Jeune couple désire bâtir une famille et s`acheter une maison

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Jeune couple désire bâtir une famille et s`acheter une maison
Finances personnelles
elles. À la fin de sa résidence, maintenant
marié, il a des dettes d’environ 30 000 $,
un montant qui aurait pu être drastiquement plus élevé s’il n’avait pas vécu modestement pendant ses études (on sait
maintenant qu’une fois médecin il a rattrapé le temps perdu!). Ils se demandent
maintenant comment obtenir leur maison,
tout en conservant un mode de vie
agréable et mettre des sous de côté pour
le futur de leur famille.
Jeune couple désire bâtir une
famille et s’acheter une maison
Le chirurgien Sébastien Gravel, 32 ans, et sa conjointe Maude*, maintenant
enceinte, désirent s’acheter une maison et fonder une famille, après avoir profité de la vie durant quelques années. Découvrez leur situation.
Sébastien Gravel, jeune chirurgien de 32
ans, désire ralentir son train de vie et
fonder une famille avec sa conjointe
Maude. Cette dernière est enceinte
depuis peu et le couple doit revoir de
fond en comble sa situation financière
pour être en mesure d’élever confortablement le futur poupon. Après avoir
profité pleinement de la vie : voitures
sportives exclusives, voyages aux quatre
coins du globe, aménagement luxueux
dans un loft du centre-ville de Montréal,
et restaurants chics, le couple désire s’acheter une maison dans un nouveau
développement immobilier à SteDorothée, en banlieue de Montréal. Le
coût de la maison : 320 000 $. Malgré
tout, le couple a accumulé des actifs
intéressants : 85 000 $ en REER pour lui
et 35 000 $ en REER pour elle.
En fait, comme plusieurs (pour ne pas
dire tous) le parcours académique de
Sébastien a été des plus longs : après un
premier refus en médecine par les quatre
grandes universités du Québec, il a entrepris un baccalauréat en microbiologie,
dans l’espoir d’être admis en médecine
par la suite. Alors âgé de 22 ans, il est
finalement accepté en médecine à
l’Université McGill. À ce moment, il vit
encore chez ses parents et ces derniers
payent ses frais de scolarité. À 24 ans,
Sébastien quitte le nid familial et loue un
appartement au centre-ville avec Maude,
âgée de 23 ans. L’aide financière de ses
parents se limite désormais à 500 $ par
mois, soit l’équivalent des frais de
scolarité (6 000 $ annuellement). Heureusement, ses excellents rendements
scolaires lui permettent d’avoir des bourses et prêts. Malgré tout, il n’a d’autres
choix que de compter sur une marge de
crédit pour boucler ses dépenses mensu-
Aperçu financier
Maintenant médecin, ses revenus bruts
tirés d’actes médicaux sont d’environ
245 000 $ annuellement. Le revenu
annuel de Maude est d’environ 31 000 $
par année (elle travaille dans une petite
boîte en marketing). Cependant, elle désire
cesser de travailler pour les quatre
prochaines années. Le père de Maude
accepte de faire un prêt aux jeunes mariés
équivalent à 10 % de la valeur de la propriété visée, soit 32 000 $, à un taux d’intérêt de 3 % annuellement qui devra être
remboursé en 10 ans. Ce prêt servira
entièrement à la mise de fonds pour l’achat
de la propriété. Le père conseille aussi aux
jeunes amoureux d’utiliser le Régime
d’Accès à la Propriété (RAP), permettant
au couple de retirer et investir directement
20 000 $ chacun de leur REER dans
l’achat de la maison. Ils devront par la suite
remettre cet argent dans leur REER à raison de 2 667 $ par année (soit 1/15 de
40 000 $). Fait intéressant à noter : lorsque
le rendement des placements REER est
plus petit que le taux d’emprunt en vigueur,
la stratégie du RAP devient encore plus
avantageuse. Ainsi, le couple contractera
une hypothèque de 248 000 $. Voici donc
le détail des dettes présentes :
Dettes d’études Paiement annuel de 6 900 $
30 000 $ à rembourser en 5 ans à 5,5 % d’intérêt
Hypothèque Paiement annuel de 20 800 $
248 000 $ à rembourser en 25 ans à 7 % d’intérêt
Père de Maude Paiement annuel de 3 700 $
32 000 $ à rembourser en 10 ans à 3 % d’intérêt
RAP Paiement annuel de 2 667 $
40 000 $ à rembourser en 15 ans à 0 % d’intérêt
Total des paiements annuels 34 067 $
* Pour préserver la confidentialité des individus concernés, nous avons
volontairement modifié leurs noms
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Finances personnelles
Il est important de préciser que le taux
d’intérêt sur l’hypothèque de 7 % n’est
pas celui actuellement en vigueur, mais
bien une provision à long terme contre
les hausses potentielles de ces taux
prévues au cours des prochaines années.
Stratégiquement parlant, il serait judicieux pour le couple de contracter une
première hypothèque à taux fixe pour 5
ans, pour être en meilleure posture face
aux variations aléatoires de ces taux.
Constat
Les Gravel se retrouvent avec plusieurs
dettes et un niveau d’épargne à la
baisse. Après budgétisation des dépenses quotidiennes, il serait judicieux
d’allouer les sous restants (si
disponibles) à chaque exercice financier aux cotisations REER. En
2005, ce montant pourrait être de
16 500 $ et de 18 000 $ en 2006.
Ainsi, les revenus du couple après
impôts et cotisations REER seraient
d’environ 132 000 $. Ce montant,
auquel il faut bien sûr retrancher le
paiement des dettes, permettrait au
couple de conserver un bon niveau
de vie, de profiter de quelques plaisirs
en plus de bâtir une famille sur des fondations solides.
Pistes de solutions
Pour ce faire, il est clair que la priorité du
couple est de rembourser le plus rapidement possible ses dettes. À partir des
revenus nets de 132 000 $ par année, il
faut allouer les 34 000 $ requis au remboursement des dettes, libérant 98 000 $
pour les dépenses quotidiennes, un montant élevé qui permettrait à Sébastien et
Maude de bien vivre, eux qui sont
Aperçu financier
Sébastien, 32 ans
Revenus bruts 245 000 $
Placements REER 85 000 $
Placements hors REER 0 $
Maude, 31 ans
Revenus 31 000 $
Placements REER 35 000 $
Placements hors REER 0 $
Couple
Revenus après impôts et cotisations 132 000 $
habitués à des dépenses importantes.
L’hypothèque doit être remboursée en
priorité étant donné son taux d’intérêt
élevé. Il est aussi intéressant de noter que
les frais d’intérêt sur les dettes d’études
offrent un crédit d’impôts, ce qui
implique que le remboursement de cette
dette n’est pas prioritaire.
En second lieu, Sébastien se doit
impérativement de contracter une assurance vie, puisque sa conjointe n’aura
pas les ressources financières suffisantes pour s’occuper seule de la
famille, advenant son décès. Il leur est
conseillé de souscrire à une assurance
Tous les sous placés dans un tel régime
seront majorés de 20 % par le gouvernement, jusqu’à concurrence de 400 $ par
année. Vous arrive-t-il souvent de réaliser
des rendements de 20 % lorsque vous
placez votre argent?
vie de l’ordre de 1,5 à 2 millions de dollars initialement. Au fil des années, ce
montant pourrait diminuer parallèlement
à l’augmentation de l’avoir du couple.
Par le fait même, serait-il farfelu de contracter une assurance invalidité? Pas du
tout.
En troisième lieu, comme il a été proposé précédemment, il serait avantageux que le couple continue à cotiser
dans un REER au maximum permis par
la loi (dans la mesure du possible) et
qu’il économise tous les surplus
disponibles hors REER (une fois l’accélération du remboursement des
dettes, le couple aurait avantage à utiliser ces « nouveaux surplus » pour des
épargnes supplémentaires). Bien qu’il
soit trop tôt pour planifier avec précision
la retraite du couple – en raison entre
autres des plans de carrière qui peuvent
changer à tout moment – on peut tout
de même prévoir (si tout se passe bien)
que le couple pourra jouir d’un arrêt de
travail doré 30 ans plus tard, avec les
sous nécessaires pour conserver leur
nouveau rythme de vie.
Finalement, pour assurer un accès à des
capitaux aux enfants lorsque le temps
sera venu qu’ils fréquentent l’école postsecondaire, il serait judicieux d’investir
quelques dollars dans un régime enregistré d’épargne-études (REEE). Tous les
sous placés dans un tel régime seront
majorés de 20 % par le gouvernement,
jusqu’à concurrence de 400 $ par
année. Vous arrive-t-il souvent de réaliser des rendements de 20 % lorsque vous
placez votre argent? Ces investissements
pourraient être faits dans quatre ans, lors
du retour au travail de Maude, au
moment où un salaire supplémentaire, si
petit soit-il, offrira au couple une marge
de manœuvre intéressante. De plus,
tout comme les REER, les sommes
non placées dans un REEE immédiatement peuvent être récupérées les
années suivantes.
Bref, la situation financière de
Sébastien et Maude est saine et malgré les changements majeurs à
l’horizon, les quelques étapes proposées ci-dessus permettront au
couple d’éviter un dérapage financier. Le couple se doit absolument de
créer un budget pour calculer ses
dépenses et mesurer sa capacité à
acheter des gâteries (ou conserver les
voitures sportives peut-être?) ou des
biens non-essentiels. Ils sont jeunes et
le temps joue définitivement en leur
faveur; avec un peu de discipline, les
années à venir amèneront épargne et
prospérité pour une petite famille en
développement. ⌧
Par Sylvain Chartier
Bac. Économie, M. Fisc., Pl.Fin.
[email protected]
Par Daniel Laverdière
Bac. Actuariat, ASA, Pl.Fin.
[email protected]
Sylvain Chartier et Daniel Laverdière oeuvrent chez
Planification financière Banque Nationale. Ils sont appelés
fréquemment à rédiger des mandats complets de planification financière intégrée pour des clients fortunés. Ils agissent
également comme rédacteurs d'articles tant pour fin de publication interne à la Banque Nationale que pour des revues
spécialisées externes. Leur expérience est souvent mise à
contribution notamment auprès de l'Institut québécois de
planification financière (IQPF) et l'Association de planification fiscale et financière (APFF) à titre de chroniqueurs, formateurs et membres de différents comités.
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