MEMOIRES VIVANTES DU CANTON DE QUARRE LES TOMBES

Transcription

MEMOIRES VIVANTES DU CANTON DE QUARRE LES TOMBES
MEMOIRES VIVANTES DU CANTON
DE QUARRE LES TOMBES
Association régie par la loi du 1er Juillet 1901
Mairie 89630 Saint-Germain-des-Champs
Tel : 0386342333 – Fax : 0386345808
Site Internet : http://www.memoiresvivantes.org
http://mémoiresvivantes.free.fr
N° 9 - Novembre 2004
L’EDITO
Après nos déboires informatiques de l’été, nous avons repris nos activités normalement, tout en rectifiant notre
programmation pour le développement de celles-ci.
Aujourd’hui, l’ouvrage consacré à la période 39-45 sur notre canton est bien avancé et son édition est programmée
pour le printemps 2005. Nous avons encore quelques interviews des témoins de l’époque à réaliser. Nous pouvons
vous dévoiler le titre de cet ouvrage : « De l’ombre à la lumière : le canton de Quarré pendant
l’occupation ». Vous pourrez découvrir à travers des témoignages et des documents encore inédits ce que fut
réellement cette période, de manière chronologique. A partir des contextes international, national et même local de
l’époque, vous pourrez revivre la débâcle militaire, l’exode et l’arrivée des nazis dans nos villages. De même, vous
découvrirez comment la lutte contre l’occupant, qui n’était pas encore la Résistance, s’est organisée dans notre
canton, à l’initiative des militants communistes. Le STO a conduit de nombreux clandestins dans nos forêts. A
l’attentisme passif de la population ont succédé des dénonciations et même la collaboration, sans compter la
présence active de la milice. La Résistance s’est alors organisée autour de deux axes : à Quarré les Tombes avec
des éléments extérieurs comme Jean Sylvère, Jean Longui et Paul Bernard, à Saint Léger Vauban avec Armand
Simonnot, Jean Couhault, Maria Valtat et bien d’autres encore. Cette organisation a jeté les bases de deux maquis
importants sur notre canton ou ses marges : le maquis Vauban et le maquis Camille. Mais à Saint Brisson, un
autre maquis – le maquis Bernard – a été contraint de se partager en plusieurs groupes, dont celui du Bois de
Mont. Vinrent alors en 1943 et au printemps 1944 les grandes rafles et les arrestations, à Saint Léger avec la
traque du maquis Vauban d’Armand Simonnot,, et à Quarré. Vous avez déjà pris connaissance dans ces colonnes
des circonstances du premier parachutage d’armes au champ de Vannay et de ses conséquences pour les
résistants locaux, et en particulier pour le destin tragique de Betty Gilbert que nous évoquons dans ce numéro.
Vous suivrez à la trace la section de SAS qui a été parachutée près de l’étang de Bussières, le lendemain du
débarquement. Vous vivrez également toutes les batailles du maquis Camille et du régiment Verneuil qui a
rassemblé aux Isles Ménéfriers près de 2000 personnes. Nous dévoilerons également la vie quotidienne au sein
de ces maquis : les réquisitions chez l’habitant, la justice expéditive, etc…Nous terminerons enfin par la période de
la Libération. De cet ouvrage qui, je le rappelle, vous sera proposé par souscription publique (donc à tirage limité),
sera tirée une exposition toujours prévue en Mairie de Saint Léger Vauban.
Dans le même temps, nous engageons une action d’ampleur sur le patrimoine local et nous vous en parlons un
peu plus en détail dans ce numéro.
Enfin, nous avons les éléments pour procéder à la réédition des deux volumes de l’abbé Henry. Mais là encore,
nous devons gérer la programmation de nos éditions. Votre association se porte bien, pour votre plus grand plaisir,
nous l’espérons !
Le Président de Mémoires Vivantes : Alain HOUDAILLE
1
UN PROJET CULTUREL ET FESTIF POUR LE PROCHAIN PRINTEMPS
TRANSMETTRE AUX GENERATIONS FUTURES LE SAVOIR FAIRE DU PIECHAGE
Cette action constitue un volet de notre plan global pour
la mémoire, la sauvegarde de notre patrimoine rural. La
transmission des savoirs faire anciens af it partie de ce
plan d’actions. Les haies plessées – les piéchies – avec
parfois les entrées de champ remarquables par leur deux
mégalithes de granit et la barrière en bois, font partie
intégrante de ce patrimoine. Nous avons décidé de
lancer une action au printemps prochain en faveur de ce
petit patrimoine.
Cette action se déroulera sur un week-end de deux jours,
entouré de diverses manifestations.
Au rang de ces manifestations périphériques : une
conférence sur le bocage, avec film vidéo et débat.
Pour l’action proprement dite : appel lancé à nos anciens
pour qu’ils transmettent leur savoir faire aux jeunes
générations et à tous ceux qui le désirent. Apprendre à
faire une « piéchie ». Reconstituer, lorsqu’elles n’existent
pas, des entrées de champ : comment fait- on une
barrière en bois ?
Pour le volet festif : on peut imaginer le samedi soir une
râpée morvandelle (voir notre recette dans le précédent
numéro) avec une animation musicale morvandelle, et le
dimanche midi, une saint cochon (dans les limites de la
réglementation), réservées bien entendu aux participants
actifs de ce week-end.
L’action est ambitieuse, mais il faut des volontaires.
Tout d’abord des anciens qui savent piécher : nous
avons déjà repéré quelques gaillards encore bien en
forme. Puis des plus jeunes, qui veulent acquérir ce
savoir faire : nous lancerons une inscription. Et enfin, des
propriétaires qui acceptent cette opération. Un chantier
ouvert par commune, au bord d’une route passagère,
serait idéal.
Car il s’agit bien pour nous de montrer notre patrimoine
et notre savoir faire et de le valoriser. Pour cela, nous
mettrons bien entendu la presse dans le coup et la télé.
Nous réaliserons un produit audio-visuel. Mais aussi, par
une signalétique adaptée, nous montrerons au public,
c'est- à-dire au touriste, ce patrimoine que nous
entendons sauvegarder.
Pour mener cette action, il faut bien entendu des
partenaires financiers, au-delà du bénévolat de chacun.
A cet égard, nous souhaitons faire entrer cette action
dans le plan bocage récemment mis au point par le
Conseil Régional de Bourgogne. Nous mettrons
également à contribution le Parc Régional du Morvan.
Nous solliciterons à nouveau le département par le biais
de notre conseiller général, les communes (pas toutes)
subventionnant déjà notre association.
Dès que le plan de financement sera bouclé, nous
lancerons un appel à la population pour s’inscrire dans la
démarche. Si vous êtes déjà partant pour ce week-end,
choisi avant la remontée de la sève, n’hésitez pas à nous
le faire savoir. Merci !
RUBRIQUE BIOGRAPHIE
Nous suspendons provisoirement la rubrique biographie. Non pas que l’histoire de
notre canton manque de personnages dignes d’intérêt. Mais il nous faut
approfondir nos recherches. Un personnage important n’a pas encore figuré dans
cette rubrique : il s’agit du maréchal Vauban. Comme nous avons un grand projet
pour 2007 – la commémoration du tricentenaire de la mort de notre maréchal nous aurons le temps d’en reparler.
Mais la rubrique se rouvrira : nous pourrons par exemple effectuer des
recherches sur l’histoire des maires de nos communes depuis la révolution
française. Mais pour cela, nous faisons appel à celles et ceux qui y portent
intérêt et qui disposent d’un peu de temps : des recherches dans les Mairies
s’imposent. S’il y a des volontaires (un ou deux par commune), merci de vous
signaler ! Appel discret à nos aînés et leurs associations !
2
LE DOSSIER CENTRAL
BETTY GILBERT : AU BOUT DE L’ENFER !
Dans le dossier central de notre dernier bulletin,
nous avons évoqué le parachutage d’armes au
champ de Vannay. Cinq mois plus tard, il allait
avoir des conséquences dramatiques.
Lorsque Bob, l’agent de liaison parisien des FTP,
vient pour la première fois à Quarré rendre visite
à Antoine Sylvère, vers la mi -42, il déclare
directement à Betty Gilbert : « Pour faire la
guerre, il faut des armes et des munitions. Il en
traîne un peu partout dans cette région et il faut
les récupérer par tous les moyens ».
Betty savait bien qu’à St Léger, Armand
Simonnot, Santiago Lorano, Jean Couhault et
leurs camarades avaient déjà ramassé ce qu’ils
pouvaient, mais cela était insuffisant. Des
solutions furent trouvées. Les Allemands avaient
réquisitionné les armes de chasse, stockées en
mairie de Quarré : une partie de celui-ci avait
mystérieusement disparu, pour se retrouver
cachée dans une armoire, enfouie dans un champ à
Mennemois ! Abel Gilbert, René Duban et Henri
Guillot se chargèrent de les transporter aux
Moingeots, dans une cage à cochon chargée sur un
chariot auquel on avait attelé Fauvette, la vieille
jument.
Bob vint fréquemment se servir dans le stock
d’armes pour le meilleur profit des FTP parisiens.
Et Betty assurait régulièrement l’accueil des
visiteurs.
Hélas, le 6 ou 7 Mars 1943, Bob fut arrêté à la
gare de Lyon à Paris. Il portait sur lui une
quittance de loyer correspondant au logement de
Sissy, une des filles d’Antoine Sylvère, à SaintMandé. Il a également le livret militaire de Pierre
Pellé, dit Pierrot, le petit copain d’une autre fille
de Toinou, et, caché dans une couture de son
veston, le plan de la cache d’armes à Quarré
lorsqu’elle était encore chez Toinou, rue de
l’Etang.
Les Allemands avaient suffisamment d’éléments
pour remonter toute la filière de Quarré, à
commencer par Pierrot Pellé, qui donna tout le
monde. La nouvelle parvient au petit noyau de
résistants à Quarré. « Pierrot est arrêté, nous
sommes foutus ! » fut la réaction de Toinou
devant ses camarades. Toinou connaissait bien
son futur gendre et ne se trompât point. Les
choses ne traînèrent pas.
Début Avril, Kléber Blanchard, le brigadier chef
de la gendarmerie de Quarré, fut sans doute
informé de l’arrivée prochaine d’un commando
allemand. Il prévint tout le monde. Toinou, de
caractère toujours optimiste, bien que réaliste
vis-à-vis de Pellé, resta sceptique, mais accepta
de coucher provisoirement chez Pierre Bigé. René
Duban, Louis Guillot se cachérent. Luc et Lionel,
au Moulin Simonneau, qui avaient été rejoints par
un parent, préférèrent passer leur nuit dans la
forêt, au lieu-dit bois de l’Homme Mort. Cheveau
était chargé de prévenir de son côté les Gilbert,
mais préféra assurer d’abord sa propre sécurité.
Betty était déjà méfiante car, alors qu’elle était
à Saulieu, elle avait reçu le samedi 11 avril la
visite d’une personne qui avait toute l’apparence
d’un milicien. Elle jugea bon de brûler tout ce qui
était compromettant : les tracts apportés le
lendemain par Charles Ravereau (décédé cette
année), le parachute d’un aviateur anglais,
hébergé dans l’écurie, etc…
Le 13 Avril, à 3h du matin (jour et heure choisis
par les Allemands pour intervenir à Saulieu chez
le fils Toinou qui y dirigeait une entreprise
forestière et à Quarré), une traction, un car de
feldgendarmes, un camion de troupes déboulent
aux
Moingeots.
Les
visiteurs
nocturnes
encerclent la maison des Gilbert, se ruent sur la
porte en tapant et en hurlant. Abel ouvre et 47
allemands investissent la petite maison. Les deux
filles dorment dans l’alcôve, malades de la
diphtérie. La maison est retournée et les
Allemands ne trouveront rien. Abel et Betty sont
enchaînés et menottés jusqu’à 7 h du matin, sous
la surveillance de 7 nazis et les yeux de leurs
filles, le temps pour les autres de monter à la
maison forestière de la Vernoye pour arrêter
Cheveau, mais il a déjà décampé. Sa femme et le
frère de celle-ci, présent fortuitement et ne
comprenant rien à ce qui se passait, seront
3
arrêtés à la place de Popaul (Georges Cheveau).
Puis les Allemands se rendent chez Toinou : il
n’est pas là et sa maison est également retournée.
Ils commencent à être nerveux. Ils iront ensuite
au Moulin Simonneau pour y cueillir Luc et Lionel
(Paul Bernard et Jean Longhi) mais ils feront là
encore chou blanc (notre prochain numéro) !
Tout le monde va se retrouver à la Mairie de
Quarré. Dans le car, Betty aperçoit Albert
Duban, l’hôtelier et également lieutenant de
louveterie. Ce n’est pas le Duban recherché, il
sera relâché.
Après les premières gifles et interrogatoires
pour Betty, les prisonniers seront emmenés à la
prison de Dijon, le temps pour Betty d’avaler
deux messages qu’elle portait sur elle et pour les
Allemands de prendre Jean Sylvère qui a été
arrêté à Saulieu. Betty décrit sa cellule 110
comme une « abjecte cabane de porc : pas d’eau,
un grabat en fer, une paillasse pleine de poux, une
tinette dégoûtante, des punaises plein le
parquet… ».
Le 14 Avril les premières tortures commencent au
siège de la Gestapo, rue Chaussier. « Le tueur »,
surnom donné par des patriotes, un fou sadique,
maculé du sang de ses victimes, la martèle de
coups de poings, la suspend à un crochet avec un
bâton enfilé sous les aisselles, à un mètre du sol,
lui brûle le dos avec sa cigarette et les pieds avec
un journal. On lui présente la photo de Bob, le
plan de la forêt avec le lieu de parachutage dont
elle ne fut même pas témoin. Betty ne parlera
pas. Ces séances se répéteront plusieurs fois. Elle
assiste au calvaire mortel de plusieurs résistants
franc comtois.
Le 20 Avril, elle est transférée à Fresnes sous
bonne escorte. Elle arrive difficilement à
embrasser sur le quai de la gare son mari qui
semble reprendre le chemin des Moingeots. A
l’arrêt de Laroche Migennes, elle croise le regard
de Maria Valtat sur le quai et lui exhibe par la
fenêtre du wagon ses mains menottées. Maria,
recherchée, s’enfuit à toutes jambes.
A Fresnes, les interrogatoires reprennent. On lui
présente Bob, qui n’a plus rien d’humain Celui ci
continue de nier. Il décédera quelques jours plus
tard, fusillé par ses bourreaux. Soudain, Pellé
entre dans la pièce, radieux : « Mais si Betty, tu
connais bien Bob. Rappelles-toi, un soir, tu nous a
donné à dîner, une cote de veau et des petits
pois ; tu as donné à Bob un bleu de travail de ton
mari pour rentrer à Paris !». Les nazis se ruent
sur elle à coups de poing à la face. Sa tête heurte
la machine à écrire qui tombe par terre. Elle a la
mâchoire fracassée : 4 dents ne sont retenues
que par un lambeau de chair.
Le 17 Avril, elle prend la direction du fort de
Romainville. Les prisonnières le savent : c’est la
dernière étape avant le départ pour l’Allemagne,
mais personne ne connaît le lieu de la destination
finale :
l’univers
concentrationnaire.
A
Romainville, elle organisera une mini-mutinerie en
faveur des hommes prisonniers, privés de
nourriture à la suite de l’évasion du colonel
Fabien. Là, elle aura l’occasion de rencontrer Max
(Marcel Meaugé) dont elle fut l’agent de liaison au
début de son engagement. Elle le croyait fusillé à
la suite de son arrestation.
Le 25 Août, Betty Gilbert n’est plus qu’un
numéro : le 2473. C’est le départ pour l’Allemagne
pour 240 détenues, par la gare de l’Est. Sur le
wagon, une inscription à la craie : « Volontaires
contre le bolchevisme ». Betty aura le temps de
changer l’inscription pendant le voyage :
« Volontairement résistantes à l’occupation
allemande ! ». Devant la risée générale, les
Allemands sont vexés. A l’arrêt de Fürstenberg,
ils obligent Betty à effacer l’inscription avec sa
langue.
Puis c’est l’arrivée, par une nuit d’encre,
à…Ravensbrück. Au fronton de l’établissement :
une croix gammée, une inscription en allemand
« Tu entres par la porte, tu sortiras par la
cheminée ». A Dijon, à Fresnes, ce n’était rien à
côté de Ravensbrück : là on va dépasser l’horreur
et l’abject. Betty terminera son calvaire au camp
de Neuebrandenbourg, annexe de Ravensbrück.
Effroyable !
Animée d’un courage et de cette force de
résistance qui motiva son engagement pour notre
liberté, elle survivra à cette période, comme
18.000 autres femmes sur les 240.000 qui
passèrent par Ravensbrück.
Elle était sergent FFI, titulaire de la Croix du
combattant volontaire, de la Médaille Militaire, et
Chevalier puis Officier dans l’ordre national de la
Légion d’honneur.
Vous retrouverez l’intégralité de ses souvenirs
dans le livre en préparation.
4
L’AVENIR DE NOTRE PATRIMOINE RURAL EST ENTRE VOS MAINS
Ce titre de chapitre est celui du guide
méthodologique édité par le Parc Naturel
Régional du Morvan pour aider les
collectivités et les associations à dresser
l’inventaire du patrimoine rural. Nous nous
en inspirons très largement pour mener
notre action.
Ce patrimoine est un héritage commun et
toujours présent parmi nous, même si nous
avons assisté depuis plusieurs années à la
disparition de quelques uns de ses éléments
(bascules publiques, lavoirs, travails à
ferrer, etc..). Nous manifestons notre
volonté de restaurer et de valoriser ce
patrimoine. Et pour ce faire, il faut d’abord
convaincre : les élus, les collectivités en
général, les citoyens. Pour cela, deux phases
dans notre plan d’action : d’abord recenser
ce patrimoine, à l’échelle de chaque
commune, puis lui redonner du sens (mise en
valeur paysagère, mise en vie, mise en valeur
culturelle et touristique, mise en valeur
pédagogique). En bref, nous voulons le
transmettre à nos générations futures.
Alors, quel
distinguons
recherche.
patrimoine recenser ? Nous
quatre
grands
axes
de
Il y a d’abord celui qui tourne autour de
l’eau :
- Les lavoirs : il en reste encore dans nos
hameaux, la plupart étant à rénover.
Certains servent de dépotoirs !
- Les abreuvoirs : parfois associés à une
fontaine, une pompe, un lavoir, souvent
creusés dans des monolithes en granit.
- Les ponts : ils offrent une grande
diversité de structure et de matériaux.
Il y a ensuite celui qui tourne autour des
croyances :
- Les croix : croix de chemins ou de
carrefour,
croix
de
mission,
croix
commémorative, croix votive, calvaires,
croix de cimetière. Ce recensement a déjà
été fait par l’association. Une centaine de
croix ont été répertoriées avec une fiche
individualisée
par
croix
(situation,
description,
état,
histoire,…).
Nous
reviendrons sur ce sujet.
- Les chapelles et oratoires : région
christianisée tardivement, les cultes païens
et diverses superstitions subsistèrent
néanmoins longtemps en Morvan. On a pu
retrouver à proximité d’une chapelle la trace
d’un culte païen, perpétué par des
pélerinages et des rites thérapeutiques.
C’était le cas pour la chapelle de St-Aubin.
- Les pierres de légende et mégalithes :
nous les connaissons bien dans notre canton,
surtout dans la forêt au Duc, sans oublier la
roche Ste Diétrine à Vaupitre, la Pierre qui
Vire, et bien d’autres dont nous avons perdu
la trace.
- Les fontaines : certaines ont disparu et
peuvent être retrouvées.
Il y a également le patrimoine qui tourne
autour du bois, de l’agriculture et de
l’artisanat.
- Les puits : la plupart des fermes
possèdent leur puits. Certains sont délabrés
mais d’autres présentent un certain cachet.
Leur
typologie
est
très
riche
et
intéressante.
- Les haies et clôtures de champs : nous
avons déjà traité dans ce présent numéro
des « piéchies », mais il faut également
recenser les entrées de champs encore
existantes.
5
- Les murets de pierre : ils sont encore
bien en vue dans les bois de Chastellux (audessus de Quarré), encore témoins des
défrichages de la forêt par les Picards
émigrés dans notre Morvan vers 1612 par
Olivier de Chastellux, et qui ont laissé leur
patronyme aux petits hameaux.
- Les bascules municipales : utilisées
comme outil de pesage des bêtes ou des
grains, appelées aussi « Poids public », elles
évitaient tout litige lors de la vente. Il en
existe encore quelques unes dans notre
canton.
- Les travails à ferrer : souvent situés
près de l’atelier du maréchal ferrant. On
peut rencontrer plusieurs types de travails.
Certains sont en piteux état sur notre
canton. Il nous faut absolument les sauver.
- Les ateliers d’artisan : ils traduisent les
nombreuses et diverses activités qui ont pu
exister dans nos villages. Si une bonne partie
des outils et du matériel a déjà été
dispersée, il est encore possible de sauver
ce qui reste.
- Les bancs de scie : il en existe encore
quelques uns, nous en avons remarqué dans
les villages. Ils doivent être rapidement
sauvegardés.
- Les fours à chaux : le seul que nous avons
repéré, à Villiers Nonains, est en ruines,
enseveli sous des friches. Nous envisageons
à moyen terme sa reconstruction à
l’identique avec animation pédagogique sur ce
projet. Une étude détaillée sur son histoire
a déjà été réalisée par notre association.
Les
moulins :
l’intense
réseau
hydrographique, la nécessité de pouvoir
moudre à proximité compte tenu des
déplacements difficiles, justifient le nombre
important de moulins dans notre Morvan
(moulins à farine, à huile de navette, à tan, à
foulon, pour les scieries,…). Il en existe
encore dans notre canton.
Il y a le patrimoine qui n’entre pas dans les
catégories précédentes :
- Les écoles des villages : il reste encore,
parfois entreposés dans des entrepôts
communaux
ou
privés
du
mobilier
scolaire (bancs, cartes scolaires, etc..) qui
mérite d’être répertorié.
- Les plus vieux arbres du canton : c’est un
exercice intéressant que de recenser les
arbres séculaires du canton. Le Parc du
Morvan a lancé un concours sur ce thème :
nous proposons d’en être le relais.
Le recensement n’est pas une fin en soi.
Connaître
son
patrimoine
pour
une
collectivité est déjà une bonne chose, mais
pourquoi faire ?
Comme nous l’avons indiqué ci-dessus, nous
souhaitons engager des actions concrètes
programmées pour la sauvegarde et la
restauration de ce patrimoine commun,
avec, en plus, un prolongement pédagogique
et culturel.
Dans l’immédiat, tout ce patrimoine sera
rassemblé dans une exposition générale sur
le canton, dont un exemplaire communal sera
remis à chaque mairie en dotation définitive,
du moins à celles qui soutiennent notre
action. Nous ne désespérons pas que Quarré
et Chastellux puissent un jour, et de
préférence dès 2005, nous rejoindre.
A la suite, la dimension pédagogique et
culturelle prendra ses marques. Nous avons
déjà parlé du four à chaux. Nous pouvons
imaginer le circuit des moulins, le sentierrallye des croix, l’organisation de chemins de
découverte,
avec
la
participation
d’associations spécialisées, telles les guides
de pays. Des bornes pédagogiques seront
posées sur ces lieux de mémoire.
Alors, comment
cantonal ?
engager
cet
inventaire
(Suite page 7)
6
L’INVENTAIRE DU PATRIMOINE DE NOTRE CANTON : COMMENT FAIRE ?
Nous avons décidé de mettre en place, au niveau de chaque commune, des groupes de travail
chargés de faire l’état des lieux. Nous rappelons que l’inventaire des croix est engagé et en fin
de réalisation. L’inventaire de la commune de Saint Léger Vauban a également été conduit, à
l’initiative de son Maire, mais mérite à être complété en tenant compte de la méthodologie type.
Le groupe local de la commune de St-Brancher s’est mis à l’œuvre (pour plus amples informations
pour nos adhérents de cette commune, si vous voulez rejoindre ce groupe, contactez : Carole
Parisis, Gisèle et Raymond Chatriot, ou Antoinette Lorenzini). Il nous reste désormais à mettre
en place, sur la base du bénévolat, les groupes des autres communes, y compris Quarré et
Chastellux. A Saint Léger, Dominique Verrier-Compain est volontaire pour être relais de cette
organisation. A cet effet, nous vous demandons de bien vouloir remplir le bulletin ci-dessous et
de le retourner au siège de l’association ou de le remettre à un responsable connu de vous. Nous
vous inviterons alors à une réunion de travail pour structurer le groupe et remettre les imprimés
nécessaires au recensement. Nous précisons que chaque groupe de travail peut être représenté
par une ou deux personnes, à titre consultatif, aux réunions du conseil d’administration de notre
association, afin d’assurer le suivi des travaux.
Tout ce travail qui sera réalisé grâce à vous, qui témoignerez ainsi de votre attachement à la
réussite de notre projet, sera ensuite instruit pour les financements nécessaires, dans le cadre
des dispositifs existants. C’est ainsi que nous allons présenter prochainement notre projet global
au plan de financement européen Leader +. La règle étant le cofinancement, nous avons d’ores et
déjà l’assurance du soutien du comité départemental du tourisme de l’Yonne. Nous étudierons les
possibilités offertes par le contrat de pays avallonnais. Les collectivités territoriales, comme le
conseil régional et le conseil général devraient être également partie prenante. Merci de votre
collaboration !
BULLETIN D’INSCRIPTION POUR L’INVENTAIRE DU PATRIMOINE
Nom :
Prénom :
Adresse :
Téléphone :
E.mail :
Est volontaire pour faire partie du groupe chargé de dresser l’inventaire du patrimoine de la
commune de : Beauvilliers – Bussières - Chastellux sur Cure - Quarré les Tombes - St-Brancher –
St Germain des Champs – St Léger Vauban (entourer la commune choisie)
Fait à
Signature :
A retourner à : Mémoires Vivantes – Mairie 89630 SAINT GERMAIN DES CHAMPS avant le
1.12.2004
7
8
RUBRIQUE LEGENDE ET TRADITIONS
DES RECETTES DE GATIAUX
La Guée
Le gatiau cocotte
Vous prenez un bol de farine de froment et vous la
délayez avec un verre de lait. Vous y ajoutez un
paquet de levure alsacienne ainsi que deux œufs
battus. Vous pétrissez bien, vous salez et vous
mettez à cuire au four.
Battez deux jaunes d’œuf, dans un plat en y
versant par petites quantités huit cuillerées à
soupe de sucre en poudre. Malaxez la pâte
devenue lisse avec de la levure et de la farine
à poids égal avec le sucre. Faites cuire au four
dans une cocotte.
Le gatiau de çatines
Le gouéron
Vous épluchez un kilo de châtaignes ou de marrons.
Vous les faites cuire et vous les écrasez en purée.
Vous faites fondre du beurre dans cette purée et
vous ajoutez de la confiture (abricots, framboises,
mirabelles). Placez le gâteau dans un moule et
retirez-le le lendemain. Saupoudrez le avec du sucre
parfumé à la vanille et dégustez !
Peler et émincer 500 g de pommes de reinettes et
faire macérer dans 1 verre à liqueur de cognac avec
20 gr de sucre pendant 4 h, tout en remuant de
temps en temps. Puis, mélanger avec 3 œufs, 500 gr
de farine, et 10 gr de sucre. Incorporer les pommes
et le liquide de macération. Mettre dans une
tourtière bien beurrée et passer au four moyen
pendant ¾ d’heure ; Démouler et servir froid,
saupoudré de sucre glace. Variété morvandelle :
même recette que la gougère, mais sans le lait et
l’eau.
LES METIERS DE NOS ANCETRES
La section généalogie de notre association, placée sous la responsabilité de notre ami Marc PAUTET, recense comme vous
le savez tous nos ancêtres sur le canton, afin d’établir toutes les filiations des familles d’aujourd’hui et leur permettre de
constituer leur arbre généalogique. Les mariages de la commune de Saint Léger Vauban ont été recensés jusqu’à la
révolution française et les données sont actuellement informatisées. Seront recensés également les naissances et les décès
de toutes nos communes. Un travail de titan ! En même temps, nous ne manquons pas de relever également les métiers
exercés, ce qui nous amènera à une étude particulièrement intéressante qui fera l’objet d’un ouvrage supplémentaire pour
compléter votre bibliothèque. Nous ouvrons dès aujourd’hui une rubrique nouvelle sur les métiers de nos ancêtres. Lorsque
cette rubrique sera épuisée, nous vous présenterons l’origine des noms de famille.
LE REGRATTIER
En 1783, se marie à St Léger de Foucheret (devenu St Léger Vauban) « Georges Dahuron, fils de Georges Dahuron ci-devant
regrattier à St Léger ». Le regrattier était un revendeur au détail de marchandises de mauvaise qualité ou d’occasion. On pourrait
l’assimiler au chiffonnier d’aujourd’hui. A cette époque là, du moins à St Léger, cette profession était rare. Sur toute la période, il
ne nous a pas été donné de rencontrer d’autres personnes exerçant ce métier. Les gens qui exerçaient ce métier devaient sans
doute vivre à l’écart des paysans.
LES TONNELIERS
On les appelaient tolleniers ou touleniers dans le langage local et ils n’étaient pas nombreux dans le canton, sans doute en
raison de l’absence de vigne. Nous avons cependant relever dans les registres : Jean Suchon, toulenier à Lautreville en 1689 et
également Jean Boudot, tollenier au moulin Simonneau au milieu du XVIIème siècle
9
CHRONIQUES VILLAGEOISES
LA CHARTE D’AFFRANCHISSEMENT DES HABITANTS
DE VILLIERS-NONAINS EN 1609
Villiers-Nonains – Villare Monachorum – tire son nom de Villare (petite maison des champs) et de
Monachorum par son appartenance en partie à l’abbaye des moines de Régny, comme on en trouve
trace dans le testament de Guy Besors, seigneur de Villarnoult, en 1237. Dans le patois local,
Villiers est devenue Velée (ou Vlé), appellation remarquée dans les actes des premiers registres
paroissiaux, à la fin du 17ème siècle.
Le Meix, c’est-à-dire les bâtiments d’exploitation, se situaient à l’ouest du village, lequel
appartenait à deux fiefs qui avaient toute justice : l’un à l’abbaye de Régny, le second aux
seigneurs de Marrault. Ce dernier pouvait nommer le juge, le procureur et le sergent, compétents
pour toute affaire. Ainsi, les amendes pour batture (action de battre le blé sur l’aire) étaient de
65 sous et, s’il y avait excès, à l’arbitrage du juge. Pour les bêtes mésusantes (mésus =
dégradations dans les bois, les forêts, les communaux), si elles étaient prises par le sergent seul,
l’amende était de 7 sous et si le sergent était accompagné de deux témoins, l’amende était portée
à 65 sous !
Achille d’Assienville était chevalier, seigneur de Marrault, de Magny, d’Etrée, de Vaupitre, de
Villiers-Nonains, et de Villeneuve-l-s-Prêles. En 1609, à l’occasion de la réforme de son terrier
(registre contenant le dénombrement des particuliers et la description des terres qui relevaient
d’une seigneurie, ainsi que les redevances et les obligations auxquelles étaient soumis les
tenanciers), il affranchit ses sujets, après les avoir réunis. Il se garda bien toutefois d’abroger
les charges qu’il changea en d’autres redevances.
Le droit de justice lui avait été conservé et il put ainsi élever un signe patibulaire à trois piliers,
dont un se situait au Champ-des-Fourches, proche de la justice de Villarnoux. Les habitants
devaient chacun trois jours de corvée pour labourer, faucher et moissonner. Il lui était dû
également « six blancs » (petite monnaie de 5 deniers) ou deux sous et demi par livre de
remuement (transport de terres dans un autre lieu), un bichet (ancienne mesure de capacité pour
les grains de 20 à 40 litres) de froment, deux boisseaux d’avoine, mesure d’Avallon, par feu, à la
Saint-Martin d’hiver, pour cuire leur pain et pitance où bon leur semblait ; dix deniers pour la
permission qu’ils ont de prendre du bois, de mener champoyer (la vaine pature) leurs bêtes, tant
grosses que menues, dans les bois des Rivières et des Cohées, depuis la justice de Méluzien, et
dans ceux de la Fromagère et de Babère…,le lendemain de Noël ; un oison, chacun à la Saint-Jean
Baptiste, pour le pacage (droit d’envoyer paître le bétail) dans le bois de la Forêt, hors le temps
de grainier (celui qui vendait le grain en détail) ; cinq deniers pour pêcher dans le Cousin, une
géline (ancien nom de la poule) pour le feu et cinq sous de bourgeoisie d’affranchissement, à la
Saint-Rémi. Enfin, le 13 septembre 1609, les coutumes d’avoine furent changées en une tierce
sur tous les grains, excepté les chanvres, pois, fèves, lentilles et navettes.
Les habitants étaient tenus, toutes les fois qu’ils faisaient une acquisition quelconque, sous peine
de soixante cinq sous d’amende, de se présenter, dans les quarante cinq jours, au greffier de la
seigneurie, pour faire des remerciements de ce qu’ils pouvaient posséder des biens-fonds.
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