MEMOIRES VIVANTES DU CANTON DE QUARRE LES TOMBES
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MEMOIRES VIVANTES DU CANTON DE QUARRE LES TOMBES
MEMOIRES VIVANTES DU CANTON DE QUARRE LES TOMBES Association régie par la loi du 1er Juillet 1901 Mairie 89630 Saint-Germain-des-Champs Tel : 0386342333 – Fax : 0386345808 Site Internet : http://www.memoiresvivantes.org http://mémoiresvivantes.free.fr N° 9 - Novembre 2004 L’EDITO Après nos déboires informatiques de l’été, nous avons repris nos activités normalement, tout en rectifiant notre programmation pour le développement de celles-ci. Aujourd’hui, l’ouvrage consacré à la période 39-45 sur notre canton est bien avancé et son édition est programmée pour le printemps 2005. Nous avons encore quelques interviews des témoins de l’époque à réaliser. Nous pouvons vous dévoiler le titre de cet ouvrage : « De l’ombre à la lumière : le canton de Quarré pendant l’occupation ». Vous pourrez découvrir à travers des témoignages et des documents encore inédits ce que fut réellement cette période, de manière chronologique. A partir des contextes international, national et même local de l’époque, vous pourrez revivre la débâcle militaire, l’exode et l’arrivée des nazis dans nos villages. De même, vous découvrirez comment la lutte contre l’occupant, qui n’était pas encore la Résistance, s’est organisée dans notre canton, à l’initiative des militants communistes. Le STO a conduit de nombreux clandestins dans nos forêts. A l’attentisme passif de la population ont succédé des dénonciations et même la collaboration, sans compter la présence active de la milice. La Résistance s’est alors organisée autour de deux axes : à Quarré les Tombes avec des éléments extérieurs comme Jean Sylvère, Jean Longui et Paul Bernard, à Saint Léger Vauban avec Armand Simonnot, Jean Couhault, Maria Valtat et bien d’autres encore. Cette organisation a jeté les bases de deux maquis importants sur notre canton ou ses marges : le maquis Vauban et le maquis Camille. Mais à Saint Brisson, un autre maquis – le maquis Bernard – a été contraint de se partager en plusieurs groupes, dont celui du Bois de Mont. Vinrent alors en 1943 et au printemps 1944 les grandes rafles et les arrestations, à Saint Léger avec la traque du maquis Vauban d’Armand Simonnot,, et à Quarré. Vous avez déjà pris connaissance dans ces colonnes des circonstances du premier parachutage d’armes au champ de Vannay et de ses conséquences pour les résistants locaux, et en particulier pour le destin tragique de Betty Gilbert que nous évoquons dans ce numéro. Vous suivrez à la trace la section de SAS qui a été parachutée près de l’étang de Bussières, le lendemain du débarquement. Vous vivrez également toutes les batailles du maquis Camille et du régiment Verneuil qui a rassemblé aux Isles Ménéfriers près de 2000 personnes. Nous dévoilerons également la vie quotidienne au sein de ces maquis : les réquisitions chez l’habitant, la justice expéditive, etc…Nous terminerons enfin par la période de la Libération. De cet ouvrage qui, je le rappelle, vous sera proposé par souscription publique (donc à tirage limité), sera tirée une exposition toujours prévue en Mairie de Saint Léger Vauban. Dans le même temps, nous engageons une action d’ampleur sur le patrimoine local et nous vous en parlons un peu plus en détail dans ce numéro. Enfin, nous avons les éléments pour procéder à la réédition des deux volumes de l’abbé Henry. Mais là encore, nous devons gérer la programmation de nos éditions. Votre association se porte bien, pour votre plus grand plaisir, nous l’espérons ! Le Président de Mémoires Vivantes : Alain HOUDAILLE 1 UN PROJET CULTUREL ET FESTIF POUR LE PROCHAIN PRINTEMPS TRANSMETTRE AUX GENERATIONS FUTURES LE SAVOIR FAIRE DU PIECHAGE Cette action constitue un volet de notre plan global pour la mémoire, la sauvegarde de notre patrimoine rural. La transmission des savoirs faire anciens af it partie de ce plan d’actions. Les haies plessées – les piéchies – avec parfois les entrées de champ remarquables par leur deux mégalithes de granit et la barrière en bois, font partie intégrante de ce patrimoine. Nous avons décidé de lancer une action au printemps prochain en faveur de ce petit patrimoine. Cette action se déroulera sur un week-end de deux jours, entouré de diverses manifestations. Au rang de ces manifestations périphériques : une conférence sur le bocage, avec film vidéo et débat. Pour l’action proprement dite : appel lancé à nos anciens pour qu’ils transmettent leur savoir faire aux jeunes générations et à tous ceux qui le désirent. Apprendre à faire une « piéchie ». Reconstituer, lorsqu’elles n’existent pas, des entrées de champ : comment fait- on une barrière en bois ? Pour le volet festif : on peut imaginer le samedi soir une râpée morvandelle (voir notre recette dans le précédent numéro) avec une animation musicale morvandelle, et le dimanche midi, une saint cochon (dans les limites de la réglementation), réservées bien entendu aux participants actifs de ce week-end. L’action est ambitieuse, mais il faut des volontaires. Tout d’abord des anciens qui savent piécher : nous avons déjà repéré quelques gaillards encore bien en forme. Puis des plus jeunes, qui veulent acquérir ce savoir faire : nous lancerons une inscription. Et enfin, des propriétaires qui acceptent cette opération. Un chantier ouvert par commune, au bord d’une route passagère, serait idéal. Car il s’agit bien pour nous de montrer notre patrimoine et notre savoir faire et de le valoriser. Pour cela, nous mettrons bien entendu la presse dans le coup et la télé. Nous réaliserons un produit audio-visuel. Mais aussi, par une signalétique adaptée, nous montrerons au public, c'est- à-dire au touriste, ce patrimoine que nous entendons sauvegarder. Pour mener cette action, il faut bien entendu des partenaires financiers, au-delà du bénévolat de chacun. A cet égard, nous souhaitons faire entrer cette action dans le plan bocage récemment mis au point par le Conseil Régional de Bourgogne. Nous mettrons également à contribution le Parc Régional du Morvan. Nous solliciterons à nouveau le département par le biais de notre conseiller général, les communes (pas toutes) subventionnant déjà notre association. Dès que le plan de financement sera bouclé, nous lancerons un appel à la population pour s’inscrire dans la démarche. Si vous êtes déjà partant pour ce week-end, choisi avant la remontée de la sève, n’hésitez pas à nous le faire savoir. Merci ! RUBRIQUE BIOGRAPHIE Nous suspendons provisoirement la rubrique biographie. Non pas que l’histoire de notre canton manque de personnages dignes d’intérêt. Mais il nous faut approfondir nos recherches. Un personnage important n’a pas encore figuré dans cette rubrique : il s’agit du maréchal Vauban. Comme nous avons un grand projet pour 2007 – la commémoration du tricentenaire de la mort de notre maréchal nous aurons le temps d’en reparler. Mais la rubrique se rouvrira : nous pourrons par exemple effectuer des recherches sur l’histoire des maires de nos communes depuis la révolution française. Mais pour cela, nous faisons appel à celles et ceux qui y portent intérêt et qui disposent d’un peu de temps : des recherches dans les Mairies s’imposent. S’il y a des volontaires (un ou deux par commune), merci de vous signaler ! Appel discret à nos aînés et leurs associations ! 2 LE DOSSIER CENTRAL BETTY GILBERT : AU BOUT DE L’ENFER ! Dans le dossier central de notre dernier bulletin, nous avons évoqué le parachutage d’armes au champ de Vannay. Cinq mois plus tard, il allait avoir des conséquences dramatiques. Lorsque Bob, l’agent de liaison parisien des FTP, vient pour la première fois à Quarré rendre visite à Antoine Sylvère, vers la mi -42, il déclare directement à Betty Gilbert : « Pour faire la guerre, il faut des armes et des munitions. Il en traîne un peu partout dans cette région et il faut les récupérer par tous les moyens ». Betty savait bien qu’à St Léger, Armand Simonnot, Santiago Lorano, Jean Couhault et leurs camarades avaient déjà ramassé ce qu’ils pouvaient, mais cela était insuffisant. Des solutions furent trouvées. Les Allemands avaient réquisitionné les armes de chasse, stockées en mairie de Quarré : une partie de celui-ci avait mystérieusement disparu, pour se retrouver cachée dans une armoire, enfouie dans un champ à Mennemois ! Abel Gilbert, René Duban et Henri Guillot se chargèrent de les transporter aux Moingeots, dans une cage à cochon chargée sur un chariot auquel on avait attelé Fauvette, la vieille jument. Bob vint fréquemment se servir dans le stock d’armes pour le meilleur profit des FTP parisiens. Et Betty assurait régulièrement l’accueil des visiteurs. Hélas, le 6 ou 7 Mars 1943, Bob fut arrêté à la gare de Lyon à Paris. Il portait sur lui une quittance de loyer correspondant au logement de Sissy, une des filles d’Antoine Sylvère, à SaintMandé. Il a également le livret militaire de Pierre Pellé, dit Pierrot, le petit copain d’une autre fille de Toinou, et, caché dans une couture de son veston, le plan de la cache d’armes à Quarré lorsqu’elle était encore chez Toinou, rue de l’Etang. Les Allemands avaient suffisamment d’éléments pour remonter toute la filière de Quarré, à commencer par Pierrot Pellé, qui donna tout le monde. La nouvelle parvient au petit noyau de résistants à Quarré. « Pierrot est arrêté, nous sommes foutus ! » fut la réaction de Toinou devant ses camarades. Toinou connaissait bien son futur gendre et ne se trompât point. Les choses ne traînèrent pas. Début Avril, Kléber Blanchard, le brigadier chef de la gendarmerie de Quarré, fut sans doute informé de l’arrivée prochaine d’un commando allemand. Il prévint tout le monde. Toinou, de caractère toujours optimiste, bien que réaliste vis-à-vis de Pellé, resta sceptique, mais accepta de coucher provisoirement chez Pierre Bigé. René Duban, Louis Guillot se cachérent. Luc et Lionel, au Moulin Simonneau, qui avaient été rejoints par un parent, préférèrent passer leur nuit dans la forêt, au lieu-dit bois de l’Homme Mort. Cheveau était chargé de prévenir de son côté les Gilbert, mais préféra assurer d’abord sa propre sécurité. Betty était déjà méfiante car, alors qu’elle était à Saulieu, elle avait reçu le samedi 11 avril la visite d’une personne qui avait toute l’apparence d’un milicien. Elle jugea bon de brûler tout ce qui était compromettant : les tracts apportés le lendemain par Charles Ravereau (décédé cette année), le parachute d’un aviateur anglais, hébergé dans l’écurie, etc… Le 13 Avril, à 3h du matin (jour et heure choisis par les Allemands pour intervenir à Saulieu chez le fils Toinou qui y dirigeait une entreprise forestière et à Quarré), une traction, un car de feldgendarmes, un camion de troupes déboulent aux Moingeots. Les visiteurs nocturnes encerclent la maison des Gilbert, se ruent sur la porte en tapant et en hurlant. Abel ouvre et 47 allemands investissent la petite maison. Les deux filles dorment dans l’alcôve, malades de la diphtérie. La maison est retournée et les Allemands ne trouveront rien. Abel et Betty sont enchaînés et menottés jusqu’à 7 h du matin, sous la surveillance de 7 nazis et les yeux de leurs filles, le temps pour les autres de monter à la maison forestière de la Vernoye pour arrêter Cheveau, mais il a déjà décampé. Sa femme et le frère de celle-ci, présent fortuitement et ne comprenant rien à ce qui se passait, seront 3 arrêtés à la place de Popaul (Georges Cheveau). Puis les Allemands se rendent chez Toinou : il n’est pas là et sa maison est également retournée. Ils commencent à être nerveux. Ils iront ensuite au Moulin Simonneau pour y cueillir Luc et Lionel (Paul Bernard et Jean Longhi) mais ils feront là encore chou blanc (notre prochain numéro) ! Tout le monde va se retrouver à la Mairie de Quarré. Dans le car, Betty aperçoit Albert Duban, l’hôtelier et également lieutenant de louveterie. Ce n’est pas le Duban recherché, il sera relâché. Après les premières gifles et interrogatoires pour Betty, les prisonniers seront emmenés à la prison de Dijon, le temps pour Betty d’avaler deux messages qu’elle portait sur elle et pour les Allemands de prendre Jean Sylvère qui a été arrêté à Saulieu. Betty décrit sa cellule 110 comme une « abjecte cabane de porc : pas d’eau, un grabat en fer, une paillasse pleine de poux, une tinette dégoûtante, des punaises plein le parquet… ». Le 14 Avril les premières tortures commencent au siège de la Gestapo, rue Chaussier. « Le tueur », surnom donné par des patriotes, un fou sadique, maculé du sang de ses victimes, la martèle de coups de poings, la suspend à un crochet avec un bâton enfilé sous les aisselles, à un mètre du sol, lui brûle le dos avec sa cigarette et les pieds avec un journal. On lui présente la photo de Bob, le plan de la forêt avec le lieu de parachutage dont elle ne fut même pas témoin. Betty ne parlera pas. Ces séances se répéteront plusieurs fois. Elle assiste au calvaire mortel de plusieurs résistants franc comtois. Le 20 Avril, elle est transférée à Fresnes sous bonne escorte. Elle arrive difficilement à embrasser sur le quai de la gare son mari qui semble reprendre le chemin des Moingeots. A l’arrêt de Laroche Migennes, elle croise le regard de Maria Valtat sur le quai et lui exhibe par la fenêtre du wagon ses mains menottées. Maria, recherchée, s’enfuit à toutes jambes. A Fresnes, les interrogatoires reprennent. On lui présente Bob, qui n’a plus rien d’humain Celui ci continue de nier. Il décédera quelques jours plus tard, fusillé par ses bourreaux. Soudain, Pellé entre dans la pièce, radieux : « Mais si Betty, tu connais bien Bob. Rappelles-toi, un soir, tu nous a donné à dîner, une cote de veau et des petits pois ; tu as donné à Bob un bleu de travail de ton mari pour rentrer à Paris !». Les nazis se ruent sur elle à coups de poing à la face. Sa tête heurte la machine à écrire qui tombe par terre. Elle a la mâchoire fracassée : 4 dents ne sont retenues que par un lambeau de chair. Le 17 Avril, elle prend la direction du fort de Romainville. Les prisonnières le savent : c’est la dernière étape avant le départ pour l’Allemagne, mais personne ne connaît le lieu de la destination finale : l’univers concentrationnaire. A Romainville, elle organisera une mini-mutinerie en faveur des hommes prisonniers, privés de nourriture à la suite de l’évasion du colonel Fabien. Là, elle aura l’occasion de rencontrer Max (Marcel Meaugé) dont elle fut l’agent de liaison au début de son engagement. Elle le croyait fusillé à la suite de son arrestation. Le 25 Août, Betty Gilbert n’est plus qu’un numéro : le 2473. C’est le départ pour l’Allemagne pour 240 détenues, par la gare de l’Est. Sur le wagon, une inscription à la craie : « Volontaires contre le bolchevisme ». Betty aura le temps de changer l’inscription pendant le voyage : « Volontairement résistantes à l’occupation allemande ! ». Devant la risée générale, les Allemands sont vexés. A l’arrêt de Fürstenberg, ils obligent Betty à effacer l’inscription avec sa langue. Puis c’est l’arrivée, par une nuit d’encre, à…Ravensbrück. Au fronton de l’établissement : une croix gammée, une inscription en allemand « Tu entres par la porte, tu sortiras par la cheminée ». A Dijon, à Fresnes, ce n’était rien à côté de Ravensbrück : là on va dépasser l’horreur et l’abject. Betty terminera son calvaire au camp de Neuebrandenbourg, annexe de Ravensbrück. Effroyable ! Animée d’un courage et de cette force de résistance qui motiva son engagement pour notre liberté, elle survivra à cette période, comme 18.000 autres femmes sur les 240.000 qui passèrent par Ravensbrück. Elle était sergent FFI, titulaire de la Croix du combattant volontaire, de la Médaille Militaire, et Chevalier puis Officier dans l’ordre national de la Légion d’honneur. Vous retrouverez l’intégralité de ses souvenirs dans le livre en préparation. 4 L’AVENIR DE NOTRE PATRIMOINE RURAL EST ENTRE VOS MAINS Ce titre de chapitre est celui du guide méthodologique édité par le Parc Naturel Régional du Morvan pour aider les collectivités et les associations à dresser l’inventaire du patrimoine rural. Nous nous en inspirons très largement pour mener notre action. Ce patrimoine est un héritage commun et toujours présent parmi nous, même si nous avons assisté depuis plusieurs années à la disparition de quelques uns de ses éléments (bascules publiques, lavoirs, travails à ferrer, etc..). Nous manifestons notre volonté de restaurer et de valoriser ce patrimoine. Et pour ce faire, il faut d’abord convaincre : les élus, les collectivités en général, les citoyens. Pour cela, deux phases dans notre plan d’action : d’abord recenser ce patrimoine, à l’échelle de chaque commune, puis lui redonner du sens (mise en valeur paysagère, mise en vie, mise en valeur culturelle et touristique, mise en valeur pédagogique). En bref, nous voulons le transmettre à nos générations futures. Alors, quel distinguons recherche. patrimoine recenser ? Nous quatre grands axes de Il y a d’abord celui qui tourne autour de l’eau : - Les lavoirs : il en reste encore dans nos hameaux, la plupart étant à rénover. Certains servent de dépotoirs ! - Les abreuvoirs : parfois associés à une fontaine, une pompe, un lavoir, souvent creusés dans des monolithes en granit. - Les ponts : ils offrent une grande diversité de structure et de matériaux. Il y a ensuite celui qui tourne autour des croyances : - Les croix : croix de chemins ou de carrefour, croix de mission, croix commémorative, croix votive, calvaires, croix de cimetière. Ce recensement a déjà été fait par l’association. Une centaine de croix ont été répertoriées avec une fiche individualisée par croix (situation, description, état, histoire,…). Nous reviendrons sur ce sujet. - Les chapelles et oratoires : région christianisée tardivement, les cultes païens et diverses superstitions subsistèrent néanmoins longtemps en Morvan. On a pu retrouver à proximité d’une chapelle la trace d’un culte païen, perpétué par des pélerinages et des rites thérapeutiques. C’était le cas pour la chapelle de St-Aubin. - Les pierres de légende et mégalithes : nous les connaissons bien dans notre canton, surtout dans la forêt au Duc, sans oublier la roche Ste Diétrine à Vaupitre, la Pierre qui Vire, et bien d’autres dont nous avons perdu la trace. - Les fontaines : certaines ont disparu et peuvent être retrouvées. Il y a également le patrimoine qui tourne autour du bois, de l’agriculture et de l’artisanat. - Les puits : la plupart des fermes possèdent leur puits. Certains sont délabrés mais d’autres présentent un certain cachet. Leur typologie est très riche et intéressante. - Les haies et clôtures de champs : nous avons déjà traité dans ce présent numéro des « piéchies », mais il faut également recenser les entrées de champs encore existantes. 5 - Les murets de pierre : ils sont encore bien en vue dans les bois de Chastellux (audessus de Quarré), encore témoins des défrichages de la forêt par les Picards émigrés dans notre Morvan vers 1612 par Olivier de Chastellux, et qui ont laissé leur patronyme aux petits hameaux. - Les bascules municipales : utilisées comme outil de pesage des bêtes ou des grains, appelées aussi « Poids public », elles évitaient tout litige lors de la vente. Il en existe encore quelques unes dans notre canton. - Les travails à ferrer : souvent situés près de l’atelier du maréchal ferrant. On peut rencontrer plusieurs types de travails. Certains sont en piteux état sur notre canton. Il nous faut absolument les sauver. - Les ateliers d’artisan : ils traduisent les nombreuses et diverses activités qui ont pu exister dans nos villages. Si une bonne partie des outils et du matériel a déjà été dispersée, il est encore possible de sauver ce qui reste. - Les bancs de scie : il en existe encore quelques uns, nous en avons remarqué dans les villages. Ils doivent être rapidement sauvegardés. - Les fours à chaux : le seul que nous avons repéré, à Villiers Nonains, est en ruines, enseveli sous des friches. Nous envisageons à moyen terme sa reconstruction à l’identique avec animation pédagogique sur ce projet. Une étude détaillée sur son histoire a déjà été réalisée par notre association. Les moulins : l’intense réseau hydrographique, la nécessité de pouvoir moudre à proximité compte tenu des déplacements difficiles, justifient le nombre important de moulins dans notre Morvan (moulins à farine, à huile de navette, à tan, à foulon, pour les scieries,…). Il en existe encore dans notre canton. Il y a le patrimoine qui n’entre pas dans les catégories précédentes : - Les écoles des villages : il reste encore, parfois entreposés dans des entrepôts communaux ou privés du mobilier scolaire (bancs, cartes scolaires, etc..) qui mérite d’être répertorié. - Les plus vieux arbres du canton : c’est un exercice intéressant que de recenser les arbres séculaires du canton. Le Parc du Morvan a lancé un concours sur ce thème : nous proposons d’en être le relais. Le recensement n’est pas une fin en soi. Connaître son patrimoine pour une collectivité est déjà une bonne chose, mais pourquoi faire ? Comme nous l’avons indiqué ci-dessus, nous souhaitons engager des actions concrètes programmées pour la sauvegarde et la restauration de ce patrimoine commun, avec, en plus, un prolongement pédagogique et culturel. Dans l’immédiat, tout ce patrimoine sera rassemblé dans une exposition générale sur le canton, dont un exemplaire communal sera remis à chaque mairie en dotation définitive, du moins à celles qui soutiennent notre action. Nous ne désespérons pas que Quarré et Chastellux puissent un jour, et de préférence dès 2005, nous rejoindre. A la suite, la dimension pédagogique et culturelle prendra ses marques. Nous avons déjà parlé du four à chaux. Nous pouvons imaginer le circuit des moulins, le sentierrallye des croix, l’organisation de chemins de découverte, avec la participation d’associations spécialisées, telles les guides de pays. Des bornes pédagogiques seront posées sur ces lieux de mémoire. Alors, comment cantonal ? engager cet inventaire (Suite page 7) 6 L’INVENTAIRE DU PATRIMOINE DE NOTRE CANTON : COMMENT FAIRE ? Nous avons décidé de mettre en place, au niveau de chaque commune, des groupes de travail chargés de faire l’état des lieux. Nous rappelons que l’inventaire des croix est engagé et en fin de réalisation. L’inventaire de la commune de Saint Léger Vauban a également été conduit, à l’initiative de son Maire, mais mérite à être complété en tenant compte de la méthodologie type. Le groupe local de la commune de St-Brancher s’est mis à l’œuvre (pour plus amples informations pour nos adhérents de cette commune, si vous voulez rejoindre ce groupe, contactez : Carole Parisis, Gisèle et Raymond Chatriot, ou Antoinette Lorenzini). Il nous reste désormais à mettre en place, sur la base du bénévolat, les groupes des autres communes, y compris Quarré et Chastellux. A Saint Léger, Dominique Verrier-Compain est volontaire pour être relais de cette organisation. A cet effet, nous vous demandons de bien vouloir remplir le bulletin ci-dessous et de le retourner au siège de l’association ou de le remettre à un responsable connu de vous. Nous vous inviterons alors à une réunion de travail pour structurer le groupe et remettre les imprimés nécessaires au recensement. Nous précisons que chaque groupe de travail peut être représenté par une ou deux personnes, à titre consultatif, aux réunions du conseil d’administration de notre association, afin d’assurer le suivi des travaux. Tout ce travail qui sera réalisé grâce à vous, qui témoignerez ainsi de votre attachement à la réussite de notre projet, sera ensuite instruit pour les financements nécessaires, dans le cadre des dispositifs existants. C’est ainsi que nous allons présenter prochainement notre projet global au plan de financement européen Leader +. La règle étant le cofinancement, nous avons d’ores et déjà l’assurance du soutien du comité départemental du tourisme de l’Yonne. Nous étudierons les possibilités offertes par le contrat de pays avallonnais. Les collectivités territoriales, comme le conseil régional et le conseil général devraient être également partie prenante. Merci de votre collaboration ! BULLETIN D’INSCRIPTION POUR L’INVENTAIRE DU PATRIMOINE Nom : Prénom : Adresse : Téléphone : E.mail : Est volontaire pour faire partie du groupe chargé de dresser l’inventaire du patrimoine de la commune de : Beauvilliers – Bussières - Chastellux sur Cure - Quarré les Tombes - St-Brancher – St Germain des Champs – St Léger Vauban (entourer la commune choisie) Fait à Signature : A retourner à : Mémoires Vivantes – Mairie 89630 SAINT GERMAIN DES CHAMPS avant le 1.12.2004 7 8 RUBRIQUE LEGENDE ET TRADITIONS DES RECETTES DE GATIAUX La Guée Le gatiau cocotte Vous prenez un bol de farine de froment et vous la délayez avec un verre de lait. Vous y ajoutez un paquet de levure alsacienne ainsi que deux œufs battus. Vous pétrissez bien, vous salez et vous mettez à cuire au four. Battez deux jaunes d’œuf, dans un plat en y versant par petites quantités huit cuillerées à soupe de sucre en poudre. Malaxez la pâte devenue lisse avec de la levure et de la farine à poids égal avec le sucre. Faites cuire au four dans une cocotte. Le gatiau de çatines Le gouéron Vous épluchez un kilo de châtaignes ou de marrons. Vous les faites cuire et vous les écrasez en purée. Vous faites fondre du beurre dans cette purée et vous ajoutez de la confiture (abricots, framboises, mirabelles). Placez le gâteau dans un moule et retirez-le le lendemain. Saupoudrez le avec du sucre parfumé à la vanille et dégustez ! Peler et émincer 500 g de pommes de reinettes et faire macérer dans 1 verre à liqueur de cognac avec 20 gr de sucre pendant 4 h, tout en remuant de temps en temps. Puis, mélanger avec 3 œufs, 500 gr de farine, et 10 gr de sucre. Incorporer les pommes et le liquide de macération. Mettre dans une tourtière bien beurrée et passer au four moyen pendant ¾ d’heure ; Démouler et servir froid, saupoudré de sucre glace. Variété morvandelle : même recette que la gougère, mais sans le lait et l’eau. LES METIERS DE NOS ANCETRES La section généalogie de notre association, placée sous la responsabilité de notre ami Marc PAUTET, recense comme vous le savez tous nos ancêtres sur le canton, afin d’établir toutes les filiations des familles d’aujourd’hui et leur permettre de constituer leur arbre généalogique. Les mariages de la commune de Saint Léger Vauban ont été recensés jusqu’à la révolution française et les données sont actuellement informatisées. Seront recensés également les naissances et les décès de toutes nos communes. Un travail de titan ! En même temps, nous ne manquons pas de relever également les métiers exercés, ce qui nous amènera à une étude particulièrement intéressante qui fera l’objet d’un ouvrage supplémentaire pour compléter votre bibliothèque. Nous ouvrons dès aujourd’hui une rubrique nouvelle sur les métiers de nos ancêtres. Lorsque cette rubrique sera épuisée, nous vous présenterons l’origine des noms de famille. LE REGRATTIER En 1783, se marie à St Léger de Foucheret (devenu St Léger Vauban) « Georges Dahuron, fils de Georges Dahuron ci-devant regrattier à St Léger ». Le regrattier était un revendeur au détail de marchandises de mauvaise qualité ou d’occasion. On pourrait l’assimiler au chiffonnier d’aujourd’hui. A cette époque là, du moins à St Léger, cette profession était rare. Sur toute la période, il ne nous a pas été donné de rencontrer d’autres personnes exerçant ce métier. Les gens qui exerçaient ce métier devaient sans doute vivre à l’écart des paysans. LES TONNELIERS On les appelaient tolleniers ou touleniers dans le langage local et ils n’étaient pas nombreux dans le canton, sans doute en raison de l’absence de vigne. Nous avons cependant relever dans les registres : Jean Suchon, toulenier à Lautreville en 1689 et également Jean Boudot, tollenier au moulin Simonneau au milieu du XVIIème siècle 9 CHRONIQUES VILLAGEOISES LA CHARTE D’AFFRANCHISSEMENT DES HABITANTS DE VILLIERS-NONAINS EN 1609 Villiers-Nonains – Villare Monachorum – tire son nom de Villare (petite maison des champs) et de Monachorum par son appartenance en partie à l’abbaye des moines de Régny, comme on en trouve trace dans le testament de Guy Besors, seigneur de Villarnoult, en 1237. Dans le patois local, Villiers est devenue Velée (ou Vlé), appellation remarquée dans les actes des premiers registres paroissiaux, à la fin du 17ème siècle. Le Meix, c’est-à-dire les bâtiments d’exploitation, se situaient à l’ouest du village, lequel appartenait à deux fiefs qui avaient toute justice : l’un à l’abbaye de Régny, le second aux seigneurs de Marrault. Ce dernier pouvait nommer le juge, le procureur et le sergent, compétents pour toute affaire. Ainsi, les amendes pour batture (action de battre le blé sur l’aire) étaient de 65 sous et, s’il y avait excès, à l’arbitrage du juge. Pour les bêtes mésusantes (mésus = dégradations dans les bois, les forêts, les communaux), si elles étaient prises par le sergent seul, l’amende était de 7 sous et si le sergent était accompagné de deux témoins, l’amende était portée à 65 sous ! Achille d’Assienville était chevalier, seigneur de Marrault, de Magny, d’Etrée, de Vaupitre, de Villiers-Nonains, et de Villeneuve-l-s-Prêles. En 1609, à l’occasion de la réforme de son terrier (registre contenant le dénombrement des particuliers et la description des terres qui relevaient d’une seigneurie, ainsi que les redevances et les obligations auxquelles étaient soumis les tenanciers), il affranchit ses sujets, après les avoir réunis. Il se garda bien toutefois d’abroger les charges qu’il changea en d’autres redevances. Le droit de justice lui avait été conservé et il put ainsi élever un signe patibulaire à trois piliers, dont un se situait au Champ-des-Fourches, proche de la justice de Villarnoux. Les habitants devaient chacun trois jours de corvée pour labourer, faucher et moissonner. Il lui était dû également « six blancs » (petite monnaie de 5 deniers) ou deux sous et demi par livre de remuement (transport de terres dans un autre lieu), un bichet (ancienne mesure de capacité pour les grains de 20 à 40 litres) de froment, deux boisseaux d’avoine, mesure d’Avallon, par feu, à la Saint-Martin d’hiver, pour cuire leur pain et pitance où bon leur semblait ; dix deniers pour la permission qu’ils ont de prendre du bois, de mener champoyer (la vaine pature) leurs bêtes, tant grosses que menues, dans les bois des Rivières et des Cohées, depuis la justice de Méluzien, et dans ceux de la Fromagère et de Babère…,le lendemain de Noël ; un oison, chacun à la Saint-Jean Baptiste, pour le pacage (droit d’envoyer paître le bétail) dans le bois de la Forêt, hors le temps de grainier (celui qui vendait le grain en détail) ; cinq deniers pour pêcher dans le Cousin, une géline (ancien nom de la poule) pour le feu et cinq sous de bourgeoisie d’affranchissement, à la Saint-Rémi. Enfin, le 13 septembre 1609, les coutumes d’avoine furent changées en une tierce sur tous les grains, excepté les chanvres, pois, fèves, lentilles et navettes. Les habitants étaient tenus, toutes les fois qu’ils faisaient une acquisition quelconque, sous peine de soixante cinq sous d’amende, de se présenter, dans les quarante cinq jours, au greffier de la seigneurie, pour faire des remerciements de ce qu’ils pouvaient posséder des biens-fonds. 10