui, mais moi je zinzinule »
Jacques ROUBAUD
Editions Complexes, 1995

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